Christian Mégrelis comme contributeur de Forbes magazine

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Place de la Russie dans le monde et rôle de la France

La Russie, puissance mondiale en 1990 sous le nom d’URSS, est devenue une puissance moyenne. Il est loin le temps où chaque discours du Premier Secrétaire de l’URSS était décrypté par une armée de « soviétologues » américains.

Peut-on pour autant dire que la Russie ne compte plus ?

Sur le plan économique, la Russie n’a jamais été une puissance globale. La fuite des capitaux qui a succédé à la privatisation et l’absence d’investissements étrangers en ont fait une économie secondaire.  Son industrie de défense n’est que l’ombre de ce qu’elle a été. Mais ses ressources en gaz   et le marché vital qu’elle représente pour les exportations allemandes l’ont établi comme puissance européenne qui compte.

Demain, lorsque les chinois auront achevé leur implantation dans l’Arctique et que le gaz russe alimentera leur industrie, elle deviendra une super Afrique ou une super Australie pour l’Empire du Milieu.

Alors, la seule puissance européenne ayant une façade Pacifique aura définitivement renoncé à son destin géopolitique. La bonne nouvelle, c’est que le jour où les fusées chinoises et américaines seront lancées, elles passeront au-dessus de la Russie sans la viser.

La France, autre puissance moyenne, moins gâtée par la nature, a vécu ce déclassement après la décolonisation. Sa relation avec la Russie a connu des hauts et des bas. L’Alliance franco-russe de 1894, qui s’est dissoute dans la tragédie de 1917 a été un grand moment avec le démarrage de l’industrialisation de l’Empire russe par les entreprises françaises. Entre 1888 et 1913, 30% de l’épargne française a été investie en Russie. Transsibérien, mines, textile, métallurgie, architecture, banques : toute l’industrie française s’était donné rendez-vous sur les bords de la Neva. On connait la suite et on comprend les hésitations des français à revenir en Russie !

Peu de firmes du CAC 40 ont connu des succès en Russie, et aujourd’hui ce pays n’intéresse pas la France. Avec des échanges qui se situent autour de 2% du total de nos importations, essentiellement du gaz, et une balance commerciale structurellement déséquilibrée (exportations principales produits pharmaceutique et pièces d’aéronautique),  Russie et France comptent peu l’une sur l’autre- sauf que le gaz naturel est un produit hautement politique. Les succès d’Auchan, de Vinci et de Renault ont été des cas isolés.  Quelques tentatives récentes pour redresser la barre relèvent du gadget. Si la France est le premier employeur étranger en Russie, elle le doit  à Auchan qui collectionne les hyper marchés (238 mais en baisse).

Mais de là à prendre les Russes de haut, il y a un pas qu’il n’aurait pas fallu franchir. Des incidents comme la première rencontre en face à face entre Sarkozy et Poutine ou la visite de Hollande à un Castro en fin de vie le jour du 70ème anniversaire de la victoire de l’URSS sur Hitler, ont véhiculé des messages méprisants que les Russes ont mal digéré.

Et pourtant il manque peu de chose pour recoudre les liens entre nos deux pays.  Ce n’est ni politique ni économique. C’est de l’ordre de la psychologie collective : le respect. Les russes ont toujours respecté et souvent  admiré la France, même aux pires épisodes napoléoniens ou pendant la guerre de Crimée. Les français, de leur côté, n’ont jamais fait beaucoup de cas de la Russie en dehors de la période de l’Alliance Franco-russe.

Christian Mégrelis 28/10/21

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