Côté Magazine a su reconnaître la qualité admirable et l’exigence de rigueur historique de Pablo Daniel Magee

Dévorez le livre « Opération Condor » de Pablo Daniel Magee

Lorsque nous échangeons un clin d’œil complice en guise de bonjour, nous savons que ce dernier café partagé au soleil d’une terrasse saint-rémoise en ce jeudi 29 octobre sera le dernier d’un long moment. Nous savourons notre chaud breuvage en nous rappelant que plus que jamais la lecture est notre compagne de prédilection en ces jours à venir. Et quelle lecture ! L’écrivain que nous rencontrons nous apporte son premier ouvrage… Une pépite. 7 années d’enquêtes, des rencontres inoubliables, des risques quasi quotidiens pour rendre visible le pacte secret de coopération criminelle anti-communiste et contre-révolutionnaire entre les dictatures du Chili, de l’Argentine, du Brésil, de la Bolivie, de l’Uruguay et du Paraguay avec le concours de la CIA du temps d’Henry Kissinger. Baptisée « Plan Condor » cette conspiration aurait engendré un demi-million de morts sur le continent sud-américain et ailleurs dans le monde. Pablo Daniel Magee, journaliste et écrivain, nous livre sur quelques 400 pages (à l’origine le manuscrit en comptait 1200) la découverte effarante des archives de la terreur par l’avocat Martin Almada. 5 tonnes de documents top secret, preuves de cette terrifiante machination géopolitique sur fond de guerre froide. Ce livre se dévore, mêlant les genres de la littérature, à la fois roman non fictionnel, policier, recueil de témoignages, histoire humaine sur fond de biographie.

C’est au cours d’un voyage au Paraguay, pour le compte de l’ONG Graines d’énergies, que le jeune Pablo Daniel Magee (il n’a pas trente ans) rencontre l’avocat. Assis à sa table, à sa gauche, il découvre avec passion la vie de cet homme, torturé 1000 jours durant dans les prisons du général Stroessner pour crime de terrorisme intellectuel, évadé des mêmes geôles pour traquer le « Condor ». « Rentré à Saint-Rémy-de-Provence, nos 6 heures d’échanges sont gravées en moi. Je cogite, je me lance et lui demande si je peux écrire un livre sur sa vie. À sa réponse, oui je vous attends, j’ai compris que ma vie allait être bouleversée. » nous raconte le jeune écrivain. Mesurait-il à quel point ? En 2012, départ au Paraguay, au cœur de l’Amérique Latine, pour 7 années sur les traces de Martin Almada et du Condor. Téléphone sur écoute, boîte mail piratée, suivi, menacé (de mort), la vie du jeune français prend des tournures d’agent secret. Il consulte des mois durant les archives de la terreur, fait le tour du monde avec le héros de son livre, rencontre le pape François et autres chefs d’états. « À travers la vie de Martin Almada, prix Nobel Alternatif, je peux tout raconter de dizaines d’années de géopolitique ! À chaque fois que j’ouvrais une porte des dizaines m’attendaient derrière ! Je les ai poussées avec passion, j’ai dévoré toutes les informations recueillies pour en faire cet ouvrage, qualifié par le journal du Monde Diplomatique comme l’un des 3 livres à lire sur l’Amérique latine »

Vous croyez aux coïncidences ? Lisez ce propos de Pablo qu’il nous confie le regard pétillant. « J’ai vécu très fortement avec la rédaction de ce livre ce que l’on appelle en littérature sud-américaine le « réalisme magique ». Par exemple, la veille de sa découverte des archives, une vieille femme offre à Martin une sauterelle en bois sculpté, qu’il met dans sa poche. Avec émotion car il se revoit en prison. À chaque fois qu’une sauterelle entrait dans sa cellule, un prisonnier était libéré… Lorsqu’il pénètre dans la salle où les 5 tonnes d’archives sont là, 170 000 feuillets jetés par terre dans un amas incroyable et sur lesquels il est obligé de marcher, la sauterelle tombe de sa poche. Il veut la ramasser. Sur quel document a t’elle atterri ? Son dossier, son archive… Magique non ? »
Préfacé par son ami Costa Gravas, cet ouvrage vous transportera.
Un futur prix littéraire ?

« Opération Condor »
De Pablo Daniel Magee
Éditions Saint-Simon
Prix 22€
À commander auprès de vos libraires « clik & collect » locaux
(voir rubrique librairie)

Le livre collectif d’Agnès Pierre et Christophe Alvarez fait la Une du site d’actualité WUKALI

Alpha and you, une énième méthode de développement personnel ?

 3 novembre 2020

Encore un livre sur le développement personnel ! Un de plus ! Comme des centaines d’autres, il vous promet de vous apporter LA solution. D’ailleurs Christophe Alvarez en est si convaincu que sa démarche, appelée Alpha and You® est une marque déposée. 

Cette démarche part d’un postulat : rien de ce qui nous arrive n’est dû au hasard. On est tous responsables du déroulement des événements qui arrivent dans notre vie et surtout de notre façon de les percevoir et par voie de conséquence de les gérer : de la résignation à l’action.

Toute cette démarche est basée sur les derniers développements de la science  : les neurosciences mais aussi la physique tant au niveau de la relativité d’Einstein que de la physique quantique. D’où des développements sur la perception du temps. Ainsi, par exemple, il démontre que le temps et l’espace ne sont que des perceptions humaines et non des réalités physiques. Ainsi, le futur, notre futur est dans notre présent, tout comme il était dans notre passé. Cela a pour conséquence que ce que nous souhaitons voir se réaliser peut l’être dans le présent et non dans un futur plus ou moins aléatoire comme nous le croyons souvent. Tout est toujours connecté avec nous : aussi bien le temps que l’espace, la matière, l’esprit, etc. En soi, rien de bien original, 99 % des théories sur le développement personnel sont basées sur ce constat, mais la « science dure » est là pour le démontrer.

Cela posé, l’auteur développe sa méthode qui se décline en sept étapes : savoir analyser nos croyances bloquantes (qui vont jusqu’aux traumatismes vécus par nos ancêtres) ; modifier notre carte de pensée (intentions positives, méditation) ; retrouvez la confiance en soi (avec un (court) passage sur la religion) ; cultiver son enthousiasme ; entretenir le sens du travail et de la discipline ; l’élaboration d’un plan d’action ; raccorder le corps et l’esprit grâce au sport et à une alimentation équilibrée.

Il y aurait énormément de choses à dire, car sincèrement, il n’y a rien d’original, en soi : l’enthousiasme comme un moteur connu depuis la plus haute antiquité, l’autosuggestion, la méditation, les bienfaits du sport, la rigueur nécessaire à avoir de la rigueur et de la discipline dans tous les actes de la vie, etc.
Mais ce qui est original, c’est leur mise en forme dans une démarche globale basée sur des théories scientifiques. La soif dans la science qui arrangera tous nos problèmes actuels dans un futur meilleur. Avec un vrai optimisme de la part de l’auteur autour de l’idée centrale de sa démarche : le futur est dans notre présent.

Bien sûr, cette méthode n’est efficace que si on est aidé par un tiers. Pas un psychiatre ou un psychothérapeute, mais par un coatch, un sherpa qui maîtrise parfaitement la démarche Alpha and You.  

L’auteur nous dit qu’à un certain moment, dans sa « lutte » contre sa « culture », ses « démons » du passé, il a recours à la prière. N’est-ce pas paradoxal de mettre de l’irrationnel dans une démarche qui se veut très rationnelle. Sciences et immatérialités ne font que rarement très bon ménage, surtout dans un raisonnement, dans une démarche qui se veut être au fait des derniers développements de la recherche (ici, en physique quantique et dans les neurosciences). Mais en même temps, ce qui est antithétique en apparence, ne l’est pas. La prière est un moyen, le moyen de l’auteur, pour progresser sur son chemin, pour lui permettre de mieux théoriser sa démarche. Un moyen, pas une étape nécessaire à tout un chacun. Un outil qui est son outil mais qu’il n’est pas nécessaire de manier pour pouvoir progresser.

Ce qui est certain est que Christophe Alvarez est un excellent vendeur. Il connaît toutes les ficelles du métier de la vente. En le lisant, on entend, en soi, un vrai bonimenteur de foire : il écrit comme il parle avec une vraie force de persuasion si on ne met pas la distance nécessaire entre lui et nous. Il envoûte, sait être très persuasif, sûrement parce qu’il est convaincu des bienfaits de sa démarche. D’ailleurs ne dit-il pas dans son avant-propos, qu’un bon vendeur doit aimer : aimer son produit, aimer le potentiel acheteur. Je ne peux mettre en doute sa sincérité et c’est justement elle qui fait qu’il sait bien « vendre sa démarche ».

Christophe Alvarez a foi en sa conviction et fait preuve d’un enthousiasme certain. De plus ses démonstrations sont claires et pour certaines d’entre elles, elles représentent même de très bonnes médiations de vulgarisations de concepts scientifiques, philosophiques parfois faut-il le reconnaître assez abscons.

Aussi, si votre quotidien n’est pas à la hauteur de vos aspirations, si vous êtes insatisfait de votre vie, alors rien ne vous interdit, et certainement pas votre serviteur, d’essayer la méthode Alpha and You.

Libérez votre futur
La méthode Alpha and You
Christophe Alvarez avec la participation d’Agnès Pierre
Solfia Éditions. 22€90

« La monnaie, indicateur des prix » par François de Coincy sur Economie Matin

LA MONNAIE, INDICATEUR DES PRIX (EXTRAIT)

« Un joli compte sur la formation d’un être humain » pour Wukali (sur Le Petit Roi)

par Émile Cougut 3 novembre 2020

Voilà, non un roman, mais un conte, un vrai conte. Un conte sur l’enfance, un conte sur la construction de la personnalité, un conte sur la communication.

Jamie est un petit garçon qui refuse de parler. Autiste, non, c’est un choix, voulu, réfléchi. Il trouve que la parole est inutile, car on ne peut réfléchir et parler en meme temps d’où la quantité d’absurdités inutiles qui sont dites. Mais il développe un don : la télépathie, il arrive à entrer dans le cerveau de ses proches, des passants, de n’importe qui et voir qui ils sont vraiment. Parfois, les apparences physiques sont trompeuses : un visage ingrat dissimule un beau secret ; un autre, agréable n’est qu’un masque pour cacher une noirceur d’âme.

Jamie communique par l’art : d’abord le dessin puis la sculpture. Pour essayer quand même d’entrer  en relation avec ses coreligionnaires, il apprend à siffler avec un rouge-gorge et arrive à communiquer aussi bien avec un garçon à vélo qu’avec une personne âgée perdue dans ses rêves avortés de danseuse étoile.

Bien sûr ses parents ne restent pas indifférents face à cette attitude qui parfois confine au suicide. Il est interné quelque temps, hospitalisé une autre fois. À chaque fois il fait des rencontres qui lui permettent d’évoluer, de grandir, de forger sa personnalité, d’avancer vers l’âge adulte. Jusqu’à ce que l’amour le fasse sortir, volontairement de son mutisme.

Jamie est loin, très loin, de souffrir d’une maladie psychique. Il est juste totalement autocentré sur lui-même. Il est certain qu’il a un avenir, un avenir qui lui est propre et ce n’est que progressivement qu’il prend conscience qu’il ne peut le bâtir seul, que les « autres », parents compris, lui sont indispensables pour mener à bien sa démarche. Seul, il ne peut rien ou pas grand-chose, avec les autres il peut tout.

Jamie est souvent énervant à cause de ses certitudes basées sur son égotisme. Mais le tout petit homme ne réagit-il pas comme cela au début de sa vie ? Ne cherche-t-il pas un moyen pour entrer en communication avec son environnement ? La parole est le vecteur privilégié comme finit par le comprendre le petit Roi.

Un joli compte sur la formation d’un être humain.

Le Figaro qui note le boycott massif du référendum devrait s’intéresser au projet alternatif de constitution de Lachemi Belhocine et Reza Guemmar

Algérie : boycott massif du référendum constitutionnel

Le taux de participation s’établit à 23,7%, un plus bas historique pour un scrutin majeur. La victoire du «oui» ne semble guère faire de doute.

A lire : l’unique projet alternatif écrit de constitution pour l’Algérie

Par Le Figaro avec AFP
Un bureau de vote à Alger.
Un bureau de vote à Alger. RAMZI BOUDINA / REUTERS

Appelés à entériner une révision constitutionnelle censée fonder une «nouvelle République», les Algériens ont massivement boycotté dimanche 1er novembre un référendum qui s’est tenu en l’absence de son initiateur, le président Abdelmadjid Tebboune, hospitalisé à en Allemagne. Le taux de participation final s’est établi à 23,7%, a annoncé en fin de soirée Mohamed Charfi, président de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), un plus bas historique pour un scrutin majeur.

Cette abstention record – seul véritable enjeu du vote boycotté par l’opposition – constitue un revers cinglant, sinon humiliant, pour un régime confronté depuis février 2019 à un soulèvement populaire inédit, le «Hirak». À titre de comparaison, lors de la présidentielle de décembre 2019, la participation avait atteint 39,93 %, soit le taux le plus faible de tous les scrutins présidentiels pluralistes de l’histoire de l’Algérie, faisant d’Abdelmadjid Tebboune un président mal élu et donc en quête de légitimité.

Dimanche, seulement 5,5 millions d’électeurs se sont déplacés sur 23,5 millions d’inscrits. Les 900.000 électeurs de la diaspora ne sont pas comptabilisés, mais le taux de participation se réduit à l’étranger à un seul chiffre, selon l’ANIE. Les résultats officiels doivent être proclamés lundi vers 10 heures, mais la victoire du «oui» ne fait guère de doute tant la campagne électorale, qui a laissé la population largement indifférente, a été à sens unique. Les opposants n’ont pas été autorisés à tenir de meetings publics. Les partisans du «Hirak» ont prôné le boycott tandis que les islamistes appelaient à voter «non».

«Changement de façade»

À Alger, les électeurs se sont faits rares. «J’ai voté oui pour mes enfants et petits-enfants. J’ai accompli mon devoir pendant la guerre pour libérer mon pays et je le fais maintenant pour la stabilité», confie Mohamed Miloud Laaroussi, 86 ans, un ancien combattant, le dernier à voter au centre Pasteur, au cœur de la capitale. En raison de la pandémie, l’accès dans les bureaux était limité à deux ou trois personnes à la fois et le port du masque était obligatoire.

«Le peuple algérien sera, une fois encore, au rendez-vous avec l’histoire pour opérer le changement escompté, dimanche 1er novembre, en vue d’instituer une nouvelle ère à même de réaliser les aspirations de notre peuple à un État fort, moderne et démocratique», avait escompté Abdelmadjid Tebboune dans un message relayé samedi par l’agence officielle APS. La date du référendum n’avait d’ailleurs pas été choisie par hasard: le 1er novembre marque l’anniversaire du début de la Guerre d’indépendance contre la puissance coloniale française (1954-1962).

Grand absent du scrutin, Abdelmadjid Tebboune, 74 ans, est hospitalisé depuis mercredi en Allemagne pour des «examens approfondis» après l’annonce de cas suspects de coronavirus dans son entourage. Son état serait «stable et non préoccupant», selon la présidence, qui n’a pas donné de ses nouvelles depuis jeudi. Son épouse a voté pour lui par procuration dans une école d’Alger.

Les réseaux sociaux ont fait état d’incidents – marches nocturnes, affrontements avec la police, urnes et bulletins détruits – en Kabylie. De nombreux bureaux de vote n’ont pas ouvert dans cette région traditionnellement frondeuse, selon des médias locaux. Des interpellations ont eu lieu à Alger et à Tizi Ouzou, selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD).

Abdelmadjid Tebboune a fait de la révision de la Constitution, la énième depuis l’accession à l’indépendance en 1962, son projet phare et a tendu au début la main aux manifestants du «Hirak populaire authentique béni». Mais les «hirakistes» ont rejeté «sur le fond et la forme» une initiative perçue comme un «changement de façade», incitant au boycott du référendum. Ils réclament depuis février 2019 un profond changement du «système» en place depuis l’indépendance. En vain jusqu’à présent, même si le mouvement a poussé Abdelaziz Bouteflika à la démission en avril 2019 après vingt ans de règne.

De fait, la nouvelle Constitution met en avant une série de droits et de libertés mais n’offre pas de changement politique majeur: elle maintient l’essentiel d’un régime «ultra présidentialiste». «C’est pour la démocratie qu’on s’est levés, pas pour un énième régime présidentiel arabe», explique Ghalem, enseignant de 40 ans à Sidi Bel Abbès (nord-ouest). Le scrutin s’est déroulé dans un climat de répression «implacable» ciblant militants du «Hirak», opposants politiques, journalistes et internautes, selon les défenseurs des droits humains. Selon le CNLD, quelque 90 personnes sont actuellement derrière les barreaux, la plupart pour des publications sur Facebook.

« un texte unique, qui possède une force d’évocation particulière » pour Frederika Abbate

Chronique littéraire. « Les anges de l’Histoire » de Frederika Abbate

Voilà un roman particulièrement surprenant et qui ne ressemble rien à ce qui a déjà été écrit, si on excepte Philips K Dick dans ses romans les plus audacieux « Glissement de temps sur Mars » « La vérité avant-dernière » « Le Dieu venu du Centaure » et le livre culte « Ubik »

Ce roman retrace la première partie de la vie de Soledad Donval, enfant aux traits simiesques qui le font ressembler à un homme préhistorique. Il a été abandonné à sa naissance par sa mère et recueilli par des parents adoptifs aimants. Soledad est un nom de fille, que le gamin a adopté ; il refuse de répondre à l’appel de son vrai prénom préférant Soledad  qui signifie solitude et qui de, ce fait, serait non genrée.

Adolescent difficile, Soledad finit par s’enfuir de chez ses parents adoptifs et par vivre sous les ponts. Blessé par des dealers, il est recueilli par Madame De Pâle (Madame est son prénom) et soigné avec dévouement à l’aide de la servante Hermine. Rétabli après une longue convalescence il suit le frère de Madame, Rocco et son amant Shounti à Bangkok où ils résident. Doval attirant la sympathie et inspirant confiance (c’est un roman qui est, par certains côtés, optimiste, c’est le moins qu’on puisse dire) va convaincre le propriétaire d’une galerie d’exposer ses œuvres alors qu’il n’a encore jamais rien produit. L’exposition est évidemment un succès et un industriel russe engage aussitôt Soledad pour qu’il lui fournisse une sculpture originale. Donval va faire un séjour dans une île sur le lac Ladoga pour mettre au point sa nouvelle œuvre qui recueillera tous les suffrages, bien qu’elle ne soit visible qu’à chaque pleine lune.

Il s’ensuit toute une série de péripéties, dans lesquelles Donval va intégrer un groupe marginal, mais puissant, les Unders, ceux-ci vivent dans une enclave particulière la Canopée. Soledad va se révéler être un génie de l’informatique et résoudre une énigme complexe, ce qui va affermir sa position au sein des Unders.

Le dernier tiers du roman est très sombre : le mal ravage la société, on réprime des manifestants pacifiques avec des chars d’assaut, les riches deviennent de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres au point de ne plus avoir assez à manger et de se battre pour un quignon de pain. Des scientifiques fous mêlent des gênes d’animaux et d’humains pour créer des chimères destinées à des bordels de luxe. (Dans ce roman le sexe est prédominant). Des organisations criminelles vendent des enfants à des pédophiles et pompent le  sang de petites victimes afin de créer des sérums rajeunissants pour les riches. La mode est de prendre comme Élisabeth Bathory des bains dans du sang d’enfants. Soledad revoit Madame De Pâle et son frère prodigieusement rajeunis. Alors qu’ils étaient sympathiques et ouverts, ils sont devenus sans cœur et juste préoccupés par leur réussite sociale. Ils martyrisent Hermine et ont rejeté Shounti qui a pourtant soigné avec dévouement Rocco. Shounti s’est suicidé de désespoir. Madame et son frère ont, eux aussi succombé à l’attrait des produits interdits, qui rajeunissent certes, mais dessèchent l’âme. Dernier signe de l’horreur ambiante le cannibalisme se répand. Soledad produit une vidéo qui, distribuée en grand nombre, permet de faire refluer ces pratiques effroyables et le roman se termine abruptement peu après sans vraiment de conclusions.

En résumé : un texte unique, qui possède une force d’évocation particulière. On est happé par ce livre qui bien entendu n’est ni crédible ni logique et tient plus du conte (noir), du poème épique que du roman. Même refermé on ne peut s’empêcher de penser aux « anges de l’histoire ».

Illustration : DR
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