Actualités (NON EXHAUSTIF)

Le Figaro consacre un immense article au livre de Philippe Enquin

De son balcon, ce retraité a photographié la vie confinée dans un Paris désert

Tout au long du printemps, Philippe Enquin avait voulu raconter ces jours hors du temps. Promeneurs, voisins, sans-abri… nul passant n’a échappé à son regard d’artiste.

« Je sais l’art d’évoquer les minutes heureuses » fait dire à l’amant au balcon un Baudelaire attendri par les jeux subtils qui se jouent, juste dans le prolongement de la fenêtre, sur ce promontoire où l’intime et la rue s’entremêlent. Plaisir d’être vu, désir de voir… le balcon est aussi cette cabine de vigie aux avant-postes de la ville d’où chante un impudique Charles Trénet : « pour observer la vie et ses folies, c’est très intéressant de voir des passants ».
Voilà bien une improbable folie de la vie dont le photographe Philippe Enquin s’est fait le conteur muet depuis son poste de guet. Où sont passés les passants ? La rumeur s’est tue, la foule s’est évanouie. Du haut de son balcon parisien du boulevard Voltaire, ce retraité contemple au matin du 17 mars 2020 le jour se lever sur une ville déserte. Le mot n’a pas été clairement prononcé mais déjà il se murmure au bout de toutes les lèvres : la France est confinée.

À la faveur des beaux jours, les Parisiens se ruent aux balcons mendier leur part du printemps qui éclôt au-dehors : comme eux, Philippe Enquin ouvre grand ses portes-fenêtres, et pour tromper l’ennui, saisi par le sentiment qu’il se passe là quelque d’inédit, dégaine son appareil photo pour mitrailler quelques tranches de vie au hasard des boulevards assoupis. Un an plus tard, il présente le fruit de ces shootings improvisés, qui après avoir alimenté son blog sont désormais réunis dans un recueil autoédité* tout à la fois sensible et brouillon, amateur sans doute – mais irrésistiblement touchant.

Alors que nous devisons face à lui du mélange d’émotions et de souvenirs que fait naître l’évocation de ces jours à nul autre pareils, Philippe Enquin trépigne : il nous prend enfin le livre des mains et en tourne lui-même les pages. Chaque image a son histoire. « J’ai d’abord pris en photo ce qui venait, sans projet précis, poussé par les conditions particulières du moment : un temps magnifique, un grand silence, et comme une forme de gravité qui pesait dans tous les esprits. Puis il y a eu cette dame… » Cette dame c’est elle, qui s’avance à pas de loup vers un clochard endormi, et sur la pointe des pieds se penche à son chevet pour déposer près de lui quelques bouteilles d’eau et un paquet de biscuits – puis s’en va comme elle venue, secrètement. « C’était une scène de générosité gratuite, sans face-à-face. Contrairement à la plupart des dons auxquels on assiste, cette dame a fait en sorte que la personne ne se rende compte de rien et ne puisse donc pas la remercier. À ce moment, j’ai compris que depuis mon balcon, il fallait que je raconte des choses. » Cette photo-là bouleverse Philippe Enquin et donne un sens nouveau à ses indiscrétions : désormais, il souhaite narrer les chroniques de cette vie suspendue qui rompt toutes les accoutumances et donne une saveur nouvelle aux allées et venues du quotidien.

« C’était une scène de générosité gratuite ». © Philippe Enquin

Les sans-abri justement, on ne voit d’abord qu’eux : que ne donneraient-ils pas pour être confinés comme tout le monde ! Mais pour ces oubliés de la quarantaine et de l’attestation dérogatoire, la rue, géante et vide, demeure le seul refuge. La désertion des trottoirs les rend seulement un peu moins anonymes que d’ordinaire. « Je ne prends jamais en photo la misère humaine, mais cette fois c’était différent : je suis allé à leur rencontre et je me suis même lié avec certains d’entre eux, alors il fallait que je témoigne en leur nom » explique Philippe Enquin, qui consacre au milieu de son livre un portrait à « Jojo le clown », un drôle d’homme qui a eu mille vies. Né dans une roulotte, abandonné dans un cirque par sa gitane de mère, Jojo a appris à jongler puis… à faire le pain. Mais quand il divorce de la boulangère, il se retrouve à la rue et vit sur un carton pendant vingt ans. « Jojo est un type sensationnel, je le revois souvent ; il m’a aussi présenté son ami, Bébert… » Il parle d’eux avec une tendresse infinie : voisins, promeneurs, personnes de la rue, pas un qu’il n’ait photographié sans du même coup l’apprivoiser. « C’est le paradoxe du confinement : nous étions seuls et enfermés, et pourtant jamais nous ne nous sommes sentis si proches les uns des autres » se prend-il à philosopher.

Jojo le clown. © Philippe Enquin

Et si le destin ne fait pas naître assez vite des amitiés nouvelles, Philippe Enquin n’hésite pas à lui forcer un peu la main. Sans quitter son balcon, le voilà qui arbore son numéro de téléphone sur un immense écriteau brandi à l’intention des occupants des fenêtres d’en face. Les voisins comprennent vite : bientôt il reçoit une pluie de messages et d’appels. Il peut désormais mettre des noms sur les visages de ceux qu’il salue toujours, de loin, par un geste de la main avant de leur tirer le portrait.

Nous lui demandons prudemment s’il a pu lui arriver de se sentir seul, parfois. Il se vexe un peu, raconte ses mille-et-une occupations du confinement : les cours qu’il suit sur le Talmud, les longues visioconférences avec sa famille éparpillée entre la France et l’Argentine… Nous ne pouvons réprimer une réaction surprise : voilà un papy bien à l’aise avec la technologie ! Cette fois, il s’agace pour de bon : « J’ai horreur que l’on dise que je suis un papy ! Cela limite terriblement la personnalité des personnes de mon âge. Bien sûr que je consacre du temps à mes enfants et mes petits-enfants, mais je fais bien d’autres choses, entre mes activités de photographe, mes études, l’écriture de mes livres, les amis que je vais voir… Il y a une citation de Sénèque que j’ai un peu transformée pour en faire ma devise : on n’est vieux que lorsque l’on a remplacé ses projets par de la nostalgie. Et moi, j’ai encore plein de projets. » Dont acte. La discussion reprend.

Sous ses fenêtres se pressent encore les travailleurs de la rue, éboueurs, policiers, ambulanciers… qui poursuivent presque comme si de rien n’était leur manège quotidien. Mais dans leur dos cette fois se glissent des centaines de regards : l’indifférence a fait place à la curiosité. Philippe Enquin ne perd pas une miette de leurs faits et gestes, et leur adresse à travers la lucarne de l’objectif un hommage discret.

Sous ses fenêtres se pressent encore les travailleurs de la rue, éboueurs, policiers, ambulanciers… © Philippe Enquin

Sous son regard amusé passeront encore tant et tant de silhouettes, furtivement. En ces temps-là, le gouvernement explique encore que les masques sont inutiles pour la population : une aubaine, puisque les visages découverts imprimés sur la pellicule du photographe sont autant de témoins souriants de la légèreté des premiers jours de confinement. Comme un long rêve éveillé. Point d’orgue de cette drôle de guerre (sanitaire), les festivités rituelles de vingt heures : « c’était comme un moment de communion, une explosion de joie, on n’applaudissait pas seulement les soignants mais on voulait aussi se dire les uns aux autres qu’on restait ensemble dans l’épreuve. Je n’avais jamais ressenti un tel sentiment de communauté. »

« C’était comme un moment de communion, une explosion de joie ». © Philippe Enquin

Alors que le pays est de nouveau en sursis et que les restrictions sanitaires se suivent et se ressemblent, on referme cet album avec l’impression fugace d’avoir retrouvé quelque chose de l’ivresse des premiers jours. Philippe Enquin s’est refusé à faire un second livre en novembre : le confinement cette fois n’avait plus la même saveur. Mais il a su rendre à sa mesure un peu de l’indicible frénésie de ce printemps hors du temps, où chaque sortie était une échappée, comme un petit instant d’éternité. Une revanche sur le sort, comme sans doute se l’imaginent ces deux amoureux qu’avec lui nous regardons d’en haut s’embrasser à la dérobée, pensant naïvement que dans une rue vide, personne n’y prêterait attention… D’une page à l’autre, chaque photo dit un peu plus cette soif de vivre, qui rarement plus que cette année ne nous aura étreints.

Deux amoureux s’embrassent à la dérobée. © Philippe Enquin

*D’autres photos ainsi que l’album de Philippe Enquin sont à retrouver sur son blog personnel .

CNEWS sélectionne Philippe Enquin parmi les trois livres à lire pour l’anniversaire du confinement

ANNIVERSAIRE DU CONFINEMENT : 3 LIVRES POUR GARDER ESPOIR

Le 17 mars 2020, la France entre dans le confinement afin de ralentir la circulation du Covid-19 au sein de la population, et désengorger les services d’urgences et de réanimation. Depuis, entre virus, chiffres alarmants et réchauffement climatique, l’anxiété et le pessimisme ne cessent de gagner du terrain. Pourtant, quelques-uns ont foi en l’humanité et dans le futur. Sélection de trois livres qui croient en un monde plus beau.

PHOTO : DE MON BALCON

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«Ses photos ne sont pas dans l’air du temps, elles sont dans le souffle de l’instant, quand la vie ne se résigne pas à baisser les bras, quand l’humour devient un acte de courage (…) quand le regard bienveillant devient la plus belle arme pour résister à la morosité», peut-on lire dans le préambule signé François Morel. Depuis son balcon du boulevard Voltaire, Philippe Enquin, «apprenti» photographe de 85 ans, a immortalisé quelques scènes de rue ou «de fenêtres» pendant le premier confinement. Financé par Crowdfunding, ce beau livre de 140 photos rassemble moments drôles ou emplis de grâce de ces quelques semaines uniques qui constituèrent le premier confinement. Au-delà des angoisses des chiffres donnés par les médias, ces clichés révèlent un concentré d’humanité très touchant.

De mon balcon, chroniques d’un confinement parisien, Philippe Enquin, 26 €.

Bravo à la belle Koryfée d’avoir repéré « Le Petit Roi » d’Emmanuel de Landtsheer


Un roman sur l’enfance, sur l’éveil d’un petit garçon au monde qui l’entoure. Un univers plein de tendresse
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Le silence comme réponse

A l’âge de 5 ans, en réponse à ses parents qui ont eu la terrifiante idée de vouloir lui apprendre à nager – une expérience plus proche de la noyade que de l’apprentissage, Jami décide de ne plus leur adresser la parole. Non seulement il va se murer dans le silence, mais il va étendre son mutisme à toute personne croisée. Des représailles à la hauteur de sa colère intérieure. De toute façon, la parole est un pont lancé vers les autres et ce pont, notre petit bonhomme n’a pas franchement envie de l’emprunter. Leur monde ne l’intéresse pas. Il préfère de loin son monde intérieur, son imaginaire, les vacances dans l’île dont il s’imagine être le roi.

Il observe le monde en se gardant bien d’y entrer.

Par un sens aiguisé de l’observation, il pénètre les âmes des personnes croisées, devine ce qui se cache sous le vernis de leur apparence. Puis il se réfugie dans sa chambre et enregistre sur des bandes magnétiques ses douleurs, ses pensées, ses envies, ses joies. Le dessin, puis la sculpture, deviennent peu à peu la voie de sa voix. Le rapprochent doucement du rivage des autres.

Mais il réalise qu’il doit emprunter un autre chemin, s’il ne veut pas continuer à vivre à côté des autres mais doit vivre avec eux.

Des rencontres salvatrices

C’est un roman très tendre que nous offre Emmanuel de Landtscheer, avec Le petit roi. Ce petit garçon issu d’une famille dans laquelle les cris et les coups sont une discipline olympique, va se faire du monde des adultes une image peu attirante. heureusement, des inconnus croisés sur son chemin vont être pour lui des rencontres salvatrices. Ils vont lui montrer, lui prouver, qu’on ne peut pas vivre seul, coupé des autres. On a besoin de se sentir appartenir à un tout, d’être en lien avec les autres. Renaissance à la parole, renaissance tout court pour ce tendre Jamy que l’on a envie de serrer dans ses bras.

Informations pratiques

Le petit roi, Emmanuel de Landtsheer – éditions Saint-Honoré, 2020 – 154 pages –

« Un livre PASSIONNANT » pour La Cause littéraire

Opération Condor, Un homme face à la terreur en Amérique latine, Pablo Daniel Magee (par Jean-Jacques Bretou) 

Ecrit par Jean-Jacques Bretou 11.03.21 dans La Une LivresCritiquesLes LivresHistoire

Opération Condor, Un homme face à la terreur en Amérique latine, Pablo Daniel Magee, Éditions Saint-Simon, octobre 2020, 377 pages, 22 €

Enfant, Martin, entouré de sa grand-mère Sarah et de sa mère Lidia, habite un petit village dans la région du Chaco paraguayen. La famille est pauvre. Malade, il sera guéri par le chaman de la tribu indigène chamacoco qui dira à son endroit : « garçon doit vivre, garçon très important ». Plus tard, il fait la connaissance d’Ogwa, un petit Indien guarani avec qui il joue. Il passe des heures insouciantes près de la rivière avec son camarade et un harpon pour pêcher le poisson. En 1947, avec sa famille, il rejoint par le bateau la ville de Notre-Dame-Sainte-Marie-d’Asunción, pour s’installer à San Lorenzo. Comme ils sont pauvres, Martin après avoir bu uneguampa (récipient) de maté tôt le matin va vendre des empanadas de mandioca (sorte de beignet salé) avant de rejoindre l’école España où il fait l’apprentissage de l’espagnol, le castellano. C’est un bon élève. Diplômé d’agronomie, il fait la rencontre en 1954 de sa future femme, Celestina. En 1963, ils décident avec son épouse de créer une école qu’ils baptiseront Juan Bautista Alberdi en souvenir d’un éducateur argentin, et utilisent une méthode pédagogique inspirée du Brésilien Paulo Freire s’adressant aux plus défavorisés. Martin s’engage dans le syndicalisme. Parallèlement, il poursuit ses études de droit et devient avocat en 1968.

Puis, grâce à une bourse, il part en Argentine étudier à l’Université Nationale de La Plata. En 1974, il obtient un doctorat en éducation. Sa thèse, titrée Paraguay, Educación y Dependencia, attire l’attention de la police paraguayenne. Le régime militaire d’Alfredo Stroessner, el rubio (le blond), au pouvoir depuis le coup d’État du 4 mai 1954, le classe comme « terroriste intellectuel » et communiste. Il est emprisonné et torturé pendant un mois en 1974. On téléphone à sa femme pour lui faire entendre ses cris durant son supplice, on l’appelle pour lui demander de venir chercher son cadavre, elle meurt à trente-trois ans d’une crise cardiaque. Lui est toujours vivant, enfermé à la prison d’Emboscada où il fait une grève de la faim pendant trente jours. Cependant, grâce à des ONG et surtout à Amnesty, il sera libéré en 1977, exfiltré au Panama puis en France où il rejoint l’Unesco, où il écrit un livre sur sa détention.

En 1992, alors que le Paraguay se démocratise, il y retourne, c’est là qui va découvrir dans des bâtiments désaffectés de la ville de Lambaré les documents qui mettent à jour l’Opération Condor qui seront appelés Archives de la terreur. L’Opération Condor est le nom de code donné à une campagne d’assassinats et de lutte anti-guérilla conduite conjointement par les services secrets du Chili, de l’Argentine, de la Bolivie, du Brésil, du Paraguay et de l’Uruguay, avec le soutien tacite des États-Unis au milieu des années 1970.

Une partie des archives transformées en microfilms ont été ramenées en France par le sociologue Alain Touraine en 2000, et sont conservées à La Contemporaine, dans le fonds Martin Almada.

Le livre de Pablo Daniel Magee est passionnant, il se lit très bien ; c’est tout un pan de l’histoire récente et terrible de l’Amérique du sud et même du monde contemporain à l’époque de la guerre froide qui nous est conté. La découverte de ces archives aura permis de faire le procès d’anciens dictateurs ou de leurs suppôts. On peut par ailleurs y lire la crainte des Etats occidentaux de voir basculer le monde sud-américain, séduit notamment par les icônes que représentent Castro et Che Guevara, dans le camp communiste. Alors que le portrait fait de Kissinger est très féroce, et la France où s’est réfugié Almada reste le pays de la guerre d’Algérie, inventeur de techniques de guerre subversive, telle la recette « des crevettes Bigeard », et celui de Jean-Paul Sartre.

Cependant, Magee manque de la rigueur que réclame son métier lorsqu’il ressort, sans preuves, de vieux serpents de mer, telle la participation de Giscard d’Estaing à l’attentat du Petit-Clamart.

Néanmoins, ce livre se devait d’exister. Jacques Chirac a remis la médaille des Droits de l’homme à Alamada en 1997, et en 2002 ce dernier a reçu le prix Nobel Alternatif.

Jean Jacques Bretou

Pablo Daniel Magee, journaliste et écrivain français, né en 1985 à Paris, étudie les sciences politiques, la littérature, la philosophie et le journalisme à l’université londonienne de Greenwich. En 2012, il s’installe au Paraguay, où il commence à enquêter sur le Dr Martin Alamada et le plan Condor.

Droit de réponse de l’auteur de l’ouvrage

Ce livre ne sous-entend en rien la culpabilité du président Valéry Giscard d’Estaing dans l’attentat du Petit-Clamart. Le récit fait simplement état des soupçons bien connus (qui sont un fait historique traité par les historiens) dont l’ancien président français faisait l’objet, qui ont été rapportés au protagoniste de l’ouvrage à l’époque des faits relatés. De fait, l’ouvrage Opération Condor s’appuie sur une rigoureuse bibliographie académique de quelques 500 références, 200 heures d’entretiens avec des témoins d’époque et quelques 800 heures d’entretiens avec le protagoniste au long de sept années d’enquête.

Pablo Daniel Magee

Age Village parle de « De mon balcon – chroniques d’un confinement parisien »

Photo : De mon balcon – chroniques d’un confinement parisien

AUTEUR RAPHAËLLE MURIGNIEUX – TEMPS DE LECTURE 1 MIN – DATE DE PUBLICATION 08/03/2021 0 commentaires

A 85 ans, le photographe Philippe Enquin saisit « des étincelles d’humanité »

Devenu photographe il y a quelques années, Philippe Enquin a commencé à immortaliser le quotidien du confinement en avril. Quelque 3000 clichés pour une chronique d’un événement hors norme, où les gestes du quotidien se mêlent aux élans d’entraide et de solidarité. Il édite aujourd’hui un beau livre composé d’une sélection de 140 photos.

De son balcon au deuxième donnant sur le boulevard Voltaire, Philippe Enquin voit tout. Un Paris vide, limpide.

Mais aussi les voisins aux fenêtres, un pas de danse esquissé au soleil, un baiser volé, une sortie à vélo pour profiter de son heure quotidienne de liberté, des mains anonymes qui applaudissent les soignants et tous les héros de ce premier confinement, les sans domicile fixe, seuls Parisiens à ne pouvoir se confiner, les bénévoles des Restos du cœur et tous ceux qui ont assuré des services essentiels au printemps derniers.

La vie sous pandémie, captée avec bienveillance et poésie, qu’il partage d’abord sur son site. Une parenthèse lumineuse malgré les circonstances, des circonstances qui « peuvent aussi susciter une autre façon de regarder, de témoigner, de réfléchir et permettre de concevoir une source inédite d’inspiration et de création », souligne le peintre Alain Kleinmann dans la préface de l’ouvrage.

Car aujourd’hui, Philippe Enquin publie un livre de photos, De mon balcon. Un bel ouvrage, un témoignage en images à retrouver sur le site internet de l’artiste.

Photographies extraites du livre De mon balcon – Chroniques d’un confinement parisien

 

Ludovic Bonnet craque pour Philippe Enquin dans Masculin.com

Masculin a aimé Philippe Enquin

Le 17 mars 2021 marque le “premier anniversaire” du confinement total prononcé pour lutter contre la pandémie de coronavirus. Pendant six semaines, la France a ainsi vécu au ralenti, les villes ont été désertées… C’est cette période pas comme les autres que le photographe Philippe Enquin a choisi d’immortaliser dans son livre intitulé De Mon Balcon.

Le premier samedi du mois est un jour très attendu par certains hommes… notamment ceux abonnés à une célèbre chaîne cryptée. Sur Masculin.com, on vous propose un rendez-vous mensuel d’un autre type, à la même date : le livre du mois. Beau livre de photographies, roman, BD : il devrait y en avoir pour tous les goûts !

Philippe Enquin, un jeune photographe de 85 ans

Philippe Enquin, photographe

Il n’y a pas d’âge pour se découvrir de nouveaux talents ou débuter une nouvelle carrière. C’est le cas de Philippe Enquin, né à Buenos Aires, en Argentine, en 1935, mais dont la première expo photo remonte à… 2018 !

Installé en France en 1962 avec son épouse Gladys Aslan, il a effectué toute sa carrière professionnelle en tant que consultant en stratégie et management. Rien à voir avec la photo, donc.

Mais après le décès de sa femme, Philippe Enquin s’est penché un peu plus sur son histoire personnelle et a voulu explorer d’autres horizons. Lui le grand voyageur a “pris conscience” de son appartenance au peuple juif et de ce passé où des migrants nés en Russie sont partis s’installer en Argentine avant de débarquer en France. Ainsi a-t-il publié son premier livre “Mots croisés, trois générations de Juifs argentins” en 2014.

C’est finalement en 2018 que la photographie devient son activité principale. A 83 ans et grâce à ses nombreux voyages, il livre des portraits touchants, que les Parisiens peuvent découvrir dans différentes galeries. Malheureusement, en 2020, la tendance est au “voyage immobile”. Pas de quoi décourager Philippe Enquin pour autant, qui se mue alors en “chroniqueur photographe” et nous raconte le confinement parisien directement depuis son balcon.

De Mon Balcon, le confinement vu autrement

De mon balcon: Chroniques d'un confinement parisien, photo de Philippe Enquin
De mon balcon: Chroniques d'un confinement parisien - Philippe Enquin
De mon balcon - applaudissements pendant le confinement

Pour cet ouvrage atypique imaginé pendant une période tout aussi insolite, Philippe Enquin a eu recours au financement participatif. L’histoire de “De Mon Balcon” débute donc sur KissKissBankBank, où 73 contributeurs permettent de récolter un peu plus de 3000 euros et lancer l’impression du livre.

Depuis le balcon de son appartement situé Boulevard Voltaire, le photographe jouissait d’une position privilégiée pour raconter son confinement : “J’ai pris conscience de la chance unique que j’avais de pouvoir observer de mon balcon du deuxième étage des scènes reflétant toute la palette des émotions, des scènes pleines d’humanité.

Ce sont ces scènes que l’on retrouve dans le livre, avec un préambule de François Morel : 140 photos en noir et blanc où l’on (re)découvre un Paris sans voitures et avec très peu de passants. Mais ces piétons (et quelques cyclistes) témoignent du caractère exceptionnel de cette période que nous venons de traverser (sans en être complètement sortis).

Des amoureux qui s’embrassent sur un passage piéton, des gens masqués dont on essaie de deviner le sourire, des gens qui applaudissent les soignants à leur fenêtre à 20 heures… mais aussi des SDF confinés sur les trottoirs. Philippe Enquin a pris 3000 photos pendant ces 2 mois, il en a conservé 140. Le résultat est beau et émouvant et nous permet de jeter un oeil dans le rétro avec une certaine nostalgie. A défaut de regretter le confinement, on aurait presque envie de le regarder avec une nouvelle tendresse et davantage d’optimisme. C’est déjà un bon début !

Ludovic Bonnet

Chez Masculin.com depuis 2009, j’ai commencé par vous parler d’automobile et de culture (cinéma, musique, jeux vidéo…). Aujourd’hui, je vous parle aussi de mode et de high-tech… et de plein d’autres choses !

 

Breizh info s’intéresse au dernier livre publié par Pierre-Guillaume de Roux

Christian de Moliner : « Les racialistes et les racisés imposent leurs délires sans rencontrer d’opposition »

Christian de Moliner, que nos lecteurs connaissent sans doute puisqu’il écrit souvent sur Breizh-info, vient de sortir un livre intitulé « la croisade du mal pensant » aux éditions Pierre-Guillaume de Roux.

Voici la présentation du livre :

Samuel Meiersohn, un universitaire désabusé et proche de la retraite, entame une croisade contre des étudiants et des professeurs « racisés » qui veulent créer au sein de sa faculté, un espace sans Blancs. Rejetant le prétendu « privilège blanc »,  il va se heurter à son administration et à la démission de la société française si prompte en 2019 à accepter les thèses radicales, aussi absurdes qu’elles soient.

La croisade du mal-pensant est un roman passionnant et mélancolique qui brosse le portrait tout en nuances d’un homme au soir de sa vie.

Nous avons interroge l’auteur au sujet du livre.

Breizh info : votre roman « la croisade du mal-pensant » évoque la cancel culture, le prétendu privilège blanc, la volonté des racialistes d’interdire certains lieux aux Blancs. Avez-vous été inspiré par la déferlante Black Lives Matter ?

Christian de MOLINER : en fait non : j’ai écrit ce roman en février 2020, bien avant la vague de l’été 2020. Le phénomène était déjà sous-jacent. Black Lives Matter n’a fait que le rendre visible.

Breizh info : le titre de votre ouvrage utilise le mot « croisade ». C’est un terme fort.

Christian de MOLINER : il  évoque d’une part le côté sacré de la mission que se donne mon personnage principal, lutter contre les racialistes qui veulent créer un espace sans Blancs au sein de la faculté où il exerce. En même temps, il est lié au pensum auquel « mon héros » Samuel Meiersohn consacre une grande partie de son temps libre depuis 15 ans. Historien de formation, il écrit un ouvrage sur les croisades en choisissant une perspective uchronique. Que se serait-il passé si les croisés l’avaient emporté à Harran en 1104 ? Si Saladin avait été tué à Montsigard en 1177 ? Samuel baigne dans l’esprit des croisades et naturellement il assimile son combat à celles-ci. Sans réfléchir, sans penser aux conséquences, il se lève et se lance dans une lutte qu’il n’a pratiquement aucune chance de remporter parce qu’il l’estime juste et nécessaire.

Breizh info : ce qui je trouve frappant dans votre roman, c’est la démission totale de la hiérarchie de Samuel. « Pas de vagues »  est le slogan de la direction.

Christian de MOLINER : en effet, c’est malheureusement le reflet de la société actuelle. Les racialistes et les racisés imposent leurs délires sans rencontrer d’opposition. Ils organisent des réunions excluant  les Blancs sans être poursuivis par la justice. Des locaux sont prêtés par les universités sans sourciller pour un usage qui contrevient d’une manière grave à la loi. Quand des activistes décident d’interdire une pièce ou la conférence d’un orateur qui leur déplaît, les doyens de facultés annulent ces manifestations sans état d’âme, sans résister.  Marc, le président de l’université de Samuel partage les vues de ce dernier, pense comme lui, pourtant il le désavoue totalement. Il ne le soutient pas. Il cherche juste à lui éviter les conséquences les plus funestes. Marc pratique sans vergogne la politique des accommodements raisonnables, qui en fait ne le sont pas et cachent mal une capitulation totale. En cela, son comportement est typique de beaucoup de responsables actuels qui sont paralysés face au racialisme. Il suffirait que tous ensemble ils se lèvent pour dire « non », pour que la farce prenne fin, mais ils se couchent et accèdent à toutes les demandes même les plus saugrenues.

Breizh info : dans votre livre, vous qualifiez les racialistes de racistes.

Christian de MOLINER : oui en effet. Prétendre qu’un être humain du fait de sa couleur de peau blanche, serait nécessairement arrogant, méprisant ou posséderait je ne sais quel défaut lié à sa « race » est une attitude abjecte et est caractéristique du racisme. La prétendue « race », la couleur de peau n’ont rien à voir avec les qualités d’une personne et affirmer le contraire est passible des tribunaux. Hélas, personne ne poursuit les racialistes pour ce qu’ils sont : de vulgaires racistes. Si on le faisait systématiquement cette idéologie mortifère serait en recul. Le pire est la complaisance avec laquelle ces thèses malsaines sont accueillies par les « élites ». Une grande entreprise américaine a ainsi organisé des séminaires pour apprendre à ses employés leucodermes à être moins blancs. Ses dirigeants, ceux qui ont permis ce délire, devraient à mon sens être jugés et être sévèrement condamnés. Imaginez que dans les années 30, une société ait mis sur pied un stage pour que  ses employés professant la religion de Moïse apprennent à être moins juifs ? Nous aurions touché l’horreur absolue, le racisme le plus abject. Il n’y a pourtant absolument aucune différence avec le stage organisé pour apprendre comment être moins blanc.

Breizh info : à côté de la lutte de Samuel contre un espace excluant les Blancs, « La croisade du mal-pensant » développe une intrigue assez triste, voire poignante. Est-elle inspirée par votre propre vie ?

Christian de MOLINER :  pas du tout ! Heureusement pour moi ! Présenter la vie personnelle de Samuel Meiersohn était à mon sens une nécessité, car elle ne se dissocie guère de son combat contre la cancel Culture. C’est aussi en partie parce qu’il se sent dans une impasse qu’il se révolte contre les racialistes. Je me suis efforcé de dresser des portraits psychologiques crédibles de mes différents personnages. Au lecteur de dire si j’ai réussi.

Propos recueillis par YV

Photo d’illustration : DR
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