Un bel article d’Isabelle Kévorkian sur Valérie Fauchet

UNE VOYANTE PASSE AUX AVEUX

http://isabelle.kevorkian.over-blog.com/2019/10/une-voyante-passe-aux-aveux.html?fbclid=IwAR3gRWoBXbBWggD3mnzSjntWrZDiQRwNnB_GhanAyKzlUinUTP9INngz1Io

Valérie Fauchet, voyante, medium, clairaudiente, s’entretient avec Marie-Noëlle Dompé, ancien magistrat et avocat honoraire. Un entretien de 218 pages, qui a duré 3 mois, du 9 janvier au 9 avril. Tiens tiens… Nikolas Tesla affirme que « Si vous connaissiez la magnificence du trois, six et neuf, vous auriez la clé de l’univers. »Rien que cela… la clé secrète de l’énergie libre, le symbole de l’illumination. Des schémas expliqués également par Marko Rodin, un scientifique. L’ésotérisme s’accommoderait-il donc de science ?

Il se trouve que Valérie Fauchet lit actuellement « Se souvenir du futur », écrit par Jocelin Morrisson et Romuald Leterrier, dans lequel ils « laissent la porte ouverte sur des futurs non figés. »

 

Valérie Fauchet et Marie-Noëlle Dompé : deux femmes qui n’ont pas opté pour la facilité. Un dénominateur commun entre la voyance et la magistrature ? l’exigence, peut-être et, surtout, une pratique de l’art oratoire au service de la vie de l’individu dans la cité. D’ailleurs, dans la Rome antique, les magistrats, entre autres pouvoirs, avaient le droit de prendre les auspices, en d’autres termes de consulter les dieux, en interprétant le vol des oiseaux. Véritables messagères donc. Je crois que c’est cela qui caractérise et réunit ces deux femmes, pour cet ouvrage où la voyance semble davantage relever d’une mécanique quantique. De particules d’énergies et d’un courant entre personnes, à un moment donné, très précis. Ici et maintenant. Oui, c’est cela au fond « être voyante » : une pratique divinatoire nécessaire, pour conseiller, guider, délivrer un message à un consultant qui se trouve à une étape déterminante de sa vie. Ce « télégramme », il en fera ce qu’il voudra : le consultant conserve son libre arbitre. Il demeure le seul décideur, l’unique responsable.

 

Une voyante, c’est un peu La Poste à elle toute seule. Les destinataires attendent de leur facteur qu’il leur remette de bonnes nouvelles. Les consultants espèrent de leur voyante qu’elle leur prédise un avenir radieux. Ça ne marche pas ainsi.

 

La première à en être persuadée, c’est évidemment Valérie Fauchet, qui s’affiche tout sourire, un sourire éclatant et généreux. On découvre une femme flamboyante, pommettes hautes, visage lisse, pas même une ridule de la cinquantaine, chevelure voluptueuse. Pas loin de l’image d’Épinal, comme une carte de tarot doré sur tranche. Mais voilà. C’est toujours pareil : ce qui se cache derrière est bien moins fluide qu’il n’y paraît. Un peu comme un flash recèle toujours quelque chose d’autre que ce qui apparaît d’emblée. Le sens est ailleurs, à la périphérie, moins accessible immédiatement et a priori. C’est cette périphérie qui importe, pourvu que l’on fasse preuve de tempérance et de neutralité. Cet ouvrage entend mettre en garde, prévenir, éveiller. D’ailleurs Valérie Fauchet est présentée comme « une éveilleuse d’âme », elle qui a beaucoup lu sur le sujet, convaincue entre autres par Krishnamuty, Eckhart Tolle ou Allan Kardec.

 

Valérie Fauchet a cependant moins d’intuition pour elle que pour les gens qu’elle croise dans la rue, ceux qu’elle rencontre lors d’un dîner, son ex-mari, ses amis, ses filles. Et quand il lui est donné de « voir » ou, plus précisément, de « prévoir » et « pré-visionner » une diapositive qui la concerne, elle n’en identifie sa réalité que bien plus tard. Comme lorsqu’un flash lui fait visiter un manoir, qu’elle acquerra des années plus tard au gré d’une visite inattendue. Ses intuitions sont d’intimes sensations. Comme ce jour où elle croise sur la route Alain Souchon, elle sait, organiquement, qu’ils deviendront des amis. Ses flashs lui ont aussi permis de préserver sa famille : lorsque ce soir du 13 novembre 2015, elle refuse catégoriquement que ses filles sortent, encore moins vers Bastille. Incompréhensions de ses filles médusées, qui ne reconnaissent pas le ton comminatoire de leur mère. Elle a « vu » que son ex époux gagnerait au Loto, et elle a prié pour que cela arrive. Comme quoi foi et spiritualité font parfois bon ménage. C’est arrivé. Elle ne l’a pas souhaité dans un but mercantile. Sa ferveur, elle l’a façonnée pour que son mari trouve l’apaisement qui lui faisait défaut désormais. 

 

Son existence est chaotique, depuis l’enfance, mais elle a tout surmonté. Ce qu’elle a finit par obtenir, elle ne le doit qu’à elle-même. Un destin de femme intéressant, par ce qu’il compte de rencontres qui lui ont permis d’avancer, de se dépasser, de tendre vers la lumière, vers là, ce lieu impérieux et prédestiné, où elle doit être. Comme lorsqu’elle rencontre et achète, sur une impulsion, l’appartement où a vécu Mlle Lenormand, vécu et prédit, notamment à l’impératrice Joséphine de Beauharnais.

 

Je pensais ici reprendre quelques exemples de présages ou de prémonitions, puisque Valérie reprend des situations excessivement précises, des exemples de flashs extraordinairement datés qui, pour autant ne sont pas définitifs comme la première lecture peut le laisser penser. Cette communication-là, n’est jamais ce que l’on a envie qu’elle traduise. Je pourrais aussi résumer les typologies de consultants ou expliquer pourquoi parfois, Valérie ne « voit » ni n’entend rien, il y a blocage. Préciser son sens de la déontologie, sa pratique sans vanité. Je crois préférable que chacun s’approprie ces propos, ces avertissements, ces dépêches, en pleine conscience. Les aveux, comme les confessions, ça se passe à huis clos.

 

Une voyante passe aux aveuxEntretiens : Valérie Fauchet, avec Marie-Noëlle DompéLes éditions Ipanema. 17,90 euros. 232 pages.

 

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