Figures du féminin
Catherine Chalier
Réédition augmentée.
Office 19/10/2006
L’œuvre de Levinas trouve son orientation par excellence dans la pensée de l’autre. Mais comment parler de l’autre puisqu’on risque aussitôt de l’enfermer dans un savoir qui le nie comme tel ? La seule parole légitime et vivante, parole qui veille sur l’altérité sans se l’approprier, ne serait-elle pas la réponse consentie à son appel ? Parole qui, sans énoncer un savoir, ouvre un espace de proximité entre l’un(e) et l’autre. Le philosophe ne s’en tient pourtant pas à cette sage et impossible réserve et, sous sa plume, les vocables de « femme », de « féminin », d’« aimée » ou encore de « maternité », au regard de ceux de « virilité » ou de « paternité » viennent à la fois donner à la différence sexuelle une réalité incontournable et faire entendre un discours sur l’autre féminin qui souffre questionnement. Ce livre interroge donc l’ensemble des métaphores et des figures du féminin dans la philosophie de Levinas en se demandant ce qu’elles font entendre des idées que le sujet masculin qui les énonce se fait des femmes. Ces idées transgressent-elles l’interdit de la thématisation de l’autre dans un sens qui, de fait, reconduit le privilège du masculin, privilège intime à la philosophie, surtout quand elle le méconnait ? Ou bien veillent-elles sur la trace d’une différence originaire qui, à temps et à contretemps, surprend la parole pour l’empêcher de succomber trop vite à la tentation de se faire concept affirmatif (le Dit) ?
L’essai préparé pour cette nouvelle édition, L’extase du temps, analyse comment, dans les premiers textes de Levinas, c’est la rencontre de la femme qui rend possible la sortie hors de la neutralité angoissante (l’il y a) et de la solitude. Eros, dit le philosophe, permet l’extase du temps et, par là, le pressentiment d’un espoir.
Catherine Chalier enseigne la philosophie à l’université de Paris-X-Nanterre. Elle a publié plusieurs ouvrages qui explorent le lien entre la philosophie et la source hébraïque de la pensée.