Hélène Rumer et François Coupry invités chez Marie-Ange de Montesquieu sur le thème « Jusqu’où peut-on être gentil sans se faire avoir ? »

Hélène Rumer et François Coupry invités chez Marie-Ange de Montesquieu sur le thème « Jusqu’où peut-on être gentil sans se faire avoir ? »

François Lelord, psychiatre et auteur de nombreux ouvrages dont Le voyage d’Hector ou la recherche du bonheur (Éd Odile Jacob) et son dernier ouvrage s’intitule Soyez gentil, mais pas trop (Éd. Odile Jacob)

François Coupry, écrivain auteur de L’agonie de Gutemberg 

Hélène Rumer, écrivain traductrice, elle a vécu dans le passé une relation devenue toxique par un excès de gentillesse de sa part. Elle publie Mortelle petite annonce (Ed. Pearl books)

Hélène Rumer, petite-fille de Thomas Narcejac dans Entreprendre : le talent littéraire en héritage ? Elle publie « Mortelle petite annonce »

Hélène Rumer, le roman noir coule dans le sang de la famille

Lorsqu’on est la petite-fille d’un grand écrivain de romans noirs, l’excellent Thomas Narcejac, du duo Boileau-Narcejac, il arrive que l’on ait dans le sang le don et le talent de ce grand-père. C’est le cas d’Hélène Rumer qui signe un roman noir à caractère psychologique, Mortelle petite annonce. Rencontre.

Entreprendre – Hélène Rumer, le roman noir coule dans le sang de la famille

Chère Hélène Rumer, votre roman est un roman policier psychologique. Mortelle petite annonce raconte une intrigue du point de vue des différents personnages. Pourquoi ce choix ? On dirait que vous avez choisi l’angle de la caméra suggestive.

Dans ce roman, je me suis attachée à décrire des personnalités et ai tenté d’explorer leur singularité, leur complexité, leurs qualités, leurs défauts, leurs mensonges, leurs secrets ; je voulais montrer ce qui tient du paradoxe et ce qui se loge au cœur de chaque être. J’ai procédé en donnant la parole à chacune et chacun : témoins indirects du drame, membres de la famille, relations, amis, voisins. J’ai délibérément choisi de créer une atmosphère irrationnelle en faisant intervenir les principales victimes du meurtre en état de mort imminente.

J’ai façonné leur personnalité, leur vécu, et ai tenté de décrire qui ils sont dans leur profondeur, avec le souci constant de les faire parler avec sincérité et justesse, et ainsi d’approcher de la vérité… Quelle vérité, me direz-vous ? Celle que chacun détient ou croit détenir. En cela, je me réfère à l’esprit de contradiction qui imprègne le théâtre de Pirandello, à la relativité du langage et de la raison, notamment dans sa pièce Chacun sa vérité (Cosi è [se vi pare]). On le sait, chacun voit midi à sa porte, c’est le cas dans la vie et bien sûr dans ce roman, chacun a sa perception des choses.

J’ai trouvé intéressant de croiser les opinions, les expériences ; chacune (et chacun) détient une pièce du puzzle et porte dans son intériorité une part de vérité avec son regard propre. En cela, effectivement, on peut y voir une forme de « caméra suggestive ». D’ailleurs, de nombreux lecteurs m’ont fait remarquer que ce roman était très « visuel », voire « cinématographique ».

Nous sommes plongés en plein désastre familial. Votre personnage Pierre, le père, est un tyran familial. Alors forcément, on a l’impression que votre roman est très actuel et s’inscrit dans les débats sociétaux à la mode, notamment autour de la masculinité toxique, et les violences faites aux femmes. Est-ce une dénonciation sous- jacente ?

Certes, Pierre, le père de famille, est un personnage sombre ; il se comporte comme un « tyran domestique » ; pour ne rien arranger, il a de nombreux défauts, il boit, il magouille et s’arrange avec la vérité, il a un tempérament de joueur très « borderline » surtout par rapport à la gestion des biens et des finances de la famille, il est très autoritaire et même parfois violent. Pour autant, je n’ai pas construit ce personnage dans le but de dénoncer la violence masculine envers les femmes, encore moins de m’inscrire dans un quelconque courant à la mode.

Ce qui m’importait, c’était de tenter de comprendre comment un être humain parvient à commettre l’impensable. Je crois que tout un chacun peut glisser vers la folie, tout dépend des circonstances, de la succession d’événements plus ou moins tragiques que l’on traverse au cours d’une existence ; l’accumulation de traumas non traités peut un jour déboucher sur un drame, il suffit d’un élément déclencheur pour que la folie surgisse et se traduise par des actes d’une violence inouïe frôlant la barbarie.

Je suis toujours frappée de découvrir des titres surréalistes à la rubrique des faits divers relatant des crimes abominables. La même question se pose à chaque fois : comment de tels drames (familiaux, passionnels ou autres) peuvent-ils avoir lieu ? Les enquêtes dévoilent souvent une réalité tristement banale, celle des drames du quotidien et de la folie ordinaire qui s’est subitement emparée d’un voisin prétendument tranquille ou d’une mère de famille que l’on croyait sans histoire.

Dans Mortelle petite annonce, j’ai délibérément mis Pierre sous pression. Les premiers temps, il fait face en trouvant des solutions, en éludant ou en s’arrangeant. Mais peu à peu, les problèmes s’accumulent comme les nuages au-dessus d’une montagne : son emploi est directement menacé, sa situation financière se dégrade fortement, son banquier le lâche, Marie-Ange son épouse ouvre – enfin ! – les yeux sur ses arrangements hasardeux et pour la première fois, elle se rebelle, se met en colère et exige des explications ! J’ai voulu le pousser à bout, savoir à quel moment il craquerait. D’une manière générale, il s’agissait d’avancer pas à pas et de déterminer à quel moment la folie (c’est bien de cela dont il s’agit) ferait irruption dans un esprit a priori sain. Où se situe le point de bascule ? Difficile d’avoir des certitudes en la matière…

Dans le cas de Pierre, je l’ai confronté à un événement inattendu et particulièrement cruel qui le place face à sa conscience et le renvoie aux conséquences de ses mensonges, de ses actes. Je ne dévoilerai pas ce point de bascule pour ménager le suspense et laisser la surprise aux lecteurs, mais c’est à ce moment précis que tout dérape.

Si l’on extrapole et que l’on essaie de comprendre la violence des crimes qui caractérise nos sociétés occidentales, on voit bien, lors de procès, par exemple, que les magistrats, les juges font appel à des experts psychiatres pour trouver une explication rationnelle aux comportements criminels. Ces hommes de loi « instruisent les dossiers, accumulent les preuves, analysent les faits pour reconstruire l’histoire de ces personnes ayant commis des atrocités ». Dans ce genre d’affaires, on explore les méandres de la nature humaine – souvent sombre voire misérable et apparaît alors une réalité qui dépasse largement la fiction et fait toucher du doigt la folie, suscitant incompréhension, consternation voire sidération.

C’est donc un huis-clos familial, un confinement qui conduit aux circonstances de la mort de cinq personnes. Nous sommes dans une famille CSPC+, donc une famille assez bourgeoise. Vous décrivez l’oppression familiale, et les intrigues qui se cachent derrière les portes fermées. Vous avez décrit le contraire de la famille idéale. Est-ce une critique de la famille ?

Vue de l’extérieur, la famille de Jarnac ressemble à une famille bien comme il faut, une famille presque parfaite. M. et Mme de Jarnac vivent dans un quartier cossu de Versailles, ils ont l’un et l’autre une bonne situation professionnelle, leurs enfants sont bien éduqués, fréquentent des écoles privées. La famille part régulièrement en vacances.

Aux dires des voisins, les de Jarnac sont des gens « charmants, serviables, aimables qui leur prêtent des outils de jardin ou arrosent les plantes pendant les vacances, emmènent leurs enfants à l’école, leur rapportent du cidre ou des petits gâteaux de Bretagne. Bref ce sont des gens bien, adorables ».

Mais… en écoutant Laurie, la baby-sitter, on découvre une réalité bien différente. Dès son premier entretien avec M. et Mme de Jarnac, elle perçoit un malaise qu’elle a d’ailleurs du mal à définir : d’après elle, ils ne sont « pas naturels », c’est « comme s’ils jouaient la comédie, qu’ils se forçaient à sourire ». Issue d’un milieu populaire, Laurie est une jeune fille qui a beaucoup de bon sens, de sensibilité et elle ressent immédiatement une distance entre leur monde et le sien. Plus le temps passe, plus elle prend la mesure des dysfonctionnements qui perturbent la vie de cette famille.

Alors s’agit-il d’une critique de la famille ? On peut voir les choses sous cet angle, mais ce n’était pas le but recherché. Les de Jarnac sont le contraire de la famille idéale, certes, mais à vrai dire, je ne sais pas si la famille idéale existe. J’ai de sérieux doutes sur la question.

Soyons honnêtes, chaque famille a ses secrets, ses problèmes, son mode de fonctionnement, ses dysfonctionnements et vit en s’accommodant de ses imperfections.

Ce roman n’est pas votre premier, mais il a une particularité, c’est qu’il est un roman d’atmosphère, un roman policier psychologique, qui nous rappelle ceux de votre grand-père, qui n’était autre que le célèbre Thomas Narcejac, qui a écrit de nombreux romans policiers avec Pierre Boileau, notamment Celle qui n’était plus (1952), D’entre les morts (1954), Les Eaux dormantes (1984), etc. Est-ce que vous reconnaissez cette filiation dans votre propre œuvre ?

J’avoue à ma grande honte avoir lu trop peu de ses romans. Je vais devoir remédier à cela, car il nous a laissé un très bel héritage et nous devons honorer sa mémoire. Mais rappelons que mon grand-père Thomas Narcejac a d’abord écrit seul des nouvelles, des pastiches d’auteurs de littérature policière. En 1948 il remporte le prix du roman d’aventures grâce à son roman La mort est du voyage et rencontre Pierre Boileau lors du dîner offert en son honneur par Albert Pigasse et la Librairie des Champs-Elysées. Pierre Boileau avait remporté ce même prix dix ans plus tôt en publiant Le repos de Bacchus. Au cours de ce dîner, leur conversation est très animée et leur entente est immédiate. Ils décident d’écrire ensemble « quelque chose de différent » ayant pour but de renouveler le roman policier. C’est le début de leur association. Ils deviendront le célèbre tandem Boileau-Narcejac qui publiera, comme vous le rappelez, Celle qui n’était plus porté à l’écran par Clouzot sous le titre Les diaboliques puis D’entre les morts dont Hitchcock tirera son chef-d’œuvre Vertigo. De nombreux films et téléfilms seront également tirés de leur œuvre foisonnante.

Le fonctionnement de leur tandem était le suivant : Boileau esquissait l’intrigue et Narcejac rédigeait et donnait vie aux personnages qu’il faisait évoluer dans des atmosphères lourdes et des situations ambiguës.

Pour ce qui est de la filiation que vous me prêtez, il m’est difficile de la reconnaître ou de la confirmer. Ce qui est certain, c’est que j’ai un goût marqué pour le roman d’atmosphère où les équilibres sont fragiles, les situations bancales, les personnages troubles. S’il y a une quelconque ressemblance, je dirais qu’elle est complètement inconsciente, c’est la seule explication que je peux fournir. Vous savez, c’est comme sur les photos, la ressemblance des membres d’une même famille saute généralement aux yeux des personnes extérieures !

La figure de votre grand-père vous a certainement impressionnée jeune. Ce n’est pas votre premier métier l’écriture. Est-ce que vous pensez que c’est précisément ce grand-père auteur de romans policiers qui sont aujourd’hui des classiques du genre, qui vous habite et qui habite votre écriture ? Est-ce que vous pensez que la marque de Narcejac se retrouve dans votre propre œuvre ?

Enfant, je voyais mon grand-père très occasionnellement. Il résidait à Nice tandis que nous habitions en région parisienne. Lorsqu’il montait à Paris, c’était généralement à l’occasion de la sortie d’un roman, pour rencontrer des journalistes, enregistrer des émissions de radio ou de télévision : il passait le temps d’un déjeuner que je trouvais toujours trop court. J’étais effectivement très impressionnée par l’homme : d’abord, physiquement, il était très grand, large d’épaules, il avait fière allure, portant toujours un chapeau de feutre. Ensuite, en tant qu’ancien professeur de lettres et de philosophie, il avait une immense culture et il possédait l’art et la manière de captiver son auditoire ; il avait toujours une anecdote à raconter, une drôlerie à dire et on percevait son envie de transmettre, son goût marqué pour la pédagogie, ce qui m’a été confirmé par l’un de ses anciens élèves du lycée Clémenceau à Nantes que j’ai récemment eu la chance de rencontrer.

En ce qui me concerne, j’ai très jeune montré un goût pour les lettres et les langues étrangères et suis devenue traductrice d’allemand. J’étais animée par l’idée de retranscrire les idées d’un texte le plus fidèlement possible, même si l’outil linguistique a ses limites et chaque langue ses particularités.

Un jour je me suis mise à écrire et ai eu beaucoup de plaisir à créer des personnages, à les faire évoluer dans un contexte donné, leur faire traverser les épreuves de la vie. A la longue, je me suis rendu compte que je m’attachais à eux comme s’ils étaient vivants. L’écriture est une aventure unique, un peu comme un voyage intérieur. Rien que pour cela, j’aurais aimé avoir l’avis de mon grand-père, échanger au sujet de la création d’une intrigue, de la psychologie des personnages, de leurs failles, leurs faiblesses…

Indéniablement, la personnalité d’un tel grand-père est marquante. Malgré tout, il reste très présent dans mon quotidien, car ma bibliothèque est remplie de ses ouvrages. Chaque jour, j’ai une pensée pour lui. Et puis, ma sœur, mes cousins, l’ayant-droit de Boileau et moi continuons à faire vivre son œuvre, nous sommes régulièrement sollicités pour des droits de traductions, des adaptations théâtrales ou cinématographiques.

Tout ceci explique peut-être certaines similitudes dans la façon de décrire les atmosphères, de créer des personnages ambigus ou des gens comme vous et moi ; lui, était un géant du roman policier, alors que je débute tout juste dans le métier. Ceci dit, j’ai la conviction que les absents sont très présents autour de nous, le seul fait d’être absent nous fait penser à eux, nous sommes reliés à eux par des fils invisibles et ils ont des messages à nous transmettre par des voies parfois inattendues.

Propos recueillis par Marc Alpozzo
Philosophie et essayiste, auteur de Galaxie Houellebecq (et autres étoiles). Éloge de l’exercice littéraire, Éditions Ovadia, 2024 et co-auteur de L’humain au centre du monde. Pour un humanisme des temps présents et à venir, Les éditions du Cerf, 2024.

Le Contemporain fait la part belle à Hélène Rumer en chroniquant « Mortelle petite annonce »

« Mortelle petite annonce » : Un drame familial miroir d’un fait divers qui continue d’intriguer

■ Hélène Rumer
 
Par Yves-Alexandre Julien – Journaliste Culturel

I. Mortelle petite annonce : Un drame familial miroir d’un fait divers qui continue d’intriguer

Dans un monde où l’inimaginable se terre derrière les façades les plus lisses, où les tensions familiales peuvent mener à des dénouements tragiques, le roman d’Hélène Rumer, Mortelle petite annonce, offre un voyage dans l’irrationnel des affects. En s’inspirant des tragédies familiales réelles telles que l’affaire Dupont de Ligonnès, l’auteur tisse un récit complexe où les apparences se révèlent souvent trompeuses. Des crimes « passionnent » pour ce qu’ils disent des mouvements de notre société, d’autres prennent une tournure politique quand des élus soufflent sur les braises. Ce n’est pas le cas de l’affaire de la tuerie de Nantes, mais elle hante pourtant au-delà de toutes. On écrit des romans de fiction comme Mortelle petite annonce pour continuer dans l’inconcevable. Quels sont les ressorts de cette fascination inouïe ? À travers une intrigue riche en rebondissements et des personnages nuancés, Hélène Rumer explore les thèmes universels et tragiques de la sphère familiale invitant le lecteur à une méditation sur l’impensable, explorant des liens troublants avec des affaires réelles et d’autres œuvres littéraires marquantes, offrant ainsi un récit aussi captivant qu’effrayant.

II. Le brossage d’une famille sous tension

Dans le roman sombre et captivant d’Hélène Rumer, Mortelle petite annonce, la vie de la famille Jarnac se déroule dans l’ombre des secrets et des tensions. Tout commence par une petite annonce pour une baby-sitter, mais se transforme rapidement en un récit macabre rappelant l’affaire Dupont de Ligonnès. La ressemblance avec cette tragédie crée un lien saisissant entre la fiction et la réalité. Il y a aussi cette singularité de la vie après la mort ou plutôt de la survivance de l’âme, l’auteur utilisant cette ressource à la main des protagonistes pour décrire par eux-mêmes la scène post-mortem.

III. Des parallèles troublants avec l’affaire Dupont de Ligonnès

Comme dans l’affaire Dupont de Ligonnès, le roman dépeint une famille en apparence ordinaire, vivant dans une banlieue cossue, mais cachant de sombres secrets. Les personnages principaux, Pierre et Marie-Ange, ressemblent au couple Dupont de Ligonnès, vivant sous pression constante, alimentée par des problèmes financiers, des relations étriquées et des traumatismes non résolus.

L’analyse psychiatrique de l’affaire Dupont de Ligonnès, menée par des experts renommés comme Daniel Zagury, offre un éclairage fascinant sur les mécanismes psychologiques à l’œuvre dans les cas de crimes familiaux. Le roman d’Hélène Rumer, Mortelle petite annonce, évoque des thèmes similaires. Pour approfondir cette comparaison, nous pourrions invoquer les travaux d’experts en psychiatrie renommés tels que Richard K. Murray et Ronald Blackburn, dont les ouvrages sur les crimes familiaux mettent en lumière les schémas comportementaux et les motivations sous-jacentes. En intégrant les perspectives de ces experts, le roman d’Hélène Rumer acquiert une profondeur psychologique supplémentaire tel un leitmotiv pour dire plus jamais ça!

IV. Le mystère de “Nicolas” : Une clé pour comprendre la tragédie

Tout comme le mystère entourant Xavier Dupont de Ligonnès et ses motivations, le personnage énigmatique de “Nicolas” dans le roman représente une pièce cruciale du puzzle. Son départ précipité de la maison et son absence laissent planer une aura d’étrangeté et de mystère, révélant des failles profondes dans la structure familiale. Ce personnage donne au lecteur dans ce crime abominable entre féminicide et infanticide une tribune qui fait travailler l’imaginaire en projetant ses fantasmes ou ses désirs à vouloir être le premier soit à lever les secrets planants, soit à annoncer un scoop.

Ce qui fascine et horrifie le lecteur du récit d’Hélène Rumer au milieu de tous les erzatz nés du fait divers d’origine, c’est la possibilité – hypothèse – monstrueuse qu’un père, bien sous tous rapports selon ses proches et intimes, puisse exécuter froidement ses enfants et sa femme et même leur tendre des pièges avant de les tuer .

V. La violence conjugale au cœur du drame

Le roman explore également le thème déchirant des violences conjugales, tout comme l’affaire Dupont de Ligonnès a mis en lumière les dynamiques toxiques au sein de la famille. La violence émotionnelle et physique exercée par Pierre aggravée par l’alcoolisme sur Marie-Ange reflète la réalité brutale de nombreuses relations conjugales marquées par la domination et la soumission.

VI. Mortelle petite annonce : un plaidoyer en faveur de la notion d’emprise d’un point de vue légal

Dans le roman poignant d’Hélène Rumer, les personnages sont pris dans les rets d’une emprise aussi insidieuse que destructrice. Il en va de même concernant le débat autour de l’inscription de l’emprise dans la loi qui révèle la complexité des relations humaines et des mécanismes de domination psychologique. Dans le récit d’Hélène Rumer, les protagonistes subissent progressivement une altération de leur libre arbitre et de leur dignité, piégés dans un engrenage de violence verbale et physique. De même, les victimes de violences conjugales se trouvent emprisonnées dans une spirale de peur et de manipulation, où la violence psychologique prépare souvent le terrain à la violence physique. Cette analogie souligne l’importance de la reconnaissance légale de l’emprise comme une forme de violence à part entière, tout en mettant en lumière les défis juridiques et sociétaux qui accompagnent une telle démarche. Comme les personnages de ce roman luttent pour retrouver leur liberté et leur identité, les victimes de violences conjugales aspirent à une reconnaissance de leur souffrance et à une protection renforcée par la loi.

VII. Une réflexion sur les non-dits et les conséquences funestes qui en découlent

À travers le récit captivant de Laurie, la baby-sitter, le roman met en lumière les conséquences dévastatrices des non-dits et des secrets familiaux. Les silences qui entourent le départ de “Nicolas” et les tensions non résolues finissent par atteindre un point de rupture fatal, conduisant à une tragédie inimaginable.

VIII. La thématique des tragédie familiales en littérature : un genre bien connu

Dans le domaine de la littérature, plusieurs écrivains renommés ont également exploré les thèmes des tensions familiales, des secrets inavoués et des crimes domestiques. Parmi eux, des auteurs tels que Gillian Flynn, avec son best-seller Les Apparences, plongent les lecteurs dans des récits sombres où les apparences sont trompeuses et où les drames familiaux cachent des vérités dérangeantes. De même, le roman La Fille du train de Paula Hawkins explore les intrications complexes des relations familiales et les conséquences dévastatrices de la manipulation et de la violence domestique. Ces ouvrages captivants offrent des perspectives variées sur les dynamiques familiales dysfonctionnelles et les tragédies qui peuvent en découler, élargissant ainsi le tableau des récits similaires à celui proposé par le roman d’Hélène Rumer.

X. Un récit qui capitalise la question du droit des femmes

Dans une ère où la sensibilisation aux questions de sexisme et de droits des femmes est devenue cruciale, le roman d’Hélène Rumer se positionne habilement pour capitaliser sur ces sujets brûlants. En surfant sur la vague de l’engagement féministe, le service de presse entourant le livre exploite intrinsèquement et astucieusement la Journée des droits de la Femme et les revendications pour l’égalité des genres en organisant notamment dès conférences multi-auteures sur ces thèmes. En mettant en scène une héroïne Marie-Ange confrontée à l’emprise et à la violence conjugale d’un mari alcoolique , le roman attire l’attention sur des problématiques sociétales urgentes. Cependant, derrière cette façade d’engagement social, se cache parfois une stratégie commerciale visant à tirer profit de la tendance actuelle à la dénonciation des injustices faites aux femmes. Cette mise en avant opportuniste qu’on ne retrouve nullement dans le roman d’Hélène Rumer peut susciter des interrogations sur la sincérité de l’approche et le véritable impact sur le combat pour l’égalité des droits .

XI. Un roman captivant, d’une réalité et d’une actualité prégnante

Mortelle petite annonce d’Hélène Rumer ne se contente pas de captiver les lecteurs avec son suspense haletant ; il offre également une réflexion profonde sur les dysfonctionnements familiaux et les drames humains qui peuvent découler du poids des secrets et des non-dits. Dans un écho troublant à l’affaire Dupont de Ligonnès, ce roman nous rappelle que derrière les façades en apparence parfaites, se cachent parfois les réalités les plus sombres.

« Le jour où… écrire a signé ma renaissance », Hélène Rumer. Romancière et Traductrice

« Le jour où… écrire a signé ma renaissance », Hélène Rumer. Romancière et Traductrice

Réécoutez ici Cendrine Genty reçoit dans « Le jour où… » Hélène Rumer, Auteure des romans « Profil bas », « Le Zal » et le tout récent « Mortelle petite annoncé » édités chez Pearl Books Edition.  

Hélène est une femme douce, au regard rempli de bonté. De générosité. Et de beauté. Cette beauté, c’est elle qui a su, au fil des années, se la créer. Pour elle. Pour sa fille. Et puis un jour pour également son nouveau mari. Et leur petit garçon.

Cette beauté, constituée d’une vie riche d’amour et d’épanouissement, était tout sauf quelque chose de gagné. Car c’est tout d’abord l’enfer des violences conjugales qu’Hélène a traversé et subi lors de son premier mariage. Une épreuve qui l’a tout d’abord plongée dans un état de sidération totale.

Comment l’homme qu’elle avait cru connaître, l’homme qu’elle aimait, était-il capable de se transformer en un tel inconnu, rempli de violence et de rage ? Se montrant de plus en plus incontrôlable. 

Si son enfance l’avait déjà brutalement projetée dans le chagrin et l’incompréhension à la suite du départ de son papa du domicile familial alors qu’elle avait à peine 7 ans, jamais elle n’avait imaginé un jour avoir à faire face à cette réalité crue, l’homme qu’elle aimait lui faisait du mal. Lui voulait du mal. 

Dans « Le jour où… », Hélène partage cette réalité de cette première partie de vie. Quand la violence s’engouffre dans son univers, dans son quotidien, d’enfant tout d’abord. Puis d’adulte.

Hélène explique ce qu’elle a, après coup, analysé de cette mécanique de violence s’étant installée lors de son premier mariage. Celle qui est alors maman d’une petite fille de deux ans et demi nous livre le déclic dont elle s’est un jour saisie pour rompre net avec la violence de l’homme qui partage alors sa vie. Comment elle s’est enfuie avec son enfant avec un seul objectif en tête : les protéger sa fille et elle. 

Mais Hélène nous dévoile également ce jour où… quelques années plus tard, l’écriture lui a offert une toute nouvelle vie. Elle dont la plume a couché ses tourments sur papier, les figeant à l’extérieur d’elle à jamais. La libérant des chaînes de son passé. Loin des violences conjugales et d’une relation d' »amour » détruisant sa vie. Détruisant son coeur. Mais aussi sa santé.

Elle dont la vie avec ce mari la conduisait droit vers la mort. 

Hélène qui, depuis vingt ans, vit un magnifique et merveilleux second mariage, pleinement épanoui et heureux, entourée de sa fille et de son fils. 

Hélène qui, durant longtemps, n’avait osé écrire, elle qui est la petite fille de Thomas Narcejac, Auteur avec Pierre Boileau des célèbres romans à suspense « Sueurs froides » et « Les diaboliques ».

Hélène qui a su, avec courage et une volonté acharnée, s’autoriser à sortir de l’enfer. Et à se lancer dans le véritable livre de sa vie, rempli d’amour, de liberté, et de joie. S’autorisant dans la foulée à laisser éclore, son immense talent ! Soutenue par une amie au coeur en or. Une amie qui, croyant tant au talent d’Hélène, décida un jour, de fonder sa propre Maison d’Édition afin de publier le tout premier roman d’Hélène ! 

Hélène Rumer est représentée par Balustrade, l’excellente société Relations Presse & Médias de Guilaine Depis. 

« Mortelle petite annonce », huis-clos familial reçoit les éloges de l’exigeant Wukali (auteur : Hélène Rumer)

MORTELLE PETITE ANNONCE, UN HUIS-CLOS FAMILIAL, UN ROMAN HALETANT DE HÉLÈNE RUMER

Un roman et un roman de femme, Hélène Rumer nous entraîne avec brio dans un de ces romans dont on se sait pas comment se détacher, un roman magnétique à vous couper le souffle.

Que cette petite annonce est attrayante, surtout quand on vient d’arrêter brusquement ses études : un studio à Versailles chez un couple contre s’occuper du petit dernier (5 ans) Paul, dit Polo, et quelques travaux ménagers ! C’est ainsi que Laurie est engagée par la famille de Jarnac : lui Pierre est cadre supérieur, elle, Marie-Ange est professeur de mathématiques dans un lycée privé. Mais l’ambiance familiale est plus que tendue. Et une nuit, Laurie est  réveillée par des détonations et trouve les corps des 5 membres de la famille de Jarnac.

Au cours de la psychanalyse qu’elle poursuit avec le docteur Feyraud. Elle arrive à se souvenir du temps passé à Versailles, à mettre des mots sur tout ce qu’elle a perçu et ressenti. Le lecteur suit son récit enrichi par les souvenirs qui assaillent Pierre et Marie-Ange juste avant que la vie ne quitte leurs corps. Et aussi de la tante Denise. Toute l’histoire de cette famille se dessine vers le désastre final qui semble quasi inéluctable : Pierre est un tyran familial, très (trop) exigeant au niveau des études de ses enfants, soumis à une pression inouïe dans son entreprise de la part de son supérieur, un parfait pervers. Ainsi, il fait tout pour maintenir un train de vie important : la maison à Versailles, la résidence secondaire à Carnac. Certain d’être né sous une « bonne étoile », il opère une fuite en avant au niveau financier. Mais soumis à trop de pression, il boit et est devenu alcoolique, souvent violent contre sa femme. Marie-Ange est dépressive, sous anxiolytiques. On met son état psychique sur le compte du décès il y a bien des années de la petite Pauline à 2 mois et des fausses couches à répétition jusqu’à la naissance de Paulo. Mais il y a autre chose que progressivement va découvrir Laurie, le secret absolu : Nicolas, le fils aîné, chassé par son père quand celui-ci l’a trouvé faisant l’amour avec la baby-sitter de l’époque. Toute la famille souffre de son départ, avec lui est parti le lien qui unissait la famille.

Le confinement, les problèmes financiers et une terrible nouvelle va conduire au drame analysé par le commandant de police Wagner, un chercheur de vérité.

Les de Jarnac sont une famille comme bien d’autres : il y a un univers entre ce qu’elle montre (une famille unie, joyeuse, ouverte) et la réalité du quotidien (la pression sur les enfants, l’intransigeance, la violence d’un Pierre totalement auto centré plein de certitudes). Le drame aurait-il pu être évité, sûrement si Pierre n’avait pas voulu imposer ses vues au motif fallacieux qu’il allait, enfin, protéger sa famille, que c’était la seule solution. De fait ne voulant montrer sa déchéance, refusant de reconnaître ses torts, ses erreurs, il préfère entraîner les autres dans la mort, la seule issue qu’il a trouvée pour sortir de ses contradictions. Le docteur Feyraud a sauvé Laurie, il aurait pu sauver sûrement Pierre, si ce dernier avait reconnu qu’il était malade.

A partir d’un fait divers, Hélène Rumer signe ici un roman haletant qui ne vous quittera pas de la première à la dernière page et qui restera inscrit en vous durant longtemps.

Mortelle petite annonce
Hélène Rumer

éditions Pearlsbookedition. 18€

Invitation 7 mars 2024 : Balustrade fête les femmes avec un peu d’avance : avec Hélène Rumer, Stéphanie Janicot, Josyane Savigneau

INVITATION POUR LE 7 MARS 2024

Balustrade prend de l’avance pour fêter 
la Journée internationale des droits des femmes
Guilaine Depis vous invite 
jeudi 7 mars de 19h à 22h30 
à l’Hôtel La Louisiane 60 rue de Seine 75 006 Paris
à une soirée de dialogues et réflexions sur « Être femme en 2024 » 
suivie d’un cocktail (participation au chapeau, inscriptions par sms 06 84 36 31 85)
avec 
 
Hélène Rumer, écrivain des violences conjugales et de la libération de la parole
Son oeuvre, d’une rare intensité, nous ouvre un champ d’une grande puissance émotionnelle et nous met face à des images, où se mêlent souffrance étouffée, tendresse à fleur de mots et accès de violence ravageurs.
Après Profil bas en 2009, Hélène Rumer fait une entrée remarquée par la presse suisse dans la littérature.
 
Son deuxième roman, Le Zal* (2013) explore *la nostalgie slave. Insaissisable, le zal est une composante inconditionnelle des mélodies de Chopin. Il saisit les êtres au plus profond de leurs émotions pour ne plus les lâcher. Le zal est tout à la fois le spleen polonais, la passion – une passion absolue et sans concession.
 
Elle vient de publier Mortelle petite annonce (Pearlbooksedition) une fiction sous forme de huis clos glaçant qui frôle le fantastique autour d’un drame familial. Chacun livre ses états d’âme, ses secrets et ses tourments. Un réalisme oppressant.
 
Stéphanie Janicot, écrivain dont tous les livres explorent la condition de la femme, parmi lesquels :
Non ma mère n’est pas un problème (le premier roman sur le viol conjugal, que les critiques hommes ont trouvé très drôle, alors que les lectrices femmes ont aussi beaucoup pleuré). 
La mémoire du monde, reprend toute sa trajectoire sur 3500 ans (Prix Renaudot Poche). 
L’île du docteur Faust évoque l’invisibilisation des femmes de plus de 50 ans dans notre société. 
Le réveil des sorcières a pour sujet sous jacent la terreur que les femmes indépendantes inspirent aux hommes.
 
Cofondatrice du mensuel Muze destiné à initier les jeunes femmes à la culture (8 ans) avant de le transformer en trimestriel consacré à la création au féminin partout dans le monde (7 ans). 
Elle participe à la création du prix de la closerie des Lilas qui prime chaque année une romancière francophone.
 
Josyane Savigneau, journaliste littéraire et féministe engagée

Non-dits et violences du couple grâce à la romancière Hélène Rumer (« Mortelle petite annonce »)

Littérature

Hebdo Bourse Plus n°1225

Yannick URRIEN

Mortelle petite annonce.