Théâtre/Critique. « Camille, Camille, Camille » Une Pièce bouleversante de Sophie Jabès au Lucernaire
13 octobre 2014 | Par Dashiell Donello
Quand Camille Claudel devient le sujet de son oeuvre
Camille, Camille, Camille, de Sophie Jabès nous conte par trois fois, le rêve de vie de Camille Claudel devenu un impossible cauchemar qui finira dans le carré des fous. Camille moribonde à l’écoute des voix du passé, Camille aux portes de l’internement et Camille élève surdouée du sculpteur Auguste Rodin.
La scénographie (Élodie Monet) évoque trois époques de la vie de Camille Claudel. La chambre d’hôpital où elle est internée, l’isolement figuré par un sol en bois sorte d’île de la solitude, et les accessoires de son ordinaire de vie que l’on retrouve dans ses sculptures.
« J’ai voulu que renaisse sur scène celle que l’on a cherché à museler, celle qui réclamait « la liberté à grand cri », liberté de créer, de sculpter, d’exister et poser la question de la place de l’artiste femme dans la société, aujourd’hui. La musique et l’univers sonore évoquent les tourments et névroses de Camille Claudel : miroir de toutes ses passions et inspirations : l’amour pour Rodin, l’amitié et la complicité artistique avec Claude Debussy, le Japon… » Nous dit Marie Montegani dans ces notes d’intention de mise en scène.
L’idée centrale de la mise en scène fait sens en liant la vie et l’oeuvre de Camille Claudel. C’est une belle réussite ; tout comme l’intelligence du monologue à trois voix qui devient Les causeuses, mais aussi La Vague qui l’emportera, la voix intérieure de La petite châtelaine, Clotho symbole du temps de sa vie ; mais aussi Le cri d’Edvar Munch masque d’effroi et de souffrance de Camille. Les comédiennes Vanessa Fonte, Nathalie Boutefeu, Clémentine Yelnik, et Geneviève Dang, sont impeccablement dirigées par Marie Montegani dans cette pièce qui nous a bouleversés.