Du site http://www.visapourlimage.com/francais/interview_pommez.php3 à propos de Stéphanie Pommez, auteur du DVD Amazonie, la vie au bout des doigts (éditions Des femmes, fin 2007)
A propos du 19ème Festival International du Photojournalisme (1 au 16 septembre 2007)
Stéphanie Pommez est née en 1972. A l’époque, ses parents, des Français des Antilles, habitaient au Canada, mais elle a passé toute son enfance et sa jeunesse au Brésil, qu’elle considère comme son pays d’adoption. Elle a étudié le Développement à l’Université de Magill, à Montréal. Elle a commencé à travailler pour les ONG au Mexique, puis pour médecins du Monde, à New York. Elle y habite toujours aujourd’hui.
A la fin des années 90, elle qui dit avoir toujours fait de la photo, mais « à côté », décide de s’y consacrer. Elle commence comme assistante de photographes, et vit de commandes çà et là, notamment dans le cinéma et pour des magazines. Son travail sur les sages-femmes d’Amazonie, exposé cette année au Couvent des Minimes, est le premier gros projet individuel de la jeune photographe.
« J’ai toujours voulu travailler sur des cultures isolées, ou des sous-cultures qui ont une vision du monde et des connaissances différentes des nôtres, » explique-t-elle. « Les découvrir est important pour éviter l’homogénéisation qui nous menace. » Les populations qui vivent le long des rivières en Amazonie l’intéressent depuis longtemps, parce qu’au contraire de certains groupes indigènes d’Amazonie, elles sont plus oubliées par les travaux sur la région. « Depuis le début, je voulais faire quelque chose sur les femmes, mais il fallait trouver un angle plus précis. Et puis, j’ai été interpellée par les préoccupations grandissante des femmes américaines pour que des sages-femmes les accompagnent tout au long de leur grossesse. Je suis donc partie à leur recherche, en Amazonie. »
Ses images montrent bien le statut et l’expérience de ces vieilles femmes que sont les « gardiennes de la vie », et dont le rôle est avant tout, comme elles disent, de « guider les futures mères à travers la tempête. » Rôle à la fois symbolique et pratique : « Là-bas, le moment de la naissance est un véritable rituel, » la photographe explique-t-elle. « Souvent, les femmes se réunissent autour de l’accouchée et chacune fait part de sa propre expérience et de ses connaissances. Elles racontent des mythes sur le sens de la vie et de la mise au monde. »
Ce qui a frappé Stéphanie Pommez, c’est aussi la manière dont cette expérience est transmise de génération en génération. « Les sages-femmes amazoniennes sont souvent très âgées, et ce statut de gardiennes de la vie leur permet de garder un rôle important et actif dans leur communauté. » Au contraire de nos propres vieillards, forcés à l’inactivité, et dont le savoir ancestral, souvent riche d’implications symboliques, se perd avec la modernité…
Adrien Laplanche