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Christian Mégrelis sur France Inter dans l’émission « Carrefour Europe » de Stéphane Leneuf

Christian Mégrelis sur France Inter dans l’émission « Carrefour Europe de Stéphane Leneuf à réécouter ici

https://www.franceinter.fr/emissions/cafe-europe/cafe-europe-du-dimanche-26-decembre-2021

C’était le 25 décembre 1991. A l’époque, un économiste Français était au cœur du pouvoir soviétique pour aider les Russes a assure leur transition économique. Il vient de publier un livre passionnant sur cette époque de grande incertitude pour la Russie.

L’ancien dirigeant de l’URSS Mikhaïl Gorbatchev le 14 janvier 1991 à Moscou lors de la session du Soviet suprême. © AFP / VITALY ARMAND

Christian Mégrelis est a l’époque le seul économiste étranger à travailler dans l’équipe chargée par Mikhaïl Gorbatchev d’élaborer le fameux plan des 500 jours qui devait assurer une transition économique et stratégique pour ce qui était encore l’URSS, avec un objectif assigné par Mikhaïl Gorbatchev lui même : désétatiser l’Etat.

Son livre, Le naufrage de l’Union soviétique, fourmille d’anecdotes vécues de l’intérieur du pouvoir au Kremlin. Vingt et un tableaux qui nous explique les conditions parfois ubuesques de la renaissance de la Russie, mais aussi de l’émergence de la première classe dirigeante post communiste.

Christian Mégrelis a rencontré toute l’oligarchie russe, banquiers, hommes politiques, gouverneurs de provinces. Il avait également une mission : négocier les premiers accords de coopération entre l’URSS et l’Union européenne. Et là quand on l’écoute, on se dit qu’à l’époque c’était pas gagné tant Gorbatchev ne connaissait rien, mais absolument rien, de ce qui s’appelait la Communauté économique européenne. 

  • Le naufrage de l’Union soviétique de Christian Mégrelis, un beau cadeau pour les fêtes de fin d‘année, publié aux éditions transcontinentales.

Thierry Paulmier réinvité sur Radio Notre Dame les 2 et 22 décembre 2021

En Quête de Sens Réécouter : https://radionotredame.net/emissions/enquetedesens/22-12-2021/#

Émission du 22 décembre 2021 : Et si cette année, nous vivions un Noël plus sobre ?

Thierry Paulmier, conférencier et consultant en intelligence émotionnelle. Docteur en sciences économiques et en sciences politiques. Il publie « Homo Emoticus – L’intelligence au service des managers » (Diateino)

Laure Bertrac, Responsable du pôle DIY Oui Are Makers (plateforme de partage de tutoriels, permettant de transmettre les savoir-faire et bonnes pratiques entre pairs au sein d’une même communauté)

Bertrand Vergely, philosophe et auteur de « Dieu veut des dieux » (Mame)

Léo Marchandon interviewe John Karp sur Finance Mag

Léo Marchandon interviewe John Karp sur Finance MagDébut décembre, se tenait à Miami le plus grand salon consacré à l’Art, le Art Basel. Pas de rapport avec la finance a priori, sauf que cette année, le mot sur toutes les lèvres tenait en un sigle : “NFT”. Pour essayer d’y voir plus clair sur les rapports entre cette nouvelle technologie, l’art et la finance, nous avons contacté le spécialiste français des NFT, John Karp. Auteur du premier ouvrage français consacré au Crypto-Art, il anime de façon quotidienne “NFT Morning”, un podcast dédié à la démocratisation des NFT. Pour Finance Mag, il revient sur les fondamentaux de cette nouvelle technologie, qui fascine autant qu’elle intrigue, et en esquisse les enjeux futurs.

Le monde des NFT peut sembler un peu technique pour ceux qui en sont éloignés. Comment expliqueriez-vous ce qu’est un NFT à un néophyte ?

Pour faire simple, le NFT ou Non Fungible Token, c’est une technologie qui permet d’avoir un titre de propriété sur un objet numérique. Comme tout titre, je vais avoir des attributs conférés à cet objet, et vais pouvoir en faire ce que je souhaite : le prêter, le donner, le vendre, l’utiliser comme hypothèque ou comme collatéral dans un crédit. Le NFT permet de créer de la rareté et de donner de la valeur à un objet qui n’en avait pas avant – car il n’y avait pas de notion de propriété sur les objets numériques. Il y avait déjà des achats, dans les jeux vidéo notamment, avec l’achat d’éléments cosmétiques dans un jeu comme Fortnite. Il faut se rendre compte de la taille du marché : dans Fortnite, 5 milliards de dollars ont été dépensés cette année pour acheter des “wearables”. Quand j’achète ces vêtements virtuels, je peux les porter dans le jeu, mais je n’en suis pas propriétaire. Je ne peux pas les revendre sur Leboncoin. Si je souhaite les prêter ou les donner à quelqu’un, les emmener dans un autre jeu vidéo, je ne peux pas le faire. Si Fortnite dépose le bilan et disparaît, je perds ma propriété. Ainsi, les NFT changent la donne dans la vision qu’on peut avoir des jeux  ou de l’art.

Il est parfois difficile de saisir l’intérêt de posséder un objet numérique. Au final, cela reste un simple fichier qui peut être copié à l’identique. Pourquoi acheter des NFT?

La question qu’il faut se poser pour comprendre l’utilité du NFT, c’est qu’est-ce qu’on veut faire de cet objet numérique ? Si j’ai simplement envie de l’afficher, de l’imprimer, je n’ai pas besoin d’acheter le NFT. Mais de la même manière, je peux jouir de photos d’artistes ou de copies de tableaux semblables à l’original sans posséder ce dernier. Prenez la Joconde. Il existe maintenant d’excellents peintres ou même des ordinateurs qui en font des répliques à l’identique. N’importe qui peut avoir une Mona Lisa au mur chez soi. Mais ce n’est pas la même chose que l’œuvre originale. Le NFT crée la notion d’être propriétaire de l’original, du vrai. Je sais que je possède l’objet véritable grâce au NFT. C’est le plaisir de collectionner, de posséder une certaine valeur. Pour d’autres, c’est aussi un signe extérieur de richesse, mais numérique. Je vais citer l’artiste Hackatao : « Everybody can see it, only one owns it » (tout le monde le voit, un seul le possède).

C’est aussi un changement dans la façon de concevoir le monde de l’art. Les belles œuvres d’art, personne n’en jouit. Elles sont dans un coffre-fort à Genève, personne ne les voit. Avec les NFT, le propriétaire possède l’œuvre mais tout le monde peut la voir, tout le monde peut en discuter. Les NFT contribuent à créer un modèle vertueux : vertueux pour ceux qui peuvent posséder de tels objets, vertueux pour l’artiste, vertueux pour les spectateurs. C’est une nouvelle façon de voir l’art. Et je le répète, mais c’est une vraie révolution pour les artistes qui peuvent désormais en vivre. Cela ouvre aussi la voie à l’apparition de royalties pour les œuvres numériques.

On a pu voir l’artiste Beeple vendre une œuvre à près de soixante-dix millions de dollars … Les NFT n’encouragent-ils pas un usage spéculatif ?

Beeple, ça fait 20 ans qu’il existe. C’est quelqu’un de très connu dans le monde de la 3D. Il a travaillé sur des clips musicaux. A côté de ça, il publie tous les jours un nouveau croquis 3D sur les réseaux sociaux. Il en a déjà publié plus de cinq mille. Jusqu’à présent, il n’avait pas la possibilité de vivre de son art, de vendre ses œuvres numériques natives. L’arrivée des NFT, c’est un changement de paradigme assez important pour un artiste de la trempe de Beeple.

Comment fait-on pour se lancer dans les NFT ? Que l’on soit un artiste prêt à vendre ses pièces, ou un investisseur qui souhaite acheter ?

Comment lancer un NFT ? Ça peut être très simple. Il existe déjà des plateformes accessibles aux grand public, qui permettent de créer un NFT comme on crée un profil sur un réseau social. La plateforme la plus connue s’appelle opensea.io. On uploade l’image, elle est directement « frappée » (inscrite dans la blockchain), et peut être immédiatement mise en vente sur cette même plateforme.

En ce qui concerne l’investissement, 99% des NFT qui se lancent aujourd’hui ne vaudront plus rien dans 10 ans. Comment estimer qu’une œuvre sera une œuvre majeure dans 30 ans ? C’est une logique assez similaire à l’art « traditionnel » en réalité. Tout dépend également de si l’on a une logique de collectionneur ou de spéculateur. Je suis plutôt un collectionneur, et c’est à travers ce filtre que je choisis les pièces que j’acquiers. Pour l’investissement, la réponse facile, c’est d’investir sur des « blue chip NFT », c’est-à-dire ceux des artistes qui sont déjà connus, qui sont durables, qui ont une communauté engagée. La notoriété d’un artiste, et donc de ses œuvres, affecte automatiquement lsa valeur de ses NFT. En fait, je conseillerais d’investir dans des artistes qui étaient là avant les NFT, et qui leur survivront. 

Quel sera selon vous l’impact de cette nouvelle technologie dans la finance ? Existe-t-il des applications en dehors de l’art ou des jeux vidéo ?

On commence à arriver à une financiarisation des objets numériques, de la même manière qu’il y a eu une financiarisation de l’immobilier. C’est un nouveau marché. A partir du moment où il y a de la valeur, il y a une activité financière. On a des collectionneurs, des investisseurs, des spéculateurs. Les grandes expérimentations autour de la financiarisation et la création de liquidité dans l’art se font déjà dans le NFT. Par exemple, on a aujourd’hui des expérimentations qui ont lieu et qui permettent d’obtenir des crédits instantanés en mettant son NFT en collatéral dans une transaction. Tout se fait via la blockchain. La vérification de la propriété et de la valeur du NFT est instantanée, tout comme l’obtention du crédit avec une condition de remboursement automatique de sa valeur, et une prise de ce NFT en cas de non remboursement. Tout se fait via la technologie NFT, sans tiers de confiance. On assiste aussi à une fractionalisation de l’art. De grandes pièces vont pouvoir être divisées pour avoir plusieurs propriétaires. Enfin, des notions d’utilité se développent autour du NFT. Si vous possédez certains NFT de chez Binance, qui fonctionnent comme des cartes de fidélité, la rentabilité sur vos placements pourra être plus importante. C’est une carte de fidélité qui peut s’échanger, mais qui peut aussi donner des droits ou des accès. Pour l’entreprise qui y a recours, c’est une nouvelle manière de gérer ses clients qui a l’avantage de ne pas consommer une seule once de donnée privée. C’est un pass d’identification sans données personnelles. Il est possible de travailler sur cette base là pour créer tout un ensemble de services qui in fine rendent la finance plus tangible.

Pensez vous que l’explosion du secteur des NFT est en partie due à la pandémie ? Elle qui a eu pour effet de pousser les gens vers les solutions numériques dans de nombreux domaines…

Assurément, le covid est un accélérateur de pratiques qui existent depuis longtemps. Tout ce qui devait arriver à plus ou moins long terme est arrivé. Le télétravail, l’apparition d’autres modes de vie, et surtout le fait de réaliser que nous sommes devenus des êtres numériques – ce qui n’est pas quelque chose de négatif en soi. Je pense qu’il faut arrêter d’imaginer cette « vie numérique » de façon dystopique comme dans le film de Spielberg Ready Player One. Le numérique crée des liens sociaux. On a plus d’interactions, on rencontre plus de monde via les réseaux sociaux. Or, quand je passe le plus clair de mon temps sur le grand metaverse des Internets, je vais naturellement chercher des signes extérieurs de richesse. Les NFT donnent corps à ce nouvel usage.

L’impact écologique de la blockchain est fréquemment pointé du doigt par ses détracteurs, et les NFT n’y échappent pas. Est-il possible d’imaginer des NFT verts ?

Il existe déjà aujourd’hui des NFT qui ont une empreinte carbone neutre. Ils ne sont pas basés sur Ethereum mais sur des blockchains plus récentes qui consomment moins d’énergie et qui réduisent énormément la consommation d’un NFT. La blockchain Ethereum avance elle aussi avec un nouveau protocole qui sera neutre d’un point de vue du carbone, et qui devrait arriver d’ici un an. Mais il faut se dire que la question de l’impact écologique de la blockchain a d’abord été soulevée par les aficionadosdes NFT. C’est d’abord et avant tout un débat interne, qui a été par la suite récupéré par les gens de l’extérieur. Il faut se rendre compte que l’impact écologique des NFT est extrêmement faible par rapport à un Netflix, un Amazon ou un Volskwagen. C’est un débat qui est légitime, comme pour toute activité ; je regrette simplement que le seul secteur qui se pose cette question et que l’on incrimine de fait soit celui des NFT.. Ensuite, il faut également s’intéresser aux productions d’électricité qui sont derrière la blockchain : très peu de fossiles, beaucoup d’énergies renouvelables. Les gens qui font avancer les NFT aujourd’hui se posent évidemment la question de l’écologie et tentent par tous les moyens de réduire l’empreinte carbone due à leurs activités. En réalité, ce sont souvent ceux qui critiquent qui ont une empreinte carbone plus lourde. 

Argoul a passé un bon moment avec Fiona Lauriol

Fiona Lauriol, 101 ans – mémé part en vadrouille

Fin août 2018, mémé a 101 ans et se morfond en Ehpad. Comme elle est seule, elle est désagréable ; comme elle crie la nuit et embête le monde, on lui donne des somnifères ; comme elle est vaseuse la journée, elle n’a plus le goût à rien. Qu’à chier pour faire chier le monde et engueuler ceux qui s’occupent d’elle comme d’un paquet pour lequel on est payé. D’où la décision de sa petite-fille Fiona, avec l’accord de sa mère Fosca, de retirer mémé de la maison de retraite pour s’occuper d’elle à plein temps.

Non pas qu’il y ait eu tendresse ou lien particulier entre grand-mère, née en 1917, et petite-fille, née en 1982. Mais un souci de la plus jeune, routarde convaincue dès son plus jeune âge ayant parcouru le monde, à ne pas laisser mémé passer le siècle sans lui offrir quelques beaux derniers instants.

Ces instants vont durer des mois car mémé partira définitivement à 103 ans. Mais, entretemps, quel périple ! Partis de Vendée pour la Provence, puis retour en camping-car un peu exigu ; repartis pour l’Espagne puis le Portugal dans un camping-car pour quatre et plus neuf. Les parents viennent aussi, en « fourgon » la première fois, puis en fourgon plus voiture pour se déplacer plus facilement en courses et en visites. C’est tout un convoi étiqueté « 101 ans, mémé part en vadrouille », qui parcourt les routes du sud.

Mémé est ravie. Bien-sûr, je vous passe le premier chapitre de (re) connaissance mutuelle avec merde à nettoyer et change de couches ; comédie pour les médicaments et pour avaler une bouchée ; caprices pour être servie, à bonne température, et qu’on s’occupe d’elle, y compris à trois heures du matin. C’est mémé, c’est-à-dire une vieille retombée en enfance ou presque, partant parfois dans des délires où Fiona qui s’occupe d’elle est l’Autre qu’on peut engueuler à loisir, ou chanter en pleine nuit pour bien la réveiller et avoir de la compagnie. Heureusement pas d’Alzheimer.

Et puis les semaines passent, puis les mois, et chacun trouve ses marques. Mémé est ravie de voir du nouveau chaque jour et de la famille constamment à ses côtés. Elle découvre des fêtes, se déguise, est prise en photo, passe à la télé ! Une belle fin pour une vie commencée dans la misère, mendiant dès 2 ans dans une Italie très pauvre, avant de planter le riz les pieds nus dans l’eau à 12 ans. Tout un monde passé, italien, catholique, macho, où les filles devaient trouver le bon parti qui fait bouiller la marmite et élever la marmaille sans laquelle on n’est décidément pas une femme.

Fiona est le garçon manqué, toujours pas mariée à 38 ans, sans mec ni gosse non plus, en bref une horreur pour mémé. Elle veut l’apparier à tous les mâles en uniforme qui l’impressionnent, surtout les blonds musclés, on ne sait pourquoi. Mais Fiona glisse, bavarde, sourit, traduit, s’exprime en sabir multilingues, s’entremet. Le camping-car est une occasion de se déplacer libre qui permet de s’arrêter presque partout (sur les parkings réservés ou en demandant l’autorisation). Cette indépendance permet le luxe des relations de hasard. Et il y en a !

Sauf qu’en avril 2020, patatras ! C’est le Covid. Les confinements commencent, les déplacements limités, les frontières se ferment. La famille est en Espagne avec ses trois véhicules et elle va passer 57 jours sans bouger du parking de la commune de Bellus, près de Valence en Espagne. Avec plusieurs autres étrangers bloqués aussi, venus de toute l’Europe (dont un Belge particulièrement borné). La vie s’organise.

Tout cela est raconté par le menu d’un ton alerte, avec des anecdotes parfois drôles, toujours d’un optimisme à tout crin. L’autrice, qui habite La Faute-sur-mer où la tempête Xynthia a sévit (et sur laquelle elle a écrit un premier livre), a le chic de se mettre dans des galères faute de se poser un moment pour penser les choses. Ainsi ses locataires ne la payent que lorsqu’elle va les voir – c’est pratique quand on voyage ! Au lieu de rentrer dès la menace pandémique connue (surtout que Macron n’a confiné que tardivement, à cause des politicards qui voulaient absolument être réélus aux municipales), on tergiverse, on discute avec les parents qu’on devine plutôt intellos brouillons. Autodidacte, Fiona fait des cuirs en écrivant notamment « ça va jazzer » au lieu de « jaser » dans le camp, mais elle est sympathique. Son optimisme sans faille en toutes circonstances emporte l’adhésion. Le lecteur passe un bon moment, sur plus de 400 pages sans jamais s’ennuyer.

Un cadeau de Noël qui sera apprécié de celles et ceux qui ont des « mémés » en Ehpad et qui se disent que peut-être une vie en famille serait moins triste pour passer le temps. Car la relation n’est jamais à sens unique.

Un QR code à la fin du livre permet de voir quelques photos de mémé en vadrouille.

Fiona Lauriol, 101 ans – mémé part en vadrouille, 2021, Blackephant éditions, 441 pages, €16.90 e-book Kindle €11.99

Attachée de presse BALUSTRADE : Guilaine Depis, 06 84 36 31 85 guilaine_depis@yahoo.com

Le Dit des Mots offre la première excellente lecture du roman émouvant de Pierre March

Derrière un titre poétique – La petite fille qui regardait le Bosphore – se cache un drame beaucoup plus sombre. Pour son premier roman, Pierre March invite le lecteur à découvrir un sujet souvent tabou, le sado-masochisme, à travers un amour impossible…

La petite fille qui regardait le Bosphore c’est une histoire d’amour « sulfureuse » car placée sous le sceau d’un sado-masochisme consenti entre Hugo, cadre supérieur et une jeune femme, mariée dans la tradition judaïque, Marine, créatrice du premier laboratoire privé de séquence d’ADN… Une histoire d’amour inattendue entre deux adultes ayant chacun une vie de famille, qui pourra en choquer certains, et une histoire d’amour qui finit mal.

Au fil des pages, qui joue sur un aller-retour entre passé et présent, Pierre March raconte, non sans une certaine froideur de descriptions presque cliniques, la relation qui se tisse entre ces deux êtres, réunis par le même goût pour des relations de maître à esclave. Il écrit ainsi : « Nous avons rapidement découvert que nos atomes étaient assez « crochus ». Ton masochisme, bien réel comme j’ai pu le vérifier si souvent par la suite, ne pouvait s’exprimer dans une vie de couple simple et routinière, bercée – endormie ? – par une pratique religieuse peu propice à l’épanouissement de ces pulsions sauvages et perverses qui te transperçaient régulièrement.« 

Au fil de courts chapitres, on plonge ainsi dans un univers étrange, voire choquant, pour qui est étranger à de telles pratiques sexuelles. Au demeurant, Pierre March parvient bien à faire partager comment ces relations violentes entre deux adultes consentants – elles se déroulent au milieu des années 90 – est une expression, violente, dérangeante, d’un amour profond. Pour autant, comme le dit la chanson, « les histoires d’amour finissent mal en général » et ce récit tourne rapidement à une oraison funèbre…

Portrait d’une femme marquée par la difficulté de vivre, d’échapper au poids d’une certaine tradition, et d’un homme qui lui impose les règles d’un jeu dominateur, ce roman ne peut laisser indifférent tant les choses sont décrites par le menu. Il lui écrit ainsi : « Mon école est dure, dites-vous, certes, mais cherchiez-vous donc la facilité pour que vous me reprochiez plus particulièrement cela ? Je n’ose le croire. En tout état de cause, vous ne sauriez critiquer ma méthode impunément, sachez-le, et ne fautez plus. »

Chronique d’une relation sur un fil du rasoir, ce premier roman explore un univers qui ne peut que susciter des interrogations, et ce d’autant plus que l’auteur ne cède à aucun folklore mais décrit, sans fard, la réalité d’une telle relation. Ce réalisme ne peut alors laisser de marbre…

(*) Ed. Le Four banal