Le site d’outre atlantique La Métropole recommande « L’assassinat de Mark Zuckerberg » d’Alexandre Arditti

L’assassinat de Mark Zuckerberg

​Si pas mal de choses vous fatiguent – idéologies creuses, wokisme, cancel culture, gestion hystérique des virus émergents, inquisitions morales en tout genre – ce roman est pour vous. 
Alexandre Arditti

​Si pas mal de choses vous fatiguent dans cette société – idéologies creuses, wokisme, cancel culture, gestion hystérique des virus émergents, inquisitions morales en tout genre – ce roman est pour vous. 

Son titre pour le moins audacieux ne peut que retenir l’attention. Et si un tel meurtre était perpétré? Y aurait-il des raisons à cela? L’auteur, Alexandre Arditti, a en effet imaginé Table Rase, une secte. Articulée autour de diverses cellules, née pendant la pandémie alors qu’on a vu « la plupart des dirigeants de la planète brader en seulement quelques semaines le monde démocratique que l’on avait mis quatre-vingts ans à construire », cette secte au nom limpide élimine les potentats de ce monde qui ne font que lui nuire. L’organisation secrète a déjà réussi à abattre Bill Gates, Tim Cook le P.D.G. d’Apple, et Donald Trump… On croit à un effet du hasard, mais lorsque le célébrissime Zuckerberg, créateur de Facebook, « multimillionnaire aux allures d’adolescent attardé », meurt d’une balle dans la tête, on arrête un suspect, Travis, et on le confie au commissaire Gerbier.

​Publié aux éditions La route de la soie, le roman, écrit au je, tient de divers genres, dont du récit et de la pièce de théâtre. Le narrateur, le commissaire lui-même, se livre jusqu’à la fin (ou presque) à l’interrogatoire du suspect numéro un, un être construit, calme et, évidemment, aux idées bien arrêtées. Une véritable joute oratoire a lieu entre l’accusé et le policier tandis que tous deux livrent leurs arguments pour défendre leurs points de vue. Une éloquence sans prétention ni lourdeur –limpide comme le nom de la secte. 

​C’est alors que l’auteur prend son envol et que sa mise en scène se transforme en essai, sinon en conte philosophique. Là résident la principale valeur et l’originalité de cet ouvrage. Alexandre Arditti a le don de la synthèse, et la fiction qu’il propose se lit comme un recueil de réflexions – La Rochefoucauld n’est pas loin.  Un défi pas facile en ce monde où les causes les plus opposées et multipliées à l’infini sont défendues jusqu’au délire, et que les pensées les plus pointues sont englouties dans le gouffre des points de vue grossiers et pétris d’ignorance – le ragoût humain sent de plus en plus mauvais.

​Dans ce roman habilement mené, alerte, et à la fin si inattendue qu’on souhaite presque le relire pour mieux savourer sa construction, Arditti expose son propre accablement – on dirait mieux écœurement – devant une société qui s’écroule. Son cri d’alarme, comme il y en a tant, s’efforce de fuser dans le gigantesque chaos voué à l’anéantissement. Pourquoi, à l’heure où, malgré tant d’avancées, de savoir, le monde va-t-il si mal, les gens sont-ils si mécontents, malheureux, excédés? Au fond, à lire Arditti, dont les fines analyses sont autant de vérités, les raisons sont simples. On en connaît certainement pas mal, mais cela ne fait aucun mal de se les rappeler, surtout quand l’auteur a le talent de si clairement les énoncer.

​Pourquoi s’être attaqué à Zuckerberg? demande le commissaire. 

​Il s’agit de démanteler Internet, répond le coupable, cette arme de destruction massive. En effet, « grâce aux données personnelles de milliards d’individus gracieusement cédées à la société Facebook – dont le principal objectif est de les revendre à vil prix à d’autres collecteurs de « datas » comme on les appelle aujourd’hui, tous vos faits et gestes sont désormais surveillés, vos déplacements tracés, vos goûts décortiqués, vos opinions évaluées, voire censurées s’il le faut. Vous êtes épiés du soir au matin, quoi que vous fassiez. »

​Arditti n’est pas le premier à faire remarquer que la nouvelle réalité mondiale ressemble presque en tous points à celle qu’Orwell décrivait dans 1984, mais il est l’un des seuls à avoir imaginé une solution extrême pour éradiquer les responsables de l’immense perdition que, dans la Bible, on nomme Apocalypse. Seul Big Brother, précise l’assassin, « est habilité à décider du vrai et du faux, du bien et du mal. Les citoyens sont surveillés dans la rue, chez eux dans leurs propres maisons par l’intermédiaire des « télécrans », mais aussi à travers leurs fenêtres, grâce à des hélicoptères ou des drones. Lorsqu’il ne convient pas ou plus à l’idéologie officielle du gouvernement, le passé est tout simplement réécrit, révisé, effacé. […] Le conformisme, l’obéissance à l’autorité et même la délation en place publique des citoyens récalcitrants deviennent des valeurs cardinales. »

​L’engourdissement massif est depuis longtemps efficace, et d’autant plus avec le vigilant concours des surpuissants médias sociaux et médias tout court matraquant les publicités propagandistes qui les financent. « La meilleure façon de contrôler la pensée d’une population est simplement qu’elle n’en ait pas, argue le meurtrier. Noyer sa réflexion et son attention dans un flot continu d’informations stupides – ou commerciales, ce qui revient à peu près au même – est un excellent moyen d’y parvenir. Limiter l’esprit humain est aujourd’hui devenu un véritable programme politique. »

​Moutons, plus que jamais. Guidés sous prétexte de protection, sous couvert de sécurité accrue, vaccinés à répétition, insidieusement pucés. Certes, la gestion des masses n’est pas une mince affaire, mais peut-être plus tant que ça, alors que la prise de conscience individuelle conduisant à l’insurrection se raréfie jusqu’à disparaître. « L’économie, souligne l’assassin, ne survit qu’en générant des besoins artificiels, avec pour seul objectif d’écouler des produits dont la plupart sont inutiles voire nocifs pour la population, comme pour la planète. »

​L’ouvrage, qui pourrait s’intituler La société pour les nuls, divertit, fait réfléchir, surprend et sème le trouble. Les arguments du commissaire ne font pas vraiment le poids en comparaison de ceux du coupable, articulés, songés, empreints de gros bon sens. Ainsi le lecteur est-il conduit à comprendre sinon à admettre toutes les motivations de l’assassin. Pour qu’un monde aussi corrompu, malsain, dangereux, néfaste – notre monde – puisse retrouver son équilibre, c’est la tête qu’il faut couper. Le tueur précise : « La société n’est pas la vie. Elle en est juste une forme d’expression. » Quant aux hommes politiques qui devraient se charger de la diriger, ils se sont eux-mêmes, « à force d’imaginer de nouveaux droits sur mesure pour s’assurer le vote de chaque segment de la population […] condamnés à un clientélisme sans fin. » Qui croire? Qui suivre? Il n’y a plus de sens, conclut-il. 

​Travis a-t-il tort de rappeler que « les réseaux sociaux sont devenus un gigantesque forum où s’accumulent la frustration et la haine, les agressions et les insultes […] une désolante machine à nourrir les clivages et à opposer les gens» ? D’énumérer les responsables? Le GAFAM, dit-il.« Amazon, Google, Facebook, Appel, Microsoft… Le fameux « big five » du numérique, rejoint aujourd’hui par de nombreux mastodontes de l’intelligence artificielle. » Les humains, vivant derrière un écran, n’ont jamais été si seuls.

​Mais cela n’est-il pas le progrès? Une notion vénérée depuis l’aube de l’ère industrielle? Le criminel ne permet aucune illusion : « La destination finale, qui n’est aujourd’hui même plus dissimulée, reste que les êtres humains finissent par perdre le contrôle de leur propre destinée. Qu’ils soient contrôlés par des machines, ou plutôt par ceux qui les programment, car il y aura toujours quelqu’un derrière l’intelligence artificielle… »

Ces points de suspension ne peuvent être plus lourds de sens. Les quelque cent trente pages de ce roman le sont tout autant. Arditti traite habilement de tous les aspects de la société d’aujourd’hui jusqu’au coup de théâtre de la fin. Son livre, qu’on peut feuilleter n’importe où pour y découvrir une assertion riche de sens, d’humour, d’intelligence et de lucidité, et qui se lit d’une traite, est plus qu’utile, mais nécessaire

« ambitieux » : le roman d’Alexandre Arditti sur Mark Zuckerberg

L’assassinat de Mark Zuckerberg, par Alexandre Arditti

Créé en 2004, Facebook connecte aujourd’hui presque trois milliards d’humains à travers le monde, ce qui suscite à la fois passions et critiques. Accusé de manipuler les données, de voler du temps de vie, Mark Zuckerberg laisse rarement indifférent. Journaliste et éditeur de presse, Alexandre Arditti a, lui, imaginé le meurtre de l’entrepreneur, à travers un polar bref, sec, au titre programmatique. Par Étienne Ruhaud.

Tueur d’un certain âge, face à un flic lui-même d’un certain âge, Travis tente de justifier son crime par des motivations idéologiques profondes, sous l’œil désabusé du commissaire Gerbier et de ses collègues. À mi-chemin entre le thriller et la pièce de théâtre, faisant la part belle aux dialogues, L’assassinat de Mark Zuckerberg demeure assez concis, tout en embrassant un certain nombre de grandes thématiques contemporaines.

Un meurtre

Paris, de nos jours. L’actualité est marquée par une série de scandales, d’affaires de corruption, et par l’assassinat de diverses personnalités : les ex-présidents François Hollande et Donald Trump, Angela Merkel, Jeff Bezos, le PDG d’Amazon, etc. Alors en France, Mark Zuckerberg, donc, est exécuté par balles au début de sa conférence, dans un amphithéâtre de la Sorbonne.

Immédiatement arrêté, Patrick Travis, la cinquantaine, passe rapidement aux aveux, face à Gerbier, divorcé, sans grandes illusions quant à la condition humaine. S’ensuit un long dialogue entre deux hommes d’une même génération.

Supérieurement intelligent, opposé aux réseaux sociaux, sources de divertissement et de manipulation, Travis apparaît rapidement comme une sorte de vieux con légèrement dépassé ; incapable d’accepter la modernité, la venue (inéluctable, selon Gerbier), du transhumanisme. Membre du groupe militant Table rase, Travis souhaite ainsi une sorte d’impossible retour en arrière, et se heurte aux oppositions, aux doutes de son interlocuteur. La fin du roman réserve une surprise singulière aux lecteurs.

Un roman théâtral et métaphysique

Faisant la part belle aux dialogues, Alexandre Arditti nous offre donc ici une fiction quasiment théâtrale, et qu’on imaginerait volontiers portée sur scène.

L’essentiel du livre est ainsi constitué par une conversation, à bâtons rompus, entre Gerbier et Travis, chacun portant la contradiction à l’autre, tout en vidant une bouteille de whisky. Pour un peu, nous pourrions évoquer Garde à vue, le fameux film de Claude Miller mettant en scène Michel Serrault, Lino Ventura et Guy Marchand.

Loin d’être terre-à-terre, les propos ici tenus approchent pourtant de la réflexion sociétale et philosophique. S’écharpant sur de grandes questions, Gerbier et Travis semblent partager le même désabusement. À cette différence près que Gerbier se révèle totalement fataliste, acceptant passivement l’évolution d’un monde qui lui déplaît, quand Travis, mégalomane, pense pouvoir inverser le cours des choses, lutter (entre autres) pour la démocratie.

Bref mais ambitieux

Court, concis, composé de petits chapitres, chacun portant un titre, L’assassinat de Mark Zuckerberg vaut aussi par un suspense maintenu de bout en bout, jusqu’à la surprise finale, à l’ultime retournement.

Écrit dans un style à la fois sobre et efficace, typique du genre polar, L’assassinat de Mark Zuckerberg paraît très (trop ?) ambitieux. En évoquant un groupe terroriste lambda, sorte d’« Extinction/rébellion » en plus violent, Alexandre Arditti illustre aussi les débordements auxquels peut aboutir l’idéologie anti-progrès, luddite.

Le propos s’avère donc, en soi, intéressant, car original. On pourrait toutefois faire reproche à l’auteur de ne pas approfondir suffisamment, d’avoir voulu viser trop haut, sans pour autant développer. Dès lors, il s’agit d’accepter un parti, un choix sans doute discutable d’économie narrative.

Cette histoire est une fiction, une parabole, presque une dystopie, selon les propres termes d’Alexandre Arditti, interviewé par Marc Alpozzo pour le magazine Entreprendre.

« une réflexion profonde sur les défis et les dilemmes de notre ère numérique » Sur Alexandre Arditti

Littérature – Le dernier roman d’Alexandre Arditti

■ Marc Zuckerberg
 

Par Yves-Alexandre Julien – Journaliste Culturel 

Dans son dernier roman, L’assassinat de Mark Zuckerberg Alexandre Arditti entraîne le lecteur dans un univers dystopique où la mort du fondateur de Facebook marque le début d’une enquête policière métaphorique. Alexandre Arditti nous trempe dans les tréfonds d’une société numérique en ébullition. À travers une plume acérée et une intrigue haletante, l’auteur découpe au scalpel les méfaits du progrès technologique, mettant en lumière les sombres travers d’une ère dominée par les GAFA. Une exploration sans compromis des enjeux contemporains qui secouent notre monde ultra-connecté. Dans une critique sociale sans concession, l’auteur explore également, les dérives du capitalisme sauvage et les dangers d’une société ultra-connectée et matérialiste.

I. Contrôle de la pensée et flot continu d’Informations

Arditti dépeint un monde où le contrôle de la pensée et la manipulation des masses prennent de nouvelles dimensions avec l’avènement des réseaux sociaux et du capitalisme numérique. Avec le personnage de Travis, l’auteur met en lumière la stratégie du noyage intellectuel dans un flot incessant d’informations, tant publicitaires qu’indigentes, afin de maintenir la population dans l’ignorance et la soumission. Une mise en garde percutante contre l’emprise croissante des nouvelles technologies sur nos vies, où chaque clic nous éloigne un peu plus de notre libre arbitre autant qu’une analyse pertinente qui questionne notre rapport à la vérité et à la liberté d’expression à l’ère du tout digital.

« Le meilleur moyen de vous contrôler, c’est de vous rendre complètement accros. » (George Orwell, 1984)

« Méfiez-vous de l’évidence, elle passe son temps à changer. » (Jean d’Ormesson cité au début de L’assassinat de Mark Zuckerberg)

II. Capitalisme sauvage et endoctrinement par le réseau.

En examinant les motivations du terroriste et les conséquences de ses actes, Arditti soulève des questions cruciales sur les véritables enjeux de notre société moderne. Le roman interroge le rôle des grandes multinationales du numérique, les GAFA, dans la quête effrénée du profit au détriment des libertés individuelles et de la démocratie. Il met également en garde contre les risques d’endoctrinement et de polarisation des opinions au sein d’une société de plus en plus matérialiste et fragmentée dans un monde où le profit prime sur l’humanité.

Dans une société rongée par le capitalisme sauvage et l’emprise des géants du numérique, Alexandre Arditti nous confronte à une réalité troublante. À travers les pages de son roman, l’auteur dénonce sans détour les dérives d’un système économique où le profit prime sur les valeurs humaines et la démocratie.

« Une société dont l’économie ne survit qu’en générant des besoins artificiels, avec pour objectif d’écouler des produits dont la plupart sont inutiles voire nocifs pour la population comme pour la planète, ne me paraît pas digne de survie à long terme. » (Aldous Huxley, Le Meilleur des mondes cité dans L’Assassinat de Mark Zuckerberg, p. 57.)

III. Transhumanisme et Wokisme encore et toujours…

Au fil du dialogue entre le terroriste et le commissaire, l’enquête policière devient le théâtre d’un débat philosophique sur l’idéologie moderne. Arditti explore les notions de transhumanisme et de wokisme en mettant en opposition les aspirations à un nouveau monde et les valeurs fondamentales de l’humanité, révélant les contradictions d’un monde en quête perpétuelle de progrès.

L’auteur critique la tendance à uniformiser la pensée et à censurer toute divergence d’opinions au nom d’une morale progressiste, soulignant les dangers d’une société où la liberté d’expression est menacée. Une réflexion profonde sur les enjeux éthiques et moraux qui dessinent le visage de notre avenir autant qu’une interrogation essentielle sur le devenir de l’humanité dans un monde en quête de sens et de progrès.

« La vérité n’est pas ce que vous voulez, mais ce que vous avez besoin de savoir. » (Orson Scott Card, La Stratégie Ender)

« Que se passerait-il si une partie, même minoritaire, de la population se mettait soudainement à refuser cette société du tout-numérique ? À contester ce nouveau monde où la surveillance généralisée deviendrait la norme, et par extension où la liberté d’expression, les opinions divergentes, et toute complexité dans le débat public auraient disparu. » (Extrait de L’assassinat de Mark Zuckerberg)

IV. Sociologie et politique en filigrane de ce roman de fiction
Les spécialistes de la sociologie et de la politique trouveraient bien dans L’assassinat de Mark Zuckerberg une source riche d’inspiration pour comprendre les dynamiques contemporaines de la société. En examinant les thèmes de la surveillance, de la manipulation médiatique et de la montée des mouvements contestataires, ces experts soulignent la pertinence d’un tel roman dans le contexte actuel. Ils mettent en avant la manière dont Arditti aborde les enjeux de pouvoir et les tensions sociales exacerbées par la révolution numérique, offrant ainsi une analyse subtile des forces qui façonnent notre monde en mutation.

Selon Pierre Bourdieu, dans son ouvrage La distinction, il est essentiel de déconstruire les mécanismes de pouvoir et de domination qui régissent les sociétés modernes. L’assassinat Mark Zuckerberg offre une opportunité de réflexion sur la manière dont les élites économiques façonnent l’opinion publique et influencent les décisions politiques.De même, Manuel Castells, dans sa trilogie L’Ère de l’Information explore les transformations sociales induites par la révolution numérique. Le roman d’Arditi permet d’illustrer concrètement les concepts abordés par Castells, notamment en ce qui concerne les nouveaux rapports de pouvoir et les formes de résistance émergentes face à la domination technologique.

En politique, Francis Fukuyama, dans La fin de l’Histoire et Le dernier homme, évoque les défis auxquels les démocraties libérales sont confrontées à l’ère de la mondialisation et de la technologie. L’Assassinat de Mark Zuckerberg offre une analyse subtile des tensions entre liberté individuelle et contrôle social, enrichissant ainsi le débat sur l’avenir de nos sociétés démocratiques.

En étudiant les réactions des personnages face aux événements qui secouent leur univers, ces analystes décryptent les mécanismes de résistance et d’adaptation à un environnement en constante évolution, posant ainsi les bases d’une réflexion approfondie sur les défis de la gouvernance et de la citoyenneté à l’ère du digital.

« Les médias ont le pouvoir de vous faire adorer, détester ou simplement ignorer tout le monde. » (David Foster Wallace, Infinite Jest)

« La meilleure façon de contrôler la pensée d’une population est simplement qu’elle n’en ait pas. » (L’assassinat de Mark Zuckerberg, p. 53)

V. Éviter les écueils de la stigmatisation: Pourquoi Arditi omet délibérément la religion et la nationalité de Zuckerberg dans son roman

Dans sa démarche artistique, Alexandre Arditti fait le choix délibéré de ne pas inclure la religion et la nationalité de Mark Zuckerberg dans son récit. Cette décision vise vraisemblablement à prévenir tout risque de stigmatisation et à recentrer l’attention du lecteur sur les véritables enjeux de l’histoire. En écartant ces éléments potentiellement polémiques, l’auteur évite de nourrir des narratives complotistes et xénophobes qui pourraient détourner le message central du roman.

Introduire la dimension de la religion, de la nationalité et de l’appartenance au monde du capitalisme de Mark Zuckerberg aurait pu ajouter une dimension supplémentaire au récit, mais Alexandre Arditti a probablement pris la décision consciente de ne pas le mentionner pour plusieurs raisons. En effet, cela aurait pu détourner l’attention du lecteur de l’essence même de l’histoire, qui se concentre sur les critiques sociales et les enjeux liés à la technologie et au pouvoir des grandes entreprises. Mentionner la religion ou la nationalité de Zuckerberg aurait également pu être perçu comme une tentative de stigmatisation, ce qui pourrait nuire à la réception du roman.

Cependant, certains auteurs xénophobes et complotistes pourraient avoir interprété ces éléments comme des preuves supplémentaires d’un prétendu « complot mondial ». Ils auraient peut-être invoqué des théories du complot antisémites ou anti-capitalistes pour renforcer leur argumentation. Par exemple, des auteurs comme Henry Ford, dans son ouvrage Le Juif international, ont propagé des théories du complot antisémites qui accusaient les Juifs d’être à la tête d’un complot mondial pour dominer le monde. De même, des figures complotistes modernes pourraient avoir exploité l’appartenance de Zuckerberg au monde du capitalisme et son origine juive pour étayer leurs théories sur un contrôle mondial exercé par une élite occulte.

Toutefois, en choisissant de ne pas inclure ces détails dans son roman, Arditti peut avoir évité de nourrir ces narratives complotistes et xénophobes, se concentrant ainsi sur les véritables enjeux sociétaux soulevés par son histoire. Cela permet également au lecteur de se concentrer sur les thèmes principaux du roman, sans être distrait par des considérations qui pourraient être mal interprétées ou détournées de leur contexte. En fin de compte, la décision de ne pas mentionner ces éléments spécifiques contribue à maintenir l’intégrité de l’œuvre littéraire et à éviter toute récupération par des mouvements idéologiques nocifs.

Grâce à L’assassinat de Mark Zuckerberg Alexandre Arditti offre une réflexion profonde sur les défis et les dilemmes de notre ère numérique. En mêlant intrigue policière et critique sociale, l’auteur nous invite à questionner notre rapport aux nouvelles technologies, à repenser nos valeurs et à envisager l’avenir avec lucidité. Ce roman captivant nous pousse à nous interroger sur ce que nous voulons vraiment pour notre société et sur les choix que nous devons faire pour façonner notre destinée collective.

L’écrivain Alexandre Arditti évoque par la fiction « L’assassinat de Mark Zuckerberg » prétexte pour parler du monde d’après

L’assassinat de Mark Zuckerberg, l’émergence d’un nouveau monde

Alexandre Arditti est un curieux personnage. Journaliste et éditeur de presse dans les loisirs et le voyage, il publie ces jours-ci son second roman, un polar moderne, qui récupère les méthodes du genre pour les subvertir et donné une critique sociale sans concession sur notre monde moderne ainsi que sur l’héritage des figures dont notre époque s’inspire largement. Rencontre.

NEW YORK, USA, 25. MAY 2020: Mark Zuckerberg silhouette, Facebook tittle on blue display in background.

Votre précédent roman, La conversation, parlait de la perte des illusions, du temps qui passe, de la transmission mais aussi du confinement durant la pandémie de 2020, et des dangers des nouvelles technologies. Celui-ci, L’assassinat de Mark Zuckerberg, commence par le meurtre de Mark Zuckerberg « d’une balle dans la tête ». C’est osé, non ?

Alexandre Arditti : En effet, je reconnais que le titre est pour le moins surprenant. Disons que cet assassinat fictif et très médiatique est le point de départ retentissant d’une histoire un peu folle autour de la société du tout-numérique et de ses dérives. L’émergence d’un nouveau monde qui vient nous interroger, parfois au risque d’ébranler nos certitudes. Sommes-nous aussi libres que nous le pensons ? Avons-nous encore la possibilité de nous opposer à cette évolution ? La course au progrès technologique doit-elle prendre le pas sur nos principes démocratiques ? Comment vivre dans ce monde ultra connecté et de plus en plus déshumanisé ? Mark Zuckerberg n’est ici qu’un symbole : ce n’est pas à proprement parler un personnage actif du roman.

Marc Alpozzo et Alexandre Arditti

Votre roman commence comme un roman policier : « La mort, c’est un peu mon métier. Je suis dans la police depuis l’âge de vingt-cinq ans […] ». Selon, la quatrième de couverture, c’est un thriller. Si, pourtant, les meurtres de personnalités se succèdent, ce sont donc les patrons d’Amazon, d’Apple, de Microsoft, et l’ex-président des États-Unis Donald Trump, Angela Merkel sans compter des attentats contre d’anciens dirigeants comme Nicolas Sarkozy, François Hollande, on en a presque une centaine. Votre roman, à double fond, est en réalité une critique sociologique de notre époque. Et vous ne semblez pas très optimiste. Est-ce que je me trompe ?

Pour traiter ce sujet, j’ai utilisé la forme d’un faux polar, en mettant aux prises un terroriste quelque peu idéaliste et parfois immature, avec un commissaire de la brigade criminelle en fin de carrière, désabusé et revenu de tout. Franck Travis, le terroriste (un clin d’œil au personnage de Travis Bickle dans le film Taxi Driver de Martin Scorsese), est membre d’une organisation baptisée « Table Rase » dont l’objectif est de s’opposer par tous les moyens au transhumanisme, et à la mise en coupe réglée de nos libertés individuelles au profit d’une société post-numérique où le progrès technologique imposerait un contrôle de plus en plus resserré de nos existences.

Cette organisation terroriste implantée dans plusieurs pays occidentaux a décidé de faire parler d’elle en s’en prenant à des personnalités iconiques du monde des affaires et de la politique. Il s’agit d’un huis clos un peu étouffant – où l’atmosphère peut rappeler le film Garde à vue de Claude Miller -, durant lequel les deux personnages échangent leurs différents points de vue et leurs arguments dans le cadre d’un interrogatoire de police qui durera toute une nuit. La forme et le fond de l’intrigue amènent forcément à noircir un peu le trait, mais les personnages évoquent aussi à tour de rôle leurs raisons d’espérer dans l’homme et notre modèle de société, si imparfait soit-il. Dans cette histoire, tout n’est pas tout noir ou tout blanc, on évolue plutôt entre différentes nuances de gris : comme dans la vie !

Vous abordez également le contrôle de la pensée d’une population, le flot continu d’informations soit publicitaires et indigentes, le capitalisme sauvage. Vous abordez des thèmes très actuels, et qui présentent les dangers de demain, notamment avec l’endoctrinement par le réseau, la polarisation des opinions, et notamment cette société de plus en plus matérialiste. Quelles sont les vrais enjeux de notre société que vous mettez en lumière ? Quels problèmes y voyez-vous ?

Je ne suis certainement pas anticapitaliste mais je crois que nous sommes tous amenés à nous poser ces questions. Nous sommes aujourd’hui continuellement soumis à une pression médiatique et publicitaire dont les réseaux sociaux sont la forme la plus déstabilisante. Car il faut bien nous l’avouer, même si l’on peut être critique avec cette nouvelle forme d’expression et de communication, nous en sommes aussi les parties prenantes. Ces questions ne concernent pas uniquement les jeunes générations. Nous sommes tous de près ou de loin – et de gré ou de force -, des utilisateurs de technologies numériques. Nous pouvons à la fois être dans le système et en dehors.

Quant aux réseaux sociaux, c’est l’idée que développe Travis dans le livre en les assimilant à un nouveau Big Brother, qui nous surveillerait certes, mais qui serait avant tout un businessman ! Car ne nous trompons pas : les grandes multinationales du numérique et autres Gafam sont avant tout là pour faire de l’argent. Finalement, c’est un simple business, même s’il touche de fait à l’organisation de nos sociétés et à nos vies intimes. Ce n’est pas un jugement de valeur, c’est une réalité.

Vous abordez aussi les questions du transhumanisme et du wokisme. Votre enquête policière n’est pas qu’une simple enquête comme on les connait généralement, c’est aussi un questionnement de l’idéologie moderne, qui veut en finir avec l’ancien monde, et balayer tout ce que l’on a connu, et qui se dérobe aux nouvelles morales de la censure. On nous oblige à tous penser la même chose, et si l’on refuse, on est accusé de délit d’opinion. Quelle est donc la vraie question à terme ?

À l’origine de ce roman, je me suis un jour posé une question simple : « Que se passerait-il si une partie, même minoritaire, de la population se mettait soudainement à refuser cette société du tout-numérique ? À contester ce nouveau monde où la surveillance généralisée deviendrait la norme, et par extension où la liberté d’expression, les opinions divergentes, et toute complexité dans le débat public auraient disparu.

Une société dans laquelle on réécrirait les livres lorsqu’ils ne conviendraient plus à l’idéologie de l’époque, mais aussi où les individus seraient traités différemment selon leur couleur, leur religion ou leur sexualité. Même si cela part d’une bonne intention, c’est l’exact opposé des valeurs humanistes et universalistes qui ont fondé nos démocraties depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Le fait qu’il existe actuellement un tel antagonisme dans les positions des uns et des autres dans le débat public, que ce soit en France ou dans le monde entier, était un point de départ idéal pour imaginer un roman !

Peut-on dire que Facebook et Instagram ne sont pas en odeur de sainteté dans votre esprit ? Mais avez-vous des profils sur ces deux réseaux sociaux. Et pourquoi ?

L’une des citations en ouverture du livre que j’ai empruntée à Jean d’Ormesson est celle-ci : « Méfiez-vous de l’évidence, elle passe son temps à changer ». Je ne suis pas du tout un adversaire des réseaux sociaux que j’utilise largement, même si c’est uniquement dans un cadre professionnel. Mais il n’est pas inutile de les questionner, voire de les critiquer.

Cette histoire est une fiction, une parabole, presque une dystopie. Nous faisons tous partie de ce nouveau monde. Comme tout être humain, je suis pétri de contradictions. A travers ce roman, mon intention n’est pas de donner des réponses, mais simplement de poser des questions.

Propos recueillis par Marc Alpozzo

Auteur de Galaxie Houellebecq (et autres étoiles). Éloge de l’exercice littéraire, Éditions Ovadia, 2024 et co-auteur de L’humain au centre du monde. Pour un humanisme des temps présents et à venir, Les éditions du Cerf, 2024.

« Ce roman policier pose la question cruciale de notre temps : que voulons-nous devenir ? » sur Alexandre Arditti

Alexandre Arditti, L’assassinat de Mark Zuckerberg

Témoin d’époque, l’auteur frappe un grand coup. Le confinement Covid l’a fait réfléchir sur la société comme elle va dans un premier roman, La conversation, sur les réseaux sociaux qui prennent de plus en plus de place, sur la technique qui étend son emprise sur l’humain. Les responsables ? Les patrons des GAFAM (Google, Apple, Amazon et Microsoft) et autres BATX (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi), ces multinationales technologiques et de réseau.

Dès la page 13, Mark Elliot Zuckerberg, l’un des fondateurs de Facebook et désormais propriétaire aussi d’Instagram, de WhatsApp, Messenger et Threads, est exécuté d’une balle dans la tête. Facebook, nommé au départ Facemash, autrement dit « fesses-book » qui permettait de noter les appréciations sur les étudiants et étudiantes les plus sexy à la fac, est devenu un réseau social mondial et rentable renommé Meta Platforms. Zuckerberg n’en possède que 13 % des parts mais en contrôle 60 %, le reste étant coté en bourse et partiellement aux mains d’investisseurs institutionnels.

Il envisage de développer la blockchain pour la monnaie, l’épargne et les paiements, les lunettes connectées qui filment à votre insu, le Metavers qui est un univers parallèle, et l’IA pour capter et faire fructifier les données des utilisateurs. Autrement dit, Mark Elliot Zuckerberg est « le » prédateur du futur, le Big Brother d’Orwell dans 1984. Le fait qu’il soit juif, capitaliste et américain n’est pas mentionné par l’auteur, bien que cela participe du « Complot » mondial dont les défiants sont habituellement férus.

A la page 18, d’autres crimes sont évoqués sur les patrons d’Amazon, d’Apple, de Microsoft, et même de l’ex-président Trump, de même que sur Merkel, Sandrine Rousseau (après tortures, l’auteur se venge-t-il symboliquement ?), et divers attentats contre d’anciens dirigeants comme Sarkozy ou Hollande. Au total, près d’une centaine.

Le meurtrier de Zuckerberg est arrêté assez vite à Paris, dans le palace où il se prélasse, son forfait accompli. Le commissaire Gerbier, usé et fatigué après des décennies de crimes et d’enquêtes dans une société qui pourrit par la tête, est chargé comme meilleur professionnel du 36, de l’interroger. Il a en face de lui un homme de son âge, qui avoue appartenir à un réseau terroriste pour éradiquer l’emprise technologique sur les humains : Table rase.

Il y a peu d’action mais beaucoup de conversation. La soirée puis la nuit passent à deviser afin de savoir pourquoi on a tué, et qui est impliqué. Le pourquoi devient limpide : c’est une critique en règle de l’ultra-modernité : les réseaux qui abêtissent, la moraline du woke qui censure et inhibe, l’IA qui formate peu à peu et réduit l’intelligence humaine. La société hyperconnectée est nocive : il est bon d‘être réactionnaire envers elle !

Premier argument du terroriste : le complot serait général, pour mieux dominer les populations, intellos compris (souvent très moutonniers) : « Vous savez, la meilleure façon de contrôler la pensée d’une population est simplement qu’elle n’en ait pas. Noyer sa réflexion et son attention dans un flot continu d’informations stupides – ou commerciales , ce qui revient à peu près au même – est un excellent moyen d’y parvenir. Limiter l’esprit humain est aujourd’hui devenu un véritable programme politique. Plus le peuple sera ignorant et occupé à des futilités, plus il sera facilement contrôlable » p.53. Sauf que l’on pourrait objecter que les États-Unis ou la France ne sont ni la Russie, ni la Chine, ni l’Iran et que le « contrôle social total » reste un fantasme de défiant complotiste. Nul n’est obligé de suivre les errements des réseaux, des chaînes d’info et de la violence radicale.

Second argument : c’est le capitalisme qui est en cause : « Une société dont l’économie ne survit qu’en générant des besoins artificiels, avec pour objectif d’écouler des produits dont la plupart sont inutiles voire nocifs pour la population comme pour la planète, ne me paraît pas digne de survie à long terme » p.57. Mais quel est le « long terme » ? Pour Michel Onfray comme pour quelques autres, le « capitalisme » est né dès le néolithique ou même dès la première société humaine qui produit et stocke pour échanger… D’autre par, le « capitalisme » est un outil économique, une technique d’efficacité diablement efficace : même la Chine « communiste » s’y est convertie avec la réussite qu’on lui connaît, au contraire de l’archaïque mentalité russe, dont l’économie et la prospérité stagnent.

Troisième argument, anthropologique, vers le Soushomme, l’abêtissement général dans le futile, le tendance et l’autocensure pour ne pas offenser : « Passer d’un mode de vie résolument ancré dans le réel à des relations essentiellement virtuelles et souvent, ne nous voilons pas la face, purement mercantiles, est forcément contre-nature. Les réseaux sociaux incarnent ainsi la caricature la plus vide de sens de notre époque. (…) La mise en scène de toutes choses relève aujourd’hui d’un phénomène de cirque, servi par la consommation instantanée et ininterrompue d’informations sans aucun intérêt. A ce stade, ce n’est plus un appauvrissement, c’est une désertification intellectuelle et une raréfaction glaçante des relations sociales… » p.77. Nietzsche appelait à la volonté pour aller vers une sur-humanité ; la technologie, comme Heidegger le disait, ramène plutôt l’humain vers la sous-humanité de bête à l’étable qui regarde passer les trains.

Quatrième argument, l’effritement des relations sociales sous les coups de la victimisation, du buzz et du woke et la remise en cause de la démocratie sous les coups de force des gueulants : « Désormais, pour exister, au moins médiatiquement parlant, il faut absolument revendiquer quelque chose, protester. S’en prendre à quelqu’un, faire valoir ses traumatismes, bref être une victime, peu importe de qui ou de quoi. Dis-moi ce que tu revendiques, je te dirai qui tu es ! (…) Mon propos est de dénoncer une atmosphère délétère qui déteint sur tous les pans de la société, et entrave sérieusement la liberté d’expression en suscitant des phénomènes d’autocensure particulièrement inquiétants. Un travers en grande partie dû à l’amplification médiatique du moindre fait divers et de la moindre déclaration sortie de son contexte par les chaînes d’information continue, et bien sûr par les réseaux sociaux. (…) Les fondamentaux démocratiques de la société sont désormais pris en otage par quelques tristes sires qui les dévoient de manière éhontée pour leur usage personnel, et surtout pour se faire de la publicité à moindre frais » 103. On pense à la Springora et à la Kathya de Brinon – entre autres. Mais doit-on les croire sans esprit critique ? Leur force médiatique tient surtout à la lâcheté de ceux qui sont complaisants avec leurs fantasmes et leurs approximations.

Habilement, sous forme d’un interrogatoire policier, l’auteur reprend les critiques les plus usuelles sur les méfaits de la technique et le mauvais usage des outils, comme sur l’abandon de ceux qui sont chargés de transmettre : les parents, les profs, l’administration, les intellos, les journalistes, la justice, les politiques. Ils ne sauvegardent pas l’humanité en laissant advenir par inertie « un transhumanisme sauvage » p.142.

En cause l’éducation et la famille, dont l’auteur ne parle guère. Je pense pour ma part que l’habitude viendra d’user mieux de ces choses, qui sont aujourd’hui beaucoup des gadgets à la mode dont on peut se passer (ainsi Facebook ou Instagram), ou qui font peur aux ignorants qui ne savent pas s’en servir. Je l’ai vécu avec le téléphone mobile : l’anarchie et l’impolitesse des débuts a laissé place à des usages plus soucieux des autres. Quant aux réseaux, les cons resteront toujours les cons, quels que soient les outils de communication, et il faut soit les dézinguer à boulets rouges s’ils vous attaquent, soit les ignorer superbement. Le chien aboie, la caravane passe.

Ce roman policier un peu bavard, aux dialogues, parfois réduits à un échange de courtes interjections comme au ping-pong, pose la question cruciale de notre temps : que voulons-nous devenir ? Il se lit bien et n’échappe pas à un double coup de théâtre final fort satisfaisant. Clin d’œil, l’auteur est lui-même sur Facebook.

Alexandre Arditti, L’assassinat de Mark Zuckerberg, 2024, éditions La route de la soie, 146 pages, €17,00

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