Festival
Saint-Chély d’Aubrac du 19 au 23 août 2013
Le paradis, en Aubrac pour cinq jours
Après l’Eldorado, l’an dernier, cap vers l’Eden ! Les Rencontres de l’Aubrac, réputées pour l’extrême cohérence de leur programmation, s’intéressent cette année à un autre mythe connexe à ce pays d’or qui fit courir le conquistador Lope de Aguirre et séduisit le public l’an dernier : celui du paradis. L’événement commencera d’emblée en altitude par un spectacle sur le Cantique des oiseaux du mystique médiéval persan Attâr – dont les éditions Diane de Selliers ont fait paraître une superbe édition illustrée. Un choix emblématique : ce texte commence par une controverse entre une huppe, prête à s’envoler pour le paradis, et divers volatiles disposés à toutes les manoeuvres dilatoires pour ne pas la suivre. À la lecture, Frédéric Ferney et la traductrice Leïli Anvar. Citons également, parmi les spectacles musicaux, une interprétation du Cantique des cantiques par le violoniste Igal Shamir (également lundi 19 août). Ou encore Entre Ciel et Terre, le lendemain, « né dans la lignée du spectacle sur le Cantique des oiseaux, capables de produire des sons qui ne sont plus des voix humaines », explique Francis Cransac, responsable de l’événement, auteur d’un programme de conférences qui traverse toutes les versions, tous les thèmes du paradis.
Le mardi 20 août, Emmanuelle Collas (université de Haute-Alsace) s’intéressera au mythe de l’âge d’or ; Agnès Échène (EHESS) étudiera la question (polémique) des fruits du jardin ; l’écrivain Abdelwahab Meddeb exposera les interprétations soufies du paradis ; François Ploton-Nicollet décrira un paradis méconnu (« La Sarcotide de Masénius ») ; Chiwaki Shinoda (université d’Hiroshima) nous emmènera sur « l’île de l’éternel printemps », avant que son confrère Daisaburo Okumoto (université d’art d’Osaka) ne vienne livrer une conférence qui aurait ravi Nabokov : « Paradis de papillon ». Citons également, le lendemain, une conférence sur l’Éden dans la Kabbale (par Jean Baumgarten, CNRS), une autre sur « L’île-Paradis de Paul et Virginie » (par Jean-Michel Racault, université de la Réunion). Le festival abordera aussi les lettres du Gauguin tahitien et du Rimbaud Abyssinien (lectures de Mathieu Dessertine), l’ayurvéda, les paradis persans (avec Jean-Claude Carrière), le « nom de Martin Eden », l’utopie danoise de Christiania, les jardins japonais, ce que fût l’Éden selon la RDA, et bien sûr la figure du serpent…
Jean Hurtin