Actualités (NON EXHAUSTIF)

La Théâtrothèque recommande « Rendez-vous à l’Elysée » de Nathalie Ganem

 RENDEZ-VOUS À L’ÉLYSÉE : UNE ODYSSÉE AU CŒUR DE L’HISTOIRE DE FRANCE


  • Du 02/12/2023 au 20/01/2024
    Le Vendredi à 19h et le Samedi à 15h.

    Théâtre de Nesle
    8, rue de Nesle
    75006 PARIS
    Métro Odéon

    01 46 34 61 04

Au Théâtre de Nesle, Nathalie Ganem nous convie à une épopée théâtrale captivante, “Rendez-vous à l’Élysée”, plongeant dans les tumultes de l’histoire de France. Cette pièce subtilement écrite et mise en scène offre une immersion inédite dans les derniers jours de Napoléon Bonaparte, au palais de l’Élysée, le 21 juin 1815.

  

La Maestria de Nathalie Ganem : Quand le talent renoue avec l’Histoire

Nathalie Ganem, comédienne, auteure, metteure en scène, et productrice, dévoile dans “Rendez-vous à l’Élysée” une maîtrise artistique qui trouve son écho dans son riche parcours. Formée au Cours Simon, elle a d’abord brillé sur les planches avant de se plonger dans l’écriture et la mise en scène. Sa première création, “Sand et Musset correspondance amoureuse,” au théâtre Les Déchargeurs, a été le prélude à un parcours artistique engagé. “Je suis Dreyfus dans l’Affaire,” pièce recommandée par la LICRA et sélectionnée pour la Nuit du Droit, a confirmé sa capacité à explorer les moments clés de l’Histoire. En 2021, commémorant le bicentenaire de la mort de Napoléon, elle a écrit et mis en scène “La Dictée,” recevant le label “2021, Année Napoléon” de la Fondation Napoléon. Son talent polyvalent et son engagement profond s’entrelacent harmonieusement dans “Rendez-vous à l’Élysée,” où elle offre une vision captivante des derniers jours de Napoléon, confirmant sa place éminente dans le théâtre historique contemporain.

Un rendez-vous manqué avec l’Histoire

La pièce dépeint la France post-Waterloo, où Napoléon, défait, cherche à rallumer l’enthousiasme national. Nathalie Ganem nous entraîne dans un ballet verbal entre deux titans politiques, Napoléon et Fouché, donnant vie à un moment décisif qui change le destin de toute une nation. Comme l’écrivait Albert Camus, “L’Histoire n’est qu’une suite d’événements, et le drame est une suite d’actions.” Dans ce dialogue tendu, les paroles de Camus illustrent la tragédie inéluctable de ces protagonistes historiques.

Duel réthorique au Palais de l’Élysée

Le palais devient le témoin silencieux d’une tragédie politique intense. Les dialogues incisifs entre Napoléon et Fouché, portés par des citations historiques, mettent en lumière les enjeux cruciaux de cette confrontation. Comme le soulignait Hannah Arendt, “Le pouvoir corrompt et le pouvoir absolu corrompt absolument.” Cette maxime, illustrant les jeux de pouvoir et la rivalité politique, résonne à travers les murs du palais, accentuant le drame politique qui se déroule.

Un drame historique précis et ambitieux

Nathalie Ganem s’attache à la rigueur historique, décrivant avec minutie les circonstances du 21 juin 1815. Les délibérations politiques, les aspirations de Napoléon, et les jeux de pouvoir se révèlent dans une narration vive et précise. Pour paraphraser Voltaire, “L’Histoire est le tableau des crimes et des malheurs.” Dans cette dernière danse politique, on se remémore les paroles de Voltaire soulignant les tragédies de l’ambition et du pouvoir.

Une exploration captivante de l’histoire de France

“Rendez-vous à l’Élysée” transcende le cadre théâtral pour devenir une expérience émotionnelle et historique. La pièce, publiée chez L’Harmattan, offre une réflexion profonde sur le destin de Napoléon, suscitant la curiosité de tous les passionnés d’Histoire. Nathalie Ganem, auteure, metteure en scène et actrice, s’impose avec ce texte comme une voix incontournable dans le théâtre historique contemporain. Comme l’écrivait Victor Hugo, “On résiste à l’invasion des armées; on ne résiste pas à l’invasion des idées.” Cette pièce est ainsi une puissante invasion intellectuelle, réverbérant à travers le temps et l’Histoire française.

Le théâtre temporel : Revivre l’Histoire à travers les costumes et les mots

L’expérience de “Rendez-vous à l’Élysée” prend une dimension extraordinaire lorsque les comédiens revêtent les costumes d’époque, insufflant une vie palpable à l’Histoire. Comme l’exprimait William Shakespeare, “Toute la vie est un théâtre, et tous les hommes et femmes ne font que des acteurs.” Dans cette pièce, les comédiens deviennent les acteurs d’une époque révolue, transportant le public dans l’intimité des couloirs du pouvoir du XIXe siècle.

Lorsque Napoléon, joué avec conviction par Benjamin Arba, se tient face à Fouché, incarné par Jean-Charles Garcia, le spectateur est immergé dans une dimension où chaque mot sonne comme une page dépliée de l’Histoire. Le talent des comédiens, mêlé aux costumes d’époque, réveille des émotions oubliées, faisant écho aux mots de Constantin Stanislavski, “Le théâtre est le reflet de la vie.” Les costumes authentiques, minutieusement choisis par Frédéric Morel deviennent des toiles vivantes, transformant la scène en une fenêtre ouverte sur le passé.

Les mots de Nathalie Ganem, tissés dans la trame dramatique, se mêlent aux répliques de Napoléon, à la manière de Molière écrivant “L’homme est un acteur qui joue beaucoup de rôles.” Ainsi, voir cette pièce interprétée par des comédiens en costumes d’époque offre une expérience immersive unique, permettant au public de vivre l’Histoire au plus près. Comme l’affirmait Antonin Artaud, “Le théâtre devenu impossible est devenu indispensable.” Et dans l’impossible reconstitution du passé, cette pièce devient indispensable pour capturer l’essence et l’émotion de cette page cruciale de l’Histoire de France .

Yves-Alexandre Julien  

07/12/2023  

« Le jour où » de Thierry Paul Millemann par Cendrine Genty sur VIVRE FM

Cendrine Genty reçoit Thierry Paul Millmann dans « Le jour où…, l’Auteur du livre « Ondes  et énergies cérébrales dans la physique quantique : l’immortalité dans un monde parallèle. »Docteur es Sciences, économiste, universitaire et ancien professeur . 

A quel moment Thierry Paul Millmann s’intéresse-t-il à l’immortalité ? De quelle immortalité s’agit-il ? Pour quelles raisons, à la suite de sa présentation d’hypothèses à l’Académie des Sciences, ces derniers l’encouragent-ils à partir conquérir les preuves  ?  Qu’est-ce-que Thierry Paul Millmann a-t-il découvert ? Quels messages nous partagent-il ? Qu’est-ce-que cette plongée au coeur de la physique quantique et de la biologie moléculaire l’a-t-elle entrainé à vivre, jusqu’aux rencontres confidentielles aux plus hauts sommets d’Etats  ? 

Thierry Paul Millman nous explique et nous dévoile l’ensemble de ses découvertes, de manière décryptée, imagée. Et passionnée. 

« Napoléon c’est la France ! » entretien philosophico-politique avec Nathalie Ganem dans Entreprendre

Napoléon, c’est la France !

Plutôt que d’aller voir le Napoléon de Ridley Scott, qui n’a pas su se détacher de l’image que s’en sont fait les Anglais depuis 200 ans, allez donc assister à la pièce de Nathalie Ganem , « Rendez-vous à l’Élysée », dialogue entre Napoléon et Fouché après Waterloo, et qui sera joué entre décembre et janvier, au théâtre de Nesle. Entretien avec Nathalie Ganem.

Marc Alpozzo : Ces jours-ci, sort sur les écrans français le film de Ridley Scott, avec Joaquim Phoenix dans le rôle-titre. Le film a reçu un accueil très mitigé, notamment pour sa cohérence historique : par exemple, à l’ouverture du film, on voit Napoléon assister à la décapitation de Marie-Antoinette, ce qui est historiquement faux. Avez-vous eu le temps de voir ce film ? Que pensez-vous de cette interprétation de Ridley Scott, qui est en grande partie woke, car on y trouve, entre autre, un amalgame entre Napoléon, Hitler et Staline, que l’historien du droit et des institution Philippe Fabry confirme dans un entretien à Marianne ? Le film de Ridley Scott est une œuvre crépusculaire, dont l’objectif, même pas déguisé, est de caricaturer l’Empereur. Les contrefaçons historiques étant si nombreuses, que l’on peine à parler d’approximations ou d’erreurs. On dira plutôt que Ridley Scott montre son mépris pour la France et pour les Français. Il a d’ailleurs déclaré à la sortie de son film dans les salles françaises, que les Français ne s’aimaient pas. Qu’en pensez-vous ?

Nathalie Ganem : Ridley Scott est réalisateur et non pas historien. Il a réalisé une fiction et non pas un documentaire. C’était un véritable challenge pour lui. J’ai trouvé le film magnifique et les acteurs remarquables notamment, Tahar Rahim, dans le rôle de Barras. De plus, ce film a le mérite d’avoir suscité l’intérêt et l’enthousiasme pour Napoléon ! Ce qui est regrettable, c’est que ce film ne soit pas français, écrit et réalisé par des Français.

Et je m’étonne que les mêmes qui s’offusquent de certaines incohérences ou contrefaçons historiques dans le film, tolèrent que les programmes d’histoire enseignés à nos élèves soient sans cesse revisités, voire parfois travestis. Concernant l’ouverture du film, je crois que ce qui dérange dans cette scène est que Ridley Scott  réveille notre culpabilité d’avoir décapité notre roi et notre reine dans notre inconscient collectif. Enfin sur sa déclaration « que les Français ne s’aimaient pas eux-mêmes », les arguments que je viens de vous dérouler peuvent nous interroger…

Vous avez, vous-même, monté une pièce de théâtre « Rendez-vous à l’Élysée » qui est jouée actuellement au Théâtre Nesle dans le VIe. Vous y mettez en scène le rendez-vous manqué de Napoléon Bonaparte avec la France et les Français, le 21 juin 1815, après sa défaite à Waterloo, et son affrontement avec son pire ennemi, Joseph Fouché, qui décidera malheureusement de son sort. Pour vous, disons-le, Napoléon, c’est la France. Est-ce que cette pièce peut rassembler notre France actuellement fracturée, sur le sort et le destin de Napoléon, ou pensez-vous qu’il est déjà trop tard ?

Nathalie Ganem : J’ai écrit cette pièce afin de sensibiliser et de mieux faire connaître au plus large public l’histoire napoléonienne. J’observe en effet qu’il existe aujourd’hui deux France dressées l’une contre l’autre : une patriote et l’autre qui ne l’est pas. Napoléon Bonaparte, c’est la France. Son histoire peut rassembler ces deux France. Car elle est un repère pour tous ceux qui veulent apprendre ou réapprendre à aimer la France et un rempart contre tous les prêcheurs de sa détestation. Et j’espère aussi à travers cette pièce faire rêver les spectateurs qui viendront la voir d’un Napoléon Bonaparte qui nous donnerait rendez-vous à l’Élysée…

À la différence du film de Ridley Scott, votre texte met en lumière les fêlures de Napoléon, que vous avez refusé de magnifier de manière béate. Vous lui donnez un aspect humain, alors que le film de Ridley Scott, dans une brume épaisse et une lumière basse, montre un Napoléon faible, affaibli par son amour pour Joséphine, à qui il doit tous ses succès, ce qui le conduit également à sa perte. Encore, j’imagine, un effet du wokisme américain ! Que pensez-vous de cette interprétation de l’amour que Napoléon porte à Joséphine ? Vous avez préféré miser sur la présence féminine de la Reine Hortense dans votre pièce. Croyez-vous qu’elle s’imposait tant que cela ? Pouvez-vous nous rappeler qui était cette dame ?

Nathalie Ganem : Cette pièce est un huis clos entre trois personnages et se déroule au cœur du pouvoir, le palais de l’Élysée. Elle met en scène la confrontation entre Napoléon Bonaparte, vaincu après la défaite de Waterloo, et Joseph Fouché son ministre de la police. La reine Hortense, fille adoptive de Napoléon sera le témoin direct de cette scène de l’Histoire. Elle est l’une des rares de la famille impériale à être présente pour soutenir son beau-père et défendre sa famille face à Fouché qu’elle ose affronter. Elle incarne également dans la pièce une réminiscence affective de Joséphine de Beauharnais.

Ce qui m’a inspiré à écrire deux pièces sur Napoléon Bonaparte La dictée puis Rendez-vous à l’Élysée et un court-métrage Tête-à-tête à Malmaison ce n’est pas le personnage historique, mais uniquement la personne. C’est lorsqu’il est déshabillé de sa redingote de gloire et qu’il se dévoile humain, trop humain, qu’il apparaît alors fascinant. J’ai voulu montrer ce Napoléon qui n’est pas tout-puissant au-dessus des autres et le révéler avec ses failles et ses imperfections humaines. Par son interprétation, Joaquin Phoenix met en lumière également le côté vulnérable de Napoléon Bonaparte à travers cette passion avec l’Impératrice. Il est vrai que Napoléon était très amoureux de Joséphine de Beauharnais.

Ma pièce se termine d’ailleurs par une scène où Napoléon, après sa seconde abdication, demande à Hortense de l’accompagner au château de Malmaison. Peut-être, désirait-il se remémorer une dernière fois avant de quitter la France, le souvenir des moments partagés avec Joséphine…

René Rémond dans son livre Les droites en France rapproche le courant bonapartiste du courant gaulliste. Approuvez-vous cette typologie des droites ? La France aurait-elle pu rester la France si Napoléon n’était pas apparu pour la ressouder ? On sait tous que l’histoire de France s’est faite grâce à des grands hommes, dont il serait long de dérouler la liste des noms, des hommes qui ont eu le courage et la volonté de soudain se lever pour la sauver du danger. Or, on voit aujourd’hui ce pays en très mauvaise posture : divisé, attaqué, fracturé. Que vous inspire l’actualité récente ? Pensez-vous qu’un grand homme de la taille morale et historique, comme Napoléon ou De Gaulle, pourrait apparaître dans le paysage politique dans les années à venir, sorte de nouveaux personnages puissants ? Ou croyez-vous que nous allons inexorablement vers la disparition de la France et des Français ?

Nathalie Ganem : Napoléon Bonaparte comme le général de Gaulle ont été au « rendez-vous » pour sauver la patrie. C’étaient deux hommes d’honneur qui n’étaient ni de droite, ni de gauche, mais des amoureux de la France. Et, hélas, je ne vois pas apparaître aujourd’hui un homme providentiel ou puissant capable de faire un autre « 18 Brumaire » ou de lancer un autre « appel du 18 juin ». Je pense que c’est par le peuple français guidé par l’amour de la patrie que la France peut encore être sauvée. À la question posée à De Gaulle : « Qu’est-ce que le peuple, mon général ? » Il répondait : « La France ! »

Propos recueillis par Marc Alpozzo
Philosophie et essayiste
Auteur de Seuls. Éloge de la rencontre, Les Belles Lettres.

Réaction de Jacques-Olivier Boudon professeur d’histoire contemporaine spécialiste de Napoléon

Réaction de Jacques-Olivier Boudon professeur d’histoire contemporaine spécialiste de Napoléon

Vu hier après-midi « Rendez-vous à l’Elysée », pièce écrite et mise en scène par Nathalie Ganem, au théâtre de Nesles, qui raconte les dernières heures de Napoléon à l’Elysée avant sa seconde abdication, le 22 juin 1815, au cours d’échanges croisés avec Fouché et Hortense de Beauharnais. Le texte est juste, le décor sobre, mais surtout les acteurs sont très présents et incarnent leur personnage. Je recommande !

Réaction de Guy Carrieu Président du Souvenir napoléonien à la pièce de Nathalie Ganem

Guy Carrieu reste président du Souvenir napoléonien, société savante qui se consacre à l’histoire des Premier et Second empires, et à celle de la famille impériale. 

Chère Madame, Dès hier soir j’ai envoyé un message à mon délégué parisien pour lui dire tout le bien que j’ai pensé de « Rendez-vous à l’Élysée « . Le texte est magnifiquement écrit, ciselé, construit et érudit (j’ai d’ailleurs regretté de ne pas avoir pu faire l’acquisition du livret à la sortie, alors qu’il était présenté à l’entrée !), le « Fouché » est excellent, le « Napoléon » expressif et sincère, « Hortense » ne fait peut-être pas suffisamment part de l’émotion qui a dû être la sienne en la circonstance (toutefois, j’ai bien conscience que j’ai vu la pièce en « première » et que d’ici le 20 janvier des adaptations se feront au fil des représentations). Au final, je noterai 17/20 pour cette première ! Bref, je recommande aux parisiens de mon association de vous rendre visite ce qu’ils ne manqueront sûrement pas de faire dans les prochaines semaines. Et, pas plus tard que ce midi, après avoir une fois encore fustigé le nouveau film de Ridley Scott, « Napoléon », je faisais connaître votre pièce à un groupe de personnes habitant Le Kremlin-Bicêtre qui avaient précisément entendu ce matin une présentation de la pièce sur France Culture. Croyez donc que je serai l’avocat de ce très beau spectacle. Je ne sais si nous aurons l’occasion de nous revoir…ce que j’apprécierais si cela devait advenir. Très cordialement à vous. Guy Carrieu

Saisons de culture a aimé « L’Ombre du Roi-Soleil » de Claude Rodhain

Par Etienne Ruhaud
Avocat honoraire, ancien ingénieur et écrivain, Claude Rodhain demeure essentiellement connu pour ses récits autobiographiques, parmi lesquels Le destin bousculé, publié en 1986. Également romancier, l’homme s’intéresse à l’Ancien Régime, et plus particulièrement aux petites gens, comme nous pouvons le constater à travers Fanquenouille (L’Harmattan, 2015), qui se déroule sous Louis XV. Ce nouveau livre se passe cette fois sous Louis XIV : Claude Rodhain y parle de la fameuse « affaire des poisons », déjà traitée dans Le parfum des poisons, paru trois ans plus tôt aux éditions City.
Une histoire qui commence (et qui finit) mal
Fille d’Ernestine, herboriste accusée d’empoisonnements, la jeune Louyse Buvard voit sa mère dénoncée par une voisine, puis torturée et enfin brûlée en place de Grève, en compagnie du père. Orpheline à quinze ans, Louyse quitte donc le village picard de Charonne pour Paris, où elle rencontre, suite à un malentendu, un certain Nicolas Gabriel de la Reynie, lieutenant des gardes, soit de la police, celui-là même ayant interrogé la mère. Méfiant, tout d’abord, puis conquis par les compétences de Louyse en matière de pharmacopée, séduit par ses beaux yeux, La Reynie tombe fou amoureux. Partageant désormais son lit, et donc sa vie, Louyse assiste aux terribles tortures infligées aux suspects. Marquée par un renforcement de l’absolutisme royal, la période est effectivement troublée : divers aristocrates conspirent contre le souverain, tentent de l’éliminer au moyen de potions, et donc font appel à Louyse, réputée pour ses talents. Soumis à la questions ordinaire puis extraordinaire, les inculpés passent rapidement aux aveux, avant d’être suppliciés. Présentée au souverain, Louyse devient vite la favorite, se trouve anoblie, jusqu’à son implication dans une ultime conjuration, liée au roi Charles II d’Angleterre. Enfermée au Châtelet, la désormais marquise de Tulle subit le même sort que Célestine.
Historique, érotique, féministe, fantastique ?
Roman d’inspiration historique, donc, L’ombre du Roi-Soleil met d’abord en scène une héroïne féminine, dont l’influence se fait sentir sur le plan politique ; entre autres lorsque Louis XIV résout de révoquer Fouquet, surintendant des finances et maître de Vaux-le-Vicomte, dont la splendeur inquiète, autant qu’elle irrite. De même, Louyse intervient pour améliorer la condition des esclaves. Enfin, la plupart des complots sont ourdis par des femmes, dans un univers traditionnellement dominé par la gent masculine. Pimenté par diverses scènes érotiques parfois intenses, notamment lorsque Louyse couche avec le lieutenant, le roman est en outre relativement violent. Claude Rodhain nous dépeint effectivement un Paris sale, marqué par une grande brutalité, dans les rapports humains, à commencer par l’usage de la géhenne, donc. Les rues sont envahies d’ordures, et les Français se battent. Tel est l’envers du fameux « siècle d’or ». Loin de louer un temps sans doute barbare, Claude Rodhain présente l’envers du décor. Inspiré par l’Histoire, l’avocat-auteur, tel qu’il se définit lui-même, fait un détour par le fantastique : Louyse et sa mère communiquent par-delà la mort, et Célestine guide sa fille, la conseille, à travers les épreuves.
Trop ambitieux ?
Varié, ambitieux, écrit dans un langage soutenu, le livre laisse toutefois une impression d’inachèvement, sinon de confusion. On se perd effectivement en intrigues secondaires, dont beaucoup demeurent irrésolues, et on finit par ne plus comprendre qui fait quoi, tant les personnages sont nombreux. La mort de Louyse est expédiée en quelques pages, mise en lien (assez maladroitement), avec la situation des protestants. Surtout, bien qu’il ne s’agisse pas d’un roman historique stricto sensu, de gros anachronismes sont à déplorer. Entre autres, lorsque le lieutenant de la Reynie cite Victor Hugo (1802-1885), ou lorsque certains concepts, évoquant directement le droit des femmes, sont plaqués sur un XVIIème siècle où la notion même de féminisme semble parfaitement inconnue, du moins dans sa forme moderne. Qui, à l’époque, parle de construction sociale, ou encore d’intégration sociopolitique (p. 15) ? D’autres éléments risquent de faire bondir les spécialistes. On est en droit de déplorer, aussi, quelques coquilles. Une relecture plus serrée, par un correcteur éditorial, se serait sans doute imposée. Soyons justes : les fautes ne sont pas si nombreuses, malgré tout.
Peut-être plus à l’aise dans le registre autobiographique, Claude Rodhain s’est construit SON XVIIème siècle. Non sans réserve, nous sommes prêts à le suivre dans ce voyage temporel. Notons qu’un certain travail sémantique a été réalisé, puisque l’auteur use de nombreux termes d’époque, dont certains nous paraissent aujourd’hui obscurs, oubliés. Enfin, et c’est une qualité, Claude Rodhain n’idéalise pas la période, souvent présentée de façon idyllique à travers films et récits. Nous ne saurions que l’en louer. Amoureux d’Histoire, parfois maladroit, l’écrivain se montre parfois extrêmement objectif, et réaliste, dans ses descriptions.
La Route de la Soie éditions 2023

Saisons de culture plébiscite la pièce de Nathalie Ganem

L’épopée napoléonienne constitue une source d’inspiration intarissable, tant pour le cinéma, la télévision, que pour le roman et le théâtre. Comédienne mais aussi auteure de drames historiques (également publié chez l’Harmattan, La dictée évoque là encore l’empereur), Nathalie Ganem parle quant-à-elle de la chute, soit l’extrême fin des Cent-Jours. Le 21 juin 1815, quelques heures après le naufrage de Waterloo, Napoléon, retrouve Fouché à l’Élysée. S’ensuit un étrange dialogue, à trois voix…L’Harmattan, Paris, 2023.
UN DRAME HISTORIQUE PRÉCIS
Le soir du 21 juin 1815, donc, Napoléon est dans une situation critique. Trois jours plus tôt, l’homme a perdu, à Waterloo, face à la coalition menée par les Anglais. Informé de la défaite, Joseph Fouché, déloyal ministre de la police, interroge discrètement plusieurs membres de la Chambre des Représentants afin de savoir quelles mesures prendre. L’abdication de l’Empereur est naturellement envisagée, notamment pas Lafayette. Napoléon, qui souhaite se maintenir, projette d’installer une dictature temporaire, suggérée par son frère Lucien Bonaparte, et par Lazare Carnot, (1753-1823), tout en espérant que la Chambre l’appuie, ce qui éviterait d’employer la force. Informés de l’éventualité d’un coup d’État, les ministres et les différents représentants refusent de plier. Napoléon, toujours encouragé par son frère Lucien, hésite à dissoudre la Chambre. D’autres conseillers insistent pour que le souverain lâche le pouvoir, tout en faisant miroiter la possibilité d’un maintien détourné : alors âgé de cinq ans, le roi de Rome, fils de Napoléon monterait sur le trône, ce qui permettrait d’instaurer une régence, et donc d’assurer la pérennité d’une dynastie. Suite à diverses tractations, revers, Napoléon se trouve contraint de partir, avant d’être arrêté par les Anglais, et déporté à Sainte-Hélène, où il meurt en 1821.
Délicat, ici, sinon impossible, de décrire avec précision les circonstances historiques exactes, de résumer l’incroyable rebondissement que constituent les « Cent-Jours ». Impossible également de ne pas rappeler le contexte, puisque Nathalie Ganem a souhaité dépeindre la confrontation entre Napoléon et le félon Fouché, duc d’Otrante. L’essentiel de la pièce est ainsi constitué par une conversation tendue entre l’Empereur et Fouché, chacun tentant de justifier ses actions en attaquant l’autre. Fille adoptive de Napoléon, Hortense de Beauharnais vient soutenir l’empereur, y compris face à Fouché qu’elle exècre. N’écoutant pas Hortense, qui lui souffle d’écrire à son beau-père, l’empereur d’Autriche (Napoléon ayant épousé, en secondes noces, Marie-Louise, petite-nièce de Marie-Antoinette), le grand homme précipite, sans le savoir, sa chute. Ainsi se clôt la pièce.
BREF, MAIS AMBITIEUX
Respectant (volontairement ?), la règle des trois unités propre au théâtre classique (soit un lieu, une journée, et une action), écrit en prose, Rendez-vous à l’Élysée semble donc, a priori, fidèle aux circonstances historiques. Plusieurs maximes célèbres, prononcées par Napoléon, en d’autres circonstances, apparaissent ainsi au fil des pages, comme Impossible n’est pas français, ou encore ce mot rapporté selon lequel Talleyrand serait de la merde dans des bas de soie. Napoléon comme Fouché se renvoient par ailleurs leurs torts à la figure : le duc d’Otrante rappelle à tout moment le caractère dictatorial de Napoléon, qui a ensanglanté l’Europe et sacrifié la jeunesse française, quand l’empereur, lui, rappelle à Fouché ses multiples fourberies, de même que sa sauvagerie durant la Terreur, période durant laquelle le Montagnard a fait massacrer de nombreux opposants. L’intérêt du drame réside ainsi en cet affrontement rhétorique : Nathalie Ganem raconte parfaitement l’histoire du pays, et presque toutes les fortunes traversées en trente ans, depuis la prise de la Bastille jusqu’à la chute de l’Empereur, naguère jeune général corse ambitieux, devenu souverain. Plus effacé, le personnage d’Hortense reste spectateur, et incarne pour partie la voix de la Raison, puisqu’elle tente de sauver son beau-père, et donc sa propre famille.
UNE PIÈCE HONNÊTE
Sans doute pourrons-nous reprocher à Nathalie Ganem l’aspect parfois « scolaire » de la pièce. Certaines citations semblent plaquées là, comme s’il s’agissait d’un cours mis en scène. Tel est l’écueil du drame historique, en tant que genre. Cependant, le style alerte, les diatribes que s’adressent les protagonistes, font de ce Rendez-vous à l’Élysée une pièce vivante, qui ravira des amateurs d’Histoire, attachés à l’exactitude. La passion de l’auteure pour cette période troublée transparaît à chaque ligne. Court, incisif, ce Rendez-vous ne brille certes pas par l’originalité du thème choisi, mais ne contient aucun temps mort. Notons, pour les plus motivés, que plusieurs représentations sont prévues à Paris, au théâtre de Nesle, à partir du 2 décembre 2023.

Actualitté a adoré « L’Ombre du Roi-Soleil » de Claude Rodhain

Louyse Buvard, femme majeure à la cour de Louis XIV

L’Ombre du Roi-Soleil de Claude Rodhain, publié en septembre aux Éditions La Route de la soie, est ce que l’on appelle un roman historique. Cette classification bien commode pour les libraires ne nous sert guère présentement : il s’agit toujours d’écrire à partir du réel, de l’expérience. L’histoire de France est notre héritage, le roman historique est un moyen de ne jamais fixer l’histoire et de lui rendre son caractère toujours actuel. Par Margaux Catalayoud.

Ainsi donc, le romancier aguerri s’approprie avec son œuvre un épisode bien connu à la cour de Louis XIV et qui a concouru à la création de la chambre ardente ; mais il ne s’est pas agi, à la manière d’un roman policier, de résoudre cette affaire des poisons, l’auteur a plutôt mis l’accent sur le rôle majeur que les femmes ont joué dans le règne du Roi, créant alors le personnage fascinant de Louyse Buvard.

Une inconnue fictive devient marquise

En effet, la récente orpheline, Louyse Bouvard, qui vient de nulle part, s’est imposée à la cour, jusqu’à devenir marquise et plus encore… Les sombres péripéties qu’elle traverse sont le fruit d’un caractère extraordinaire dont l’audace est le pendant de l’atmosphère anxiogène.

Sa mère, empoisonneuse, a connu le bûcher et a laissé derrière elle une enfant dont on n’aura de cesse de conter la beauté et bientôt l’intelligence – de se frayer une voie dans un monde hostile où tout n’est que secret, suspicion, superstition. Les nobles trempent dans un trafic que le poison symbolise : qui assassine son mari, qui est jalouse de la nouvelle favorite du roi, qui voudrait se faire aimer, etc.

Ces manigances, aussi extravagantes semblent-elles, ne font aucun doute grâce à la précision historique de l’auteur. Tous les personnages principaux de l’affaire des poisons sont convoqués : la Bosse, la Voisine, la Vigouroux, Fontanges la Reynie, etc, l’auteur réussit avec beaucoup de délicatesse et de fluidité à rendre compte de l’épisode historique sans alourdir le récit.

Et la création, plutôt chiadée, du personnage féminin rend bien le romanesque d’une époque où l’on pouvait encore croire à la magie.

Un autre regard

Cette invention est, à proprement parler, l’œuvre de l’écrivain, c’est-à-dire qu’il joue grâce à Louyse, avec elle, à côté d’elle aussi. Le développement narratif la définit comme un être complexe et psychopompe ! De facto, les rapports mère/fille sont troublants car Louyse parle à feu sa mère aux moments cruciaux de sa montée au pouvoir.

Son ascension questionne d’ailleurs la trahison de son appartenance sociale. Comme Jeanne du Barry dans le film éponyme de Maïwenn, fille du peuple et maîtresse de Louis XIV, Louyse Bouvard nous laisse entrevoir un roi attentionné, à la mégalomanie intermittente, j’en veux pour preuve sa confession : « En privé, Louis se qualifie lui-même d’ignorant. A peine lui a-t-on appris à lire et à écrire et ce défaut de connaissance des choses communes de l’histoire, des continents, des fortunes du monde, des conduites et des usages, le fait souvent tomber dans les absurdités les plus grossières, mais il n’en a cure. Il préfère l’action à la connaissance et regarde le savoir avec dédain. »

En somme, L’ombre du Roi Soleil est un roman intelligent qui mêle fiction et histoire, jouant ainsi sur notre fantasme de la Cour et ses souterrains, révélant sans distance les rouages du pouvoir.