Chronique littéraire. « Leibowitz ou l’absence de Dieu » de Daniel Horowitz
L’auteur est né en Suisse où ses parents s’étaient réfugiés pour fuir les nazis. Il est rentré ensuite à Anvers où il a travaillé jusqu’à sa retraite dans l’industrie diamantaire avant d’émigrer à 60 ans en Israël. Son dernier livre évoque la figure singulière de Yeshayahu Leibowitz qui fut l’un des penseurs juifs les plus remarquables du XX ième siècle. M. Leibowitz est né à Riga en Lettonie en 1903 et est mort en 1994 à Jérusalem.
Il a commencé ses études en 1919 à Berlin où il a obtenu en 1924 un doctorat de chimie et un autre de philosophie. Il décroche ensuite en 1934 un doctorat de médecine avant d’émigrer la même année en Palestine où il enseigna la chimie organique, la biochimie et la neuropsychologie à l’université hébraïque de Jérusalem jusqu’à sa retraite en 1973.Il est connu pour des travaux sur la physique quantique. Après sa retraite il continua à enseigner la philosophie. Il fut aussi rédacteur de l’Encyclopédia Hebraïca pour laquelle il rédigea de nombreux articles tant scientifiques que philosophiques ou religieux. Ses prises de position contre l’occupation de la Cisjordanie, en faveur des objecteurs de conscience et sa déclaration en pleine invasion du Liban en 1982, dans laquelle il dénonçait l’existence d’une mentalité « judéo-nazie » lui valurent de solides inimitiés.
Quand il reçut le prix Israël en 1992 le Premier ministre de l’époque Yitzhak Rabin refusa de participer à la cérémonie de remise du prix. Pour autant, M. Leibowitz s’est toujours montré un fervent partisan du sionisme et du droit pour les Juifs d’émigrer en Israël. Il fut officier dans la Haganah pendant la guerre d’indépendance de 1948.
Le livre présente principalement la position de M. Leibowitz sur le rapport qui doit exister entre les hommes et Dieu. Sa pensée est fort complexe, mais on peut en première analyse estimer que M. Leibowitz est athée, car par rationalisme il exclut toute intervention divine dans la Nature et dans l’Histoire. Il est le premier penseur du judaïsme à appeler explicitement à renoncer à l’illusion de démontrer l’existence de Dieu. De même, il estime que la scène sur le Sinaï ou Jéhovah aurait donné les tables de la loi à Moïse ne se peut se concevoir que comme une allégorie. Pour lui la Torah n’est pas sainte car écrite par une main humaine. Il en est de même pour le mur des Lamentations.
Cela posé, M. Leibowitz est un commentateur pertinent et un disciple du grand penseur juif du XII ième siècle Maïmonide, même si son interprétation du judaïsme diffère quelque peu de la sienne. Et paradoxalement, alors que M. Leibowitz affirme que Dieu est hors de ce monde, il préconise le respect des dix commandements et des lois particulières juives, même s’il est partisan de les adapter au monde moderne notamment en ce qui concerne le rôle de la femme.
Le livre de M. Horowitz ravira ceux qui, chrétiens, juifs ou musulmans essayent de comprendre les rapports entre les hommes et Dieu si tant est que celui-ci existe. Il présente clairement une pensée complexe et puissante d’un penseur original, digne continuateur de Spinoza et Maïmonide.
Christian de Moliner
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Toute la première partie de ce récit concerne les mésaventures familiales, et nous plongeons en apnée dans le monde de cette Mitropa si complexe aux confins de la Roumanie menacée par l’Union soviétique. C’est tout un autre monde, souvent évoqué par Stefan Zweig, aux habitants talentueux et courageux, car dans toutes les bonnes familles on apprend la littérature, la musique et tant d’autres choses. Alors que leur monde s’écroule, ils parviennent in extremis à rejoindre l’Occident encore épargné, mais plus pour longtemps. Nous découvrons l’infinie débrouillardise de ces fugitifs sans cesse menacés.
On pourrait craindre que passer des tribulations d’une famille en détresse à la construction d’un centre de traitement de l’obésité serait l’occasion d’une baisse de la densité du récit. Il n’en est rien. Sophie – qui n’est pas encore Reverdi – sait compliquer son existence au-delà du pensable et c’est, on reconnaît là l’Europe centrale, en tout compliquant qu’elle saute tous les obstacles.
Dans son essai, À l’origine des sensations, des émotions et de la raison – sous-titré « J’aime donc je suis » – l’ex-urologue Guy Vallancien nous éclaire d’une lumière qui n’est pas exclusivement scientifique ou médicale. Le médecin nous parle des hommes comme un homme. Il troque son costume de clinicien pour celui du philosophe.
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Ainsi qu’on peut l’observer depuis les élargissements successifs de l’Union européenne à des pays d’Europe orientale et centrale jadis soumis au joug soviétique et libérés depuis la chute du Mur de Berlin et de l’ex-URSS, l’Europe est loin d’être réunifiée. Plus que jamais, un double rideau de fer géopolitique, idéologique, sociologique et historique divise les pays du Continent européen: tout d’abord la « ligne de front civilisationnelle » (pour paraphraser Samuel Huntington) qui sépare et souvent oppose, l’Europe atlantiste-occidentale et la Russie, et ensuite la ligne de haute tension qui oppose politiquement et sépare psychologiquement les pays de l’Europe orientale et centrale (entrés dans l’UE depuis 2004, marqués par le populisme « illibéral » à la Orban), attachés à leur identité chrétienne et marqués par un fort anti-communisme, et, de l’autre côté, une Europe de l’Ouest historique engluée dans son politiquement correct, hostile à l’identité assimilée aux vieux démons. Malgré ce constat, force est de reconnaître que les lignes bougent. Alexandre del Valle a rencontré pour s’en convaincre l’écrivain, publiciste et stratège franco-russo-hongrois Youri Fedotoff, fin observateur géopolitique qui incarne par ses origines ces divisions continentales et qui vient de publier un roman épique (« Le Testament du Tsar, Chaos 1917-1945″*), où la fiction et le fait historique se conjuguent pour nous offrir un éclairage historique d’Est en Ouest aux origines de l’Europe orientale contemporaine.
Alexandre Del Valle : Dans votre roman, saga épique qui se déroule sur trois continents, et qui traverse une révolution puis deux guerres mondiales, la fiction et le fait historique se conjuguent et les personnages dont nous suivons les aventures paraissent servir un véritable éclairage historique concernant une Europe orientale encore très mal connue de l’Occident. Dans votre roman géohistorique, conservateurs, libéraux et révolutionnaires incarnés par les familles Trepchine, de Villeneuve et Boulganov, s’affrontent tout au long de cette période tragique du début du XXe siècle. Quelle est l’originalité de votre point de vue d’Est en Ouest ?
ADL : Pourtant, vos personnages sont des incarnations idéologiques puissantes ?
ADL : En 1939, votre héros Michel Trepchine rencontre un personnage à Paris qui ressemble fort à Arthur Koestler.
Parution le 14 novembre 2019 de


Émeric Lebreton a été pendant longtemps enseignant-chercheur auprès de grandes écoles (Audencia de Nantes, École des Ponts). Il a fondé ensuite un réseau de cabinet de conseil qui accompagnent les salariés, les entreprises et les administrations dans les domaines de l’orientation, de l’emploi ou de la formation. Il a écrit un livre clair et accessible sur un sujet fondamental : la révolution des 