Texte figurant dans le catalogue des trente ans des éditions Des femmes sur la Bibliothèque des Voix

En 1980, Antoinette Fouque crée la collection « écrire, entendre », qui deviendra plus tard la Bibliothèque des voix :

« Faire des livres parlants, c’est une anamnèse ; c’est lever l’amnésie sur la première voix. La voix, porteuse de naissance et de réminiscence, la voix porteuse de jouissance. La voix qui est l’attente et l’espérance du texte. La voix générique, la voix génitrice, genuine, la voix généreuse enfante le texte, la voix donne génie au texte. C’est le lait et le placenta, c’est la chair et la vive voix. Comme la soif enseigne l’eau, le texte vivant enseigne la voix, hors de tout regard, la double voix de la femme en puissance d’autre s’alterne et désaltère le texte. »
 
Parmi les premiers titres : Une femme de Sibilla Aleramo, lu par Emmanuelle Riva ; Préparatifs de noces au-delà de l’abîme de Hélène Cixous, lu par l’auteure ; Trois Guinées de Virginia Woolf, lu par Coline Serreau ; Hosto-Blues de Victoria Thérame lu par Michèle Moretti…
 
En 1983, au Salon du livre de Paris, Simone Benmussa, Benoite Groult et Michèle Morgan sont présentes lors d’un débat sur la collection.
 
En novembre de la même année, Michèle Morgan rencontre ses admirateurs à la Librairie des femmes de Lyon. Elle vient d’enregistrer La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette et La Naissance du jour de Colette.
Au cours des années suivantes, Nathalie Sarraute, Julien Gracq, Françoise Sagan, Georges Duby, Catherine Deneuve, Fanny Ardant, Isabelle Huppert… enregistrent tour à tour pour la Bibliothèque des voix.
Certaines auteures et actrices seront présentes lors de la cérémonie des awards remis à des femmes exceptionnelles, le 8 mars 1990, à la Sorbonne. Marie-Christine Barrault parlera d’Aung San Suu Kyi au journal télévisé. Les unes et les autres accompagnent les mobilisations de ces dernières années : contre les viols de guerre en ex-Yougoslavie plusieurs d’entre elles ont enregistré un CD. Pour la démocratie en Algérie. Contre la misogynie. Pétitions, événements politiques et culturels, les trouvent à nos côtés. Pour des anniversaires aussi, et des mises à l’honneur.

Patrizia Cavalli invitée par Francesca Sensini à l’Université de Toulouse en février 2008 !!!!

Autre jolie information, Patrizia Cavalli est attendue pour un séminaire de haute importance à l’Université de Toulouse cet automne ! Félicitations à Francesca Sensini (professeur au Centre Culturel Italien d’Antonio Francica qui, conquise par « Mes poèmes ne changeront pas le monde », avait si aimablement reçu la poétesse le 28 juin) pour avoir songé à la faire intervenir dans son cours de littérature italienne !

Chistine Spengler candidate à la sélection du Prix Grand Témoin de la France Mutualiste !! Bonne chance à elle !!

Christine Spengler (site officiel http://christinespengler.blogspot.com/)

L’auteur à la personnalité la plus merveilleusement folle des Editions Des femmes, Christine Spengler, dont la capacité d’émerveillement et d’adoration bat tous les records (je suis, vous l’aurez remarqué aussi, sur ce point, par la flamme et l’enthousiasme que je mets dans mes communiqués dans le peloton de tête !) a été remarqué pour son livre de photographe reporter de guerre, « Une femme dans la guerre 1970 – 2005 » (présenté cet automne au Prix Grand Témoin de la France Mutualiste ).

Après avoir exposé à la galerie d’art du 51 rue de Seine, « ma chérie !!!!! » est sur le point de partir au Japon ! Le pays des sushi et d’Amaterasu ! La Mori Building Fondation a craqué pour son oeuvre ! C’est une des meilleures nouvelles de l’année pour les Editions Des femmes, liées par une affection spéciale à cette femme dont le talent n’égale que l’exquise nature.

La Mori Building Fondation : http://www.artfactories.net/article.php3?id_article=799

Patricia Rodriguez s’exprime dans Espaces Latinos (sept oct 07)

Patricia Rodrioguez est l’auteur de « A la recherche de l’utérus perdu », Editions Des femmes (2006)

Sociétés et cultures de l’Amérique Latine

« Le centre du monde, c’est précisément où tu te trouves. » Talmud

Le regard de l’autre – Patricia Rodriguez

Notre planète a de nombreux centres ; des nombrils telluriques unis à des placentas nourriciers, vers lesquels les forces du monde souterrain rejoignent celles du monde visible et celles du cosmos. En tant que Mexicaine, je me trouve sur le nombril de la lune, car c’est ce que signifie, en langue nahuatl, le nom de Mexico. Et je n’écris pas dans cette belle langue indigène, que je ne connais pas, mais dans le langage des colons, qui est le mien.

La colonisation en Amérique latine a été la rencontre de deux cultures différentes, et l’une s’est imposée au détriment de l’autre. Pendant sa formation, de la part des colonisateurs, se sont créées des visions dans lesquelles ne furent pris en compte que les idéaux et les préceptes européens ; mais les indigènes se sont eux aussi créé bdes visions des colonisateurs à partir de leurs préceptes et de leurs idéaux. Nous échangeons notre propre perspective contre celle de l’autre en considérant et en prenant en compte le point de vue, la conception du monde, les intérêts, l’idéologie de l’autre, non en donnant pour acquis que celle de « l’un » est la seule possible.

Lacan pensait que l’Autre est en même temps le prochain et tout l’ensemble des sujets qui constituent la culture et la société depuis l’origine de l’humanité. Le sujet est parlé par l’Autre et sa variation, le sujet est pensé par l’Autre. C’est à partir de l’Autre que le sujet possède un langage et à partir de l’Autre que le sujet pense. Si « la limite de mon monde est la limite de mon langage », les colonisés, en s’appropriant la langue espagnole, ont élargi les limites de leur monde. Et rappelons-nous que « les mots sont une forme d’action capable d’induire des changements. » Il n’est pas toujours vrai que « l’autre est celui qui aliène » ou que « l’enfer, c’est les autres ». La solitude nous pousse à nous rapprocher des autres. Octavio Paz disait que « l’homme est le seul être qui se sent seul et le seul qui est recherché de l’autre ». Voici un fragment de son poème Piedra de sol :

Je suis autre quand je suis, mes actes / Sont plus à moi s’ils sont aussi à tous, / Pour que je puisse être je dois être autre, / Sortir de moi-même, me chercher parmi les autres / Je ne suis pas / Les autres qui ne sont pas si je n’existe, / Les autres qui me donnent pleine existence, / Le moi n’existe pas, nous sommes toujours nous, / La vie est autre…

L’écrivain transforme ce qui est connu en autre chose, en ne donnant pas pour acquis que sa vision soit la seule possible. On n’est pas écrivain parce qu’on a choisi de dire certaines choses, mais pour la forme dans laquelle ces choses sont dites.

Patricia Rodriguez Saravia Traduit par Christian Roinat

Patrizia Cavalli dans L’Humanité par Françoise Han – La condition de poète (01.09.07)

La chronique poésie de Françoise Han

La condition de poète

Comment le poète se voit-il dans la société ? Ne vivant pas de sa plume, il peut y être aussi salarié de diverses professions, artisan, médecin, architecte, voire homme de loi, ou bien petit éditeur de poésie, ou (c’était autrefois – bénéficiaire d’un mécénat ; mais nous nous intéressons ici au poète en tant que tel.

Jean-Pierre Chevais en fait l’objet de ses réflexions dans un Précis d’indécision, titre évidemment ironique. En épigraphe, une citation de Racine, « Je sais tous les chemins par où je dois passer », montre l’opposition entre l’idée que les classiques se faisaient du poète et la nôtre, sauf à dire avec Kafka : « Ce que nous appelons chemin, c’est notre indécision. »

Premier trait de la condition du poète : il vit dans le même corps que l’individu lambda auquel nous faisons allusion plus haut et la cohabitation se passe tant bien que mal. Trait suivant : le manque, ce qui lui a été retranché. « Précis d’excision », se moque t-il. Sa grande affaire : le rapport à la parole. Quand cesse la fusion avec le monde apparaît l’écriture, « on se demande pourquoi on n’y comprenait rien – de là à conclure que ». La phrase inachevée, lourde de sous-entendus, est une caractéristique de ces pages qui, par la suppression des virgules, tendent vers un continu, ironique lui aussi.

Le poète se heurte partout, mal intégré dans les objets et chez les gens, quand ce n’est pas la barre du ciel qui lui tombe sur la nuque. Le recueil de ses maladresses est parsemé de malentendus avec la femme aimée. Vers quoi se tourner, quand ce qu’un langage inepte appelle « la vraie vie » paraît dépourvu de sens ? Vers les grandes figures de la mythologie, vers les poètes de tout temps, ^HÖlderlin ou Bobrowski, vers la musique. C’est peut-être un spectacle : « Fini le temps d’Icare Dédale Orion Orphée Ariane ou Eurydice tous ceux qui maintenant sur la scène nous saluent qui bientôt viendront parmi nous s’asseoir remplir orchestre balcons et poulaillers – voilà ça va finir question de temps tout va pouvoir recommencer. »

Patrizia Cavalli, elle, déclare Mes poèmes ne changeront pas le monde. Le philosophe Giorgio Agamben souligne en préface « un savoir prosodique stupéfiant », par lequel le poète « touche et palpe les contours exacts de l’être ». Et pourtant, là aussi, un sentiment d’impuissance, augmenté de celui de la condition féminine. Il faut faire le ménage, faire à manger. Pas de vertige, mais dans une ville sale, aux escaliers crasseux, aux cours nauséabondes, un somnambulisme attentif aux plus petites choses, « les traces du verre sur la table / pour rechercher dans la densité des cercles / le poids involontaire d’une main ». Patrizia Cavalli a reçu en novembre 2006 le prix international de poésie Pier Paolo Pasolini.

L’élégie est poème de lamentation. Mais l’Eléplégie, qui vient en titre du livre de Cédric Demangeot ? Faut-il entendre dans ce néologisme, étymologiquement, une lamentation qui frappe un grand coup ? C’est aussi le titre de la section qui dit la prison et la torture. Le poète est un prisonnier qui a pour ami le mur : « Dans / ma cellule, ils / m’ont laissé / le droit de parler / au mur. Et le droit / de masturber le mur. » Il est ailleurs l’assoiffé à la langue trouée et encore celui qui veut sauver la langue pour sauver l’homme. Ses poèmes témoignent d’un monde désarticulé, tels les mots coupés à la rime, pas même en syllabes : « la h / alte », « ce qu’i / l’reste », « l’o / mbre », mais aussi redoutablement articulé dans l’autre camp. La dernière section est une Prosopopée précédée d’une annonce : c’est la parole qui manque à la police et le poète parlera pour « la langue revenant à soi et se découvrant coincée dans un corps policier ».

La revue Po&sie place ses trente ans sous le parrainage d’Herman Melville (1819 – 1891), qui a dénoncé « l’instauration dans notre siècle d’un empire anglo-américain fondé sur la dégradation systématique de l’homme ». On lit ici son long poème Esquisse et l’étude de Richard Rand, Melville et l’Amérique. Autre référence : Samuel Coleridge (1772 – 1834). S’il est passé du radicalisme au conservatisme, ses oeuvres de jeunesse, dont le Dit du vieux marin, expriment un sentiment de culpabilité historique vis-à-vis du colonialisme. Aujourd’hui, que peut la poésie ? Rien, si elle reste seule, socialement insignifiante. Il lui faut « bâtir – habiter – penser », s’allier à la musique – de très belles pages sur Kurtag-Beckett – à l’image, à la danse, au roman. Un numéro extrêmement riche, à lire par tous ceux que préoccupe l’actuel « transport – déport culturel » évoqué en avant-propos par Michel Deguy. Ils y trouveront encore un grand poème de Yu Jian sur le Vol, trois textes pour « Penser la poétique » et trois autres pour « Faire parler Dante ».

Diérèse, pour sa part, consacre son numéro 36 à son dixième anniversaire. L’éditorial de Jean-Louis Bernard interroge : « Poésie-miroir ou poésie chemin ? » La section « Poésie du monde », particulièrement intéressante, salue d’abord deux disparus récents : Jacinto-Luis Guerena, républicain exilé en France en 1939, et Oskar Pastior, seul membre allemand de l’Oulipo. Suivent une contribution importante de Hauke Hückstädt, autre poète allemand, puis des poèmes de Dylan Thomas inédits en français et des proses poétiques du Brésilien Marcos Siscar. Trois cahiers réunissent des poètes de langue française connus ou à découvrir. Il y a encore des notes de lecture, des libres propos et des récits.

Précis d’indécision, de Jean-Paul Chevais. Atelier La Feugraie (2007), 82 pages, 12 e

Mes poèmes ne changeront pas le monde, de Patrizia Cavalli, bilingue, traduit de l’italien par Danièle Faugeras et Pascale Janot. Editions Des femmes / Antoinette Fouque (2007), 502 pages, 23 e

Eléplégie, de Cédric Demangeot. Atelier La Feugraie (2007), 112 pages, 12,50 e

Po&sie n°120
2ème trim (2007), Editions Belin, 398 pages, 30 e

Diérèse n°36
printemps (2007), Editions les Deux Siciles (8, av Hoche – 77330 Ozoir-la-Ferrière), 22 pages, 8 e

A l’horiozon d’un amour infini dans Livres Hebdo, 14 septembre 07

Zordan Laurence

A l’horizon d’un amour infini – Paris Des femmes – Antoinette Fouque 18 x 12 cm

Roman à trois voix dans lequel chacun raconte sa propre histoire. ces trois récits ont en communla difficulté des personnages à se situer par rapport à leur origine sociale et familiale et le désir de régler son compte au passé en cherchant un amour infini ou une autre porte de sortie. Lucette est fille de gardiens d’immeuble, Guillaume est né sous X et Astrid est caissière d’une grande surface.

LIVRES HEBDO, 14 septembre 07

A l’horizon d’un amour infini dans Livres de France (septembre 2007)

Des femmes – Antoinette Fouque

A l’horizon d’un amour infini, Laurence Zordan

Roman à trois voix dans lequel chacun raconte sa propre histoire. Ces trois récits ont en commun la faculté des personnages à se situer par rapport à leur origine sociale et familiale et le désir de régler son compte au passé en cherchant un amour infini ou une autre porte de sortie. Lucette est fille de gardiens d’immeuble, Guillaume est né sous X et Astrid est caissière dans une grande surface. Des femmes – Antoinette Fouque, 2007