François Vicaire repère une vraie Reine de la nuit dans « TOUS DEHORS »

http://theatreennormandie1.over-blog.com1.over-blog.com

L’opéra « OPUS 2 » de Laurent Dehors : la reine de la nuit chez Hellzapoppin

29 Septembre 2019 , Rédigé par François Vicaire

On avait aimé le premier OPUS de la petite histoire de l’Opéra concocté par Laurent Dehors et sa joyeuse équipe de musiciens, on adore cette nouvelle facette d’une talent qui joue de tous les genres avec une maestria époustouflante.
Dans le survol qu’il fait de l’univers si particulier du lyrique et dont a priori on pourrait le croire plutôt étranger, Dehors donne un coup de pied dans la fourmilière des certitudes en s’appropriant un répertoire qui n’a plus d’âge et dont on pensait tout connaître au point parfois de se surprendre à le rabâcher avec une délectation nostalgique.
Dans les choix qui ont été faits pour cet épatant CD, se côtoient des « standards » comme la « Habanera » de « Carmen ou le « Una furtiva Lacrima » de « L’elixir d’amor » que l’on redécouvre à l’aune d’une vision qui est tout, sauf iconoclaste. C’est que le principe de ce travail ne relève pas de la simple adaptation mais s’affirme comme un détournement d’intentions réfléchi et musicalement savamment construit.

Tineke van Ingelgem

Il en va ainsi d’une toccata dans laquelle, si on tend bien l’oreille, on retrouve le Monteverdi de « L’Orféo » mais aussi et, surtout, dans une « Carmen » qui ne perd rien de ses qualités originelles mais qui prend une dimension nouvelle et percutante grâce, entre autre, à Tineke van Ingelgem (elle fut « Médée » la saison dernière à l’Opéra de Rouen) dont l’agilité de tessiture et la beauté du timbre restitue à la note près l’air de Micaëla ou celui de « Didon ». On pourrait même dire qu’en dépit de contre-chants téméraires mais jamais dévastateurs, il y a une grande fidélité et, pourrait-on dire, une authentique relecture de ses chefs-d’oeuvres impérissables, qu’ils soient de Purcell ou de Vivaldi, dans la manière dont Laurent Dehors les revisite.

Et si le choeur des enfants de « Carmen » prend une allure proche de l’univers d’Hellzapoppin, par contre le mambo de « West Side Story » s’épanouit dans une version que Bernstein lui-même n’aurait pas désavouée.

Quelque part Laurent Dehors est le petit-fils de l’André Popp «du « Piccolo saxo » et l’héritier du Gérard Calvi des « Branquignolles ». Les uns comme les autres sont tous sortis d’un moule classique qu’ils ont su apprivoiser en portant sur lui ce qu’on pourrait appeler un « irrespectueux respect »

Et, cerise sur le gâteau, pour clore cette succession de numéros tous plus succulents les uns que les autres, Tineke van Ingelgem s’offre hors programme le luxe d’une « Reine de la nuit » totalement ébouriffée à l’image même de cet « Opus 2» dont on espère qu’il ne sera pas le dernier.

 
Laisser un commentaire