Yozone remet (déjà !) à l’honneur l’écrivain François COUPRY !

L’excellent Hilaire Alrune a déjà lu « Merveilles » de François Coupry !

Merveilles
Francois Coupry
Pierre Guillaume de Roux-FCD livres, contes paradoxaux, 575, pages, novembre 2018, 23 €

« Jour de Chance » (Presses de la Renaissance, 1982), « Nos amis les microbes (Une Journée d’Hélène Larrivière) » (Presses de la renaissance, 1989), « Le Fils du Concierge de l’Opéra » (Gallimard, 1992, « Le fou rire de Jésus » (FCD livres, 2016), « La femme du futur » (Pascal Galodé, 2012). Cinq « contes paradoxaux » d’un peu plus d’une centaine de pages chacun, cinq romans brefs ou cinq novellas, composant un fort volume de presque six cents pages, richement illustré par Cyril Delmote.

« Jour de Chance »

« Le soleil, vous savez ce que c’est : une grosse araignée jaune dans le ciel bleu, une grosse araignée avec des pattes velues, des pattes qui descendent, comme des rayons, jusque sur les mains et les yeux de chacun d’entre nous. Et les rayons de l’araignée dirigent mes mains qui dirigent les ficelles de mes jambes. »

Il se nomme Nabucco – personnage que l’on retrouvera dans d’autres récits de l’auteur – c’est un avatar (parfois) de François Coupry lui-même, c’est un innocent, ou très exactement l’inverse : un personnage qui feint l’innocence pour mieux révéler les travers de notre monde. Le voilà, existant et inexistant tout à la fois, refusant le nom de Coupry, cherchant à naître dans une société qu’il feint de découvrir, essayant pour cela de se faire admettre, en vain, à la crèche (mais naître dans l’esprit du lecteur, c’est déjà une première étape), cherchant ensuite, selon une chronologie qui lui est propre, mais apparaît logique, à payer ses impôts, à se faire emprisonner, à se faire interner à l’asile d’aliénés, au parc zoologique, en enfin, à se faire inhumer. Las, si le fossoyeur accepte de le considérer cliniquement mort, il se trouve que sans permis d’inhumer aucun enterrement n’est possible, et le pauvre Nabucco, dépourvu d’identité, ne saura se faire délivrer une telle autorisation. Comment diable exister ? Ne serait-il pas “(…) l’homme moderne, débarrassé de toute culture malheureuse, de toute mauvaise, ou trop bonne, conscience : un être sans être, sans consistance aucune, sans poids, sans histoire personnelle, et mené, sans jugement de valeur, par la communion des évènements mondiaux. Un être sans âme, d’une totale sensibilité. Un individu non individuel, omniprésent. Un corps ouvert, sans commencement ni fin. Une amibe. Un mutant. Le premier humain de l’avenir de l’homme (…)” Comment exister vraiment ? Détourner un avion ou tuer son prochain ne sert à rien dans ce monde de bienveillance infinie, battre la campagne pour y trouver une juriste-fermière capable de convaincre un tribunal de sa culpabilité non plus. Fantaisiste, drolatique, ce « conte paradoxal » mérite bien son nom. En décrivant un monde retourné comme un gant, comme pourrait l’être au sens propre un meilleur des mondes, Nabucco/Coupry illumine ses travers comme pourrait le faire une fable voltairienne : bien plus incroyable que la science-fiction la plus audacieuse, bien plus invraisemblable que le conte de fées le plus débridé, bien plus inacceptable que le fantastique le plus terrifiant, c’est, simplement, un monde où tout le monde serait bon.

« Nos amis les microbes (Une Journée d’Hélène Larrivière) »

« Peut-être que cette image de toi s’est multipliée dans ton ventre. Peut-être qu’il y a e toi des milliers d’Hélène Larrivière, rousses et toutes nues, qui grouillent et qui dansent.  »

Initialement publié sous le titre « Une journée d’Hélène Larrivière » aux Presses de la Renaissance en 1989, « Nos amis les microbes » décrit, du point de vue des microbes, l’existence oisive et insouciante – qui trouve plus d’un écho dans notre monde – de ceux qui dévorent leur propre maison et scient la branche sur laquelle ils sont assis. Ces êtres minuscules, microbes ou virus, perpétuellement enivrés de sang, gavés de viande et d’os, festoient et s’amusent dans ces architectures baroques que sont les intérieurs d’un corps humain. Tout continuerait à aller pour le mieux dans l’indifférence générale si leur grand penseur Yrpuoc ne les éveillait à une forme de conscience, transformant le credo des uns – « Il y a toujours quelque chose à ne pas faire » –, en affinité pour la pensée, en inquiétude pour le futur, jusqu’à ce qu’ils trouvent une structure de nourriture qui se régénère, sans comprendre qu’il s’agit d’une prolifération tumorale. Penser, mais penser juste ou penser faux ? Entre intuitions vertigineuses – “Et j’en déduis que nous ne sommes que la projection de l’imaginaire flottant du Grand Corps Humain dans lequel nous vivons” – et paralogismes regrettables, nos microbes se mettent en guerre, “Car certains d’entre nous à l’exemple de Patrace, se sont mis à réfléchir. Et comme lui ont senti une présence étrangère grandir dans leur corps ! Et comme lui ont éclaté, délivrant un e rousse nue !” Voilà donc déclarée une guerre grotesque aux rousses envahissantes, les microbes ayant rencontré un autre type d’infection, parasitaire celle-là, comme la larve qui de l’intérieur ronge son hôte avant de s’en extraire comme si ce dernier n’était plus rien d’autre que son propre suaire. Entre parasitisme tel que le décrit la zoologie, donc, et thème science-fictionnesque classique – nul n’a oublié la fameuse « Invasion des profanateurs » de Jack Finney, ni ses multiples déclinaisons ou héritiers cinématographiques – nos microbes découvrent, parfois de manière grotesque (quand une scène romantique dans la magnifique baie du cristallin se transforme en séance gore de plomberie artérielle), nos microbes, dont un certain Nabucco, découvrent l’amour, le doute, la honte, la guerre : on s’arme avec les objets que l’on trouve dans la cervelle, mais dont se déversent également des nuées de choses inutiles obstruant les canaux de circulation. Nous n’en dirons pas plus, si ce n’est que ce récit en apparence décousu conservera in fine une véritable cohérence, le microscopique se révélant à plus d’un titre comme le reflet du macroscopique, avec une happy-end pour Hélène Larrivière, siège et lieu de l’histoire – mais, on s’en doute, comme dans tout bon récit fantastique qui se respecte, les dernières lignes viennent rebattre les cartes. Bien plus qu’au fameux « Voyage fantastique » d’Isaac Asimov, on pense à Swift, et ce n’est d’ailleurs pas un hasard si cet auteur apparaît, aux côtés de Lewis Carroll et J.R.R. Tolkien, sur les rayonnages de la bibliothèque rose de l’utérus. Un récit certes incontrôlé (mais comment s’en étonner quand il est question de la croissance anarchique d’une tumeur ?), avec une tendance carnavalesque à partir en tous sens et à en rajouter dans la facétie, un récit généreux qui brasse et pulse et charrie quelques trouvailles.

« Le Fils du Concierge de l’Opéra »

« Alors je m’aperçus que mes mouvements étaient circulaires, et chaque fois que je croyais pousser mes pas vers les murs extérieurs de cette bâtisse, des couloirs me ramenaient vers le centre qu’occupait la grande salle de spectacle. »

Un leitmotiv, une formule dont on devine l’importance et que même après lecture l’on gardera en mémoire : “Aujourd’hui, rien d’extraordinaire, rien que le train-train du merveilleux”. « Le Fils du concierge de l’opéra  » est assurément le conte paradoxal le plus connu de ce recueil, et il en est certainement le meilleur. Maîtrisé d’un bout à l’autre, ce récit profondément humain, poétique, poignant, initialement publié chez Gallimard en 1992, a reçu l’année suivante un Grand Prix de l’Imaginaire amplement mérité.

Être le fils du Concierge de l’Opéra, être destiné à lui succéder, est-ce un honneur, est-ce une malédiction ? Tout régir dans cet opéra-monde, tel un démiurge, est-ce un destin acceptable. Ne vaudrait-il pas mieux gagner l’extérieur, l’ailleurs, le vaste monde, le vrai, pour y faire d’autres découvertes ? Entre révoltes enfantines et adolescentes – “Vous êtes devenus les navets prétentieux d’un imaginaire déchu” – entre foucades diverses et recherche de vraie vie à vivre des mois durant sur une scène, entre amours naissants pour une Valentine hélas destinée à n’être qu’ouvreuse, bienvenue dans ce bâtiment-monde où les oiseaux parlent, où l’on n’imagine guère que les avions n’aient pas besoin de fils pour voler, où l’on découvre les mers, l’exotisme, la planète entière sous forme de décors, et où l’on pourrait, peut-être, s’insurger contre le ressassement sans fin des mêmes figures, les Desdémone, les Carmen, les Tosca, les Violetta au motif que « Oui, tout cela n’était qu’un drame, et point la vie. » Nous n’en dirons pas plus si ce n’est que cette histoire d’un naufrage effroyablement lent est au contraire à la fois un drame et la vie, un récit plein d’émotion qui sonne juste d’un bout à l’autre.

« Le fou rire de Jésus »

« C’était moi le vautour, moi qui tournais au-dessus de la tête du Galiléen crucifié, dans le crépuscule de Jérusalem, moi qui lui dressais une couronne de mes ailes, de mon bec, de mes serres, moi qui riais au-dessus de sa tête, de ce même rire de complicité dont, la veille, lors de son procès, nous avions tenté tous deux de dissimuler l’ardeur, ce rire qui éclatait au-dessus de la Croix, ce rire que les gens pouvaient peut-être entendre, déchirant les nuages, découvrant un soleil d’aurore, formant non plus une couronne de douleur mais une auréole d’une lumière de gloire dans les cieux. »

Un narrateur installé dans le Grèce contemporaine dont on devine, après l’affaire des enseignes, puis la condamnation du Christ, qu’il n’est autre que ponce Pilate, narre, sous forme d’une lettre à Vitellus, sa rencontre avec le Galiléen, et chercherait, à l’en croire, à prouver enfin que l’homme de Nazareth n’était autre que Dieu. Un fou rire commun avant une condamnation historique, un Dieu qui lui aurait fait don d’immortalité, lui aurait épargné la mort pour qu’il puisse témoigner dans les siècles futurs. Le récit des errances d’un personnage à travers les siècles, qui, d’un point de vie antique – à moins qu’il en soit un simple mythomane – observe effaré les évolutions contemporaines, se lamente de ce monde où la corruption n’est plus ce qu’elle était et où « l’on ne peut plus uriner que dans des endroits introuvables », un monde d’aliénation perpétuelle qui fait regretter des temps passés où, affirme-t-il, « même les esclaves étaient plus libres ». Critique sociale, donc, ce « Fou rire de Jésus » faussement léger, mais ambitieux, traite également des mille et une réécritures des textes, des interprétations, des fantaisies de la mémoire, qu’elle soit individuelle ou collective. Un récit qui brasse large, dérive et divague à travers temps, à travers l’esprit quelque peu perturbé du narrateur, qui amuse et qui donne à réfléchir.

« La femme du futur »

« Et point parce que, encore une fois, comme en ma vie d’avant, je recherchais l’oubli, fuyant ma vérité, mais parce que, maintenant, tout m’était revenu en mémoire, en un rêve où j’étais transparente, où je passais à travers les miroirs, je savais déjà tout et j’étais affolée, les portes de mon château intime s’étaient réouvertes, les unes après les autres, en un fracas de grincements de gonds, de craquements de serrures.  »

Belle et originale idée que cette entrée dans le monde futur, où, avant même votre naissance, alors que vous n’existez pas encore, les dieux vous demandent en quel être humain vous souhaitez vous incarner. C’est en 2187 que naît donc la narratrice, sorte d’Alice dans un pays du futur où tout ne serait que merveilles, à tel point que, même à ses yeux encore naïfs, bien des éléments paraissent douteux. Des richesses universelles et une oisiveté impossible allant à l’encontre des vieux traités d’économie du XXIème siècle, des familles qui jouent à vivre comme dans les temps passés, un monde dans lequel elle ne manque pas de se demander « où sont les pauvres, les opprimés, les ratés » mais où, lui explique-t-on, « personne, maintenant, ne se pose plus vraiment le problème de la misère, à part vous peut-être, mais il faut vraiment être une enfant ! », et où il existerait peut-être encore, pour le symbole, un « dernier des prolétaires ». Ironie grinçante, donc, pour ce monde dans lequel il reste possible, pour ceux qui seraient effrayés par une telle vie de bonheur, de prendre place à bord d’un train spécial, qui les emmènera directement vers la vieillesse.

On s’en doute : un tel monde d’« Harmonie Flamboyante » n’est que prétexte à humour grinçant, voltairien ou swiftien, et les déboires de notre Alice, qui se souvient d’avoir tour à tour été, entre autres réincarnations animales, entre autres réincarnations humaines plus banales, Anna Karenine, Yseut, Emma Bovary et quelques autres, découvrira, ballotée entre utopie et dystonie, une étrange et complexe existence qui lui montrera que tout n’est pas que merveilles, que si elle est la plus belle et la plus intelligente elle ne le sera en définitive pas tant que ça, que si dans ce futur où « La mort était inadmissible, impensée ; la mort n’existait plus dans nos idées », l’on peut toutefois apercevoir un cadavre décomposé à la descente d’un avion. La voilà à chercher à comprendre, à réinventer des thèses anciennes, à démontrer – belle idée que celle de ce Congrès Mondial sur l’Existence du Réel – que tous les objets, contrairement à ce que l’on pouvait croire, ne se réparent pas systématiquement eux-mêmes, et qu’il y a ici et là plus d’une faille dans ce monde idéal.

On trouvera dans cette « Femme du futur  » des thèmes développés dans ses roman « La Terre ne tourne pas autour du soleil » (Gallimard, 1980), comme la remise en cause de l’héliocentrisme, l’immortalité, la destruction et la fondation de civilisations nouvelles, abordées à travers le regard de ces personnages (presque) innocents que sont les enfants, et l’on y trouvera également l’inévitable Nabucco, camé littéraire propre à l’auteur. Riche aventure, elle aussi par moments décousue, elle aussi par moments divagante, que celle de cette « Femme du futur » embringuée dans un monde qui ressemble aussi à un purgatoire, une utopie qui apparait aussi comme une « fin de l’histoire » où ne subsiste qu’une humanité composée de personnages médiocres, incultes, qui plus est incapables de s’en rendre compte. Une utopie que la prétendue innocence de la narratrice permettra de dynamiter pour un retour à plus âpre et plus signifiant.

Au total

Avec François Coupry, on est souvent aux marges de la science-fiction. À travers ces cinq courts romans, on trouvera une fin du monde, plusieurs tableaux d’utopies ou de dystopies, et des thématiques souvent abordées dans la littérature de genre, comme celle de l’immortalité. « Contes paradoxaux » ou fictions des marges, littérature de l’imaginaire au sens large qui refuse de s’inscrire directement dans un genre et trouve ses racines ailleurs, dans une longue tradition littéraire – les Swift, les Voltaire et bien d’autres – ces cinq récits, en apparence disparates, sont animés par des intentions, des techniques, des sujets similaires. Chez François Coupry, le monde est un théâtre perpétuel sur la scène duquel on n’hésite pas à pratiquer l’excès, le baroque, l’outrance, le grotesque, à virevolter d’une thématique à une autre, à partir dans tous les sens comme sur d’autres scènes – celles d’un cirque, celles d’une foire. Ceci explique pourquoi la plupart de ses récits – à l’inverse d’un « Fils du concierge de l’opéra » policé, homogène, contrôlé, maîtrisé – peuvent conduire les lecteurs à perdre le fil, à décrocher, à chercher partout – comme l’on cherche dans un brocante la pièce unique – le propos essentiel, la destination où l’auteur souhaite les mener. Pourtant, ces contes drolatiques, il faut le goûter, et tant pis si l’on n’est pas emmené comme on pourrait l’être dans un thriller ; il faut prendre son temps, écouter l’auteur expliquer et réexpliquer le monde, mais aussi l’enchanter et le réenchanter, usant de l’image, de l’absurde, du saugrenu, du nonsense, de l’humour pince-sans rire et de l’artifice classique du faux Candide. On devine chez François Coupry une jubilation de l’écriture qui n’est pas sans danger pour un lecteur parfois frustré de s’égarer dans l’écheveau, parfois ravi de découvrir l’inattendu. Ruptures de cohérence, changements de tonalité, tendance à en faire trop ? Certes, mais les amateurs de scénettes et d’images y trouveront leur compte, et verront dans ces thématiques entremêlées, dans ces rugosités narratives le reflet d’un réel qui n’est pas toujours univoque, pas toujours harmonieux, et rarement dépourvu d’angles ou d’aspérités. Bateleur graphomane, parfois – mais en cela en harmonie avec ses personnages – un tantinet prolixe et déstructuré, mais toujours intéressant, toujours foisonnant, l’auteur s’amuse et amuse. À l’ère des « beaucoulogies » qui en disent peu en trop de trop gros volumes, François Coupry lui, en met beaucoup dans chacun de ses courts romans.

________________________

Titre : Merveilles – cinq contes paradoxaux
Auteur : François Coupry
Couverture et illustrations : Cyril Delmote
Éditeur : Pierre Guillaume de Roux-FCD livres
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 575
Format (en cm) : 15 x 24 x 5
Dépôt légal : novembre 2018
ISBN : 9782363712752
Prix : 23 €


François Coupry sur la Yozone :

- « L’Agonie de Gutenberg »

Hilaire Alrune
11 janvier 2019

Christine Bini nous livre sa lecture de « Merveilles », « un tout cohérent et paradoxal »

Retrouvez cet article en intégralité sur le site de Christine Bini : https://christinebini.blogspot.com/2018/12/merveilles-de-francois-coupry.html

samedi 29 décembre 2018

Merveilles de François Coupry

François Coupry, Merveilles, cinq contes illustrés par Cyril Delmote, éd. PGDR et FCD Livres, novembre 2018, 580 pages.

Le recueil Merveilles reprend cinq de ce que Coupry nomme ses Contes paradoxaux. (… LIRE LA SUITE SUR  https://christinebini.blogspot.com/2018/12/merveilles-de-francois-coupry.html …)

La fiction nous est indispensable, au moins pour deux raisons : le monde n’est pas conforme, il faut le remodeler ; la mort est inacceptable, il faut remédier à cela. François Coupry s’y emploie, avec constance et talent.

Argoul, fidèle lecteur de François Coupry, toujours aussi intransigeant et objectif

François Coupry, Merveilles

De 1982 à 2016, l’auteur invente des contes paradoxaux où, dit-il, « le vilain se pare du Merveilleux » (avec majuscule). La merveille est ce que l’on remarque, ce qui se distingue, ce qui suscite l’admiration. Pas sûr que ce soit le cas de plusieurs de ces contes, dont le premier est déclaré dès le titre « amoral ». Jour de chance est d’ailleurs le plus ancien publié – et pas le meilleur à mon avis. Il est dommage que le recueil commence par le pire avant d’ouvrir enfin l’imagination.

Car Le fils du concierge de l’Opéra est une pure merveille, ne commençant qu’à la page 200. Un titre énigmatique, l’odyssée en accéléré d’un enfant, les murs du monument parisien sur la place du même nom… et puis la découverte ! La psychologie est bien rendue, les émois de l’enfance et de l’adolescence finement observés. Déjà publié chez Gallimard en 1992, ce conte fait honneur du titre du recueil et entraîne vers la mirabilia, le merveilleux, jamais loin du miserabilia, le malheureux.

Le fou rire de Jésus est aussi une performance dans l’espace et dans le temps, l’histoire sainte chrétienne revisitée par un conteur facétieux qui sait être profond.

Mais Jour de chance, vraiment, n’est pas à la hauteur, encore moins que La femme du futur, un tantinet dans la même veine mais publié 34 ans plus tard. Les deux contes, longuets et délayés, mettent en scène le premier un homme, le second une femme. Tous deux sont des « innocents » au sens où ils n’ont pas vraiment choisi leur destin, malgré l’affirmation d’un orgueil outrancier de la seconde – bien le reflet de son époque, qui est une projection amplifiée de la nôtre.

Dans Jour de chance, le personnage ne fait rien, n’est utile à personne, nuit même à la société en voulant se faire remarquer, sinon aimer. Il va jusqu’à tuer. Mais le système social a décidé une fois pour toutes qu’il était irresponsable, un déchet toxique mais collatéral. Il n’est pas « fou » mais en marge, impossible à juger et à punir.

La femme du futur est « la plus belle du monde », elle ne travaille pas et ne sert à rien mais se mire dans son miroir filmé diffusé immédiatement sur les réseaux sociaux mondiaux. Elle est aussi insignifiante, aussi nulle que le premier, mais se croit au-delà, reflet d‘une société des loisirs où les machines font tout et s’autoreproduisent.

Notre univers au présent pour l’homme et au futur pour la femme, ne font vraiment pas envie – mais c’est le mérite des contes de susciter la réflexion. Dommage que, dans ces deux opus, l’auteur cède trop volontiers à sa facilité de plume. Des histoires resserrées seraient plus percutantes.

Au total, l’anthologie des cinq contes suggère un point commun qui est la prison. Celle de soi dans Jour de chance, celle du corps dans Nos amis les microbes (un brin complaisant et allongé), celle de la fonction dans Le fils du concierge de l’Opéra, celle de la croyance qui se coule dans toutes les formes avec Le fou-rire de Jésus, celle du narcissisme dans La femme du futur. L’auteur n’est pas à l’aise avec notre époque, ce pourquoi il lâche son imagination au-delà du présent. Il invente des mondes, pas toujours très jolis ni humains, qui sont la projection fantasmée de ses craintes sur la loi, la santé, l’illusion, la religion et le bonheur.

François Coupry, Merveilles – Cinq contes illustrés par Cyril Delmotte, Pierre Guillaume de Roux éditeur, 2018, 580 pages, 23€

Attachée de presse Guilaine Depis, 06 84 36 31 85

« Merveilles » de François Coupry par Christian de Moliner

Merveilles de François Coupry 23 € aux éditions Pierre Guillaume de Roux 575 pages

M. Coupry est un héritier de Franck Kafka et en même temps un poète. Dans son nouveau livre « Merveilles », publié par l’excellent éditeur Pierre Guillaume de Roux et admirablement illustré par Cyril Delmote, il nous régale avec 5 contes.
Le premier, Jour de chance, est Kafkaïen et amoral. Un homme qui n’apparaît nulle part dans les fichiers de notre société si informatisée, à qui on prête gracieusement un appartement, à qui on donne chaque mois 10000 euros alors qu’il ne paye jamais rien veut exister, mais il se heurte au mur d’airain de l’administration. Il n’est ni malade ni fou, et lorsqu’il se met à commettre des délits, il est excusé car en quelque sorte il serait exempt du péché originel, opprobre dû à notre ancêtre Adam. Le héros (anti-héros ?) aura beau sans se lancer dans une escalade de crimes, jusqu’à devenir un serial killer, rien n’y fera. C’est bien entendu une fable sur notre univers trop policé, trop normatif et il est jouissif d’imaginer quelqu’un qui n’entre pas dans les petites cases trop étroites d’un formulaire.
Le second, Nos amis les microbes, est poétique et kafkaïen. Il décrit le monde des microbes qui habitent le corps d’une femme et François Coupry décrit leur lutte contre une étrange maladie qui les frappe : ils se mettent à penser et se transforment en femme rousse et nue. Pour finir, seuls trois d’entre eux survivront, l’un car il possède le livre de la connaissance, les deux autres car ils se sauvent par l’oreille et explorent notre vaste monde.
Le troisième, Le fils du concierge de l’opéra, est poétique et décrit un univers où le merveilleux affleure, où nos existences sont prédéterminées.
Le quatrième, le fou rire de Jésus, décrit l’existence de Ponce-Pilate qui comme le juif errant est devenu immortel. Peu à peu le récit de la rencontre du Christ et du procurateur romain se dévoile et on s’aperçoit que Ponce-Pilate a condamné Jésus, car celui-ci l’a demandé. L’auteur expose de la « vraie « doctrine » du Christ qui n’est certainement pas celle de l’église.
Le dernier conte, La femme du futur, est une dystopie. Dans un siècle, notre planète a vaincu tous les maux. Les habitants sont sans exception riches et ne travaillent que parce qu’ils le veuillent bien. Des machines ultra perfectionnées qui se réparent elles-mêmes produisent l’indispensable nourriture et les biens matériels. Les morts sont rares et les naissances encore plus. Il existe un train en Alaska particulier : les voyageurs qui l’empruntent se réveillent âgés et ne souviennent plus de ce qu’ils ont fait après être monté dans ce train, symbole de l’ennui d’une vie qui tourne à vide. Mais ce monde irénique n’est qu’une façade, un village Potemkine et il va s’écrouler. Les hommes redonneront un sens à leur vie en retournant à l’état sauvage.
N’hésitez pas à acheter ce livre, vous ne serez pas déçu !

Bertrand du Chambon signe le premier article SUBLIME sur « Merveilles » de François Coupry

Coupry est vaste

 

Nous voici devant une sorte de grand roman, de roman-monde, mondes et Merveilles, qui au départ s’aventure dans le saugrenu, vers le nonsense : « on monte dans une voiture de course très basse, je lui dis une adresse au hasard, je ne me souviens plus de la mienne, on roule à toute vitesse, le docteur fait pin-pon ! pin-pon ! avec sa bouche, il me dépose devant mon immeuble »… tout ceci ayant lieu après que le narrateur a demandé à être mutilé par ledit médecin, « à l’hôpital des Enfants-Malades », bien sûr.
Univers du rêve, sans doute, un peu comme chez Alice et son pays des – .

Il y a Nabucco, narrateur principal quoique changeant, il y a Pierre-André qui souffre de la mythomanie d’Hélène dans le deuxième conte, il y a Yrpuoc, détenteur du Livre et de nombreux secrets… Chacun de ces avatars de l’auteur désire être coupable – coupable de vouloir zigouiller tout le monde, y compris un pauvre commissaire de police nain qui a la bonté d’écouter ses absurdes revendications, coupable d’occuper une place, parmi des milliers d’autres créatures, dans le corps d’une femme, avant que tant d’autres personnages ne soient à leur tour coupables ou coupry : ils ont pris des coups !

… Enfermé dans l’opéra où travaille son père, un gamin raconte : « Ainsi, chaque jour, Valentine m’installait dans cette salle de spectacle et j’assistai à des représentations dont j’étais l’unique spectateur. » C’est souvent dans cette posture que nous met le conteur : nous avons l’impression d’être l’unique spectateur de ce monde immense et foisonnant, comme si la simple lecture de ce livre nous donnait accès à Un Autre Monde, que de nombreux autres livres ne nous donnent pas.

Et soudain, brusquement, l’auteur quitte le grotesque et l’incongru. Il nous raconte une histoire poignante. Cela confine à la tragédie, d’une beauté surprenante, surtout dans le troisième conte intitulé Le Fils du concierge de l’Opéra. En effet, voilà une merveille, et le titre du recueil prend alors tout son sens. Ajoutons que les très beaux dessins de Cyril Delmote augmentent encore notre fascination.

Le monde où François Coupry nous invite est littéralement immense, très vaste, prodigieux, vertigineux, comme lorsque le gamin contemple les cintres et les dessous de ce théâtre à l’italienne en lesquels on a fait descendre des centaines de cercueils, ceux de cantatrices ou d’acteurs disparus. Toutefois, ce monde gigantesque, cyclopéen, n’est pas toujours menaçant ; il y règne un puissant désir d’innocence, d’irresponsabilité, comme le dit Nabucco à la fin du dernier conte : « Je, Toi et moi Nabucco, nous serons des anges, ou des dieux, des illusions ou de vrais démons, qui enchanterons l’humanité, perturberons le monde, mettrons la pagaille dans l’univers, changerons l’eau en vin, multiplierons les rats, les araignées et les chauves-souris. Et il est possible qu’à l’image de mes poupées, moi, Nabucco, je me mette à me rajeunir, pour être pour toujours un enfant, de cinq ans, mettons, et pour pourrir la vie des grandes personnes, car j’en ai assez d’être trop sage, responsable. »
C’est dans cet univers secret, sans devoir ni sagesse, sans contrainte ni pesanteur, que nous convie François Coupry. Il sait cependant qu’il n’existe, à cet univers, qu’un seul accès : « Malheur à moi, si je perds le Livre. »

Bertrand du Chambon

François Coupry, Le livre des merveilles, illustrés par Cyril Delmote, éditions Pierre-Guillaume de Roux, novembre 2018, 575 p. -,. 23 €

Note de l’auteur et biographie de l’illustrateur Cyril Delmote de « Merveilles »

Notes sur ces MERVEILLES

Des réalités hors les lois :

Des univers construits par d’autres logiques morales que les nôtres (Jour de Chance) ou par d’autres règles économiques (La Femme du Futur).

Un monde vu avec d’autres yeux que les nôtres, ceux d’un peuple de microbes (Nos Amis les Microbes), ceux de Dieu ou d’un narrateur immortel (Le Fou Rire de Jésus).

Une vérité qui n’existe plus, noyée sous les fables, les représentations, le théâtre (Le Fils du Concierge de l’Opéra).

Les illustrations sont plutôt des interprétations, utilisant toutes les gammes du noir, du gris, du blanc. De même que les textes utilisent tous les styles, l’insolite, l’intime, le burlesque, la BD, l’épique, l’antique, la SF.

L’illustrateur du beau livre « Merveilles » de François COUPRY :

Cyril Delmote, auteur-compositeur, musicien et chanteur.

Né le 24/04/1960

Graphiste et directeur artistique au début des années 80, il quitte définitivement les agences de pub (sans pour autant délaisser l’illustration et la peinture), pour revenir à ses premières amours musico-théâtrales: « Les Nonnes Troppo », « Les V.R.P », « Les Suprêmes Dindes », « The Sons of the Desert », « Bonte », « The Blisters », « Lénine Renaud »…

Il participe par ailleurs au montage de la pièce
« Comme Zatopek » avec Gérald Dumont et Franck Vandecasteele, à la lecture musicale des « Petites Oubliées de la Grande Guerre » avec Anne Cuvelier et Nathalie Renard, ou encore à la « Perf littéralement musiquée » d’ « Abrico amoureux », d’après le roman de François Coupry, avec Anne Cuvelier et J.P. Bonte.

Il continue parallèlement ses activités d’affichiste pour des pièces de théâtre, « Comme
Zatopek »…, et d’illustrateur pour des pochettes de disques, « Lénine Renaud », « Croco », « Les V.R.P »…, et de livres, « Les Contes du Cavalier Chinois » et « Merveilles » de François Coupry.

 

« Merveilles » un beau livre de François COUPRY – parution le 8 novembre 2018

MERVEILLES de François COUPRY

Parution le 8 novembre 2018

aux éditions Pierre-Guillaume de Roux

Attachée de presse :

Guilaine Depis

guilaine_depis@yahoo.com 06 84 36 31 85

« François Coupry n’hésite pas à évoquer le vrai pour éclairer le fictif, tandis qu’il recourt au fictif pour démasquer le vrai »,

Anne Bragance, Le Monde (1987).

« Nous sommes dans l’un des univers enchantés de François Coupry, dans ses logiques incongrues mais irréfutables »,

Vivianne Forrester, Le Matin (1982), à propos deJour de Chance.

« Baroque, astucieux, inventif, débordant d’humour mais un peu effrayant aussi », Jacques Nerson, Le Figaro-Magazine (1989), à propos de Nos Amis les Microbes (Une journée d’Hélène Larrivière)

« François Coupry est un ogre baroque et bienveillant, se nourrissant de la chair des livres et invitant le lecteur à sa table », Christine Bini, postface au Fou Rire de Jésus(2016) – A lire sans modération.

Le contenu : Un assassin récidiviste ne parvient pas à se faire arrêter, à être jugé, condamné, emprisonné, et demeure innocent…

Les malheurs d’une jeune femme sont racontés par ses microbes intérieurs, un peuple farceur, joyeux, qui vit dans sa propre logique…

Un enfant s’ennuie dans un théâtre où la réalité n’est que représentée. Il comprend qu’il ne peut en sortir et deviendra le maître de ces illusions…

Dieu, avant d’être crucifié, s’est confié au magistrat qui le condamne et qui, devenu immortel, tente de raconter ce qui n’est qu’un vague souvenir…

Dans une civilisation où l’on s’enrichit sans travailler, où tout le monde s’aime, une jeune fille s’émeut de ce bonheur, essaye d’en douter…

Une anthologie des contes insolites de l’auteur du Rire du Pharaon, de L’Agonie de Gutenberg – une oeuvre où la réalité est montrée d’un autre point de vue, extraordinaire, décalé, anormal, inhumain… et merveilleux !

Dans le registre du Merveilleux, où les lois ordinaires ont été recréées,  l’imaginaire bâtit la réalité de l’univers.

* Merveilles reprend, dans un « beau livre » illustré, certains textes parus dans La Femme du futur et autres contes paradoxaux (Pascal Galodé éditeurs, 2012), déjà une anthologie, mais aujourd’hui indisponible. En y ajoutant Le Fils du concierge de l’Opéra (Gallimard, 1992). Et Le Fou Rire de Jésus (Pascal Galodé éditeurs, 2016), ouvrage également aujourd’hui indisponible.

* Ce florilège expose « à merveille » l’univers de François Coupry – où la réalité est racontée d’un autre point de vue, extraordinaire, décalé, ludique, anormal, inhumain…

François Coupry a publié une quarantaine de récits dans le registre du Merveilleux, où le monde est raconté d’un point de vue anormal, inhumain, et où les lois ordinaires et les principes physiques ont été recréés. 

« L’oeuvre romanesque de François Coupry se répartit en deux grands ensembles : l’un, baptisé Contes paradoxaux, est composé de romans assez courts, souvent centrés autour d’un héros en devenir, dont le destin est lié à un élément insolite qui lui donne tout son sens ; l’autre, un cycle romanesque intitulé Les Souterrains de l’Histoire, est une délirante cosmogonie historique. Nombre de ses héros sont des enfants qui, croyant en une fiction, finissent par changer celle-ci en réalité. »(Francis Berthelot, Bibliothèque de l’Entre-Mondes, les Transfictions, Gallimard, 2005) 

Dans Notre Société de Fiction(Editions du Rocher, 1996), François Coupry définit le cadre de son approche de la littérature : « Ce n’est pas le Réel qui engendre la fiction, afin de se donner un sens ; c’est la Fiction qui crée le réel, afin de se donner une Vérité. »

« L’AGONIE DE GUTENBERG » DE FRANÇOIS COUPRY : DES PENSÉES PAS SI VILAINES, pour Frédéric DIEU

« La démocratie, c’est l’opium du peuple » (elle est à vrai dire aussi l’opium de nombre d’intellectuels…). Ou encore : « Depuis des années nous n’avons que le mot “crise” à la bouche – qui remplace le cri : “cheese”, pour sourire sur les photos ». Voilà ce qui sort de la bouche de François Coupry, ou de celle de son double, M. Piano.

Ces deux citations liminaires pour dire d’emblée que les pensées de François Coupry, qu’elles se présentent comme les siennes ou qu’elles se drapent dans le vêtement de son double, ne sont pas seulement vilaines (le livre publié par les éditions Pierre-Guillaume de Roux, intitulé L’agonie de Gutenberg, porte en sous-titre : « vilaines pensées 2013/2017 »), elles sont aussi drôles. Il y a beaucoup de blagues dans son blogue, car il faut préciser ici que les pensées en question sont issues du blogue que tient l’auteur, le livre papier prenant ainsi sa revanche sur la désincarnation numérique. Cela invalide déjà en partie le titre choisi par l’auteur, ce dont ce dernier semble tout à fait conscient. (…)

(lire la suite de l’article ici : https://www.profession-spectacle.com/lagonie-de-gutenberg-de-francois-coupry-des-pensees-pas-si-vilaines/)

(…) Fin de l’article : Plus que de vécu, le lecteur a besoin de rêvé, d’imaginé, de projeté. D’où ce conseil à qui veut écrire : « Au lieu de raconter notre monde, ses soucis d’argent, ses drames conjugaux, la réussite d’un pharmacien de Caen, tu racontes un autre monde, extraordinaire, avec d’autres règles physiques et morales, où par exemple il n’y a pas de rues et où l’on doit circuler de maisons en maisons par les fenêtres ».

N’est-ce pas alors Plume que nous retrouvons ? « Étendant les mains hors du lit, Plume fut étonné de ne pas rencontrer le mur. “Tiens, pensa-t-il, les fourmis l’auront mangé…” et il se rendormit. Peu après, sa femme l’attrapa et le secoua : “Regarde, dit-elle, fainéant ! Pendant que tu étais occupé à dormir, on nous a volé notre maison”. En effet, un ciel intact s’étendait de tous côtés. “Bah, la chose est faite”, pensa-t-il ».

Frédéric DIEU

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François COUPRY, L’agonie de Gutenberg, Vilaines pensées 2013/2017, Pierre-Guillaume de Roux, 2018, 269 p., 23 €