Christian Mégrelis était l’invité de France info (interview Victor Matet) samedi 5 mars à 21h10
https://www.france.tv/franceinfo/le-23h/3161289-emission-du-samedi-5-mars-2022.html
Guilaine Depis, attachée de presse (Balustrade)
Rampe de lancement ! Appuyez-vous sur la balustrade !
Christian Mégrelis était l’invité de France info (interview Victor Matet) samedi 5 mars à 21h10
https://www.france.tv/franceinfo/le-23h/3161289-emission-du-samedi-5-mars-2022.html
La substantifique moëlle de l’homme sans qualités est un ouvrage singulier au pays des œuvres contractées : François de Combret s’attèle à Robert Musil non pas en qualité d’universitaire spécialiste du Prix Nobel mais en lecteur authentique. Et il en offre un ouvrage des plus rigoureux. Le procédé est simple mais sa mise en œuvre complexe. Il consiste en une rhapsodie d’un admirable tissage, aussi méticuleux que sincère.
Afin de mettre en appétit tout hypothétique lecteur, le chef d’oeuvre autrichien de 1930, traduit par Philippe Jaccottet, est décortiqué pour extraire des plus de 2000 pages quelques 438 pages. Combret ne réécrit pas le texte, il le condense. Son humilité, évoquée dans une brève préface, le pousse à sélectionner les passages les plus remarquables : pourvu qu’ils illustrent le style de Musil, sa pensée ou l’avancée narrative. Aucun chapitre n’est éludé et plutôt que d’ignorer un passage en apparence peu significatif du fait de son hermétisme, Combret émaille le récit de ses lumières, il repère les difficultés et soulève les ambiguïtés avec des pistes de lectures à la clef. En effet, thématisant l’humour auctorial, la psychologie appliquée aux personnages et la critique sociale qui éclate en pleine ironie, il propose plusieurs points d’ancrage à toute lecture intelligente ; Combret s’attache particulièrement à la métaphore qui réunit tout cela chez Musil, poète génial et inflexible pour qui la langue joue à cache-cache avec l’éthique.
Au fur et à mesure de l’oeuvre, l’auteur déploie son analyse particulièrement sagace : il fait figurer l’avancement, ou plus exactement l’approfondissement de la singularité ontologique des personnages principaux. En quelque sorte, Combret conjure ici une des premières difficultés à laquelle se heurtent les lecteurs : il porte à la connaissance une galerie de personnages dont il ne cesse de retravailler les particularités qui s’intensifient au rythme du récit. Grâce aux incises et aux découpes ingénieuses de l’auteur, on saisit mieux les enjeux qui le nouent : qu’est-ce qu’un homme sans qualités ? Qui est cet homme sans qualités, Musil est-il si différent d’Ulrich – le personnage principal ? Comment les personnages dessinent, par leurs liens et comportements, le profil d’un auteur à l’œuvre inachevée ?
Défricher l’accès à Musil
La réussite du remaniement d’une oeuvre – tour de force ô combien périlleux – tient toujours à sa capacité à garder le champ libre, à dégager les significations possibles sans en obstruer aucune, aussi mouvantes soient-elles. Combret y parvient en proposant une hypothèse de lecture qui ne se fige pas : dans une constante suggestion, il signale les différents leitmotivs qui composent la trame de L’Homme sans qualités, dont il se dit d’ailleurs volontiers le « défricheur ». En tant qu’admirateur, l’auteur nous transmet un matériau à goûter, à contempler, à penser en définitive. François de Combret est un passeur sensible qui nous empêche de lire esseulé, il nous prend la main le long de cette drôle d’aventure, et contournant le chemin d’une lecture naïve, il nous fait apercevoir la source d’un émerveillement littéraire certain.
L’on pourrait reprocher à cet ouvrage un manque de fluidité dans la reconstitution du texte, or l’exercice de contraction, dans son souci permanent de la précision, ne peut faire l’économie de ce défaut qui n’est ici qu’une imperfection nécessaire et même souhaitable. D’autant que Musil lui-même est un chercheur de concision qui ne crie jamais « Eurêka ». Peu importe que le lecteur soit plus ou moins averti, il faut, pour lier les citations et ne pas sacrifier l’art de la nuance à la compréhension, des phrases succinctes, souvent sans verbe et aussi piquantes que les mots de Musil s’avèrent être. Tel est le parti pris de clarté que Combret se fixe : contre les saillies narratives qui viendraient supposément trahir la quintessence du texte, il réaffirme l’importance de chaque mot, effets et significations mêlés pour dire la beauté et la vérité des situations dramatiques.
Combret réaffirme l’importance de chaque mot, effets et significations mêlés pour dire la beauté et la vérité des situations dramatiques.
Lorsque le lecteur malicieux voudra faire l’expérience de lire en miroir le chapitre contracté et le chapitre correspondant dans l’oeuvre originale, crayon à la main, il s’apercevra sans doute qu’il souligne et annote des extraits déjà présents chez Combret, lequel échappe pourtant à l’écueil de constituer un simple recueil de citations. Même si le livre de Musil est un véritable répertoire d’adresses stylistiques, entre bons mots et formules édifiantes en dépit de son obscurité, Combret prend toujours soin de ne rien perdre de l’histoire. Il en conserve le squelette. Car la variation sur le thème de l’âme et de l’esprit ne peut avoir lieu que dans un contexte précis, historique et familial notamment, c’est pourquoi l’exigence de poser le cadre narratif est un impératif bien observé. Décorum et personnages sont les préliminaires à toute réflexion philosophique et anthropologique dont l’absence attenterait à l’intelligibilité, ici genèse de l’abstraction. Car notons enfin que l’un des multiples délices que représente la lecture de L’Homme sans qualités est contenu dans un incessant va-et-vient des tons.
En somme, l’entreprise de Combret relève d’une lumineuse honnêteté, elle ne répugne pas à affronter de nombreux obstacles et invite chaque lecteur à poursuivre cet effort ; j’en veux pour preuve la remotivation de l’expression choisie pour titre : à l’instar de Rabelais dans son Gargantua, l’auteur donne du corps à la métaphore de la moëlle osseuse et affirme par là même l’immense et très spirituel humour de Musil. François de Combret, après avoir écrit Le Bréviaire de la Recherche du temps perdu, s’attaque avec courage à pareille littérature et salue une fois de plus un autre vertigineux poète du XXème siècle.
Margaux Catalayoud
Retrouvez Brigitte Lahaie du lundi au vendredi de 14h à 16h sur Sud Radio. Tous les jours, les conseils de ses invités, experts de l’amour et du couple, vous permettront d’en apprendre un peu plus sur vous, votre partenaire et les avancées en matière de sexualité. Et bien sûr tous les jours une Sexy News viendra améliorer votre cul-ture et Brigitte recevra vos témoignages en libre antenne !
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Jeudi 3 Mars : Christophe HAAG – Développer sa chance
Il est professeur HDR, conférencier et auteur de « La contagion émotionnelle, la repérer, l’apprivoiser, s’en protéger » – Éditions Albin Michel.
Comment développer sa chance en amour ? Pourquoi certains semblent avoir de la chance et d’autres pas ? Y a-t-il une prédisposition dans l’enfance ?
2ème Invité : Emmanuel JAFFELIN, philosophe, écrivain, auteur de plusieurs ouvrages dont « Célébrations du Bonheur » – Éditions Michel Laffon.
Et la Sexy News de TRINIDAD
Revoir l’émission TV5 Monde du 2 mars 2022
Revoir l’émission CNEWS du 28 février 2022 avec Christian Mégrelis (23h à 0h50)
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Lettre ouverte au Président Vladimir Poutine par Christian Mégrelis qui l’a connu il y a 30 ans
Le 2 mars 2022
Au Président Vladimir Poutine. Lettre ouverte
Cher Vladimir Vladimirovitch,
Voilà trente ans que nous nous sommes rencontrés pour la première fois à la mairie de Léningrad, fraîchement rebaptisée Saint Petersbourg. Vous développiez un Comité international pour la renaissance de Saint Petersbourg et m’aviez aimablement proposé d’y participer. Votre premier adhérent était le Prix Nobel d’économie Wassily Leontief, personnalité hors du commun, que j’ai donc connu grâce à vous. Nous avons évidemment discuté de la perestroïka de Mickael Gorbatchev dont j’assurais la promotion en Europe, et de l’avenir de l’Union soviétique qui vivait ses derniers mois. Les élections des maires de Moscou et de Saint Petersbourg au scrutin libre étaient une bonne perspective pour l’établissement de la démocratie en URSS.
Ce premier contact m’est revenu à l’esprit en cette période de guerre européenne qui a été comme un cavalier de l’Apocalypse surgissant dans la paix générale. Je n’ai aucune compétence pour savoir qui a raison et qui a tort dans la vieille querelle entre la Russie et l’Ukraine qui traine depuis 30 ans. L’épisode de la Crimée m’a paru secondaire puisque cette péninsule a été conquise par la Russie sur la Turquie et que sa donation à l’Ukraine, signée par Nikita Khrouchtchev, s’est faite sans consultation de la population. Les territoires russophones d’Ukraine s’accommodaient alors de la tutelle ukrainienne mais les choses ont changé.
Bref ce qui me préoccupe est l’avenir de deux peuples que je connais bien et que j’aime beaucoup : les Russes et les Ukrainiens. Chez aucun de mes amis des deux côtés de ce qui était voici encore une semaine une frontière je ne décèle la moindre animosité. Par contre, je constate une désespérance universelle et la certitude qu’il n’y aura, au bout de cette aventure militaire, que des pleurs et des grincements de dents dont la Terre entière risque de vous tenir pour responsable.
A nos âges, Vladimir Vladimirovitch, vous, maître du monde et moi heureux grand-père, que pouvons nous espérer d’autre que de laisser un bon souvenir ? Voilà un langage que j’ai tenu à d’autres chefs d’Etat. Certains ne l’ont pas écouté et sont morts en le regrettant. J’espère que vous y penserez au milieu des mille difficultés que vous rencontrez à chaque instant.
Après la renaissance de Saint Petersbourg qui nous a réunis, il faut aujourd’hui penser à la renaissance de la Russie qui va être le chantier du siècle pour lequel la planète entière est prête à participer dès que les troubles en Ukraine seront apaisés. J’espère vivement que, comme tous les Russes, vous y pensez.
Veuillez agréer, cher Président, l’expression de ma haute considération.
Christian Mégrelis, auteur de « Le naufrages de l’Union soviétique – choses vues »
L’auteur : Christian Mégrelis : X, HEC, Sciences-Po, est chef d’entreprises, essayiste et écrivain. Après quelques années au Ministère de la Défense, il s’oriente vers une carrière internationale. Il crée sa start-up en 1970. Tourné vers les marchés internationaux, son groupe, installé en Russie depuis 1989, intervient sur tous les continents pour étudier et construire des projets industriels et d’infrastructures. Auteur de plusieurs ouvrages publiés aux Etats-Unis, en France et en Asie sur la géopolitique, les relations internationales, et le christianisme. Son ouvrage Keys for the future, publié en 1981 aux Etats-Unis, anticipait déjà la fin de l’URSS.
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