Merci la France et vive la culture !

Paris-2.jpg‎5 euros mon billet d’hier pour la pièce de Shakespeare à la Comédie française, 8 euros mon billet pour le sublime ballet « Mats Ek » à l’Opéra Garnier la veille.

Dans les deux cas, billets simplement trouvés au guichet une heure avant et places excellentes avec parfaite visibilité. Il faut être bien bête pour se priver de tels spectacles proposés par Paris.

Merci la France et vive la culture !


« La Pompadour et les créatures » par Mâkhi Xenakis

Ce soir, la présentation de « La Pompadour » à la Galerie de la céramique, de Mâkhi Xenakis sur le livre de laquelle il y a un article de moi dans le Magazine des Livres en kiosques…

pompadour.jpgDivines créatures, par Guilaine Depis 😀

Le livre est rose et précieux, comme l’irrésistible biscuit en porcelaine de Sèvres représentant la Pompadour réalisé par Mâkhi Xenakis pour répondre à une commande de l’illustre Manufacture royale. Délicatement érotique, gourmande, émouvante, cette nouvelle statuette de la sculptrice est une ode supplémentaire à l’éternel féminin. Regroupant tous les fantasmes, en particulier celui de la fécondité, dans ses généreuses rondeurs, la créature dernière-née à l’effigie de la Pompadour exhale une troublante candeur pouvant être appréhendée comme un sortilège de séduction. Figure emblématique du XVIIIème siècle, courtisane libre, pompeuse et zélée, la raffinée maîtresse de Louis XV ainsi que l’envisage Mâkhi Xenakis est d’abord animale, vulnérable, fortement sexuée. Il ne s’agit pas d’une erreur, simplement d’un autre regard posé sur elle, celui d’une artiste toute puissante faisant renaître un radieux personnage de l’Histoire de France pour notre bon plaisir. Dans cet écrin relié, on trouve un long texte poétique inédit de Gilbert Lascault, incontournable critique d’art, disgressions infinies sur la couleur rose. Ainsi qu’un second, plus bref et plus intense, témoignage de Mâkhi Xenakis sur les racines et l’expérience de sa création tellement géniale – « géni(t)ale » dirait Antoinette Fouque – et singulière. Gisent encore quelques trésors sous forme de photos où nous contemplons de plus célèbres dessins et œuvres de ciment ou résine issues des mêmes mains de fée, celle de la créatrice qui est un jour allée trouver outre atlantique Louise Bourgeois, herself, en lui demandant de lui « sauver la vie ». Ca a marché !

La Pompadour et les créatures, par Mâkhi Xenakis, éd. Actes Sud/Sèvres-Cité de la céramique, 17 euros.

« Maurice Nadeau, le chemin de la vie » au Théâtre de l’Odéon / Dominique Noguez

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Je rentre de la soirée « Maurice Nadeau, le chemin de la vie » présentée par Laure Adler et organisée par France Culture au Théâtre de l’Odéon. Plusieurs lectures parmi lesquelles le dernier livre de Dominique Noguez que j’ai critiqué ce mois-ci dans le Magazine des Livres, ponctuées de morceaux de musique du groupe « Sentimental bourreau » et de coupes de champagne…
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Mon article (Magazine des Livres de mai 2011)

Un pastiche érudit et subtil, par Guilaine Depis

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Ce que Noguez, normalien, agrégé de philosophie, docteur ès lettres, Prix Fémina et bien d’autres choses préfère, c’est sans aucun doute mettre son immense talent et sa culture infinie au service de l’humour. En effet, l’auteur du très drôle Comment rater complètement sa vie en onze leçons (Payot, 2001) revient avec le meilleur des canulars littéraires de l’année. Il n’est pas surprenant que Maurice Nadeau, connaissant sur le bout des doigts les auteurs classiques et les œuvres d’origine exquisément parodiées par l’espiègle Dominique, ait souhaité en l’éditant en faire partager la délicate saveur au plus grand nombre. Constitué d’une succession d’exercices d’imitation aussi féroces que divers, cet ouvrage est un régal en soi.  L’imagination farfelue de l’auteur nous fait décoller de nos êtres confortablement installés dans la facilité de lectures conformistes et assoupis par leur monotonie. Ici, comme le titre l’indique, enfin un quatrième livre des Essais de Montaigne, sur sa période partouzes… Moult détails à l’appui ! Egalement la vie d’un « cul de zatte » décapité, pour éviter les lettres à jambage : g, j, p, q et y, commise par un Oulipien ultra-intégriste, deux Mythologies inédites de Roland Barthes, un inédit d’Henri Bergson, des indiscrétions sur la rentrée littéraire de 2016 et un scoop sur l’élection présidentielle de 2027. Dominique Noguez, sublime farceur, s’en donne à cœur joie et la mayonnaise prend corps. Soyez prêts à être décoiffés : le style est ébouriffant!

Montaigne au bordel et autres surprises, par Dominique Noguez, éd. Maurice Nadeau, 145 pages, 20 euros.