2 romans de Kathya de Brinon aux éditions Maïa (par Jean-Jacques Bretou)
La femme aux cicatrices, Survivante de l’inceste, Kathya de Brinon, Éditions Maïa, 2019, 315 pages, 24 €
Deux livres pour pousser un cri, deux livres pour appeler au secours contre l’inceste et la pédocriminalité. Et un lourd réquisitoire prononcé par l’auteure qui témoigne de plus de 60 ans de souffrance après son viol par l’un de ses grands-pères à l’âge de 9 ans.
Kathya de Brinon a attendu longtemps mais sa parole n’en est que plus forte pour parler de son enfance définitivement gâchée et de sa vie d’adulte morcelée le 15 août 1948. Pour porter l’éclairage le plus juste sur les dégâts causés par ce traumatisme initial elle a pris son courage à deux mains et sa rage aidant a écrit sa biographie.
Née le 10 août 1948 dans une famille où « l’amour n’existait pas », sauf du côté de ses grands-parents paternels. Une famille catholique, bien-pensante, apparemment normale, vivant au Raincy, près de Paris, où la mère détestait pas sa fille cependant. Elle va découvrir bien avant sa communion solennelle, à 9 ans, la double face de « pépé Henri ». Le bonhomme, son grand-père paternel, va l’attirer dans les buissons de la propriété du Raincy. Il commencera par des attouchements sur « sa petite femme », avant de la violer et de la prostituer dans un hôtel louche. Kathya à cette époque est condamnée au mutisme, en échange on lui donne des billets, l’argent de la prostitution, et l’on profère des menaces à l’encontre de ses grands-parents paternels qu’elle aime tant ! Ses résultats scolaires s’en ressentent, sa croissance aussi, elle passe de l’anorexie à la boulimie. Malgré tout, même privée de parole elle va réussir en dehors du cursus conventionnel ses études. À l’heure où les filles rencontrent des garçons, ayant perdu tous repères, tout discernement, elle se jette dans les bras des hommes les plus dangereux qui se révèlent être des violeurs. Elle vivra alors les affres de l’avortement qui même après la Loi Veil restent une épreuve traumatisante. Elle en viendra, tant le remord est grand, à prénommer l’enfant qui n’a pas vu le jour, elle vivra avec « Alexandre », un fantôme. Puis, refusant de connaître à nouveau l’interruption de grossesse elle aura enfin un petit plein de vie mais sans père, Mickaël, le frère de l’enfant « mort » Alexandre. Et puis un jour, après des essais de psychothérapie, elle rencontrera un homme qui l’aime. On croit que tout va alors s’éclairer, devenir beau mais les cicatrices sont là, elle multiplie les tentatives de suicide, jamais elle ne connaîtra l’orgasme, elle vivra de terribles crises d’amnésie. Kathya ne semble pas faite pour le bonheur, il lui faut cependant vivre pour enfin trouver cette parole libératrice et pouvoir venir en aide à ses sœurs et ses frères qui ont connu le même problème. Kathya expose sa vie pour se battre contre la pédocriminalité.
Jean-Jacques Bretou
Après des études de Droit et de Psychologie, Kathya de Brinon a étudié le journalisme. Elle enseignera pendant plusieurs années avant de trouver sa voie dans la presse professionnelle lorsqu’elle sera nommée rédactrice en chef d’une revue spécialisée en électronique. Puis elle créera sa Société d’édition afin de lancer la première revue bilangue dans ce domaine.