« Sheh ! Bien fait pour toi ! » de Hacina Zermane & Myriam Mascarello

Sheh ! Bien fait pour toi !
Hacina Zermane et Myriam Mascarello

En partenariat avec Sidaction (ce livre sortira à l’occasion de la journée mondiale de la lutte contre le sida).

Office 16/11/2006

Être maghrébine, musulmane et séropositive : une gageure que Hacina relève depuis bientôt quinze ans. Contaminée par son mari alors qu’elle n’a que dix-neuf ans, Hacina se retrouve atteinte d’une maladie dont elle ne connaît même pas le nom et dont elle ne perçoit, des années durant, aucun symptôme.
Son témoignage est inédit : jamais une jeune femme issue de l’immigration maghrébine n’a osé faire le récit de sa vie avec le sida. Dans son milieu, le sida est une maladie honteuse : un déshonneur pour la famille, une punition divine destinée à celles qui s’écartent du droit chemin. C’est ce qu’on lui répète sans cesse : « Sheh ! » (« Bien fait pour toi ! »).
Il faudra quatorze ans à Hacina pour se dresser contre ces préjugés, se révolter contre ces croyances mortifères. Quatorze ans pour oser rencontrer sa maladie et accepter de la combattre. Ce témoignage est l’histoire de sa renaissance à partir de cette prise de conscience.
Hacina y raconte son enfance, sa révolte adolescente contre une famille aimée mais dévorante, sa rencontre à dix-sept ans avec Baba, musulman mais Malien, père de ses quatre enfants. Elle parle de sa maladie, des inconnus qui l’aident, des proches qui l’accablent, de la découverte du Mali et de la polygamie.
Un récit pudique qui s’adresse à tous ceux qui risquent de mourir deux fois : à cause du virus et à cause du silence.

« Chanteuses de blues » de Buzzy Jackson

51Q0R68D6SL__AA240_.jpgChanteuses de blues
Buzzy Jackson

Traduit de l’américain par Luc Carissimo.
(Titre original : A Bad Woman Feeling Good)

Office 09/11/2006

Mélange de rythmes africains et de musique européenne, né dans les riches États du Sud des États-Unis, le blues est intimement lié à l’histoire, le plus souvent tragique, des Noirs. Dès son origine, il est chanté par des femmes qui ont rapidement imposé leur forte personnalité, capables d’exprimer, au mépris des conventions sociales répressives, leurs aspirations, leurs désirs, leur sexualité, leurs émotions, leur liberté… et défini une attitude face à la vie.
Dès les toutes premières, comme Mamie Desdoumes ou Ma Rainey (1886-1939), la « grand-mère du blues », apparaissent quelques caractéristiques rarement démenties par la suite et notamment une mauvaise réputation : des lieux, villes ou quartiers organisés autour de la vie nocturne, des bordels et du monde interlope, d’activités illégales et violentes, du « péché »… A la fois mères (respectées) et femmes « sexy », servies par des voix rauques et profondes, une vitalité débordante, une grande force physique, elles revendiquent une sexualité agressive (souvent bisexuelle). Aimant les fêtes et la boisson, elles s’inscrivent dans une marginalité dans laquelle elles peuvent affirmer une forme de liberté impossible par ailleurs, parce qu’elles sont noires, parce qu’elles sont femmes, et parce qu’elles sont pauvres.
Elles sont les premiers maillons d’une chaîne de transmission qui, de femme à femme, de génération en génération, chacune à sa façon particulière, dans la revendication ou la révolte, le raffinement ou la sophistication, constitue l’histoire du blues. On s’arrêtera sur quelques figures magnifiques, que ce livre nous donne envie de découvrir ou de redécouvrir, Bessie Smith (1894-1937), Billie Holliday (1915-1959), Aretha Franklin (atypique dans ce monde de « mauvaises femmes »), Tina Turner ou Janis Joplin notamment…
Ainsi, ce livre prend le contrepied d’une idée communément admise, selon laquelle la chanteuse de blues est une femme vertueuse et mélancolique : pour Buzzy Jackson, la chanteuse de blues est à l’origine une femme de mauvaise vie bien dans sa peau, « a bad woman feeling good ».
Buzzy Jackson est docteure en histoire de l’université de Berkeley. Chanteuses de blues est son premier livre.

« La Princesse de Clèves » en livre audio !

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Michèle Morgan lit
La Princesse de Clèves
de Madame de La Fayette

Mise en espace sonore par Simone Benmussa
Coffret 2 Cassettes – 25,50 €
Coffret 2CD – 27 €

Madame de La Fayette, née en 1634 à Paris, issue d’un milieu de petite noblesse, fréquenta dès sa jeunesse les salons et en particulier l’hôtel de Rambouillet. En 1655, un mariage de raison la lia à un homme beaucoup plus âgé qu’elle, le comte François de La Fayette. Son salon rue de Vaugirard était un lieu de rencontres des lettrés et elle devint l’amie de Henriette d’Angleterre, dont elle écrivit l’histoire, publiée après sa mort. La Princesse de Clèves parut, sans nom d’auteur, en 1678. Avant sa mort en 1693, Madame de La Fayette joua un rôle diplomatique important entre la Savoie et la France.
A Madame de La Fayette, on ne doit pas seulement le premier roman d’analyse, mais une révolution des lettres françaises : pour la première fois, le cœur du roman, c’est la vie d’une femme, La Princesse de Clèves ; pour la première fois, dans la société aristocratique du XVIIe siècle, qui la réduit au silence, elle fait entendre sa voix intérieure.
Au temps de Henri I, Catherine de Médicis, Diane de Poitiers miroir historique sans doute nécessaire pour risquer l’analyse qu’elle fait des mœurs de son temps –, “ il parut alors une beauté à la cour ”. Elle, une très jeune femme – si grave est la voix du texte dans la splendeur de sa langue sobre, qu’on oublierait parfois ses seize ans.

Michèle Morgan lit « La Naissance du jour » de Colette

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Michèle Morgan lit La Naissance du jour de Colette
Précédé de Le Cactus rose de Sido lu par Colette

1 Cassette – 16,50 €
1 CD – 18 €
“ C’est folie de croire que les périodes vides d’amour sont les “blancs” d’une existence de femme ”, écrivait Colette, en 1937. Car c’est le temps où peut fleurir sa vie propre, saison de poèmes comme l’atteste La naissance du jour, composée l’été de ses cinquante-quatre ans. L’âge où s’offre, en coupe d’oubli, le dernier amour n’est-il pas plutôt celui d’inventer, hors des dépendances, sa maturité au pays du soleil ?

« La maladie de la mort » de Marguerite Duras, lu par Fanny Ardant

La maladie de la mort.jpgLu par Fanny Ardant
Enregistrement du spectacle mis en scène au théâtre de la Madeleine à Paris par Bérangère Bonvoisin du 6 juin au 9 juillet 2006.

Office 19/10/2006

Un homme paye une femme pour la faire venir chez lui chaque nuit. Il veut connaître un corps féminin, essayer de l’approcher, de l’aimer. Il n’a jamais aimé aucune femme. Est-ce pour cela que la femme le dit atteint de la « maladie de la mort » ? Il regarde dormir la femme, puis apprend, doucement, à la toucher, à la caresser.
Énoncé au présent par une « voix » qui s’adresse à l’homme, qui le raconte à lui-même, ce récit met en scène le désir, ou son absence, l’impuissance de l’homme et de la femme à se rejoindre, l’amour perdu « avant qu’il soit advenu ».

Marguerite Duras souhaitait que l’histoire soit lue par un homme. Ce texte fut notamment interprété par Michel Piccoli puis par Gérard Desarthe. Pour cette mise en scène au théâtre de la Madeleine, Bérangère Bonvoisin a choisi de faire dire ce texte à Fanny Ardant, donnant une nouvelle dimension à ce texte : car c’est désormais une femme qui décrit le regard d’un homme sur une autre femme, et cette lecture féminine introduit un nouveau terme dans l’équation complexe du désir.

Mise en scène de Bérangère Bonvoisin
Création : Théâtre de la Madeleine 2006

« Lou Salomé, génie de la vie » de François Guéry

Lou Salomé, génie de la vie
François Guéry

Réédition

Office 12/10/2006

Éminemment moderne, Lou Salomé incarne une figure d’indépendance et de liberté, tout en étant essentiellement connue pour avoir marqué la vie de trois hommes, Nietzsche, Rilke et Freud.
Puissance féconde, muse, inspiratrice et accoucheuse, elle est un génie de la sensualité, qui répand l’amour sans l’éprouver, et une Attila, qui brûle et détruit… mais pour rendre plus féconde encore une pensée qu’elle juge indissociable de la vie.
François Guéry relève le paradoxe de cette personnalité, plus fécondante que féconde. Paradoxe qui reposerait sur un choix : Lou semble avoir accepté avec lucidité de renoncer, non à écrire ou à penser, mais à le faire pour elle-même, alors que toute sa vie est par ailleurs une affirmation de son « Moi ».
Ainsi peut-on souligner ce que Lou elle-même a écrit dans Ma Vie : « Le caractère et les paroles de Nietzsche […] tout cela m’évoquait […] des souvenirs et des sentiments à demi-inconscients provenant de mon indestructible enfance, la plus reculée et pourtant la plus intime. Seulement, en même temps, c’est ce qui m’aurait empêchée de devenir son disciple, son successeur : j’aurais toujours hésité à m’engager dans la voie dont il me fallait m’éloigner pour voir clair. »

François Guéry est normalien, agrégé de philosophie, et germaniste. Il a notamment publié Heidegger rediscuté (éditions Descartes et Cie, 1995), et La Politique de précaution (avec Corinne Lepage, PUF, 2001).

« Figures du féminin » de Catherine Chalier

9782721005441.jpgFigures du féminin
Catherine Chalier

Réédition augmentée.

Office 19/10/2006

L’œuvre de Levinas trouve son orientation par excellence dans la pensée de l’autre. Mais comment parler de l’autre puisqu’on risque aussitôt de l’enfermer dans un savoir qui le nie comme tel ? La seule parole légitime et vivante, parole qui veille sur l’altérité sans se l’approprier, ne serait-elle pas la réponse consentie à son appel ? Parole qui, sans énoncer un savoir, ouvre un espace de proximité entre l’un(e) et l’autre. Le philosophe ne s’en tient pourtant pas à cette sage et impossible réserve et, sous sa plume, les vocables de « femme », de « féminin », d’« aimée » ou encore de « maternité », au regard de ceux de « virilité » ou de « paternité » viennent à la fois donner à la différence sexuelle une réalité incontournable et faire entendre un discours sur l’autre féminin qui souffre questionnement. Ce livre interroge donc l’ensemble des métaphores et des figures du féminin dans la philosophie de Levinas en se demandant ce qu’elles font entendre des idées que le sujet masculin qui les énonce se fait des femmes. Ces idées transgressent-elles l’interdit de la thématisation de l’autre dans un sens qui, de fait, reconduit le privilège du masculin, privilège intime à la philosophie, surtout quand elle le méconnait ? Ou bien veillent-elles sur la trace d’une différence originaire qui, à temps et à contretemps, surprend la parole pour l’empêcher de succomber trop vite à la tentation de se faire concept affirmatif (le Dit) ?
L’essai préparé pour cette nouvelle édition, L’extase du temps, analyse comment, dans les premiers textes de Levinas, c’est la rencontre de la femme qui rend possible la sortie hors de la neutralité angoissante (l’il y a) et de la solitude. Eros, dit le philosophe, permet l’extase du temps et, par là, le pressentiment d’un espoir.

Catherine Chalier enseigne la philosophie à l’université de Paris-X-Nanterre. Elle a publié plusieurs ouvrages qui explorent le lien entre la philosophie et la source hébraïque de la pensée.

« Ils ont lapidé Ghofrane » de Monia Haddaoui

Ils ont lapidé Ghofrane
Monia Haddaoui

Office 28/09/2006

Octobre 2004, le corps de Ghofrane Haddaoui, 23 ans, est découvert sur un terrain vague de Marseille, recouvert de multiples blessures, le crâne défoncé. L’autopsie établira que la jeune femme est morte après de longues heures d’agonie. Profondément atteinte, sa mère entreprend alors avec une détermination et une force peu communes de découvrir la vérité, une façon de se battre pour sa fille et de permettre à sa famille de traverser l’épreuve debout. Parallèlement à l’enquête de police, et avec une énergie désespérée, elle se bat sur tous les fronts, créant un vaste mouvement de solidarité, et commence ses propres recherches, aidée de ses autres enfants et des amis plus ou moins proches, sincèrement touchés par l’horreur du drame. Alors que les premiers éléments de l’enquête officielle se limitaient à un suspect, elle parvient à retrouver des témoins qui amèneront à deux inculpations supplémentaires. Il est essentiel pour cette mère en deuil d’infirmer la théorie de la défense plaidant, classiquement, un crime passionnel et d’établir que sa fille a été lapidée, par plusieurs personnes, de la façon la plus terrible qui soit. Pour que justice soit faite.

Dans ce récit minutieux de son enquête, plein d’un recueillement digne, la mère de Ghofrane interroge le crime et ses conséquences tout en exprimant, simplement et avec un courage exemplaire, une révolte contre un acte barbare dont certains cherchent à minimiser la portée.

« Ce ne sont que des mots » de Catharine A. Mc Kinnon

femin31395.jpgMacKinnon.jpgCe ne sont que des mots
Catharine A. McKinnon

Traduit de l’américain par Isabelle Croix et Jacqueline Lahana.

Office 28/09/2006

Ce ne sont que des mots réunit trois articles, « Diffamation et discrimination », « Harcèlement sexuel et harcèlement racial » et « Égalité et liberté d’expression ». L’auteure analyse la façon dont la pornographie, aux États-Unis, est protégée par le premier amendement de la Constitution : en la considérant comme une forme d’expression, c’est-à-dire comme une pensée, des « mots » et non des actes, les juges en font non un acte de discrimination, mais une parole diffamatoire. Or, dans la pornographie se joue un rapport de forces dissymétrique où la femme est dominée, et ce qui est en jeu alors, ce n’est pas « que des mots », c’est un acte de discrimination réel (l’auteure nous rappelle en effet que, au delà du terrible contexte dans lequel les films sont fabriqués, le visionnage de ces films a des conséquences catastrophiques).
Dans le premier article « Diffamation et discrimination », Catharine A. McKinnon rappelle qu’à l’origine, l’amendement garantissant la liberté d’expression avait été mis en place pour défendre la liberté d’expression des communistes (soupçonnés de menacer la sécurité du gouvernement). Or les pornographes, protégés par le premier amendement, se trouvent en fait du côté du pouvoir, et non du côté des opprimés. Le deuxième article, « Harcèlement sexuel et harcèlement racial », compare ces deux types de harcèlement, et analyse le subtil glissement interprétatif qui permet de transformer le harcèlement, acte discriminatoire, en opinion, protégée au nom de la liberté d’expression. Le troisième article, « Égalité et liberté d’expression », met en lumière le conflit qui existe aux États-Unis entre la législation sur l’égalité et la législation sur la liberté d’expression, la seconde occultant bien souvent la première.

Catharine A. McKinnon, docteure en droit et en sciences politiques, avocate à la Cour suprême, est l’une des grandes figures du féminisme américain. Ses nombreux ouvrages (dont Le Féminisme irréductible, publié en 2005 aux Éditions Des femmes-Antoinette Fouque) s’attaquent aux violences sexuelles faites aux femmes, et notamment à la pornographie.

« Fritna », lu par Gisèle Halimi elle-même

Comment une femme peut-elle supporter de ne pas être aimée par sa mère ? C’est cette question que pose Gisèle Halimi dans un récit autobiographique centré sur la figure de Fritna, la mère, qui ne donna que de rares marques d’affection à ses deux filles, et montra toujours une préférence pour ses fils. L’auteure interroge le passé, les raisons pour lesquelles elle fut privée de l’amour de cette femme rayonnante qu’elle aimait d’un amour éperdu : son enfance en Tunisie, dans une famille juive où les femmes sont dominées (une domination acceptée et entretenue par la mère) ; l’adolescence, et le départ pour Paris ; l’exercice de son métier d’avocat, son engagement féministe et l’entrée en politique.
Cette quête infinie d’amour et de reconnaissance s’achève avec l’enterrement de Fritna : tandis que Gisèle, jusqu’à la fin, cherche auprès d’elle l’affection qui lui a toujours manqué, sans renoncer à l’interroger sur les raisons de ce manque, avec la mort survient la résignation. Son sentiment d’injustice fondamentale ne sera jamais apaisé, et la question restera sans réponse.

Gisèle Halimi, née en Tunisie en 1927, devient avocate à Tunis en 1949, puis poursuit sa carrière à Paris. Fortement engagée sur le plan politique, elle milite pour l’indépendance de l’Algérie, préside une commission d’enquête sur les crimes de guerres américains au Viêt-nam… Féministe, elle est signataire en 1971 du manifeste des 343 femmes qui déclarent avoir avorté. Aux côtés de Simone de Beauvoir, elle fonde en 1971 le mouvement féministe Choisir la cause des femmes et milite en faveur de la dépénalisation de l’avortement.