Ma reconnaissance s’adresse aussi à Eli Flory, qui a eu la bienveillante attention de critiquer le nouveau livre d’Antoinette Fouque dans le magazine des Livres de juillet-août 2007 : « La pensée postféministe ». Seule correction d’importance : Antoinette Fouque incarne la tendance différentialiste (et non essentialiste) du féminisme.
La pensée postféministe
Le 26 août 1970, date du cinquantième anniversaire du vote des femmes aux Etats-Unis, un groupe d’une dizaine de femmes s’est invité sous l’Arc de Triomphe… Elles veulent déposer sur la tombe du soldat inconnu une gerbe de fleurs ceinte de banderoles qui sonnent comme des slogans : « Un homme sur deux est une femme », « Il y a plus inconnu que le soldat inconnu : sa femme ». Les forces de l’ordre les empêchent d’aller au bout de leur initiative. En juillet, la revue Partisans avait déjà titré : « Libération des femmes : année zéro ». Le Mouvement de Libération des Femmes (MLF) est né.
En désaccord avec Simone de Beauvoir, convaincue qu’on naît femme, Antoinette Fouque incarne la tendance différentialiste du MLF. « Le groupe d’Antoinette » refuse le mot de « féminisme », et va devenir le mouvement de pensée connu sous le nom de « Psychépo » (Psychanalyse et politique). S’y rattachent des psychanalystes, des linguistes, des écrivains, des artistes (Luce Irigaray, Hélène Cixous, entre autres).
Elles s’opposent aux Féministes révolutionnaires qui, dans le sillage tracé par Beauvoir, pensent que « l’ennemi principal » n’est pas la masculinité, mais le patriarcat. Cette mouvance, composée surtout d’historiennes et de sociologues d’inspiration marxiste, comme Monique Wittig, Christine Delphy et Anne Zelensky, se baptiseront « Les Petites Marguerites », en hommage au film de Vera Chytilova. Gravidanza, Féminologie II, recueil de textes, d’interviews, d’articles retrace le parcours d’une femme sur tous les fronts de la pensée postféministe, de l’acte de naissance de sa maison d’édition Des femmes à sa dernière allocution prononcée le 5 avril à la Maison de l’Amérique Latine en faveur de Ségolène Royal. E F
Gravidanza : Féminologie II, Antoinette Fouque, préface d’Alain Touraine, Editions Des femmes, 295 p., 15 E