« Un conte philosophique adapté à notre temps d’incertitudes et de no future » par Jean-Jacques Dayries

Jean-Jacques Dayries, Un être libre

« Est-ce que l’on sait où l’on va ? » demande Diderot. Pas sûr. Évidemment, il y a la nécessité : ses gènes, son milieu, son éducation, les circonstances. Mais le chemin n’est pas tout tracé, il faut parfois choisir les bifurcations qu’il offre, au hasard. La liberté, c’est cela : choisir le hasard en fonction de sa nécessité. Il semble que notre époque aime réfléchir sur ce double de la chance et de l’exigence. Ce n’est pas le premier roman qui l’évoque, et j’en ai chroniqué sur ce blog.

Grégoire est un grand-père entrepreneur, qui a créé une société de mode. Il l’a laissée à son fils pour l’organiser et la développer. Aujourd’hui, c’est son petit-fils Jacques qui le conduit à Lausanne en limousine, une grosse Mercedes noire, comme il se doit. Jacques vient juste de sortir de l’école d’ingénieur et croit que tout est calculable, que la vie est une balance avantages/risques, et que la fatalité des nombres règne en maître sur le vivant. Grégoire, son maître, va corriger Jacques le fataliste, comme Diderot le fit en son temps.

Pour le philosophe, la vie est sans cesse mouvement, l’homme sage la prend comme elle vient, en profite et en tire leçon. Grégoire a fait de cette sagesse la sienne, et la fait partager. A son petit-fils tout d’abord, mais aussi à l’infirmière qui l’accompagne à son centre de soins suisse, Muguette ; puis au professeur de philo, rencontré sur le chemin faisant du stop ; puis à Ursula, son ancienne mannequin finlandaise, qui a pris sa retraite à 75 ans à Uzès ; et enfin aux parents de Charles, directeur d’un hôtel de charme qui lui a été recommandé près de Lyon.

Si le Jacques de Diderot contait ses aventures libertines à son maître, le Jacques de Dayries est de son temps – puritain : il conte ses libertinages, mais entrepreneuriaux, y compris sa rencontre avec Chou En Lai et Mao, il y a longtemps, qui a permis ses premiers succès commerciaux. Grégoire use de la liberté avec joie et fantaisie. Un arrêt ? Une rencontre ? Et hop ! On bifurque. Le chemin tout tracé vers le mouroir de luxe n’est pas pour lui, malgré ses presque 90 ans. Il va même trouver une idée grâce à la belle-mère de Charles, un savoir-faire grâce à Ursula, un nom de marque grâce au prof – et lancer une nouvelle société de mode, terroir et durable !

L’enthousiasme est déraisonnable, la raison ne fait que canaliser et orienter la vitalité qui est en vous. La volonté vers la puissance, disait Nietzsche. Il faut avec courage accepter ce qui est et son destin, amor fati, mais croire au fond de soi que là où la volonté de puissance fait défaut, il y a déclin.

Un conte philosophique adapté à notre temps d’incertitudes et de no future.

(Il y aurait quelques remarques de forme pour une réédition future, notamment éviter les noms en début de ligne comme au théâtre, au profit d’incises telles que « dit Untel », ajouter quelque piment d’aventures au périple autoroutier, et éviter aussi les leçons de morale trop lourdes parfois dans le courant du texte).

Jean-Jacques Dayries, Un être libre – La fatalité revisitée par la liberté, 2024, éditions Regards, 128 pages, €19,90

(mon commentaire est libre, seuls les liens sont sponsorisés Amazon partenaire)

Attachée de presse BALUSTRADE : Guilaine Depis, 06 84 36 31 85 guilaine_depis@yahoo.com

Le coach biographe Jean-Philippe Bozek parle d’échec comme moteur pour rebondir sur Radio Notre Dame

Réécoutez l’émission de Jean-Philippe Bozek, coach biographe d’entrepreneurs sur Radio Notre Dame

https://radionotredame.net/podcasts/RND01/18729

Michel Khoury, entrepreneur, crðateur de contebu, il est suivi par 1 million de followers avec son podcast sur le monde de l’entreprise et le management. Il vient de publier L’échec c’est de l’entraînement : des conseils pour s’épanouir dans son travail (Éd. Flammarion)

Benoit Gautier, journaliste, professeur de sémiologie de l’image et co-auteur du livre L’échec mention très bien (Éd. Eyrolles)

Loane Chavane: psychologue, elle a participé à l’écriture de l’ouvrage cité ci-dessus ainsi qu’ Enzo Colucci créateur du podcast Phénix

Jean-philippe Bozek, consultant expert en en entrepreunariat et coach de dirigeants. 

Charles-Henri d’Elloy sur TVL

Charles-Henri d’Elloy sur TVL

Évoluant dans le milieu politique, auteur de plusieurs livres, d’articles et de tribunes, Charles-Henri d’Elloy a le ton du polémiste et participe en tant que chroniqueur à des émissions de radio depuis 2009. Contributeur du site « Boulevard Voltaire » et membre du « club des Ronchons », il a pour sujets favoris les travers de l’époque, la nostalgie de l’enfance et la défense de causes difficiles qu’il prend à coeur tel un breteur comme Cyrano de Bergerac en s’exclamant: « c’est bien plus beau lorsque c’est intile« .

Le transgenre : une réalité de souffrances pour l’entourage aussi – le témoignage de Malédicte (« Les enfants inutiles ») lu par Wukali

L’ Ardenne (et non les Ardennes, nous sommes en Belgique) peut être un lieu enchanteur quand on a 6 ans comme Éléonore. Elle ne ressemble pas à Diane, sa sœur ainée,  Éléonore est vive, curieuse, adore les mystères de la nature qu’elle s’efforce de découvrir. Et puis, il y a François le petit dernier, le porteur d’un chromosome Y comme se plait à dire la mère. Un grand regret son ancienne maison au-dessus du bureau de poste tenu par son grand-père, mais ils vivent maintenant à la campagne, lieu de toutes les découvertes. Le père est inspecteur de police, la mère institutrice. La mère, passe son temps à faire la sieste et se transforme régulièrement en une sorte de Folcoche1 pour ses filles. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les parents sortent peu et reçoivent encore moins. De fait, une sorte de chappe de silence, de non-dits pèsent sur cette famille. 

Éléonore grandit, connait les premiers émois de l’amour et tandis que Diane s’oriente vers une carrière musicale, elle devient architecte. Et un jour, elle apprend ce que ses parents ont toujours caché à leurs filles : leur père ne s’est jamais ressenti comme un homme, il a toujours pensé être une fille. Mais la pression sociale, son physique l’ont obligé à se cacher, à jouer un rôle qui lui pesait de plus en plus. Leur mère le savait depuis toujours et a tout fait pour qu’il se sente être l’homme qu’elle aimait. Parfois, elle le laissait s’habiller en femme. De fait, Éléonore prend conscience que les trois enfants n’ont été conçus que pour qu’il endosse le rôle de père dans tout le sens masculin du terme. L’obsession du troisième enfant était là que pour montrer au géniteur qu’il portait en lui le fameux chromosome Y, que tout en lui n’était pas que féminin. Et comme les enfants n’ont pas rempli leur mission vis-à-vis de leur père, leur mère les rejette car devenus en quelque sorte « inutiles ».

Il lui aura fallu attendre 40 ans et deux maternités pour qu’ Éléonore puissent répondre aux questionnements de son enfance.

Par ce roman au sujet pour le moins inhabituel, Malédicte aborde le problème du transgenre. Pour une fois, ce n’est pas la personne concernée qui est au centre du récit, mais un membre de la famille, ce qui permet de percevoir les effets dans l’entourage. Que de dysfonctionnements ! Que de vies brisées ! Quel avenir pour des enfants perçus non pour ce qu’ils sont, mais pour ce qu’ils doivent être, pour remplir la mission qui leur a été confiée au moment de leur conception. Il faut une grande personnalité pour arriver à se bâtir.

Un sujet d’actualité qui fait beaucoup, beaucoup parler, mais une réalité pour certains, une réalité de souffrances qui déteint sur leur entourage.