« Jouissif ! » : Le Catalogue déjanté des expressions de la langue française

Catalogue déjanté des expressions de la langue française, jouissif !

Jouer avec les mots

Voilà un charmant petit livre qu’il est à peu prêt impossible à chroniquer : une expression bien française mise en valeur par un dessin, dessin commis par cinq dessinateurs de talent (souvent inconnus mais peu importe, le talent est là) réunis dans le collectif des Crayons. Comment décrire des dessins avec des mots, surtout que chacun a son style et je me vois mal essayer de « critiquer » le coup de crayon de chacun, d’autant que ce serait très subjectif et surtout trahirait l’idée même de ce catalogue qui est d’être un tout, un monde, un univers, si on est pédant on dirait : un egregor. Et ce n’est pas si facile que cela en a l’air de montrer au lecteur une unité quand il y a plusieurs contributeurs. Et, il faut bien l’avouer, le « chef d’orchestre » Jacques Seidmann a parfaitement réussi sa mission : le lecteur a sous ses yeux un vrai catalogue d’objets qui, au niveau de leur présentation stylistique se ressemblent tout en étant différents. Je sais que je suis loin d’être clair, mais je persiste : ce n’est pas facile à exprimer. On perçoit les différents styles de chaque dessinateur, mais ils se fondent dans un « tout », dans une présentation qui « uniformise » chaque objet, qui permet d’avoir un vrai « fil conducteur », ce qui aboutit à un vrai catalogue.

Prenez un catalogue, par exemple celui de la manufacture de Saint Étienne du début du XX siècle : il n’y a pas de photographies mais chaque objet est dessiné et il y a une vraie unité dans cette présentation. Prenez par exemple le catalogue des objets introuvables de Jacques Calerman (un parmi tant d’autres), il y a une unité due, en outre, au fait qu’il n’y a qu’un dessinateur.

Là, il y a 5 dessinateurs et on dirait, presque, qu’il n’y en a qu’un. Belle réussite.
Bon, le Catalogue déjanté des expressions de la langue française, est la synthèse d’un dictionnaire des expressions et d’un catalogue d’objets. D’ailleurs, il s’achève par des bons de commande !

Chaque expression est est mise en relief sous la forme d’ un dessin qui l’illustre en la prenant dans son sens premier, littéral et non par ce qu’elle exprime. Ainsi, « jeter le bébé et l’eau du bain » est illustré par une « baignoire catapulte ». Ainsi vous pourrez acheter des « chaussettes à mettre le pied dans le plat » (aux motifs variés : « légumes de saison » ou encore « Entrecôte saignante pour les dîners chez vos amis végans ») ; « un masque à gaz pour les soirée où on se la pète » ou encore une «  mousse à raser les murs » : «  mousse à haute densité qui vous dissimule au regard d’autrui. Existe en version translucide pour les « stars » de la télé-réalité qui souhaitent « passer aperçus » ».

Voilà 50 objets totalement improbables et inutiles répartis en 4 catégories : « argent, société, survie, travail ».

C’est drôle, jouissif, agréable, et totalement inutile, donc un excellent cadeau de Noël qui fera plaisir à ceux qui le recevront.

Émile Cougut


Catalogue déjanté des expressions de la langue française
50 objets introuvables illustrés par le Collectif des Crayons
éditions d’Enfer. 13€

L’écrivain Richard Joffo évoque son oncle Joseph Joffo

Message de l’écrivain Richard Joffo suite au décès de son oncle Joseph Joffo hier : 

( Pour interviewer Richard Joffo, contact presse 06 84 36 31 85 guilaine_depis@yahoo.com )

« Je tiens à remercier tous mes amis, mais aussi beaucoup que je ne connais pas encore pour les gentilles paroles amicales à l’occasion du décès de mon oncle Joseph Joffo.

Joseph était le plus jeune des quatre frères Joffo, coiffeurs, dont mon père, Henri, était l’ainé.

Il avait, aidé par ses frères, livré un témoignage émouvant sur l’une des pages les plus sombres de notre histoire. Le SAC DE BILLES, petite histoire de famille, à peine romancée, nous a tous surpris devant ce succès improbable.

Ce n’était au départ que l’histoire profonde et légère de quatre frères, coiffeurs ordinaires, que l’histoire a transformés en héros, dépouillant de son insouciance un petit garçon de dix ans pour le transformer en emblème.

Conteur au timbre unique, tonton Jojo, comme je l’appelais, m’avait généreusement aidé lorsque j’ai organisé, avec quelques autres, il y a deux ans, à Fontainebleau la première édition du Festival du Film Adapté d’un Livre. Il avait accepté d’en être le parrain en nous offrant des images de coulisses de la 2èmeadaptation cinématographique du SAC DE BILLES. Il était venu, malgré sa grande fatigue occasionnée par sa maladie déjà très avancée, faire des conférences et des dédicaces

Nous avions à l’époque longuement échangé sur cette passion commune, l’écriture.

Nous avions même animé ensemble, pendant le festival, une conférence sur l’écriture d’un roman.

J’avais à l’époque évoqué mon projet de « roman raconté » dont chacun me disait que c’était impossible. Mais lui aussi, tel Sénèque, considérait que c’est à nous de rendre possible ce que chacun considère come « infaisable ».

Bye bye Tonton Jojo, vas raconter tes histoires aux anges, ils vont se régaler !

Sur la photo, nous sommes à Fontainebleau, pendant le festival du Film Adapté d’un livre, ou nous nous livrons au leu de l’interview ! »

Pour interviewer Richard Joffo, contact presse 06 84 36 31 85 guilaine_depis@yahoo.com

Essor présent au SIMI – Salon de l’immobilier d’entreprise du 5 au 7 décembre 2018

Salon de l’immobilier d’entreprise

Essor présent au SIMI -Palais des Congrès, Porte Maillot Paris 5,6 et 7 décembre 2018

attachée de presse Guilaine Depis 06 84 36 31 85 guilaine_depis@yahoo.com

Grand rendez-vous de l’immobilier et véritable référence pour tous les acteurs de l’industrie immobilière, le SIMI, Salon de l’Immobilier d’Entreprise, se tiendra les 5, 6 et 7 décembre prochains au Palais des Congrès de Paris (Porte Maillot). Comme chaque année, le Groupe Essor sera présent afin de partager avec vous son expertise immobilière plurielle. Seront présents sur le stand les commerciaux, mais aussi David Pouyanne – PDG –, accompagné par Jean-Yves Langla et Yannick Couach, respectivement directeurs généraux d’Essor Développement et Essor Ingénierie.

Chaque jour sur notre stand E174, les petits déjeuners à 9h30 offrent des moments privilégiés pour accueillir les professionnels et leur faire découvrir les projets du groupe Essor. En outre, des événementiels sur le stand auront lieu. Une soirée « Vin Fromage » est organisée le jeudi soir.

À propos d’Essor

Entreprise familiale, Essor est un constructeur d’immeubles à usage professionnel structuré autour de 5 métiers : développement de programmes immobiliers, construction clé en main, maîtrise d’œuvre, ingénierie agroalimentaire, ingénierie de financement. Créé en 2006 par David Pouyanne, puis rebaptisé en juin 2017, le groupe Essor s’est d’abord appelé DPG puis Groupe DPG DELTA avec le rachat du groupe Delta. Bénéficiant aujourd’hui de 10 implantations en France, le groupe Essor emploie 150 personnes pour un chiffre d’affaires de 72M€ en 2017. Le groupe Essor compte plus de 2 250 réalisations à son actif, dont quelques réalisations emblématiques récompensées aux Pyramides d’Argent de la FPI et aux Green Solutions Awards 2018. La Direction générale du groupe Essor se situe à Paris. David Pouyanne, fondateur et PDG du Groupe a reçu le trophée d’entrepreneur de l’année 2018.

attachée de presse Guilaine Depis 06 84 36 31 85 guilaine_depis@yahoo.com

« La France mafieuse » de Gérald Pandelon et Paul-François Paoli, parution le 10 janvier 2019 chez Max Milo

« La France mafieuse » de Gérald Pandelon et Paul-François Paoli,

Parution le 10 janvier 2019 chez Max Milo

à réclamer en service de presse à Guilaine Depis : 06 84 36 31 85 guilaine_depis@yahoo.com

Gérald Pandelon est actuellement l’avocat de 200 grands bandits en France.
A travers une série de témoignages de gros voyoux ou d’ex-voyous qui évoquent leurs trafics, l’auteur campe le panorama d’une France mafieuse hallucinante, où l’Etat et les Politiques acceptent l’emprise des mafias en échange d’une prétendue paix sociale.
Juriste et politologue tout autant qu’avocat pénaliste renommé, passionné de philosophie politique, il a été l’élève de Jean-François Mattei à Science-Po, Gérald Pandelon connait parfaitement les arcanes du milieu du grand banditisme et en particulier du milieu marseillais aujourd’hui. Un milieu dangereux tiraillé par la lutte que se livrent les gangs souvent issus des vagues d’immigrations successives pour le contrôle des divers trafics, notamment celui du cannabis.
Il a conduit et guidé le journaliste Paul-François Paoli du Figaro, natif de Marseille, à la rencontre de ces voyous dont certains restent discrètement  » en activité « . Il lui a ouvert les portes de quartiers comme La Castellane ou Félix Pyat où la police n’entre que précautionneusement et où le trafic de drogue (cannabis, cocaïne…), qui se déroule au sus et au vu de tous, rapporte aux dealers des quartiers des sommes faramineuses tandis que la classe politique regarde ailleurs.
A la fois témoignage d’un avocat, reportage de terrain et enquête sociologique, ce livre contient des portraits et des entretiens terrifiants sur la dérive de quartiers en France, de zones de non droit, ainsi que des histoires inédites de voyous sur leurs activités. Il dresse un état des lieux plus qu’alarmant sur la démission de l’Etat et la corruption d’une classe politique locale qui accepte l’emprise des mafias en échange d’une prétendue  » paix sociale « . La peur, résignation, l’intérêt à court terme, ont-ils définitivement gagné les Politiques ? C’est la question que pose ce livre qui fera date.

Wukali distingue Aurélia Gantier avec un bel article

Les Volponi, une saga d’Aurélia Gantier sur Wukali

Premier volume excellent d’une saga familiale dont on attend déjà la suite…! 

A Sicilian family in Tunisia

Voilà le premier volume de ce qui sera une trilogie, la trilogie de la famille Volponi et à travers eux l’histoire d’une communauté bien spécifique, prise dans les vicissitudes de l’Histoire (Histoire avec une majuscule, car les membres de la famille ne sont rien, impuissants face au rouleau compresseur des faits, de l’évolution politique de leur environnement sur lequel ils n’ont strictement aucune prise). Soit, ce thème est connu, d’ailleurs les sagas familiales sont toutes plus ou moins une libre variation dessus : montrer l’évolution d’une famille, d’un groupe, d’une « communauté » à travers une période de temps plus ou moins longue. Songeons à La chroniques des Pasquier de Duhamel, aux Grandes familles de Druon sans parler des Hommes de bonne volonté de Roland.

Aurélia Gantier fait preuve d’originalité au niveau de la communauté (à travers une famille) bien spécifique et fort peu étudiée tant en littérature qu’au niveau des historiens : les Siciliens en Tunisie. On peut trouver des milliers de livres, d’études sur l’immigration italienne en général et sicilienne en particulier en France (essentiellement dans le nord ou le sud-est) mais je n’en connais aucune sur celle en Tunisie, alors protectorat français.

Au début du XX siècle, Filippo Panzone épouse Rita, et très vite ils fuient la misère sur la petite île de Pantelleria. Ils traversent la Méditerranée pour la Tunisie. Là, à force de travail, ils finissent par obtenir une certaine aisance. Il faut dire que Rita est une « maîtresse femme » au caractère bien affirmé et avec un grand sens des affaires qu’elle mène de main de maître malgré ses sept grossesses et autant d’enfants à élever. Soit, ils sont quelque peu laissés à eux même, sauf les filles, car se sont des filles et leur destin et tout tracé, rester et entretenir leur futur foyer. Pas la peine qu’elles aillent à l’école, elles seront toutes analphabètes.

La saga commence en 1947, quand la petite dernière, Crocefissa, la préférée de son papa, la plus belle de la fratrie, est une adolescente qui biaise, ment pour aller rejoindre l’homme qu’elle aime : Marcello Volponi. Ce dernier, fils unique du forgeron, élevé et adulé par sa tante est un jeune homme de 19 ans, caricature de l’Italien, ne s’occupant que de son apparence et de ses conquêtes féminines : un hédonistes doté d’un égoïsme à toute épreuve.

Crocefissa finit par tomber enceinte, sa famille fait pression sur Marcello pour l’obliger de l’épouser alors qu’il ne l’aime pas. De fait, s’il lui fait quatre enfants en tout, il est très souvent absent, plus occupé à s’amuser avec ses amis et ses conquêtes que de s’occuper de sa famille. La première enfant, Rosaria, l’enfant du péché, est de fait élevée par la voisine (et non moins maîtresse de Marcello) qui est bien plus affectueuse avec elle que ses parents génétiques. Ce n’est que quand elle est atteinte de poliomyélite qu’ils s’impliquent pour elle.

Les événements politiques rattrapent la famille, Marcello part en précurseur en France pour trouver du travail et un logement. Cette première partie s’achève sur le bateau qui amène Crocefissa et leurs enfants le rejoindre.

A travers cette famille, essentiellement autour des personnages de Rita, Crocefissa et Rosaria, Aurélia Gantier nous décrit la vie de cette petite communauté en Tunisie juste après la Seconde Guerre mondiale. On leur fait comprendre à l’Indépendance qu’ils ne sont pas tunisiens, mais si les enfants sont français par le droit du sol, qu’en est-il des plus anciens ? Ils ne se sentent plus italiens (siciliens oui, mais pas italiens, mais ont oubliés leurs racines matérielles), et leur univers, leur vie est leur village en Tunisie. Et même la France, personne ne sait ce qu’elle est vraiment, il y a bien sûr le mythe de Paris mais il y fait froid et il n’y a pas la mer. La métropole est une vraie « terra ingonita » pour eux. Ils se vivent comme siciliens (avec sa culture, ses codes sociaux) mais sûrement pas comme français, italiens ou tunisiens. Ils sont quelque peu « hors-sol ».

Et que dire de cette culture qui semble sortie d’une autre époque ; société machiste, la femme n’est rien, juste bonne à engendrer et à s’occuper de son maître, elle ne dispose d’aucune liberté autre que celles données par leurs pères puis par leurs maris, une culture fondée sur les apparences physiques et sociales dans laquelle le « qu ’en-dira-t-on » a force de loi. Soit Rita domine tout le monde, mais elle sait s’effacer quand il le faut. Des rapports sociaux, de fait, très violents. Les femmes en sont les victimes, mais les hommes aussi quand leur »honneur » et leur « réputation » est en jeu. Le libre arbitre, la volonté individuelles sont des concepts totalement inconnus. Et pourtant, chacun semble heureux dans cet univers, ils acceptent leur place dans la société et font tout pour y trouver le plus de bonheur possible. L ’arrivée dans la France de la fin des années 50 risque d’être dure.

Cette saga, indéniablement inspirée par la famille d’Aurélia Gantier (je soupçonne fortement Rosaria d’être sa mère), nous fait découvrir un pan de notre histoire quelque peu méconnu. Vivement la suite !

Émile Cougut


Les Volponi
Aurélia Gantier

éditions Une heure en été. 16€50

 

Un Beau « Prince de Galles » sur Le Nouveau Cénacle, par Julien Leclercq

Un Beau « Prince de Galles » sur Le Nouveau Cénacle, par Julien Leclercq

Raphaël Passerin publie Prince de Galles aux éditions Valeurs d’Avenir, un premier roman entraînant au cours duquel les voyages, le monde de l’édition et la quête de soi sont entremêlés.

Nous achetons des livres et les lisons, sans nous soucier de la langue originelle, c’est-à-dire la matière brute dans laquelle l’œuvre a été confectionnée. Le succès croissant de la littérature étrangère a tendance à nous faire oublier que ces romans ont été composés dans un autre langage, avec d’autres codes qu’il a fallu adapter aux nôtres. Nous faisons même fi d’un précieux intermédiaire sans qui la circulation des livres serait impossible, à savoir le traducteur.

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L’histoire de Samuel Papernick, traducteur de romans sentimentaux qu’il réécrit pour en faire des succès littéraires, est en cela notable. Avec légèreté, Raphaël Passerin nous décrit la trajectoire de cet orphelin amoureux des langues étrangères qui, après une chute dans un escalier, est frappé d’amnésie.

En se réveillant, Papernick ne sait plus l’anglais et doit donc se réinventer. Se traduire une nouvelle personne. S’assumer en devenant un autre. N’est-ce pas le fondement de toute entreprise littéraire ?

Traduction des livres, traduction de soi

L’auteur nous le confirme au cours du roman : « Alors Samuel reprend espoir. Au fond, traduire était une forme de lâcheté, une façon de vivre en sociétaire des lettres par procuration en faisant le cabot planqué derrière les mots des autres ».

On devine l’ombre de Jorge Luis Borges derrière ces mots. L’argentin était non seulement un génie de la littérature, mais aussi un immense traducteur. Il estimait qu’une œuvre était toujours à réécrire. En cela, l’oeuvre du traducteur est un rouage essentiel de la littérature, parce qu’elle permet toujours de recomposer un texte. Il l’affirme sans ambages : « L’idée de texte définitif relève de la religion ou de la fatigue ».

Raphaël Passerin semble connaître parfaitement la problématique, et distille son hypothèse tout au long d’un récit enlevé et plein d’humour. Pour son personnage, ne plus pouvoir traduire revient à se trahir. La paranomase italienne « Traduttore, traditore » souligne d’ailleurs le lien étymologique entre la traduction et la trahison : lorsque Perpenick se trouve impuissant au niveau de la re-création, il perd son essence. L’auteur suggère en creux que la langue qui nous est la plus étrangère, c’est notre être. Notre essence. Finalement, Prince de Galles pourrait être un hommage à Marcel Proust, qui déclarait :  «Le seul vrai livre, un grand écrivain n’a pas à l’inventer (…) mais à le traduire. Le devoir et la tâche d’un écrivain sont ceux d’un traducteur.»