Livre et CD – « Claire dans la forêt » lu par Marie Darrieussecq elle-même

Marie Darrieussecq Claire dans la forêt – Suivi de Penthésilée, premier combat
Editions des Femmes / Antoinette Fouque 2004 /

C’est à une balade insolite entre rêve et réalité, que Marie Darrieussecq convie ses lecteurs (lectrices) qui n’auraient pas eu l’occasion de feuilleter déjà les cinquante pages de Claire dans la forêt publiées en 2000 dans le magazine Elle.

Claire, jeune habitante d’un village du Sud-Ouest, s’apprête à épouser Pierre, un garçon bien sous tous rapports et doué de surcroît d’un pouvoir de guérison, qui lui confère une aura magique. Mais au moment de franchir le pas, elle succombe à l’appel d’un autre amour, plus charnel – devrait-on dire plus humain ? – et part vivre dans la forêt avec le conducteur du «camion jaune immatriculé au Nord», le chef des bûcherons de la région.

Claire dans la forêt joue sur l’opposition apparente des symboles (village / forêt; Nord / Sud) ; sur celle de Pierre, le sorcier ordinaire qui extirpe littéralement le mal du corps de ses concitoyens (eczéma, zonas et autres dermatoses) et du bûcheron, incarnation de l’Homme dans ce qu’il a de plus solide. Le livre laisse dériver l’imagination du lecteur au fil de jolies phrases, où les sens occupent une place de choix, et qui se muent facilement en images évocatrices. «Les petites chauves-souris jetaient au sol de larges ombres, zigzagantes et sauvages, sur nos propres ombres nettes […]. La charpente craquait. Le vent se glissait par toutes les ouvertures, rond et chaud comme un chat. On entendait, dans le garage de mes parents, le congélateur se mettre en marche régulièrement.» (p. 48)

Il est probable que certains ne seront pas sensibles au charme indéfinissable de ce conte, que ses quelques pages n’évoqueront pour eux rien de spécial. Il faut espérer que chez d’autres, ce charme agisse. Et que surgissent des souvenirs, que se nouent des associations d’idées ou de sensations. Comme le point de départ d’une flânerie rêveuse. «Nous contemplions les spectres de canapés, les chaises, un lit fantôme, des formes recouvertes par des voiles que mes doigts traversaient, et ce mobilier songeur disparaissait aussi vaporeusement qu’il était apparu.» (p. 46-47)

Le récit est vite lu, et doit l’être d’une traite, sauf à prendre le risque de perdre le fil ténu de la balade et de ne plus trouver son chemin dans cette forêt au pouvoir d’attraction si fascinant pour l’héroïne. Le second récit, d’à peine dix pages, est présenté comme un conte autour du mythe des Amazones. S’il est sans doute possible de produire un chef-d’œuvre avec si peu de matière, on ne peut pas dire que la Penthésilée de Marie Darrieussecq rentre dans la catégorie. Et au risque de paraître un peu sévère, il n’y a rien de spécial à en dire, sauf qu’il est déconseillé pour le coup de le lire dans la foulée du premier récit, pour ne point en briser la délicate rêverie. François Gandon

Marie Darrieussecq
Claire dans la forêt suivi de Penthésilée, premier combat

2004 – lu par l’auteur. 1 CD – 18 € « 

Dans ce pays où la raison et les coutumes régissent tout, les villageois les plus censés semblent soumis à la présence de forces irrésistibles. Si Claire avait vécu loin de la forêt – loin du pouvoir étrange des forêts – son destin aurait-il été différent prise entre deux hommes et deux désirs ?  » Après Claire dans la forêt, Penthésilée, premier combat, est un conte à la manière de Kleist, une rêverie sur le mythe des amazones.
Claire et Penthésilée : deux contes, deux jeunes filles, pôur une suite lyrique. M.D.

Marie Darrieussecq est née le 3 janvier 1969 à Bayonne. Après des études de lettres, elle enseigne brièvement à l’université de Lille III puis publie son premier livre, Truismes (POL, 1998). En 2001, elle donne naissance à un petit garçon et publie dans la foulée Le bébé (POL, 2002).
Une balade insolite et… un conte de filles

Dossier de presse « Simone Signoret ou la mémoire partagée » de Catherine David

Simone Signoret.jpg« Simone Signoret ou la mémoire partagée »

Extraits de presse

« Si vous aimez Signoret, si vous aimez le cinéma, le théâtre, la création, l’idée qu’une femme ne soit que passion, lisez cette biographie. » Christine Arnothy, « Le Parisien Libéré »

« Sans méchanceté mais sans complaisance non plus, Catherine David arrache à l’impériale Simone le mot de la fin qu’elle voulait se garder. » Irène Frain, « Paris-Match »

« Un livre admirable, merveille d’information et de tact, et qui m’a ému en profondeur, nous rendant une Simone vivante, présente. Elle qui nous manque tant ! » Daniel Gélin, VSD

« Catherine David n’a pas usurpé la mémoire de Signoret » Y.S. « Madame Figaro »

« Dans ce très beau livre, intelligent et tendre, Catherine David ne masque pas les orages ou les ombres. Richard Cannavo, « Première »

« Un livre troublant et solide, loin des artifices agaçants de certaines biographies mal menées, bâclées, gâchées. » Emilie Perez, « Le Réveil » (Haute-Normandie)

« Un livre frémissant, une plume étincelante. » René Vigo, « L’Est-Eclair »

« Pour traiter un sujet aussi riche, aussi casse-gueule, il fallait à Catherine David une sacrée dose de talent. » Maurice Pons « Le Nouvel Observateur »

« Le temps de ce livre, la lumière se rallume » Annette Collin-Simard, « Le Journal du Dimanche »

« Catherine David, journaliste, romancière, a relevé le défi. Avec un applomb tranquille. Tant mieux. » André Rollin, « Le Canard Enchaîné »

« De Casque d’Or à l’Oscar à Hollywood, Catherine David passe tout au peigne fin avec la tendresse obstinée que l’on porte à un membre de la famille. » Catherine Argand, « Lire »

« Une biographie émouvante qui ne dissimule rien. » « Femme actuelle »

« Simone est morte très « jeune », et c’est ainsi que Catherine David l’aime et la fait aimer. » Jérôme Garcin, L’Evenement du Jeudi

« Se libérer de la peur » de Aung San Suu Kyi (1991)

AUNG SAN SUU KYI

SE LIBERER DE LA PEUR

Prix Nobel de la Paix 1991 – Préfaces de François Mitterand et de Vaclav Havel

Traduit de l’anglais par Thérèse Réveillé – 220 p. 14,50 E – 1991 – réédition 2004

 » Ce n’est pas le pouvoir qui corrompt, mais la peur : la peur de perdre le pouvoir pour ceux qui l’exercent, et la peur des matraques pour ceux que le pouvoir opprime… Dans sa forme la plus insidieuse, la peur prend le masque du bon sens, voire de la sagesse, en condamnant comme insensés, imprudents, inefficaces ou inutiles les petits gestes quotidiens de courage qui aident à préserver respect de soi et dignité humaine. Un peuple assujetti à une loi de fer et conditionné par la crainte a bien du mal à se libérer des souillures débilitantes de la peur. Mais aucune machinerie d’État, fût-elle la plus écrasante, ne peut empêcher le courage de resurgir encore et toujours, car la peur n’est pas l’état naturel de l’homme civilisé. « 
A.S.S.K

Depuis 1988, en Birmanie, Aung San Suu Kyi affronte avec le plus grand courage et par une lutte non-violente, l’une des pires dictatures de la planète. Assignée à résidence en juillet 1989, elle fut condamnée à un silence et à un isolement complets, malgré l’écrasante victoire aux élections de Mai 1990 du Parti démocratique qu’elle a fondé.

Née en 1945, diplômée d’Oxford en philosophie, sciences politiques et sciences économiques, elle a reçu en 1990 le Prix Thorolf Rafto pour la défense des Droits de l’homme décerné par la Norvège et le Prix Sakharov pour la liberté de pensée décerné par le Parlement européen.

En 1991, le Prix Nobel de la Paix a fait connaître son combat au monde entier.

Se libérer de la peur rassemble les textes et discours politiques d’Aung San Suu Kyi durant la période où elle a pris la tête du mouvement démocratique birman, entre Août 1988 et Juillet 1989.

Quatre essais, plus anciens, les précèdent : une biographie de son père, Aung San, héros de l’Indépendance birmane, une présentation historique de son pays, et deux études sur l’histoire intellectuelle de la Birmanie.
La dernière partie est consacrée à la vie d’Aung San Suu Kyi. Deux de ses amies, Ma Than E et Ann Paternak Slater, témoignent de son précoce éveil politique. Deux spécialistes de la Birmanie, Joseph Silverstein et Philip Kreager, expliquent son immense contribution à la lutte non-violente de son peuple.
Michael Aris, mari d’Aung San Suu Kyi, a réuni et présenté les textes qui composent ce recueil. Professeur permanent au St Antony’s College d’Oxford, et professeur associé au département des Etudes tibétaines et himalayennes de l’Université de Harvard (USA). Il est mort en 1999.

La publication en France de Se libérer de la peur est un geste de solidarité qui vise à intensifier la mobilisation internationale pour obtenir la libération de Aung San Suu Kyi.

« Femmes, manifestez-vous ! » de Taslima Nasreen (1994)

Taslima Nasreen
Femmes, manifestez-vous !
Prix Sakharov 1994
Traduit du bengali par Shishir Bhattacharja et Thérèse Réveillé
1994

 » J’écris pour les femmes humiliées, torturées, et comme les paroles douces sont restées jusqu’ici sans effet, j’ai choisi le parti de la mauvaise langue…
Le doute et la peur sont les pires ennemis des femmes. Le doute enchaîne leurs pieds et la peur envahit leurs cerveaux. Femmes, libérez-vous des morsures de la peur pour vous tenir debout, droites et fières, non comme des lianes agrippées et dépendantes mais comme de grands arbres aux racines solides ! Une femme seule peut grandir, se déployer et faire croître toute une forêt.  » Taslima Nasreen.

Les premières condamnations à mort lancées par les intégristes musulmans du Bangladesh contre Taslima Nasreen, 32 ans, médecin, journaliste et écrivain, datent de la publication de ces chroniques dans la presse, puis dans un recueil édité en 1991, qui a connu un immense succès. Celles-ci dénoncent l’oppression des femmes dans un pays où l’Islam est religion d’État.

Le 2 juillet 1994, sous le coup d’une nouvelle condamnation des intégristes et d’un mandat d’arrêt du gouvernement de son pays, Taslima Nasreen envoyait un appel au secours –  » Je suis en grave danger. Les intégristes peuvent me tuer à tout moment. Je vous en prie, sauvez-moi.  » – , à Antoinette Fouque qui a aussitôt engagé une action militante, médiatique et diplomatique pour sa libération. Le 4 août, Taslima Nasreen pouvait sortir de la clandestinité et se présenter devant la justice. Le 10 août 1994, elle est arrivée libre en Suède.

Extraits de presse
 » Femmes manifestez-vous ! connaît un succès considérable. Taslima Nasreen se définit elle-même comme le “parti de la mauvaise langue”. Elle n’écrit pas sous la protection d’un parti, d’un comité, d’une association, elle se présente comme une femme absolument seule, c’est ce qui fait sa force. Elle parle en femme libre. Chaque texte, article, anecdote, analyse, reportage est un texte qui dénonce l’association du patriarcat et de l’Islam contre les femmes. « 
Le Magazine littéraire, novembre 1994

 » … A destination des lecteurs et lectrices des journaux, Taslima Nasreen, à travers choses vues, faits divers, dialogues, souvenirs d’enfance, dénonce sans relâche, la société sexiste dans laquelle elle vit, la toute puissance des hommes, l’humiliation des femmes, le rôle de la religion et des traditions dans cette humiliation. …Brefs, efficaces, mordants, ironiques, révoltés, ces textes font mouche… « 
Libération, 1er septembre 1994

 » Ce petit livre est un témoignage sur la réelle condition des femmes dans des pays dominés par les religieux, qu’il s’agisse du Bangladesh, de l’Inde ou encore de l’Algérie. « 
Lutte ouvrière, octobre 1994

Rencontre Christine de Pizan à l’Institut Culturel Italien (04.10.10 à 19 h)

Institut culturel italien de Paris
73, rue de Grenelle, 75007
réservation des places : 0144394939

institut.jpglundi 4 octobre à 19h littérature / rencontre 
Dialogue autour de Christine de Pizan, une italienne à la cour de France 
Avec Maria Giuseppina Muzzarelli (Università di Bologna) et Françoise Autrand (Ecole normale supérieure, Paris )

Modérateur : François Menant (Ecole normale supérieure, Paris)
Christine de Pizan (1365-1431) a été la première femme non religieuse a exercer la profession intellectuelle. Extraordinaire personnalité de femme de cultivée et versatile, elle a récemment attiré l’attention de deux historiens : Maria Giuseppina Muzzarelli (Un’italiana alla corte di Francia. Christine de Pizan intellettuale e donna, il Mulino 2007) et Françoise Autrand (Christine de Pizan, Fayard 2009). Cette rencontre sera l’occasion de mettre en lumière non seulement l’unicité de cette figure, mais également son rôle de médiatrice.

Biographie de Christine de Pizan, née à Venise vers 1365 et décédée vers 1430. Veuve à l’âge de 23 ans avec trois enfants à charge, elle est contrainte de travailler pour vivre et assure sa subsistance en écrivant. Elle devient critique littéraire, historienne, poète, incarnant une féministe avant l’heure. (2009)

christine-de-pizan.jpg

mercredi 6 octobre à19h cinéma / projection

Ville ouverte : vie culturelle à Rome de 1944 à 1968
En présence de Gianni Borgna et Antonio Debenedetti
“Città Aperta” est la Rome de l’après deuxième guerre mondiale. Ville des alliés américains, du boogie-woogie, des “paisà” de Roberto Rossellini, des “sciuscià” de Vittorio De Sica. C’est la Rome de Anna Magnani, des “osterie”, des cafés littéraires, de Renato Guttuso, de Luchino Visconti, de Alberto Moravia, de Carlo Emilio Gadda, de Elsa Morante, de Pier Paolo Pasolini. C’est aussi la “Hollywood sul Tevere” entre via Veneto et Cinecittà. Images d’achives, temoignages et une bande sonore qui restituent une page extraordinaire d’histoire et de culture. Gianni Borgna, ancien Adjoint à la culture de la Ville de Rome et actuel président de la fondation « Musica per Roma », a réalisé, à partir d’une idée de l’écrivain Antonio Debenedetti, un documentaire portrait de ces pages inoubliables de la Ville éternelle. 
Projection de Città aperta: vita culturale a Roma dal ‘44 al ‘68 (2008 – 100’ – vo Istituto Luce) de Gianni Borgna d’après une idée de Antonio Debenedetti.

jeudi 7 octobre à 19h cinéma / projection 
Retour à Ostie 1975 : Mario Martone, Sergio Citti et la mort de Pier Paolo Pasolini

Projection de l’entretien-documentaire de Mario Martone à Sergio Citti (2005 – 29’ – vosf Istituto Luce) sur la mort de Pier Paolo Pasolini.
En présence de Mario Martone, Gianni Borgna, ancien Adjoint aux Affaires Culturelles de la Ville de Rome et Président de la Fondation Musica per Roma, Guido Calvi, membre du Conseil Supérieur de la magistrature, Renaud Personnaz, directeur de la photographie, Martin Rueff, critique littéraire et Hervé Joubert-Laurencin, critique cinématographique.

Reportage sur les îles en Bretagne dans Télé 2 semaines, citant celle de la Fondatrice du MLF, Antoinette Fouque

Brillant, le Golfe du Morbihan par Sophie Denis (reportage dans Télé 2 semaines du 15 au 28 août 2009)

golfe.jpgBretagne. Semis d’îles, ports colorés, sites mégalithiques… Le mor bihan, ou petite mer en breton, fait partie du club des plus belles baies du monde. (…)

Un tumulus vieux de 8 000 ans (…) On compte une quarantaine de « vraies » îles (Île-aux-Moines, île d’Arz…) et des semis de gros rochers et d’îlots, certains privés (Yves Rocher et Antoinette Fouque, fondatrice du MLF, ont les leurs), d’autres habités par les seuls cormorans. (…)

Natalie Mei

Exposition de broderies de Natalie Mei 

« Le fil et la main », « les tapis minuscules » et « autres fils de la pensée »

à la Galerie Des femmes-Antoinette Fouque, 35 rue Jacob, 75006 Paris
du 3 juin (vernissage dès 18 h 30) au 31 juillet 2010
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Caresses_print.jpgPrésentation de Natalie Mei

 

NATALIE MEI

Née le 17 octobre 1948

Diplômée de l’Université de Vincennes, en philosophie et sociologie.

Restauratrice de tableaux depuis 1980.

Première exposition de dessins à l’encre de Chine, en 1978, au Centre Buref, La Défense 2, avec Christian Vallerin et Thomas Stern.

Deuxième exposition en 1989, de portraits, collages et travaux sur papier, à la galerie de Dona Levy à Paris.

Collaboratrice et area revue)s(, des premiers jours de la création de la revue, jusqu’en 2009.

Six livres faits de textes et d’entretiens, avec des artistes, Claude Yvel, Christian Sabas, Hervé Half, Marianne Le Vexier, Benjamin Lévêque, Bruno Durieux.

Troisième exposition de broderies à l’Espace des femmes-Antoinette Fouque, 35 rue Jacob à Paris en juin et juillet 2010.

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Skoura, le Haut-Atlas marocain 1948-1952

Les étendues fictives, premier souvenir

…De la terrasse de la casbah, j’ai vu un homme s’éloigner. L’air brûlant traversait son corps, en dessinait les contours. Son vêtement flottant disparaissait dans le paysage. Au-delà de la perspective, je tendais les bras vers lui. Un son proche, sourd et strident m’affolait. Derrière les murs de la maison, des femmes chantaient et dansaient l’houache, balançaient leurs corps et leurs visages encerclés de bijoux d’argent.

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Sana_web.jpgCasablanca 1953-1957 Cendrillons. Taffetas, soieries, dentelles et broderies. Nos jeunes mères créent des robes merveilleuses, sous la direction de l’une d’entre elles, créatrice de haute-couture.

Corse 1976-Paris 1978

 

 

Les infinis minuscules, que d’alvéoles dans les encres et les mères de Chine !

La dessinatrice mise à nu par sa quasiment épouse même

Je suis donc sa future, songeait-elle, ignorant qu’elle s’était quelque part prise au pied de la lettre et que, future, elle le resterait toujours. Médusée, il lui fallut pourtant reconnaître assez vite qu’elle ondoyait et girait entre deux eaux autour d’un commandement émanant directement du Grand Agitateur des Flots. Ce commandement, en forme de tourbillon vertigineux, n’énonçait rien – le Grand Agitateur des Flots négligeait la parole – mais il rayonnait d’une lumière suffisamment aveuglante pour conférer à toute présence, fût-elle passionnée et dense, une consistance opaline.

En deça des banquises, la petite marquise. Peut-on crier terre quand lèvres, gorge, langue et dents n’engendrent qu’évanescentes échappées de bulles, chenilles cristallines, bousculades d’éboulis miriphiques et diaphanes, vermine transparent et sans suite – à peine éclose, déjà usée et disparue ? Toujours promise, la reine mère automatique de l’aphasie amoureuse fait pulluler le silence de l’onde qui gonfle et soulève la corolle blanche de la robe nuptiale. L’engouffrement sous elle du courant liquide la métamorphose à contre temps ; dénudée jusqu’au ventre, la voici papillon puis encapuchonnée de la taille aux cheveux, semblable à celle qui garantit, immense et blême, la fécondité des termites.

Entre-deux_web.jpg

« Que d’alvéoles sans larve ! », s’exclame, sidérée l’étoile des mers de Chine. « Bois l’encre pesante de nos seiches, armes-toi de l’acier des grands axes, hérisses et métallises les canules innombrables de ta longue chevelure, tu gagneras la chance de te désengloutir… »

 

 

De sa nacelle, la demoiselle déploie vers la terre le faisceau de tiges souples et creuses qui orne désormais sa tête. Un foisonnement trouble, identique au frisson, parcourt le système quand l’encre s’écoule dans chacune des seringues qui tracent toutes ensemble des cercles et des lignes, aux dimensions multiples. Mais gardez-vous de convoler ou de solliciter la caresse, même passagère, d’une telle chevelure. Ces aiguilles refoulantes peuvent choisir d’aspirer : en matière de globules, elles ne laissent que les blancs.

On dit pourtant qu’au sol ils ont, depuis longtemps, secoué l’arbre ancien. Le goût du sang leur revient parfois à la bouche, qu’ils parlent ou qu’ils se taisent. Mais d’aimables taureaux leur ont enseigné l’art de l’esquive. Nul mammifère n’ignore en effet que la danseuse doit, fût-ce à coup de cornes, se trouver pour danser, délivrée du diamant.

Juin 1978 Thomas Stern

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Paris 1982

Court-métrage « Le théâtre de Salomé »

Mise en scène et réalisation Natalie Mei, Déa Villarreal, Bernard Henriot.

Découverte de l’Amérique – 1985

…Rien, absolument rien ne nous sépare. Derrière cette façade d’indifférence, peut-être suis-je un monstre de tendresse et elle un monstre de sensualité ? Ou l’inverse. Qui sait ? Ceci s’achèvera peut-être dans un autre monde, ou dans une vie antérieure, par une orgie ou un délicieux chaos sentimental. Mais pour l’instant nous sommes plutôt Tristan et Yseult, entre nous Dieu a placé une épée en signe de chasteté.

Etant partie dix heures avant, elle en sort déjà du côté de l’Islande. Ainsi, en ce moment même, l’espace géographique d’une nuit nous sépare. Bien d’autres nuits nous ont séparés, qui n’avaient rien de géographique. Cette dernière séparation nocturne par les fuseaux horaires, elle, heureusement, est poétique et rachète les autres. Cette nuit-là, fut la dernière, nous l’avons réussie. Jean.

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< span style="font-size: small;">Paris 1989 – galerie de Dona Levy

Portraits de papiers collés de… Arthur Rimbaud, Fernando Pessoa, Samuel Beckett, Delphine Seyrig, Van Gogh, Malévitch et… d’autres…

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Paris 1990-1991-1992

Les espaces intérieurs monochromes

Commandes de grand format, trois couleurs

Traversée de la mer rouge

L’être aimé dans le bleu

La maison en feu

…La vieille dame disait, le Rouge perdure, le Jaune évolue, le Vert disparaît. Assise sur la margelle d’un puits, coiffée d’un chapeau de paille, habillée d’une robe grise d’écolière, ô nolches, ô nolches, chantait-elle…

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Texte de Dona Levy, 14 mai 1992

L’âme animale aime le lin

La liane et le matin

Aime le lit et la taie

Le miel et le lait

Le malt et la mie

L’amante en a manie

 

Même l’amie et la lie

A l’Italie la Mei

Ni ment, n’imite

Ni mante ni natale

Latine

 

En mai

L’an mil le lien

A l’intime amant

Mâtiné malien-anamite

Il lit l’âme en ta main

Laminant, minant

Lame en main

Le malin, l’âne

Ta mine nie le mal

Tel le mien, tel le mien

Animé, la mâle

Entâme net la mâne

Natalie, ne te lie,

 

Anti-mite matinale

A la lente mite alitée

Aimant la laine

***

Paris 1993

Autres portraits de papier et exercices de disparition, dans les blancs.

***

Paris 2001-2003

Textes

… « une femme doit restaurer un inédit de Blanchot. Une peinture, un texte, des pierres précieuses incrustées dans la toile. Elle lave le tout. Le texte s’efface. La peinture disparaît. Le papier est devenu glacé, vierge…

***

Reminiscences_web.jpgParis 2008-2009-2010

Le fil et la main.

Les tapis minuscules et autres fils de la pensée

Mes tableaux brodés sont tels de petits jardins clos dans lesquels, au fil des sentiments, au fil de la pensée, je brode à la main, point par point, du centre à la périphérie, de la périphérie au centre, les lignes et les courbes, les arabesques qui dessinent mes paysages mentaux, allusions à des lieux d’apparition, lieux de méditation active.

Comment faut-il faire advenir ce qui peut rester invisible ?

J’ai adopté le travail à la main, du fil et de l’aiguille, parce qu’il oblige à la lenteur, la patience, la réserve, le silence.

Recluse entre mes quatre murs, je scrute par la fenêtre le
s ouvertures de l’immeuble qui me fait face et suis les envolées de mouettes parisiennes entre le canal et la gare de l’Est…

Recluse entre les quatre murs de Jeanne que j’accompagne depuis quatre ans, en son très grand âge, jusqu’à son dernier sourire qu’elle m’a esquissé en mai…

Je choisis les couleurs des fils qui s’enrouleront en points les uns dans les autres pour former les dessins qui me sortiront de l’obscurité d’où l’on vient et feront découvrir les joies qui nous donnent vie.

Je recherche assidûment ce qui peut m’ouvrir à la réflexion, sans précipitation.

L’utilisation que je fais librement du fil et de l’aiguille, sans machine, rejoint sans doute chez moi un goût certain pour le paradoxe qui me semble nécessaire et vital en cette époque si agitée. 

 

Le Musée des femmes (du 8 septembre au 17 novembre 2009)

ARTS / EXPOSITIONS / CULTURE / RUBRIQUE « SORTIR A PARIS » : Pour vos articles et agendas de rentrée, attention : événement ! Au coeur de Saint-Germain des Prés, début septembre : le Musée des femmes.

Enumération non exhaustive des artistes exposées, brèves présentations, liens vers leurs sites officiels ou pas, photos-exemples tirées de leurs oeuvres dans le présent communiqué.

Annonce des noms – une trentaine de lignes ci-dessous – dans le plan détaillé faisant suite à l’adresse, aux dates, à l’esprit et à la chronologie aboutissant à ce projet initié par Antoinette Fouque, du Musée des femmes.

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L’Espace-Galerie des femmes (35 rue Jacob et Impasse des Deux-Anges, 75006 Paris – ouvert du mardi au samedi, de 11 h à 19 h, entrée libre), voué à la création des femmes, présente du 8 septembre au 17 novembre 2009 des oeuvres rassemblées par Antoinette Fouque pour constituer le Musée des femmes.

C’est « pour ouvrir des territoires de parole et de pensée où mener l’investigation et la création, donner lieu à la naissance et au développement de la culture des femmes » qu’Antoinette Fouque a créé les Editions des femmes en 1974. Il s’agissait pour elle de libérer ce qu’elle appelle la libido creandi des femmes, de sortir du clivage création/procréation. Creare en latin, relève t-elle, signifie à la fois « créer » et « procréer ».

Elle a depuis, dans cette même perspective, ouvert des librairies, créé des journaux, puis, en 1981, la Galerie des femmes.

En 2005, elle a commencé la collection du Musée Des femmes, pour lever la censure sur les créations des femmes, qu’elles soient littéraires ou  artistiques. Elle pense « que la création est sexuée, femme ou homme et non féminin ou masculin, puisque chaque homme et chaque femme est masculin et féminin (…) Quelque chose de la procréation imprègne la création des femmes. »

*Colette Deblé Plus d’infos

Catherine Lopes-Curval Plus d’infos

* Sophie BassoulsPlus d’infos

* MaglionePlus d’infos

Michelle KnoblauchPlus d’infos

Yolande RobveillePlus d’infos

Jeanne CoppelPlus d’infos

*Françoise GilotPlus d’infos

L’Espace des femmes accueille aussi régulièrement des oeuvres du Musée des femmes. Et notamment, du 8 Septembre au 17 novembre 2009 :

Geneviève Asse, *Catherine Barthelemy, Jennifer Bartlett, *Madeleine Berkhemer, Louise BourgeoisClaude Cahun, Sophie Calle, Geneviève Claisse, Franciska Clausen, *Colette Deblé, Sonia Delaunay, Natalia Dumitresco, *Françoise Gilot, Nan Goldin, *Rebecca Horn, Lee Krasner, *Yayoi Kusama, Catherine Lopes-Curval, Dora Maar, *Joan Mitchell, Aurélie Nemours, *Louise NevelsonGrace Pailthorpe, Alice Rahon, *Edda Renouf, Germaine Richier, Olga Sacharoff,  *Sophie Petitpas, *Niki de Saint-Phalle, Maria Elena Vieira da Silva

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Le Musée des femmes

 

A chaque fois que sera évoquée une artiste à laquelle est dédié un site officiel, son nom sera précédé d’une astérisque *. Divers liens, les plus conséquents possibles, conduisant à davantage d’information sur la femme et l’oeuvre seront le cas échéant fournis en simplement cliquant sur son nom. Ainsi que d’autres menant à des textes publiés sur mon blog lorsqu’ils existent.

 

J’ai tenté de citer toutes ces artistes dans un souci de lisibilité. Je tiens à préciser que l’ordre dans lequel elles sont citées ne signifie ABSOLUMENT RIEN, mis à part le fait qu’elles sont regroupées quand cela est faisable par domaine ou zone géographique de création. Qu’étant fort nombreuses, elles me semblent peut-être plus faciles à « repérer » (pour les non spécialistes) de cette manière que par l’ordre alphabétique.

 

I – Sculptrices : A / Louise Bourgeois, B / *Niki de Saint-Phalle, C / *Louise Nevelson, D / *Yayoi Kusama, E / Germaine Richier

 

II – Photographes / plasticiennes : A / Nan Goldin, B / Claude Cahun, C / Sophie Calle

 

III – Peintres : A / Aurélie Nemours, B / Geneviève Asse, C / Geneviève Claisse, D / *Catherine Barthelemy, E / Dora Maar

 

D’origine russe : F / Sonia Delaunay, G / Olga Sacharoff

Les Européennes : H / Natalia Dumitresco, I / Grace Pailthorpe, J / Franciska Clausen, K / Vieira da Silva

Vivant outre-atlantique : L / *Joan Mitchell, M / Jennifer Bartlett, N / Lee Krasner, O / *Sophie Petitpas, P / Alice Rahon

 

IV – Artistes inclassables : A / *Madeleine Berkhemer, B / *Edda Renouf, C / *Rebecca Horn

 

V – Déjà exposées à la Galerie des femmes-Antoinette Fouque, 35 rue Jacob 75006 : A / *Colette Deblé, B / Catherine Lopes-Curval, C / *Françoise Gilot

 

I-Sculptrices (Louise Bourgeois, *Niki de Saint-Phalle, *Louise Nevelson, *Yayoi Kusama, Germaine Richier)

 

A / Louise Bourgeois

 

Louise Bourgeois, née à Paris le 25 décembre 1911. Louise Joséphine Bourgeois est une artiste plasticienne américaine d’origine française,  Louise Bourgeois s’est installée en 1938 à New-York après avoir épousé l’historien d’art américain Robert Goldwater (1907-1973). « Born in France », elle est une artiste américaine à la manière d’un Marcel Duchamp ; sa carrière s’est déployée à New-York dans la solitude et la liberté.

 

B / *Niki de Saint-Phalle

 

*Niki de Saint-Phalle, née Catherine Marie-Agnès Fal de Saint Phalle, à Neuilly-sur-Seine dans les Hauts-de-Seine, le 29 octobre 1930 et décédée à San Diego le 21 mai 2002. Artiste française, plasticienne, peintre, sculpteur et réalisatrice de films. Niki de Saint Phalle, fut d’abord comédienne et ne suivit pas d’enseignement artistique, mais commença à peindre en 1952. En 1961, elle est membre du groupe des Nouveaux réalistes, tout comme Gérard Deschamps, César, Mimmo Rotella, Christo et Yves Klein. Elle était l’épouse de l’artiste Jean Tinguely.

 

C / *Louise Nevelson

 

*Louise Nevelson, née Leah Berliawsky, le 23 septembre 1899, à Kiev et décédée le 17 avril 1988 à New-York. Sculptrice américaine d’origine ukrainienne. Elle était mariée à Charles Nevelson, et avait un fils prénommé Myron. Nevelson est connue pour ses « boîtes » d’expressionnisme abstrait assemblées pour former une nouvelle création. Elle utilisait des objets trouvés ou des objets du quotidien mis au rebut dans ses assemblages ou « assemblies ». Elle récoltait des caisses en bois, qu’elle assemblait selon un dessin pré-établi. Puis, elle clouait dessus d’autres objets, des déchets, tous en bois. Elle peignait ensuite l’ensemble. Son travail peu paraitre répétitif malgré les variations de couleur. Cette accumulation de formes qui s’imbriquent dans un excès peut symboliser un autel.

 

Voici un extrait d’un texte publié dans le catalogue des trente ans des éditions Des femmes : Louise Nevelson est une géante : tant par l’ampleur et la puissance de son oeuvre que par la force de sa personnalité et la manière dont elle a décidé de sa vie. Sa réputation est immense, dans le monde entier et aux Etats-Unis où, reconnue comme le plus grand sculpteur américain, elle reçut The Gold Medal for Sculpture. Pour lire le texte en entier

Voici un extrait d’un texte écrit par l’écrivain Charles Juliet sur Louise Nevelson :

(…) J’ai vécu de telles heures lorsque j’ai découvert Aubes et Crépuscules, l’autobiographie de Louise Nevelson, une femme fascinante.

Au long de ces pages, elle parle de son enfance, de la conviction qu’elle a eue très tôt d’être une artiste, de sa passion pour l’art, de son acharnement au travail, des longues et difficiles années qu’elle a traversées avant de savoir qu’enfin son temps était venu – le temps de s’accomplir, de concrétiser ce qu’elle portait en elle, d’engendrer l’oeuvre que nous connaissons. Un livre qui est affirmation de vie et qui communique confiance, ferveur, énergie. (…) Pour lire ce texte en entier

 

 

D / *Yayoi Kusama

 

La Japonaise : *Yayoi Kusama, née en 1929 à Matsumoto, préfecture de Nagano.

Kusama est une des plus grandes artistes contemporaines au Japon. Le travail de Kusama, qu’elle qualifie d’obsessionnel, est fondé sur la répétition et la multiplication de signes. 1960 voit le lancement de son Manifeste de l’oblitération : « Ma vie est un pois perdu parmi des millions d’autres pois… ». Enfant, Kusama avait eu la vision hallucinatoire d’un motif en forme de pois décorant une nappe familiale se répéter dans la pièce. Dès lors, son univers en sera peuplé et ses installations habitées d’une multitude de pois colorés mais aussi de miroirs ou de formes phalliques répétées à l’infini. Surtout connue pour ses sculptures et peintures, Kusama a aussi abordé la mode, la réalisation de films et a également publié des romans.

 

 

E / Germaine Richier

 

Germaine Richier (1904-1959) Germaine Richier est une sculptrice française née le 16 septembre 1902 à Grans  et décédée le 31 juillet 1959 à Montpellier. (…) L’œuvre de Germaine Richier est multiple, comme en témoigne l’évolution de sa sculpture : de ses « gammes », représentation classique des formes, tel le Loretto (visible au musée Fabre de Montpellier) aux hybridations homme-animal qui caractérisent son art pendant la guerre et l’après-guerre, avec des œuvres comme L’Araignée, La Mante ou L’Hydre. « Toutes mes sculptures, même les plus imaginées, partent toujours de quelque chose de vrai, d’une vérité organique. » César disait d’elle : « Devant une sculpture de Germaine Richier tu sens que c’est interne, exactement comme devant une personne vivante. » Sa sculpture est figurative jusqu’en 1945, puis les déformations des corps s’accentuent pour transmettre une angoisse si forte que le spectateur ne peut y être insensible.

 

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II-Photographes/plasticiennes (Nan Goldin, Claude Cahun, Sophie Calle)

 

A / Nan Goldin

 

Photographie. Nan Goldin (Nancy Goldin), née en 1953 à Washington dans une famille bourgeoise du Maryland. L’œuvre de Nan Goldin est inséparable de sa vie : marquée par le suicide de sa sœur, c’est en photographiant sa famille qu’elle entame son œuvre photographique. Par la suite celle-ci reste très proche de l’album de famille, par sa technique comme par ses sujets.

 

B / Claude Cahun

Claude Cahun, née Lucy Schwob, à Nantes, le 25 octobre 1894, morte à Saint-Hélier, Jersey, le 8 décembre 1954. Photographe et écrivaine française. Elle a revendiqué, sa vie durant « une aventure invisible ». Elle a presque réussi. Jusqu’à ses dernières années où la singularité des thèmes qu’elle a traités, l’audace de ses recherches, la richesse de ses innovations formelles lui ont donné l
a place qu’elle mérite dans la photographie moderne. Car Claude Cahun ne cessa de questionner son identité et d’agir sur la représentation de soi. Elle témoigna de la plus large indépendance dans ses choix politiques, intellectuels ou sexuels. Elle traversa tous les genres pour mener de front une oeuvre littéraire, théâtrale, plastique et photographique. Peu d’artistes peuvent se targuer d’une telle singularité.

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C / Sophie Calle

 

Sophie Calle, née à Paris le 9 octobre 1953. Plasticienne, photographe, écrivaine et réalisatrice. Depuis plus de trente ans, son travail d’artiste consiste à faire de sa vie, notamment les moments les plus intimes, son œuvre en utilisant tous les supports possibles (livres, photos, vidéos, films, performances, etc.).

 

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III – Peintres (Aurélie Nemours, Geneviève Asse, Geneviève Claisse, *Catherine Barthelemy, Dora Maar)

A / Aurélie Nemours

 

Aurélie Nemours, née Marcelle Baron, à Paris, 29 octobre 1910 et décédée aussi à Paris le 27 janvier 2005. En 2004, le public français a enfin pu découvrir l’œuvre solitaire et sans concession de cette artiste abstraite majeure du XXe siècle. Peintre de recherche et de méditation, coloriste inspirée, poète et écrivaine, Aurélie Nemours est née dans la bourgeoisie parisienne du début du siècle dernier. D’abord passionnée par les Primitifs flamands et par l’archéologie, toute sa vie aura été menée par une idée unique : « l’art comme ultime espoir ».


B / Geneviève Asse

 

Geneviève Asse, née en 1923 à Vannes (Bretagne). S‘a
chète une maison en 1987 à l’Île-aux-Moines (Golfe du Morbihan). Elle continue la peinture, le dessin et la gravure. Elle réalise en 1999 de grandes toiles : Stèles et travaille ensuite sur des maquettes de vitraux et aussi pour les manufactures des Gobelins (Beauvais, Sèvres).

Interview de Geneviève Asse dans Paris Match : (…) Peindre presque toujours le même tableau, est-ce une sorte d’ascèse ? Certainement ! Mais je ne fais jamais vraiment le même tableau. Mes surfaces varient comme l’océan. Mon sujet, c’est l’espace et la lumière. Il m’est en partie inspiré par le ciel et la mer que je regardais des heures durant, enfant, sur la plage, dans le golfe du Morbihan. De même, la dimension du tableau joue un rôle important et en modifie la perception. Et puis il y a cette ligne verticale qui coupe le tableau de haut en bas et qui est parfois rouge, comme une étincelle ! (…) Pour lire l’interview complète

C / Geneviève Claisse

 

Geneviève Claisse, née en 1935. Peintre abstrait géométrique, née à Quiévy (dans le département Nord et de la région Nord-Pas-de-Calais) en 1935. Parente d’Auguste Herbin, originaire du même lieu, sa vocation picturale naît à la lecture de la revue Art d’aujourd’hui, tribune de l’abstraction géométrique.

 

 

D / *Catherine Barthelemy

 

*Catherine Barthelemy, née à Lille en 1951. Peintre abstrait de renommée internationale, travaille en touraine. Catherine Barthelemy reçoit un enseignement basé sur le travail de la composition classique (natures mortes, paysages, nus), préalable nécessaire pour ce professeur rigoureux à un passage vers l’abstraction. Ce cheminement lui permet d’évoluer vers une peinture non figurative où la matière et les couleurs prédominent, accédant ainsi à une expression juste et personnelle. Depuis 15 ans, dans la solitude de son atelier, Catherine Barthelemy a trouvé le bonheur de peindre.

 

E / Dora Maar

 

Dora Maar, née Henriette Theodora Markovitch, le 22 novembre 1907 à Paris et morte le 16 juillet 1997 à Paris. Photographe et peintre française, connue sous le pseudonyme de Dora Maar, elle fut l’amante et la muse de Picasso, rôle qui a éclipsé l’ensemble de son œuvre.

 

D’origine russe (Sonia Delaunay, Olga Sacharoff) :

F / Sonia Delaunay

Russe nationalisée française :

Sonia Delaunay, née Sarah Stern le 14 novembre 1885 à Gradijsk, près d’Odessa (en Ukraine) et morte le 5 décembre 1979 à Paris. Peintre d’origine russe et naturalisée française, cette artiste qui a participé aux mouvements déterminants du XXe siècle (abstraction, non figuration, dada, cercles et carrés, etc.) fut la première femme à avoir eu, de son vivant, une rétrospective au musée du Louvre (1964).

G / Olga Sacharoff

 

Olga Sacharoff, (Tbilisi, 1889 — Barcelona, 1967) Un certain nombre d’artistes et d’intellectuels russes visitèrent la Catalogne au cours des années 1920 et 1930. Parmi eux, Olga Sacharoff puisa dans la culture catalane pour nombre de ses toiles.

 

Les Européennes (Natalia Dumitresco, Grace Pailthorpe, Franciska Clausen, Maria Elena Vieira da Silva)

H / Natalia Dumitresco

 

Natalia Dumitresco, (Romanian/French, 1915-1997)

 


 

 

I / Grace Pailthorpe

 

Grace Pailthorpe (Angleterre, 1883-1971). Artiste surréaliste, psychanalyste et écrivain, née dans le Sussex, mariée au peintre Reuben Mednikoff, aussi connu sous le nom de Ricky Pailthorpe.

 

J / Franciska Clausen

– La Danoise : Franciska Clausen (1899-1986),

 

 

K / Maria Helena Vieira da Silva

 

– La Portugaise : Maria Elena Vieira da Silva (Lisbonne, 13 juin 1908 – Paris 6 mars 1992). Peintre français d’origine portugaise, son œuvre poétique – qui propose après 1945 un nou
vel espace – combine avec génie réseaux et mosaïques dans des compositions aux perspectives fuyantes.

 

 

Vivant outre-atlantique (*Joan Mitchell, Jennifer Bartlett, Lee Krasner, *Sophie Petitpas, Alice Rahon) :

 

L / *Joan Mitchell

 

– Les Américaines :

Chicago : *Joan Mitchell (Chicago 1925, 1992) Artiste peintre américaine faisant partie du mouvement expressionniste abstrait de « seconde génération ». Elle développa une œuvre à la fois abstraite et expressionniste très puissante. Ses œuvres sont exposées dans les plus grands musées d’art moderne à travers le monde. Les œuvres de Joan Mitchell sont souvent de grandes dimensions, couvrant deux panneaux. Ses tableaux sont très expressifs et émouvants. Elle disait de ses tableaux qu’ils devaient « transmettre  le sentiment d’un tournesol fanant » (« to convey the feeling of the dying sunflower »)

 

M / Jennifer Bartlett

 

– Californie Jennifer Bartlett (née en 1941) Collections : Albright-Knox Art Gallery, Buffalo; Metropolitan Museum of Art, New York; Milwaukee Art Museum; Museum of Modern Art, New York; Nelson-Atkins Museum of Art, Kansas City; Philadelphia Museum of Art; The Tate Gallery, London; Walker Art Center, Minneapolis; Whitney Museum of American Art, New York; Yale University Art Gallery, New Haven, CT

N / Lee Krasner

 

Brooklyn Lee Krasner (1908-1984), Brooklyn De 1933 à 1940, Lee Krasner travaille dans l’atelier de Hans Hofmann. Elle rejoint le mouvement des AAA (American Abstract Artists). En 1941, elle fait la connaissance de Jackson Pollock. Elle se marie avec lui en 1945. Elle montre peu son travail durant cette période. Après le décès de Pollock en 1956, elle s’exprime en peignant fureur et souffrance dans d’immenses tableaux. Ensuite elle travaille sur des motifs floraux et baroques. En 1976, Lee Krasner réalise des collages effectués à partir de ses 1ères peintures qu’elle recompose totalement.

 

O / *Sophie Petitpas

 

*Sophie Petitpas, née en France en 1960. Sophie Petitpas a élu domicile à Miami. Et c’est donc de Miami que l’artiste française a suivi en direct de CNN les attentats du 11 septembre. De ce choc va naître l’idée d’une démarche artistique: recourir au drapeau américain comme motif récurrent d’une déclinaison chromatique en forme d’hommage à l’Amérique.

 

P / Alice Rahon

 

Littéraire + Mexique :

Alice Rahon (Chencey Buillon, 8 juin 1904-1987) était une poétesse et artiste peintre surréaliste française puis mexicaine. Originaire de Bretagne, elle épousa le peintre autrichien Wolfgang Paalen en 1930 et participa aux activités des Surréalistes dans les années 1930, d’abord en tant que poétesse. Elle publia trois recueils : À même la terre (1936), Sablier couché (1939) et Noir animal (1941). En 1936, elle part vivre en Inde avec Valentine Penrose.

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IV – Artistes inclassables (*Madeleine Berkhemer, *Edda Renouf)

A / *Madeleine Berkhemer

*Madeleine Berkhemer, née en 1973. Le corps, le fragment, le découpage, l’assemblage sont au cœur de son travail – quelles que soient les disciplines envisagées. L’artiste s’attache souvent aux jambes féminines gainées de collants, cet accessoire qui a désormais remplacé l’objet du fantasme numéro un chez les hommes : le porte-jarretelles. Que ce soit pour son défilé de fin d’études, ses photographies ou ses installations, le collant se fait matériau de création. Il peut devenir l’écrin raffiné d’un buste, d’une jambe ou d’objets hétéroclites, couvrir la peau ou au contraire envahir l’espace tel un fantasque mobile. Mais il renvoie toujours au corps comme lieu de passage. (…) C’est dans cet intervalle entre érotisme et voyeurisme, préciosité et trivialité que Madeleine Berkhemer nous convie dans l’exploration des obsessions contemporaines.

B / *Edda Renouf

*Edda Renouf, née en 1943 à Mexico City. Enlevant et ajoutant les fils de la toile de lin, et incisant le papier, Edda Renouf crée des structures linéaires rythmiques, et utilise de subtiles nuances de couleur dans ses peintures et dessins minimalistes.  L’artiste a reçu plusieurs bourses et commissions d’état, parmi lesquels : le National Endowment of the Arts et le Pollock-Krasner Foundation. Le travail d’Edda Renouf est inclus dans de nombreuses collections publiques, dont le Centre Georges Pompidou à Paris, le Metropolitan Museum of Art et le Museum of Modern Art à New York, la National Gallery of Art à Washington, le Art Institute of Chicago, et le Australian National Gallery à Canberra. Elle vit désormais à Paris.

C / *Rebecca Horn

*Rebecca Horn, née en Allemagne en 1944. « J’utilise mon corps, j’utilise ce qui m’arrive, et j’en fais quelque chose.” L’artiste allemande Rebecca Horn est célèbre pour ses installations et ses performances. Elle grandit dans l’Allemagne de l’après-guerre, et apprend tôt à faire de l’art une forme d’expression privilégiée par rapport au langage : « On ne pouvait pas parler allemand, explique-t-elle. Il fallut apprendre le français et l’anglais. Je n’avais pas à dessiner en allemand, en français ou en anglais. Je pouvais juste dessiner ».

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Déjà exposées à la Galerie des femmes-Antoinette Fouque, 35 rue Jacob, 75006 (*Colette Deblé, Catherine Lopes-Curval, *Françoise Gilot)

A / *Colette Deblé

*Colette Deblé, née en 1944 à Coucy-lès-Eppes.

Depuis mars 1990, Colette Deblé dessine à partir de diverses représentations de la femme dans l’histoire de l’art afin de composer un essai plastique visuel constitué d’une infinité de lavis. « A-t-on jamais tenté d’explorer par des seuls moyens plastiques l’histoire de l’art ou l’un de ses aspects, comme le font l’historien et l’essayiste à l’aide de l’écriture. Mon projet est de tenter, à travers une infinité de dessins, de reprendre les diverses représentations de la femme depuis la préhistoire jusqu’à nos jours afin de réaliser une analyse visuelle des diverses postures, situations, mises en scène. » Colette Deblé

Quatrième de couverture de Prégnances de Jacques Derrida, consacré à Colette Deblé (L’Atelier des Brisants, 2004) :

Lavis, quel mot de combien de mots ! Un lavis non pas pour annoncer qu’on va se laver, bien entendu à grande eau, l’histoire des femmes à grande eau en vue de se réapproprier, de mettre, mais enfin, le corps nu, le vrai corps, le corps propre de la femme. Mais enfin. Non, suivant la fermeté du trait, un dessin colorié au lavis se voit discrètement teinter, imprégner, plutôt que noyer, il se voit filtrer, mais préserver aussi, le corps de la ligne intact, encore tremblant dans l’élément liquide. Quatre-vingt photos couleurs pleine page, accompagnent cet important texte de Jacques Derrida. Elles présentent, dans l’espace de ses toutes récentes et importantes expositions, le travail réalisé par Colette Deblé ces deux dernières années.

Jacques Derrida Pour en savoir davantage sur Colette Deblé

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B / Catherine Lopes-Curval

 

Catherine Lopes-Curval (née en 1954)  et son incontournable « Mise aux Carreaux »… « Les toiles de Catherine Lopès-Curval (née en 1954) sont souvent de grande taille. Les tons bleutés. roses-ocres. mais toujours assourdis avec quelque chose de crayeux dans la matière. Ses peintures ont une étrangeté qui emprunte à la peinture surréaliste. avec des villes imaginaires. vides et lointaines qui évoquent Magritte, De Chirico, Delvaux. Dans ces espaces mystérieux. des personnages flottent ou planent. ou encore. chutent. Ils s’immobilisent dans les airs ou aux bords d’escaliers improbables. Ou bien encore ils attendent et posent dans les pièces vides où une porte ou un escalier ouvre sur un monde secret. Chaque toile est une esquisse d’histoire que le spectateur doit remplir en y projetant ses interprétations. une narration à peine commencée qui doit être reprise par notre propre rêverie. Au-delà de ces histoires mystérieuses. il est question dans cette peinture de l’étrangeté de la vie et de la légèreté troublante de l’être. Catherine Lopès-Curval nous renvoie à un récit entre la dislocation et la construction. » Yves Michaux

Pour lire d’autres articles et voir d’autres photos de l’oeuvre de Catherine Lopes-Curval

 

Antoinette Fouque (2002) cite l’oeuvre de Catherine Lopes-Curval dans un texte publié dans le catalogue des trente ans des Editions Des femmes : (…) Catherine Lopes-Curval est née dans la seconde moitié du XXème siècle. La Mise aux Carreaux I, c’est une course aux trésors des signifiants ; c’est une balade dans la mémoire planétaire de l’artiste, et, même geste, cent arrêts sur images aux écrans de nos rêves. Explosion fixe de la beauté. (…)

Antoinette Fouque, Boulouris, le 30 mai 2002

Pour lire ce texte plus longuement

 

C / *Françoise Gilot

 

*Françoise Gilot, née le 26 novembre 1921 à Neuilly-sur-Seine dans les Hauts-de-Seine est une peintre française. Elle est régente du Collège de ‘Pataphysique’. Françoise Gilot a suivi des études de droit, mais plus attirée par sa passion pour l’art, elle suit les traces de sa mère, une aquarelliste, et s’oriente vers le dessin et la peinture. À 21 ans elle rencontre Picasso, alors amant de Dora Maar, et deviendra sa compagne de 1944 à 1953, et la mère de deux de ses enfants, Claude Picasso (1947) et Paloma Picasso (1949). Elle demeure une figure maîtresse dans le monde de l’art, créant le lien idéal entre l’Ecole de paris des années quarante et cinquante, et la scène artistique contemporaine des Etats-Unis. De nombreux musées et collections privées, d’Europe et du Nouveau Monde, possèdent ses peintures, dessins, monotypes et estampes originales.

 

Extrait d’un texte d’Antoinette Fouque (1986) sur Françoise Gilot :

(…) Vous êtes de l’autre côté des avant-gardes à systèmes, des « génies » ravageurs, enragés. Votre modernité, du côté de Matisse, ouvre la tradition, pense la transmission, retient la permanence du sens, perdu/trouvé, à mettre au monde. Elle est la forme expulsée comme nouvelle, et hors d’elle-même comme autre : anamorphose. Vous la nommez « Idole enfantine », « Amour », « Lien », « Equinoxe ». Elle est forme externée, sécrétion de couleurs perlées, la remontée à soi d’une pulsion profonde, inexistante, invisible. Grosse d’affects et d’échos, vous la voulez symbole. Vous la mobilisez vers son ailleurs. Vous la placez au commencement de demain. Vous l’imaginez au présent d’une expérance. Ce n’est plus la régression progédiente et l’angoisse du créateur, mais la prégnance de l’enfante-femme d’avant le premier jour.

Et si toute naissance était anamorphose ?

La (pro)création serait géni(t)ale ou ne serait plus.

Alors, il faudrait saluer ici une naissance de peinture.

Antoinette Fouque, La Jolla-Paris, juin 1986

Pour lire le texte d’Antoinette Fouque en entier sur Françoise Gilot

Pour en apprendre davantage sur Françoise Gilot

Mariage bis par Anna Borrel dans « Marianne » du 11 octobre

fss.jpgLe mariage de Weber ou le portrait d’une gauche sans le peuple

En célébrant avec faste son mariage, Henri Weber est devenu le bouc émissaire de la mauvaise conscience de la gauche. Le reportage d’Ariane Chemin dans Le Monde met le PS dans l’embarras. Explications.

« Pour une fête, c’était une belle fête, huit cents invités qui se pressaient sur la piste et les grains au Cirque d’hiver, à Paris. » Ainsi commence un article d’Ariane Chemin, publié dans Le Monde du 2 octobre qui, depuis fait couler beaucoup d’encre. L’objet de son reportage : le mariage d’Henri Weber et de Fabienne Servan-Schreiber, une festivité à laquelle la journaliste n’avait pas été conviée, mais dont « on » (le tout Paris des patrons de presse, du show-biz, du monde des affaires et des personnalités politique de tout bord) lui a tellement parlé qu’elle a pu la décrire par le menu. Ariane Chemin met en scène la soirée qui a réuni l’élite parisienne autour d’un couple d’amoureux de la gauche. En creux, elle retrace le parcours d’Henri Weber, « idéologue du Parti », « fidèle lieutenant de Laurent Fabius », ex-trostkiste, et d’une productrice « indéfectible soutien de la gauche » qui a soutenu Ségolène Royal pendant la campagne. Entre dérive tectonique des socles idéologiques nés des années 68, strass de la jet set parisienne et réunion de famille politique, la description le cède à peine à l’analyse. Pourtant, un vrai malaise hante le PS depuis sa publication.

Malaise dans la section
Ariane Chemin a été étonnée par le nombre de réactions que son papier a suscitées : « De nombreux lecteurs m’ont appelée, beaucoup de confrères aussi ». Dès le lendemain de sa parution, la quasi totalité des revues de presse l’évoquent sur les grandes stations de radio. L’article n’échappe pas à Pierre Marcelle, dans Libération (le 08/10/07), et surtout se propage sur les sites et les blogs d’extrême-gauche. Cet instantané d’un PS festoyant quelques semaines après la cuisante défaite électorale présidentielle dérange, et pas seulement parce qu’il se clôt sur quelques paroles moralisantes d’Alain Krivine, invité, l’un des rares à ne pas s’être dérangé au motif qu’il n’appartiendrait « pas au même monde » que son vieux pote Weber. Ariane Chemin se défend d’ailleurs d’avoir voulu stigmatiser une quelconque « gauche caviar ». Interrogées sur l’image que cet article donne du PS, de nombreuses personnalités de gauche reconnaissent leur embarras mais refusent d’en dire plus. En off, les propos évasifs et hésitants se ressemblent, entre défense du marié (« Henri est quelqu’un de sympa », « il a vraiment bossé pour le parti »), condamnation du bout des lèvres (« c’est vrai que c’était très ostentatoire comme soirée »), et condamnation de l’article («c’était un événement privé»).

Sur ce dernier point, la journaliste répond : « c’était effectivement privé, mais c’est devenu un événement politique dès lors que tous les cadres du PS y étaient alors qu’ils n’étaient pas tous aux universités d’été de La Rochelle, dès lors que cela a donné lieu à une brève dans Rouge, le journal de la LCR, et dès lors que Lionel Jospin répond, lorsqu’on lui demande sur France Inter s’il a des contact avec Bernard Kouchner : « Oui, je l’ai vu au mariage d’Henri Weber. » ». Précisons qu’il y avait aussi ce soir-là d’autres transfuges de la gauche au gouvernement comme Jean-Pierre Jouyet et Martin Hirsch, et qu’étaient aussi présents la député UMP Françoise de Panafieu, et quelques hommes de médias peu suspects de gauchisme, tels Alain Minc ou Patrick de Carolis, dont il n’est pas dit que sa carrière ne bifurquera pas prochainement vers la politique…

Cristallisation du vide
Fort discrets sur cet évènement, les dirigeants du PS ont sans doute été gênés par la justesse et le cynisme de la phrase du psychanalyste Gérard Miller selon laquelle « Si on n’est pas invité ce soir, c’est qu’on n’existe pas socialement », phrase qui renvoie assez peu à une certaine idée que l’on se fait de la gauche. Plus courageux que les autres ? Seul Manuel Valls accepte de s’exprimer à voix haute sur le malaise général : « Le portait que dresse cet article n’est pas faux, même s’il est un peu caricatural, confie-t-il, en précisant qu’il n’était pas invité et que, lui aussi, apprécie beaucoup Henri Weber. Je ne suis pas pour une gauche de moines-soldats en cols mao, et ce n’est sûrement pas à la LCR de nous donner des leçons. La vision donnée par Ariane Chemin rappelle des éléments très positifs de ce qu’a construit cette gauche issue de mai 68 et des réseaux qui se sont fortifiés dans les années 70-80. Mais cet article nous rappelle aussi que, quand on est de gauche, il faut faire attention aux symboles. On a des responsabilités. Sans prôner l’ascèse, je dis juste qu’on ne peut pas critiquer les vacances jet set du Président sans faire nous-même un peu attention. »

Premier élément de réponse : le parisiannisme de la fête, le côté mondain, la peur d’apparaître trop bourgeois, fait peut-être encore partie des complexes de gauche. Mais pour le philosophe et sociologue Jean-Pierre Le Goff, le malaise vient de plus loin. « Ce qui est choquant, ce n’est pas le mariage d’Henri Weber. Les gens ont le droit de se marier comme ils le veulent et de rassembler leurs amis pour faire une fête. Ce papier fait en réalité très mal à cause du contexte dans lequel il s’inscrit. J’ai parlé avec de nombreux militants socialistes choqués par cet article. Ils ne s’y reconnaissent pas, et pour cause : le grand absent de cette soirée, c’est le peuple. Depuis les années 1980, le corps doctrinal du PS est en lambeau et, peu à peu, des classes populaires qui se sont mises à voter à droite. En fait, c’est le vide qui succède à la gauche de 68. Ces festivités illustrent le fossé qui sépare aujourd’hui ce Parti du peuple de gauche. » Le mariage du malheureux Henri Weber, qui ne souhaitait sans doute pas sa médiatisation, sert ainsi prétexte à la cristallisation d’un sentiment diffus, sur fond d’un PS plus que jamais en crise identitaire. Et la «photographie» que donne Ariane Chemin alimente un soupçon chez ceux dont le coeur bat à gauche : l’impression que, malgré d’apparents différends, la « famille » PS reste unie, mais qu’elle les a abandonnés.

Jeudi 11 Octobre 2007 – 08:32
Anna Borrel

Mariage Fabienne Servan-Schreiber + Henri Weber (Présence d’Antoinette Fouque), « Monde » du 3.10.07 par Ariane Chemin

fss.jpgMonde du 3 octobre 2007 : La Gauche à la noce (la phrase importante est en rouge surligné !!!!)

Gare aux trompettes de la renommée. Par un bouche-à-oreille très parisien, le mariage de Fabienne Servan-Schreiber, productrice de cinéma et de télévision, et d’Henri Weber, héros trotskiste devenu député socialiste européen, s’est transformé en quelques jours en un petit happening politique, échappant malgré eux à ses organisateurs. Restes d’une belle lucidité soixante-huitarde, génération qui aime tant se raconter ? Nombre des 800 invités de la fête ont éprouvé l’envie de rapporter, les jours suivants, leur soirée du samedi 15 septembre, sentant confusément que, sous les rampes du Cirque d’hiver, s’était dessiné un tableau allégorique. Ou devinant que, dans ces retrouvailles de la gauche arrivée, s’était écrite, volens nolens, une petite fable.

Quand ils ont trouvé le carton d’invitation dans leur boîte aux lettres, grâce au carnet d’adresses impeccablement tenu de « Fabienne », certains se sont d’abord demandé : « Comment ? Ces deux-là ne sont pas encore mariés ? » Beaucoup ont souri sans méchanceté : « Ce vieux soixante-huitard d’Henri souscrit même au rite bourgeois et passe la bague au doigt devant monsieur le maire ! » Le dernier samedi de l’été, jour de ciel bleu, de Vélib’ et de Technoparade, ce couple star de Mai 68, en présence de ses trois grands enfants, s’est donc dit « oui » devant Bertrand Delanoë, avant d’être accueilli par les clowns du Cirque d’hiver. Une adresse fameuse, entre République et Bastille, là où, au XXe siècle, quand elle gagnait encore les élections présidentielles, la gauche fêtait ses victoires, fidèle au Paris ouvrier et rebelle.

Avec la Mutualité, le Cirque d’hiver demeure l’un des lieux de mémoire parisiens. C’est ici, sur la piste aux étoiles des Bouglione, qu’est né le MRAP, organisation antiraciste, en mai 1949. Là que se sont tenus quelques célèbres meetings de campagne de François Mitterrand, Lionel Jospin, puis Ségolène Royal. Là que s’est souvent réunie en messes unitaires la gauche partisane et syndicaliste. « On se fait une Mutu ? » « On se tente un Cirque ? », demandaient les responsables. La « Mutu » est moins chère – entre 12 000 et 15 000 euros la salle -, mais le « Cirque » est plus vaste. Or, a expliqué sur la piste Denis Olivennes, le patron de la FNAC, dans un compliment bien troussé : « Quand on se marie à 25 ans, on invite 50 amis ; à 35, 200. Quand on se marie beaucoup plus tard, on en reçoit 800. Et avec les connaisssances, il leur aurait fallu le Stade de France ! »

Durant la campagne présidentielle, Fabienne Servan-Schreiber, indéfectible soutien de la gauche, avait réuni artistes et intellectuels prêts à soutenir Ségolène Royal dans un gymnase parisien. A 63 an, le marié, lui, est un lieutenant fidèle de Laurent Fabius, comme son ami Claude Bartolone, y compris lorsqu’il lui a fallu dire non à la Constitution européenne. Foin des querelles entre ex-trotskistes, des oukases contre ceux qui lorgnent trop, depuis quelques mois, vers la droite : du groupe trotskiste lambertiste OCI aux hauts fonctionnaires centristes des Gracques, ce soir-là, Henri Weber réunissait gaiement tout le monde.

Lionel Jospin et son épouse, Sylviane Agacinski, dînaient à quelques tables de la présidente de la région Poitou-Charentes, venue avec ses enfants. « Il paraît qu’il a écrit un livre terrible et ignoble contre moi », confiait-elle à ses voisins (c’était deux jours avant que Libération ne publie les extraits chocs de L’Impasse – éd. Flammarion). Entre deux avions, Dominique Strauss-Kahn, alors futur patron du FMI, honorait les mariés de sa présence. « On le regardait déjà différemment, il est devenu international », s’amusait un convive.

Enfin, last but not least, la gauche sarko-compatible, des chargés de mission aux ministres, avait fait le déplacement en masse : l’ex-patron d’Emmaüs, Martin Hirsch, haut-commissaire aux solidarités actives, le secrétaire d’Etat aux affaires européennes, Jean-Pierre Jouyet, le ministre des affaires étrangères, Bernard Kouchner – une des vedettes de la fête. « Il est resté tard, pour montrer qu’il n’avait pas de problème avec sa famille politique, commente un invité. Quand on pense en revanche à tout ce qu’Henri lui a donné, Fabius aurait pu s’attarder. » Arrivé pour le cocktail, l’ancien premier ministre est reparti avant le dîner…
Est-ce la présence des banquiers – Bruno Roger, le patron de Lazard, Philippe Lagayette, de chez JP Morgan, ou Lindsay Owen-Jones, le patron de L’Oréal ? Celle des ténors du barreau, ou des patrons de télévision – Patrice Duhamel, Jérôme Clément, Patrick de Carolis ? « C’était comme si la gauche n’avait pas perdu les élections », sourit un membre de la noce. « Si on n’est pas invité ce soir, c’est qu’on n’existe pas socialement », souffle le psychanalyste Gérard Miller à ses camarades de table. Patrick Bruel, Carla Bruni ou Julien Clerc… Mélange des étiquettes et des genres provoquent toujours quelques scènes dignes du cinéma, comme l’arrivée spectaculaire de Georges Kiejman accompagné de Fanny Ardant, ou le compagnonnage du journaliste Jean-François Kahn, patron de Marianne, avec Alain Minc, ami du président de la République.

S’ils sont tous là, c’est parce que la petite histoire des héros de la soirée a rencontré celle de la gauche. Leurs vies militantes se sont emmêlées avec la grande politique, puis, une fois la gauche au pouvoir, avec la réussite. Avant de devenir sénateur à Paris puis député à Bruxelles, le fabiusien Henri Weber fut un enfant de Mai 68. Cofondateur de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) avec Alain Krivine, il a dirigé Rouge, le journal de l’organisation trotskiste, qu’il a créé avec les droits d’auteur de son Mai 1968 : une répétition générale – réédité tous les dix ans en « poche ». Pour le mariage, Fabienne portait d’ailleurs une robe bustier écarlate, dessinée par Sonia Rykiel. Et c’est une ancienne claviste de Rouge, Sophie Bouchet-Petersen, devenue « plume » et amie de Ségolène Royal, qui prononça le deuxième discours de la soirée. « Les bonnes formations passent les années ! », applaudit en expert l’un des trotskistes de la fête au Cirque d’hiver.

C’est justement là, en juin 1973, que s’est nouée l’idylle. Avec la petite caméra qui ne la quitte jamais, une jolie étudiante filme, devant le bâtiment, la foule qui proteste contre la dissolution de la Ligue communiste, après les affrontements violents qui ont opposé ses militants à ceux du groupe d’extrême droite Ordre nouveau. A l’intérieur, Jacques Duclos, secrétaire général du PCF, s’indigne – grande première – des ennuis causés aux « gauchistes » par le ministre de l’intérieur, Raymond Marcellin. Perché sur un feu rouge, un jeune homme vocifère dans son mégaphone et tempête contre l’emprisonnement du camarade Krivine. Belle gueule, bel esprit. Dans le viseur de sa super-8, Fabienne Servan-Schreiber tombe amoureuse du fils d’immigré d’Europe de l’Est grandi à Belleville…

L’avantage, quand on devient célèbre et qu’on se marie tard, c’est qu’on échappe aux discours potaches et aux mauvaises vidéos amateurs. De sa maison de production, Cinétévé, Fabienne Servan- Schreiber, scénariste et réalisatrice du film de ses noces, a tout prévu. Côté archives, le fonds « maison » est large. On peut aussi puiser dans celui des invités : Romain Goupil et son Mourir à trente ans, les épisodes de Génération des historiens de Mai 68 Patrick Rotman et Hervé Hamon…

La mariée a confié les commentaires du film-souvenir, Trente-quatre ans de fiançailles, à l’un des plus solides amis du couple, celui des bons et des mauvais jours : Régi
s Debray. Devant Edgar Morin et un parterre d’intellectuels sexagénaires, le philosophe peut enfin commenter à sa sauce les fameux « événements » d’il y a presque quarante ans et… leur apothéose. Les Weber cabotant le long des côtes dans leur caïque turc à voiles plutôt qu’en croisière sur le Paloma, n’est-ce pas la dernière différence entre la droite et la gauche ? « Tendres sarcasmes », signe Régis Debray au générique.

Ont-ils trop vieilli, l’ont-ils trop aimée, la révolution ? Sur la piste, une fois le sirtaki de Bernard Kouchner et de Christine Ockrent fini, il n’y eut vite plus que les enfants des invités pour danser sur les « compil » du DJ déniché par « Fabienne » au festival du documentaire de Biarritz. Lionel Jospin est resté assis sur le bord de la piste. Le dernier carré des révolutionnaires est parti se coucher, après avoir exhumé, tristes et désolés, les jolis coups et les bons mots de l’ami Jean-François Bizot, grand absent de la fête, mort juste une semaine plus tôt.

Des convives présents, on n’a guère entendu que le chercheur Patrick Weil protester, les jours suivants, contre la politique d’immigration du nouveau gouvernement. Invité aux noces, Alain Krivine avait décliné l’invitation.
« Que le très fabiusien Henri Weber se marie, c’est son droit le plus strict, commentait Rouge d’une brève, le 21 septembre. Qu’il organise un dîner politico-mondain où se sont retrouvés, outre le panel des dirigeants socialistes, la députée UMP Françoise de Panafieu et Bernard Kouchner, le va-t-en-guerre, montre que nous ne vivons pas dans le même monde et que nous n’avons pas la même conception de la politique. » Cette fois-ci, c’est Krivine qui jouait les trouble-fête. Pour parfaire la légende, il faut toujours quelques absents au banquet de la jeunesse disparue.

Ariane Chemin
Article paru dans l’édition du 03.10.07.