SOCIOLOGIE
Antoinette Fouque, Gravidanza. Féminologie II, Des femmes éd., Préface d’Alain Touraine, 300 p., 15 e.
Pour en finir avec les sciences humaines phallocentrées.
La Quinzaine littéraire, 1 au 15 septembre 2007
Guilaine Depis, attachée de presse (Balustrade)
Rampe de lancement ! Appuyez-vous sur la balustrade !
SOCIOLOGIE
Antoinette Fouque, Gravidanza. Féminologie II, Des femmes éd., Préface d’Alain Touraine, 300 p., 15 e.
Pour en finir avec les sciences humaines phallocentrées.
La Quinzaine littéraire, 1 au 15 septembre 2007
Revue Acropolis, septembre octobre 07
TRADITIONS ET CULTURE
Le langage de la déesse de Marijas Gimbutas
Editions Des femmes – Antoinette Fouque, 419 p., 55 e
Ecrit par une archéologue d’origine lituanienne, ce très beau livre archéo-mythologique décrit la Grande Déesse de la vieille Europe, puisant son essence dans la tradition paléolithique. Un travail sur les symboles, les fonctions de la déesse, les mystères de la vie et de la mort, ses relations avec les animaux… De nombreuses illustrations d’objets, de symboles sont tirés de l’époque de l’avènement de l’agriculture en Europe, il y a quelques huit à neuf mille ans.
Figures du féminin
Catherine Chalier
Editions Des femmes
C’est l’ouvrage d’un professeur, et bien sûr d’une femme, sensible à l’existence d' »une ineffaçable asymétrie ». C’est un ouvrage de philosophe. La condition féminine est vue à travers aussi bien le Talmud que les philosophes juifs, héritiers de la psychanalyse. Tant d’éminents parrainages n’autorisent pas le moindre « déjà vu » en renfort, mais les auditeurs du récent hommage à Levinas rendu par Passages l’an dernier retrouveront quelques-uns des propos qui y furent tenus. On remarque que l’éditeur (e) a confié à l’auteur elle-même le soin de rédiger la quatrième de couverture : est-ce la crainte qu’elle soit trahie en étant traduite ? Voici donc un rude exercice que de raconter ce livre sans que la brièveté vaille distorsion. On n’est pas surpris que l’hébreu (que nombre de nos lecteurs ne connaissent pas plus que l’auteur de ces lignes) soit appelé pour des précisions de langage où le profane doit se plonger. Et il s’y plonge avec plaisir.
Tout philosophe se heurte à ce qui n’est pas réductible à l’ensemble des concepts avec lesquels il a construit l’ordre auquel l’Être se range. Et l’Autre ne peut être que d’une « extériorité absolue » par rapport à ces concepts. Autre est la miséricorde des entrailles maternelles qui précède l’essence. (Levinas relie l’hébreu Rakhamin, miséricorde, et Rekhem, utérus.) L’aimée est contradiction. L’amant ne peut que se heurter à un « moins que rien » doux, généreux et passif (n’ayant pas choisi le fonctionnement du corps auquel elle est nouée), un visage « sans forme » car seul le crée son regard à lui, un savoir qu’elle a de l’enfant conçu « mien et non-mien », car, pour lui, le don de la vie est oeuvre au masculin. Les temps masculin et féminin se bousculent sans aller ensemble, celui de l’amant celui de l’aimée, celui prévu de l’enfant : « diachronie irréductible ».
Iche désigne l’homme, « prototype de l’humain » comme dans diverses langues et grammaires, Icha, la femme assujettie par le nom après l’avoir été par le corps. Catherine Chalier se pose la question : « Est-ce outrage à la pensée du philosophe que d’énoncer au féminin un acte éthique ? » Difficile, quand tout au long du livre on revient constamment à Levinas. Levinas, né en 1906, a connu une époque de relatif silence de l’Autre, il a toujours réfuté que l’extase amoureuse soit un échange (ou une appropriation, elle ne résout pas l’angoisse : l’auteur rappelle que Platon déjà refutait le mythe de l’androgyne). Il y reste solitaire, n’en voit que la finalité : « Avoir un fils ». Pense t-il à d’autres maîtres qu’il a étudiés en philosophie s’exprimant sur les arts et les sciences ? Il déclare, fidèle à la Bible, que la seule création pour lui est d’une génération nouvelle.
Mais il y a un féminin, cet « il y a » peut, s’il est reconnu, être riche de recherches et de découvertes. C’est le travail accompli dans ce livre. J.P.
Antoinette Fouque, qui vit principalement dans le sud de la France, sera exceptionnellement présente à Paris du 15 au 21 septembre.
Sur la flagrante actualité de sa pensée en cette rentrée littéraire :
Lors de la rentrée littéraire de 2007, le thème de la maternité abordé par des écrivains femmes (Marie Darrieussecq – auteur d’un livre, Claire dans la forêt, aux éditions Des femmes (argumentaire en pièce jointe) ainsi que du Bébé, lu par Lio dans un livre audio aux éditions Des femmes (argumentaire en pièce jointe) / Camille Laurens / Mazarine Pingeot) occupe presque intégralement le devant de la scène médiatique. Est ainsi accordée à la « gravidanza » (la « grossesse » – titre du dernier livre d’Antoinette Fouque, « Gravidanza« ), l’importance majeure qu’Antoinette Fouque n’a eu de cesse de mettre en lumière dès l’aurore de sa vie intellectuelle. C’est d’ailleurs autour de la pro-création, l’articulation procréation-création / création-procréation que les éditions Des femmes trouvent leur première raison d’exister.
Antoinette Fouque a choisi d’explorer par la psychanalyse et la philosophie la pente la plus aride de la pensée : l’impensable de l’expérience de la grossesse. La pro-création – tout l’enjeu de la création artistique (ou du moins la théorie de ce qu’elle doit être) résidant selon elle dans la mimésique de la procréation vivante.
Depuis 40 ans, Antoinette Fouque se situe donc à l’avant-garde de ce qui préoccupe les femmes. Héritière de ce que mai 68 a rendu pensable, c’est de la gratitude qu’elle éprouve notamment pour les femmes de la nouvelle génération (Darrieussecq, Pingeot) qui reposent les mêmes questions. Avec la loi sur la contraception en 1967 et la loi sur l’avortement en 1974, la maîtrise de la fécondité a donné aux femmes un droit sur la possibilité d’enfanter, permettant de lever un interdit sur la pensée. La libération de la pensée – iie de la chair – comme l’affirmation de l’existence de la « libido creandi » des femmes restent au coeur de la problématique actuelle.
La maladie de la mort de Marguerite Duras. Lu par Fanny Ardant, Editions Des femmes, 1 CD
Vous n’avez pas nécessairement envie de vous plonger dans Marguerite Duras. Mais vous trouvez, un matin, au courrier, « La maladie de la mort ». C’est la voix de Fanny Ardant, profonde, légèrement interrogative, qui vous entraîne. Qui sont cette femme et cet homme dont on nous raconte l’histoire ? Cela se passe, ou se passerait, ou s’est passé dans une chambre au bord de la mer Noire. Lui, c’est peut-être bien vous. C’est cette vie, la vôtre. Vide par manque d’amour. C’est cet homme malade à en mourir que vous êtes. Elle, c’est ce dont vous rêvez sans trop savoir ce que cela pourrait être. Peut-être cette « promesse non tenue » dont parlait Claudel. Elle pourrait vous tuer parce que vous êtes déjà mort, parce que vous vous êtes toujours voulu libre de ne pas aimer. Cependant vous avez pu vivre cet amour « de la seule façon qui puisse se faire pour vous, en le perdant avant qu’il soit advenu ». La mer, l’amour, la mort. Trois fois rien, pour ainsi dire.
Jérôme Serri
Patricia Rodriguez Saravia, née à Mexico, est psychiatre et psychanalyste. Elle a déjà publié au Mexique huit textes, romans ou nouvelles, qui ne sont pas encore publiés en français. Elle a reçu deux prix littéraires. Au travers de ses écrits, elle s’attache à questionner le rôle de la femme dans la société contemporaine dans ses dimensions sociales et culturelles.
« A la recherche de l’utérus perdu » est son premier livre publié en langue française. Camila est médecin anesthésiste dans une clinique de Mexico. Elle assiste à une intervention au cours de laquelle un utérus apparemment sain est prélevé sur une jeune patiente et emporté dans une glacière par une infirmière inconnue. Une réflexion sur le corps et l’identité de femme, la procréation et la création à l’heure de la modernité scientifique.
« A la recherche de l’utérus perdu », traduit de l’espagnol (Mexique) par Nelly Lhermillier, aux éditions des femmes, 2006
L’article qui m’a causé la plus jolie surprise est sans doute celui d’Aurélie Jacques dans Le Point du 30 août, « La dernière féministe ». En effet, contrairement à ses consoeurs du Nouvel Observateur et de Valeurs actuelles, cette jeune journaliste a réalisé le tour de force de saisir la quintessence des essais de féminologie d’Antoinette Fouque, sans jamais l’avoir côtoyée dans le passé. Du grand professionnalisme, chapeau !
Le Point 30 août 2007
Essai – La dernière féministe
Fondatrice du MLF et des éditions Des femmes, Antoinette Fouque développe depuis près de quarante ans une réflexion exigeante et singulière. Regroupant des textes des années 70 à nos jours, « Gravidanza », le deuxième tome de ses essais de « féminologie », en retrace les principaux jalons.
Fondés sur une psychanalyse critique qui prend pour cible la conception freudienne d’une libido qui ne serait que phallique, ses écrits affirment au contraire l’existence d’une « libido creandi » : la femme n’est pas un homme comme les autres puisqu’elle procrée. « En ne pensant pas la différence entre les sexes, le féminisme renforce la clôture patriarcale », affirme Antoinette Fouque. Le concept freudien d’envie de pénis chez les petites filles fait écran à ce qu’elle nomme l’envie d’utérus chez les garçons. « Les femmes enfantent et les hommes font pipi debout. C’est incroyable que ce soit eux qui en aient tiré le plus de gloire ! » s’exclame t-elle avec humour. Source de misogynie, cette envie d’utérus doit être dépassée. C’est, selon la psychanalyste, l’enjeu du siècle à venir.
Aurélie Jacques
« Gravidanza. Féminologie II », d’Antoinette Fouque (éditions Des femmes, 296 pages, 15 E)
A l’horizon d’un amour infini
Laurence Zordan
Office 30/08/2007
A l’horizon d’un amour infini est un roman à trois voix : trois parties se succèdent, intitulées respectivement « Lucette », « Guillaume » et « Astrid », trois histoires racontées à la première personne, Guillaume et Astrid étant deux acteurs du récit de Lucette.
Ces trois récits ont en commun la difficulté des personnages à se situer par rapport à leur origine sociale et familiale, et le désir de régler son compte au passé, en cherchant un « amour infini », ou une autre porte de sortie…
Lucette, fille de gardiens d’immeuble, fomente des projets d’évasion et fait des rêves d’aventures qui lui permettent de transformer la banale réalité de sa vie. Après de fréquents malentendus et désillusions, elle se met brusquement à désirer une vie vouée à des tâches ingrates, pour finalement pouvoir s’en passer… jusqu’à s’apercevoir que toute sa vie est gouvernée par le souvenir enjôleur du château où vivait l’une de ses camarades, Astrid, et par le souvenir d’un baiser raté.
Guillaume est né sous X. Il est voué à rechercher toute sa vie l’éternelle absente, mais aussi à se venger d’elle sans cesse, en gâchant le seul don qu’elle lui a fait, sa beauté : Guillaume s’épuise dans des travaux de manutention. Mais la rencontre avec une femme qui a perdu son fils lui fera désirer de trouver le moyen de ressusciter une part du jeune homme, ce qui donnera à sa vie non pas un sens, mais une direction ambiguë et pour le moins étonnante…
Astrid, l’habitante du château, raconte le parcours qui l’a menée à devenir caissière dans une grande surface alors qu’elle était chef d’entreprise… et raconte à sa façon le fameux baiser donné par erreur à son petit frère par son amie Lucette.
Un thème central réunit ces trois récits : celui de la déchéance, ou plutôt du désir de déchoir. Chacun des personnages semble avoir besoin d’en passer par un abaissement de son être pour découvrir ce qui constitue le nœud de son existence.
Laurence Zordan est ancienne élève de l’École Normale Supérieure et de l’ENA. Elle est agrégée de philosophie et haut fonctionnaire, spécialiste des questions de sécurité et de géostratégie. Ses deux premiers romans, Des yeux pour mourir (2004) et Le traitement (2006), ont été publiés aux Éditions Des femmes.
La volcanique Pomme Jouffroy déclenche les passions ! En plus de Patrick Poivre d’Arvor qui a eu un coup de foudre pour « Res Nullius » au point de le présenter dans Place au livre sur LCI les 23 et 24 juin, un lecteur exotique (d’une île très lointaine, d’où la découverte de la renommée mondiale de l’oeuvre de Pomme Jouffroy !!) lui a écrit une lettre incroyable sur « Rue de Rome » (j’espère obtenir de sa part l’autorisation de la reproduire sur mon blog pour vous en faire profiter) et un bloggueur nommé Michel Renard crée carrément des blogs pour chacun de ses livres !! Le dernier né est consultable ici : http://resnulliusroman.canalblog.com/ (mais je serais jalouse si vous y laissiez des commentaires plutôt que sur le mien ! http://editionsdesfemmes.blogspirit.com ) Pomme Jouffroy a donc tout plein d’amoureux potentiels ! Et aussi Christian Triché, qui veut l’inviter au Salon du Livre de la Louptière Thénard les 17 et 18 novembre prochains !
La très distinguée Laurence Zordan, qui a suscité les dithyrambiques éloges des plus grands de la presse Edmonde Charles-Roux (La Provence), Mohammed Aïssaoui (Le Figaro), Hugo Marsan (Le Monde) et Virginie Gatti (L’Humanité) pour son roman Des yeux pour mourir en 2005, puis pour Le traitement en 2006 ETC nous offre notre unique nouveau roman de septembre : « A l’horizon d’un amour infini« . Il est, comme dirait la pub, « petit mais costaud » ! Avec un CV super impressionnant (Normale Sup, ENA, agrégation de philosophie etc), Laurence Zordan est dans « l’autre vie » haut fonctionnaire. Son écriture ressemble à de la dentelle, c’est raffiné, fluide, toujours très précis et travaillé – je dirais que c’est très « japonais », ça ressemble à une table de Kyoto.