La correspondance de Madame du Deffand et Voltaire (un travail de Isabelle et Jean-Louis Vissière)

vissiere.jpgQuand nous avons publié, aux Editions Des femmes, des lettres de Madame du Deffand ou des articles de Madame de Girardin, il s’agissait de personnalités connues et appréciées – même si leurs oeuvres ne figuraient dans aucun catalogue de librairie. Le cas de Madame de Charrière est tout à fait différent. (…)
 
Nous avons été éblouis par la qualité des textes : il y avait là un témoignage d’une richesse exceptionnelle sur la Révolution française. Comme la commémoration de 1789 approchait, nous avons pensé qu’il fallait commencer par là. Avec le soutien des associations néerlandaise et suisse, nous avons publié, sous le titre Isabelle de Charrière, une aristocrate révolutionnaire, un volume qui a été salué par la critique. Dans Le Nouvel Observateur, Mona Ozouf lui consacrait une page, illustrée d’un portrait de l’écrivaine.
 
Lors du grand colloque de Toulouse sur les femmes et la Révolution, Isabelle de Charrière a fait l’objet de diverses communications, mais surtout sa pièce L’Emigré a été mise en scène sous forme de lecture à plusieurs voix.
(…) Depuis 1989, Isabelle de Charrière a conquis le statut d’écrivain à part entière et même d’écrivain classique. Ses romans, sa correspondance avec Constant d’Hermenches et Benjamin Constant ont été réédités, si bien qu’elle intéresse maintenant les universités françaises et américaines. Il existe plusieurs thèses sur elle. Nous saisissons volontiers l’occasion de rappeler que les Editions Des femmes ont été, ici, à l’origine d’une véritable résurrection.
 
I. et J.-L. V.
 
 
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Madame du Deffand et Voltaire

Voici, pour la première fois réunies, les lettres qu’échangèrent de 1759 à 1778, la marquise du Deffand et Voltaire, ces amis de longue date, ces deux grandes figures du scepticisme et de la liberté d’esprit. Voltaire s’y montre un vieillard faussement modeste,  » mort et enterré entre les Alpes et le Mont Jura « . et la Marquise de conclure en faveur de  » l’immortalité de l’âme « , en voyant ce mort si vivant !… Un échange épistolaire éblouissant, plein de saveur, d’élégance, de facétie, de vie.

Cher Voltaire
Edition de Isabelle et Jean-Louis Vissière
575 p. – 22 € – 1987 Réédition 2007
 » Je ne vous ai envoyé Madame, aucune de ces bagatelles dont vous daignez vous amuser un moment. J’ai rompu avec le genre humain pendant plus de six semaines ; je me suis enterré dans mon imagination ; ensuite sont venus les ouvrages de campagne, et puis la fièvre. Moyennant tout ce beau régime vous n’avez rien eu ; et probablement n’aurez rien de quelque temps. Il faudra seulement me faire écrire, madame veut s’amuser, elle se porte bien, elle est en train, elle est de bonne humeur, elle ordonne qu’on lui envoie quelques rogations ; et alors on fera partir quelque paquet scientifique ou comique, ou philosophique, ou historique, ou poétique, selon l’espèce d’amusement que voudra madame, à condition qu’elle le jettera au feu dès qu’elle se le sera fait lire. « 
Voltaire
 » … Savez-vous ce qui vous arrivera si vous ne m’écrivez pas ? Je vous tiendrai pour mort et je ferai dire des messes pour le repos de votre âme dans tous les couvents de jésuites ; je vous ferai louer, célébrer, canoniser… Vous êtes le plus ingrat et le plus indigne des hommes si vous ne répondez point à l’amitié que j’ai pour vous, et si vous ne vous faites pas une obligation et un plaisir d’avoir soin de mon amusement. « 
Marquise du Deffand

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