Dans Entreprendre, Philippe Rosenpick s’interroge sur la place des street artistes dans la guerre

Par Philippe Rosenpick, avocat d’affaires

TRIBUNE. Depuis le début de la guerre en Ukraine, beaucoup de street artistes se sont mobilisés. Certains avec pour slogans « stop the war » et sans prendre de parti pris politique, d’autres plus engagés, pastichant un Poutine rouge sang qui dégouline ou reprenant les couleurs de l’Ukraine pour soutenir le pays agressé. C215 est même parti sur place où il a dispersé ses pochoirs dans Kiev.

Mais où est Banksy ? Le pochoiriste prompt à prendre fait et cause pour l’opprimé et l’agressé est invisible. Pas de pochoir, pas de mur, pas de buzz. Pas le moindre petit truc qui permet de dire : « C’est lui ? » Pas le moindre pochoir persifflage. La planète street art retient son souffle : rien. Comme s’il boudait. Il a des problèmes de santé et du mal à se bouger après autant de grimpettes sur les murs ? Il est mort du Covid ?L’Ukraine nous parle de démocratie et de liberté

En vacances dans un hôtel de luxe à l’autre bout du monde, incognito, bien sûr ? Il travaille sur l’édition d’un nouveau print à 750 exemplaires pour réalimenter les ventes aux enchères bobo du monde entier ? Il est à Moscou pour braver la censure et on va voir ce qu’on va voir ? Un coup d’éclat est en préparation ?

Ou peut-être est-il gêné ? Gêné d’avoir à prendre le parti d’un pays qui a tenté de fuir le totalitarisme russe pour tenter de rejoindre le camp démocratique, à l’Ouest, peuplé de méchants capitalistes ? L’Ukraine nous parle de démocratie et de liberté, d’envie de nos bars peuplés de jeunes le soir qui peuvent tranquillement sortir, envie de notre liberté d’expression, envie d’une jeunesse qui peut décider ce qu’elle veut faire plus tard et renverser la table de ses parents… Tandis que Banksy nous parle d’oppression et des travers de nos sociétés qu’il brocarde à tous vents. Bien sûr, rien n’est parfait et si dénigrer permet parfois d’améliorer, il n’a pas tort sur certains aspects, c’est comme ça que l’on progresse. Mais c’est certainement bien mieux que dans beaucoup d’endroits dans le monde.

Philippe Rosenpick

Que voulons-nous ? Vivre sous le modèle russe où le PIB s’est effondré avec la présidence de Poutine ? Sans réelle liberté d’expression ? Ou la nostalgie de puissance nourrit rancœurs et faux espoirs ? Ou vivre à l’Ouest, en démocratie et essayer d’améliorer ce qui doit l’être ?

Au-delà d’une guerre déclenchée par un vieil homme incapable de se projeter dans un futur moins binaire que l’opposition entre son cerveau droit lobotomisé et son cerveau gauche cancérisé, cette guerre d’un autre âge nous parle avant tout de démocratie. Notre modèle capitaliste a bien des travers, dont certains minent notre développement réel, mais l’Ukraine nous place à l’heure des choix, nous oblige à regarder les choses en face et à remiser nos critiques faciles.

Banksy aurait-il pu exister en Russie ?

Rattrapé par l’Histoire, Banksy est peut-être mal à l’aise d’avoir à défendre un modèle qui aspire, qui attire, un modèle qu’il a tant critiqué. Banksy aurait-il pu exister en Russie ? La liberté d’expression a permis à Banksy de braver des interdictions molles et il est moins dangereux chez nous de faire illégalement un pochoir sur un mur pour critiquer le pouvoir ou ses dirigeants que d’oser émettre en Russie un son discordant du pouvoir en place…

Alors, Monsieur Banksy, un petit pochoir pour une fois se féliciter d’être à l’Ouest, ce serait cool. Une « wrong war » revue et corrigée, réinterprétée… En tous cas, je suis prêt à prendre l’énorme risque de défiler à Paris, à Londres ou à New-York avec votre futur pochoir… si vous trouvez l’inspiration juste.

Philippe Rosenpick


Philippe Rosenpick, avocat d’affaires (Shearman & Sterling, Francis Lefebvre, Desfilis…), est passionné et investi dans la promotion du street art. Avec son épouse, Françoise, ils étaient les directeurs artistiques des œuvres de street art qui embellissent depuis un mois la nouvelle concession Ferrari-Charles Pozzi. Philippe Rosenpick est également chroniqueur pour Graffiti Art Magazine, il écrit aussi pour Opinion Internationale et Forbes et participe régulièrement à des conférences sur le street art.

Dominique Motte recommande dans Entreprendre le modèle démocratique suisse

Par Dominique Motte, essayisteauteur de « De la démocratie en Suisse »

Tribune. En France, dès qu’il y a une élection présidentielle, le monde semble s’arrêter. Tous les médias sont centrés quotidiennement sur les sondages, les attitudes des candidats, les petites phrases. Vu de Suisse, tout cela ressemble à une élection fondée uniquement sur l’émotionnel des votants. Mais où est la logique ? Pourquoi la France manque-t-elle de rationalisme à ce point ? Et si la clef se trouvait dans le concept suisse de « subsidiarité »[2] ?

Comme nous sommes en période électorale, suivons le cheminement du nouveau président suisse. Le 8 décembre 2021, Ignazio Cassis[3] et Alain Berset ont été élus respectivement président et vice-président de la Confédération. Donc, à partir de 2022, Ignazio Cassis médecin et conseiller municipal, est donc le président. Cependant, il n’était ni candidat, n’avait aucun programme électoral, n’a même pas fait campagne. Et il n’a pas été élu par le peuple. Mais alors, quelles sont les étapes pour devenir président en Suisse ? Et pourquoi la population ne s’offusque pas de ce système électoral ?

La communeEn premier lieu, il faut rappeler qu’en Suisse, il existe cinq étapes qui permettent aux politiques de se faire connaître : la commune, le canton, l’assemblée fédérale, le conseil fédéral, la présidence. En second lieu, il existe quatre langues officielles : l’allemand, le français, l’italien et le romanche. Au cours des études, nous devons tous apprendre au moins deux langues sur les quatre.

La commune est le premier niveau de la subsidiarité en Suisse mise en œuvre dès 1848. C’est la commune qui définit les tâches qu’elle peut effectuer efficacement. Elle définit le budget pour couvrir ces tâches. Ainsi, la commune maitrise 100 % de son budget voté par les citoyens de la commune. Elle lève les impôts sur le revenu et sur la fortune, puis en reverse une partie à la confédération, soit 78,8 % actuellement. Elle attribue à l’échelon supérieur, c’est-à-dire le canton, les tâches qu’elle n’est pas en mesure de réaliser. De 2004 à 2014, Ignazio Cassis devient membre du conseil communal (législatif) de Collina d’Oro, commune de 4 500 habitants proche de Lugano.

Le canton

Le canton est le deuxième niveau, après la commune, de la subsidiarité en Suisse. Comme évoqué précédemment, le canton a pour mission d’assurer les tâches que les communes lui délèguent. En Suisse, il y a vingt-six cantons. À ce niveau également, le canton maitrise 100 % de son budget voté par les citoyens du canton et lève les impôts sur le revenu et sur la fortune, et en reverse une partie à la confédération, soit 78,8 % actuellement. Selon le même principe, le canton attribue à l’échelon supérieur, la confédération, les tâches qu’il ne peut effectuer.

L’Assemblée fédérale

Le conseil national est la chambre basse qui représente le peuple ; elle compte 200 députés élus à la proportionnelle plurinominale, soit 8 pour le canton du Tessin, 12 pour le canton de Genève, 35 pour le canton de Zurich, etc. Le conseil des états est la chambre haute qui représente les cantons ; elle compte 46 députés, soit deux par canton, à composition relativement stable généralement plus conservatrice. Depuis 1848, ces deux chambres forment l’assemblée fédérale (soit 246 députés). C’est ce que l’on appelle le bicaméralisme[4]. C’est l’autorité suprême de la confédération. Elle élit les sept conseillers fédéraux (ministres), les juges au tribunal fédéral, le président de la confédération et le vice-président, elle garantit les constitutions cantonales, etc.

Ces deux chambres ont les mêmes droits, les mêmes compétences. Elles doivent examiner en priorité les textes de loi à tour de rôle et avoir des décisions concordantes. L’Assemblée fédérale ne connaît pas la motion de censure. Les douze partis politiques y sont représentés et les quatre premiers représentent 75 % des sièges soit 186 députés. En 2007, Ignazio Cassis est élu au conseil national. Il le sera à nouveau en 2011 et 2015, année où il est élu président du groupe parlementaire PLR à l’assemblée fédérale.

Le conseil fédéral

Le conseil fédéral est le troisième niveau, après le canton, de la subsidiarité en Suisse. C’est lui qui récupère les tâches que les communes et cantons ne peuvent effectuer de manière efficace et donc définit le budget pour couvrir ces tâches. Ces tâches sont reprises dans ses sept départements : économie, formation, recherche, affaires étrangères, environnement, énergie, transport, Intérieur, justice et police, finances, défense.

Datant de 1959, nous disposons d’une formule magique qui explique parfaitement l’actuelle composition du gouvernement. Celle-ci s’écrit : 2 + 2 + 2 + 1 = 7. Une fois élus, les sept conseillers fédéraux se répartissent les sept départements par consensus. Remarquons ici que la santé, l’éducation, la religion, les prisons, etc, ne sont pas traitées au niveau de la confédération mais des cantons ou communes. Cela garantit des réponses locales à des enjeux de proximité.

Les quatre premiers partis que sont l’UDC (59), le PSS (48), le PLR (41), le PDC (38) fournissent deux conseillers fédéraux pour chacun des trois premiers partis dans l’ordre décroissant du nombre de leurs députés, et un pour le quatrième parti. Le conseil fédéral maitrise donc 100 % de son budget recettes-dépenses voté par l’assemblée fédérale, reçoit les impôts levés par les communes et canton. Par ailleurs, il lève les taxes (TVA, tabac, alcool, exemption militaire, impôts anticipés…). Information importante : n’importe quel citoyen suisse peut être élu au conseil fédéral. Ignazio Cassis est élu au Conseil fédéral que depuis 2017[5].

La présidence de la confédération

La Suisse n’a pas de magistrature distincte correspondant à la fonction de chef de l’État. Ce rôle revient donc à un membre du Conseil fédéral, élu président de la Confédération pour un an par l’Assemblée fédérale. Un suppléant est élu dans les mêmes conditions et porte le titre de vice-président de la Confédération. Le président de la Confédération se borne à diriger formellement les délibérations du Conseil fédéral où son vote compte double en cas d’égalité des voix.

Les salaires sont strictement encadrés par la loi (tout est disponible en ligne[6]) et le président ne bénéficie pas de logement de fonction. Le poste de président est donc très encadré : il a deux voitures, dont une seule de fonction avec chauffeur (d’une valeur maximale 100 000 francs suisses, soit environ 98 000 euros) que sa conjointe peut utiliser, et une de service personnelle. Il a une retraite à vie de 50 % s’il a été quatre années et plus au conseil fédéral. Une chose étonnante est aussi à noter : sous le même toit du palais fédéral à Berne se trouvent le président de la confédération (le conseil fédéral et sa chancellerie), le conseil national et le conseil des états.

Et si ce modèle était l’avenir de l’Europe ?

Nous voyons donc bien qu’en Suisse, ce n’est pas l’émotion qui vote mais bien le rationalisme. Ne serait-ce pas la clef pour établir un modèle démocratique fiable ? Car oui, la Suisse est bien une démocratie. Voyons pourquoi je persiste à en faire même le modèle démocratique du futur. Tout d’abord, il faut comprendre que le refus de la personnalisation au sommet de l’organisation étatique a ses racines dans l’ancienne Confédération.

Un seul homme ne peut donc pas avoir tous les pouvoirs. Historiquement, la Confédération était une association d’entités territoriales de langues et de culture politique distinctes, qui ne souhaitent pas perdre tout ou partie de leur souveraineté. En 1848, lors des délibérations de la Diète sur la transformation de la confédération d’États en un État fédéral, la majorité a refusé l’appellation de « landamman fédéral ». Là, nous voyons bien que l’intégrité de ces territoires a été préservée et qu’il a fallu trouver un système qui permette un ajustement des prises de décision au bénéfice de tous et non de quelques-uns.

La démocratie est ici indirecte, me direz-vous. Cependant, en Suisse, pays à neutralité armée, ni membre de l’OTAN ni de l’UE, la population bénéficie de « droits populaires ». Uniques au monde, ils permettent aux citoyens de participer aux prises de décision par le biais de votes. Le catalogue des droits populaires varie selon l’échelon (commune, canton, confédération) et selon les traditions régionales. Mais nous pouvons en citer trois principaux : le référendum obligatoire pour toutes les modifications de la constitution et traités internationaux ; le référendum facultatif pour demander toutes les modifications sur des textes de loi votée ; l’initiative populaire pour tous les sujets (extension de la constitution, etc).

Ces référendums sont au-dessus de toutes les autres institutions, y compris l’assemblée fédérale. C’est un contre-pouvoir extrêmement puissant. Ces « droits populaires » sont à la base même d’un modèle de démocratie directe unique en son genre. Au cœur de cette démocratie directe, seul compte le bon fonctionnement du pays à tous les échelons qui le constituent. En ce sens, nous devons rappeler aux candidats de la présidentielle qu’ils doivent s’inspirer de ce modèle pour créer une démocratie mature utile à tous et non à quelques-uns ! À bon entendeur…

De la démocratie en Suisse, Dominique Motte, éd. Route de la Soie – Éditions 2022


[1] Essayiste, auteur de De la démocratie en Suisse, éd. Route de la Soie – Éditions 2022
[2] Voir la définition complète de ce concept
[3] Voir par exemple
[4] https://www.swiss-poc.ch/definitions/bicameralisme/
[5] https://www.parlament.ch/fr/biografie/ignazio-cassis/3828
[6] https://www.ch.ch/fr/systeme-politique/parlement/salaire-des-parlementaires/

François Coupry par Luc-Olivier d’Algange

François Coupry, L’Agonie de Gutenberg, Vilaines pensées 2018 /2021.

L’intelligence sans imagination est une triste routine, mais lorsque l’une vient au secours de l’autre, en contes ou fabliaux, pour nous dire ce que nous vivons parfois sans le savoir, usant des heureux détours de la fantaisie, cela nous donne un livre de François Coupry, – en l’occurrence, ici, le deuxième tome de ses « vilaines pensées » dont le premier avait paru naguère aux éditions Pierre-Guillaume de Roux, sous le titre L’Agonie de Gutenberg.

Nous vivons, sans le comprendre toujours, des temps éminemment swiftiens, et jamais nous n’eûmes, pour nous édifier ou nous contredire, autant de grosboutistes et de petitboutistes. C’est alors le juste moment de renoncer aux bonnes pensées moralisatrices pour mieux être Moraliste comme on le fut, en France, depuis La Rochefoucauld, jusqu’à Pierre Gripari, en passant par Diderot ou Joseph Joubert . Ces « vilaines pensées », semblent ainsi d’un neveu de Rameau contemporain, et l’on oserait dire, d’un neveu de Thélonious Monk, par la maïeutique de ses notes en suspens, ses brusques bifurcations. L’ironie est « ce pari sur l’intelligence » qui, en ces temps monologiques, est devenu un exercice aussi risqué que nécessaire. François Coupry quitte allègrement les embourbés de toutes sortes pour s’en aller se promener dans un temps transversal, avec, selon l’injonction socratique « un double regard ».

Dans cette Agonie de Gutenberg, nous voyagerons donc dans le temps ; nous examinerons si ce temps est modifiable à partir d’un temps révolu et nous considérerons notre temps avec ironie, comme un temps d’autrefois dont les absurdités ne seraient plus couvertes par nos habitudes, nos servitudes volontaires, comme des choses allant de soi.

François Coupry, à sa façon, qui n’est pas étrangère à celle de Ionesco, auquel il consacra un livre, nous donne sa bonne nouvelle : rien ne va de soi. Notre maître en vision, dans ces chroniques, et même en « trans-vision », sera, par exemple, un chien, le vénérable Tengo-san, qui nous comprend mieux que nous-mêmes, et dont nous recevrons la sagesse comme celle du chien Berganza du conte de Hoffmann. N’en disons pas davantage, une chronique sur un livre de chroniques n’ayant pas pour dessein d’en éventer le propos.

Disons simplement qu’en ces temps où règnent les vertuistes et les vengeurs, et autres Lugubres, ces chroniques nous seront un parfait contre-poison, – et non le verre de lait ou la tisane qu’on donne aux intoxiqués, mais la coupe que l’on offre aux amis pour les délasser et poursuivre, à l’impromptue, la conversation. Une tradition française, en littérature, s’était perdue quelque peu, celle du libertinage, dont le sens premier ne se limitait pas à  la multiplication successive ou simultanée des partenaires, si plaisante qu’elle puisse être, mais prenait plutôt le sens d’improvisation, s’appliquant au cours de nos pensées et de nos conduites ; ce qu’un neveu de Thélonious Monk ne saurait ignorer, id quod libet.

Luc-Olivier d’Algange

Claude Guittard invité à parler du Prix Cazes sur Lettres capitales

Interview. Claude Guittard, Secrétaire Général du Prix Cazes :

« Marcellin Cazes a toujours eu à l’esprit l’idée d’aider les gens »

 

Le 86e Prix Cazes sera décerné le 20 avril 2022.

Fondé en 1935 par Marcellin Cazes qui avait repris la brasserie Lipp en 1920, il est aujourd’hui un des prix littéraires les plus prestigieux du paysage littéraire français. Depuis 87 ans, il récompense une œuvre littéraire française d’un auteur n’ayant jamais eu d’autre distinction littéraire, comme il était prévu au début, même si ce n’est plus le cas aujourd’hui.

Nous avons la chance de discuter de ce prix avec Claude Guittard, ancien directeur de la Brasserie Lipp et actuel secrétaire général du jury du Prix Cazes.  

Permettez-moi de commencer par vous poser une question personnelle. Qu’est-ce qu’a représenté pour vous la Brasserie Lipp ?

J’ai quitté la Brasserie en novembre 2021. Cet endroit mythique a été pour moi le plus beau moment de ma carrière. La Brasserie Lipp est un endroit magique, avec une clientèle extraordinaire.

Pour aborder le domaine littéraire, permettez-moi de rappeler que vous vous êtes vous-même essayé à l’écriture, en publiant en 2006, avec la journaliste Isabelle Courty-Siré, le livre Lipp : La Brasserie. Que pouvez-vous nous dire de cette expérience ?

J’ai toujours aimé lire. Cette passion pour la lecture vient de ma culture familiale. À la brasserie, j’ai eu la chance de rencontrer un nombre incalculable d’écrivains, d’académiciens, d’écrivains étrangers. Quand vous côtoyez personnellement les gens que vous avez lus pendant des années, cela vous donne un sentiment incroyable. Et, si au début je m’occupais du prix en qualité de patron, un jour on m’a demandé d’entrer au jury car les gens connaissaient mon amour de la littérature. Cela a été le début d’une aventure formidable pour quelqu’un comme moi qui n’ai que mon BEPC.

Quant au livre que j’ai coécrit avec Isabelle Courty-Siré, il n’y avait pas d’autres ouvrages dédiés à la brasserie, qui racontent l’histoire de manière aussi précise et avec un contenu relativement actuel, avec des photos et des détails sur ce qui est cet établissement au XXIe siècle, un endroit qui a ouvert en 1880, qui est toujours présent et qui continue d’être un des phares de la Capitale.

Le prix Cazes, fondé en 1935 par Marcellin Cazes, est un des plus anciens prix littéraires français. Quel est selon vous son ADN ?

Tout au début, en 1935, ce prix était désigné par un jury anonyme, ce qui est assez marrant dans l’histoire, car cela ne se fait pas beaucoup. Ce jury anonyme se réunissait à la brasserie le premier jour du printemps  – c’est à cette date que le prix était décerné les premières années – et passait toute une nuit avec forces nourriture et boisson et il nommait le lauréat. C’est n’est que par la suite que les noms des jurés ont été rendus publics. Marcellin Cazes a toujours eu à l’esprit l’idée d’aider les gens. À l’époque il y avait beaucoup d’écrivains fauchés et il voulait ainsi les aider à continuer leur art.

Il faut rappeler que Lipp a été consacré comme « lieu de mémoire » par la Ministère de la Culture. L’aide apporté aux écrivains par Marcellin Cazes est non seulement un soutien, mais une vraie reconnaissance.

Oui, complétement, je pense que Marcellin Cazes était très valorisé d’avoir comme clients ces écrivains et pour lui était très important de faire reconnaître leur travail, encore une fois des écrivains qui n’étaient pas très connus. Si on prend par exemple Romain Gary qui venait entre les deux guerres et qui n’était pas à l’époque extrêmement connu et pas très riche non plus, il le nourrissait. Il avait créé des complicités avec des gens comme ça qui sont devenus par la suite immensément célèbres. Il a toujours été là pour les écrivains qu’il aimait.

À quel moment ce jury est sorti de l’anonymat ?

Quelques années après. Avant la guerre, dans les années ’38, ’39, le jury était constitué. Il y avait Thierry Maulnier, Georges Blond, il y avait même Robert Brasillach à l’époque, mais c’était pendant la guerre. Comme le prix a eu un certain retentissement, le jury a été nommé et il est devenu assez pérenne.

À quel moment avez-vous intégré vous-même ce jury ?

C’est en 2010 qu’on m’a demandé d’entrer dans ce jury. En fait, à cette époque le secrétaire général du jury était Joël Schmit qui avait une activité d’écrivain assez prenante. J’étais en quelque sorte le sous-secrétaire chargé de contacter les maisons d’édition pour avoir les ouvrages, ainsi de suite. Je m’étais bien impliqué dans ce travail et j’ai fraternisé avec les membres du jury de l’époque. La présidente du jury était Solange Fasquelle, une femme extraordinaire. Il y avait aussi Dominique Bona qui est entrée ensuite à l’Académie française. Petit à petit, je me suis impliqué en les aidant dans tout ce qui appartient au côté administratif du prix et, comme mon travail était apprécié, on m’a demandé d’entrer dans le jury.

Comment est constitué ce jury ?

Le jury est totalement indépendant de la brasserie. C’est nous qui décidons qui nous voulons faire entrer et remplacer des gens qui partent pour des raisons qui leur appartiennent. Par exemple, Georges-Emmanuel Clancier qui a été un écrivain et poète incroyable, a été membre du jury jusqu’à ses 101 ans. Nous l’avons remplacé après son décès, comme ce fut aussi le cas de Solange Fasquelle. Pour choisir les nouveaux membres, chacun fait des propositions. Ce fut le cas pour remplacer Georges-Emmanuel Clancier nous avons décidé de faire entrer une libraire, Léa Santamaria. Je trouvais qu’une libraire pouvait avoir un avis intéressant sur les livres, car c’est elle qui les vend, qui sait en parler et, puis, elle a en face d’elle des lecteurs qui lui donnent leur avis. Faire entrer dans le jury Léa Santamaria qui est la patronne de la Librairie Les Libres Champs à Paris a été notre petite révolution.

Quels sont les critères de sélection des œuvres littéraires ?

On essaie d’avoir des gens qui n’ont jamais eu de prix, même si certaines fois il en ont déjà eus, mais les critères essentiels sont d’avoir des romanciers, essayistes ou biographes français. Ce qui guide le jury dans ses choix c’est le plaisir de lire un livre. Par exemple, dans la dernière sélection de cette année, je prendrai les deux romans qui sont sortis du lot, celui d’Hélène Gestern et celui de Gauthier Battistella. J’insiste sur le plaisir que nous avons tous eu à lire ces livres qui défendent tous la littérature française. Il s’agit de livres extrêmement bien écrits, les histoires sont haletantes. Ce que nous cherchons, c’est justement avoir du plaisir à lire un livre et pourvoir dire aux lecteurs qu’il faut absolument les lire. Ce qui compte, c’est vraiment la belle écriture française. Nous sommes peut-être assez classiques dans nos sélections, mais, encore une fois, nous aimons la belle littérature française.

On retrouve cette continuité dans le credo de la brasserie dont la devise est de ne rien changer.

Oui, complétement. Vous voyez, parce que les jurés restent les mêmes, on en change très peu. Le président du jury, par exemple, Joël Schmit, est membre depuis 1981, il a été secrétaire général auprès de Solange Fasquelle. Tous ont toujours eu une certaine éthique du prix, il sont très fiers d’en faire partie et sont un peu comme la brasserie, ils n’ont pas envie que ça change. Nous avons des critères assez précis, il faut le redire.

Que pouvez-vous nous dire des lauréats du Prix Cazes ? Pouvez-vous nous donner quelques exemples des plus prestigieux, si je puis dire ?

Il y en a beaucoup. Après, c’est difficile de dire qui sont les plus prestigieux. À nos yeux, ils sont tous prestigieux, bien entendu. La preuve, un Olivier Séchan qui avait eu le prix en 1948 pour un ouvrage remarquable, Marcel Schneider pour Le Chasseur vert en 1970, Joël Schmit pour son ouvrage Lutèce qui est une remarquable histoire de Paris, et même Edgar Faure qui était un homme politique et un grand écrivain.

Aujourd’hui, à cause du nombre très important des prix littéraires, on peut dire que le Prix Cazes s’est un peu dilué dans une masse incroyables de prix littéraires mais nous faisons partie des pionniers quand même.  

Que pouvez-vous nous dire des nominés de cette année ?

Chaque année, la sélection pour le Prix Cazes concerne la rentrée littéraire de janvier.  Celle de 2022 est assez éclectique, si je puis dire. Si on prend Doan Bui pour La Tour ou Julia Deck pour Monument national555 d’Hélène Gestern, Chef de Gauthier Battistella ou Blanc Résine d’Audrée Wilhelmy, les cinq ouvrages qui font partie de la dernière sélection ne se ressemblent pas. Autant ce sont cinq auteurs plus ou moins connus, autant ils ont tous leur originalité. Doan Bui, avec l’histoire remarquable de la Tour, Julia Deck pour Monument national et la gloire perdue d’un producteur de cinéma, 555 d’Hélène Gestern qui est un roman d’amour magnifique, Chef, le roman de Gautier Battistella qui touche un peu plus le monde de la brasserie qui parle d’un chef étoilé mais qui est aussi une histoire un peu policière et aussi amoureuse magnifique. Ce sont de très beaux ouvrages.

L’avantage d’un prix comme le nôtre est que sur toute la production littéraire très riche – cette année la rentrée de janvier a compté plus de 450 romans – nous attirons l’attention sur une cinquantaine d’ouvrages et ferons connaître des auteurs qui n’auraient pas été autrement dans l’attention de la presse. Nous espérons ainsi que l’ouvrage qui sera primé aura devant lui un bel avenir littéraire.

 

Comment entendez-vous continuer cette tradition qui dure depuis 87 ans maintenant ?

En ce qui me concerne personnellement, mais aussi pour tous les membres du jury, Mohammed Aïssaoui, Gérard de Cortanze, Nicolas d’Estienne d’Orves, Christine Jordis, François-Guillaume Lorrain, Carole Martinez, Éric Roussel, Léa Santamaria, nous allons continuer faire perdurer ce prix. J’espère que dans 30 ans il y aura un nouveau secrétaire général qui parlera de ce prix comme je le fais aujourd’hui, avec autant de passion et d’envie de défendre encore cette belle littérature française qui nous nourrit.

Le mot de la fin ?

J’insiste sur le fait que les Prix Cazes est une manifestation littéraire que j’aime beaucoup où tout le monde est très impliqué, où tout le monde aime se retrouver et où chaque fois le jury est au complet pour échanger et travailler ensemble. C’est un vrai beau travail de collaboration.

Propos recueillis par Dan Burcea©

Colette Portelance dans « La Cause littéraire » – par Marjorie Rafécas Poeydomenge

Au coeur de l’intelligence, Colette Portelance (par Marjorie Rafécas-Poeydomenge)

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge le 30.03.22 dans La Une CEDLes ChroniquesLes LivresEssais

Au cœur de l’intelligence, Colette Portelance, Editions du CRAM, septembre 2021, 294 pages, 20€

Le titre de ce livre pourrait laisser croire au lecteur qu’il va plonger en totale immersion au cœur de l’intelligence, et enfin en percer le secret… Mais ce titre est en réalité bien plus subtil : il célèbre, parmi les intelligences multiples chères au psychologue américain Howard Gardner, l’intelligence du cœur… « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point » de Blaise Pascal résonne jusqu’à nos neurones. Oui, on l’ignore encore, mais le cœur a des neurones !

Le paradigme des trois cerveaux

Colette Portelance détaille dans cet ouvrage l’apport des neurosciences et de la physique quantique dans notre appréhension de l’intelligence. La physique quantique ébranle nos repères car elle s’intéresse aux relations invisibles entre les atomes et les particules, les champs électromagnétiques et énergétiques. Le terme « neurosciences » est apparu dans les années 1960 grâce aux travaux des Prix Nobel David Hubel et Torsten Wiesel et propose une vision plus globale du cerveau et du fonctionnement de l’être humain.

Les neurones ne sont pas localisés que dans le cerveau. Le paradigme des trois cerveaux est une nouvelle réjouissante car il nous apprend que nous sommes dotés de trois cerveaux : celui du ventre (200 millions de neurones), du cœur (40.000 neurones) et de la tête (cent milliards de neurones). Le cerveau du ventre, dit aussi entérique, serait le siège des émotions. Le cerveau du cœur nous relie et rassemble. Quant à notre cerveau de la tête, il est plus puissant s’il interagit avec les cerveaux du ventre et du cœur.

Contrairement à la neurologie qui nous livre une version fragmentée du cerveau, les neurosciences ont développé une approche holistique et synergique de l’intelligence. Etymologiquement, intelligence signifie « rassembler », créer des connexions. Alors que l’origine du mot diable, « diabolus », veut dire « diviser », ce qui revient symboliquement à couper la tête du cœur. « Nos grandes pensées viennent du cœur », écrivait Blaise Pascal. Nous ne sommes pas que des êtres rationnels et heureusement pour nous… Ce chemin du cœur valorise l’intelligence émotionnelle et la force de nos émotions. Accepter la puissance de l’intelligence du cœur et la richesse des relations humaines nous protège paradoxalement de la dépendance affective. Nos neurones du cœur nous permettent de penser autrement qu’en mode linéaire, binaire et logique. Savoir utiliser nos trois intelligences nous permettrait d’accéder à un état de conscience plus élevé. Cette vision holistique de la pensée humaine nous permet de nous extirper d’une vision trop étroite, mesurable et standardisée de l’intelligence, et surtout héréditaire.

Au XXIème siècle, nous sommes encore influencés par des fausses croyances sur notre intelligence. Vous connaissez peut-être déjà le neuromythe de l’asymétrie cérébrale (le cerveau droit serait plus créatif et global que le cerveau gauche analytique), mais le plus tenace reste celui du vieillissement cérébral : notre cerveau est bien plus souple et performant que ce qu’on nous instille dès notre plus tendre enfance. Non, tout ne se joue pas avant 6 ans, ou encore 12 ans. A tout âge, on peut créer de nouvelles connexions neuronales. Il faut imaginer que nous pensons avec tout notre corps : même notre alimentation peut avoir un effet sur le cerveau. Par exemple, la neurogénèse est freinée par le sucre industriel.

En parallèle des trois intelligences du cœur, du ventre et du cerveau, Colette Portelance décrit trois types d’intelligences pour mieux comprendre les enfants : l’esthète, le pragmatique et le rationnel. L’esthète est celui qui sent et qui appréhende le monde par le cœur (ce qui rappelle le cerveau du cœur). Le pragmatique est quant à lui dans l’action. Et le rationnel, dans le spéculatif, l’intelligence logico-mathématique : il a tendance à rationaliser ses émotions. Les méthodes pédagogiques utilisées par le système scolaire français sont plus adaptées aux rationnels.

L’intelligence est-elle toujours rationnelle ?

L’auteur ose consacrer sa dernière partie à l’intelligence irrationnelle qui rassemble à la fois l’intelligence émotionnelle, motivationnelle, intrapersonnelle et spirituelle. L’irrationnel a son propre langage. Nous apprenons de toutes nos émotions, négatives ou positives. L’intelligence intrapersonnelle permet de créer un lien entre le ressenti et la prise de conscience.

Dès lors, l’intelligence irrationnelle est ce petit « plus » ou ce petit « rien » qui nous aide à devenir ce que l’on est. Ont été suivis dans le passé 90 étudiants de Harvard, et ceux qui avaient le mieux réussi leurs examens n’étaient pas ceux qui avaient le mieux réussi dans la vie et qui étaient heureux.

L’auteur oppose l’intelligence rationnelle de Descartes, le déductif, le méthodique à l’intelligence illogique, irrationnelle, spirituelle, intuitive, sensitive et émotionnelle. Or Descartes était-il si rationnel ? Descartes affirmait qu’« il n’y a pas d’autres voies qui s’offrent aux hommes, pour arriver à une connaissance certaine de la vérité, que l’intuition évidente et la déduction nécessaire » (Règles pour la direction de l’esprit, règle XII, René Descartes). Ainsi, Descartes a cherché à créer un lien entre l’intuition de la vérité et le raisonnement déductif. En revanche, il a été plus « tranchant » sur l’intelligence du cœur, car il a coupé notre corps de notre tête, en se méfiant de la puissance des passions. Selon lui, la passion était passivité de l’âme…

Ce livre sur l’intelligence irrationnelle nous aide à renouer avec nos neurones du cœur, comme l’avait déjà fait Spinoza en distinguant les passions joyeuses des passions tristes.

Et nous permet d’accueillir la clairvoyance intemporelle d’Emerson : Rien de grand ne se fait sans enthousiasme.

Un livre à découvrir pour célébrer toutes les formes d’intelligence de nos enfants.

Marjorie Rafécas-Poeydomenge

Colette Portelance a œuvré toute sa vie dans les domaines de l’éducation et de la relation d’aide. Dès le début de sa carrière d’enseignante auprès des adolescents, elle a compris que les échecs scolaires avaient principalement pour cause le manque d’intérêt et de motivation des jeunes pour les matières enseignées parce que leur type d’intelligence n’était pas suffisamment reconnu ni exploité à l’école. Plus tard, elle a approfondi sa recherche au cours de ses études de doctorat à l’université de Paris et l’a appliquée dans sa création de la formation des spécialistes de la relation humaine au Centre de Relation d’Aide de Montréal.

« Les écologistes, ces nouveaux culpabilisateurs » par Emmanuel Jaffelin dans Entreprendre

Photo Quentin Veuillet/ABACAPRESS.COM

Tribune d’Emmanuel JAFFELIN

Du Pécheur au Pollueur[1] ! Les écolos sont les nouveaux culpabilisateurs de l’Occident. Comme les religieux, ils expliquent dans l’espoir de changer le monde sur le principe de la culpabilisation : « tu pollues, alors tu dois faire ça ou payer une amende ». L’écologie est une religion sans dieu, mais dotée « de » diables : ses représentants politiques qui veulent brûler les pécheurs, pardon ! les pollueurs !

Voici trois exemples de cette religion qui fait de la pollution une faute coupable :

Ex1: D’abord le projet écologico-politique de punir ceux qui conduisaient trop et trop vite : en descendant  de 10km/h la vitesse maximale sur les routes à double sens hors agglomération et sans séparation centrale, Macron, sous l’influence des écolos, fit remplacer en 2018 provisoirement (grâce à Dieu !) une partie des panneaux de vitesse limitée à 90 km/h par des panneaux à 80 kms/h! Cependant, les pollueurs sont apparus vêtus de Gilets Jaunes[2], comme des résistants qui ne se reconnaissaient pas coupables! Les deux punitions se croyaient discrètes, mais étaient si injustes qu ‘elles levèrent une partie lucide et courageuse de la population. Ou l’écologiste comme  Grand Punisseur par tous les moyens. Mais finalement, les punisseurs furent punis par l’Opinion publique et  par l’action des Gilets Jaunes qui firent du Rond-Point De 2018 à 2020 le nouveau centre pour faire tourner la politique !

Ex2 : Ensuite, la mise en place depuis les années 1990, de l’écofiscalité (ou punition écologique par l’impôt) visant à pénaliser les pratiques qui ne respectent pas l’environnement (pratiques appelées « externalités négatives » dans le jargon punitif), comme par exemple, la taxation de l’utilisation de la voiture qui vise à la diminuer (en espérant que la bicyclette et la trottinette en prendront le relais!)

Ex3 : Enfin, un nouvel impôt appelé fiscalité émergente visant à obtenir un effet sur le Développement Durable. Punir en amont des fautes constitue la redoutable infiltration du péché dans le droit afin que ni Eve ni Adam ne pèche, mais qu’ils se constituent comme un couple stérile qui ne reproduit pas l’espèce pollueuse !

En 2016, les recettes fiscales environnementales françaises s’élevaient ainsi à 51 Milliards d’Euros !

Battre sa coulpe par un tel impôt, revient donc à se reconnaître coupable : mea culpa !

Le pollué est ainsi la planète terre malmenée et maltraitée par l’être humain. Le pollueur est, selon les écolos et contrairement à ce qu’en pensait Aristote[3], un être irresponsable et coupable qu’il faut punir, voire éliminer[4]

Peut-être qu’une météorite contredira la thèse écologique et fera disparaître les écologistes, comme les Dinosaures, il y a environ 65 millions d’années !

Emmanuel Jaffelin est l’auteur notamment de L’Apologie de la Punition (Plon, 2014) et  des Célébrations du Bonheur (Michel Lafon, 2021)


[1]– cf mon Apologie de la Punition, Plon, 2014

[2]– Cf mon Apologie du Rond-Point, Amazon

[3]– Aristote définissait l’homme comme un animal raisonnable. (zoon logikon) Or, les écolos distinguent l’homme de l’animal, préférant ce dernier !

[4]– le VHEMT ou Voluntary Human Extinction Movement est ce mouvement écologiste qui appelle tous les humains à s’abstenir de se reproduire pour provoquer l’extinction progressive de l ‘Humanité afin d’éviter la détérioration de l’environnement.