Je recopie le début des 4 pages de l’enquête « Les chiffres des lettres » par Hélène Riffaudeau parue le 27 septembre 2012 dans le supplément télé du Nouvel Observateur – un article qui commence ( ! ) en évoquant mes ruses de Sioux ( ! ) pour défendre le premier roman d’Olivier Javal : « « Il faudrait un miracle« , soupire Guilaine Depis. Pour le provoquer, elle glisse des trèfles à quatre feuilles dans les envois qu’elle adresse aux journalistes, écrit sur les enveloppes en diverses couleurs, leur calligraphie de jolies cartes postales. Guilaine Depis exerce un drôle de métier : attachée de presse dans l’édition. Et le miracle en question, ce serait que l’auteur d’un premier roman, qu’elle est censée promouvoir en cette rentrée littéraire, soit un jour reçu sur un plateau de télévision… Autant dire que celui-ci a encore moins de chances de se produire qu’un hypothétique retour du Messie sur terre. (…)« |
Mois : septembre 2012
Argoul compare Olivier Javal à… Stendhal !
Olivier Javal, Clown blanc, nez rouge
Premier roman, éditeur inconnu, mais belle prose. Ce qu’on peut dire en premier du livre est qu’il est bien écrit, Stendhal au XXIème siècle. Ce qu’on peut ajouter est qu’il s’agit d’un roman de la transmission. La quête est celle de quoi léguer : qu’a-t-on reçu à la naissance ? Puis au cours de son éducation ? Comment transmettre à son fils ou sa fille ce dont nous ne sommes que dépositaire (les gènes, les dysfonctions héréditaires) et ce que nous avons adopté (la religion, la culture) ?
Le personnage qui dit « je », Jacques, se découvre Jacob, prénom du grand-père donné à son petit-fils. Il a de temps à autre l’impression d’être très intelligent, nettement supérieur aux autres, puis sombre dans l’abattement et se cache, en proie au doute, au soupçon. Juif et fou, est-ce héréditaire ? Il se pose la question à propos de son fils, Julien, magnifique gamin adoré de ses parents et dont il trace le portrait, au milieu du livre comme au milieu du monde : « Un beau garçon, grand, blond, les cheveux légèrement frisés, les yeux vert noisette. Il était fin et intelligent » p.107. Il a alors juste dix ans.
Mais Julien, six ans plus tard, manifeste la même exaltation suivie de dépression que son père. En pire. La psychose paranoïaque, syndrome maniaco-dépressif appelé aujourd’hui trouble bipolaire est-elle une maladie juive ? Elle se transmet par l’hérédité, comme l’appartenance au peuple Élu. Le narrateur est troublé, écartelé entre sa vie quotidienne – « normale » – et son appartenance intime – « extra » ordinaire. Il trouble le lecteur non juif par cette obsession d’appartenir. Après tous les mélanges ethniques, durant des siècles, après l’assimilation citoyenne sous Napoléon, quelle importance cela a-t-il de se croire « juif » quand on ne croit pas en Dieu ? Ce père intégré, laïc, matheux, qui réussit sa carrière et aime son fils, semble se faire son cinéma : on ne naît pas juif, on le devient. « A me vouloir non-juif, on m’avait fait juif, dans le sens où ma seule interrogation sur ma judéité me faisait juif » p.83. Tordu : les Corses, les Basques ou les Bretons ont-ils de ces interrogations métaphysiques ? Est-ce un péché originel de naître “juif” ?
C’est là où intervient le trouble bipolaire. Concilier les inconciliables entre la laïcité « normale » de tous les jours et l’identité héréditaire fantasmée, n’est-ce pas une double contrainte qui aboutit aux bouffées délirantes ? Clown blanc, clown rouge : petit garçon il jouait alternativement les deux au retour du cirque, comme s’il se dédoublait. D’où le titre du roman, face blanche et nez rouge, apparence « normale » et hérédité juive maniaco-dépressive. Comment se guérir, puisque toute guérison passe par l’acceptation de ce qu’on est et que cette acceptation paraît problématique ? Pourquoi l’est-elle ? Est-ce le regard des autres ? Pour transmettre, il faut accepter de recevoir – le contraire de ce que prônait la révolution de mai 68, faussement libératrice, que l’auteur et son personnage ont testée. « Je pensais de plus en plus que l’on devait assumer la transmission de ce que l’on avait reçu, qu’elle soit positive ou négative » p.146. C’est le cas de Mary, sa première femme, la mère de Julien. Elle découvre son grand-père communiste et son père collabo. Elle en est obsédée.
La quête un peu sadomasochiste du narrateur va consister à sauver son fils, atteint des mêmes maux, par le sacrifice de soi. La crucifixion à l’envers pour cause de péché originel, le meurtre du père freudien, l’obéissance au destin (autre nom de Dieu chez l’auteur ?) qui est de s’effacer pour que renaisse le gamin. Pour survivre, il est nécessaire de créer. « Les contradictions sont le germe de la création » p.126. Être père est une création, écrire un roman aussi, peut-être même bâtir sa vie (ce que disait l’existentialisme). « Une grande partie de l’art est un partage de la souffrance » p.136. L’auteur est décrit en poulpe « qui parle beaucoup, fait des nœuds avec ses multiples pattes, et sourit avec un charme infini » p.126.
Le charme est bel et bien ce qui subsiste, une fois la dernière page tournée. Paris, Paramé ; Venise, Louxor. Quels que soient les lieux, même magiques, « la vie nous apprend à dominer nos souffrances pour ne pas qu’elles nous tuent une deuxième fois » p.236. Ce mantra revient trois fois dans le livre, les trois coups du destin – assumé.
Olivier Javal, Clown blanc, nez rouge, juin 2012, éditions Kirographaires, ISBN 978-2-8225-0282-5, 236 pages, €18.95 (pas encore référencé sur Amazon)
Olivier Javal est un pseudonyme. L’auteur, prudent sur les réactions sociales (il a raison), est docteur-chercheur en informatique, où il a longuement œuvré. Comme beaucoup, écœuré par le système, il s’est reconverti dans la médiation familiale et le droit. Dans ce premier roman, il parle de lui (polytechnicien, juif, bipolaire) mais au travers du prisme littéraire.
Les petits éditeurs ne sont pas toujours professionnels. Il subsiste des incohérences ou des coquilles dans ce premier roman. Liste non exhaustive pour une seconde édition :
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p.25-26 sommes-nous à Florence ou à Venise ?
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p.55 « …même Yvette NE prononce plus son nom… »
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p.72 et passim : poncif d’époque qui consiste à « échanger » avec quelqu’un sans préciser jamais quoi. On n’échange pas en soi, mais quelque chose : des fluides, des idées, un cadeau.
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p.178 « l’enterrement de MON père » : n’est-il pas aussi celui de Nicolas, frère du narrateur, auquel celui-ci s’adresse ?
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L’orthographe du fastfoodeur McDonald’s n’a rien à voir avec celle du maréchal d’empire Mac Donald, qui a un boulevard à Paris. Lieutenant-colonel s’écrit sans majuscules et avec trait d’union.
Si vous voulez mesurer la fatuité intello-bobo du médiatique à la mode, ne manquez surtout pas l’article de Libération : il ne porte surtout pas sur le livre mais sur le buzz médiatique d’une attachée de presse assez rusée pour faire mouche ! La bêtise de la mode… Flaubert en aurait fait tout un livre trempé dans l’acide.
Michèle Venard lit «À Voix Haute et Nue» ©
Michèle Venard se consacre au théâtre depuis l’âge de 16 ans.
Comédienne notamment, avec Roger Planchon ou Daniel Mesgich, elle poursuit des études de Lettres et de Philosophie jusqu’à l’obtention d’un doctorat sous la direction de Georges Couton (1978), et d’un diplôme d’arabe classique.
Sa double formation intellectuelle et pratique associée à un développement personnel la conduit à mettre en scène avec succès (cf. 100 pages du dossier de la presse nationale et européenne, dont Le Monde dès le premier spectacle sur Kafka avec Christian Fischer) une quinzaine de spectacles théâtraux et musicaux à Paris, (Centre Pompidou); en banlieue; à Bourges (Atn); à Malaga (Festival International) entreprenant avec des acteurs, des auteurs, des compositeurs, un éclairagiste, un travail artistique suivi.
L’un de ses spectacles De Sade, Juliette a fait l’objet d’une publication à l’Avant-Scène, d’un reportage diffusé au Journal de 20 h sur A2, un autre, Les 36 preuves de l’existence du Diable d’une invitation par Laure Adler au Cercle de Minuit (1996).
Ubu Enchaîné de Jarry, création pour laquelle la Compagnie de Michèle Venard En Perce Théâtre a salarié 35 personnes intégrait aussi des populations défavorisées. Un film commercialisé Permis de Passages en témoigne.
Michèle Venard a construit des émissions pour France-Culture dont le Cycle Présence Théâtrale de Jean Gillibert avec 8 heures d’émissions diffusées en février 2005. De cet homme de théâtre complet- acteur metteur en scène- adaptateur- auteur de plusieurs ouvrages sur le théâtre et l’art de ‘l’acteur et d’une trentaine de pièces-, elle a monté trois pièces et organisé plusieurs lectures de cette œuvre théâtrale complexe et flamboyante («le rêve d’une pensée»)
Michèle Venard a écrit deux livres d’histoire du théâtre, ainsi que de nombreux articles critiques et de réflexion.
Membre du Jury Capes Arts Plastiques, 3 ans professionnelle associée à l’École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre pour transmettre son art à de jeunes professionnels en formation, elle a été chargée par Robert Abirached du cours d’esthétique théâtrale à l’Université de Paris X.
Après un grave accident, elle crée et anime depuis 10 saisons, d’une manière indépendante, l’Atelier Permanent de Lectures et d’Écoute « À Voix Haute et Nue » © et active, dans ce cadre, des lectures de Nouvelles et textes brefs de grands auteurs très, peu, ou mal connus de la littérature mondiale, (Patricia Highsmith; Guy de Maupassant; Marguerite Yourcenar; Franz Kafka; André Hardellet; Gaston Bachelard; Paul Claudel; Léon Bloy; Bruno Schultz; Georges Bernanos; Dominique de Roux; Henry de Montherlant; Jean-Marie Turpin; Yukio Mishima; Edgar Poe; Auguste Villiers de l’Isle Adam; Anton Tchekhov ; James Joyce; Henri Michaux; Witold Gombrowicz; Stendhal; Henry James; Paul Verlaine; Jean Gillibert; Virginia Woolf; Stefan Zweig; Hans Christian Andersen; Luigi Pirandello; Alberto Moravia; Ernest Hemingway; Joseph Conrad; David-Herbert Lawrence; Herman Melville; Pierre Boudot; Knut Hamsun; William Faulkner; Pär Lagerkvist; Elsa Morante; Michel Tournier; Benjamin Péret; Julien Green; Jorge-Luis Borges; Tanizaki Junichiro; Ivo Andric; Joseph Kessel; Paul Morand; Yasunari Kawabata; Vassili Grossman; Jean Giono; Ambrose Bierce, Karen Blixen; Rainer-Maria Rilke; Julien Gracq; Jack London; Charles Baudelaire; Charles Dickens; Blaise Cendrars ; Pierre Jean Jouve; Fédor Dostoïevski; Mario Vargas Llosa;Oscar Wilde; Ivan Bounine; John Steinbeck; André Gide; Joseph Roth; Djuna Barnes; Arthur Rimbaud; Georges Bernanos; Albert Cossery; Michel Ossorguine; Mikhaïl Boulgakov; Miguel Torga; Scott Fitzgerald …
Le blog de l’artiste Michèle Venard
Contact presse : Guilaine Depis 06 84 36 31 85 / guilaine_depis@yahoo.com