La chère Isabelle Clerc fait un article sur « Penser avec » (Santé Yoga)

Paru dans Santé Yoga
Age d’or

Sept hommes et quatre femmes… »pensent avec Antoinette Fouque ».

Après l’anniversaire de mai 68, celui d’octobre 68 : le début du mouvement des femmes.
Des luttes politiques et de l’approfondissement psychanalytique, semble se dégager aujourd’hui un « post-féminisme » qu’Antoinette Fouque a exposé dans « Il y a deux sexes » et « Gravidanza ».
Face aux enjeux écologiques (planète en péril), biologiques (manipulations génétiques), technologiques (virtuel), Antoinette Fouque propose la géni(t)alité du féminin, son indéfectible alliance charnelle avec l’énergie créatrice à l’oeuvre dans le corps de chaque être vivant, ici et maintenant, à chaque instant.
Antoinette Fouque ne rejoint-elle pas là l’antique savoir de l’humanité originelle, mémoire vive de l’âge d’or, transmise depuis, entre autres, par le yoga ?
A signaler aussi un très beau livre illustré.
« Le langage de la déesse » paru en 2006.

« Penser avec Antoinette Fouque », Ed. des femmes.

Interview d’Antoinette Fouque pour Clara Magazine mai 2008 (par Carine Delahaie)

http://clara-magazine.fr

Vous vous souvenez de la petite fille que vous étiez ?
Non seulement je crois me rappeler qui j’ai été, comme petite fille, mais je le suis restée. Souvent, je dis que j’ai 3 ans et demi du point de vue émotionnel. J’étais la troisième enfant d’une famille ouvrière marseillaise. Mon père est arrivé à Marseille de Corse à 16 ans en 1917, ma mère de Calabre en 1900, elle avait 1 an. Elle se considérait, à 37 comme un peu vieille pour un enfant. Je suis née du désir de mon père. J’ai été conçu le 1er janvier 1936, et je sui née le 1er octobre 1936. J’ai parcouru, pendant la grossesse de ma mère tout le front populaire. Mon père était militant au parti communiste et pendant le front populaire il était enthousiaste. Ma mère a raconté dans quel déni de grossesse elle a été jusqu’au 6ième mois. J’ai cru que mon histoire était singulière, et pas du tout. C’est l’histoire d’Anna Freud, la fille de Freud, et bien d’autres femmes que celle de ma mère qui m’a finalement très bien assumée.

Votre enfance a conditionné la suite des évènements ?
Oui, souvent quand on me dit des choses gentilles, comme « tu es généreuse », je dis juste c’est ma culture. Chez moi, dès que quelqu’un arrivait on ouvrait les placards, c’était la corse, l’Italie. Très petite j’avais conscience que quand les gens s’élevaient, dans l’échelle sociale ils fermaient les placards. J’étais mi-fille, mi-garçon. Ma sœur qui avait 14 ans de plus que moi, était très contenue et mon frère était libre. Alors je m’identifiais à lui. Les choses étaient comme ça dans ma famille, sans interdit, pleines d’émotions. Dans ce quartier du vieux port qui jouxtait les bordels on nous faisait la leçon sur une chose : la traite des blanches. Il fallait sans arrêt demander à la Bonne mère Notre Dame de la garde, de nous protéger. Pourtant, les hommes de Marseille disaient cette insulte, « putain de la bonne mère ». Ils associaient, le plus vieux métier du monde et le plus beau, la prostitution et la maternité. Ma mère disait « belle bonne mère » qui alliait la beauté et la bonté.
Votre mère était une femme déterminée ?

Ma mère nous mettait aussi en garde contre la prostitution conjugale. Elle avait travaillé très jeune et elle nous disait d’être économiquement indépendantes, ne jamais demander le prix d’une paire de bas à nos mari. Depuis 1917 elle travaillait, dans les usines de guerre comme tourneuse. Elle avait commencé à 6 ou 7 ans en livrant des coquillages que sa mère ramenait du port.

Une vie de femme déjà émancipée ?
Beauvoir n’a rien découvert. C’est la fin du 19ième , le début du 20ième, et la guerre qui ont émancipé les jeunes filles. Déjà l’esprit du modèle moderne y était, ne pas faire plus de 2 enfants, trouver une contraception possible même bricolée. En 1914 on a eu besoin de main d’œuvre et certaine ont continué à travailler dont ma mère.

Malheureusement la guerre est arrivée ?
Oui, malheureusement, en 39, le vieux port où nous vivions a été détruit et évacué par les nazis et leurs acolytes. Mon père a été arrêté comme militant communiste. Puis il est entré dans la Résistance. Sans réelle autorité paternelle j’étais une petite fille espiègle, avec une présence symbolique du père très solide. Mais dans tout ça je me souviens d’une abondance de poissons, de rires, au milieu des privations. Vraiment un milieu très ouvrier, très chaleureux, corse, très vivant.

Vous vous destinez aux études ?
Mon frère et ma sœur sont allé jusqu’au brevet. Mes parents avaient une idée fixe, on ne s’élève que par l’instruction. Jusqu’au moment de sa mort ma mère était désolée de ne savoir ni lire ni écrire, obsédée par l’instruction. On allait au cinéma, au théâtre. Si je demandais un livre, on me l’achetait. Le premier ce fut Oliver Twist. Elle s’est battue pour me faire entrer au lycée. Les lycées étaient faits pour les bourgeois des beaux quartiers. Je venais de la Belle de mai, un quartier rouge. J’ai fais des études secondaires et je suis tombé très malade. On m’a administré un vaccin anti variolique qui m’a donné une sorte de sclérose en plaque. A ce moment, je me suis dit, puisque je vais me paralyser progressivement, je vais devenir une intellectuelle. Je suis sorti du lycée en philo. J’ai passé le bac seule et je me suis inscrite à la fac à Aix.

Ce fut une adolescence studieuse ?
Ce fut une adolescence « cultureuse » plus que studieuse, malgré la maladie. Je me cultivais par gout, par désir. C’était surprenant dans ce quartier, mais c’est la mentalité corse, les Corses sortent de l’Ile par l’instruction. J’avais une passion débordante pour la poésie. Il y avait une revue d’avant guerre, les cahiers du sud où certains poètes résistants publiait, Éluard, Aragon et Desnos. J’avais conscience que c’était très politique, c’est poètes étaient très lié au parti communiste, ils étaient en résistance et c’était la réalité du moment. Mon père m’emmenait au meeting de Thorez après guerre c’était quelque chose de très animé, de beau, à la pointe du mouvement ouvrier, c’était une époque ou on récitait liberté d’Éluard à la fin des meetings. Donc Poésie et communisme c’était aussi ça mon adolescence.

Vous avez naturellement fait des lettres ?
J’ai intégrer l’Ecole normale de province et bien que malade j’ai été fonctionnaire à 20 ans. J’étais élève professeure, je gagnais ma vie. Puis je me suis marié à Aix. Je suis arrivé à Paris avec un traitement de professeur. Inscrite à la Sorbonne pour un mémoire, nous étions avec mon mari, endiablés de culture, de comprendre la modernité. A la suite d’un article, les Editions seuil nous ont fait entrer comme lecteurs. Et là au seuil, c’était les années des lumières. Il y avait Derrida, Barthes toute la pensée moderne, ils attaquaient les anciens, c’était drôle comme tout. Alors j’ai commencé une thèse sur l’Avant-garde avec Barthes. J’ai eu une fille en 1964 et bientôt 68 est arrivé.

Alors précisément en mai 68 vous faisiez quoi ?
Je sortais de maladie. J’étais professeure certifié par correspondance et lectrice au seuil. Je recommençais ma thèse avec Barthes. Je m’apprêtais à faire ma demande pour le CNRS. Bientôt, une amie du cours de Barthes m’a présenté Monique Wittig. Elle était comme moi très enragée par la misogynie de la république des lettres. Moi j’avais une fille de 4 ans, c’était mal vu à cette époque il fallait être libertin parce que la modernité c’était aussi Georges Bataille, Sade, cette résurgence du génie du surréalisme. On était très en colère. En Mai 68, on avait le projet d’écrire ensemble.

Monique Wittig était déjà écrivaine ?
Monique wittig était déjà reconnue, mais rejetée. Elle faisait partie de la même écurie au Seuil que les Michel Butor, Alain Robbe-Grillet, ou Claude Simon, mais elle n’était jamais sur les photos. Il n’y avait que des mecs. Quelque fois on présentait Nathalie Sarraute, mais jamais Marguerite Duras et Monique Wittig. Alors elle était en colère. Donc, le 13 mai 1968 on se voit pour créer un comité d’action culturel où viennent de nombreux artistes. On y croisera Téchiné, l’actrice Michèle Moretti, Danièle Delorme, Marguerite Duras, Nathalie Sarraute, Jean-Pierre Kalfon, Pierre Clémenti qui joua l’année suivante dans Belle de jour de Buñuel. Wittig était très passionné par le théâtre et moi par la théorie. L’agitation retombée, elle vient me rejoindre l’été avec Jean-Pierre, un ami qui rentrait du Vietnam. Il nous dit que là bas, c’est la révolution que tout le monde se bat, les femmes aussi. Nous lui disons que justement nous voulons faire un mouvement de femmes.

Vous voulez allez plus loin que le mois de mai ?
En mai 68, les femmes n’ont pas pu s’exprimer. La révolution culturelle et sexuelle de mai c’était pour les mecs. Il y avait ces petites affiches, l’une c’était « le pouvoir est au bout du fusil ». Donc il s’agissait bien d’une révolution guerrière. C’était la révolution comme en 89, une révolution « viriliste », machiste et guerrière. Les jeunes filles étaient à la ronéo. Moi j’avais déjà 32 ans, Wittig, 33. On n’était pas des perdrix de l’année et on trouvait que les petites se faisaient avoir. Elles tombaient enceintes, elles n’avaient pas de contraceptifs, c’était horrible. La révolution sexuelle sans les moyens, c’était les mecs qui en profitaient. A la rentrée on se voit presque tous les soirs, toutes les nuits, pour travailler. On lit Freud et on s’insurge contre Beauvoir. Elle maltraite les lesbiennes et Wittig se définit à l’époque comme une lesbienne alors qu’elle est dans un couple hétérosexuelle. Moi je veux intégrer la question de la maternité à la question de la liberté des femmes, puisque j’ai une fille et que je l’ai voulu. Chez Beauvoir les lesbiennes et la maternité sont banni.

Vous aller bientôt créer le MLF ?
En fait, on décide que l’on va faire un groupe et on le fait. Le 1er octobre, le jour de mon anniversaire, on fait notre première réunion dans un appartement que nous a prêté Marguerite Duras. On s’assoit à une quinzaine par terre et on se met à parler. On parle d’abord de sexualité. Monique Wittig dit qu’elle ne comprend pas cette histoire de virginité. Qu’elle n’a jamais été vierge, qu’elle n’a jamais été déflorée et qu’elle n’a jamais saigné. Moi je dis la même chose. On est plusieurs à le dire d’ailleurs. Et soudain, une fille nous dit qu’elle a été violée par son oncle qui est un photographe célébrissime, dont elle porte le nom. Une autre dit que son père est avocat mais qu’il bat sa mère. On commence à sortir des trucs invraisemblables. On n’a pas imaginé ça avec wittig. On n’en revient pas.

L’activité du groupe se déploie rapidement ?
On commence à aller dans les quartiers, aux alentours des lycées, et on fait des réunions. Chacune parle, et tout sort parce qu’il n’y a pas d’hommes. Jean-Pierre nous avaient dit « tant qu’il y aura des hommes vous ne pourrez pas parler », et c’était vrai. Moi j’avais une voiture et on se déplaçait. Comme on était des intellos avec Monique Wittig on continuait de lire Engels, Marx. En même temps on réglait des problèmes au ras des pâquerettes comme organiser des crèches, des gardes d’enfants. C’était à ce moment là mon problème majeur. Ma fille avait 4 ans et donc je comprenais bien les soucis des autres femmes. On était moitié intello, moitié ménagère de moins de 50 ans.

Quand on dit que le MLF n’était pas un mouvement populaire c’est faux ?
C’est une honte, ça n’a plus été un mouvement populaire quand on est passé d’un mouvement de libération des femmes au féminisme comme mouvement. Il n’y avait plus de femmes il ne restait que l’idéologie. C’est comme un parti communiste sans ouvrier. Ça devenait un mouvement individualiste, sans solidarité. C’est pour ça que je dis souvent que je ne suis pas féministe, le féminisme à l’étranger ça véhiculait des idées de transformation, mais en France c’était devenu l’individualisme. Quand Beauvoir dit « la femme est un homme comme les autres » ou « prenez le pouvoir » on est loin de l’altruisme.

Vous pensez que le féminisme c’est ringard ?
Alors ça non. Beauvoir avait dit à la fin du Deuxième sexe il y a 40 ans, « les luttes de femmes sont derrière nous, nous avons le droit de vote donc ça va ». C’était une connerie totale. Tout était à faire. On a fait tout ce qu’on a pu. C’est la première fois dans l’histoire, que pendant 40 ans on ne s’est pas arrêté un jour. Aujourd’hui, à gauche, comme à droite, des femmes vous diront qu’elles sont féministes, sans parler du changement de société, comme nous le voulions au MLF. Nous voulions une transformation sociale radicale. C’est vrai, c’était un féminisme radical. Mais ce qu’il faut questionner, c’est la structure du féminisme qui est humaniste qui n’est ni individualité, ni égocentré sur le modèle masculin. Joan Scott dans La citoyenne paradoxale : les féministes françaises et les droits de l’homme, qui est un livre remarquable, explique que l’option féministe est de partir d’une condition de subordonné puis de s’en détacher en la supprimant. Ne pas devenir un « homme comme un autre », ne pas adopter l’égalité des sexes sans différence, avec le modèle masculin pour les deux sexes.

Donc vous prônez le féminisme comme une alternative ?
On vous dira que le communisme a échoué alors il n’y a pas d’alternative au libéralisme, à l’individualisme, que nous devons toutes devenir des « hommes comme les autres », toutes devenir des libéraux. Mais il y a quand même des gens qui cherchent des alternatives au libéralisme qui participent à l’altermondialiste. Même si pour le moment ça n’avance pas beaucoup. Moi je crois que les femmes, tant qu’il n’y a pas d’utérus artificiel, ont cette compétence particulière qui consiste à faire des enfants. Alors il y a un déséquilibre. Il y a des pays où il n’y a pas de contraceptifs. Si l’occident continue avec sa mentalité malthusienne de dire aux femmes « faite pas d’enfants ça déforme le corps », nous irons exploiter la chair de femmes pauvres du tiers monde, pour faire des enfants pour celle qui ne veulent pas en faire. Le problème central c’est le déséquilibre démographique. Les femmes doivent être solidaires et régler ces questions en globalité. Démographie, développement durable, et développement de la personne, il doit y avoir une alliance des femmes sur ces questions. Je l’appelle la dynamique des trois D. Dans le monde entier, Il faut créer un sentiment d’alliance, de destin commun pour le moment, il en va de l’avenir de l’humanité.

Finalement c’est un combat toujours exaltant ?
C’est exaltant, car c’est l’avenir de passer d’une société de l’égoïsme, de la capitalisation, du profit, à une société du don, de l’altérité, de l’éthique, de la générosité, du partage. Cette société rêvée récupère certains archaïsmes des sociétés antiques, traditionnelles, mais vous savez Mandela dit que l’Afrique du sud qu’il souhaite a un germe dans l’histoire ancestrale et c’est ce germes qu’il faut cultiver. C’est comme si on disait que le socialisme, la question sociale est terminé, ce serait grotesque, c’est la réaction qui peut tenir de tel propos. Je n’aime pas le féminisme étroit, c’est trop prêt du socialisme. Je n’aime pas le mot socialisme et oui, je préfère le mot communisme, la mise en commun, le vivre avec. Quand je dis que je ne suis pas féministe, je veux dire que ce n’est pas assez le féminisme. Il faut se projeter au-delà. Non seulement il faut l’être de façon individuelle mais il faut aller au-delà dans l’alliance des femmes pour une libération massive. C’est ce que je reproche au féminisme français, je veux un féminisme mondial.

Propos recueillis par Carine Delahaie

Fanny Ardant relate son expérience de lecture pour la Bibliothèque des Voix

Texte recopié du catalogue des trente ans des Editions Des femmes :
7d9114f2831tfanny.jpgC’était comme parler dans le noir à quelqu’un qui vous écoute. Tout raconter d’un trait. Ne jamais s’arrêter. Vivre chaque personnage, recréer un univers entier, vouloir à tout prix partager l’amour d’un livre et l’histoire et le style et les mots.
C’était tout ça quand je suis allée lire La Duchesse de Langeais, Jane Eyre, La Peur.
C’était bien et j’attends que ça recommence.
F.A.

Lise et lui, de Michèle Ramond (haute littérature)

Présentation par l’auteur de Lise et lui (des femmes-Antoinette Fouque, 2008)
de Michèle Ramond

04295a88a25b6ea0bf3d35107e8c2e03.jpg Dans ce livre qui est un peu un roman, un peu aussi une fable, avec sa morale, une morale incertaine, comme nos lectures de l’enfance, je m’adresse au lecteur de façon très pressante. Ce n’est peut-être pas évident, du moins au début, dans le premier chapitre, « Lise écrit »,
parce que mes personnages ont des noms mythologiques, Cyrus, Parysatis, et que j’utilise des souvenirs d’anciennes lectures que mon projet ravivait, Hérodote, Euripide… Mais il ne faut pas que ces noms incantatoires détournent le lecteur de mon livre, ils nous emmènent dans un ailleurs où les malheurs d’aujourd’hui sont rendus, par déplacement, bien discernables car ils remontent à la nuit des temps.

Toujours les femmes et les enfants sont les laissés pour compte d’une société guerrière et misogyne, celle-la même que dénonce Antoinette Fouque dans ses écrits et dans ses interventions et contre laquelle nous sommes nombreux à nous révolter. Ces noms exotiques où tous les temps historiques se mélangent contribuent aussi à créer un effet de flou et de diatribe et parfois aussi d’extase, tout cela se combine avec la « folie » d’écrire de Lise, mon héroïne avec qui je suis sûre de m’identifier, même si rien n’est prémédité. Les chapitres plus
contemporains et plus réalistes (« Louis ce héros » ou « Une nuit de Louis ») sont l’autre face du livre, sa face masculine mais également bonne et généreuse. Ainsi il y a l’écriture sous influence de Louis et l’écriture sous influence de Lise, c’est une écriture androgyne toute concentrée sur des valeurs humaines et qui tente un combat désespéré contre les forces obscures d’un monde masculin au sens meurtrier de ce terme, un masculin qui a expulsé le féminin de lui. Cependant Lise et lui n’est pas un texte idéologique, il s’agit bien d’une fiction
poétique et aussi un peu romanesque, même si cette fiction a aussi une éthique. On ne sait pas trop (moi non plus) quelle est la relation de Lise et de Louis, parfois le texte laisserait supposer qu’ils ont un lien de parenté, mais ce peut être une parenté toute symbolique, la parenté de l’homme et de la femme, tous deux issus de la même argile. Je suis Lise, et Louis Langlois est l’homme selon mes vœux, il est donc moi aussi d’une certaine façon. D’où, sans doute, l’humour mitigé de tendresse que je ressens de plus en plus au fil de mes multiples
relectures de ce lien à la fois fraternel et érotique qui reste, pour moi aussi, très mystérieux. Si Louis est l’homme bon dont l’action de résistance et la pensée révolutionnaire, vaguement marxiste, devraient épauler la révolte de Lise, la comprendre et la compléter, il y a dans
le livre une autre figure masculine, celle du tyran ancien et moderne, toujours le même finalement à travers les époques, qui conduit le monde, de façon de plus en plus visible et irréparable, à sa perte.

C’est lui qui porte le nom de Cyrus dans le premier chapitre, à qui s’adressent les lettres d’invectives et de supplication de Lise. Il y aurait donc, face à Lise qui représente la femme, son idéal de justice et de paix mais aussi son impuissance, ses blocages et sa folie, deux figures masculines, la bonne (Louis Langlois, le résistant, le prolétaire combattant et utopiste) et la mauvaise emblématisée par le tyran Cyrus. Et Lise navigue entre ces deux figures sans jamais les faire coïncider mais sans jamais parvenir vraiment à les disjoindre, d’où la grande ambivalence de tout le texte qui supporte le grand malaise des femmes dans la société actuelle, même dans les pays dits développés et démocratiques. La visibilité de Louis est brouillée par la trop grande puissance du tyran auquel nous pourrions donner beaucoup de noms. Cyrus c’est la domination masculine, le capital, le goût du pouvoir, l’appât immodéré du gain, l’absence de scrupules, le patriarcat, le monde global, l’immoralisme étendu à toutes les pratiques même à l’intervention humanitaire et au droit d’ingérence qui renoue avec les vieilles pratiques coloniales, la misogynie même chez les femmes, tellement le modèle masculin du pouvoir est prégnant pour tous. Finalement nous pouvons dire que Lise et Louis se battent contre le même monstre, peut-être sans le savoir, et sans que le texte non plus le sache. Chacun se bat avec ses armes propres, lui avec les idéaux de la vieille lutte ouvrière, avec ses discours enflammés et ses actions de résistance, elle avec ses écritures lyriques et ses diatribes, avec ses rêves et ses métamorphoses nocturnes, avec son culte des ancêtres. Cependant ils ne se rencontrent jamais, c’est une des énigmes de ce texte mystérieux. Pourquoi puisqu’ils semblent s’aimer ? Le fait est qu’ils alternent dans le livre bâti selon ce rythme à deux temps, Lise ET lui. La rencontre est tragiquement éludée, empêchée, probablement à cause de l’effet nocif, sur eux deux, du tyran. Le tyran est toujours cet ordre mondial meurtrier, incarné et promu par des hommes qui ne sont pas les alliés fraternels et amoureux de la femme mais des fratries guerrières et nocives qui viendront bientôt à bout de toutes les ressources de la terre et de ses habitants, de toute la matière humaine et vivante que nous voudrions tant honorer et protéger. Et pourtant. Il y aurait bien pourtant, si nous lisons le texte de près, une rencontre, son désir ou son ébauche, dans le dernier chapitre du livre « Lise la prose » où Lise devenue la métaphore de la prose absorbe en elle son héros, fait sien l’écrivain combattant où l’on reconnaîtra certainement Louis Langlois. Ce dernier chapitre, de tonalité mixte, est le seul à faire fonctionner ensemble, dans une même coulée textuelle, Lise et son double masculin héroïque.

Certes cet épilogue est tout en suggestions, rien n’y est formulé de façon directe, tout est voilé et secret, mais on devine malgré tout qu’un changement a eu lieu dans le propos initial du livre et qu’une rencontre est projetée, pour plus tard, si le monde le permet. Le permettra-t-il ? On ose l’espérer.

La revue Aréa a aimé Alice ! (Gérard-Georges Lemaire), n°16, printemps 2008

girard.JPGhttp://www.areaparis.com/

Revue trimestrielle d’art contemporain.

Area(s), l’art pour le monde, s’interroge sur les situations de l’art qui, ces 50 dernières années, ont ouvert d’autres perspectives.
Une relecture des oeuvres qui aidera à montrer que l’art est toujours une source de débats autour de des problèmes de la société.

Caprices de ville numéro 16 printemps 2008 20 euros

Homoparentalité : Christophe Girard et Emmanuel Pierrat, Mercredi 16 avril, 18h30 (Rencontre rare !!!)

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Aux éditions Des femmes, nous aimons Paris et nous exécrons la censure. Voilà pourquoi nous serons fières et enchantées de recevoir ce mercredi 16 avril dès 18 h 30 entre nos murs l’un des artisans essentiels du rayonnement de la première, Christophe Girard, accompagné de l’auteur du Livre Noir de la seconde, Emmanuel Pierrat. (Seuil, février 2008)

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Antoinette Fouque ayant toujours été du côté de la liberté, elle prouve une fois supplémentaire, en accueillant ces deux hommes de gauche, victorieux aux Municipales et côte à côte dans le progrès, pour un débat autour de l’homoparentalité sa grande ouverture d’esprit, son courage à briser les tabous et son extraordinaire éveil à toutes les questions politiques de son temps. (notez d’ores et déjà la sortie le 24 avril prochain de Penser avec Antoinette Fouque, recueil de textes de onze intellectuels/écrivains/universitaires aussi célèbres que différents les uns des autres sur l’écho de la pensée d’Antoinette Fouque dans leurs vies et oeuvres respectives… Je vous en reparle très vite. Pour les demandes urgentes, merci de me contacter 06.84.36.31.85)

d8cbbf465beefddc2ac22f3365c75f51.jpg L’idée de départ de cette prometteuse réunion, à laquelle tout le monde est le bienvenu, mercredi soir, fut certainement l’essai de Christophe Girard, Père comme les autres (Hachette Littérature, mai 2006) – la première confession intime d’un homme politique d’envergure nationale à poser avec force les termes d’un débat qui nous concerne tous.

b768cf5fd6360b03b6dbeaee64e0aa11.jpg Quant à Emmanuel Pierrat, il est spécialiste de ses questions, et notamment depuis sa préface de La folle histoire du mariage gay (Daniel Garcia, Flammarion, octobre 2004).

A l’Espace des Femmes, au 35 rue Jacob, au bout de l’allée fleurie, métro Saint-Germain des Prés, vous avez donc l’opportunité exceptionnelle de les rencontrer tous les deux sur le thème « Quel espoir pour les nouvelles familles ? », de les écouter dialoguer, de les observer confronter leurs points de vue et de vous mêler à leur débat sur les parents du futur !! Un verre de vin vous sera offert à l’issue de la conversation.

Merci de diffuser l’information de cette soirée à tous ceux de vos contacts potentiellement intéressés/concernés par le sujet.

Christophe Girard, que l’on ne présente plus, mais dont on peut suivre l’actualité sur son blog http://christophe-girard.over-blog.org/ a aussi publié un joli roman, La défaillance des pudeurs (Seuil, mai 2006)

Son ami et autre élu parisien, Emmanuel Pierrat http://www.cabinet-pierrat.com/ est peut-être actuellement l’avocat le plus médiatique du milieu de l’édition. Il enseigne le droit d’auteur et de la communication, à l’Université de Paris XIII. Il dispense également un cours sur la littérature érotique (cf Son livre de la littérature érotique, Chêne, octobre 2007) à l’Institut National de Formation de la Librairie. Outre ces activités, il tient des chroniques juridiques dans plusieurs périodiques, dont Livres Hebdo.

A très vite, n’oubliez pas de prévenir vos ami(e)s ! Amoureuses des hommes, amoureuses des femmes, amoureux des hommes, amoureux des femmes et même pas amoureu(ses)x du tout, venez partager vos rêves sur le difficile métier de parent (quelle que soit sa libido !)….

A bientôt,

« Les Gardiens du silence » de Claudie Cachard

cachard.jpgClaudie Cachard
Les Gardiens du silence
260 p. – 17,50 € – 1989

La psychanalyse n’est condamnée ni au conforme, ni au déclin. Elle est, à ce jour, l’une des approches les plus attentives et respectueuses du psychisme humain. Il importe de souligner alors que se font des choix qui engagent l’avenir de l’espèce.
Au fil du temps, nul n’évite les épreuves qui font partie de l’ordinaire des vies. Deuils et ruptures, maladie et mort à venir, folie aussi, écartée et méconnue d’être si proche, présente au cœur même de chacun. Certains, quant à eux, ont vécu le pire dans leur chair. Soumis à l’horreur inventée par des hommes pour l’imposer à d’autres.
Quand l’Insensé domine, les Gardiens du Silence sortent de leur réserve et se révèlent à l’œuvre, sans mot dire. Ce livre qui leur est consacré, pour tenter de les entendre et de les écrire, n’est pas réservé aux seuls initiés. Il associe le souvenir à l’invention, la réflexion à l’autobiographie, la dimension  » clinique  » aux données socio-politiques pour envisager  » des zones entourées d’interdits, de réticences profondément enracinées ». Nul n’aime entrevoir des proximités entre deuil et volupté, meurtre et trésor, création et psychose grave. Nul ne tient à envisager de trop près de quoi il retourne, aux confins de soi-même, là où se nident les ressources troublantes et fondamentales qui contribuent à maintenir sa propre existence. « 

Texte de Juliet Mitchell écrit pour le catalogue des trente ans des Editions Des femmes

jmitchell.gifQuand je repense à mes premières rencontres avec Psychanalyse et Politique et les Editions Des femmes, c’est comme si je me plongeais dans les brumes de temps étranges où je vois briller des points lumineux. En février 1970, des femmes sont venues de Paris à l’un de nos ateliers du Women’s Liberation de Londres.
Nous avons discuté. Début 73, c’est moi qui suis venue à Paris avec Rose Delmar pour participer à un séminaire d’Antoinette autour d’une lecture critique de Lacan.
J’étais très admirative. Je me souviens encore bien de ce dont nous avons parlé, des visages et des corps, mais j’ai oublié les noms des femmes du groupe.
C’est à ce moment-là que nous avons entendu parler du projet de la maison d’Edition Des femmes. J’ai écrit une introduction à Psychanalyse et féminisme que je venais de terminer. J’espérais que celle-ci pourrait rendre compte de ce que se devaient mutuellement des femmes qui travaillaient au même moment sur les mêmes questions. C’était cela aussi la sororité.
Je suis très fière d’avoir été publiée par les Editions Des femmes, et vraiment ravie et impressionnée de piuvoir célébrer leur trentième anniversaire. C’est un extraordinaire accomplissement.
Félicitations et merci !
J.M.

ISBN-978-2-7210-0521-2_1.jpgJuliet Mitchell
Frères et soeurs
Sur la piste de l’hystérie masculine

Traduit de l’anglais par Françoise Barret-Ducrocq, 384 p. – 32 € – 2008
Le livre traite avec une très grande érudition puisée dans l’anthropologie, la psychanalyse et les grands mythes de la littérature occidentale, de l’histoire universelle de l’hystérie. Cette analyse amène l’auteure a reconsidérer de façon radicale la construction du psychisme telle qu’elle a été présentée jusqu’ici, à proposer une lecture différente du complexe d’Œdipe et à affirmer la nécessité de prendre en compte les relations horizontales entre celles et ceux qui se trouvent en situation de frères et sœurs, qu’il existe ou non un lien biologique entre eux. Juliet Mitchell ne propose à aucun moment de substituer cet axe horizontal à l’axe vertical, mais souhaite prendre conjointement en compte ces deux axes, dont la mise en relation ouvre de nouvelles perspectives….
En démontrant le caractère universellement possible de l’hystérie, elle réhabilite un diagnostic qui permet de mieux comprendre, non seulement certains dysfonctionnements du psychisme humain, mais aussi la relation entre pairs.

Juliett Mitchell, née en 1940 en Nouvelle-Zélande, a participé à la fondation du Women’s Liberation Movement et a été coéditrice de la New Left Revue anglaise. Psychanalyste et universitaire, elle est professeure à Cambridge (Grande-Bretagne), où elle enseigne sur le thème « Genre et société ». Elle a publié de nombreux ouvrages, traduits dans plusieurs langues, dont L’Âge de femme et le best-seller Psychanalyse et Féminisme, parus en langue française, aux Editions Des femmes -Antoinette Fouque

 

Décolonisation : confrontez vos points de vue avec Hélé Béji et Claude Imbert, mardi 8 avril 18h30 à l’Espace des femmes, 35 rue Jacob !!

Chers admirateurs de Hélé Béji de726c229d60ec45e08bc125445e0971.jpg , j’ai le plaisir de vous inviter ce mardi 8 avril dès 18h30 (Espace des Femmes, 35 rue Jacob – au bout de l’allée de camélias – Paris 6e) à une rencontre exceptionnelle autour de l’un des récents ouvrages ayant le plus « marqué » Antoinette Fouque en ce début d’année : « Nous, décolonisés » (Arléa, 2008).

f89bd6b0e053b7343a593c82d7f12282.jpg A son tour, à la suite de son amie Wassyla Tamzali au même endroit l’automne dernier, Hélé Béji sera la Reine de la conférence. Son Roi d’un soir sera Claude Imbert, puisque l’éditorialiste du Point a accepté avec enthousiasme de mener la danse de l’entretien portant sur cette décolonisation – et en particulier sur les humains qui en sont les bébés – dialoguant avec la belle auteure dont l’intelligence l’a ébloui.

Merveilleux hasard que cet engouement profond et simultané de la femme de gauche (Antoinette Fouque) et de l’homme de droite (Claude Imbert) pour le même trésor philosophique et historique : Nous, décolonisés. 2d46b8855f721ec918564791511662a1.jpg Complicité du Destin qui a fait en sorte, le roublard, que les deux m’évoquent avec ferveur la sortie de ce livre dans l’intervalle d’une même matinée.

Bien entendu, si vous lisez cette annonce, c’est sûrement parce que vous avez déjà manifesté votre goût éveillé pour le travail de votre Tunisienne préférée.

Je vous remercie par avance de transmettre l’invitation de l’Espace des Femmes au maximum de vos connaissances. Car les grains de sable, rapprochés les uns des autres, constituent l’infini. J’espère que vous assisterez à ce débat, suivi d’une dédicace et d’un traditionnel cocktail, dans un nombre et avec la passion corrélés à l’intérêt du thème développé. Les interventions du public seront non seulement bienvenues, mais au-delà désirées, pour faire de cette soirée politique un inoubliable moment de partage dans le respect des différences, de l’écoute et de la construction.

Je vous dis à demain, à très très très vite, et vous laisse un complément d’information sur le sujet en guise de post-scriptum (sur le livre « Nous, décolonisés », sur Hélé Béji, sur Claude Imbert… Piochez !), quelques alléchantes photos en pièces jointes et l’annonce de la prochaine soirée programmée à l’Espace des Femmes : mercredi 16 avril, (même heure 18h30-21h30 tout compris, même principe) avec comme autres « stars » politiques Christophe Girard et Emmanuel Pierrat… Rien que ça ( ! )

Bisous, main tendue, doigts écrasés, sourire, éclat de rire, regard, génuflexion, etc (Cochez la case de votre choix )

Guilaine Depis, attachée de presse de l’Espace des Femmes, 06.84.36.31.85

La décolonisation est la forme la plus instinctive et la plus avancée de la liberté. Elle est l’avant-garde de toutes les libertés. Mais elle est la plus malheureuse de toutes, car elle n’a pas tenu ses promesses. J’avais annoncé que je ferais mieux que les Européens mais, un demi-siècle après, je ne sais toujours pas où j’en suis, si j’avance ou si je recule, si je suis un primitif ou un moderne, un sauvage ou un civilisé, si j’aime la patrie ou si je l’exècre. Suis-je encore le jouet de forces extérieures qui me dépassent ? Ou bien est-ce moi qui précipite ma perte par mes erreurs et mes aveuglements ? Mais j’ai beau me chercher des excuses, elles ne me convainquent pas. Quoi, encore victime, moi ? Non, c’est trop facile. Je ne suis plus cet objet hébété, inconscient, subissant les effets sans être pour rien dans les causes, dépouillé de ses facultés de penser et d’agir. Je ne suis plus sous tutelle. Je suis souverain.

D’emblée, Hélé Béji donne le ton : « liberté » est le maître mot de sa brillante analyse sur la fin du colonialisme, l’Indépendance et la démocratie dans son pays, la Tunisie – qui est ici parangon de tous les jeunes États ayant gagné leur indépendance de haute lutte dans les années 1950-1960. Si, parmi les causes des errements et des incuries des « jeunes pays », elle n’oublie pas les crimes et les injustices des ex-puissances coloniales, ce sont surtout les responsabilités de ces jeunes nations qu’elle entend stigmatiser dans cet essai.

Comparant l’état actuel de son pays avec les rêves et les espoirs qui ont alimenté les diverses luttes anticoloniales, Hélé Béji constate à quel point les ambitions des « combattants de la liberté » ont été déçues.

Après son remarquable travail sur la place de la femme dans le monde musulman moderne (Une force qui demeure, Arléa, 2006), Hélé Béji prend de la hauteur et étend son analyse à l’ensemble des jeunes États, refusant de voir une fatalité dans leurs dysfonctionnements. Elle met ainsi en évidence les responsabilités des intellectuels et des politiques, et, entre la maîtrise d’un passé assumé, une pratique tolérante de la religion, l’instauration d’une « laïcité » originale et réellement démocratique, elle ouvre la voie à quelques perspectives capables d’apporter des solutions aux problèmes de ces jeunes nations.

Quoi que nous fassions ou que nous pensions, nous, décolonisés, la liberté est désormais l’air invisible que nous respirons sans nous en rendre compte. Maladive ou vigoureuse, elle est déjà en nous, même si nous ne la voyons pas. Fantôme insaisissable sorti d’un monde devant lequel nous nous sentons impuissants et chétifs, elle exige un courage dont il faudra bien que nous trouvions un jour la force. Elle est là, même si nous détournons le regard pour ne pas la voir. Elle est un devoir dont nous nous acquitterons vis-à-vis de nos enfants, même si nous ne l’avons pas reçue de nos ancêtres. L’héritage n’est pas seulement quelque chose qui remonte du passé, c’est un bien qui dévale du futur.

acf0a4dd808f95a763be4ec4097e500d.jpg Hélé Béji est née à Tunis en 1948. Agrégée de lettres modernes, elle a enseigné la littérature à l’Université de Tunis, puis a occupé un poste de fonctionnaire international à l’UNESCO. Elle a fondé en 1998 le Collège international de Tunis. Elle est l’auteur de plusieurs livres dont Le Désenchantement national, essai sur la décolonisation, Maspéro 1982, L’Œil du jour, roman, Nadeau, 1985 et L’Imposture culturelle, essai, Stock, 1997. Elle a également collaboré à de nombreux ouvrages collectifs sur le tiers-monde et sur les questions du monde arabe.