Actualités (NON EXHAUSTIF)

Les aveux de la voyante, les questions du philosophe, par Robert Redeker

Longtemps j’ai espéré pouvoir faire cette expérience philosophique de pensée : prendre au sérieux une voyante, laisser être son art. Eh bien, en lisant Valérie Fauchet, c’est chose possible. La voyante et le philosophe peuvent se rencontrer. Que nul ne se méprenne ! Valérie Fauchet n’est pas une voyante telle que la bande dessinée et le cinéma en offrent les clichés pittoresques. Ni Madame Irma ou Madame Soleil, ni Elisabeth Teissier, ni quelque newageuse frénétique, ne sont des figures permettant de la cerner. Elle ne fait pas commerce de son don si étonnant. Son livre – co-écrit avec Marie-Noëlle Dompé – Une voyante passe aux aveux extériorise cette expérience intime qu’est la voyance. Il raconte à son lecteur la découverte puis le progressif domptage de ce don. Car, il faut une âme de dompteur pour le maîtriser, ce don, forme exacerbée de l’intuition ! Pour ménager l’existence sans être dévoré par lui !

Qu’est-ce que voir ? Question de photographe, question de peintre, question de poète, dira-t-on. Rimbaud exigeait du poète qu’il se fît « voyant ». Question de philosophe aussi : « or, c’est proprement avoir les yeux fermés sans tâcher jamais de les ouvrir que de vivre sans philosopher », écrivit Descartes. Philosopher, c’est ouvrir les yeux de l’âme. Bergson, quant à lui, présente l’intuition sous les aspects d’une vue directe par l’esprit de son objet. L’approche bergsonienne n’est pas très éloignée de ce que nous dit Valérie Fauchet. Pourtant ce que voit la voyante n’est pas la même chose que ce que voit le philosophe, fût-il Bergson, se rapprochant sans doute de ce que voit le poète. Le philosophe voit l’intelligible, autrement dit l’idée, l’abstraction, quand peintres, poètes, et voyantes,  voient une autre espèce d’invisible. Ce que voient les philosophes, tous les autres humains le peuvent voir aussi en suivant sa démarche. De même que, grâce à l’art, tous nos congénères peuvent voir l’invisible que voient le peintre et le poète. Mais ce que voit la voyante, nul autre qu’elle ne le peut voir. Autrement dit : on peut voir avec le peintre, avec le poète, avec le philosophe, en leur compagnie, en suivant les linéaments de leurs démarches, en les accompagnant dans leurs arts, dans leurs méthodes, mais on ne peut voir avec la voyante, on ne peut voir en même temps qu’elle ce qu’elle voit. La voyante voit ce qui n’est pas fait pour être vu, qui bouscule les cadres du temps, son aller-et-venir bien réglé, soit que l’invisible s’impose à elle spontanément, comme un éclair dans un ciel pur, soit qu’elle le provoque au moyen d’artifices appropriés.

Surgit ainsi l’idée d’une vue sans les yeux, d’une vue qui neutralise le regard physique, – la vue intérieure. Car c’est bien une vue intérieure, fixée sur l’âme tendue comme un écran de cinéma, où défilent, sans que jamais l’on puisse deviner qui en est le projectionniste, sans même que l’on perçoive leur source, souvent sans que l’on soit averti de la date et de l’heure des séances, des séquences d’avenir et de passé venant s’imposer dans le présent. L’espace de cette projection – Valérie Fauchet parle de « diapositives » se succédant rapidement – la vue intérieure se substitue à la vue oculaire.

La voyante se dit médium. Il importe de différencier : voir ce qui n’a pas encore eu lieu, et communiquer avec les morts, même si l’on peut supposer, à condition d’accepter l’idée d’une vie après la mort, que les trépassés se servent de la voyance pour expédier des messages aux vivants. La première de ces facultés suppose l’existence d’un destin, d’une prédestination, ce qui met en difficulté la notion de liberté, de libre-arbitre, de création ; moins onéreuse pour les idées de liberté et de nouveauté, renforçant la notion d’individualité, donc au fond de libre-arbitre, la seconde ne contraint à accepter que la possibilité d’une vie après la mort et l’existence d’un monde invisible, hypothèses qui, bien que se heurtant aux apparences matérielles, ne comportent aucune impossibilité logique. Les deux – voyance et médiumnité – peuvent se concevoir séparément. Chez Valérie Fauchet, de son propre aveu, ces deux facultés s’épousent.

Dans l’expérience intellectuelle de toute personne qui pense, le destin, la liberté, et la mort, sont des labyrinthes. Comment peut-on voir un événement qui ne s’est pas encore produit, tout en sachant que l’homme est un être libre ? Comment se fait-il que la voyante nous avertisse d’un destin (par exemple un accident), que nous pouvons modifier en tenant compte de son avertissement ? Ici se découvre le labyrinthe du destin et de liberté. Destin, qui signifie destination, lieu d’arrivée, est un mot plus juste pour signifier ce qui doit se produire, que nécessité, mot qui enveloppe un complément, « aveugle ». Le destin est intelligent, la nécessité est aveugle. La question s’était posée autrefois à Leibniz, d’accorder dans son système philosophique la prédestination avec la liberté, l’harmonie préétablie avec le libre-arbitre. Le célèbre philosophe allemand n’a pas trouvé la sortie définitive de ces labyrinthes, – tout simplement parce qu’il n’y en a pas. « Dieu incline sans nécessiter », affirma-t-il : tout est prévu, puisque Dieu opte pour le meilleur monde possible, et pourtant nous sommes libres. Ce qui revient à proclamer que la contradiction entre prédestination et liberté n’en est pas une ! Les contraires apparents, par exemple le destin et la liberté, restent vrais en même temps, toute tentative de dépasser la contrariété au moyen d’une dialectique s’avérant, comme ce le sera chez Hegel, un échec. Les choses se passent comme si la représentation de la réalité dans la pensée devait demeurer semblable à un corps écartelé, entièrement ouvert à jamais, aux contradictions suppurantes, un organisme impossible par nature à recoudre. De fait, ces labyrinthes n’ont pas d’issue, ni dans la réalité ni dans la pensée. 

Devant le réel, nous sommes peut-être semblables à ces chiens qui gambadent autour de leur maître pendant la promenade, multipliant par leur course joyeuse cercles et ovales autour de lui, sans se douter que le monde dans lequel il vit est infiniment plus vaste et complexe que l’idée qu’ils s’en font. Sans, par exemple, savoir que leurs trajets sont des cercles et des ovales. Sans non plus soupçonner qu’il existe tout un univers d’idées qui occupe l’esprit de leur maître. Il faut être honnête, abandonner le rassurant déni : il se passe quelque chose, la voyante voit quelque chose que nous ne voyons pas. Quelque chose de ce monde plus vaste. Comme si des bribes du passé et de l’avenir venaient briser la compacité du présent, laissant passer quelques rais d’une lumière qui n’est pas celle de notre univers habituel. Le livre de Valérie Fauchet remet à vif, dans l’esprit de son lecteur, les dédales de ces labyrinthes. Il l’expulse de sa zone de confort intellectuel. Expérience intime, la voyance – au même titre que la médiumnité – n’est pas forcément déraison, délire relevant de la simulation ou de la psychiatrie. Elle exprime peut-être une autre facette de la raison, que nous peinons à comprendre ; elle exprime sans doute la communication avec d’autres aspects de la réalité que ceux auxquels l’ordinaire de notre existence se tient. Peut-être… Cette belle expérience de pensée s’achève sur un : peut-être.

*Valérie Fauchet, Une Voyante passe aux aveux, entretiens avec Marie-Noëlle Dompé, Editions Ipanema, 2019, 235 pages, 17,90€.

Youri Fedotoff au 10ème Salon de l’Histoire (et sélectionné pour le Prix du Guesclin 2019 !)

Un message des éditions Y et O :

Et pour clore ce mois de décembre riche en événements, au lendemain du Salon du Livre Russe, le Testament du Tsar et son auteur seront présents le 9 décembre au 10e Salon de L’histoire qui se tiendra au Cercle National des Armées pour la remise du Prix du Guesclin de l’Histoire 2019.

Nous avons le plaisir de vous annoncer que le roman est sélectionné parmi les ouvrages finalistes du prix du Guesclin 2019 !

 

Pour le Salon de l’Histoire, l’inscription préalable est obligatoire par mail disponible à cette adresse.

Merci de votre enthousiasme pour le roman et son aventure éditoriale !
Si au fil des mois, depuis sa sortie en avril, il fait un si beau parcours, c’est grâce à ses lecteurs, grâce à vous qui le faîtes connaître avec passion.

Au plaisir de vous rencontrer au Salon du Livre Russe et/ou de l’Histoire et à bientôt pour la suite des aventures épiques du Testament du Tsar et de son auteur !

Olivia et Youri

Youri Fedotoff à l’honneur au Salon du Livre Russe

Un message des éditions Y et O : 

Chers ami(e)s,

Après un bel été et un automne riches en bonnes nouvelles pour le roman, Le Testament du Tsar et son auteur seront présents à l’occasion du Salon du Livre Russe, Russkaya Literatura qui se tiendra les 6/7/8 décembre 2019 au Centre Spirituel et Culturel Orthodoxe Russe à Paris.

Nous avons le plaisir de vous y convier.

Une belle occasion de se rencontrer, d’échanger et de faire dédicacer le roman !

Lors de ce salon qui se déroulera dans un lieu exceptionnel, vous pourrez visiter, si ce n’est déjà fait, la Cathédrale Orthodoxe de Paris, admirer ses merveilleuses icônes et également découvrir ou re-découvrir des auteurs russes de premier plan !

Le 6 décembre à 18h, jour d’ouverture du Salon du Livre Russe,
l’auteur participera à une table ronde en compagnie d’Alain Sueur, docteur en Sciences Politiques de l’Université Paris I et auteur d’une thèse :
URSS et mythologie avant la Perestroïka.
Le débat sera animé par Guilaine Depis, fervente russophile
et sémillante attachée de presse !

La librairie Lamartine de Neuilly organise une grande séance de dédicaces de « La Défense d’aimer » avec Domitille Marbeau Funck-Brentano le samedi 30 novembre de 16h à 19h

La librairie Lamartine de Neuilly organise une grande séance de dédicaces de « La Défense d’aimer » avec Domitille Marbeau Funck-Brentano le samedi 30 novembre de 16h à 19h. Cocktail chez l’auteur suivant la dédicace. Librairie Lamartine de Neuilly 102 Avenue Achille Peretti, 92200 Neuilly-sur-Seine

Le philosophe Marc Alpozzo applaudit à la démarche de Domitille Marbeau Funck-Brentano dans Boojum

S’interdire d’aimer par amour ou aimer le temps d’un festival ?

Hommage à Wagner

De cet amour à mort, de ces couples maudits en littérature, nous retrouvons dans La Défense d’aimer, le court roman de Domtille Marbeau Funck-Brentano sur fond de symphonie wagnérienne, l’histoire d’une double passion, amoureuse et lyrique.

Composée juste près Les Fées, le premier opéra achevé de Wagner (1), La Défense d’aimer, ou la novice de Palerme (2) revendique nettement l’éclairage particulier que l’artiste entendait donner à la célèbre comédie de Shakespeare lui servant de modèle, Mesure pour mesure.

Dans une forme de jeu de miroir et de mise en abyme, ce roman en plusieurs actes et un livret documentaire, entend reprendre l’opéra de Wagner comme fond sonore à un drame amoureux moderne.

La musique [écrit Jean-Claude Casadeus en guise de préface à ce beau roman] peut éveiller en chacun de nous les résonnances de nos propres sentiments. Elle provoque des manifestations sensorielles et affectives, frissons, larmes, joie, bien-être, excitations, angoisse ou apaisement. »

verliebt in Bayreuth

Cette histoire est celle de la jeune Domitille, qui, en 1978 obtient une série de billets pour le festival de Bayreuth. C’est ainsi que « tout commence à gare de l’Est », puisque Domitille se rend à Bayreuth en train.

Depuis mon plus jeune âge j’ai grandi dans l’amour de Wagner. Mes poupées s’appellent Brünnhilde, Freta, Woglinde et mon chat Siegmund. »

Aller à Bayreuth pour écouter Wagner ou pour Patrice Chéreau lui-même ? La fête, l’alcool, les spectacles s’enchainent et l’on retrouve quelques artistes, parmi lesquels il on compte un chef d’orchestre qui est l’ami de Domitille, accompagné de son épouse. Mais Domtille s’amuse à des jeux de son âge. Elle joue à l’amour passionnel : fuis-moi je te suis, suis-moi je te fuis avec un écrivain célèbre, Fasolt dans le roman, dont elle tait le nom (à vous de trouver !) qui écrira en 1980 un assez beau roman sur le festival de Bayreuth au temps de Patrice Chéreau.

Je n’ose pas sortir. Je n’ai qu’un souci : éviter de croiser le regard de Fasolt. Je ne vais pas lui permettre de deviner mon émotion. Je la trouve impudique voire indécente. Mes larmes m’appartiennent. […] Celles que Wagner m’autorise à verser ici émanent de la beauté, elles s’estompent dans le silence. »

Un amour de jeunesse

Reprenant alors le titre de cet opéra de jeunesse de Wagner, l’auteur nous conte le récit d’un amour de jeunesse, une forme de parenthèse amoureuse, vécue sur quelques jours de folie festivalière.

Domitille se laisse à la fois séduire et en même temps résiste à la séduction. Elle s’interdit d’aimer. Elle s’interdit d’aimer par amour pour cet écrivain, dans les bras duquel elle finira par tomber.

Tomber donc amoureuse, le temps d’un festival, alors que les amis prennent des noms de héros wagnériens.

Les couples se font et se défont sur des notes de musique wagnérienne

Mais comme les histoires d’amour trouvent toujours une fin, surtout si ce sont des amours de vacances, le couple que Domitille forme avec cet écrivain se défait, et, laisse derrière lui un souvenir doux, presque tendre, empreint de Wagner et Chéreau.

Voici donc un récit de vie rapporté par la mémoire dans lequel, tel La rose pourpre du Caire, les personnages sortent du spectacle et prennent leur part dans l’existence ordinaire, au point de transformer le récit initial, de modifier quelques petites choses du spectacle lui-même. Ils montrent également, que tout récit de vie rapporté, devient, par le truchement du matériau noble de la mémoire et de l’imaginaire, un récit (ré)inventé, le seul vrai récit très probablement.

Inutile donc de rechercher ce qui est de l’ordre du vrai ou du faux à propos de tel ou tel écrivain, tel ou tel personnage, puisque l’art de l’artiste ici, a pour principe de réécrire selon son cœur et son intuition créatrice, suivant la source de son inspiration, guidée essentiellement par la musique et l’amour sublimé.   

Marc Alpozzo

Domitille Marbeau Funck-Brentano, La Défense d’aimer, L’Harmattan, « Amarante », juin 2019, 146 pages, 15,50 eur

(1) Créé tardivement le 29 juin 1888

(2) Créé le 29 mars 1836.

Résumé de « Pompéi, le sang et la cendre » de Michèle Makki

Michèle MAKKI, Pompéi, le sang et la cendre

 

Récit agréable à lire, on suit avec plaisir le chemin des personnages empruntés aux différentes castes de la société pompéienne et romaine, récit instructif et détaillé des normes sociétales, des coutumes latines (repas, hospitalité, hygiène, fête d’Apollon…), tableau vivant et réaliste de la société antique, récits de la vie de Néron, récit des combats de gladiateurs… et les tragédies de l’époque : éruption du Vésuve, incendie de Rome, peste.

 

Résumé :
C’est tout d’abord une rencontre entre une jeune femme pompéienne, Vera, et un gladiateur qui lui ôte sa virginité.

Pompéi, an 78 apr. J.-C. : Vera est promise par son père à un riche Pompéien, Quintus Tullius; Vera attend beaucoup de ce mariage qui la libérera de sa vie à la campagne, dans la villa de son père, mais ses espoirs d’amour et de bonheur sont vite déçus : Quintus préfère les hommes. Le père de Vera meurt, suivi bientôt de Quintus, laissant Vera seule avec pour unique parente la veuve Sexta.

Vera rencontre grâce à Livia, son amie éhontée et libertaire, qui l’emmène à un banquet, le gladiateur Albanus dont elle tombe amoureuse malgré son statut social qui le lui interdit. Elle lui rend visite, mais refuse à plusieurs reprises de lui donner son corps avant de lui céder.

Mercilius, riche marchand, souhaite se marier avec la jeune veuve, mais on lui révèle, sous le sceau du secret, les amours de Vera avec un gladiateur. Mercilius ne se décourage pas et entreprend alors de faire la cour à Vera au moyen de différents cadeaux que Vera refuse : il lui offre, entre autres, un paon qui finira dans l’assiette de ses esclaves.

 

Vera, pour soutenir Albanus, envoie un de ses esclaves, Metellus, demander les services de Burrus, gladiateur affranchi. Metellus s’arrête dans une auberge et se laisse charmer par Melina, prostituée dont il s’éprend et qui lui vole l’argent que Vera lui a confié. Cet épisode permet à Burrus de rencontrer la patronne de l’auberge, Sabina. Finalement, l’ancien gladiateur Burrus accepte de rencontrer Albanus et de l’entraîner au combat. Albanus, ainsi privilégié, provoque alors sans le savoir la haine de l’entraîneur officiel, Merranus, jaloux de Burrus, ainsi que la jalousie des autres gladiateurs, prêts à se venger.

Tandis que Vera continue de fréquenter Albanus, Mercillius, toujours intéressé par le projet d’un mariage, projette de l’enlever pour arriver à ses fins.
Retour chez Sexta : Metellus fugue et retrouve Melina. Il devient un familier de l’auberge et contribuera à l’enlèvement de Vera à l’insu de Burrus.

 

Oleus, homme à tout faire de la caserne des gladiateurs, apprend à Vera qu’un riche vacancier romain, Rufus Fulvius, a payé pour que les gladiateurs Albanus et Dionysos s’affrontent chez lui. Vera, désespérée à l’idée que son amant puisse perdre la vie, trouve secours auprès de sa parente Sexta qui a de hautes relations dans la société pompéienne. Sexta, en effet, se sert de ses rapports avec Marcia, épouse d’un notable pompéien, pour obtenir que Vera et elle soient conviées au combat, permettant au moins à Vera de voir son amant une dernière fois s’il est vaincu. À cet événement sont conviés des Romains en villégiature, parmi eux, Ursus et le chevalier Marcus. Chez Rufus Fulvius, l’aristocrate romain qui a commandé le combat, Vera a la surprise d’apprendre que l’épouse de l’hôte n’est autre que son amie Livia, qui s’est remariée après son divorce. Heureuse de retrouver son amie, elle se heurte à sa froideur : Livia, en épousant le Romain, est devenue hautaine et refuse de s’abaisser au rang des provinciaux. Mais elle a conservé son caractère audacieux et profite de la nuit pour séduire Albanus qui cède à son charme. Albanus vainc Dionysos.

 

Après la soirée, Livia réalise qu’elle s’est fait voler un collier précieux ; elle accuse alors une de ses esclaves qui sera cruellement punie. Ursus, Pompéien de bonne famille qui était également invité par Rufus Fulvius, le rapporte quelques jours plus tard en avouant que sa femme est responsable du forfait. Rufus Fulvius ne lui en veut pas ; il espère, en se montrant conciliant, se faire un allié chez les Pompéiens.

Retour à Mercilius, qui fait suivre Vera par un de ses esclaves déguisé en mendiant, Niger. Mercilius se paie également les services du devin Xerxès, qui lui prédit confusément un mariage. Niger qui s’arrête quelquefois à l’auberge de Sabina, y rencontre l’esclave Metellus qui va pouvoir espionner pour le compte du marchand Mercilius. Celui-ci fomente l’enlèvement à l’aide des deux videurs de l’auberge, Ajax et Crassus qu’il paie.

 

L’empereur Vespasien meurt, le règne de Titus commence.

Livia demande à son mari que le gladiateur Albanus devienne son garde du corps, ce que Rufus Fulvius finit par lui accorder. Il s’arrange avec le magistrat Caius pour truquer les combats lors des jeux donnés en l’honneur d’Apollon de sorte qu’Albanus soit vainqueur, mais au dernier moment, Caius ne tient pas parole. Les Pompéiens le tiennent à l’écart malgré sa bienveillance envers Ursus. Heureusement, Albanus parvient à vaincre son adversaire, Minos de Tarente, par ses propres forces et gagne alors sa liberté. Il pense à réaliser son rêve : retrouver ses enfants et leur mère, réduits en esclavage, qui ont été vendus à un nouveau maître. Mais il comprend que c’est une entreprise désespérée et y renonce.

 

Après le combat, Ajax et Crassus profitent de la foule pour enlever Vera, mais Crassus, pour se venger de Mercilius qui lui a promis deux fois moins d’argent qu’à Ajax, capture Sexta au lieu de Vera et la conduit chez Mercilius au grand désappointement du marchand. Peu après, Sexta et Mercilius annoncent leur mariage, ce qui étonne beaucoup, mais on apprend ensuite que Sexta a exigé de Mercilius qu’il l’épouse pour sauver son honneur. Après le mariage, Sexta doit se rendre à Misène pour affaires. Son tout nouveau mari l’accompagne ainsi que Marcus, chevalier romain, chrétien en secret, qui doit se rendre à Misène pour remettre des témoignages de chrétiens martyrisés. Marcus engage Albanus comme garde du corps. Vera participe à l’expédition, car Sexta ne veut pas la laisser à Pompéi. Comme tout le monde, elle ignore la liaison de Vera et d’Albanus, car ils se voient à l’insu de tous.

 

Octobre 79 : Vera, Sexta, Marcus et Albanus arrivent à Misène. À Pompéi, l’éruption du Vésuve met brutalement un terme aux conversations badines de Metellus, Ajax et Melina qui finissent par quitter l’auberge et cherchent leur salut dans la fuite.  Rufus et Livia s’enfuient eux aussi. Metellus périt. Livia cherche de l’aide auprès de l’entraîneur Merranus, mais finit par mourir dans la caserne des gladiateurs.

À Misène, on assiste aux débuts de l’éruption, la panique règne, les foules se dispersent, Vera se perd et finit par trouver de l’aide auprès de deux hommes qui lui offrent une croix qu’elle prend pour une amulette. Vera retrouve Albanus qui achète de force un char à son propriétaire pour y installer Marcus blessé. On assiste au désespoir des notables de Pompéi angoissés par la perte de leurs biens ; cependant, Sexta a sauvé tout son or en le cachant dans un sac. Marcus a perdu femme et enfants. Vera se sépare d’Albanus, car Sexta lui a dressé un tableau funeste de son avenir si elle restait auprès de lui.

 

À Rome, Mercilius est devenu un banal citoyen parmi d’autres alors qu’à Pompéi il était un personnage important. Il visite la Capitale et s’éprend de la ville aux sept collines. En se retrouvant dans le quartier mal famé de Rome, Subure, il y croise Albanus. Vera, apprenant cela, s’échappe de la demeure de Marcus, qui les héberge, et rejoint Albanus à Subure. Elle voudrait l’épouser, mais Albanus la confronte à la réalité : c’est impossible dans leur société telle qu’elle est.  Quant à Sexta , elle veut marier Vera, qui a perdu toute sa fortune,  à un artisan pour la détourner du gladiateur et lui donner un avenir.

Mercilius se découvre une passion pour la gladiature et rêve de donner des combats ; il rencontre Albanus qui continue à se battre comme gladiateur libre. Albanus confie à Vera qu’il n’a pas oublié ses enfants et veut se mettre à leur recherche ce que Vera ne peut accepter. 

Nouvel incident à Rome cette fois : un incendie ravage la ville pendant trois jours et trois nuits. Marcus accueille chez lui quelques rescapés de ce désastre.

Tandis que Sexta recommande à Albanus de partir retrouver sa famille, car elle y voit une échappatoire à la déchéance de Vera, Mercilius luiconseille de rester pour profiter de sa renommée de gladiateur. Albanus finira par suivre les conseils de Sexta et par partir, laissant Vera dans un immense chagrin ; néanmoins, il lui fera ses adieux.

 

Vera apprend qu’elle est enceinte et se met à haïr secrètement Sexta qui a fait partir son amant. Sexta  projette d’abandonner le nouveau-né. Une épidémie de peste frappe la ville. Mercilius succombe laissant Sexta veuve pour la seconde fois. Marcus désire se marier avec Vera pour la secourir, et accueillir son enfant ; Vera accepte et donne naissance à une fille à qui Marcus donne le prénom d’Aléthéia.

 

Thèmes traités :

Destins croisés de l’Histoire, celle de Pompéi, de Rome, de l’empereur Néron, et des histoires particulières des citoyens confrontés à cette Histoire.

Pérégrinations d’une jeune femme qui, après avoir vécu à la campagne, s’éveille à vie citadine à Pompéi d’abord à Rome ensuite.

Condition de la femme dans la société romaine.

Doutes et désillusions amoureuses, éducation sentimentale, itinéraire amoureux d’une Pompéienne du 1er siècle.

Homosexualité.

Amours impossibles d’une dame de la haute société et d’un gladiateur.

Les débuts cachés d’une nouvelle religion : le christianisme.

La fracture sociale entre les différents milieux sociaux : gladiateurs, esclaves, affranchis, commerçants, aristocrates, notables.

Ambition politique et aspiration aux hautes sphères de l’État, jalousie des hommes, valeurs romaines : honneur, hospitalité…

Inversion des valeurs opérées par les chrétiens : primauté de la charité sur l’honneur ou la sauvegarde des apparences.

Vanité des relations mondaines, superficialité des rapports fondés sur l’argent ou le pouvoir Art de la conversation.
Jeux du cirque.
Fragilité de l’homme confronté à la mort

Condition des esclaves.
Amitié déçue (celle de Vera et de Livia est rompue par la fracture sociale et la mondanité de Livia).