Le temps s’écoule à Barde-Lons de Stéphane Piletta-Zanin aux éditions Xénia 23 €
Celui qui ouvre ce gros roman de 360 pages de Stéphane Piletta-Zanin ne trouvera pas une histoire à la narration classique et linéaire. Il existe certes un ersatz de fil directeur à ce livre, les amours contrariées d’Émilienne et d’Ulrich, mais il est éclaté en de multiples scènes et son personnage principal est le village de Barde-Lons, où paraît-il le temps ne s’écoule pas de la même façon que dans le reste du monde, ce qui explique les détours du récit. Cette petite ville est divisée en un haut protestant et un bas catholique sans compter quelques immigrants orthodoxes et des femmes adeptes de la sensualité et d’un culte qui serait la resucée de celui de la déesse mère et que les deux religions officielles essayent d’éradiquer. Le substrat lâche de cet ouvrage n’est que le prétexte à une centaine de digressions, des courts récits qui se rattachent paresseusement au reste de l’intrigue.
En parcourant ce roman, on songe irrésistiblement au magnifique roman de Jean d’Ormesson « la gloire de l’empire » par le goût des anecdotes et l’emploi de phrases longues aux multiples subordonnées. Bien sûr, M. Piletta-Zanin n’égale pas – et de loin ! – l’auteur de « Mes derniers rêves seront pour vous », mais il se tire honorablement d’un style fort difficile à manier et son texte n’est jamais lourd et indigeste à lire. Il faut donc saluer sa prouesse, car il domine les mots.
Néanmoins soit on accroche à ce roman et on lui trouve un charme poétique. Dans ce cas, il faut prendre son temps et savourer chaque phrase avec lenteur comme on le fait quand on goûte un bon vin. Soit au contraire, on trouve ce type de livre assommant et on l’abandonne dès la dixième page. Pour moi, il n’y a pas de juste milieu avec « Le temps s’écoule à Barde-Lons. »