Ségolène Bonura trouve que le livre de Christian Ehrhart est « quelque chose de très fort » (5 juin 2014)

Pampoune – Lectures (recension du 5 juin 2014)

 

Les chroniques d’Injambakkam de Christian Ehrhart

 

Montez dans le rickshaw pour parcourir lentement et sans confort mes aventures et mésaventures. Vous n’éviterez pas les ornières, il n’y a pas d’amortisseurs. Le klaxon vous assourdira. Votre avancée au fil des chroniques sera lente et chaotique. C’est le meilleur moyen de transport pour les parcourir. De cancer en rémission, de questions scientifiques en instantanés monochromes, sur fond de littérature et de musique, vous atterrirez dans un Tamil Nadu en pleine explosion économique. Comme à Chennai si vous n’êtes pas indien, le prix sera exorbitant mais souvent négociable. Cinq ans de tranche de vie d’un résilient à la curiosité inassouvie. Ces chroniques sont issues du blog que je tiens depuis le début de mes expatriations et surtout depuis la fin de ma vie tranquille de cadre supérieur banlieusard.

 

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Alors qu’il est atteint d’un cancer, Christian Ehrhart ouvre un blog sur lequel il évoquera sa maladie mais aussi cette société dont nous sommes prisonniers avant de raconter l’Inde dans son quotidien avec passion comme un autre monde s’ouvrant à lui.

 

Je tiens tout d’abord à remercier Guilaine Depis qui m’a non seulement permis de découvrir ce livre qui m’a en plus fait la surprise de me l’envoyer alors que je m’y attendais pas du tout.

 

En 2009, l’auteur se fait soigner pour un cancer. Au lieu de se morfondre, il passe du temps à gérer un blog où il raconte son quotidien. Et puis, bientôt, le blog devient un plaidoyer contre la société pour poser des mots sur tout ce qui ne va pas dans notre pays. L’histoire pourrait s’arrêter là mais un jour l’auteur partira en Inde et son blog deviendra un hymne à la vie et à ce pays si éloigné du notre dans tous les sens du terme.

 

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Voici un livre que l’on n’arrive pas trop à caser dans une catégorie. En effet, on retrouve ici le principe du témoignage mais aussi le travail des articles de société sans oublier le genre du récit de voyage qui permet un superbe moment d’évasion.

Mais ce livre n’était au départ pas destiné à être un livre. A l’origine, les articles que propose l’auteur et que l’on peut lire au fil de l’ouvrage étaient les articles d’un blog tenu par l’auteur, un blog que Bloggingbooks a repéré et a proposé de publié en format livre.

 

Nous découvrons donc avec ce livre le travail de bloggeur de l’auteur qui, jour après jour, raconte ce qui lui déplait dans notre société, nous parle de ses épreuves et nous raconte ce qu’il voit avec à la fois beaucoup de force, beaucoup d’espoir et sans jamais se plaindre.

Car ce qui est incroyable avec ce livre c’est que l’on oublie très vite qu’il s’agit d’articles écrits au jour le jour et non pas un ensemble écrit dans le but d’un livre. D’ailleurs, la plume de l’auteur en témoigne : il nous entraine avec lui grâce à des articles travaillés et grâce à un « vrai » style qui contraste avec ce que l’on nomme « la rapidité du net ».

 

En nous plongeant dans les articles de l’auteur, nous effectuons en quelque sorte un bond dans le temps en retrouvant les sujets de société qui ont fait couler beaucoup d’encre à un moment donné mais, dans le même temps, les articles du blog restent les éléments d’un témoignage quotidien dans la lutte contre la maladie et dans l’émerveillement d’un pays bien différent : l’Inde.

 

Alors certes, la couverture de ce livre ne paye pas de mine et on pourrait se dire que le contenu n’est qu’un témoignage de plus. Ca, c’est ce que l’on pourrait dire avant de lire l’ouvrage et on se tromperait lourdement.

Ce livre, c’est bien plus que cela car au fil de ses articles l’auteur joue avec les genres et les codes en nous permettant de ressentir le plus possible ce qu’il ressent et nous montrant au maximum ce qu’il voit.

 

En bref, je n’aurais sans doute jamais eu idée d’aller découvrir ce roman sans ce service de presse et je serais vraiment passée à côté de quelque chose de très fort.

Bravo à l’auteur pour son courage et à la maison d’édition pour son idée d’avoir publier tous ces articles en un volume.

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