John Karp invité à évoquer « la place du NFT dans la mode » au Who’s Next

Le rendez-vous parisien de la mode Who’s Next se tient du 21 au 24 janvier à la Porte de Versailles (Paris XVe). Comme à son habitude, le salon proposera un cycle de conférences et ateliers dédiés aux grandes tendances du marché, organisés en collaboration avec la Fédération française du prêt-à-porter féminin (FFPAPF). Avec cette fois comme nouvelle thématique la notion de « mode virtuelle » introduite par les NFT.

 

Who’s Next
La première journée sera ainsi dédiée à la « Meta Generation », telle que l’analysera le bureau de conseil Leherpeur lors de la conférence d’ouverture. L’experte digitale Nathalie Badreau se penchera quant à elle sur la notion « d’expérience client augmentée » liée à la mode virtuelle. La place des NFT dans la mode sera elle développée par le spécialiste John Kharp (NFT Revolution).

Côté inclusivité, la journée de dimanche s’ouvrira sur le thème des enjeux de la diversité. Chloé Cohen (Nouveau Modèle) donnera les clefs pour fonder une marque inclusive. Une table ronde réunit trois marques no gender et unisexes : Carré Y Paris, Jeanne Friot et Calher Delaeter. Jean-Baptiste Andréani (IFA Paris Groupe) abordera de son côté la formation comme cœur du changement.

Sur l’aspect RSE, plusieurs thématiques sont annoncées comme le travail forcé au sein de la filière du textile/habillement, la communication responsable, ou la place de la traçabilité dans l’innovation. Un sujet qui sera débattu par Thomas Huriez (1083), Louis-Marie Vautier (Good Fabric) et Florence Bonnet-Touré (Fédération nationale de l’habillement). Pour sa part, Chloé Cohen (Nouveau Modèle) parlera de l’équilibre entre créativité et durabilité. Un atelier de Laëtitia Hugé (Pando) sera dédié l’embarquement d’une équipe dans des projets RSE. La chargée de campagne de Peta France, Iris Douzet, viendra évoquer l’avenir de l’association de défense des animaux.Le directeur général de WSN Développement (Who’s Next), Frédéric Maus, abordera le développement de l’omnicanalité BtoB, en compagnie de Guillaume Mesly d’Arloz (Meeko) et Julien Platel (Diatly). Des ateliers seront dédiés à l’externalisation de l’expérience wholesale ou au développement des ventes en gros à l’international. La Chaire Bali réunira de son côté Gaultier Bedek (Groupe Eram), Damien Saumureaux (Décathlon) et Pantxika Ospital (Belharra) pour aborder les liens entre ingénierie et mode.

A noter également une conférence de la journaliste Margaux Krehl dédiée à l’influence des séries télévisées sur l’industrie de la mode. Tandis que la beauté ne sera pas oubliée, avec un point sur les tendances actuelles du marché mené par Diogou Dramé (La Fabrique 621) et Marie-Laure Durier (La Beauté Française). Sans oublier le thème de la reconversion dans l’univers bijouterie-joaillerie.

Deux spécialistes internationales reconnues de handicap et maladie mentale

Actualité Société inclusive – par guilaine_depis@yahoo.com 06 84 36 31 85

Pour rebondir sur les propos d’Eric Zemmour qui ont lancé une polémique autour des enfants en situation de handicap mental, Balustrade Santé/Psychologie/ Bien-être

Balustrade vous propose d’interviewer deux spécialistes de renommée internationale (me réclamer aussi leurs livres en service de presse) :

Colette Portelance, auteure canadienne de plusieurs best-sellers dont le dernier livre est « Au cœur de l’intelligence » (éditions du CRAM)

TRA, Thérapeute en Relation d’AideMD et pédagogue, Colette Portelance détient un doctorat en sciences de l’éducation de l’Université de Montréal et de l’Université de Paris.

Auteure et conférencière réputée, elle a créé l’ensemble des programmes de formation professionnelle du Centre de relation d’aide de Montréal et de l’École internationale de formation à l’ANDC, dont elle est la cofondatrice.

Thérapeute chevronnée, elle a développé ses propres conceptions psychopédagogiques et psychologiques de la relation d’aide, qu’elle a élaborées dans la création d’une nouvelle approche: l’Approche non directive créatrice (ANDC), approche dont il est question dans ses nombreux ouvrages

et

Carole Buckingham, auteure anglaise très médiatisée outre-manche pour son engagement contre l’exclusion des malades mentaux. Elle a publié deux livres disponibles en versions françaises « La boite de Pandore – Le drame de la schizophrénie » (essai) et « L’embrasement – comment la schizophrénie se manifeste » (récit)

Carole Buckingham est née et a longtemps vécu à Londres. Elle mène désormais une existence retirée dans un village du Hertfordshire. Formée au secrétariat bilingue, elle a également vécu à Paris où elle a pris conscience de sa schizophrénie. Elle s’intéresse aux langues, à la lecture, à la spiritualité et aux pathologies mentales. Carole Buckingham a écrit des articles pour la presse spécialisée britannique dans les questions de santé psychique et est active dans les projets de lutte contre la discrimination à l’égard des malades mentaux.

Contact : guilaine_depis@yahoo.com 06 84 36 31 85

 

Philing Good aime les « Célébrations du bonheur » d’Emmanuel Jaffelin

LIVRES PHILous 

 Célébrations du Bonheur d’Emmanuel Jaffelin : le stoïcisme serait-il le remède de notre société survoltée ? 

Dimanche 16 Janvier 2022

Alors que nous sommes encore en pleine crise sanitaire, que les médias stimulent sans cesse notre cerveau reptilien, la sagesse grecque, notamment celle des stoïciens, vient toquer à notre porte : si tu veux être heureux, commence déjà par relativiser le mot « bonheur », qui n’est qu’un leurre. Cela peut rappeler la phrase ironique du nihiliste Schopenhauer : tu n’as aucune chance mais saisis-là…

Dans le livre Célébrations du bonheur, le professeur de philosophie Emmanuel Jaffelin nous propose un plan simple et efficace, inspiré du stoïcisme, pour aborder la question du bonheur en trois parties : le Malheur, l’Heur, Le Bonheur.
L’Homme reste un être mortel. Malgré tout le progrès réalisé par les siècles successifs, l’angoisse de la mort, chère à Heidegger, est toujours aussi vivace. Nous constatons d’ailleurs, que plus l’être humain vit vieux, moins il est heureux.
D’où vient le malheur ?
A l’époque du polythéisme de l’Antiquité, le malheur s’expliquait par la fatalité du destin. Sont apparues ensuite les théories monothéistes comme le judaïsme, le christianisme et l’islam, qui créèrent la notion du « péché ». Le malheur a été alors mêlé à une notion de culpabilité. Aujourd’hui, l’homme moderne, dépourvu de transcendance, n’a qu’une vie « one shot », où tout s’arrête le jour de la mort et pour lequel le malheur n’a plus d’explication transcendantale. La vie linéaire sans conscience crée une insubmersible angoisse.
Face à ce malheur, Epictète, Bill Le sauvage, Thérèse de Lisieux, Stephen Hawking, et Jean-Dominique Bauby ont fait le choix du bonheur envers et contre tout. Pour faire face au sentiment du malheur, il est au préalable nécessaire de distinguer le « méchant » du « malheur ». Le malheur reste une interprétation psychique, une faiblesse d’interprétation. Le méchant en revanche est un faible incapable de maîtriser ses passions. Il finit mal parce qu’il pratique le mal… Le malheur doit être subi surtout par le méchant, seul responsable de son malheur.
Pourquoi faut-il se méfier de l’heur ?
« Heur » est un terme masculin qui veut dire chance, contrairement à « heure » qui désigne une unité de temps. Emmanuel Jaffelin démontre que l’heur est une montée d’adrénaline comme le coup de foudre, qui se termine toujours mal … comme une tragédie. Cela rejoint la vision des pessimistes comme Freud ou Schopenhauer selon laquelle le désir est insatiable. D’après lui, être touché par la chance ne présume rien de mieux que le malheur. C’est le côté excessif de « l’heur », un peu comme les coups de foudre amoureux qui chutent à la vitesse de la disparition progressive des phéromones. L’heur est donc souvent un leurre. Pour échapper au malheur, il convient de ne pas se laisser piéger par l’heur.Le bonheur, la marque joyeuse du sage
Face à un évènement négatif, on peut s’attrister, accepter, se résigner… Mais Emmanuel Joffelin va plus loin : il nous propose de l’aimer ! Les stoïciens nous conseillent d’apprendre à distinguer ce qui dépend de nous, de ce qui ne l’est pas. L’auteur nous invite à devenir des destinalistes : des hypervoyants et libres, contrairement aux fatalistes qui sont non voyants et esclaves de leur destin. Le bonheur est donc d’apprendre à ne pas dépendre de « l’Heur ».
Sur le plan des neurosciences, on peut rapprocher le lâcher prise stoïcien à la pleine conscience qui nous aide à nous décrocher de nos préjugés. « Vivre dans l’instant présent » nous aide à fabriquer de la sérotonine, qui joue un rôle dans le sentiment de contentement et de plénitude.Le stoïcisme est un début de cheminement vers le bonheur, car il est une initiation au lâcher prise. Mais est-il suffisant ? Ne faut-il pas également un petit brin de créativité pour réinventer sa réalité ?Ce qui demeure néanmoins certain est qu’Épictète, Bill Sauvage durant la Seconde guerre mondiale, Sainte Thérèse au XIXe siècle, Stephen Hawking ainsi que le journaliste Jean-Dominique Baudry, tous cités dans ce livre, sont des êtres inspirants, car ils ne cèdent pas à la victimisation. Ils ont le courage et l’impertinence de dépasser les événements fâcheux « pour faire de leur existence une énergie conduisant au Bonheur ».

Emmanuel Jaffelin, Célébrations du Bonheur, Guide de sagesse pour ceux qui veulent être heureux, Michel Lafon, septembre 2021, 175 pages.

Marjorie Rafécas
Rédigé par Marjorie Rafécas le Dimanche 16 Janvier 2022 à 21:47 Commentaires (0)

Dans « A Voix nues » de Sandrine Treiner sur France Culture, Jean-Yves Tadié évoque « La chambre de Léonie » d’Hélène Waysbord qu’il préface pour les éditions le Vistemboir

L’écrivain Jean-Yves Tadié parle de Marcel Proust. Itw de celui-ci. Il évoque notamment le livre d’Hélène Waysbord, « La chambre de Léonie » paru aux éditions Le Vistemboir. Réécouter ici : https://www.franceculture.fr/emissions/a-voix-nue/en-attendant-vos-memoires

Et s’il n’y avait pas eu Proust… ? Et s’il n’y avait plus Proust ? Et comment expliquer la réapparition-étrange-des fameux « 75 Feuillets et autres manuscrits inédits »….après des décennies d’absence ? S’ils avaient resurgi plus tôt, le travail de Jean-Yves Tadié en eût-il été changé ?

Portrait de Jean-Yves Tadié en 2020 Crédits : Francesca Mantovani/ Editions Gallimard

…Où l’on revient-sans conclusion précise et définitive…- sur le mystère des 75 feuillets inédits de Marcel Proust, que l’éditeur Bernard de Fallois conservait depuis plusieurs décennies.75 feuillets qui pourraient évidemment, selon Jean-Yves Tadié, trouver trace dans une édition complétée d’ A la Recherche du Temps Perdu, dans la Bibliothèque de la Pléiade.

Une vie sans Proust serait-elle possible ? Eût-elle été possible ? Proust, que Céleste Albaret, qui fut à son service de longues années, jour après jour, nuit après nuit, qualifiait d’ange gardien. Proust fut-il l’ange gardien de Jean-Yves Tadié ? La question n’a sans doute guère de sens : l’essentiel, pour l’universitaire et éditeur, est de faire lire Proust : « on peut ouvrir à n’importe quelle page, lire un passage et l’expliquer, le faire aimer à son auditoire…même à des enfants de l’école primaire ! Cela dit, chacun est libre de ne pas aimer Proust ! Ce qui est triste, c’est de n’aimer personne, de n’apprécier aucun écrivain ».

Jean-Yves Tadié aime rencontrer des « proustiens », mais ne déteste pas la confrontation avec des lecteurs réticents, voire hostiles à l’œuvre de Proust. Une œuvre, encore une fois, qu’il ne raconte pas, mais dont il aime dire la genèse, sa vision de la société- : le peuple de Proust, par exemple, est « celui de Michelet et des cathédrales, des vitraux, des bas-reliefs ».

Emmanuel Jaffelin dans Livr’arbitres par Denis Marquet

Célébrations du bonheur, ou la sagesse qui rend heureux – article de Denis Marquet sur le livre d’Emmanuel Jaffelin
 
Le bonheur est un thème à la mode. De nombreux philosophes, coachs ou thérapeutes se sont penchés sur la question, proposant diverses recettes pour accéder à ce Graal que tout le monde convoite, mais dont on ne sait pas bien, finalement, ce qu’il signifie. Loin du simplisme des recettes, Emmanuel Jaffelin, dans Célébrations du bonheur, propose un véritable chemin philosophique, décapant bien des idées reçues et proposant une transformation de la manière dont nous vivons. Le grand mérite de ce livre est de présenter ce chemin avec une totale simplicité, dans un dialogue avec son lecteur au ton léger marqué par un agréable tutoiement. Ainsi, le propos est clair et concret, instillant le désir de le pratiquer.
 
En quelques pages, l’auteur expédie d’abord les promesses de bonheur que font les religions, y compris la dernière religion de la modernité, la science. Jusqu’au milieu du XXe siècle, celle-ci laissa en effet espérer que ses réalisations mettraient fin au malheur humain. Outre les dangers de ce qu’il appelle la « technoscience » (le nucléaire, l’écologie et le climat, etc.), Emmanuel Jaffelin montre bien que les progrès de la science, en augmentant l’espérance de vie, rendent la mort de moins en moins supportable et accroissent donc l’angoisse et le mal-être. Lorsque nous étions habitués à la mort des enfants en bas âge et aux dangers récurrents, la mort était familière ; aujourd’hui, nous rêvons d’un monde où nous serions en sécurité, ce qui est impossible : nous sommes donc beaucoup plus vulnérables psychologiquement à ce qui nous menace.
La conclusion s’impose : notre bonheur ne vient pas de l’extérieur. Nous sommes responsables de notre bonheur comme de notre malheur. Certes, cette vérité est difficile à entendre lorsqu’on est victime d’une personne malveillante. Mais, l’auteur le démontre implacablement, la victime et le bourreau ont un point commun : la passivité. « Le méchant » est passif parce qu’il est la proie de ses passions. Sa victime, quant à elle, subit certes physiquement ce qui lui arrive. Mais ce qui la rend malheureuse, c’est une passivité psychique : ayant écarté l’événement douloureux de sa conception de la réalité, elle l’a nié en tant que possibilité et n’a pas pu l’anticiper. Ainsi, « la victime se trompe logiquement : elle prend ce qui arrive comme une anomalie ». La passivité, c’est se refuser à considérer le vol, le viol, le crime, l’accident, la maladie, la mort naturelle comme des événements normaux. Demeurer actif, ainsi, ce serait connaître le réel dans toutes ses éventualités afin d’y être prêt.
À notre époque où la victimisation est le sport le plus à la mode, et où l’on n’est jamais aussi bien considéré que lorsqu’on peut désigner son bourreau à la vindicte publique, cette analyse a le courage de la lucidité. La référence à la sagesse stoïcienne est explicite : les événements qui me frappent ne dépendent pas de moi, en revanche, ma relation à ces événements et les pensées que je forme à leur propos sont le fait de ma liberté et la condition de mon bonheur ou de mon malheur. Le propos n’est pas seulement théorique. Emmanuel Jaffelin donne de nombreux exemples d’êtres frappés par la souffrance physique, la maladie et qui, pourtant, parviennent à être heureux. Il n’hésite pas à convoquer sainte Thérèse de Lisieux, animée par une joie intérieure parfaite dans la plus grande souffrance physique, et même un cas de guérison inexpliquée associée à la foi en cette sainte. Sans prendre position sur la dimension miraculeuse ou non de cette guérison, l’auteur conclut simplement que « la vie est une volonté positive qui vaut mieux que la plainte et l’enfermement dans la position de victime ».
La conclusion est paradoxale et heurte le sens commun de notre époque qui a renoncé à la sagesse, mais elle est d’une profonde justesse : le refus de ce qui nous arrive nous place dans la passivité, seule l’acceptation nous rend actifs ; or, nous ne pouvons être heureux qu’en étant actifs. Implicite, l’influence de Spinoza peut aussi se lire, pour qui la joie est une augmentation de notre puissance d’agir.
 
Après l’analyse du malheur compris comme événement infortuné, l’auteur se demande si les événements favorables, ceux que nous désirons, peuvent nous apporter le bonheur. Par opposition au malheur, il les appelle joliment l’Heur (mot qui signifie, étymologiquement, chance ou bonne fortune). L’Heur a-t-il le pouvoir de nous rendre heureux ? Quelques exemples bien choisis montrent le contraire : le coup de foudre qui mène à la mort (Roméo et JulietteBelle du Seigneur), le gain au loto qui se transforme en cauchemar… Si nous attendons notre bonheur des événements extérieurs, la joie, toujours éphémère, se transformera en souffrance. La raison en est simple : nous avons alors mis notre vie entre les mains du hasard, c’est-à-dire de ce qui arrive indépendamment de nous. Ainsi, nous avons nié notre liberté. En tant que conscience en effet, nous avons la capacité de transcender les événements. Encore faut-il, pour cela, décider de ne pas en dépendre. En évoquant divers trajets de vie saisissants, Emmanuel Jaffelin démontre que l’épreuve, en nous montrant la vanité d’associer notre bonheur aux événements du monde, a le pouvoir de nous ramener à cette intériorité dont nous nous détournons trop souvent.
En filigrane, se dessine une analyse de ce que les bouddhistes appellent l’impermanence : si j’attache mon bonheur à un événement favorable, je me condamne à être malheureux très vite ; en effet, l’infortune suit de près la fortune dans ce monde où tout change, où toute action engendre une réaction, où rien n’est durable. Dans la vie, nous ne pouvons demeurer tout en haut ; puisque nous devrons immanquablement redescendre des sommets de notre existence, autant nous munir de ce que l’auteur nomme avec humour un parachute : celui-ci consiste simplement à ne pas être dupe des moments favorables, à ne pas les associer au bonheur que nous cherchons profondément, à en profiter simplement en sachant qu’ils ne dureront pas. Là encore, la clé est d’être actif et non passif. Si nous laissons les événements décider de notre bonheur, nous nous maintenons dans la passivité et notre félicité tournera nécessairement en affliction. La santé, la richesse et la gloire sont sans doute préférables à la maladie, la pauvreté et l’anonymat. Mais, du point de vue de notre bonheur, les stoïciens l’affirment : ils sont indifférents.
D’un ton léger et en douceur, Emmanuel Jaffelin démonte ainsi les certitudes sur lesquelles repose l’édifice de notre société de consommation. Aucun objet, aucune possession, aucune somme d’argent ne peut nous rendre heureux, pas davantage qu’un succès amoureux ou les diverses fortunes du quotidien dont nous nous faisons gloire sur nos réseaux sociaux.
 
Mais alors, qu’est-ce que le bonheur ? Pour le cerner, il s’agit d’abord de cesser d’en faire un objectif. Le bonheur n’est pas un but, il est une conséquence. Mais la conséquence de quoi ? D’un travail de libération intérieure affirme l’auteur.
La première chose dont il nous invite à nous libérer, c’est du désir et de l’aversion. Lorsque nous nous tendons vers une chose où nous raidissons contre une autre, nous sommes dans l’inconfort de la tension, et le plaisir d’obtenir l’objet convoité ou d’éloigner celui que nous craignons consiste simplement dans la cessation de cette tension : il nous ramène donc à zéro. « Négation du négatif », le plaisir est donc « un jeu à somme nulle » qui, loin de nous apporter le bonheur, nous maintient dans l’esclavage par rapport aux événements.
Que nous craignions ou fuyions quelque chose, nous y sommes attachés et cet attachement est le contraire de notre liberté. Épictète est cité : « il n’y a rien de plus déraisonnable que de vouloir que les choses arrivent comme nous les avons pensées (…) : la liberté consiste à vouloir que les choses arrivent, non comme il te plaît, mais comme elles arrivent. »
Ici, le raisonnement est subtil. Nous ne sommes pas libres là où nous croyons l’être : lorsque nous croyons « manipuler la réalité », en fait c’est la réalité qui nous manipule, car nous avons laissé notre intériorité dépendre de ce qui ne dépend pas de nous. Nous n’avons pas la puissance de provoquer ce qui arrive à nos vies, lesquelles sont soumises à un déterminisme (que les stoïciens appelaient le destin). Mais nous avons la liberté de ne pas le subir passivement. Il s’agit donc de nous entraîner à être libre là où nous le sommes : « si tu ne maîtrises pas la cause de ce qui t’arrive – ce qui n’est pas un défaut mais la réalité –, tu peux maîtriser les représentations que tu t’en fais », résume l’auteur. Or, les représentations qui nous rendent malheureux sont celles de ce qui aurait pu arriver à la place de ce qui arrive.
La deuxième chose dont nous pouvons nous libérer, c’est donc de nos pensées passives : celles qui nous séparent de la réalité. Mon meilleur ami est mort ? Il est impossible qu’il ne le soit pas, puisqu’il l’est. Au lieu de souffrir en imaginant qu’il ne soit pas mort, n’est-il pas préférable de me remémorer les moments réels que j’ai vécus avec lui et qui m’ont rendu heureux ? L’auteur nous invite à distinguer sans cesse, à la suite des stoïciens, ce qui dépend de nous et ce qui n’en dépend pas. La mort de mon ami, comme tout événement qui arrive, ne dépend pas de moi. En revanche, dépendent de moi les pensées que je forme à propos des événements. « La maîtrise des représentations conduits à l’ataraxie, autrement dit à la sérénité de l’âme » affirme Emmanuel Jaffelin. Qui s’exerce chaque jour à maîtriser son âme rencontrera un jour le bonheur, sans avoir cherché autre chose que la sagesse. Car le bonheur, conclut joliment l’auteur, est « la marque joyeuse du sage ».
 
Jamais dans l’histoire nous n’avons autant maîtrisé notre environnement, possédé autant de biens, vécu dans un tel confort. Pourtant, avec les progrès matériels augmente notre consommation d’antidépresseurs. « Le bonheur est une idée neuve en Europe » disait le révolutionnaire Saint-Just. La modernité a cru pouvoir rendre l’homme heureux par la politique, l’économie ou la science. Célébrations du bonheur nous démontre qu’il s’agissait d’une illusion, non pour nous désespérer mais, au contraire, pour nous montrer le chemin du véritable bonheur. C’est un chemin intérieur et tout homme, quelle que soit sa situation, peut le pratiquer. Épictète n’était-il pas esclave et maltraité, tout en étant sage donc heureux ? Avec ce livre, Emmanuel Jaffelin retrouve le sens originel de la philosophie : l’amour de la sagesse.

« un petit livre écrit avec jubilation » (sur Christian Mégrelis)

Christian Mégrelis, Le naufrage de l’Union soviétique

Christian de Sinope est né Mégrelis en France et devenu étudiant prodige. Il est entré à polytechnique à 18 ans, a fait HEC et Sciences-po, été sous-lieutenant en Algérie comme Chirac, et s’est retrouvé à la direction générale de l’armement comme haut fonctionnaire avant de rejoindre la Banque française du commerce extérieur avant de créer en 1971 EXA international, société de promotion des exportations françaises. À ce titre, il a lié des contacts avec les anciens dirigeants de l’Union soviétique et à assisté à la chute de l’empire communiste comme conseiller économique du président Gorbatchev durant les 500 Jours (1989-1991) ainsi qu’à la transition hypercapitaliste des années Eltsine où il a rénové les usines du communiste juif américain Armand Hammer.

A 83 ans, il livre ses souvenirs de « choses vues » en trois parties, le voyage, après le naufrage, et maintenant. « J’ai vu sombrer le dernier empire occidental » écrit-il p.222. Dans un pays trop centralisé où règne le Comité central coopté de vieillards, la culture de l’irresponsabilité conduit les industries à attendre les ordres de Moscou et les agriculteurs à ignorer les saisons par soumission aux horaires des bureaucrates, avatar de nos 35 heures partout et en tout service. La recherche ne s’effectue que par espionnage avec l’aide des partis communistes occidentaux et des taupes homosexuelles anglaises. Seul les zeks du Goulag, ces esclaves modernes non payés et à peine nourris, bâtissent et construisent à moindre coût. Une fois le système effondré après Brejnev, rien ne va plus. La passivité, la vodka et la baise libre engendrent l’irresponsabilité générale où seuls les plus malins arrivent à devenir les plus forts.

L’auteur analyse assez bien le fonctionnement du dinosaure bureaucratique qui était l’empire multinational issu du stalinisme et qui a été bousculé par les jeunes komsomols devenus oligarques sans changer de privilège ni de caste. Pour lui, les exemples divergents de la Russie et de la Finlande depuis 1917, pays très proches par la population, le climat et l’éducation, montrent combien la dictature totalitaire d’un peuple aboutit à le déresponsabiliser de toute initiative et de toute volonté au travail. La civilisation russe remonte à Byzance et aux Mongols, un césaropapisme fondé sur l’image du tsar comme pivot central et centre de tout pouvoir. La Russie n’a connu son Moyen Âge qu’au moment de la Renaissance en Europe et elle connaît son épisode de libéralisation capitaliste qu’au moment où la social-démocratie devient écologisme. Durant les années Eltsine, la Russie était le Far-West européen, visant à une improbable synthèse entre le libéralisme social de l’Europe du Nord et du despotisme asiatique. Aujourd’hui, la chienlit c’est fini. L’autoritarisme a repris ses habitudes d’autocratie et le peuple s’en contente mais le pays stagne.

Comme la Russie est depuis longtemps rejetée par l’Occident au prétexte de dictature et de menace communiste, elle tente de se tourner vers l’Asie mais, s’il existe certains intérêts économiques à court terme sur l’exploitation des ressources avec les Chinois, ou de stratégie militaire avec certains pays arabes, « aucun grand créateur russe n’est allé puiser aux sources orientales » p.228. Plus de 80 % de la population russe habite du côté européen de l’Oural et la population diminue inexorablement faute de croire en l’avenir et de système de santé au niveau.

L’auteur a un petit côté observateur ingénu comme « Fabrice à Waterloo » qu’il cite p.220. Le drame de la Russie d’aujourd’hui est pour lui que les grandes fortunes se trouvent à l’étranger et ne financent pas l’économie locale, faute de confiance envers les institutions. La main-d’œuvre reste mal formée, les travailleurs venus des ex-républiques soviétiques étant moins chers. Faire émerger des entrepreneurs est donc une gageure. Les cadres partis à l’étranger ne reviennent pas.

Ce livre de souvenirs et de réflexions, édité dans sa propre maison d’édition fondée en 1985 pour la Bible se lit facilement et rappelle des faits d’évidence. Des anecdotes personnelles sont ponctuées d’articles publiés en leur temps et la conclusion est une analyse d’une Russie éternelle qui change trop peu et trop vite, auprès de laquelle les Allemands, par principe de réalité, savent trouver leur intérêt économique tandis que les Français restent soumis à l’idéologie américaine et ne concrétisent pas leur image culturelle pourtant valorisée.

À la date du 30e anniversaire de la chute de l’URSS, ce petit livre écrit avec jubilation est une bonne introduction à l’histoire récente et au caractère de cette Russie si proche et si lointaine, avec Poutine en grand méchant loup que l’auteur s’amuse à écrire « Putin » pour son ambiguïté en français.

Christian Mégrelis, Le naufrage de l’Union soviétique – choses vues, 2020, Transcontinentale d’éditions, 261 pages, €19.11

Attachée de presse BALUSTRADE : Guilaine Depis, 06 84 36 31 85 guilaine_depis@yahoo.com

La naissance des éditions Le Four banal saluée par Christine Comet dans Sud Ouest

« La petite fille qui regardait le Bosphore», de Pierre-Michel March, est la première publication des éditions Le Four Banal.
© Crédit photo : C. C.
Après un parcours professionnel très riche au sein de grandes entreprises, en France comme à l’étranger, principalement axé sur le management de transition et la gestion de conflits d’entreprises, Pierre-Michel March avait créé il y a quelques années une première maison d’édition, spécialisée dans le livre numérique.
Projet sans doute prématuré, et sûrement à l’encontre des règles de la profession : un livre numérique, ou e-book, se vend seulement 20 % moins cher qu’un livre papier, alors que son coût de réalisation est bien moindre. Or, c’est à un prix de sortie qui lui semblait raisonnable que Pierre-Michel March souhaitait diffuser le livre numérique. De fait, il n’a pu trouver les appuis nécessaires.
Parallèlement et pendant près de vingt-cinq ans, Pierre-Michel March a écrit une histoire d’amour sulfureuse, entre sado et masochisme, une relation violente entre deux adultes consentants, qu’il décrit avec réalisme, une histoire d’amour qui se termine mal.
Comité de lecture
Au printemps 2021, il rencontre un ami déjà désireux de créer une maison d’édition, et qui lui propose de le publier. C’est ainsi que naît en août 2021 Le Four Banal, à Torxé. Naturellement, le premier ouvrage publié en octobre 2021 est ainsi « La petite fille qui regardait le Bosphore», de Pierre-Michel March, qui est le directeur de publication de la structure.
Grâce au travail de son attachée de presse, Guilaine Depis, l’auteur est invité au salon du livre de Monaco (16 et 17 avril 2022). La toute jeune maison d’édition a trois ouvrages en cours d’édition : « Le requiem de l’Horloge », thriller, de Mathieu Dangaix, « Des puces dans la coke », espionnage, d’Hervé Lehning et « Rivière joyeuse », roman dans la veine du réalisme magique, de Guillaume Renouard. Quatre manuscrits sont actuellement en comité de lecture. Composé à ce jour de cinq lecteurs bénévoles, de culture, goûts et niveaux différents, ce comité est appelé à s’étoffer sur candidature spontanée.