Actualités (NON EXHAUSTIF)

« Les 150 derniers jours » sur France Net Infos par Dominique Iwan

Les 150 derniers jours – Mission Humanis par l’auteur de L’âme de la fontaine étourdie Gérard Muller

Après la mécanique quantique, l’astrophysique et les trous noirs avec  L’âme de la fontaine étourdie, lire ou relire ma chronique https://www.francenetinfos.com/lame-de-la-fontaine-etourdie-le-dernier-roman-de-gerard-muller-193810/

… l’auteur nous plonge à nouveau dans un univers qu’il connaît parfaitement l’espace et le travail des ingénieurs qui maîtrisent un haut niveau de technologie.

Gérard Muller signe un thriller nerveux et haletant, troisième opus de sa trilogie de romans scientifiques publiés en 2019 aux Editions Lazare et Capucine.

L’épigraphe en début de livre « Si l’on apprenait que la fin du monde était pour demain, je planterais quand même un arbre. » citation de Martin Luther King, pourrait résumer à elle seule ce roman qui se passe en 2019 à moins de cinq mois d’un cataclysme annoncé.

Un astéroide non identifié se dirige vers la Terre qu’il devrait percuter dans 150 jours … Face à cette collision inévitable, les agences spatiales du monde entier vont se coordonner pour travailler sur des projets permettant d’éviter le chaos …

… 150 jours où chaque grand esprit scientifique de quelque pays que ce soit (ce sera plus difficile dans certains pays que dans d’autres), va tenter de mettre de côté son ego pour parler en enfin de notre bien commun la Terre …

… cette Terre que l’on s’acharne à détruire et je ne parle pas seulement du seul réchauffement climatique, mais des guerres, des conflits sans fin, des violences quotidiennes, de la radicalisation, du manque d’écoute, d’empathie, de respect pour les différences …

… cette Terre est pourtant notre bien commun. On a tellement pris l’habitude d’y naitre et d’y mourir qu’il nous est impossible d’imaginer que cet ensemble de choses qui sont supposées contribuer au bonheur collectif pourrait disparaitre.

C’est dans cette configuration sociale, politique et geopolitique que l’astéroide qui fonce vers nous va se charger de nous rappeler nos contradictions et nos ambivalences, à travers un décompte du temps anxiogène et alarmant.

Et l’on s’aperçoit que face à notre anéantissement programmé, les états, les nations, les gouvernements au prix de nombreuses tergiversations basées sur le contrôle, le pouvoir et les arrières pensées politiques, vont conjuguer leurs connaissances et mettre de côté leurs individualités pour sauver ce qui peut être encore sauvé.

Ce roman d’apparence scientifique pose en fait les vraies questions, la vraie question … que sommes nous prêts à tenter, à faire pour sauver cette planète qui nous abrite depuis si longtemps, qui nous nourrit, qui nous désaltère, nous réchauffe ou nous rafraichit, nous protège ou nous agresse selon que notre attitude est généreuse ou vindicative ?

L’auteur Gérard Muller a-t-il écrit un livre d’anticipation ou de prospective ? Pouvons-nous encore imaginer un gouvernement mondial de la connaissance scientifique qui nous aiderait a émerger de l’individualisme forcené des états et des hommes en cas de catastrophe imminente ? je l’espère.

Ce livre a le mérite de nous faire réfléchir, c’est à ce titre que je le recommande vivement.

 

Philip Kayne est dans la prestigieuse revue Ultreïa grâce à l’égyptologue Florence Quentin

Ultreïa de janvier 2020

Bifurcations et empreintes

Beaucoup d’encre a coulé sur le légendaire couple d’Akhenaton, premier monothéiste de l’histoire, et de l’iconique Néfertiti : Philip Kayne nous entraîne tambour battant dans une histoire haletante où le roman peut prendre toutes les libertés mais aussi ouvrir des pistes à des questions très discutées, comme les liens entre le culte à Aton et le Dieu des Hébreux. Un bel hommage à « la magnificence sociale, culturelle et spirituelle des bords du Nil ». Florence Quentin

Le Dit des Mots fait l’éloge du « Pompéi » de Michèle Makki – Merci à Francois Cardinali

L’amour et le feu dans la Rome antique

Dans Pompei. Le sang et la cendre (*), Michèle Makki signe un roman à géométrie variable où, derrière l’histoire d’amour impossible entre une patricienne et un gladiateur, elle décrit avec une grande finesse la vie romaine au quotidien, les querelles de castes… Un tableau vivant et prenant.

Entre la ville détruite par l’éruption du Vésuve et Rome, Pompéi. Le sang et la cendre confie le lecteur au cœur de la vie des Romains à travers l’histoire d’un amour impossible. Celui d’une jeune femme de la haute société de Pompéi, Vera, et d’un gladiateur, Albanus, au premier siècle après Jésus-Christ. Peuvent-ils vivre leur passion au grand jour ou faut-il les cacher nuit après nuit ? Vera découvre l’amour et la sensualité avec un homme que la société lui défend d’aimer.  À travers les grandes vagues de l’histoire surgissent, dans la mosaïque de la vie quotidienne, les passions et les espoirs de ceux qui habitaient Pompéi,  disparue sous des coulées de lave et une pluie de cendres.

Titulaire d’un master en philosophie et d’un master en littérature française ainsi que d’un bachelor en italien, Michèle Makki  a enseigné le latin et le français comme professeur avant de devenir journaliste puis auteure. Dans ce roman très documenté et très précis,  la romancière déroule son histoire en multipliant les personnages secondaires qui donnent un indéniable relief à ce récit d’un amour consommé, mais que l’on sent impossible. D’autant plus qu’Albanus n’a jamais oublié la famille qu’il a dû abandonner après avoir été réduit en esclavage. L’auteure décrit ainsi ses réflexions nocturnes : « De cette faille avaient surgi sa femme et ses enfants plus nettement que jamais ses souvenirs ne les lui avaient montrés.  Sa pensée s’était mise à leur parler et il entendait leurs voix lui répondre. »

Traversant les règnes de Vespasien et de Titus ou, au gré des moments, la violence est plus ou moins présente, ou l’on sent monter la persécution contre les Chrétiens qui se cachent, comme un des riches patriciens, ce Marcus de l’histoire, le roman de Michèle Makki décrit de manière minutieuse et très vivante la vie sous la Rome antique, montrant aussi bien les fractures entre classes sociales que la vie quotidienne au cœur des marchés, la beauté de la capitale romaine ou la douceur de vivre dans les « villae », les riches résidences secondaires dans la campagne entourant Pompéi.

De gladiateurs, il est, bien sûr, question dans ce récit où la romancière sait nous faire partager le quotidien de ces combattants qui sont comme des champions sportifs du monde moderne, des figures qui prennent bien des risques, sans pour autant être condamnés à mourir automatiquement  en cas de défaite (Albanus en est la preuve dès le début), et qui fascinent certaines femmes de la bonne société romaine. Un « métier » qui a même pu être ouvert, durant une courte période, aux femmes.

Montrant la fascination que ces jeux du cirque pouvait exercer auprès d’une large partie de la population et qui étaient aussi l’occasion pour ses organisateurs d’afficher leur puissance financière, Pompéi. Le sang et la cendredépasse une simple histoire de gladiateurs. Avec une grande curiosité s’appuyant sur la vulgarisation d’une belle érudition, Michèle Makki fait revivre tout un moment de l’histoire de Rome, décrivant aussi bien l’éruption du volcan qui détruisit la ville antique, plongeant dans la misère quelques patriciens qui y survécurent, que la magnificence de Rome marquée elle-aussi par des drames : son incendie comme l’épidémie de peste.

Sous sa plume (ou plutôt sa souris), la romancière fait revivre avec brio ce quotidien antique. Ainsi quand elle décrit la découverte par l’entrepreneur Mercilius du forum romain : « Ses abords étaient encombrés de mulets, d’ânes, de chevaux attachés à un anneau planté dans le sol. Le forum réservait aux seuls humains son dallage de marbre brillant. Les animaux attendaient leurs propriétaires qui baguenaudaient, quêtant les premiers ragots. Hors du forum, point de salut ! On y apprenait les nouvelles officielles, on assistait à un sacrifice devant le temple de Jupiter, les amateurs de poésie s’extasiaient à écouter les déclamations du poète Paulus, célébrité désargentée; le portique offrait à la population un abri contre le soleil tapant ou les intempéries. »

Un roman historique aussi prenant que vivant – les pages sur l’éruption du Vésuve sont très réussies – que vivant et respectant la vérité historique.

(*) Ed. Baudelaire

 
 

Valérie Fauchet au Salon Parapsy Porte de Champerret les 13 et 16 février 2020


Valérie Fauchet fera deux conférences au Salon Parapsy 2020 :

Jeudi 13 février 2020 de 17 h 15 à 18 h 15:
La médiumnité / la voyance
Parcours de vie – une certaine philosophie de l’existence
Avec la participation de Claude – Eric Martin / psychanalyste qui a fait la préface de son livre .

Et dimanche 16 février 2020 de 13 h 30 à 14 h 30 La médiumnité / la voyance Un autre accès à l’inconscient

Elle dédicacera également  son livre jeudi 13 et vendredi 14 sur place .

« Noblesse clandestine » : Youri FEDOTOFF sur Critiques libres ! Vive François Martini

Le testament du Tsar : Chaos 1917-1945 de Youri Fedotoff

Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Littérature => Romans historiques

Étonnant roman comme surgi d’un autre temps que ce Testament du Tsar. Il s’annonce comme le premier volet d’une trilogie, laquelle débute en 1917 et traverse le XXème siècle, son début au moins pour ce premier volume.


On s’en doute, le titre est clair, il est question du Tsar, de la révolution russe, bolchévique, puis soviétique. L’intrigue est mouvementée, complexe, très russe, pourrait-on dire tant les personnages abondent (et l’auteur a eu la délicatesse d’en proposer un index en fin de volume) mais elle est de notre temps, et l’on ne se perd jamais en descriptions ou en narrations détaillées. Cela avance à grand pas, toujours. Il faut toutefois se consacrer pleinement à la lecture qui ne pardonne pas la rêverie. Heureusement l’auteur présente l’action en courts chapitres datée et situés. C’est une chronique.

À peine a-t-on le temps de suivre les personnage de Saint-Petersbourg à Sébastopol ou Irkoutsk que l’auteur nous en propose d’autres, à Paris, Genève ou à Vienne. Le temps passe vite, les années défilent. Le style est nerveux et le lecteur, pas plus que les héros ne peuvent se laisser aller à la nonchalance : il faut suivre. De grands hôtels en stations de ski, de bivouacs improvisés dans l’Himalaya aux aérodromes de Sibérie, l’auteur nous déplace sans cesse, comme au sein d’un puzzle immense dont nous visitons les pièces dans un désordre apparent savamment maîtrisé.

C’est que, plus que testament encore, il y a un trésor que, bien sûr, il faut sauver des bolcheviks. Tout une aristocratie en détresse, héroïque malgré tout ses malheurs, s’active, qui à sauver sa peau, qui à aider les autres, qui a survivre au sein de l’enfer révolutionnaire… ou des salons genevois.


Ces Russes blancs, il s’agit donc d’eux, croient en la Russie, mais celle-ci disparaît progressivement, fondue au fur et à mesure dans l’Union soviétique qui se construit. Parmi eux, deux personnages extrêmement attachant, le héros, héritier du Tsar et son amie eurasienne, la sublime princesse siamoise Soraya Tin, que l’auteur nous laisse imaginer toute de séduction et de passion, se trouvent, se perdent, se retrouvent, au hasard des tribulations de Michel Trepchine, porteur de l’inestimable secret du trésor tsariste, et de son ami Sacha Bouganov. 


C’est un roman sérieux, qui demande de l’attention. Farci d’indications historiques souvent méconnues du public, il donne envie sans cesse d’aller lire ailleurs le détail des événements indiqués, puis de revenir participer, d’ambassades en grands hôtels, puis en biplan volé ou en Spitfire soviétique, de refuges de montagne en camps de concentration, à l’aventure de la Russie clandestine.


Le volume s’achève au printemps 1945, dans une Allemagne enfin libérée, sans que tout ne soit révélé. Nous attendons le tome 2.

Citizen Jazz a craqué pour Laurent Dehors

LAURENT DEHORS

UNE PETITE HISTOIRE DE L’OPÉRA : OPUS 2 

Laurent Dehors (comp, dir, saxes, cl, bcl, cornemuse, guimb, voc), Matthew Bourne (p, voc), Michel Massot (tb, tu, voc), Tineke van Ingelgem (voc), Gabriel Gosse (g, keyb, dms, voc), Jean-Marc Quillet (perc, cla, dms, voc) 

Label / Distribution : Autoproduction

 Il y a peu d’instants dans la vie d’un chroniqueur musical où l’on peut utiliser le mot opus sans être voué aux gémonies et aux quolibets. Mais voici que Laurent Dehors nous en offre l’occasion. Par deux fois. De sa Petite Histoire de l’Opéra, il avait fait un Opus 1. Voici, presque dix ans après, l’Opus 2 avec une équipe largement remaniée : reste le fidèle Jean-Marc Quillet, qui livre dans une « Intro Toccata  » une tangente africaine au balafon. Monteverdi ne sera jamais le même, c’est ce que l’on attend principalement des visites du patrimoine avec Dehors et ses détours ingénieux. Il a ses marottes, bien sûr, comme cet « Air de Micaëla » de Bizet aux airs de bastringue où la soprano Tineke van Ingelgemfait montre d’une grande rigueur rythmique, bien soutenue par le piano de Matthew Bourne qui signe de sa présence cet album enregistré à la Buissonne.

Sans préjuger de la suite, la démarche de Laurent Dehors est la même que sur l’Opus précédent : il utilise la matière première, la mâtine avec des vieux camarades à l’image de Michel Massot et des jeunes pousses comme Gabriel Gosse et la fait sienne. Mais contrairement au précédent round, il ne s’attache pas forcément aux « Grands Airs », même si l’emblématique « Habanera » (Carmen, toujours, fondateur…) est présente avec cette boîte à rythmes facétieuse. Mais il y a quelque chose de plus personnel, de plus émotif dans la sélection. C’est souvent le cas lorsque Bourne est au piano, et l’on perçoit très vite que les choix du programme ont été fait collectivement autour de figures de femmes fortes, de Carmen à Didon jusqu’à la défiance attroupée de « Mambo » où Massot et Dehors se poussent du col avec une joie turbulente que Bourne soutient main gauche avec son style tonitruant. De la lave et des séismes. Même le très moderne Bernstein, incursion XXe dans cette sélection marquée par le baroque italien, trouve des habits neufs.

Laurent Dehors s’amuse, c’est indéniable, de la même façon qu’il sait parfaitement verser dans l’émotion voire une certaine mélancolie. Il nous fait aller du sourire à la chair de poule en quelques instants. « L’air de Didon » cher à Purcell est à ce titre une petite bulle dans ce disque et réoriente la toute fin de cet Opus 2, qui se pare de nuages sombres. On est loin, dans « Sento in seno » où Bourne plonge dans les tripes de son piano, des rodomontades électriques de Gabriel Gosse. Son échange avec la soprano, à petites touches, fait de Vivaldi une jolie construction sensible, qui ressemble à ces désuètes boites mécaniques où une danseuse en stuc tournoie sans cesse… Une fois de plus, Laurent Dehors dépasse son image iconoclaste pour soulever le voile et montrer une vraie sensibilité. C’est ainsi que ce clôt ce second voyage opératique, dans la brève « Una Furtiva Lagrima » de Donizetti, suspendue à la performance vocale de Tineke van Ingelgem, avant de se lancer dans « Les Oiseaux ». Une réussite qui nous songer au futur : et si Laurent Dehors nous proposait un opéra de son cru ? C’est le moment.

La grande critique littéraire Christine Bini, que beaucoup connaissent, a aimé le roman d’Alain Llense

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Emmanuel, Brigitte et moi… Voilà le titre formidable d’un roman très malin qui transpose le storytelling politique dans le milieu de la gastronomie. Emmanuel et Brigitte s’aiment, leur différence d’âge fait jaser, mais ils se marient et conquièrent ensemble un restaurant très prisé nommé « Le Château ». Emmanuel en devient le chef, succédant au chef François, qui lui même avait succédé au chef Nicolas… Emmanuel prend pour second un certain Edouard… La transposition romanesque est convaincante et la chute du chef Emmanuel prend des allures de politique fiction. Le journaliste qui rédige le récit avec l’aide du couple de restaurateurs n’est pas blanc-bleu. Un roman rigolo et bien mené. . . . . . . . . @guilaine_depis @alain_llense_auteur #lecturedujour

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Le romancier Philip KAYNE sur TV5 Monde dans l’émission « TERRIENNES » merci à Liliane Charrier

TERRIENNES TV5 MONDE

Femmes de l’Egypte antique : libres et maîtresses de leur destin

Dans l’Egypte des pharaons, les femmes possédaient, géraient, décidaient, gouvernaient… Contrairement aux Grecques ou aux Romaines de l’antiquité, elles étaient les égales des hommes – du moins devant la loi. Les précisions de l’égyptologue et romancier Philip Kayne.

 

Aussi patriarcale et hiérarchisée fût-elle, l’Egypte de l’antiquité laissaient les femmes vivre leurs vies dans de nombreux domaines. Appuyé sur une économie prospère, le pays avait les coudées franches pour pourvoir au bien-être et à la dignité de ses sujets, y compris les femmes – si ce n’est à égalité, du moins davantage que dans d’autres civilisations antiques.

Pour résumer la dualité du statut des Egyptiennes d’avant notre ère, entre devoir et autonomie, entre soumission et liberté, le romancier Philip Kayne cite une autre égyptologue, Christiane Desroches Noblecourt :  « …la mère que l’on respecte avant tout, la femme sujette à une stricte loi morale, mais dotée d’une grande liberté d’expression — sa capacité juridique entière, son étonnante indépendance financière, l’impact de sa personnalité dans la vie familiale et la gestion des biens communs et de ses biens propres.« 

Tandis qu’en Grèce antique, berceau de la démocratie, les femmes valent moins qu’un esclave – puisqu’elles ne peuvent jamais accéder au statut de citoyen – et restent d’éternelles mineures, les Egyptiennes, elles, possèdent des biens, gèrent leur patrimoine au même titre que les hommes, dirigent des entreprises, excercent la médecine, participent aux récoltes, sont tisserandes, brasseuses ou scribes dans l’administration. Elles occupent des fonctions spirituelles élevées, comme les adoratrices d’Amon, et accèdent à des postes de hauts fonctionnaires, jusqu’à celui de vizir.

Les différences de compétence ou de salaire entre hommes et femmes n’ont pas lieu d’être ; l’éducation des filles vaut celle des garçons et la naissance d’une fille est accueillie de la même manière que celle d’un garçon. Nombreuses sont les expertes en physique, mathématiques et architecture.

La littérature a beau aussi dépeindre des femmes frivoles, capricieuses ou peu fiables, les Egyptiennes de l’antiquité bénéficient d’une situation qu’on ne retrouve qu’en peu de sociétés. Si les femmes du peuples peuvent disposer de leur personne et se faire une place dans la société, c’est avant tout que la loi les considérent en égales de leurs contemporains et que leurs droits sont défendus devant les tribunaux au même titre que ceux des hommes.

Protégées par la loi

En se mariant, les Egyptiennes  conservent leur nom – au plus ajoute-t-on « épouse de X ». Elles gardent leurs biens propres, qu’elles administrent à leur guise, même s’il peut aussi exister un contrat de mariage. Elles peuvent divorcer, intenter un procès pour récupérer tous les biens du ménage et gagner ce procès, puis se remarier. Si le divorce intervient sur l’initiative du mari, ce dernier devra céder une partie des biens communs à son épouse ; si c’est la femme qui prend l’initiative, elle est tenue à la même obligation, mais dans une moindre mesure.

Les papyrus araméens d’Éléphantine en témoignent, qui content la vie d’une certaine Mibtahyah, née vers -475 : »Mariée à quinze ans avec un juif d’Éléphantine, son père la dote d’une maison et d’un terrain. Veuve sans enfant treize ans plus tard, propriétaire d’une seconde maison que lui donne son père, mariée à un Égyptien, cette fois, divorcée en -440. Elle garde les maisons, selon le contrat de mariage, et intente un procès qu’elle gagne pour récupérer les autres biens du ménage. Elle épouse un autre Égyptien, qui la laisse veuve avec deux fils vers -420 et meurt dix ans plus tard. »

Les divines adoratrices du dieu Amon avaient un pouvoir spirituel, mais aussi temporel à Thèbes (Médinet Habou).<br />  

Le mari, toutefois, reste responsable du bien-être du ménage, comme le rappelle un scribe du Nouvel Empire à un jeune marié, avec une insistance qui laisse penser que les abus n’étaient pas rares : « Si tu es sage, garde ta maison, aime ta femme sans mélange, nourris-la convenablement, habille-la bien. Caresse-la et remplis ses désirs. Ne sois pas brutal, tu obtiendras bien plus d’elle par les égards que par la violence. Si tu la repousses, ton ménage va à vau-l’eau. Ouvre-lui tes bras, appelle-la ; témoigne-lui ton amour. »

Femmes de pouvoir

Dans quelle mesure l’Empire égyptien doit-il sa longévité et son rayonnement à la place des femmes dans la société ? Toujours est-il que pour l’égyptologue et romancier Philip Kayne, la répartition pragmatique du pouvoir au sein du couple royal fut un gage de stabilité et de bonne gouvernance : « Le trône d’Egypte était une affaire de famille homme-femme, dirigée par un tandem bicéphale, souvent fusionnel ou chacun jouait une partition conjointe, une main droite et une main gauche qui appartenait à un même corps ».

Même si, contrairement aux Egyptiens du peuple, le pharaon pouvait avoir plusieurs femmes, la « grande épouse » du roi – qui peut être sa soeur ou sa fille – reste sa conseillère et participe à la gestion des harems. Ainsi de nombreuses femmes ont-elles dirigé l’Egypte aux côtés de leur royal époux, possédant un pouvoir considérable.

Récolte agricole - Tombe d'Ineni, Thèbes-Ouest.

 La spiritualité aussi était-elle placée sous le signe de l’égalité des sexes, jusqu’à la complémentarité sous le règne des légendaires Akhnaton et Néfertiti. « C’est elle qui faisait la prière du soir au soleil couchant, explique Philip Kayne. Comme les textes en témoignent : Jamais Râ ne se couchait avant que Nefertiti ne l’ai salué ».

« Nefertiti composait avec Akhenaton davantage qu’un couple, continue le romancier égyptologue, mais un vrai tandem qui a fonctionné de façon convaincante pendant 17 ansAkhenaton  n’aurait jamais pu mener à bien sa révolution monothéiste, politique et artistique sans le soutien de son épouse. A eux deux, ils accomplissent une formidable révolution des idées, des arts et de la religion, bouleversent les codes de la spiritualité, des arts, mais aussi du comportement social et de la bienséance puisque la nudité royale n’est plus un tabou. Le couple montre aussi sa proximité sentimentale et l’amour prodigué à leurs enfants, » poursuit-il. De fait, les reliefs et les fresques de l’époque représentent souvent les souverains en amoureux ou en famille, avec les enfants qui embrassent leurs parents.

Pésèshèt est la première femme médecin et physicienne connue de l’humanité. Elle dirigeait un corps officiel de femmes médecins en Afrique noire durant l’Ancien Empire égyptien (- 3 000 à - 2 263). En 1930, Selim Hassan publiait le texte de sa stèle, traduisant son titre par "Superviseuse des docteurs" ou "chef des docteurs".

Reines de diplomatie

Derrière le duo composé par Nerfertiti et Akhenaton, il y a une autre femme : la reine Tyi, mère d’Akhenation, qui initie sa belle-fille au monothéisme et aux arcanes du pouvoir. « Mère vénérée du pharaon, Tyi était, aux côtés de son époux, un fameux ministre, doué d’une grande finesse diplomatique pour gérer les affaires étrangères, notamment. Et quand son époux a commencer à décliner, c’est elle qui a pris le relais à la tête du royaume, » affirme Philip Kayne.

"Le visage aux traits réguliers de Nefertiti, tel que l'on peut l'admirer au musée égyptien de Berlin, cachait un esprit bien fait et un cœur courageux," explique Philip Kayne.Pharaon.ne ?

« Pharaon ne se décline pas au féminin, explique Philip Kayne, car le principe est masculin. Mais il y a eu des pharaons femmes [les Egyptiens de l’antiquité distinguaient genre et sexe, ndlr], à commencer par la grande Hatchepsout, qui a dirigé l’Empire au même titre qu’un homme durant l’une des périodes les plus calmes et prospères de l’Empire« .

Fille de pharaon, Hatchepsout, tout d’abord régente de son neveu, occupe le pouvoir après plusieurs décès dans son entourage – une sorte de « coup d’Etat » en douceur. Sur les fresques et reliefs anciens, elle est représentée avec tous les attributs du pharaon, à commencer par le pagne et la barbe postiche. Son apparence est si semblable à celle des pharaons hommes qu’elle fait naître le doute : et si d’autres souverains habillés en hommes avaient, en réalité, été des femmes ?

La célèbre Cléopatre VII (-69 à -30), elle, a connu un parcours similaire. Sœur de pharaon, elle est montée sur le trône à la mort de son frère, lorsqu’elle s’est retrouvée seule devant la vacance du pouvoir. Cléopâtre, Nefertiti, Hatchepsout… Lorsqu’on évoque l’Egypte de l’antiquité, les premières images qui viennent à l’esprit sont celles de ces femmes puissantes qui ont autant marqué leur temps et la postérité que les hommes qui furent leurs contemporains, si ce n’est plus. Ce qui inspire à Philip Kayne cette réflexion : « Indubitablement, la femme étyptienne de l’antiquité était l’avenir de l’homme… et inversement… quelle leçon de modernité, pour notre époque !« 

Nerfertiti et Akhenaton et 3 de leurs 6 filles.

Hatchepsout portant la barbe du roi (musée du Caire).

 

 

Luc-Olivier d’Algange a lu « L’Ombre de la Terre » de Christine Fizscher

L’Ombre de la terre de Christine Fizscher – une critique de l’écrivain Luc-Olivier d’Algange

            S’il appartient au récit de se remémorer le flux du temps, de remonter par la mémoire, « le fleuve où jamais l’on ne baigne deux fois », selon la formule d’Héraclite, il revient au poème de dire la royauté de l’instant.

            Le recueil de Christine Fizscher qui vient de paraître aux éditions Dumerchez, illustré par les photographies sensibles et énigmatiques de Jonathan Abbou, veille sur le seuil, sur l’orée tremblante qui sépare ce qui apparaît de ce qui disparaît. L’instant n’est pas cette chose fugitive, comme le sont les vies humaines, et les civilisations mêmes, mais à l’intérieur, dans le secret du cœur, ce qui demeure, ce qui se tient. 

            L’étymologie latine nous est ici d’un beau recours. L’instant est bien ce qui se tient, stat, – cette île immobile dans le tumulte des eaux, dans les bouleversements du temps. L’Ombre de la terrenous dit, ainsi, ce qui transparaît, comme l’étymologie dans le sens des mots, autrement dit la présence réelle.  Dans le poème, ce qui passe est exactement ce qui demeure ; ce qui est devenu hors d’atteinte révèle sa plénitude immédiate ; ce qui est perdu est trouvé :

« Buissons d’odeurs

 cimetière haut perché vers la mer

 solitude bleue

Aluminium du jour, encre nocturne »

        
Le poème est ainsi en aplomb, au bord du précipice, qui n’est ni effrayant, ni sans douceur, ou suavité, au bord de la nuit, dans l’attente. La nostalgie et le pressentiment s’y accordent hic et nunc, dans leur saison propre, leur lieu circonscrit par l’ampleur du monde. Ce peut être en Août, golfe saronique, en octobre, ville d’Avray :

« La pelouse pâlit, le rosier devient transparent ;

Aux heures dorées, les dernières,

Perdre ces lieux

Et de nouveau se perdre.

Les feux de l’automne adoucissent la peau,

Un avion trace un fuseau blanc

Là-haut. »

            Dans sa royauté, l’instant laisse au lointain et au proche la chance d’être en un même regard. L’Ombre ici n’est pas l’ombre d’une chose, d’une  « cause » précise, ou d’un obstacle qui s’interposerait entre ce que nous voyons et ce que nous pensons, mais l’ombre qui tamise, et précise paradoxalement la cruauté de la lumière, pour l’adoucir dans la réminiscence heureuse et dans l’éloge. Ces lieux, ces saisons, ces jardins et ces demeures, ces jours tournants et ces nuits ductiles dont on pourrait toucher la peau, sont saisies sur le vif, pour devancer leur perte et, selon la formule de Rimbaud, « tenir le pas gagné ».

            Là où nous sommes, dans cet espace entre la vie et la mort de « chaque fragment du temps qui passe » demeure la chance du poème, qui éprouve l’absence pour dire la présence, et qui songe l’exil comme la retrouvaille avec une patrie perdue. La beauté des poèmes de Christine Fizscher tient à cette attention, à l’amitié du rosier comme à la folle magnificence de Salamanque, au profond qui vient du songe comme à la hauteur d’un cèdre ou le vol de l’oiseau « entre la mer blanche et la lune noire ». Dans l’attention, le temps brûle. L’attente est ardente à l’ombre de la terre.

Luc-Olivier d’Algange