Benjamin Berton a craqué pour Gérald Wittock dans Sun Burns Out : « 1m976 est un roman surprenant qui, à l’image de sa playlist, passe d’Abba au Doors, en passant par les Beach Boys et Elton John »

Amateurs de romans et musiques psychédéliques dingos, bienvenus. On n’aurait pas misé une pièce sur cet autoproclamé « roman pop » signé par un auteur qu’on ne connaissait pas, Gérald Wittock (ancien producteur et coauteur du tube Make Luv de Room 5 qu’on ne résiste pas à l’envie de placer ci-dessous), descendant de Lucien Bonaparte (ma foi) et fondateur du musée des Arts du Livre et de la Reliure (ma foi bis). 1m976 avait tout du roman foireux mais… pas du tout : ce livre de 200 pages et quelques se dévore avec passion, s’écoute aussi (un peu) et affiche un niveau de fantaisie qu’on avait pas croisé depuis la mort de feu Kurt Vonnegut Jr (c’était en 2007) et la retraite du non moins génial Jim Dodge.

Gérald Wittock évolue (ne nous enflammons pas) un cran en dessous de ces deux-là (il faut des décennies de travail pour domestiquer et organiser une imagination débridée) mais nous sert avec cette aventure loufoque et surréaliste de Teddy Murrey, jeune blanc à demi handicapé qui s’aventure dans le monde après la mort soudaine de sa mère avec laquelle il vivait cloîtré depuis sa naissance, une odyssée formidable, pleine de couleurs (pop donc), d’énergie et de trouvailles. Teddy, qui rappelle les héros naïfs des romans de science-fiction des années 50, courageux, sans doute séduisant, mais aussi totalement imbécile, prend l’ascenseur et en descendra à six ou sept reprises pour être projeté (sans logique apparente) dans des univers divergents et opprimants, futuristes et, pour la plupart, qui en feront une victime traquée ou un révolutionnaire malgré lui. Il rencontre une nana dont il s’amourache 1f675 (dans cette séquence, les humains prennent pour nom leur taille précédée d’un F pour les femmes, d’un M pour les hommes, d’où le titre du bouquin) et il croisera à plusieurs reprises dans le roman sous des formes/visages différents. Teddy s’enfuit, est poursuivi/interrogé par la Police, rencontre le président de la République, fait l’amour, participe ensuite à une version télévisée du jeu The Running Man, chasse à l’homme médiatique inventée en son temps par Stephen King et qui avait donné un chouette film avec Paul Michael Glaser en 1987, et on en passe.

On ne va pas reprendre les péripéties du livre une à une mais celles-ci s’enchaînent à un rythme effréné et qui ne lâche jamais son emprise sur nous. Le style de Wittock est allègre, assez soigné et si la structure de l’ouvrage est lâche, incohérente et finalement plus foutraque qu’il ne le faudrait, le traitement ne nuit jamais à la lecture et à l’efficacité d’ensemble. 1m976 fait forte impression et déroule son programme sans se retourner ni se poser de questions existentielles sur sa crédibilité.

On finit par s’attacher aux personnages et à éprouver une vraie tendresse pour le héros malgré lui, ce qui ne fera qu’amplifier l’émotion qu’on ressentira au moment du retournement final (chut). La lecture est égayée par l’incrustation de QR Codes renvoyant vers des vidéos YouTube et clips qui forment une playlist aussi inégale et surprenante que le livre lui-même et qu’on retrouve en fin d’ouvrage. L’irruption de ces vignettes dans le corps de texte agit comme une cerise hallucinogène sur un cake aux champignons et achève d’ouvrir des espaces dans l’espace pour ajouter au vertige du lecteur. Comme dans tout bon roman beat, de Burroughs (Benway) à Will Self (Busner/Mukhti), le mot de la fin appartient à un docteur (Koschnick) qui nous livre les clés du récit. Gérald Wittock retombe sur ses pattes et nous pas tout à fait, mais la science est sauve à défaut d’être saine.

1m976 est un roman surprenant qui, à l’image de sa playlist, passe d’Abba au Doors, en passant par les Beach Boys et Elton John. La folie n’a jamais été un obstacle à la raison.

Amateurs de romans et musiques psychédéliques dingos, bienvenus. On n’aurait pas misé une pièce sur cet autoproclamé « roman pop » signé par un auteur qu’on ne connaissait pas, Gérald Wittock (ancien producteur et coauteur du tube Make Luv de Room 5 qu’on ne résiste pas à l’envie de placer ci-dessous), descendant de Lucien Bonaparte (ma foi) et fondateur du musée des Arts du Livre et de la Reliure (ma foi bis). 1m976 avait tout du roman foireux mais… pas du tout : ce livre de 200 pages et quelques se dévore avec passion, s’écoute aussi (un peu) et affiche un niveau de fantaisie qu’on avait pas croisé depuis la mort de feu Kurt Vonnegut Jr (c’était en 2007) et la retraite du non moins génial Jim Dodge.

Gérald Wittock évolue (ne nous enflammons pas) un cran en dessous de ces deux-là (il faut des décennies de travail pour domestiquer et organiser une imagination débridée) mais nous sert avec cette aventure loufoque et surréaliste de Teddy Murrey, jeune blanc à demi handicapé qui s’aventure dans le monde après la mort soudaine de sa mère avec laquelle il vivait cloîtré depuis sa naissance, une odyssée formidable, pleine de couleurs (pop donc), d’énergie et de trouvailles. Teddy, qui rappelle les héros naïfs des romans de science-fiction des années 50, courageux, sans doute séduisant, mais aussi totalement imbécile, prend l’ascenseur et en descendra à six ou sept reprises pour être projeté (sans logique apparente) dans des univers divergents et opprimants, futuristes et, pour la plupart, qui en feront une victime traquée ou un révolutionnaire malgré lui. Il rencontre une nana dont il s’amourache 1f675 (dans cette séquence, les humains prennent pour nom leur taille précédée d’un F pour les femmes, d’un M pour les hommes, d’où le titre du bouquin) et il croisera à plusieurs reprises dans le roman sous des formes/visages différents. Teddy s’enfuit, est poursuivi/interrogé par la Police, rencontre le président de la République, fait l’amour, participe ensuite à une version télévisée du jeu The Running Man, chasse à l’homme médiatique inventée en son temps par Stephen King et qui avait donné un chouette film avec Paul Michael Glaser en 1987, et on en passe.

On ne va pas reprendre les péripéties du livre une à une mais celles-ci s’enchaînent à un rythme effréné et qui ne lâche jamais son emprise sur nous. Le style de Wittock est allègre, assez soigné et si la structure de l’ouvrage est lâche, incohérente et finalement plus foutraque qu’il ne le faudrait, le traitement ne nuit jamais à la lecture et à l’efficacité d’ensemble. 1m976 fait forte impression et déroule son programme sans se retourner ni se poser de questions existentielles sur sa crédibilité.

On finit par s’attacher aux personnages et à éprouver une vraie tendresse pour le héros malgré lui, ce qui ne fera qu’amplifier l’émotion qu’on ressentira au moment du retournement final (chut). La lecture est égayée par l’incrustation de QR Codes renvoyant vers des vidéos YouTube et clips qui forment une playlist aussi inégale et surprenante que le livre lui-même et qu’on retrouve en fin d’ouvrage. L’irruption de ces vignettes dans le corps de texte agit comme une cerise hallucinogène sur un cake aux champignons et achève d’ouvrir des espaces dans l’espace pour ajouter au vertige du lecteur. Comme dans tout bon roman beat, de Burroughs (Benway) à Will Self (Busner/Mukhti), le mot de la fin appartient à un docteur (Koschnick) qui nous livre les clés du récit. Gérald Wittock retombe sur ses pattes et nous pas tout à fait, mais la science est sauve à défaut d’être saine.

1m976 est un roman surprenant qui, à l’image de sa playlist, passe d’Abba au Doors, en passant par les Beach Boys et Elton John. La folie n’a jamais été un obstacle à la raison.

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