Le magazine GRAZIA met à l’honneur la Gymnosophe Anne Bouillon

Gymnosophie : qu’est-ce cette nouvelle pratique qui allie gym et philo (oui, oui)

Si vous hésitiez encore entre philosopher avec Nietzsche – et ses compères- et une séance de gym pour faire un sort à votre nouveau tapis, ce n’est plus la peine de choisir, la « gymnosophie » est la pratique qu’il vous faut.

Le confinement c’est dur… Sur les réseaux sociaux c’est pire. On ne compte plus les initiatives farfelues censées nous divertir et nous maintenir en forme. J’ai, comme beaucoup d’entre-nous, passé des heures à scroller sur Instagram et sur Facebook. J’ai fini par atterrir sur la page « la gymnosophe » créée par une certaine Anne Bouillon. Cette trentenaire au physique de Betty Boop (en blonde) a décidé de lier ses deux passions, la philosophie et le yoga pour en faire une activité rémunératrice, autrement dit, son métier.

Gymnosophie, la discipline qui allie travail du corps et de l’esprit

« Le yoga ne se limite pas à la pratique des postures (les asanas) mais il englobe aussi la philosophie de la connaissance (sâmkhya), sa base théorique« , affirme t-elle. Ce nouveau concept tout droit sortie de la cuisse d’Anne Bouillon était en fait plutôt sortie de celle de Jupiter (ou de ses contemporains ) si l’on en croit la page Wikipédia datant cette pratique et cette philosophie de vie au II ap J-C.

Je n’y connais rien en yoga. Je n’avais donc rien à perdre à tester ce qui paraissait sur le papier une initiative originale. Je me suis donc rapidement rendue sur la page Facebook à l’heure indiquée pour un cours en live. La jeune femme accueille ses élèves, assise en tailleur, un livre à la main pour citer Nietzsche.

Son chien apparaît à l’écran à maintes reprises, il vient se placer devant la caméra et détourne en grande partie mon attention. Après quelques tentatives, mon corps me signale qu’il y a encore du travail a effectué pour être une yogi digne de ce nom.

Gymnosophie : comment se passent les cours ?

Je décide après coup d’aller à la rencontre (virtuelle) de celle qui a remis au goût du jour une pratique vieille de plus de 2000 ans.

Grazia : quels sont les philosophes que vous citez dans vos cours et pourquoi ces choix particuliers ?

Anne Bouillon : les philosophes que je cite m’apportent des idées et inspirations pour répondre à des questions qui m’ont été posée ou bien pour suivre une problématique générale. Le thème de réflexion n’a pas tellement d’importance, c’est surtout l’occasion d’apprendre des choses, et les questions des participants fusent d’elles-mêmes et c’est toujours inattendu et passionnant. Par exemple, pendant mes cours en live axé sur le confinement, thème qui s’imposait de lui-même, j’ai lu Le Livre rouge de Jung, qui m’a semblé répondre parfaitement aux questionnements que suscitent la solitude, le retour en soi-même, la traversée du désert et sans nul doute, la peur.

Tout type de yoga comporte sa part de spiritualité. Votre spécificité est d’y ajouter de la philosophie. Comment construisez-vous vos cours ?

Si on revient à ce qu’est intrinsèquement le yoga, on s’aperçoit que la philosophie n’en a jamais été séparée, sauf peut-être à notre époque où le yoga des réseaux sociaux paraît en partie dévoyé en un nouveau culte du corps. Lire, apprendre, comprendre, sont indissociables du yoga. Si on en néglige cet aspect, on ne fait pas vraiment de yoga.

Quel est votre parcours et quel a été le déclic ? À quel moment de votre vie le yoga a fait son entrée ?

Ma préhistoire, gymnaste. Mon histoire : docteur en philosophie. Mon présent et mon avenir : gymnosophe. Pendant mes études de philosophie, j’ai été frappée par une incohérence : tout ce qu’on apprenait visait selon moi une pratique, un art, une technique, mais jamais on ne nous suggérait de faire l’expérience du vécu vivant de la pratique, du « gai savoir » (union de la pensée et de la vie) nietzschéen que l’on mettait par ailleurs en avant. Montaigne reprend à Socrate l’idée devenue un poncif selon laquelle « philosopher, c’est apprendre à mourir« , alors quoi, apprenons donc concrètement à mourir au lieu de causer et gribouiller de mauvaises pages !

Je me suis mise un par hasard au yoga en voulant me challenger au Bikram yoga (une série de 26 postures par 40 dégrés), et ça a été une révélation. Tout m’a toujours semblé trop lent, je vais très vite, très vite, toujours trop vite : il me fallait donc apprendre à maîtriser ma vitesse, mon rythme, mon intensité et le yoga était parfait pour cela. Apprendre à ralentir. Plutôt qu’une révélation, le yoga a été une réminiscence, car je me suis alors souvenue que ma mère m’avait initiée à quelques postures de yoga et aux spiritualités indiennes et orientales quand j’étais enfant, toute une part de moi-même que j’avais oublié dans le rationalisme sceptique. C’est aussi ma mère qui me lisait les grands mythes grecs avant que je m’endorme.

Qui sont vos élèves ?

Mes élèves sont tous singuliers, et c’est vraiment ça qui est formidable. Ils vivent et incarnent postures et pensées à leur propre manière et me surprennent toujours. Je travaille avec des enfants, des hommes et des femmes de tous les âges, genres et appartenance sociale et culturelle. Je suis si heureuse qu’ils puissent s’inspirer de mes cours dans leur vie. Leur point commun, c’est qu’ils sont tous plus doués, intelligents et beaux que moi !

Lors de vos cours en live, on aperçoit votre chien à maintes reprises, cela apporte quelque chose de familier. Est-ce comme ça que vous envisagez la discipline (avec un côté humain et personnel) ?

Je considère que les animaux sont des personnes comme vous et moi. Alors, comme par la force des choses, les cours en live du confinement ont lieu dans mon salon, je laisse mon chien Clotaire et ma chatte Sidonie participer librement. Je n’ai même pas songé à leur interdire l’accès à la pièce où je travaille. Pourquoi les priver de participer ? L’important, c’est ce lien inconscient, cet état de conscience caché dans la zone intime du cœur (qui s’appelle en sanskrit turiya) et qui nous met tous, plantes, animaux, animaux-humains, au diapason. C’est ainsi que l’on peut trouver dans notre propre singularité la part universelle qui nous relie tous.

Débutant tous les jours de 16h45 à 17h45

Tous niveaux, tous les jours de 18h à 19h

Tarifs :

10 euros le cours

75 euros la carte (10 cours).

lagymnosophe.com

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