« L’extase musicale se mêle à l’amour naissant » par le Bayreuthien François Martini sur Critiques Libres

https://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/56536?fbclid=IwAR2qICk9HMJzch5jzfP1oaucckXkI1HTevdktL75GsUKF4DsZtZARqUsyG8

Amours festives



En 1978, la jeune Domitille obtient enfin une série de billets pour le festival de Bayreuth. « On va à Bayreuth comme on veut, à pied, à cheval, en voiture, à bicyclette, en chemin de fer, et le vrai pèlerin devrait y aller à genoux. Mais la voie la plus pratique, au moins pour les Français, c’est le chemin de fer. » a écrit Albert Lavignac. Domitille se rend donc à Bayreuth en train. En guise de prologue, elle nous fait voir Heidelberg à l’aube, c’est comme un rituel de plongée dans le monde germanique.



Mais, voilà… en 1978, on ne va pas à Bayreuth tant pour écouter Wagner que pour admirer les audaces de Patrice Chéreau. Et puis, c’est les vacances. Bayreuth est un festival autant qu’un pèlerinage. On monte au théâtre, qui est sur la colline, on entre au rappel des trompettes, on s’encanaille à la saucisse à l’entr’acte, et tout un rituel se déroule sur une semaine, avec ses soirées de spectacle et ses jours sans.



Les aficionados de Bayreuth sont une gentille secte un peu frappadingue, mais très distinguée. On y retrouve quelques artistes, dont un chef d’orchestre ami, sa femme, et Domitille joue à la souris avec un grand chat qui n’est autre qu’un écrivain célèbre qui, d’ailleurs, plus tard écrira un beau roman sur, justement, le festival de Bayreuth au temps de Chéreau.



La Défense d’aimer (le titre est celui d’un opéra de jeunesse de Wagner, qu’on ne joue justement pas à Bayreuth) est un récit tout simple et charmant d’une amourette estivale que notre jeune voyageuse vit pendant ces quelques jours de folie festivalière. Elle résiste, l’écrivain la séduit, elle ne résiste plus, nous visitons Bayreuth et les environs en leur compagnie. L’extase musicale se mêle à l’amour naissant, nous sommes en plein romantisme ; les amis prennent des noms de héros wagnériens, ce qui forme des couples étranges, qui n’existent pas dans l’opéra.



Ayant été moi-même au festival de Bayreuth, je ne sais pas trop si l’auteur n’a pas négligé le lecteur ignorant des rituels wagnériens. Mais c’est dépaysant. Le seul anticonformisme vient de la mise en scène de Chéreau, qui resta comme un évènement important de l’histoire du théâtre des festivals et de la mise en scène d’opéra. Comme les amours de vacances ne doivent pas durer, chacun le sait, l’aventure s’achève à la fin de la série de représentations. Il ne nous reste plus qu’à lire Salue pour moi le monde, le roman que Pierre-Jean Rémy écrivit autour de la Tétralogie « de Chéreau », comme l’on dit, oubliant Wagner.



Un beau récit, qui ravira les bayreuthiens et les autres.

Valérie Fauchet face à Bob pour l’émission télé sur BTLV : 45 minutes sur les mystères de l’Univers…

« Une voyante passe aux aveux » avec Valérie Fauchet

Bob Bellanca reçoit Valérie Fauchet (médium) pour son livre « Une voyante passe aux aveux ».Émission complète à retrouver dès maintenant sur btlv.fr : https://www.btlv.fr/une-voyante-passe-aux-aveux-valerie-replay.html

Publiée par Btlv, le média complémentaire sur Mardi 22 octobre 2019

Le Wagnérien Jérôme Bimbenet ouvre le bal des critiques de « La Défense d’aimer »

LA DEFENSE D’AIMER

Quiconque fait le pèlerinage à Bayreuth part en quête de lui-même.

Le joli roman de Domitille Marbeau Funck-Brentano nous emmène dans le sillage d’une jeune femme qui part accomplir son rêve de toujours, assister aux représentations de la Tétralogie de Wagner, L’anneau du Nibelung, à Bayreuth, temple du culte wagnérien. Ce qui pourrait n’être qu’un récit qui nous conte les représentations des 4 opéras et le séjour à Bayreuth devient vite une quête où la jeune femme –l’auteur à l’évidence puisque ce roman est très inspiré de son propre voyage- entre en elle-même et fait le point sur sa vie. Bayreuth devient alors le lieu d’une belle histoire d’amour. Notre « héroïne » rencontre cet « écrivain de talent » dont le charme, écrit-elle, ne l’a jamais vraiment touché. Pourtant, est-ce la magie du lieu, est-ce la musique transcendante du Ring, le charme opère et Bayreuth devient l’écrin d’une passion simple et tourmentée. Une passion où l’interrogation, le doute, l’hésitation se mêlent pour aboutir à l’ultime folie : La voilà « déstabilisée », « troublée » en proie à une exaltation toute wagnérienne qui pousse les sentiments à l’extrême. Et si cette passion à la fois simple et absolue se tend vers l’infini, se doit-elle de finir comme celle des amants dans les opéras de Wagner ? Ce roman est écrit comme une partition musicale et on est happé par cette histoire que viennent rythmer les quatre opéras du Ring. Qui plus est il s’agit du Ring historique Boulez-Chéreau et ses trois-quarts d’heures d’ovation debout pour la Walkyrie. C’est pourtant le philtre d’amour de Tristan qui opère dans cette Défense d’aimer, titre donné en hommage au deuxième opéra de Wagner. Défense d’aimer peut-être mais avec quelle passion ! Lisez ce beau livre dans lequel les wagnériens habitués de Bayreuth se reconnaîtront mais où le profane saura succomber à cette belle histoire musicale et amoureuse !

La Défense d’aimer, Domitille Marbeau Funck-Brentano, préface de Jean-Claude Casadesus, éditions L’Harmattan, collection Amarante, 2019.

Féminin Bio est le premier média à présenter la Gymnosophe Anne Bouillon

LES QUATRE PRINCIPES DE LA GYMNOSOPHIE, LA « SAGESSE DE LA GYMNASTIQUE »

Publié le 12 octobre 2019
Anne est une ancienne professeure de philosophie et auteure de « Gilles Deleuze et Antonin Artaud, l’impossibilité de penser », L’Harmattan, Paris, 2016. Reconvertie en professeure de yoga, qui étend l’enseignement de la philosophie à celui de la pratique du yoga, elle anime le site lagymnosophe.com.
La gymnosophie vous donnera des clefs et des outils pour forger votre horizon de pensée et de compréhension de vous-même.
La gymnosophie vous donnera des clefs et des outils pour forger votre horizon de pensée et de compréhension de vous-même.
© Anne Bouillon
 Avec la démocratisation du yoga en Occident ces dernières années, l’approche spirituelle de la pratique s’est peu à peu atténuée afin de toucher un public large. La gymnosophie permet de retrouver cette spiritualité perdue à travers la théorie des grands philosophes et la pratique du yoga.

Qu’y a-t-il de commun entre la philosophie et le yoga ? À première vue, pas grand-chose. La philosophie serait une discipline de l’esprit, le yoga une pratique physique. Les intellos d’un côté, les athlètes de l’autre, les philosophes à la bibliothèque, les yogis à la salle de gym !

Et pourtant, le yoga apporte quelque chose de plus qu’un sport. Ce plus, ce supplément d’âme, n’est autre que son aura philosophique. Yoga et philosophie entretiennent des liens intimes et prennent en charge les mêmes problèmes humains, dont le premier et pas le moindre est d’abord la connaissance de soi-même.

« Connais-toi toi-même ! », Socrate

C’est pourquoi on s’offre vraiment un temps pour soi, on revient authentiquement à soi-même pendant une classe de gymnosophie. Philosophie et yoga donnent du sens à la vie et permettent de prodigieuses transformations tant physiques que spirituelles. Les postures du yoga, cela n’est pas toujours connu, ne sont qu’un moment du yoga. Lire les textes philosophiques, se les approprier, les questionner, élaborer sa propre pensée, en fait aussi partie. Avec les sages et philosophes, osons observer les paradoxes et explorer les chemins qu’ils ouvrent.

À partir de cela, vous pourrez élaborer votre propre rituel philosophique et choisir des citations qui vous touchent particulièrement comme support pour vous concentrer. En cela, la « classe » de gymnosophie vous donnera des clefs, des outils, des réponses, pour forger votre horizon de pensée et de compréhension de vous-même.

Dans un espace joyeux et décomplexé, la classe commence par la présentation d’un problème ou d’un paradoxe, comme une courte leçon. Par exemple, on me demande souvent comment passer du corps à l’esprit et de l’esprit au corps. Voilà une immense question métaphysique comprise par le yoga et la philosophie, qui définit le deuxième principe de la gymnosophie :

La gymnosophie rétablit l’équilibre entre le corps et l’esprit

En métaphysiciens qui s’ignorent parce que pris dans nos vies trépidantes, tout se passe comme si nous étions en train de chercher des passages entre deux maisons, l’une étant celle de l’esprit, l’autre étant celle du corps. Ces passages, ces chemins, constituent le nœud de la métaphysique occidentale, qui aura forgé notre vision du monde et nos modes de vie. Platon disait que le but de la philosophie était l’équilibre entre corps et âme, sagesse empruntée explicitement aux gymnosophes. Il est manifeste qu’aujourd’hui, nous en ayons plus que jamais besoin.

C’est alors que, suite à l’aspect théorique, dans un deuxième temps, la pratique du yoga, vient faire vivre les questions et que nous nous redécouvrons selon ce troisième principe :

« Corps je suis tout entier », Nietzsche

À partir de la pratique physique du yoga, nous allons du plus apparent, du plus grossier, vers le plus subtil, afin d’appréhender les possibilités inattendues de notre propre corps. Ici, nous nous apercevons que si nous sommes parfois ignorants de nous-mêmes et que cela peut être source de souffrance, d’erreurs, de mauvaises rencontres, d’insatisfaction à exister, et de ce sentiment d’être comme bloqué dans une impasse, nous ne connaissons pas mieux notre propre corps ! Or le corps détient une sagesse, une pensée, que nous méconnaissons. Comme l’a écrit Spinoza, « ce que peut le Corps, personne jusqu’à présent ne l’a déterminé, […] ce qui montre assez que le corps lui-même peut bien des choses qui font l’admiration de son Esprit. » Et c’est là le quatrième principe de la gymnosophie :

Corps et esprit s’aiment sans se discriminer dans la joie de l’instant présent

Après la relaxation, un temps est dédié sans jugement et dans la bonne humeur aux questions et aux réponses, constituant la synthèse résolue de la classe du jour. Toutes les questions sont bienvenues, sans connaissances pré-requises, qu’elles portent sur la théorie ou la pratique, ou sur les impressions les plus personnelles, une expérience à partager. Une chose paraît certaine, comme Socrate, nous savons que nous ne savons rien, de quoi chasser la gravité et l’esprit de sérieux pour libérer la parole. Ensuite, la vie active peut reprendre son cours dans la détente et le renouveau.

Les gymnosophes ont beaucoup à nous apprendre. Tous les problèmes nouveaux sont en réalité très anciens : yogis, philosophes, penseurs, et sages les ont portés pour nous. C’est avec eux que je vous invite à venir vous retrouver, vous ressourcer et découvrir en vous-même votre part sacrée.

Anne Bouillon, professeur de yoga et docteur en philosophie.
annegymnosophe@gmail.com
Retrouvez-moi sur Facebook, Instagram
lagymnosophe.com (à partir de novembre 2019)

Un bonheur de lecture, pimenté par les intrigues de cour » pour Argoul (sur Philip KAYNE)

Philip Kayne, Les conquérants d’Aton 1

1358 ans avant notre ère chrétienne, le quatrième Amenhotep est fait pharaon avant de changer son nom en Akhenaton (Bénéfique à Aton) en l’an VI de son règne. Il s’est marié par amour à Néfertiti (La Belle est venue), malgré son père et malgré les traditions qui voulaient que la promise de son frère aîné lui soit dévolue. Or Thoutmosis est mort des suites de blessures d’un lion, lors d’une chasse au désert avec son frère. Les deux s’aimaient fort mais l’aîné n’était pas destiné à ceindre la double couronne. C’est donc Khétarâ, le cadet, plus spirituel, qui va prendre les rênes de l’empire avant ses 16 ans.

Il est disciple d’Aton, le dieu unique représenté par le soleil, et a pour adversaire résolu les prêtres du culte d’Amon, dieu traditionnel de l’Egypte et qui prend de multiples formes. Khétarâ va imposer le culte d’Aton et devenir Akhenaton, transmettant à sa mort la double couronne au fils qu’il a eu d’une sixième concubine : Toutânkhaton, 9 ans. L’auteur fait du futur Toutankhamon le fils même tant désiré de Néfertiti, mais la reine n’a semble-il eu que des filles. A 12 ans, le gamin déjà marié depuis trois ans, prendra le nom de Toutankhamon par retour aux traditions. Son père Amenhotep IV est en effet mort vers 33 ans nul ne sait de quoi ; l’auteur évoque une crise cardiaque. C’est bien solliciter l’histoire.

Philip Kayne, Belge et éclectique, a fait des études d’histoire classique avant d’aborder les civilisations du Moyen-Orient. Il se passionne pour l’Egypte dans laquelle il découvre les Origines du monothéisme, à la suite d’un certains nombres d’égyptologues et de Freud lui-même, sans compter les ésotéristes. C’est pourquoi le roman est « préfacé par Roger Sabbah », dont l’auteur me pardonnera de n’avoir pas su qui il est. Disons pour résumer que Roger Sabbah s’intéresse à l’histoire du Proche-Orient ancien et qu’il épouse une vision particulière de la Bible et des Juifs. Ces derniers seraient des Egyptiens chassés de la vallée du Nil lors de l’Exode sous l’égide d’un prince juif, Moïse, et partis s’établir en Palestine. Tout cela parce qu’ils pratiquaient le culte du dieu unique et non le polythéisme traditionnel. Abraham serait même l’autre nom d’Akhenaton, AbRâAmon et Israël AïSaRâAï… Ce ne sont que des hypothèses, déclinées sous des titres à sensation tels que Le secret des Juifs, Les secrets de l’Exode, Le pharaon juif, Les secrets de la Bible, Le secret du 3ème millénaire – la terre des pharaons était la terre d’Israël… Les éléments archéologiques ou les textes égyptiens n’apportent aucune preuve tangible de ce rêve unificateur juif, des religions à la psychanalyse, en passant par une obscure ésotériste nazie, Savitri Devi. Les pensées totalisantes ramènent à elles tout le progrès humain, les chrétiens avant-hier, les Aryens hier comme les communistes interprétés par Marx et Engels, les Juifs avec Sabbah.

Malgré ce biais un brin fantasque et son parti-pris idéologique, le roman de Philip Kayne s’attache à évoquer la vie quotidienne de pharaon, sa jeunesse et son amour pour Néfertiti, son accession au trône. Il donne de la chair et du cœur au récit historique, nous rendant les personnages attachants. Il s’ingénie surtout à nous montrer la sensualité très naturelle des Egyptiens antiques, baignés par un climat doux dans une nature soumise au rythme saisonnier du fleuve. Les amoureux sont « toujours main dans la main, à [se] bécoter, à échanger des serments ou de secrets, peut-être ? Et tout cela, souvent peu vêtus (… voire à) se balader entièrement nus » p.114. L’initiation sexuelle commençait tôt en Egypte ancienne et Khétarâ a déjà un enfant d’une union avec une concubine avant ses 13 ou 14 ans, le prince Sémenkarâ. Néfertiti l’affole, caressant sa peau nue, frottant son pubis contre le sien, plaquant ses seins durcis par le désir sur sa poitrine. Il défait vite son pagne et la robe quasi transparente de sa compagne avant de rouler derrière un buisson pour l’étreindre, à même la terre, et faire jaillir la vie comme l’eau du Nil féconde les champs.

C’est donc un bonheur de lecture, pimenté par les intrigues de cour du grand prêtre d’Amon appelé ironiquement Aânen et la perpétuelle adversité des tenants des anciens cultes qui essaient de tuer le pharaon hérétique tout en détournant à leur profit clérical une partie de l’impôt royal.

Mais une question vient : comment un tel naturalisme du plaisir, qui se manifestera dans l’art amarnien, se transformera-t-il du tout au tout en rigorisme puritain, physique, affectif et moral une fois la Bible établie ? Le monothéisme conduit-il au fanatisme par croyance de détenir la seule Vérité ? Tant la religion juive sous Moïse que la chrétienne avec Paul et la musulmane avec Mahomet récusent la chair au profit de la prière, et l’amour physique au profit du seul digne : l’amour éthéré du Dieu unique et jaloux qui commande tout.

Philip Kayne, Les conquérants d’Aton – tome 1 : La part de vérité, 2019, éditions Baudelaire, 429 pages, €22.00

Attachée de presse BALUSTRADE : Guilaine Depis, 06 84 36 31 85 guilaine_depis@yahoo.com