LIVRES PHILous
Célébrations du Bonheur d’Emmanuel Jaffelin : le stoïcisme serait-il le remède de notre société survoltée ?
Dimanche 16 Janvier 2022
Alors que nous sommes encore en pleine crise sanitaire, que les médias stimulent sans cesse notre cerveau reptilien, la sagesse grecque, notamment celle des stoïciens, vient toquer à notre porte : si tu veux être heureux, commence déjà par relativiser le mot « bonheur », qui n’est qu’un leurre. Cela peut rappeler la phrase ironique du nihiliste Schopenhauer : tu n’as aucune chance mais saisis-là…
Dans le livre Célébrations du bonheur, le professeur de philosophie Emmanuel Jaffelin nous propose un plan simple et efficace, inspiré du stoïcisme, pour aborder la question du bonheur en trois parties : le Malheur, l’Heur, Le Bonheur.
L’Homme reste un être mortel. Malgré tout le progrès réalisé par les siècles successifs, l’angoisse de la mort, chère à Heidegger, est toujours aussi vivace. Nous constatons d’ailleurs, que plus l’être humain vit vieux, moins il est heureux.
L’Homme reste un être mortel. Malgré tout le progrès réalisé par les siècles successifs, l’angoisse de la mort, chère à Heidegger, est toujours aussi vivace. Nous constatons d’ailleurs, que plus l’être humain vit vieux, moins il est heureux.
D’où vient le malheur ?
A l’époque du polythéisme de l’Antiquité, le malheur s’expliquait par la fatalité du destin. Sont apparues ensuite les théories monothéistes comme le judaïsme, le christianisme et l’islam, qui créèrent la notion du « péché ». Le malheur a été alors mêlé à une notion de culpabilité. Aujourd’hui, l’homme moderne, dépourvu de transcendance, n’a qu’une vie « one shot », où tout s’arrête le jour de la mort et pour lequel le malheur n’a plus d’explication transcendantale. La vie linéaire sans conscience crée une insubmersible angoisse.
Face à ce malheur, Epictète, Bill Le sauvage, Thérèse de Lisieux, Stephen Hawking, et Jean-Dominique Bauby ont fait le choix du bonheur envers et contre tout. Pour faire face au sentiment du malheur, il est au préalable nécessaire de distinguer le « méchant » du « malheur ». Le malheur reste une interprétation psychique, une faiblesse d’interprétation. Le méchant en revanche est un faible incapable de maîtriser ses passions. Il finit mal parce qu’il pratique le mal… Le malheur doit être subi surtout par le méchant, seul responsable de son malheur.
A l’époque du polythéisme de l’Antiquité, le malheur s’expliquait par la fatalité du destin. Sont apparues ensuite les théories monothéistes comme le judaïsme, le christianisme et l’islam, qui créèrent la notion du « péché ». Le malheur a été alors mêlé à une notion de culpabilité. Aujourd’hui, l’homme moderne, dépourvu de transcendance, n’a qu’une vie « one shot », où tout s’arrête le jour de la mort et pour lequel le malheur n’a plus d’explication transcendantale. La vie linéaire sans conscience crée une insubmersible angoisse.
Face à ce malheur, Epictète, Bill Le sauvage, Thérèse de Lisieux, Stephen Hawking, et Jean-Dominique Bauby ont fait le choix du bonheur envers et contre tout. Pour faire face au sentiment du malheur, il est au préalable nécessaire de distinguer le « méchant » du « malheur ». Le malheur reste une interprétation psychique, une faiblesse d’interprétation. Le méchant en revanche est un faible incapable de maîtriser ses passions. Il finit mal parce qu’il pratique le mal… Le malheur doit être subi surtout par le méchant, seul responsable de son malheur.
Pourquoi faut-il se méfier de l’heur ?
« Heur » est un terme masculin qui veut dire chance, contrairement à « heure » qui désigne une unité de temps. Emmanuel Jaffelin démontre que l’heur est une montée d’adrénaline comme le coup de foudre, qui se termine toujours mal … comme une tragédie. Cela rejoint la vision des pessimistes comme Freud ou Schopenhauer selon laquelle le désir est insatiable. D’après lui, être touché par la chance ne présume rien de mieux que le malheur. C’est le côté excessif de « l’heur », un peu comme les coups de foudre amoureux qui chutent à la vitesse de la disparition progressive des phéromones. L’heur est donc souvent un leurre. Pour échapper au malheur, il convient de ne pas se laisser piéger par l’heur.Le bonheur, la marque joyeuse du sage
Face à un évènement négatif, on peut s’attrister, accepter, se résigner… Mais Emmanuel Joffelin va plus loin : il nous propose de l’aimer ! Les stoïciens nous conseillent d’apprendre à distinguer ce qui dépend de nous, de ce qui ne l’est pas. L’auteur nous invite à devenir des destinalistes : des hypervoyants et libres, contrairement aux fatalistes qui sont non voyants et esclaves de leur destin. Le bonheur est donc d’apprendre à ne pas dépendre de « l’Heur ».
Sur le plan des neurosciences, on peut rapprocher le lâcher prise stoïcien à la pleine conscience qui nous aide à nous décrocher de nos préjugés. « Vivre dans l’instant présent » nous aide à fabriquer de la sérotonine, qui joue un rôle dans le sentiment de contentement et de plénitude.Le stoïcisme est un début de cheminement vers le bonheur, car il est une initiation au lâcher prise. Mais est-il suffisant ? Ne faut-il pas également un petit brin de créativité pour réinventer sa réalité ?Ce qui demeure néanmoins certain est qu’Épictète, Bill Sauvage durant la Seconde guerre mondiale, Sainte Thérèse au XIXe siècle, Stephen Hawking ainsi que le journaliste Jean-Dominique Baudry, tous cités dans ce livre, sont des êtres inspirants, car ils ne cèdent pas à la victimisation. Ils ont le courage et l’impertinence de dépasser les événements fâcheux « pour faire de leur existence une énergie conduisant au Bonheur ».
« Heur » est un terme masculin qui veut dire chance, contrairement à « heure » qui désigne une unité de temps. Emmanuel Jaffelin démontre que l’heur est une montée d’adrénaline comme le coup de foudre, qui se termine toujours mal … comme une tragédie. Cela rejoint la vision des pessimistes comme Freud ou Schopenhauer selon laquelle le désir est insatiable. D’après lui, être touché par la chance ne présume rien de mieux que le malheur. C’est le côté excessif de « l’heur », un peu comme les coups de foudre amoureux qui chutent à la vitesse de la disparition progressive des phéromones. L’heur est donc souvent un leurre. Pour échapper au malheur, il convient de ne pas se laisser piéger par l’heur.Le bonheur, la marque joyeuse du sage
Face à un évènement négatif, on peut s’attrister, accepter, se résigner… Mais Emmanuel Joffelin va plus loin : il nous propose de l’aimer ! Les stoïciens nous conseillent d’apprendre à distinguer ce qui dépend de nous, de ce qui ne l’est pas. L’auteur nous invite à devenir des destinalistes : des hypervoyants et libres, contrairement aux fatalistes qui sont non voyants et esclaves de leur destin. Le bonheur est donc d’apprendre à ne pas dépendre de « l’Heur ».
Sur le plan des neurosciences, on peut rapprocher le lâcher prise stoïcien à la pleine conscience qui nous aide à nous décrocher de nos préjugés. « Vivre dans l’instant présent » nous aide à fabriquer de la sérotonine, qui joue un rôle dans le sentiment de contentement et de plénitude.Le stoïcisme est un début de cheminement vers le bonheur, car il est une initiation au lâcher prise. Mais est-il suffisant ? Ne faut-il pas également un petit brin de créativité pour réinventer sa réalité ?Ce qui demeure néanmoins certain est qu’Épictète, Bill Sauvage durant la Seconde guerre mondiale, Sainte Thérèse au XIXe siècle, Stephen Hawking ainsi que le journaliste Jean-Dominique Baudry, tous cités dans ce livre, sont des êtres inspirants, car ils ne cèdent pas à la victimisation. Ils ont le courage et l’impertinence de dépasser les événements fâcheux « pour faire de leur existence une énergie conduisant au Bonheur ».
Emmanuel Jaffelin, Célébrations du Bonheur, Guide de sagesse pour ceux qui veulent être heureux, Michel Lafon, septembre 2021, 175 pages.
Marjorie Rafécas
Rédigé par Marjorie Rafécas le Dimanche 16 Janvier 2022 à 21:47 | Commentaires (0)