« Le bébé » de Marie Darrieussecq, lu par Lio

portrait_de_lio_image_diaporama_portrait.jpgLio
interprète
Le bébé
de Marie Darrieussecq

Réalisé en public au Studio des Champs-Elysées
Mise en scène : Marc Goldberg – Musique : Laurent Cirade

1 CD – 18 €
“ « J’écris pour définir, pour décrire des ensembles, pour mettre à jour les liens : c’est mathématique. J’écris pour renouveler la langue, pour fourbir les mots comme on frotte des cuivres – le bébé, la mère : entendre un son plus clair. Ce n’est pas la naissance du bébé qui déclenche ces pages, c’est l’existence d’autres livres et d’autres phrases – toutes faites ou étincelantes. Les questions qu’elles posent sont parfois si justes que l’adrénaline éclate dans ma poitrine, une envie d’écrire aussi violente et neuve qu’enfant, quand je croyais que ce n’était pas permis. » Marie Darrieussecq.

333250.jpgDétails :
De situations cocasses ou tendres à la stupéfaction et à l’émerveillement devant cet être étrange et fragile, vorace et bruyant, dont les besoins impérieux structurent le quotidien en courtes tranches de temps, le livre comme la pièce réparent une injustice qui fait du bébé l’objet de très nombreux discours sans qu’il le soit jamais de la littérature. La mère et le bébé, l’auteur et son sujet, l’interprète et son texte… La légèreté et la drôlerie se doublent ici d’une sourde inquiétude, intime : «J’écris pour éloigner de mon fils les spectres, pour qu’ils ne me le prennent pas : pour témoigner de sa beauté, de sa drôlerie, de sa magnificence ; pour l’inscrire dans la vie comme on signe une promesse. »

La Croix (AFP Paris) 2005 repère les Premiers romans français

Enarque spécialiste de géostratégie, Laurence Zordan a écrit Des yeux pour mourir (176 pages, 18 euros). Ce livre onirique et violent paraît aux éditions Des femmes, créées en 1974 par Antoinette Fouque.
 
C’est l’histoire d’un tortionnaire afghan, un « guetteur de l’abomination » doué d’une grande sensibilité, ce qui l’humanise alors qu’on aimerait le haïr. « Je faisais comme ma mère qui m’ouvrait délicatement les lèvres pour y glisser son mamelon : à ceux que je torturais, je prenais délicatement la tête pour que ma douceur les ouvre à la cruauté », écrit le narrateur. Revendiquant le terme de « poésie de la cruauté », l’auteur ne tombe jamais dans le sordide et use d’une troublante absence d’émotion pour relater l’horreur.

Livre et CD – « Claire dans la forêt » lu par Marie Darrieussecq elle-même

Marie Darrieussecq Claire dans la forêt – Suivi de Penthésilée, premier combat
Editions des Femmes / Antoinette Fouque 2004 /

C’est à une balade insolite entre rêve et réalité, que Marie Darrieussecq convie ses lecteurs (lectrices) qui n’auraient pas eu l’occasion de feuilleter déjà les cinquante pages de Claire dans la forêt publiées en 2000 dans le magazine Elle.

Claire, jeune habitante d’un village du Sud-Ouest, s’apprête à épouser Pierre, un garçon bien sous tous rapports et doué de surcroît d’un pouvoir de guérison, qui lui confère une aura magique. Mais au moment de franchir le pas, elle succombe à l’appel d’un autre amour, plus charnel – devrait-on dire plus humain ? – et part vivre dans la forêt avec le conducteur du «camion jaune immatriculé au Nord», le chef des bûcherons de la région.

Claire dans la forêt joue sur l’opposition apparente des symboles (village / forêt; Nord / Sud) ; sur celle de Pierre, le sorcier ordinaire qui extirpe littéralement le mal du corps de ses concitoyens (eczéma, zonas et autres dermatoses) et du bûcheron, incarnation de l’Homme dans ce qu’il a de plus solide. Le livre laisse dériver l’imagination du lecteur au fil de jolies phrases, où les sens occupent une place de choix, et qui se muent facilement en images évocatrices. «Les petites chauves-souris jetaient au sol de larges ombres, zigzagantes et sauvages, sur nos propres ombres nettes […]. La charpente craquait. Le vent se glissait par toutes les ouvertures, rond et chaud comme un chat. On entendait, dans le garage de mes parents, le congélateur se mettre en marche régulièrement.» (p. 48)

Il est probable que certains ne seront pas sensibles au charme indéfinissable de ce conte, que ses quelques pages n’évoqueront pour eux rien de spécial. Il faut espérer que chez d’autres, ce charme agisse. Et que surgissent des souvenirs, que se nouent des associations d’idées ou de sensations. Comme le point de départ d’une flânerie rêveuse. «Nous contemplions les spectres de canapés, les chaises, un lit fantôme, des formes recouvertes par des voiles que mes doigts traversaient, et ce mobilier songeur disparaissait aussi vaporeusement qu’il était apparu.» (p. 46-47)

Le récit est vite lu, et doit l’être d’une traite, sauf à prendre le risque de perdre le fil ténu de la balade et de ne plus trouver son chemin dans cette forêt au pouvoir d’attraction si fascinant pour l’héroïne. Le second récit, d’à peine dix pages, est présenté comme un conte autour du mythe des Amazones. S’il est sans doute possible de produire un chef-d’œuvre avec si peu de matière, on ne peut pas dire que la Penthésilée de Marie Darrieussecq rentre dans la catégorie. Et au risque de paraître un peu sévère, il n’y a rien de spécial à en dire, sauf qu’il est déconseillé pour le coup de le lire dans la foulée du premier récit, pour ne point en briser la délicate rêverie. François Gandon

Marie Darrieussecq
Claire dans la forêt suivi de Penthésilée, premier combat

2004 – lu par l’auteur. 1 CD – 18 € « 

Dans ce pays où la raison et les coutumes régissent tout, les villageois les plus censés semblent soumis à la présence de forces irrésistibles. Si Claire avait vécu loin de la forêt – loin du pouvoir étrange des forêts – son destin aurait-il été différent prise entre deux hommes et deux désirs ?  » Après Claire dans la forêt, Penthésilée, premier combat, est un conte à la manière de Kleist, une rêverie sur le mythe des amazones.
Claire et Penthésilée : deux contes, deux jeunes filles, pôur une suite lyrique. M.D.

Marie Darrieussecq est née le 3 janvier 1969 à Bayonne. Après des études de lettres, elle enseigne brièvement à l’université de Lille III puis publie son premier livre, Truismes (POL, 1998). En 2001, elle donne naissance à un petit garçon et publie dans la foulée Le bébé (POL, 2002).
Une balade insolite et… un conte de filles

Projet Babayagas (exposé en 2003 sur www.habiter-autrement.org)

Une maison de retraite autogestionnaire et solidaire, initiative de « copines de 25 ans »
Une maison de retraite autogestionnaire et solidaire, initiative de « copines de 25 ans »

http://www.habiter-autrement.org/06.generation/05_gen.htm

Vendredi 26 septembre 2003
Source : LE MONDE

Un nouvel acteur social est né : le réseau de copines. A Montreuil, dans le « 9.3 », trois jeunes septuagénaires – « des copines de 25 ans », disent elles – ont décidé de réaliser une maison de retraite pour elles-mêmes et leurs amies. Une initiative « autogestionnaire et solidaire », qui a résolument l’intention de faire école et dont la réussite pourrait heureusement bousculer le monde assez sclérosé de l’hébergement collectif des personnes âgées.

Thérèse Clerc, 76 ans, Monique Bragard, 71 ans, et Suzanne Goueffic, 72 ans, sont en effet porteuses d’un projet immobilier de « vieillesse solidaire », qu’elles défendent depuis 1997 sous le nom de « Maison des babayagas ». Malgré cette appellation gentiment baba cool – « la babayaga, sorcière des légendes russes, habite une maison montée sur des pattes de poulet et dont les murs sont en pain d’épice et le toit en pâte d’amande » -, ces trois femmes ont su convaincre le maire de Montreuil, Jean-Pierre Brard (communiste rénovateur), et le directeur général de l’office d’HLM, Jean-Luc Bonabeau, de soutenir et financer leur initiative. « Ces deux hommes ont été des interlocuteurs exceptionnels », affirme Monique Bragard.

Le projet « babayaga », c’est la volonté de s’approprier son propre vieillissement. Soit une maison de retraite conçue, habitée et autogérée par une vingtaine de retraitées qui se cooptent entre elles, regroupées en association, et dont le « projet de vie » est assez riche pour satisfaire les aspirations individuelles aussi bien que collectives. « Les « babayagas » ne s’enfermeront pas dans un ghetto mais participeront à la société à travers le soutien scolaire, l’alphabétisation, l’aide aux jeunes femmes, la transmission des savoir-faire et traditions, les soins du corps, la gymnastique, les thérapies douces diverses, les massages, sans oublier un projet de piscine en sous-sol », explique Thérèse Clerc.

Entre la solitude à domicile à tout prix et le placement en catastrophe en maison de retraite pour cause de handicap ou d’accident médical, ces trois femmes ont estimé qu’il y avait de la place pour une alternative plus séduisante.

COÛTS RÉDUITS

Le plus étonnant est que le maire, Jean-Pierre Brard, écrit à Thérèse Clerc dès 1998 qu’il « est tout à fait favorable à une réalisation de ce type ».Mais la vraie victoire a surgi de l’accord financier du directeur de l’office HLM de la ville. Jean-Luc Bonabeau a accepté en 2003 de « porter le projet ». « La mairie cède le terrain, explique-t-il, l’office HLM construira le bâtiment, dont il demeurera propriétaire. L’investissement mobilisera environ 2 millions d’euros. Le chantier devrait démarrer au premier semestre 2005 pour livraison d’une vingtaine de logements en 2006. Le loyer des studios et deux-pièces ne devrait pas excéder 200 euros par mois. »Sachant qu’une maison de retraite décente coûte dix fois ce prix (au minimum), les marchands de sommeil du grand âge ont du souci à se faire.

Les coûts resteront d’autant plus réduits que les « babayagas » géreront le lieu elles-mêmes, acceptant le moins possible d’aide extérieure. « C’est en étant solidaires les unes avec les autres et en vivant collectivement que nous nous aiderons à bien vieillir ensemble », dit Thérèse Clerc. Le terme « bien vieillir » est d’autant plus important que ces trois femmes ont eu à gérer le vieillissement de leur mère. Elles ont aussi compris à cette occasion qu’elles ne pouvaient faire porter aux générations montantes le risque de dépendance qu’elles pouvaient elles-mêmes représenter.

« La maison des « babayagas » prendra donc en charge les handicaps des unes ou des autres s’ils viennent à se produire au fur et à mesure de la montée en âge des résidentes », explique Thérère Clerc. Le local sera donc adapté aux fauteuils roulants et les douches conçues pour des personnes handicapées. La seule limite sera cependant les maladies dégénératives et les démences de type Alzheimer : « Là, le collectif ne saura pas faire, et le transfert vers une institution adaptée sera envisagé. »

MAISON UNISEXE

Dans sa grande sagesse, le collectif a également prévu une ou deux habitations vides « pour les invitées » des unes ou des autres. « Mais, en réalité, cela conviendrait parfaitement pour une infirmière pendant la nuit », explique Thérèse Clerc. Laquelle estime que la construction d’une institution ad hoc genre Mapad (maison d’accueil pour personne âgée dépendante) non loin du projet Babayaga serait fort bienvenu.

Point important : la maison des « babayagas » sera résolument unisexe. Les hommes pourront visiter les « babayagas » dans la journée, mais ne pourront jamais postuler à l’attribution d’un logement. « Compte tenu du contexte démographique, les hommes seraient forcément minoritaires et leur présence déséquilibrerait les relations », dit Suzanne Goueffic. « On leur tient déjà la main tout au long de la vie, on ne peut pas continuer de les bercer indéfiniment », plaisante Thérèse Clerc. Seules les veuves, divorcées et célibataires pourront donc être cooptées. Une période probatoire de six mois sera en tout cas instituée pour réparer une éventuelle erreur de casting.

Le trio dirigeant a aussi prévu la création d’une « médiatrice » extérieure à la communauté. « Les femmes âgées, c’est pas commode, reconnaît Thérèse Clerc, un juge extérieur aidera à réguler nos humeurs. » Un principe sera toutefois gravé dans le marbre des consciences de chacune : « Ne jamais se coucher fâchées. »

Yves Mamou

Dossier de presse « Simone Signoret ou la mémoire partagée » de Catherine David

Simone Signoret.jpg« Simone Signoret ou la mémoire partagée »

Extraits de presse

« Si vous aimez Signoret, si vous aimez le cinéma, le théâtre, la création, l’idée qu’une femme ne soit que passion, lisez cette biographie. » Christine Arnothy, « Le Parisien Libéré »

« Sans méchanceté mais sans complaisance non plus, Catherine David arrache à l’impériale Simone le mot de la fin qu’elle voulait se garder. » Irène Frain, « Paris-Match »

« Un livre admirable, merveille d’information et de tact, et qui m’a ému en profondeur, nous rendant une Simone vivante, présente. Elle qui nous manque tant ! » Daniel Gélin, VSD

« Catherine David n’a pas usurpé la mémoire de Signoret » Y.S. « Madame Figaro »

« Dans ce très beau livre, intelligent et tendre, Catherine David ne masque pas les orages ou les ombres. Richard Cannavo, « Première »

« Un livre troublant et solide, loin des artifices agaçants de certaines biographies mal menées, bâclées, gâchées. » Emilie Perez, « Le Réveil » (Haute-Normandie)

« Un livre frémissant, une plume étincelante. » René Vigo, « L’Est-Eclair »

« Pour traiter un sujet aussi riche, aussi casse-gueule, il fallait à Catherine David une sacrée dose de talent. » Maurice Pons « Le Nouvel Observateur »

« Le temps de ce livre, la lumière se rallume » Annette Collin-Simard, « Le Journal du Dimanche »

« Catherine David, journaliste, romancière, a relevé le défi. Avec un applomb tranquille. Tant mieux. » André Rollin, « Le Canard Enchaîné »

« De Casque d’Or à l’Oscar à Hollywood, Catherine David passe tout au peigne fin avec la tendresse obstinée que l’on porte à un membre de la famille. » Catherine Argand, « Lire »

« Une biographie émouvante qui ne dissimule rien. » « Femme actuelle »

« Simone est morte très « jeune », et c’est ainsi que Catherine David l’aime et la fait aimer. » Jérôme Garcin, L’Evenement du Jeudi

« Se libérer de la peur » de Aung San Suu Kyi (1991)

AUNG SAN SUU KYI

SE LIBERER DE LA PEUR

Prix Nobel de la Paix 1991 – Préfaces de François Mitterand et de Vaclav Havel

Traduit de l’anglais par Thérèse Réveillé – 220 p. 14,50 E – 1991 – réédition 2004

 » Ce n’est pas le pouvoir qui corrompt, mais la peur : la peur de perdre le pouvoir pour ceux qui l’exercent, et la peur des matraques pour ceux que le pouvoir opprime… Dans sa forme la plus insidieuse, la peur prend le masque du bon sens, voire de la sagesse, en condamnant comme insensés, imprudents, inefficaces ou inutiles les petits gestes quotidiens de courage qui aident à préserver respect de soi et dignité humaine. Un peuple assujetti à une loi de fer et conditionné par la crainte a bien du mal à se libérer des souillures débilitantes de la peur. Mais aucune machinerie d’État, fût-elle la plus écrasante, ne peut empêcher le courage de resurgir encore et toujours, car la peur n’est pas l’état naturel de l’homme civilisé. « 
A.S.S.K

Depuis 1988, en Birmanie, Aung San Suu Kyi affronte avec le plus grand courage et par une lutte non-violente, l’une des pires dictatures de la planète. Assignée à résidence en juillet 1989, elle fut condamnée à un silence et à un isolement complets, malgré l’écrasante victoire aux élections de Mai 1990 du Parti démocratique qu’elle a fondé.

Née en 1945, diplômée d’Oxford en philosophie, sciences politiques et sciences économiques, elle a reçu en 1990 le Prix Thorolf Rafto pour la défense des Droits de l’homme décerné par la Norvège et le Prix Sakharov pour la liberté de pensée décerné par le Parlement européen.

En 1991, le Prix Nobel de la Paix a fait connaître son combat au monde entier.

Se libérer de la peur rassemble les textes et discours politiques d’Aung San Suu Kyi durant la période où elle a pris la tête du mouvement démocratique birman, entre Août 1988 et Juillet 1989.

Quatre essais, plus anciens, les précèdent : une biographie de son père, Aung San, héros de l’Indépendance birmane, une présentation historique de son pays, et deux études sur l’histoire intellectuelle de la Birmanie.
La dernière partie est consacrée à la vie d’Aung San Suu Kyi. Deux de ses amies, Ma Than E et Ann Paternak Slater, témoignent de son précoce éveil politique. Deux spécialistes de la Birmanie, Joseph Silverstein et Philip Kreager, expliquent son immense contribution à la lutte non-violente de son peuple.
Michael Aris, mari d’Aung San Suu Kyi, a réuni et présenté les textes qui composent ce recueil. Professeur permanent au St Antony’s College d’Oxford, et professeur associé au département des Etudes tibétaines et himalayennes de l’Université de Harvard (USA). Il est mort en 1999.

La publication en France de Se libérer de la peur est un geste de solidarité qui vise à intensifier la mobilisation internationale pour obtenir la libération de Aung San Suu Kyi.

« Femmes, manifestez-vous ! » de Taslima Nasreen (1994)

Taslima Nasreen
Femmes, manifestez-vous !
Prix Sakharov 1994
Traduit du bengali par Shishir Bhattacharja et Thérèse Réveillé
1994

 » J’écris pour les femmes humiliées, torturées, et comme les paroles douces sont restées jusqu’ici sans effet, j’ai choisi le parti de la mauvaise langue…
Le doute et la peur sont les pires ennemis des femmes. Le doute enchaîne leurs pieds et la peur envahit leurs cerveaux. Femmes, libérez-vous des morsures de la peur pour vous tenir debout, droites et fières, non comme des lianes agrippées et dépendantes mais comme de grands arbres aux racines solides ! Une femme seule peut grandir, se déployer et faire croître toute une forêt.  » Taslima Nasreen.

Les premières condamnations à mort lancées par les intégristes musulmans du Bangladesh contre Taslima Nasreen, 32 ans, médecin, journaliste et écrivain, datent de la publication de ces chroniques dans la presse, puis dans un recueil édité en 1991, qui a connu un immense succès. Celles-ci dénoncent l’oppression des femmes dans un pays où l’Islam est religion d’État.

Le 2 juillet 1994, sous le coup d’une nouvelle condamnation des intégristes et d’un mandat d’arrêt du gouvernement de son pays, Taslima Nasreen envoyait un appel au secours –  » Je suis en grave danger. Les intégristes peuvent me tuer à tout moment. Je vous en prie, sauvez-moi.  » – , à Antoinette Fouque qui a aussitôt engagé une action militante, médiatique et diplomatique pour sa libération. Le 4 août, Taslima Nasreen pouvait sortir de la clandestinité et se présenter devant la justice. Le 10 août 1994, elle est arrivée libre en Suède.

Extraits de presse
 » Femmes manifestez-vous ! connaît un succès considérable. Taslima Nasreen se définit elle-même comme le “parti de la mauvaise langue”. Elle n’écrit pas sous la protection d’un parti, d’un comité, d’une association, elle se présente comme une femme absolument seule, c’est ce qui fait sa force. Elle parle en femme libre. Chaque texte, article, anecdote, analyse, reportage est un texte qui dénonce l’association du patriarcat et de l’Islam contre les femmes. « 
Le Magazine littéraire, novembre 1994

 » … A destination des lecteurs et lectrices des journaux, Taslima Nasreen, à travers choses vues, faits divers, dialogues, souvenirs d’enfance, dénonce sans relâche, la société sexiste dans laquelle elle vit, la toute puissance des hommes, l’humiliation des femmes, le rôle de la religion et des traditions dans cette humiliation. …Brefs, efficaces, mordants, ironiques, révoltés, ces textes font mouche… « 
Libération, 1er septembre 1994

 » Ce petit livre est un témoignage sur la réelle condition des femmes dans des pays dominés par les religieux, qu’il s’agisse du Bangladesh, de l’Inde ou encore de l’Algérie. « 
Lutte ouvrière, octobre 1994

Natalie Mei

Exposition de broderies de Natalie Mei 

« Le fil et la main », « les tapis minuscules » et « autres fils de la pensée »

à la Galerie Des femmes-Antoinette Fouque, 35 rue Jacob, 75006 Paris
du 3 juin (vernissage dès 18 h 30) au 31 juillet 2010
***
Caresses_print.jpgPrésentation de Natalie Mei

 

NATALIE MEI

Née le 17 octobre 1948

Diplômée de l’Université de Vincennes, en philosophie et sociologie.

Restauratrice de tableaux depuis 1980.

Première exposition de dessins à l’encre de Chine, en 1978, au Centre Buref, La Défense 2, avec Christian Vallerin et Thomas Stern.

Deuxième exposition en 1989, de portraits, collages et travaux sur papier, à la galerie de Dona Levy à Paris.

Collaboratrice et area revue)s(, des premiers jours de la création de la revue, jusqu’en 2009.

Six livres faits de textes et d’entretiens, avec des artistes, Claude Yvel, Christian Sabas, Hervé Half, Marianne Le Vexier, Benjamin Lévêque, Bruno Durieux.

Troisième exposition de broderies à l’Espace des femmes-Antoinette Fouque, 35 rue Jacob à Paris en juin et juillet 2010.

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Skoura, le Haut-Atlas marocain 1948-1952

Les étendues fictives, premier souvenir

…De la terrasse de la casbah, j’ai vu un homme s’éloigner. L’air brûlant traversait son corps, en dessinait les contours. Son vêtement flottant disparaissait dans le paysage. Au-delà de la perspective, je tendais les bras vers lui. Un son proche, sourd et strident m’affolait. Derrière les murs de la maison, des femmes chantaient et dansaient l’houache, balançaient leurs corps et leurs visages encerclés de bijoux d’argent.

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Sana_web.jpgCasablanca 1953-1957 Cendrillons. Taffetas, soieries, dentelles et broderies. Nos jeunes mères créent des robes merveilleuses, sous la direction de l’une d’entre elles, créatrice de haute-couture.

Corse 1976-Paris 1978

 

 

Les infinis minuscules, que d’alvéoles dans les encres et les mères de Chine !

La dessinatrice mise à nu par sa quasiment épouse même

Je suis donc sa future, songeait-elle, ignorant qu’elle s’était quelque part prise au pied de la lettre et que, future, elle le resterait toujours. Médusée, il lui fallut pourtant reconnaître assez vite qu’elle ondoyait et girait entre deux eaux autour d’un commandement émanant directement du Grand Agitateur des Flots. Ce commandement, en forme de tourbillon vertigineux, n’énonçait rien – le Grand Agitateur des Flots négligeait la parole – mais il rayonnait d’une lumière suffisamment aveuglante pour conférer à toute présence, fût-elle passionnée et dense, une consistance opaline.

En deça des banquises, la petite marquise. Peut-on crier terre quand lèvres, gorge, langue et dents n’engendrent qu’évanescentes échappées de bulles, chenilles cristallines, bousculades d’éboulis miriphiques et diaphanes, vermine transparent et sans suite – à peine éclose, déjà usée et disparue ? Toujours promise, la reine mère automatique de l’aphasie amoureuse fait pulluler le silence de l’onde qui gonfle et soulève la corolle blanche de la robe nuptiale. L’engouffrement sous elle du courant liquide la métamorphose à contre temps ; dénudée jusqu’au ventre, la voici papillon puis encapuchonnée de la taille aux cheveux, semblable à celle qui garantit, immense et blême, la fécondité des termites.

Entre-deux_web.jpg

« Que d’alvéoles sans larve ! », s’exclame, sidérée l’étoile des mers de Chine. « Bois l’encre pesante de nos seiches, armes-toi de l’acier des grands axes, hérisses et métallises les canules innombrables de ta longue chevelure, tu gagneras la chance de te désengloutir… »

 

 

De sa nacelle, la demoiselle déploie vers la terre le faisceau de tiges souples et creuses qui orne désormais sa tête. Un foisonnement trouble, identique au frisson, parcourt le système quand l’encre s’écoule dans chacune des seringues qui tracent toutes ensemble des cercles et des lignes, aux dimensions multiples. Mais gardez-vous de convoler ou de solliciter la caresse, même passagère, d’une telle chevelure. Ces aiguilles refoulantes peuvent choisir d’aspirer : en matière de globules, elles ne laissent que les blancs.

On dit pourtant qu’au sol ils ont, depuis longtemps, secoué l’arbre ancien. Le goût du sang leur revient parfois à la bouche, qu’ils parlent ou qu’ils se taisent. Mais d’aimables taureaux leur ont enseigné l’art de l’esquive. Nul mammifère n’ignore en effet que la danseuse doit, fût-ce à coup de cornes, se trouver pour danser, délivrée du diamant.

Juin 1978 Thomas Stern

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Paris 1982

Court-métrage « Le théâtre de Salomé »

Mise en scène et réalisation Natalie Mei, Déa Villarreal, Bernard Henriot.

Découverte de l’Amérique – 1985

…Rien, absolument rien ne nous sépare. Derrière cette façade d’indifférence, peut-être suis-je un monstre de tendresse et elle un monstre de sensualité ? Ou l’inverse. Qui sait ? Ceci s’achèvera peut-être dans un autre monde, ou dans une vie antérieure, par une orgie ou un délicieux chaos sentimental. Mais pour l’instant nous sommes plutôt Tristan et Yseult, entre nous Dieu a placé une épée en signe de chasteté.

Etant partie dix heures avant, elle en sort déjà du côté de l’Islande. Ainsi, en ce moment même, l’espace géographique d’une nuit nous sépare. Bien d’autres nuits nous ont séparés, qui n’avaient rien de géographique. Cette dernière séparation nocturne par les fuseaux horaires, elle, heureusement, est poétique et rachète les autres. Cette nuit-là, fut la dernière, nous l’avons réussie. Jean.

***

< span style="font-size: small;">Paris 1989 – galerie de Dona Levy

Portraits de papiers collés de… Arthur Rimbaud, Fernando Pessoa, Samuel Beckett, Delphine Seyrig, Van Gogh, Malévitch et… d’autres…

***

Paris 1990-1991-1992

Les espaces intérieurs monochromes

Commandes de grand format, trois couleurs

Traversée de la mer rouge

L’être aimé dans le bleu

La maison en feu

…La vieille dame disait, le Rouge perdure, le Jaune évolue, le Vert disparaît. Assise sur la margelle d’un puits, coiffée d’un chapeau de paille, habillée d’une robe grise d’écolière, ô nolches, ô nolches, chantait-elle…

***

Texte de Dona Levy, 14 mai 1992

L’âme animale aime le lin

La liane et le matin

Aime le lit et la taie

Le miel et le lait

Le malt et la mie

L’amante en a manie

 

Même l’amie et la lie

A l’Italie la Mei

Ni ment, n’imite

Ni mante ni natale

Latine

 

En mai

L’an mil le lien

A l’intime amant

Mâtiné malien-anamite

Il lit l’âme en ta main

Laminant, minant

Lame en main

Le malin, l’âne

Ta mine nie le mal

Tel le mien, tel le mien

Animé, la mâle

Entâme net la mâne

Natalie, ne te lie,

 

Anti-mite matinale

A la lente mite alitée

Aimant la laine

***

Paris 1993

Autres portraits de papier et exercices de disparition, dans les blancs.

***

Paris 2001-2003

Textes

… « une femme doit restaurer un inédit de Blanchot. Une peinture, un texte, des pierres précieuses incrustées dans la toile. Elle lave le tout. Le texte s’efface. La peinture disparaît. Le papier est devenu glacé, vierge…

***

Reminiscences_web.jpgParis 2008-2009-2010

Le fil et la main.

Les tapis minuscules et autres fils de la pensée

Mes tableaux brodés sont tels de petits jardins clos dans lesquels, au fil des sentiments, au fil de la pensée, je brode à la main, point par point, du centre à la périphérie, de la périphérie au centre, les lignes et les courbes, les arabesques qui dessinent mes paysages mentaux, allusions à des lieux d’apparition, lieux de méditation active.

Comment faut-il faire advenir ce qui peut rester invisible ?

J’ai adopté le travail à la main, du fil et de l’aiguille, parce qu’il oblige à la lenteur, la patience, la réserve, le silence.

Recluse entre mes quatre murs, je scrute par la fenêtre le
s ouvertures de l’immeuble qui me fait face et suis les envolées de mouettes parisiennes entre le canal et la gare de l’Est…

Recluse entre les quatre murs de Jeanne que j’accompagne depuis quatre ans, en son très grand âge, jusqu’à son dernier sourire qu’elle m’a esquissé en mai…

Je choisis les couleurs des fils qui s’enrouleront en points les uns dans les autres pour former les dessins qui me sortiront de l’obscurité d’où l’on vient et feront découvrir les joies qui nous donnent vie.

Je recherche assidûment ce qui peut m’ouvrir à la réflexion, sans précipitation.

L’utilisation que je fais librement du fil et de l’aiguille, sans machine, rejoint sans doute chez moi un goût certain pour le paradoxe qui me semble nécessaire et vital en cette époque si agitée. 

 

S.O.S. Chômage – (ceci est une bouteille à la mer)

Merci de votre attention…

laulau.jpgS.O.S. : Je suis furieusement à la recherche d’un nouvel emploi (communication, rédaction, études, relations presse et publiques, événementiel) dans l’un des domaines que je connais (édition, politique, arts, culture, média) depuis le 8 juillet 2010, date à laquelle j’ai perdu mon emploi aux éditions Des femmes-Antoinette Fouque, licenciée pour motif économique – C’est un poste que j’occupais avec les résultats en matière de communication que l’on peut observer sur ce blog que j’avais créé seule le jour de mon embauche, le 17 avril 2007. (iie 3 ans 3 mois)

Les temps étant comme chacun sait très difficiles pour les chômeurs (et spécialement pour les chômeuses, comme diraient mes anciennes employeuses), je serais heureuse d’étudier n’importe quelle piste ou proposition de travail. Mon CV sur simple demande à guilaine_depis@yahoo.com, j’accepte tout rendez-vous.

Me contacter au 06 84 36 31 85. Je vous remercie de votre attention et de votre aide car j’en ai besoin. Il fut démontré dans plusieurs soirées-débats à l’Espace des Femmes combien cette odyssée de l’emploi était RUDE (la violence de la crise économique frappant tout le monde doublée de la violence des hommes sur les femmes en situation de faiblesse) pour les femmes aspirant pourtant à travailler et à gagner leur vie en toute indépendance. G.D.