Paul Sunderland rend hommage au roman d’Olivier Gérard sur Unidivers

couv GERARD.jpgRoman contemporain chargé de violence, Sanglots la nuit d’Olivier Gérard narre le télescopage désespéré de deux êtres dont les biographies respectives entrent en conflit avec ce qui semble être les déterminismes de l’Histoire avec un grand H. De Perpignan à Istanbul en passant par Israël, exploration du cœur d’une relation homosexuelle.

 

Dans la vieille ville de Perpignan, Abram est un jeune artiste peintre, marié et père de famille. Sous le coup d’une accusation calomnieuse, il délaisse quelque peu sa vocation pour s’occuper à titre bénévole de drogués et de marginaux. Il va faire la rencontre du Franco-Israélien Asso, personnage secret, traqué, lui aussi largué, semble-t-il. Les deux hommes, contre toute attente, vont connaître une irrésistible attirance réciproque. Ce désir sera consommé de façon brutale avant la disparition d’Asso qui va plonger Abram dans le désarroi et l’inciter à le retrouver, quitte à tout laisser derrière lui.

Dans Sanglots la nuit, il ne s’agit pas d’émoustiller le lecteur. Il ne s’agit pas davantage de l’effaroucher (si sa délicatesse prévaut). Ici, nous ne nous trouvons ni dans un livre ni dans un film dont le cadre général fournirait le prétexte à une concaténation de galipettes. Cela, même si on peut y trouver de l’amusement, c’est la logique du nanar de genre (pas « genre » au sens de l’anglais gender). Dans le roman d’Olivier Gérard, les amours sont en tout désespérées.

Un point décisif à noter, c’est qu’à différents égards, Abram et Asso sont aux prises avec des récits qu’ils n’ont pas désirés. Qu’il s’agisse d’une vie familiale orientée par les nouvelles perspectives professionnelles de sa compagne (en ce qui concerne Abram) ou des expériences tragiques, elles aussi familiales, personnelles, du conflit israélo-palestinien (pour ce qui est d’Asso), les deux hommes ressentent un décalage grandissant entre eux-mêmes. Décalage à l’occasion duquel se révèle l’insupportable jachère de l’être, l’absence d’accomplissement, l’abandon, et ces directions en quelque sorte prises de force par actes et des attitudes aliénants. La dénonciation calomnieuse et mensongère dont Abram est victime (sur fond de pédophilie et orchestrée par une jeune garce blasée), l’accusation de terrorisme qui accable Asso ont aussi valeur de décrets pris par d’autres à leur corps défendant, des romans qui ne sont pas les leurs, le leur.

La relation entre les deux hommes, dans le déploiement de l’intrigue, est centrale en tant que tremplin des péripéties, mais, à nouveau, il importe de souligner, chez l’auteur, l’absence de concession à toute facilité. Rien n’est vraiment transfiguré, la vie n’est pas soudain vue « en rose ». Au contraire, les différents décors suintent la même solitude, la même déshérence. L’Histoire semble avoir vraiment épuisé ses ruses et Olivier Gérard l’exprime de façon remarquable.

À titre d’exemple, sa description du vieux Perpignan est à la fois singulière et fascinante en ce qu’elle parvient à ne rien déformer de son caractère historique, patrimonial, tout en restituant une ambiance particulièrement dépressive. On se serait éventuellement attendu à des descriptions de banlieues blafardes et chaotiques. Il en va de même de différents quartiers d’Istanbul, d’Israël et de la Palestine : sans tomber dans le documentaire ou la brochure touristique, l’auteur observe finement et restitue de manière accomplie. Ce faisant, il met à son service le décor et pose une question : les « sanglots la nuit » ne témoignent-ils pas d’un conflit entre la force de ce qu’on appelle le « roman national » (ou, disons aussi, toute fiction imposée de l’extérieur : histoire politique, culturelle, calomnie, instances judiciaires, mensonge au sujet de la paternité biologique…) et le roman individuel ?

Olivier Gérard me paraît avoir opté, dans les Sanglots la nuit, pour le point de vue individuel, revendiqué sa primauté, plus exactement la nécessité de sa fondation avant toute considération tournée vers la marche de ce monde. Il se situe ainsi dans la lignée de grands noms de la littérature tels que Witold Gombrowicz et Dominique de Roux. Pour cette raison, il est intéressant de lire Sanglots la nuit comme toute autre chose qu’une turpitude gay.

À LA LUMIÈRE CRUE DU MATIN, MAINTENANT QU’ELLES SONT DÉPOUILLÉES DE LEURS OBJETS FAMILIERS, LES VIEILLES PIERRES DE LEUR LOGEMENT MONACAL RUE MAIN DE FER RENVOIENT VERS ABRAM UNE NUDITÉ GLACIALE. UNE SENSATION DE MALAISE L’ENVAHIT. L’APPARTEMENT N’EST PAS SEULEMENT VIDE. SON SILENCE CHUCHOTE QU’UNE EXISTENCE S’ACHÈVE ICI.

COMME SI, BRUSQUEMENT, À UNE VITESSE FOUDROYANTE, TOUTE UNE VIE SE DÉLITAIT, UNE PAROI POURRIE S’EFFONDRE, UN MUR D’AVALANCHE CÈDE, UN BARRAGE SE ROMPT.

PAR LA FENÊTRE ABRAM PEUT VOIR MARTHE : UNE LISTE ET UN CRAYON À LA MAIN, ELLE VÉRIFIE L’INVENTAIRE DES COLIS QUE LES DÉMÉNAGEURS CHARGENT DANS LEUR CAMIONNETTE.

MANASSA EST À L’ÉCOLE. UNE JOURNÉE RADIEUSE D’AUTOMNE S’ANNONCE SUR LE VIEUX PERPIGNAN, QUELQUES PASSANTS ÉTIRENT LEURS SILHOUETTES ET CELLE DE LEUR CHIEN SUR LE PAVÉ, DES TOUCHES D’OR ALTÈRENT À PEINE LES FEUILLES.      

Sanglots la nuit, Olivier Gérard, Ed2a (Éditions Auteurs d’Aujourd’hui), octobre 2017, 242 p. 21,00 €. ISBN : 978-2-37629-035-3.

Juriste de formation, puis marin par devoir militaire, Olivier GÉRARD est réalisateur et scénariste. Après avoir fait ses débuts au cinéma en assistant, entre autres, Orson Welles, Louis Malle, Philippe de Broca, il a écrit et réalisé de nombreuses émissions de télévision, qui l’ont mené à travers le monde. Sanglots la nuit est son quatrième roman.

L’écrivain Christian de Moliner a lu « Sanglots la nuit »

couv GERARD.jpgSanglots la nuit d’Olivier Gérard aux éditions ED2A 21 €

Le roman d’Olivier Gérard frappe comme un coup de poing. Au-delà de l’histoire de deux hommes mariés et pères qui découvrent dans les bras l’un de l’autre, leur homosexualité, il décrit un monde sombre où l’espoir est faible, mais persistant. D’abord, l’auteur décrit le quartier déshérité de Perpignan où gitans et Arabes se font face, où la drogue fait des ravages parmi les habitants, où les habitants fuient dès qu’ils le peuvent. Il enchaîne avec une peinture au vitriol d’une colonie Israélienne extrémiste qui cherche à expulser ses voisins palestiniens. Abram, qui est catholique, a hérité de son prénom en hommage au prophète si soumis à Dieu (Est-ce un rappel à l’islam ?). Peintre de talent, mais qui n’est pas reconnu, il est accusé de détournement de mineure et a obtenu un poste dans un centre d’aide aux drogués grâce à la protection ambiguë d’un commissaire de police. Il recueille et soigne un blessé mystérieux Asso. Il apprendra que ce dernier marié à une juive est accusé d’avoir commis un attentat sanglant dans une oasis israélienne. Mais ce dernier n’est-il pas manipulé par les palestiniens ? Les deux hommes se perdent de vue. Vont-ils se retrouver ?

Le style de l’auteur est efficace. Les phrases sont courtes et descriptives. On sent que l’écrivain est issu du monde du cinéma, car les séquences ressemblent à des scènes de films. Il arrive à maintenir le suspense jusqu’au bout.

Le reproche principal qu’on peut faire à Olivier Gérard est la convention des situations qui parfois font grimacer : un « Arabe» de Perpignan est un voleur de bicyclette, les commerçants sont racistes, le héros est un peintre de génie, sa compagne une styliste de haut vol, le commissaire n’est pas clair et sa femme, qui ne sait faire ni le ménage ni la cuisine en pince pour le héros et provoquera la fuite d’Asso. Ce dernier parle peu et ne donne qu’un mot à interpréter à son amant pour lui permettre de le retrouver. Quant aux colons israéliens, ils frisent la carricature. Rien ne nous est épargné et la nuance n’existe pas dans ce roman. Mais ces maladresses sont peut-être voulues. Elles sont, à mon avis, une forme d’ironie dont le but est de renverser et de démantibuler le schéma narratif.  Si tel était son but, il a parfaitement réussi !

« Sanglots la nuit » est un « GRAND ROMAN » pour Wukaki

couv GERARD.jpgSanglots la nuit d’Olivier Gérard, quelque chose de Dabit ou Mc Orlan

 Une force d’écriture, un style incisif et rude, un regard lumineux et sans concession

An impressive style, an implacable story, a harsh look on our society

 Un grand roman d’Olivier Gérard, un style qui vous prend aux tripes. Une histoire d’hommes, une histoire dure, de notre temps.

Perpignan, plus exactement le vieux Perpignan, ce centre-ville en déshérence, ses commerces disparus, son cadre dégradé, ses toxicomanes, ses gens perdus vivant en marge de la société. Heureusement il existe des endroits, des hommes dévoués pour leur tendre la main, pour essayer de leur apporter un peu de chaleur humaine, un peu d’empathie, Abram est l’un d’entre eux. Artiste peintre, il est sous le coup d’une dénonciation calomnieuse. Grâce à un commissaire de Police, il a trouvé cet emploi et un toit pour sa famille, Manassa sa fille et Marthe sa compagne, une couturière douée qui va voir réaliser son rêve : devenir styliste.

Abram, un soir rencontre une ombre qui finit par devenir un individu, Asso, un franco israélien qui est revenu sur les lieux de son passé après avoir été accusé d’être l’auteur d’un attentat meurtrier en Palestine. Les deux hommes sont attirés l’un vers l’autre, un vrai coup de foudre réciproque qui ne durera que peu de temps. Chacun des deux hommes repartira vers son destin, mais marqué à jamais par cette rencontre.
Abram, repart vers son univers : son local, ses toxicomanes, mais refuse de suivre Marthe quand elle part pour progresser professionnellement. Ayant perdu sa famille, il part à la recherche d’Asso.

Ce dernier, par étapes, en se cachant, arrive en Israël pour retrouver sa femme et son fils. Mais ce qu’il trouve sur place est loin d’être à la hauteur de ses espèrances. Il ne lui reste plus qu’à fuir.

Sanglots la nuit est un roman d’une grande violence, un cri poussé contre l’injustice, contre les injustices, contre les « abus », le pouvoir des « puissants » sur les plus faibles, contre les manipulations dont sont victimes ces derniers. C’est aussi un vrai pamphlet contre les agissements des extrémistes religieux juifs contre les Palestiniens et la passivité des forces de l’ordre face à ces exactions. De fait Olivier Gérard nous montre un univers glauque, dur, violent où seuls l’amour, l’empathie peuvent, peut-être, sauver certains individus, alors que certains sont irrémédiablement « perdus ».

Ce roman d’ Olivier Gérard n’est pas sans faire penser à des œuvres écrites par Dabit ou par MacOrlan, même univers, même écriture, même lueur d’optimisme dans un univers noir, voire glauque. S’il n’y a aucune naïveté, il n’y a aucun pathos. Mais des faits, des faits bruts, ils sont et c’est tout, ils se suffisent par eux-mêmes, ils sont le résultat d’enchaînements venant d’un passé plus ou moins proche sur lequel les protagonistes n’ont aucun pouvoir. Ils sont broyés par eux sans vraiment avoir la possibilité tout au plus de fuir. Seule une rencontre peut leur permettre de construire leur destin. Une vision pessimiste du réel pour certains, réalistes pour d’autres.

Emile Cougut


Sanglots la nuit
Olivier Gérard

éditions Auteurs d’Aujourd’hui.21€

« Sanglots la nuit », Deux hommes s’aiment en butte aux fanatismes

couv GERARD.jpgNouveauté hiver 2017 

Après le succès de Te retourne pas, Handala !

préfacé par Jean-Claude Carrière,

Sanglots la nuit

Le nouveau roman d’Olivier GERARD

Attachée de presse : guilaine_depis@yahoo.com 06 84 36 31 85

Le livre : « Sanglots la nuit » peut aussi bien être lu seul que dans le prolongement du précédent roman d’Olivier GERARD « Te retourne pas, Handala ! » que Jean-Claude Carrière qualifie de « livre ardent ».

S’il s’agit d’une histoire d’amour entre deux hommes à laquelle le drame du Moyen-Orient sert de décor, l’auteur aborde une nouvelle fois un sujet épineux avec sa plume incandescente, à la brutalité subtile, à la violence délicate. Du vif-argent dans les veines, Olivier GERARD a une écriture aussi rapide que précise qui pulvérise les clichés, les tabous et le politiquement correct.

Courageuse et toute en nerfs, son œuvre allie la spontanéité des plus grands stylistes à la maturité des écrivains portraitistes de leur époque.

Témoin de situations aberrantes qui éveillent et indignent sa conscience politique et humaine, son cœur tressaille face aux injustices.

Mais la richesse de ce livre qui se lit comme on regarde un film – n’oublions pas que l’auteur est d’abord connu comme cinéaste – tient dans le travail considérable qu’il effectue sur la langue pour être toujours au plus vrai de ses personnages, qui sont spécialement attachants. Un roman étonnamment tendre et proche de nous.

 

Foto Marcello holanda Portait O -1 rec copie.jpgL’auteur : Olivier GERARD : Assistant réalisateur, il collabore avec les plus prestigieux metteurs en scène de sa génération : Orson WELLES, Louis MALLE, Philippe de BROCA, Peter YATES, Jacques DERAY, Jean-Paul RAPPENEAU. Il est coréalisateur de Robert MAZOYER dans ses séries de télévision à succès, Les Gens de Mogador, Au Plaisir de Dieu, Les Poneys Sauvages.

Devenu réalisateur, il tourne pour la télévision plus de quarante émissions, obtenant pour ses films la participation d’actrices mythiques tel que l’anglaise Claire Bloom (Limelight de Chaplin) ou la japonaise Yoko Shimada (Shogun).

         Le cinéma et la télévision en font un voyageur. À l’occasion des tournages, il explore le Nordeste du Brésil, vit un an au Japon dans un sanctuaire Zen, suit une expédition scientifique à Djibouti dans le Golfe de Tadjura sur les traces de Rimbaud. Il parle une demi-douzaine de langues.

         Comme scénariste il obtient deux fois l’avance sur recette du Centre National de la Cinématographie, sans toutefois parvenir à concrétiser ses projets.

         Soucieux d’une approche plus immédiate de la création, il entreprend une carrière romanesque :

Assieds-toi et pleure !, roman d’aventure au Sénégal. 

La Meute de la Lune (Editions Nicolas Junod, Genève),  ou les tribulations d’un adolescent frappé d’amnésie au cœur du monde aborigène en Australie.

Prions pour la Mort (édité chez Bernard Pascuito, puis en poche chez Lokomodo-Asgard), thriller : la traque par les géants de la pharmacie de l’inventeur indépendant d’une molécule qui refuse de la leur vendre

Te retourne pas, Handala !(Editions Kyklos) :  thriller sociopolitique, un homme est happé par la tourmente du conflit Israélo-Palestinien.

Des Sanglots La Nuit est son cinquième roman.

         Olivier GÉRARD : série d’interviews sur son parcours cinématographique par le journaliste de cinéma PhilippeLOMBARD.

http://www.devildead.com/histoiresdetournages/index.php?idart=184,185, 186,187,188,189