« Le silence du nom et autres essais » de Esther Cohen – Interprétation et pensée juive

Le silence du nom et autres essais – Interprétation et pensée juive
Esther Cohen

Traduit du mexicain par Anne Picard.
Préface de Catherine Chalier.

Office 05/04/2007

Dans Le silence du nom, Esther Cohen rassemble des essais traitant du nom qui, dès son apparition, nous marque de l’empreinte de la mort. L’auteure aborde plus particulièrement cette symbolique de l’acte de la dénomination dans la tradition juive et kabbalistique, mais aussi chez des philosophes modernes comme Levinas, Benjamin ou Derrida.
Cette édition française du Silence du nom incorpore trois essais qui inaugurent un autre moment de la réflexion d’Esther Cohen : « Le Territoire de la parole écrite », « Le labyrinthe » et « La sexualité dans la kabbale », réunis dans La parole sans fin. Essais sur la kabbale, publié en 1991. Dans ce livre, Esther Cohen s’intéresse au rôle du Texte par rapport à la culture mystique juive ; le nom y apparaît déjà clairement comme objet d’étude. Elle s’attache principalement au destin du Livre à partir de la destruction du Second Temple en 70 après J.-C., et à la manière dont l’absence de territoire a fait du Livre une terre, une patrie et une identité. L’auteure fait en outre ressortir un caractère érotique inhabituel dans la tradition juive. La kabbale nous est dévoilée comme un monde exceptionnel où la Torah est la fiancée qu’il faudra posséder, non point par la force, la violence, mais au contraire par la caresse, la parole d’amour, le désir et la volupté. Tandis que lecture et l’interprétation impliquent le corps et la sexualité, le Livre devient un territoire féminin à explorer.

Esther Cohen est diplômée en philologie et littérature anglaises et docteure en philosophie. Elle a en outre suivi un cursus de sémiotique à l’université de Bologne et des séminaires d’études cabalistiques à Jérusalem et à New York. Elle enseigne la critique littéraire à l’UNAM (Universidad Nacional Autónoma de México). Elle est également éditrice et traductrice. L’un de ses livres les plus récents a été publié en français : Le corps du diable. Philosophes et sorcières à la Renaissance (Léo Scheer, 2004).

« Le gars » de Marina Tsvetaeva, grande poétesse russe suicidée

« Le gars » de Marina Tsvetaeva (argumentaire en pièce jointe) (SUICIDEEE A L’AGE DE 49 ANS)

Marina Tsvetaeva est une poète russe née à Moscou en 1892. On a dit qu’elle était l’une des quatre plus grands poètes russes du 20e siècle, parmi Anna Akhmatova, Osip Mandelstam et Boris Pasternak. Aussi, Rainer-Maria Rilke a su discerner dans ce poète isolé et mal connu l’une des toutes premières voix de notre époque. Pasternak la décrit comme suit : «Tsvetaeva était une femme à l’âme virile, active, décidée, conquérante, indomptable. Dans sa vie comme dans son oeuvre, elle s’élançait impétueusement, avidement, vers le définif et le déterminé; elle alla très loin dans cette voie, et y dépassa tout le monde.. Elle a écrit une grande quantité de choses inconnues chez nous, des oeuvres immenses et pleines de fougues».
On a aussi découvert beaucoup de choses au sujet de la vie sentimentale de Tsvetaeva. De doctes personnes ont fouillé le passé de cette poète, d’autres fouillent encore. Mais, au fond, que reste-t-il de tout cela : SA POÉSIE.

(Source http://www.espacepoetique.com/ChoixP/marina.html)

« Simplement compliqué » de Thomas Bernhard, lu par Jacques Franz

Simplement compliqué.jpgSimplement compliqué (1986)
Thomas Bernhard

Office 20/04/2007

Seul dans sa chambre en désordre, un vieillard monologue en clouant une plinthe. Ancien acteur shakespearien, nostalgique d’un grand théâtre perdu, le personnage s’autorise une fois par mois à porter la couronne de Richard III, le rôle de sa vie. Souvenirs de théâtre, préoccupations matérielles et considérations misanthropes rythment le discours de celui qui s’est définitivement séparé de ses contemporains : seule lui rend visite une petite fille, Catherine, qui vient lui apporter du lait tous les mardis et vendredis, et dont la présence perturbe à peine le flot de paroles du vieil homme.
On assiste alors à un divorce effrayant entre les mots et la vie : les paroles éloignent la vie, prennent sa place. La simplicité du quotidien devient le prétexte d’un discours des plus compliqués. Le personnage, à la fois triste et grotesque, se perd dans une représentation de lui-même : à la fin de la pièce, on le voit appuyer sur la touche d’un magnétophone, et écouter les paroles qu’il vient de prononcer. Thomas Bernhard représente un théâtre fasciné par lui-même au point d’être entièrement coupé du monde : cet acteur qui ne joue plus est désormais le spectateur d’une vie qui s’est arrêtée.

Thomas Bernhard (1931-1989) passe son enfance à Salzbourg auprès de son grand-père maternel. Après des expériences dans le journalisme et la critique, il écrit son premier roman, Gel en 1962, mais se concentre de plus en plus sur des œuvres théâtrales. La vie de Thomas Bernhard est marquée par la succession de scandales que ses livres provoquent : très sévère à l’égard de l’Autriche, son œuvre critique très fortement la culture autrichienne et les Autrichiens.

« Mélodrames romantiques », interprétés par Daniel Mesguich & Cyril Huvé (Liszt, Schumann, Schubert)

Mélodrames romantiques
Mélodrames romantiques.jpg
Lu par Daniel Mesguich
Sur une musique du pianiste Cyril Huvé

Office du 18/05/2006

Frantz Liszt : Le moine triste, Helge, Le roi fidèle, Léonore, L’amour du poète défunt.
Robert Schumann : La belle Hedwige, L’enfant de la lande, Les fugitifs
Frantz Schubert : Adieu à la terre

Daniel Mesguich et Cyril Huvé se sont rencontrés en 1986 dans les studios de France-Musique.
A l’occasion de fréquents concerts en France et à l’étranger, ils ont exploré ensemble le répertoire du mélodrame, la « déclamation avec accompagnement de piano » dans les œuvres de Schumann, Schubert, Liszt, Richard Strauss.
Célèbre acteur de théâtre et de cinéma, Daniel Mesguich a été l’élève d’Antoine Vitez au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris, où il enseigne depuis 1983, Metteur en scène de Théâtre et d’Opéra, il a dirigé le Théâtre Gérard Philippe, puis le Théâtre National de Lille Nord-Pas de Calais.

Disciple de Claudio Arrau, Cyril Huvé joue un rôle de pionner dans l’interprétation sur instruments historiques, une spécialité dont il transpose les enseignements en jouant du piano moderne. Ces dix dernières années, professeur-assistant au CNSM de Paris, Cyril Huvé a joué dans de nombreux festivals et en soliste avec orchestre. Son enregistrement des Paraphrases de Liszt sur les opéras de Verdi s’est vu décerner le « choc » du Monde de la Musique.

Vient de paraître chez Cyprès son enregistrement de l’intégrale des Sonates pour pianoforte et violon de Beethoven avec la violoniste Jorja Fleezanis.

« La vie parfaite », lu par Catherine Millot elle-même

Catherine Millot
La vie parfaite

lu par l’auteure

1 CD – 18 €

« Ce sont de belles âmes, si l’âme veut dire le courage à supporter l’intolérable de son monde. C’est à leur manière d’y faire tête que les amis se reconnaissent, disait Lacan. Ainsi les ai-je toutes trois choisies : ce sont des amies. Avec chacune je me suis embarquée comme pour une traversée, me laissant transporter sans savoir vers quel port ou quel naufrage. J’ai connu avec elles de grands bonheurs, mais aussi d’amères déceptions et des chagrins sans consolation. (…) Guyon, Weil, Hillesum nous serviront-elles de guide vers le pays respirable, le pays du réel dont elles eurent la passion ? »
Catherine Millot

La vie parfaite.jpgTrois portraits, trois femmes exceptionnelles : trois vies marquées par l’expérience mystique. Jeanne Guyon, directrice spirituelle de Fénelon, enfermée à la Bastille sur ordre de Louis XIV pour avoir voulu enseigner la mystique aux plus humbles. Simone Weil, morte à Londres en 1943 de désespoir de ne pouvoir retourner se battre en France. Etty Hillesum, déportée à Auschwitz où elle mourut en 1943.
Chacune emprunte le long chemin du délaissement de soi, du dénuement, du renoncement à toute forme de satisfaction, pour parvenir à une parfaite «indifférence» : non pas un désintérêt, mais une disposition à ne pas faire de différence, à ne pas avoir de préférence pour un événement, un lieu, une personne… apprendre à tout accueillir avec la même générosité désintéressée, au-delà du bien et du mal. L’évanouissement du moi permet l’avènement d’un espace infini, consacré à tout ce qui vient de l’extérieur. Dès lors, la soumission au réel (à la volonté divine), sans aucune résistance, permet paradoxalement de conquérir la plus grande liberté. C’est l’avènement de la « vie parfaite ».

Catherine Millot, écrivain et psychanalyste, est l’auteure de plusieurs essais tels que Freud antipédagogue (1979), La vocation de l’écrivain (1991), Gide Genet Mishima (1996), Abîmes ordinaires (2001).

« La dernière femme », lu par Jean-Paul Enthoven lui-même

La dernière femme.jpgNeuf femmes (neuf muses ?) font l’objet d’un portrait dans la galerie privée, intime, de Jean-Paul Enthoven. Huit femmes célèbres qu’il a bien, peu ou pas du tout connues, mais qui n’ont cessé de l’accompagner pendant sa vie. Et une rencontre amoureuse, relation intime qui vient clore une série de mythes au féminin.
Pour le livre audio, trois portraits ont été retenus : celui de Louise de Vilmorin, auteure à succès, séductrice insatiable, femme au charme fascinant dont l’auteur tente de percer le secret. Celui de Françoise Sagan, dont il décrit surtout les dernières années de la vie : des années difficiles, où l’auteure qui avait tant plu au tout-Paris se retrouve presque seule. Tout le monde semble attendre la mort de l’écrivain pour que ressuscite le « mythe Sagan ». Celui de la « dernière femme » enfin : rencontrée lors de l’enterrement d’un ami commun, Flaminia ne semble d’abord promettre qu’une aventure sans lendemain. Et pourtant, le contexte de la rencontre fait planer sur elle une question : et si Flaminia était la « dernière femme » ? Est-ce cette question qui rend l’auteur plus attentif à la blancheur des mains de Flaminia ?

Jean-Paul Enthoven, éditeur et critique littéraire, est l’auteur d’un essai littéraire, Les Enfants de Saturne (1996), et d’un roman, Aurore (2001).

« Trois femmes » de Sylvia Plath (trop beau pour en parler !)

Trois femmes » de Sylvia Plath (argumentaire en pièce jointe) (SUICIDEE A L’AGE DE 31 ANS)

Perso, « Trois femmes » est l’un des plus beaux livres que j’ai lus dans toute ma vie ! Un concentré de beauté ! Faites-moi confiance !!!!

Sylvia Plath, née le 27 octobre 1932 et morte le 11 février 1963, est une écrivaine américaine ayant produit essentiellement des poèmes. Depuis son suicide, Sylvia Plath est devenue une figure emblématique dans les pays anglo-saxons, les féministes voyant dans son œuvre l’archétype du génie féminin écrasé par une société dominée par les hommes, et les autres voyant en elle une icône dont la poésie, en grande partie publiée après sa mort, fascine comme la bouleversante chronique d’un suicide annoncé. Dans cette rentrée littéraire, Claire Fercak lui rend hommage avec « Rideau de verre ».

(Source Wikipédia)

« Femmes, race et classe » de Angela Davis

arton2686.gif« Femmes, race et classe »
Angela Davis

Traduit de l’américain par Dominique Taffin.

Office 29/03/2007

En hommage aux femmes noires qui « ont légué à leurs filles, nées libres, un héritage de travail, d’autonomie, de ténacité et de résistance… », Angela Davis, historienne et militante, entreprend dans Femmes, race et classe une analyse critique et comparative du féminisme du siècle dernier et du féminisme contemporain en regard des luttes d’émancipation et de libération du peuple noir.

Elle explore les liens idéologiques qui existent entre le pouvoir esclavagiste, le système des classes et la suprématie masculine, et pose la nécessité d’articuler les trois niveaux de contradiction de race, de classe et de sexe dans les luttes de libération. Elle montre comment ces luttes ont porté leurs fruits à chaque fois qu’elles ont été solidaires et qu’elles ont ciblé la double oppression : celle du système et celle du sexe. A. Davis explique notamment comment les féministes blanches ont pu se rallier au mouvement pour l’abolition de l’esclavage, soutien qui rejoignait leur propre lutte contre l’oppression.

Angela Davis est née en 1944 en Alabama. Grande figure du mouvement Noir américain, elle adhère au Parti Communiste vers dix-huit ans et devient membre des Black Panthers en 1967. Militante révolutionnaire, se battant pour l’égalité des noirs et des blancs mais également pour l’émancipation des travailleurs, elle comprend très vite que seule l’unité des mouvements sociaux et politiques entre blancs et noirs, hommes et femmes permettra de combattre la classe dirigeante. C’est cette compréhension qu’elle paiera en étant condamnée à mort en 1972. Une mobilisation d’une ampleur internationale permit sa libération.

Aujourd’hui, elle est toujours militante des luttes sociales et politiques aux États-Unis.

« Le papier peint jaune » de Charlotte Perkins-Gilman

image.jpg41BdhaELOpL__SL500_AA240_.jpgLe papier peint jaune
Charlotte Perkins-Gilman

Traduit de l’anglais par le collectif de traduction des éditions Des femmes.

Office 22/03/2007

Une femme emmenée par son mari dans une maison de campagne pour s’y reposer écrit chaque jour en secret : son mari pense que cela nuit à son état de santé et lui défend de le faire. Dans la chambre qu’il a choisie contre son gré, le papier peint la met dans un état de profond malaise. Il prend d’ailleurs chaque jour plus de place dans ses écrits. Elle cherche à en déchiffrer les motifs, et y découvre peu à peu les preuves de son enfermement. Elle y voit, métamorphosée, la représentation de son esclavage. La femme qu’elle devine dans la mutation du motif n’est autre qu’elle-même, dédoublée, autre, prisonnière derrière le dessin déformé en barreaux monstrueux…

« Pendant longtemps, je n’ai pas compris ce qu’était cette forme dérobée derrière le motif, mais maintenant, je suis certaine que c’est une femme. À la lumière du jour, elle est calme, immobile. J’imagine que c’est le motif qui la bride. C’est si troublant… Et je m’y absorbe des heures… Parfois, je me dis qu’elles sont des multitudes, parfois qu’elle est seule. Elle fait le tour en rampant à une vitesse folle, ébranlant chaque motif. Elle s’immobilise dans les zones de lumière et, dans les zones d’ombre, elle s’agrippe aux barreaux qu’elle secoue avec violence. Sans fin, elle tente de sortir. Impossible d’échapper à ce dessin ? Il serre à la gorge. »

Charlotte Perkins-Gilman (1860-1935) est la plus célèbre intellectuelle féministe au tournant du XIXe et du XXe siècle aux États-Unis. Écrivaine d’une prolixité étonnante, elle a publié un très grand nombre de romans, nouvelles, poèmes, essais et articles, sans jamais cesser de militer à travers les États-Unis et l’Europe, pour le socialisme et les droits des femmes.

« Une femme », de Sibilla Aleramo

Une femme
Sibilla Aleramo

Traduit de l’italien par le collectif de traduction des éditions Des femmes.

Office 22/03/2007

Parue en Italie il y a exactement cent ans, Une femme est une autobiographie romancée dans laquelle coexistent une analyse de la situation des femmes, et le récit d’une lutte individuelle. Déchirée entre un amour passion pour son père libéral, brillant, séducteur et une pitié terrifiée pour sa mère trompée, humiliée, qui sombre progressivement dans la folie, elle lutte pied à pied pour conquérir son indépendance intellectuelle, affective, contre un mari tyrannique, brutal et veule, un milieu provincial superstitieux et étriqué. Ce sera au prix du renoncement à son fils, c’est-à-dire du renoncement à être mère qu’elle deviendra une femme libre et active. Dans un style sobre, d’une réserve classique traversée d’effusions lyriques, précieusement désuètes, une lutte toujours convaincante.

Sibilla Aleramo (1876-1960) est née en 1876 dans le Piémont. Elle est l’auteure d’une œuvre importante (romans, journal, correspondance) qui a marqué en profondeur la littérature italienne du XXe siècle. En 1906, elle écrit son premier roman, Une femme, après avoir quitté son mari et son enfant, autobiographie qui connaît immédiatement un grand succès et est traduit en plusieurs langues. Après ce succès littéraire, Sibilla Aleramo mène une vie errante et modeste, mais très riche en rencontres artistiques. En 1946, fidèle à ses convictions progressistes, elle s’inscrit au Parti communiste italien et se dévoue jusqu’à sa mort, en 1960, au combat social qu’elle avait courageusement choisi soixante ans plus tôt.