Pierre Ménat sur France inter dans « Carrefour Europe » de Stéphane Leneuf

L’union européenne et la guerre

Réécoutez ici : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/cafe-europe/cafe-europe-du-dimanche-26-fevrier-2023-6000145

Dimanche 26 février 2023

Un an après le début du conflit en Ukraine, ce matin dans le Café Europe, Stéphane Leneuf se penche sur un livre qui vient d ‘être publié et qui analyse le rôle de l’Union européenne dans cette guerre.

C’est Pierre Menat, diplomate, ancien conseiller Europe de Jacques Chirac qui publie ce recueil. Une analyse sur le rôle depuis un an de l’Union européenne dans cette guerre. Une guerre qui est finalement l’antithèse existentielle de la vocation de l’Union à savoir la paix. l’union se retrouve impliquée militairement, dans un conflit qu’elle n’a pas vu venir, avec des conséquence économiques et migratoires importantes mais aussi le retour de la menace nucléaire. Une guerre qui finalement oblige les européens a trouver leur place dans ce nouvel ordre international notamment dans leur rapport avec les Etats unis et leur capacité à dessiner pour leur avenir une défense commune.

« L’Union européenne et la guerre » – livre publié aux éditions L’Harmattan

Dans l’Union, les demandes d’asile au plus haut depuis 2016

966.000 demandes d’asile ont été enregistrées en 2022 dans les pays de l’Union européenne, mai aussi la Suisse et la Norvège. Un record depuis 2016. Des demandes, principalement déposées par des Syriens et les Afghans. Elles sont en hausse de plus de 50% par rapport à 2021.

Pêche : Bruxelles veut restreindre le chalutage de fond et décarboner les navires

Bruxelles souhaite étendre les aires marines protégées et interdire le chalutage de fond, dans ces zones Objectif mieux contrer la surexploitation. La Commission européenne vient de présenter son plan pour « verdir » le secteur de la pêche. Un plan aussitôt décrié par les professionnels et jugé trop timide par les ONG écologistes. Aujourd’hui Un tiers des stocks est victime de sur pêche dans l’Atlantique Nord-Est .85% des stocks en Méditerranée restent surexploités.

Dans l’agenda européen :

Mardi 28 février : date historique pour le parlement finlandais, qui devrait voter l’adhésion de son pays à L’OTAN.

Pierre Ménat cité dans Le Point par Emmanuel Berretta

L’UE s’apprête à adopter un dixième paquet de sanctions contre la Russie

LETTRE DE BRUXELLES. Depuis un an, la Russie est frappée par des sanctions sans précédent. L’année 2023 sera-t-elle celle de l’affaiblissement fatal ?

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Le 24 fevrier 2023, l'UE devrait etre en mesure d'adopter le dixieme train de sanctions contre la Russie.
Le 24 février 2023, l’UE devrait être en mesure d’adopter le dixième train de sanctions contre la Russie.© NICOLAS ECONOMOU / NurPhoto / NurPhoto via AFP

Le livre de Pierre Ménat recommandé par Jean-Marc Sylvestre

Paris et Berlin accueillent Zelensky mais ne parviennent pas à cacher leurs désaccords sur la défense et l’économie

La visite de Vladimir Zelensky est spectaculaire, sauf qu’elle souligne le déficit de politique de défense et d’économie. Français et Allemands n’ont toujours pas de positions communes alors que la Russie prépare une nouvelle offensive contre l’Ukraine.

Les pilotes, mais pas les avions

L’Union européenne n’a toujours pas pris la mesure de la guerre en Ukraine et surtout l’ampleur des besoins de Vladimir Zelensky. La visite surprise du président Zelensky à Londres, puis à Paris, puis à Bruxelles ne sera sans doute pas suivi d’un renforcement des aides militaires, civiles et économiques à l’Ukraine. En bref, on va sans doute annoncer à la fin de la semaine l’envoi de pilotes d’avion, mais pour les avions, il faudra attendre encore.

Un chiffre, un seul, mesure la gravité de la situation. Le montant des aides toutes catégories confondues, en matériels militaires, en logistique et en aides financières directes accordées par les Etats-Unis représente près de 85% du total des aides reçues par l’Ukraine. L’Europe est aux environ de 15 % avec un problème supplémentaire : le manque d’homogénéité, de cohérence et surtout de stratégie entre les principaux partenaires de l’Union européenne.

Le livre de Pierre Menat, ancien conseiller de Jacques Chirac, ancien ambassadeur et ancien directeur Europe au ministère des affaires étrangères, montre bien les failles de l’Union européenne face à un problème aussi grave et violent que la guerre en Ukraine. L’Union européenne et la guerre aux éditions L’harmattan.

L’Union européenne a fait preuve de grande résilience face à la pandémie et d’ambition en mettant entre parenthèses les contraintes de Maastricht, autorisant dans la plupart des pays membres une politique de protection type « quoi qu’il en coute ». Mais plus encore, l’Union européenne a réussi à mutualiser et regrouper ses achats de vaccins et en plus, elle a pour la première fois de son histoire, lancé un programme commun de 750 milliards d’euros financé par un emprunt européen.

Mais face à la guerre en Ukraine, la situation des Européens a été beaucoup plus difficile à lire et à décrypter. Les 27 États membres ont été unanimes, ils ont condamné l’agression russe, la violation de frontières territoriales et le nom respect des traités internationaux, les 27 pays membres de l’Union ont tous condamné les actes barbares et terroristes qui violent toutes les règles de la guerre. Les 27 ont aussi adopté tous les paquets de sanctions et décidé une aide massive financière à l’Ukraine.

Mais en dépit de toutes ces initiatives, on a aussi vu les graves tensions entre la France et l’Allemagne sur la question de l’énergie notamment, mais pas seulement. On a bien senti les différences de position entre les pays membres mais frontaliers de la Russie et les autres. Pour des raisons politiques différentes, la Pologne s’est très investie alors que la Hongrie est restée à l’écart.

L’Europe faiblement engagée, selon l’Ukraine

Cette guerre en Ukraine a entrainé des positions fortes des Etats-Unis avec des livraisons d’armement considérables, des relations économiques renforcées … cette guerre en Ukraine a aussi renforcé la cohésion des pays de l’Otan mais l’OTAN  relaie la position américaine. En bref, l’Europe qui a fourni des armes, l’Europe qui a pris conscience que ce qui se jouait c’était l’avenir de ses valeurs, de ses organisations démocratique et de son style de vie, a été « faible » dans son engagement.

Principalement sur deux terrains stratégiques.

1e) Le terrain de la défense commune est resté en jachère. Conscients de la nécessite d’une autonomie stratégique de l’Union européenne au sein de l’OTAN, mais à coté de l’autonomie stratégique américaine, les 27 pays de l’Union ont sans doute trouvé des financements originaux pour les aides militaires mais on ne peut pas dire que les 27 aient progressé dans la définition d’une politique de défense commune. Il n’y a pas actuellement de défense européenne. Et Vladimir Zelensky n’a pas obtenu d’assurance de ce côté-là. Il a été rassuré sur la perspective de son entrée dans l’Union européenne et cela lui sera confirmé à Bruxelles en fin de semaine, mais il n’a pas obtenu de signal sur l’existence d’une position européenne commune.

Ce sont les Américains qui ont fait un retour massif sur le théâtre de la sécurité européenne mais ignorant les Européens.

2e) Sur le terrain de l’économies et des échanges, il faut reconnaitre que l’Europe n’est pas le partenaire privilégié de l’Europe mais il faut dire aussi que l’Europe n’a pas fait beaucoup d’effort. L’Ukraine attend beaucoup de l’Europe, sur le plan sécuritaire mais ne compte pas sur le plan économique. L’aide militaire est relativement faible, mais l’aide humanitaire et l’aide d’économie d’urgence, d’assistance aux réfugiés a été très importante.

Cela dit, le partenariat commercial est très marginal. Alors que les échanges avec Moscou ont été complètement coupés, on aurait pensé que les échanges soient réorientés vers l’Europe. Ça n’a pas été le cas. Le blocage des ports de la mer noire a provoqué une flambée des cours du blé et du tournesol, la fermeture des robinets du Gaz russe a aussi fait flamber les cours. Mais après quelques mois d’explosion des prix, tout est retombe à son niveau d’avant-guerre.

Où est le pragmatisme ?

L’Ukraine est un tout petit partenaire commercial des Européens.

L’Ukraine est le 17e client de l’Union européenne. Nos exportations représentent moins de 1,1% du total des exportations européennes. L’Ukraine est notre 15e fournisseur, 1% de nos importations.

A l’inverse, l’Union européenne est un très gros partenaire commercial de l’Ukraine. Près de 50 % de son commerce se fait avec les pays de l’Union européenne. Nous, Européens, nous sommes plus lourds que les Chinois dans le commerce international de l’Ukraine. Sans parler de la diaspora et des réfugiés qui drainent des flux financiers importants.

Ce décalage-là mériterait de la part des Européens une analyse spécifique à la fois sur la question de la reconstruction parce que les Américains sont en train de prendre des options, mais sur la réindustrialisation.

Sur ce terrain-là qui commande l’autonomie de l’Ukraine, il n’y a aucune étude en cours à Bruxelles.

Or beaucoup d’observateurs considèrent que si l’Ukraine manque de forces économiques, ça lui sera fatal.

Des armes oui, les Ukrainiens vont sans doute recevoir une aide importante mais si la logistique n’opèrent pas l’Ukraine tombera.

La visite de Zelensky en Europe n’aura évidemment pas été inutile. Le président Ukrainien va repartir avec des promesses mais surtout avec la satisfaction peut être d’avoir convaincu les europeens que cette guerre était une guerre pour des « valeurs » qui concernait les Européens beaucoup plus fortement que les américains qui resteront protèges par L’Atlantique.

Lire, l’union européenne et la guerre par Pierre Ménat.  Éditions L’Harmattan

Pierre Ménat, lauréat du 24ème Prix littéraire de l’association dryade Europe Promotion à Saint-André les Vergers

Pierre Ménat est le lauréat du 24ème Prix littéraire de l’association dryade Europe Promotion à Saint-André les Vergers

(après Jacques Delors, Valéry Giscard d’Estaing etc aussi lauréats de ce Prix Europe Promotion)

avec « Dix questions sur l’Europe post covidienne – entre confiance et défiance » (L’Harmattan)

Quelques retombées Presse à retrouver icihttps://guilaine-depis.com/category/pierre-menat/dix-questions-sur-leurope-post-covidienne-entre-defiance-et-puissance/ 

 

Diplomate de carrière, Pierre Ménat a suivi de l’intérieur la marche de l’Europe pendant plus de trente ans. Conseiller de deux ministres des Affaires Étrangères (Jean-Bernard Raimond et Alain Juppé), puis conseiller du président Chirac pour l’Europe, deux fois directeur des Affaires européennes au Quai d’Orsay, il a également servi comme ambassadeur de France en Roumanie, Pologne et aux Pays-Bas. Il vient de publier «Dix questions sur l’Europe post-covidienne : Entre défiance et puissance» (L’Harmattan, Pepper, octobre 2020)

Contact interview sur l’Europe après le Covid et le Brexit guilaine_depis@yahoo.com 06 84 36 31 85