Antoinette Fouque : un nouveau livre, vendredi 13 novembre 2009, chez Bourin-Editeur

CouvAF.JPGAntoinette

 

 

 

Fouque

 

 

 

Entretiens avec Christophe Bourseiller

Collection Qui êtes-vous ?

 

En librairie

 

 

 

 

le 13 novembre 2009

Genre : Entretiens    Nombre de pages : 160

ISBN : 9782849411469 Code article : 724 548.2

Format : 140 x 216   Prix : 19 €

 

Le Livre :

 

Cofondatrice du Mouvement de Libération des Femmes, pionnière d’un certain « féminisme », Antoinette Fouque est aujourd’hui une théoricienne inclassable. On sait que le mouvement des femmes se divise depuis l’origine en deux branches. La première privilégie le social et milite pour les droits des femmes. La seconde est plus philosophique. Elle s’interroge : qu’est-ce qu’une femme ? C’est tout le travail d’Antoinette Fouque.  En quoi consiste l’être-femme ? Très critique à l’égard du féminisme, Antoinette Fouque place notamment la maternité au cœur de la féminité et en tire toutes les conséquences même les plus anticonformistes.

Un ouvrage court et synthétique. Plus qu’une introduction à Antoinette Fouque, ce livre est un témoignage unique sur la pensée et le parcours d’une des plus importantes militante et intellectuelle d’aujourd’hui.

 

Derniers ouvrages publiés par Antoinette Fouque : Génération MLF, 1968-2008 (Editions des femmes, 2008), Penser avec Antoinette Fouque, ouvrage collectif (Editions des femmes, 2008).

 

 

La Collection Qui êtes-vous ?

A quoi bon des penseurs, en un temps de détresse ? On est tenté de paraphraser Hölderlin : « A quoi bon des poètes, en un temps de détresse ? » Tandis que les ténors pérorent sous les sunlights, certains avancent pourtant des idées nouvelles, émettent des concepts, cherchent, défrichent. Cette collection Qui êtes-vous ?  a pour objet de faire connaître des penseurs, des oeuvres, qui, aujourd’hui, se positionnent dans l’inclassable.  Les faire connaître, c’est-à-dire dialoguer avec eux, partir à la rencontre de leur pensée, en un ouvrage permettant de les faire découvrir. Le choix des auteurs n’à évidemment rien de fortuit .Chaque ouvrage de cette collection pourrait ainsi constituer la pièce d’un puzzle. Les deux premiers volumes sont con
sacrés à Antoinette Fouque (novembre 2009) et Michel Maffesoli (février 2010).

 

Ecrivain, comédien, journaliste, Christophe Bourseiller a publié une quarantaine de livres dont Les Maoïstes (1996), Vie et mort de Guy Debord (1999, Les Forcenés du désir (2000), Histoire générale de l’ultra-gauche (2003) et  Génération Chaos (2008).

 

 

Contact presse : Isabelle Mazzaschi 01 40 13 87 74 (LD) 

06 14 32 95 09  /  01 53 05 99 59 (Std)

imazza@bourin-editeur.fr

 

Alan Argoul a écouté le coffret Nathalie Sarrraute et nous en livre ses impressions sur ses deux blogs (12/11/2009) – Merci !

Nathalie Sarraute, Tropismes…lus

publié sur ses deux blogs très fréquentés par Alan Argoul, jeudi 12 novembre 2009 (Argoul)

http://www.medium4you.be/Nathalie-Sarraute-Tropismes-et.html

http://argoul.blog.lemonde.fr/2009/11/12/nathalie-sarraute-tropismes-et-autres-textes-lus/

nathalie-sar345b-43b1e.jpgLes livres audio sont loin d’être des livres idiots. Vous me direz : « Mais la lecture se fait par le regard, prononcer les mots qu’on lit est archaïque et freine la pensée ! » Certes, mais rien ne vous empêche de lire, puis d’écouter ; ou d’écouter d’abord, puis de lire. Les deux démarches ne s’excluent en rien, elles sont complémentaires.

Surtout pour un auteur amoureux des mots, qu’elle aime à lentement prononcer en les laissant rouler sur la langue. Vous accédez alors à une autre dimension de l’œuvre, celle du conte, de la réflexion en causant, comme jadis le soir à la veillée. Nathalie Sarraute lit de sa voix lente, détachée, un peu traînante. Avec une pointe d’accent social du siècle dernier qui n’est pas le français standard mais un usage léger de salon. Elle rythme la lecture à haute voix comme si elle désirait ralentir la pensée pour bien faire pénétrer. Massage des mots, crème des idées, huile des formules. Le vibrato de la sensation pénètre la lecture, ce qui est impossible avec le seul regard.

Pour Nathalie Sarraute, les mots sont faits pour être dits.

Sur les 15h18 d’enregistrement, l’auteur partage la lecture avec Madeleine Renaud et Isabelle Huppert. Les œuvres suivantes sont lues à haute voix : Tropisme, Entre la vie et la mort, L’usage de la parole, Tu ne t’aimes pas, Ici. Deux CD Mp3, lisibles non en voiture mais sur ordinateur et tout autre lecteur Mp3, offrent des heures de mots lus. Et vous pouvez toujours emporter l’édition de la Pléiade en plus.

Nous sommes dans l’intime de la sensation première où mots et impressions se répondent. « Eh bien, quoi, c’est dingue ! » Ce leitmotiv qui revient dans L’Usage de la parole dit l’étonnement de l’auteur face à cette expérience inouïe.

Nathalie Sarraute, Tropismes et autres textes lus, éditions des Femmes Antoinette Fouque, La bibliothèque des Voix, novembre 2009

Nathalie Sarraute, Oeuvres complètes, Pléiade Gallimard, 67.15€

Laurence Zordan interviewée comme collaboratrice de La Quinzaine Littéraire à l’occasion du millième numéro (26 octobre 2009)

zordanbelle.jpgA l’occasion du millième numéro de La Quinzaine Littéraire, Gilles Nadeau a interviewé les membres du comité de rédaction. Si vous préférez regarder les extraits vidéos de l’interview de Laurence Zordan, écrivain, spécialiste en géopolitique et stratégie et collaboratrice de La Quinzaine Littéraire depuis mai 2008, plutôt que d’en lire le décryptage ci-dessous, suivez le lien : http://laquinzaine.wordpress.com/tag/laurence-zordan

1)      Géostratégie et littérature

L’originalité de la Quinzaine c’est de ne pas en rester à des sujets extrêmement pointus ou spécialisés, qui forment le quotidien de mon activité, puisque je suis plutôt spécialisée dans les questions, les thèmes de géostratégie et de sécurité. Le propre de la Quinzaine ça a été de me permettre d’écrire sur ces sujets mais en intégrant mes contributions dans un ensemble évidemment plus vaste. Et, à une époque où on parle de pluridisciplinarité, de fécondation croisée, de fertilisation croisée des savoirs, c’était quand même une formidable opportunité que de voir un article sur le terrorisme voisiner avec la recension de tel ouvrage romanesque. Donc c’est cette façon de se côtoyer qui me semble éminemment intéressante. Et j’avoue que, non sans malice j’y ai vu l’occasion de rapprocher les sujets les plus austères de ceux qui sont beaucoup plus  – je n’ose pas dire léger ce serait péjoratif – mais plus pétillants.

 Cette curiosité n’est pas morbide mais on ne peut cultiver non plus le déni et faire comme si cela n’existait pas. Ce serait au contraire le conforter que d’en nier l’existence et de fermer les yeux, de jeter quelque voile pudique. Donc je crois qu’il y a un effort de lucidité et dans lucidité il y a lumière. Et quand je disais à l’instant que Maurice Nadeau était aussi un éveilleur, et pas simplement un fondateur ou un découvreur, Il y a une façon aussi de lire, d’apprendre à lire, car finalement on découvre, en écrivant, qu’on ne sait pas lire : à la limite on s’informe, on cherche à se divertir, mais lire c’est-à-dire essayer de relier, de faire en sorte que ce qui est étrange soit familier et, inversement, ce qui est bien connu soit non pas de la routine mais quelque chose d’étrange à son tour : ça c’est un véritable effort de lecture. Donc marcher en quelque sorte les yeux grand ouverts et non pas dans une espèce de somnanbulisme ambiant qui ferait que l’on se satisfait des images que l’on voit en croyant être informé. Donc, je le répète, pour moi, la lecture n’est pas seulement information ou divertissement, elle est effort de clairvoyance, de perspicacité.

2)      Le décalage entre le monde et sa représentation dans nos esprits

Tout récemment encore, j’essaye de rapprocher deux ouvrages, l’un du Prix Nobel d’économie que je citais Paul Krugman sur la crise – il s’intitule Pourquoi les crises reviennent toujours – Et l’autre, celui du Professeur d’économie de l’Ecole Normale Supérieure Daniel Cohen La prospérité du vice. Et ce qui est tout à fait frappant c’est que ces deux ouvrages sont d’une limpidité phénoménale, et pour des sujets qui ont la réputation d’être abscons, être limpide c’est véritablement un tour de force, une prouesse, un défi, mais on aurait tort de croire que la limpidité ça consiste à être simplement éclairant. La limpidité ça consiste aussi à être clairvoyant et lorsqu’on traite de la crise et que l’on songe que la crise a été marquée par un accès au crédit en quelque sorte débridé, on s’aperçoit que, d’un côté, il y a accès au crédit et de l’autre information inaccessible et donc, dans un tel contexte, la limpidité devient un instrument de combat. Quand je parle de clairvoyance, c’est une limpidité pugnace, pour faire en sorte que les lecteurs soient non seulement informés, alertés, avertis, mais développent une certaine puissance de réflexion et finalement un langage critique.

 Il y a cette incompréhension radicale tout au début, au principe des choses et, alors qu’on pouvait imaginer que les crises seraient récurrentes, eh bien non il y a une sorte d’aveuglement et c’est cela l’une des principales leçons. Les hommes font l’histoire mais ils ne savent pas l’histoire qu’ils font. Les plus grands – j’allais dire les plus grands exégètes des temps modernes – sont parfois impuissants à décrypter la réalité, donc, ça c’est la première leçon. La deuxième leçon c’est … qu’il n’y a pas de leçon, hélas, il n’y a pas de recette. On voudrait tellement formater, formaliser, modéliser, mais, à un moment donné, il y a quelque chose qui, dans la réalité, échappe et c’est la réalité elle-même et dans la réalité il y a res, la chose et les choses ne sont pas nos idées. Il y a quand même un décalage entre le monde et sa représentation dans nos esprits.

3)      Le terme même d’idéologie est suspect

 

 

Le terme même d’idéologie à l’heure actuelle paraît extrêmement suspect parce qu’on a tellement glosé sur la fin, la mort des idéologies que je finis par me demander si le thème de la mort des idéologies n’est pas à son tour une idéologie. Sans vouloir jouer sur les mots, Il est vrai que il n’y a plus d’idéologie dominante. Néanmoins, le déclin des idéologies ne peut pas tuer les idées, et ne peut pas faire abstraction des représentations. La question est de savoir si nos représentations dictent le réel ou sont dictées par le réel. Je crois que la question ne se pose pas, non plus, en ces termes et qu’on ne peut pas se contenter d’inverser les termes de la célèbre phrase de Marx « L’heure n’est plus à l’interprétation du monde, il faut le transformer ». Là, on aurait tort de croire que il faut inverser les termes en disant « L’heure n’est plus à la transformation du monde il faut l’interpréter ». Je crois qu’il faut sortir de ce clivage interprétation- action, réflexion- prise de décision. Non, ce n’est plus comme cela que les choses se passent et lorsque je disais que la grande leçon c’est qu’il n’y a pas de leçon.. .à l’heure du cyberespace, à l’heure finalement  de la révolution numérique, on ne réfléchit plus comme avant. On est obligé, nous sommes en tout cas invités,  il nous est en tout cas fortement suggéré de trouver  d’autres pistes et l’idéologie, pour répondre plus concrètement à votre question, consiste peut-être à redonner une certaine place au logos – Idéologie, idée et logie c’est-à-dire le logos, la parole et non plus simplement à des clics d’ordinateur : je crois qu’il faudrait une certaine éloquence.  J’en appelle au sentiment de la rhétorique, à l’art oratoire …pourquoi pas.

4) Questions sur l’arbitraire

Je m’interroge toujours sur l’arbitraire : qu’est-ce qui me pousse à commenter tel ouvrage plutôt que tel autre, qu’est-ce qui me pousse à choisir un texte plutôt qu’un autre, quand on est devant une telle surabondance, et qu’est-ce qui me pousse à montrer la nécessité d’un texte – un texte – un vrai texte – un bon texte – un ouvrage dense, c’est un ouvrage nécessaire. Un ouvrage nécessaire qui fait que s’il n’avait pas existé, s’il n’avait pas été écrit, on n’aurait pas compris le monde de la même façon. Donc, lorsque vous m’interrogez sur les questions que vous auriez pu ou dû me poser, vous renvoyez, vous mettez l’accent, vous mettez le doigt puissamment sur cette question de l’arbitraire. Pourquoi m’avez-vous posé telle question plutôt que telle autre et c’est ça qui est plus que redoutable, c’est absolument terrible, parce que, d’un coup, le lecteur ou celui qui ose prendre la plume – car il faut une certaine audace – est renvoyé à l’arbitraire, à l’air du temps : il se demande si, justement, il n’a pas tiré au sort le texte en question comme on piquerait des olives dans un cocktail – excusez-moi d’être aussi triviale – Mais c’est une question majeure que vous me posez là et c’est peut-être la vraie question. Il n’y a pas de réponse parce que si on vous répond, là c’est une pirouette et c’est très facile, c’est trop facile, et ça manquerait non seulement d’honnêteté intellectuelle mais singulièrement d’intérêt. Parce que montrer la nécessité d’un concept, montrer la nécessité d’un ouvrage et montrer la nécessité de sa lecture, c’est ça qui doit nous animer et c’est ça qui doit être un horizon que l’on n’atteint jamais : c’est le propre de tout horizon.

Sylvie Brunel dédicacera son livre, jeudi 12 novembre, à 19 h 30, à l’Espace Des femmes

Manuel de guérilla à l’usage des femmesSylvie Brunel

Rencontre-dédicace à l’Espace Des femmes-Antoinette Fouque

jeudi 12 novembre à 19 h 30. Venez nombreuses !

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 » J’ai décidé d’écrire ce livre pour toutes les femmes qui connaissent la douleur infinie de voir se détourner celui avec lequel elles croyaient avoir bâti une vie.
Pour toutes mes consoeurs qui entrent dans la solitude à reculons et doivent se reconstruire. Je l’ai écrit parce que nous sommes des millions de femmes à mi-vie, maltraitées non par la nature mais par une société qui glorifie la jeunesse et encourage l’irresponsabilité des hommes. Celui qui a partagé ma vie pendant trente ans s’appelle Eric Besson. Transfuge politique et transfuge amoureux, il fut par tempérament l’homme des ruptures assumées.
Nous sommes désormais séparés. Aujourd’hui, nous, les femmes, devons relever la tête et prendre le mors aux dents. L’avenir nous appartient. Manuel de guérilla… « 
S.B.
***

Actuellement professeur de géographie à la Sorbonne, Sylvie Brunel a passé de longues années au service de diverses ONG. Elle est, par ailleurs, l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages, essais ou romans. Mère de trois enfants, elle s’interroge ici sur la situation des femmes dans nos sociétés dites évoluées. Sylvie Brunel – Broché – Paru le : 14/10/2009 – Editeur : Grasset 

Nb. de pages : 277 pages –

Causette, le nouveau magazine « plus féminin du cerveau que du capiton » a déjà interviewé Antoinette Fouque sur son nouveau livre ! (novembre 2009) – Bravo ! Longue et heureuse vie à Causette !

aflivre.jpgCAUSETTE – NOVEMBRE-DECEMBRE 2009
DOSSIER SPECIAL FEMINISME
Je ne suis pas féministe mais…
… ma mère l’a été pour deux
 
UNE FEMME EST UNE FEMME
 
A 73 ans, Antoinette Fouque accuse une vie intense de combats et de prises de position risquées. Editrice et psychanalyste, celle qui fut la cofondatrice du Mouvement de libération des femmes (MLF) continue la lutte. L’esprit vif, elle est là où on ne l’attendait pas. Conservatrice et moderne à la fois, elle se positionne pour la gestation pour autrui et contre la prostitution.
 
Quel regard portez-vous sur le féminisme aujourd’hui ? Pourquoi a t-il mauvaise presse ?
 
Chez qui a t-il mauvaise presse ? Telle femme dit qu’elle n’est pas féministe mais ses actes disent le contraire. Telle autre affirme l’être, et on en est surpris. Il y a un féminisme de masse qui va avec la démocratisation des moeurs. Il s’ignore ou se revendique sur le même point d’affirmation de liberté. Aujourd’hui et pour longtemps encore, être féministe peut faire plaisir, apporter de la liberté, de l’air, de la libido. S’il est le premier stade de la prise de conscience de la domination masculine, alors il est nécessaire. Mais il ne suffit pas, et par certains côtés, il renforce même cette domination.
 
Vous êtes cofondatrice du MLF. La scission au sein du mouvement a t-elle fondamentalement changé les choses ? A quand la réconciliation ?
 
Au départ, en 1968, avec Monique Wittig, nous étions de vraies partenaires pour faire démarrer le MLF, mais nous avions des perspectives différentes. pour elle, femme signifiait aliénation. Il fallait donc se débarrasser de l’identité femme. Lacan disait : « la femme, ça n’existe pas », et mon obsession était : « comment exister ? » L’expérience de la gestation, ce qui fait qu’on est une femme et pas un homme, de mère en fille, m’est apparue la chose principale. Lorsqu’en 1970, le mouvement est devenu plus massif, certaines ont voulu le rebaptiser « mouvement féministe révolutionnaire », faisant voler en éclats les mots « femme » et « libération ». Voilà la scission. Je n’en suis pas l’agent. Elle est venue de cette volonté d’unifier le mouvement sous le label féministe. En 1979, certaines qui se revendiquaient du féminisme et qui ne voulaient plus du MLF sont allées dans les partis. J’ai fait une association pour que le MLF ne disparaisse pas.
 
Vous avez déclaré que les lesbiennes et les gays sont des enfants du MLF…
 
J’ai organisé, dès 1970, la première réunion sur le thème de l’homosexualité, chez moi, rue des Saints-Pères. Nous y étions très nombreuses, et nous avons même vu arriver de Pigalle toutes sortes de jeunes femmes travesties, trans., hétérosexuelles comprises. Le MLF n’était pas pour moi un mouvement lesbien, mais un mouvement homosexué, un espace de solidarité, de culture, pour sortir de l’esclavage. Et il a ouvert le voie à la reconnaissance de l’homosexualité pour les deux sexes. lorsque j’ai rencontré Guy Hocquenghem, il n’osait pas affirmer sa sexualité dans son groupe gauchiste et se sentait discriminé comme homosexuel. Je lui ai expliqué qu’il devait en faire une question politique, un moteur de lutte. Trois mois après, il fondait le FHAR (front homosexuel d’action révolutionnaire).
 
Votre lutte pour la liberté des femmes fait écho à une question éthique cruciale : la gestation pour autrui. On ne vous attendait pas si ouverte sur la question…
 
Là aussi, votre surprise mérite une genèse, une généalogie, pour dire la naissance d’un mouvement de pensée. La gestation était mon motif pour faire le MLF en 1968. Dès l’apparition de la gestation pour autrui, vers 1982, j’ai dit publiquement que la question du statut des « mères porteuses » serait la grande question du XXXIème siècle et que les reconnaître était « un acte de décolonisation de l’utérus » (interview d’Antoinette Fouque, Elle n° 2039, 4 février 1985.) Comme l’avortement pour lequel le MLF s’est fortement mobilisé a été le moment négatif de la gestation, la gestation pour autrui en est le moment affirmatif. Elle fait surgir, après presque quarante ans, ce qui est en cause dans la différence des sexes : cette compétence de gestation propre aux femmes. Comme Marx a levé la censure sur le travail et l’exploitation du prolétariat, le peuple producteur, il y a, avec la gestation pour autrui, levée de forclusion sur qui produit la richesse humaine : les femmes, qui produisent, gestation après gestation, l’humanité. Beaucoup de femmes de gauche se sont élevées contre, d’un point de vue strictement économique. Mais il y aura toujours le monde de l’économie capitaliste et celui de l’économie du don. Le monde de la prostitution de l’utérus, et celui de la gestation qui est l’éthique même. Il y aura toujours une course entre l’asservissement et la libération des femmes. Il faut une reconnaissance de la fonction génésique des femmes pour lutter contre la prostitution sexuelle et utérine.
 
N’est-il pas paradoxal d’être pour les mères porteuses et contre la prostitution ?
 
Je suis née à Marseille, dans le quartier des prostituées. La marraine de mon père, enlevée à 15 ans, fut déportée de Corse vers un bordel en Argentine par son propre frère. Elle a été enfermée les vingt premières années de sa vie. C’est une histoire d’esclavage. Lorsque j’étais députée au Parlement européen, il fallait distinguer la traite des êtres humains et la prostitution « librement consentie ». Certaines prostituées se disaient libres sous la pression de leur proxénète. Je ne crois pas à la prostitution libre.
 
On connaît les divergences entre le féminisme et le Queer, autour du genre. Vous avez écrit Il y a deux sexes. Votre position est-elle en
core tenable ?
 
c’est une position de combat ! Au-delà du gender, qui me paraît être le déploiement d’une humanité adolescente, narcissique, dans le paraître, la posture. Contrairement à Freud, je pense qu’il y a, au-delà de l’adolescence, une génitalité, une activité des femmes avec une compétence propre. Si le sexe de l’homme est symbolisé, la symbolisation du sexe des femmes reste à faire. On peut tout greffer, sauf un utérus. C’est pour cela que des femmes qui veulent devenir des hommes prennent tous les caractères secondaires de la masculinité mais gardent leur utérus pour ne pas perdre la compétence matricielle. Les signes secondaires qui passent avant les signes premiers, ceux du sexe, c’est le frivole qui prend le pas sur la matière. C’est un processus de dématérialisation, la mise en fuite de la matière charnelle, du réel et des deux sexes. Le jeu de genre à l’infini va du travestissement au transgender, mais il ne passe pas la barrière de la génitalité. C’est un jeu. Une forme de nihilisme. Mais le réel de la différence des sexes résiste.
 
Êtes-vous Queer ?
 
Si le Queer est un jeu et s’il s’agit de lever la censure, nous le faisions depuis longtemps avec Wittig ! Dans les années 70, on s’habillait en homme. Il faudrait être stupide pour ne pas se reconnaître bisexuée. Nous étions libres !
 
Quels sont vos rêves pour les femmes ?
 
Si chacune s’arrime à se demander : « Je suis une femme, est-ce que j’ai le droit d’exister en tant que femme ? » et que la réponse est oui… alors, c’est gagné !
 
Propos recueillis par Agnès Vannouvong
 
A lire : Antoinette fouque, Entretiens avec Christophe Bourseiller, Bourin éditeur, coll., à paraître le 13 novembre 2009.

Isabelle Chazot nous éclaire sur le « backlash » dans le Marianne du 7 au 13 novembre 2009

DANS MARIANNE DU 7 au 13 NOVEMBRE 2009
PLUS FORT QUE LA PARITE, LE DECOLLETE ?
 
Dans la mode, dans l’entreprise, en politique… la crise valorise plus que jamais la séductrice vénale et fatale. Alors, avant de déplorer le come-back de cette vieille baudruche réactionnaire, interrogeons-nous un instant : et si la vamp avait tout bon ?
 
Par Isabelle Chazot
 
(…)
Le désastre de la minijupe
 
Ce n’est pas la première fois que les divas des podiums tentent d’érotiser des consommatrices récalcitrantes et de leur suggérer les atouts stratégiques de l’ultra-féminité. En 1947, l’industrie de la mode connaissait « un marasme épouvantable », rappelle la journaliste Susan Faludi dans son livre culte Backlash, les femmes ayant pris l’habitude de porter pendant les années de guerre des pantalons, des talons plats et des gros pulls. (dégaine à la Katharine Hepburn)
 
Backlash signifie « retour de bâton », celui qui, selon l’auteur, a suivi l’éphémère libération des femmes dans les années 70. Prix Sulitzer 1991, le livre est disponible en poche aux Editions Des femmes.

faludi2.jpgSusan Faludi
Backlash

La revanche contre les femmes
Traduit de l’américain par Lise-Eliane Pommier, Evelyne Chatelain, Thérèse Réveillé
Broché 576 p. – 37
Poche 748 p – 8

1993

« Etre femme aujourd’hui en Amérique, à l’approche du XXI° siècle, quelle chance extraordinaire ! » Les femmes ayant atteint l’égalité, le problème de leur statut ne se pose plus : pourquoi se pencher une fois encore sur cette question que les années 70 ont résolue pour toujours, telle est la mentalité actuelle qui prévaut, dans la rue ou au sein des sphères dirigeantes ou médiatiques, que ce soit outre-Atlantique ou en Europe…

« Et pourtant…  » : ces deux petits mots, ces trois points de suspension, contiennent en puissance la somme de travail effectuée par Susan Faludi depuis 1986, l’ampleur de son enquête, cinq cent pages d’analyses exhaustives et d’une honnêteté qui ferait croire que la déontologie journalistique n’est pas un vain mot, quatre années terribles passées à éplucher les statistiques triomphalistes, à décrypter les sous-entendus des discours prononcés ou des paroles  » en l’air « , à passer au crible les nouvelles modes vestimentaires, esthétiques, publicitaires ou juridiques, bref à chercher ce qui fonde aujourd’hui la mise au ban du problème majeur du statut de la femme au sein de la société contemporaine.

faludi.jpgQu’a donc découvert Susan Faludi pour que son livre, fondé sur l’analyse de ce problème que l’on proclamait caduque et résolu, touche à ce point l’opinion publique et devienne un best-seller aux États-Unis ?
En 1947, dans un film hollywoodien intitulé Backlash, ( littéralement  » le coup de fouet en retour », on dirait en français le  » retour de manivelle », un homme faisait accuser sa femme d’un meurtre qu’il avait lui-même commis.

Dès la première page de son livre, Susan Faludi nous livre la clef de l’énigme, qui est aussi le moteur de son ouvrage : « Derrière cette victoire des femmes américaines célébrée à grand bruit, derrière cette reconnaissance unanime et sans cesse réaffirmée du droit des femmes à disposer d’elles-mêmes, un autre message se fait jour. Et il dit ceci aux femmes : vous avez conquis la liberté et l’égalité, mais pour votre plus grand malheur. »

L’auteur montre que ce  » constat de désespoir  » est faux de trois façon. Les femmes tout d’abord n’ont pas acquis l’égalité : une analyse des statistiques et de leur fonctionnement le démontre à tous les niveaux, que ce soit celui du quotidien et de la vie en commun, celui du travail, celui du pouvoir politique, administratif ou médiatique, celui de la culture. Ensuite, la liberté tant vantée n’est qu’un leurre — qu’on pense par exemple à la remise en question de l’avortement aux États-Unis, ou aux représentations traditionnelles de la  » féminité  » définie selon des critères masculins. Enfin, la femme libérée, active, diplômée, sans mari, sans enfant mais malheureuse n’est qu’un mythe, une façon pour certains hommes et certaines femmes de se venger de cette joyeuse liberté que des femmes, qui sont loin d’être la majorité ont effectivement acquise.

« La vérité, c’est que nous assistons depuis dix ans à une revanche, à une puissante contre-offensive pour annihiler les droits des femmes”, pour faire croire que “le chemin qui conduit les femmes vers les sommets ne fait que les précipiter, en réalité, au fond de l’abîme « .
L’ouvrage de Susan Faludi nous enseigne que l’esprit critique est l’une des valeurs fondatrices de la démocratie.

Susan Faludi est enquêtrice au Wall-Street Journal ; elle a reçu le prix Pulitzer pour Backlash.

Antoinette Fouque, « POUR » la Gestation pour autrui (dossier du Nouvel Obs du 05/11/09 par Doan Bui)

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5 au 11 novembre 2009
LE NOUVEL OBSERVATEUR
 
Notre époque
Question de bioéthique
MOI, C., MERE PORTEUSE
(enquête par Doan Bui)
 
Porter l’enfant d’un autre couple est une pratique illégale, à ce jour, en France. C’est pourtant le choix fait par celle que nous appelerons Caroline. Témoignage (…)
 
LES POUR
ELISABETH ROUDINESCO
« Comme d’habitude, dans les débats qui concernent la famille, les réactions sont  disproportionnées et violentes. Surtout que là, on touche au saint du saint : la maternité. J’ai l’impression qu’on ne parvient pas à sortir du cliché « la maman ou la putain ». Surtout quand j’entends les détracteurs de la GPA comparer cette pratique à de la prostitution… La société est en avance sur la loi : il faut s’adapter à ces nouvelles formes de parentalité, repenser les règles de la filiation. A partir du moment où on a commencé à toucher à la FIV et à la procréation assistée, on avait déjà ouvert la boite de Pandore. Assumons donc. Pour l’instant, le législateur devrait déjà autoriser la GPA dans certains cas médicalement justifiés. Quant à l’étendre aux couples homosexuels, on n’en est pas là, mais la question, dans l’avenir, se posera fatalement. » E.R.
 
Mais aussi… l’obstétricien François Olivennes, le professeur Israël Nisand, et également des féministes comme Antoinette Fouque, Elisabeth Badinter, l’anthropologue Maurice Godelier, des politiques comme Aurélie Filippetti ou Noël Mamère…

Dorothée Blancheton dans Psycho Enfants (novembre-décembre) écrit « Je joue donc je suis » – Entretien avec Sophie Marinopoulos

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Au-delà des plaisirs qu’ils procurent, les jeux en disent beaucoup sur l’équilibre psychique et psycho-affectif de nos enfants. Dans son nouveau livre

Dites-moi à quoi il joue. Je vous dirai comment ll va, Sophie Marinopoulos, psychologue, léve le voile sur le pouvoir qu’ils possèdent.

Entretien. Par Dorothée Blancheton 

PsychoEnfants : Pourquoi avoir écrit un livre sur le jeu ?

Sophie Marinopoulos : Parce que les jeux en disent long sur la santé psychique de nos enfants. Quand un enfant a de la fièvre, nous savons que quelque chose d’anormal se passe et nous allons consulter. La santé psychique, elle, n’a pas de visualisation. Cependant, en analysant la manière dont un enfant joue, il est possible d’établir des repères pour savoir ce qui se passe dans sa tête s’il se sent bien avec lui-même, s il a une estime de lm suffisante, si le rythme du quotidien lui convient.

PE. : De manière générale, qu’apportent les jeux à nos enfants ?

S. M. : Ils les aident à gagner en autonomie.

PE. : Est-ce aussi vrai pour le bebé ?

S. M. : Tout à fait. Dès la naissance, le bebe joue avec sa bouche pour decouvrir le monde et s’autonomiser. Le jeu lui donne la possibilité de sans faire sa curiosité. Le bebe fait ainsi ses premières expériences par lui-même. Cette découverte est possible par l’espace que ses parents lui laissent. 

PE. : Dans votre ouvrage, vous créez un ludomètre, De quoi s’agit-il ?

S. M. : II s agit d’un outil qui permet aux parents d’être plus attentifs à l’évolution psychique de leur enfant. A travers le ludometre, j’explique ainsi que pour grandir, un enfant doit passer par des stades de croissance mesurables par le jeu. Ces stades sont un peu nouveaux par rapport a ceux de la psychanalyse qui sont le stade oral de O a I an, le stade anal de I à 3 ans, le stade phallique de 3 a 5 ans Ici, les phases se succèdent et se superposent. 

PE. : Qu’est-ce que les enfants découvrent à travers ces stades ?

S. M. : De O a 8 mois l’enfant s’éveille essentiellement par la stimulation sensorielle les sons, les odeurs, le toucher, les paroles le nourrissent. Les tapis d’éveil, hochets, boîtes à musique sont donc à privilégier. II est aussi possible de fabriquer soi-même des jouets en faisant contraster les matières, les couleurs. De 8 a 20 mois, c’est la motricité qui prime L’enfant s’éloigne peu a peu du corps de ses parents pour explorer le monde qui l’entoure. Les cartes a tirer, les livres d’images ont du succès a cet âge. II faut opter pour des jeux avec une qualite de compréhension. L’enfant sera fier de pouvoir tenir son jouet tout seul.

PE. : Et au-delà de 20 mois ?

S. M. : De 20 mois a 3 ans, les enjeux affectifs sont plus compliqués. L’enfant se sent plus fort. II casse, crie, court et devient bruyant. Preuve évidente qu’il grandit. Les parents ont alors un rôle une fonction interdictrice à tenir. Ce qui, bien entendu, est épuisant puisque l’enfant désobéit. Celui-ci est encore trop petit pour intérioriser chaque règle, chaque non, chaque interdit. A cet âge, il a besoin de jouets solides, de pâte a modeler, de jeux d’eau. Les sorties au parc sont également importantes, elles canalisent son energie. Vers 4 5 ans, l’enfant devient plus calme. Il se construit des reperes et intègre davantage les interdits. Il aime ses jouets et veut les garder pour lui. Durant cette période, il découvre qu’il est un enfant sexué et comprend qu’il existe des jouets pour les garçons et des jouets pour les filles. C’est le début du triangle oedipien. Les petits garçons ont besoin de jouer avec leurs petites voitures et leurs circuits et les petites filles avec leurs poupées.  

PE. : Et pour les 5-6 ans ?

S. M. : Place au relationnel, aux invitations d’anniversaire, aux amitiés On joue à faire comme si, à faire semblant. On opte pour la dînette, les déguisements, la marchande. Au delà de 6 ans, les sports sont conseillés, ainsi que les soirées pyjama l’enfant peut commencer à dormir à l’extérieur de la maison. Cette période est aussi celle du savoir et des activités qui vont avec maquette, jeux de societe, labo de chimiste. Attention toutefois à ne pas cristalliser d’attente narcissique sur l’enfant, à ne pas trop exiger de lui. Il doit aussi grandir seul, à travers l’ennui et l’échec.

 PE. : Vous parlez du jeu du « cache-coucou » à partir de 12 mois. En quoi ce passe-temps est-il important ?

S. M. : Le « cache-coucou » a une fonction symbolique : Papa et maman se cachent derrière leurs mains pour reapparaître ensuite. Ce jeu permet à l’enfant de maîtriser son angoisse de la separation. Il lui donne l’impression de maitriser l’éloignement de ses parents et de mieux supporter leur distance. 

PE. : Les enfants jouent-ils toujours autant qu’autrefois ?Sophie Marinopoulos – LLL 1790 € 

S. M. : Ils joueraient autant si on leur laissait plus d’espaces et moins d’éc
rans. Les écrans annulent
la créativite et la curiosité. Face aux écrans, on n’est plus dans la rencontre avec un autre.

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Quand s’inquiéter ? Quand votre bébé ne repond pas aux stimulations sensorielles. Quand votre enfant manifeste une peur

excessive face au monde qui l’entoure. Quand votre enfant n’évolue pas dans ses activites ludiques. Quand votre enfant manifeste de fortes désorganisations d’ordre corporel.

S. M. : Ils joueraient autant si on leur laissait plus d’espaces et moins d’écrans. Les écrans annulent la créativite et la curiosité. Face aux écrans, on n’est plus dans la rencontre avec un autre.

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