Emmanuel Jaffelin invité de Brigitte Lahaie sur Sud Radio

Brigitte Lahaie, le programme de la semaine

Retrouvez Brigitte Lahaie du lundi au vendredi de 14h à 16h sur Sud Radio. Tous les jours, les conseils de ses invités, experts de l’amour et du couple, vous permettront d’en apprendre un peu plus sur vous, votre partenaire et les avancées en matière de sexualité. Et bien sûr tous les jours une Sexy News viendra améliorer votre cul-ture et Brigitte recevra vos témoignages en libre antenne !

Brigitte Lahaie
Tous les jours de 14h à 16h sur Sud Radio

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Sexo, psycho, amour, plaisir, cette semaine au micro de Brigitte Lahaie

Jeudi 3 Mars : Christophe HAAG – Développer sa chance

Il est professeur HDR, conférencier et auteur de « La contagion émotionnelle, la repérer, l’apprivoiser, s’en protéger » – Éditions Albin Michel.

Comment développer sa chance en amour ? Pourquoi certains semblent avoir de la chance et d’autres pas ? Y a-t-il une prédisposition dans l’enfance ?

2ème Invité : Emmanuel JAFFELIN, philosophe, écrivain, auteur de plusieurs ouvrages dont « Célébrations du Bonheur » – Éditions Michel Laffon.

Et la Sexy News de TRINIDAD

« très original et agréable à lire » (à propos du « Diable est une femme » de Gérald Wittock par Sophie Rey)

LE DIABLE EST UNE FEMME / GÉRALD WITTOCK

Le Diable est une femme
Photo de l'auteur

« I’m a bitch, I’m a lover, I’m a child, I’m a mother, I’m a sinner, I’m a saint, and I do not feel ashamed.

I’m your hell, I’m your dream, I’m nothing in between.

You know you wouldn’t want it any other way.” ( Bitch par Meredith Brooks).

Le diable est une femme, le roman en quatre nouvelles de Gérald Wittock est une oeuvre qui part à la recherche des femmes. L’ambition de l’auteur est immense puisqu’à travers ses personnages, héros et antihéros, saintes ou perverses, c’est la description d’un monde violent et décalé dans lequel le genre féminin est mis à l’honneur.

La plume tantôt humoristique² tantôt mélancolique est au service de cet univers surprenant ; Gérald ne manque pas d’imagination, ni de références musicales.

Acte un :L’amour ne dure que sept villes.

Tout commence à Rome le  27 septembre 1966, le jour de la naissance de Gérald, nouveau né d’origine italo belge.

Avec beaucoup d’humour, celui-ci raconte sa propre naissance « J’ai cru étouffer. Non pas à cause de la chaleur romaine. Mais bien à cause de mon corps qui traînait à suivre mes pieds dans le tunnel de ma Grâce (sa mère, ndlr). J’ai mis un long moment avant de hurler. (…) Vous avez déjà essayé de hurler la tête en bas? P18 »

 Chez Gérald, on crie, on pleure, on rit, on se prend dans les bras et on fait des grands gestes, c’est l’Italie, tout va très vite. L’écriture se fait joyeuse et rythmée.

Le petit Gérald grandi et développe un strabisme convergeant très handicapant qui le conduira à subir de nombreuses chirurgies. Malgré cela, il est un enfant joyeux et bourré d’imagination, passionné de cinéma.

L’aéroport est un décor d’un film, l’avion une maquette, le vol est tourné en studio.

« Si bien que j’ai fini par trouver. La réalité est si simple que j’en avais oublié d’être clairvoyant : cela se passe toujours dans des méga studios, appelé communément « aéroport ». Des techniciens spécialistes de la vidéo, projettent des images sur les hublots, par un système de lampes LED et infrarouges. Le tout orchestré depuis la tour de contrôle, par un wifi surpuissant. P36 »

 A 6 ans sa famille s’installe à Bruxelles, c’est la douce vie de famille avec ses frères cousins et cousines. Mais survient un accident de voiture qui laissera la maman défigurée et à jamais traumatisée.

L’enfant, privé de sa mère chérie perd son innocence et portera toute sa vie la charge de cette souffrance. «Quant à moi la privation de l’amour quotidien de ma maman va chambouler mes rapports affectifs avec les autres. Toute ma vie je chercherai à plaire à tout le monde. A me faire aimer de tous. Et à me jeter dans les bras de la première venue. P46 »

Devenu adolescent il est envoyé en pension. L’expérience est insupportable. Dépression, pensée noire sont maintenant le lot de Gérald. Heureusement il y a la musique et Raphaël, l’ami de pensionnat.

Gerald devenu Gerry découvre Honolulu pour les vacances. Il  surfe avec les Brice de Nice locaux.

Et puis il y a les filles dont on tombe amoureux et que l’on veut séduire.

« Quelle clairvoyance ! Quelle ingéniosité, Demander du feu à une sirène alors qu’elle est assise sur un rocher, au milieu des vagues. (…) Quel con ! Mais quel con ! Je n’aurais pas pu sortir autre chose ?  Du genre : vous êtes la plus jolie cascade de cheveux sauvages qui domptent tous les lions des Flandres. » P 102

 Le lecteur sourit toujours, rit aussi et est souvent touché par le style qui oscille entre tendresse et poésie.

Après une peine de cœur et un bref passage à Angers, Gérald a maintenant vingt-sept ans et s’installe à Paris en 1994.

Il devient père, travaille dans une entreprise de conception de cuisine haut de gamme. La vie suit son cour, le mariage se délite. Heureusement il y a les copains. Ambiance « Le cœur des hommes. Marc Esposito. 2003.

Et encore et toujours la musique.

Reconversion professionnelle dans la production musicale. Le succès arrive finalement.

Eva qui demande le divorce se révèle être cruelle et sans pitié. La scène est glaçante. « Et la, en même temps que mes enfants, j’apprends cette terrible nouvelle qui nous glace le sang. Je vois les visages de Victor, Marine et Alessia se décomposer un à un.

Et je sens les larmes me monter aux yeux. Je les ferme et me concentre pour chasser cette fontaine prête à jaillir.  J’avale et ravale la salive, pour ne pas nouer complètement ma gorge. Et je détourne la tête de  mes petits, sur la droite, vers la porte. P168 »

 Janvier 2003, installation à Londres, puis 2004 Miami. Gerry à 37 ans.

Serait-ce à cause du traumatisme jamais guéri de l’absence de sa mère, ou alors les déceptions amoureuse, ou encore la méchanceté d’Eva ? Il n’empêche que Gérald souffre et est en colère contre les femmes. « A quoi reconnaît-on une salope ? (…) Elle te fait vite croire que tu l’as mise en cloque. Te soutire du fric pour soi disant avorter (…) Elle te casse en veillant bien à te plumer (…) Le degré d’atteinte se mesure par l’avancement de la calvitie. C’est logique, puisque la salope déplume. P182 »

 2010, 44 ans installation à Marseille.

Gerald retrouve Hélène, ils s’aiment, s’installent ensemble, la vie redevient belle. Pressé de la rejoindre, il fonce armé de sa Vespa, frôle la mort, mais s’en sort grâce à une prière promesse faite à son père.

« Si je m’en tire, c’est promis papa, Je prendrai un job par lequel je ferai du bien ! P195 »

 Il veut honorer sa promesse et cherche un travail qui lui permettrait de faire du bien aux gens.

Par chance un fabricant de sextoy cherche un commercial, le job rêvé !

« La société Lovely Planet, et son génial créateur, Nicolas Busnel, cherchent un directeur commercial. Pour évangéliser toutes les chaumières de France en y introduisant des sextoys. Enfin ! Mon destin va pouvoir se concrétiser. Je vais faire du bien aux gens. P 198 »

 Epilogue à New York.

Bouquet final baroque et provocateur comme du Charlie Hebdo soft et qui nous renvoie aux comédies musicales telles sister act ou Hair.

«  On y voit un curé blanc, vêtu de sa longue robe noire en négatif, brandir comme crucifix le vibromasseur dernier cri, rose fluo et en forme de croix, avec ses glands au quatre extrémités, qui peuvent stimuler jusqu’à quatre partenaires en même temps P.201. »

 

Acte deux. L’Art Monica.

C’est l’histoire de Mohamed, 9 ans et de Petru 10 ans.

Tous deux marseillais des cités Mo est musulman, Petru issu d’une famille roumaine orthodoxe est lui converti à l’Islam. Leurs mères sont amies et tapinent ensembles, la vie est dure. Ils grandissent dans l’ultra violence et l’insécurité, c’est la France Orange mécanique.

Les deux gamins ne se quittent pas, ils grandissent et Petru ne se sent pas bien dans son corps de jeune homme, il se fait opérer des seins et devient Monica.

Monica est belle on la convoite mais on n’accepte pas sa transidentité

« Le soir , j’ai retrouvé Monica couverte de bleus et d’ecchymoses. Recroquevillée dans un coin de la chambre. Livide. En pleurs. P 217 »

 On croise des politiciens véreux et des dealers.

« J’en ai parlé à Nasser, le « dis l’air » pour qui je travaille. Il m’a raconté qu’il peut m’introduire auprès d’un certain Jean-Claude Bodini, Sénateur et Maire de Marseille.

Il m’a dit que ce Bodini lui doit un grand service, en échange de son silence. Le Maire aurait « introduit » de force Nasser alors qu’il n’avait que quinze ans. Il parait que ce genre d’introduction mérite amplement la mienne. P 216 »

 Au fil des pages et du temps, la relation entre Mo et Monica  devient plus tendre. Ils se découvrent follement amoureux l’un de l’autre.

« Elle se redresse sur le lit et m’embrasse avec passion. Nous nous aimons d’un amour fusionnel. P224 »

 On ne peut qu’être touché par cet amour atypique, dangereux et sincère. Au milieu de cet enfer, l’amour surgit malgré tout, l’espoir renaît.

Un accident de moto plonge Mo dans le coma. Lorsqu’il se réveille il est paraplégique et accusé de meurtre. Il croit comprendre que la trahison vient de la femme qu’il aime le plus au monde, Monica, il devient fou et la tue. « Je me détourne. Saisi le manche de la lampe design. Et frappe. Frappe sans m’arrêter. Frappe le crâne de Monica. Comme le Christ aurait dû lre faire à Judas. Et lui hurle dans son oreille ensanglantée : Jamais plus tu ne me renieras ! Tu m’entends ? Et jamais plus tu n’entendras le chant du coq ! P239 » .

 Envoyé en prison, Mo partage sa cellule avec un co-détenu. Il se prénomme Gérald. Ils se prennent d’amitié. Gérald veut raconter son histoire, il demande à Mo de devenir son biographe. C’est ainsi, que Mo passera les cinq années suivantes à écrire l’histoire de son ami de cellule.

Une fois terminé son livre, c’est Gérald son ancien compagnon de cellule qui se charge d’envoyer le manuscrit aux différentes maisons d’éditions.

Le titre du Manuscrit de Mo ?  La vie ne dure que sept villes !

Acte trois : La Mutation

New York octobre 2042.

Ici, on découvre Ornella, très jolie femme à qui tout réussi. Ministre de la santé, elle rentre à Paris remettre son dossier à Ségolène, présidente de la République.

Nous sommes dans un monde de femme. Elles ont le pouvoir. Michèle est  présidente des USA. Les hommes eux, s’occupent du foyer et des enfants, certains se sont fait greffer un utérus, ils peuvent donc tomber enceint.

Entre complot et trahison, le récit est une enquête policière sous fond d’histoire d’amour et de revendications politiques et sociales.

Il y a du Georges Orwell dans cette société ultra policée « Une société, où, sous les lois et les interdits de plus en plus nombreux et ostentatoires, et sous vidéosurveillance, l’on a largement surpassé celui de 1984, imaginé par Georges Orwell. P228 ».

 On retrouve aussi l’ambiance étouffante de Brazil ou plus récemment de la série, Les servantes écarlates.

Mo est là, il campe cette fois le rôle d’un tueur à gage tout droit sorti de Léon (le personnage inoubliable de Luc Besson), en version handicapé, mais tout aussi efficace. Monica hante encore ses pensées « Monica lui manque tellement. Monica lui manquera jusqu ‘à la fin des temps. Et le reste n’a plus aucune importance. P323 ».

 Les couples se font et se défont, les révolutions sont étouffées.

« Le pouvoir change simplement de main, mais en fin de compte plus grand-chose d’autre ne bouge. Mai 68 c’est comme les gilets jaunes. C’est devenu un petit feu de pacotille, des revendications tombées dans l’oubli. Pour finir, ce sont encore et toujours les mêmes énarques qui dirigent. C’est normal. Ou plutôt, c’est Normale Sup. P353 ».

 Le récit se termine et la vie continue, douce amère.

Acte IV : Le diable est une femme.

Serait-ce le récit le plus intime de l’auteur ?

C’est en tout celui qui décrit, avec tendresse, douceur et tristesse le décès d’un homme, père de famille.

« Se sachant gravement malade et incurable, il a décidé du jour, de l’heure et du déroulement de sa mort. Il ne voulait pas qu’on en parle. Ne voulait personne à ses funérailles. Il souhaitait juste s’en aller comme il est venu. Et comme il s’est marié, sans tambour ni trompette. P372 ».

 Cet homme, Michel a connu Gabrielle. Les deux enfants s’aiment d’un amour profond, ils se le disent, ils sont tout l’un pour l’autre. Gabrielle est juive, elle est déportée par les allemands suite à une dénonciation anonyme.

Michel passera sa vie à chercher le coupable, sans succès.

Travelling avant, nous voilà à Santa Monica en compagnie de Mo.

Toujours handicapé et malheureux, il rencontre Lucy, jeune femme de chambre. Ils tombent amoureux l’un de l’autre, se marient et font même des enfants. Grâce à Lucy ? Mo fait enfin son deuil de Monica.

Lucy, se révèle odieuse et ultra violente. Elle bat Mo qui se laisse faire pour les enfants.

« Après son départ, la violence de Lucy se décupla. Lors de ses crises, elle jetait à la figure de Mo tout ce qui lui passait par la tête. Elle le frappait. Même la naissance de leur fils, un cadeau du ciel aux boucles d’or n’y changea rien. Elle battait son mari. Un jour, elle lui cassa même le nez. D’un coup de boule. P390 ».

 Mo fini par se séparer.

Et puis il y a Degas, une enquête policière qui nous amènera jusqu’à l’histoire d’amour de Michel et Gabrielle.

Et si Lucy, l’épouse violente n’était autre que la petite fille de la voisine à la lettre anonyme ? et si la haine traversait les générations ?

Au nom de la mère, de la fille et de la petite fille ? Amen

Le diable est sans aucun doute une femme.

Tombée de rideau.

Gérald Wittock nous raconte quatre histoires, chronologiques imbriquées les une aux autres.  Laissez vous emporter par cette croisière tantôt calme, tantôt mouvementée mais toujours drôle et romanesque. On ne s’ennuie pas à la lecture de ce livre. Les personnages attachants et atypiques portent parfaitement ce récit très original et agréable à lire.

Une belle découverte.

Lettre ouverte au Président Vladimir Poutine par Christian Mégrelis qui l’a connu il y a 30 ans (02/03/22)

contact presse / interviews : guilaine_depis@yahoo.com sms 06 84 36 31 85

Lettre ouverte au Président Vladimir Poutine par Christian Mégrelis qui l’a connu il y a 30 ans 

Le 2 mars 2022

Au Président Vladimir Poutine. Lettre ouverte

Cher Vladimir Vladimirovitch, 

Voilà trente ans que nous nous sommes rencontrés pour la première fois à la mairie de Léningrad, fraîchement rebaptisée Saint Petersbourg. Vous développiez un Comité international pour la renaissance de Saint Petersbourg et m’aviez aimablement proposé d’y participer. Votre premier adhérent était le Prix Nobel d’économie Wassily Leontief, personnalité hors du commun, que j’ai donc connu grâce à vous. Nous avons évidemment discuté de la perestroïka de Mickael Gorbatchev dont j’assurais la promotion en Europe, et de l’avenir de l’Union soviétique qui vivait ses derniers mois. Les élections des maires de Moscou et de Saint Petersbourg au scrutin libre étaient une bonne perspective pour l’établissement de la démocratie en URSS.

Ce premier contact m’est revenu à l’esprit en cette période de guerre européenne qui a été comme un cavalier de l’Apocalypse surgissant dans la paix générale. Je n’ai aucune compétence pour savoir qui a raison et qui a tort dans la vieille querelle entre la Russie et l’Ukraine qui traine depuis 30 ans. L’épisode de la Crimée m’a paru secondaire puisque cette péninsule a été conquise par la Russie sur la Turquie et que sa donation à l’Ukraine, signée par Nikita Khrouchtchev, s’est faite sans consultation de la population. Les territoires russophones d’Ukraine s’accommodaient alors de la tutelle ukrainienne mais les choses ont changé.

Bref ce qui me préoccupe est l’avenir de deux peuples que je connais bien et que j’aime beaucoup : les Russes et les Ukrainiens. Chez aucun de mes amis des deux côtés de ce qui était voici encore une semaine une frontière je ne décèle la moindre animosité. Par contre, je constate une désespérance universelle et la certitude qu’il n’y aura, au bout de cette aventure militaire, que des pleurs et des grincements de dents dont la Terre entière risque de vous tenir pour responsable.

A nos âges, Vladimir Vladimirovitch, vous, maître du monde et moi heureux grand-père, que pouvons nous espérer d’autre que de laisser un bon souvenir ? Voilà un langage que j’ai tenu à d’autres chefs d’Etat. Certains ne l’ont pas écouté et sont morts en le regrettant. J’espère que vous y penserez au milieu des mille difficultés que vous rencontrez à chaque instant.

Après la renaissance de Saint Petersbourg qui nous a réunis, il faut aujourd’hui penser à la renaissance de la Russie qui va être le chantier du siècle pour lequel la planète entière est prête à participer dès que les troubles en Ukraine seront apaisés. J’espère vivement que, comme tous les Russes, vous y pensez.

Veuillez agréer, cher Président, l’expression de ma haute considération.

Christian Mégrelis, auteur de « Le naufrages de l’Union soviétique – choses vues »

L’auteur : Christian Mégrelis : X, HEC, Sciences-Po, est chef d’entreprises, essayiste et écrivain. Après quelques années au Ministère de la Défense, il s’oriente vers une carrière internationale. Il crée sa start-up en 1970. Tourné vers les marchés internationaux, son groupe, installé en Russie depuis 1989, intervient sur tous les continents pour étudier et construire des projets industriels et d’infrastructures. Auteur de plusieurs ouvrages publiés aux Etats-Unis, en France et en Asie sur la géopolitique, les relations internationales, et le christianisme. Son ouvrage Keys for the future, publié en 1981 aux Etats-Unis, anticipait déjà la fin de l’URSS.

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déjà diffusée ici

La Gentilhommière du Bonheur – un projet du philosophe Emmanuel Jaffelin (« Eloge de la gentillesse », « Célébrations du bonheur »)

La Gentilhommière du Bonheur – un projet du philosophe Emmanuel Jaffelin (« Eloge de la gentillesse », « Célébrations du bonheur »)

contact presse guilaine_depis@yahoo.com 06 84 36 31 85

Qu’est-ce qu’une école de philosophie ? Disons-le simplement : c’est une école antique créée par quelques grecs[1] et destinée à sculpter ses élèves pour en faire des sages. Pas des singes : juste des sages !

A noter : Justinien, l’empereur romain d’Orient (Justinien 1er ou Le Grand, né en 482, mort en 565 à Constantinople), est réputé comme étant le plus grand empereur byzantin: chrétien fervent, il, décida de fermer « toutes » les écoles de philosophie au VIe siècle après Jésus Christ.

Résultat : la philosophie est morte depuis 15 siècles. Morte ?  à travers un strict onanisme intellectuel, philosopher au XVIIe siècle comme au XXI e siècle se réduit à penser ! Avancer vers la sagesse, sculpter son âme et celle des élèves est tout simplement im-pensable pour la majorité des enseignants de philosophie ( aux lycées comme dans les universités) . Cette Sculpture de l’âme est seulement pensée aujourd’hui par le philosophe de la gentillesse  comme le fondement même et donc le but de la philosophie!

Solution : créer une école de philosophie privée, indépendante de l’État et donc de son ministère de l’Education Nationale afin de former des sages qui aideront l’humanité à préparer le monde qui vient, un monde écologiquement menaçant et auquel la sagesse apportera une des solutions !

Homologoumenon te phusei[2]

Pour créer cette Gentilhommière du Bonheur, le philosophe de la gentillesse cherche un Mécène qui lui offrirait :

1- la possibilité de créer cette école dans une belle maison bourgeoise (voire un château).

2- Il souhaiterait également voir le montant de son salaire d’agrégé versé par le Mécène

3- et il aurait besoin de rémunérer d’autres intervenants.

4- Il a également besoin de moyens pour faire la publicité de cette école qui sera payante ainsi que pour en ouvrir des antennes dans d’autres villes de France, voire dans d’autres pays francophones. Cette école ne sera pas une secte et restera très ouverte à la science.

Vivons, cher lecteur, conformément à la nature !

[1]-Platon crée l’Académie, Aristote le lycée, Epicure le Jardin et les stoïciens Le Portique

[2]– formule stoïcienne signifiant, vivre conformément à la nature, ce terme « nature » désignant le destin !

François de Combret, grand entretien sur Musil dans Lettres Capitales

Interview. François de Combret : La Substantifique moëlle de l’Homme sans qualités

 

Dans La Substantifique moëlle de l’Homme sans qualités, François de Combret se penche sur Der Mann ohne Eigenschaften, le roman inachevé de l’écrivain autrichien Robert Musil, publié en 1931-1932 et traduit en français par Philippe Jaccottet en 1954. Il s’agit selon lui « d’une des œuvres majeures de la littérature du XXe siècle ». Ancien magistrat honoraire à la Cour des Comptes, François de Combret nous propose une analyse dense, qui se penche avec rigueur sur les 1800 pages que contiennent ces deux volumes du roman de l’écrivain autrichien.

En 2019 vous vous êtes déjà fait connaître à travers la publication d’un Bréviaire de La recherche du temps perdu. Or, dans la Préface de La Substantifique moëlle de l’Homme sans qualités que vous venez de publier aux Editions du Palio, vous mettez sur la même échelle de valeurs le roman de Robert Müsil avec le chef-d’œuvre proustien et avec Ulysse de James Joyce. Quels ont été, selon vous, les critères qui ont permis au roman inachevé de l’écrivain autrichien d’occuper cette place honorable au même rang que les deux autres ?  

Au même titre que « La recherche » et « Ulysse », l’« HSQ » renouvelle l’art romanesque. En effet, le livre ne correspond en rien à la définition stendhalienne du roman : « un miroir qu’on promène le long d’un chemin ». En quatrième de couverture du tome 2, l’éditeur définit ainsi le caractère novateur du livre : « Musil a pour principe de choisir de minces coupes de vie qu’il modèle en profondeur et donne à sa description du monde une ampleur universelle. Sous prétexte de décrire la dernière année de l’empire austro-hongrois, il soulève les questions essentielles de l’existence de l’homme moderne pour y répondre d’une manière absolument nouvelle, pleine à la fois de légèreté ironique et de profondeur philosophique. Narration et réflexion s’équilibrent.»

Autrement dit, pour Musil, l’intrigue romanesque importe peu. Elle n’est qu’un prétexte de mise en scène pour analyser le cœur humain. Le thème de l’HSQ est le questionnement de l’essentiel.

Et pourtant, le roman, écrivez-vous, « est difficile d’accès tant il déroute le lecteur ». En quoi consiste cette difficulté ? Est-elle due à la complexité de genre dont il fait preuve ?

Le livre est déroutant, d’abord, par sa dimension : près de 2.000 pages.

 Il est déroutant aussi par la pauvreté de l’intrigue :  le récit des réunions du cénacle  de « l’Action Parallèle », procédure de préparation de l’année jubilaire destinée à célébrer  les 70 ans de règne de l’Empereur d’Autriche-Hongrie , est un thème artificiel et abstrait qui ne tient aucunement le lecteur en haleine.

Il est déroutant enfin parce qu’il n’appartient à aucun genre connu. Il n’a ni précédent ni descendance. Il est un kaléidoscope disparate au confluent du conte philosophique, du traité métaphysique, du pamphlet politique, de la satire des mœurs, de la science-fiction, de délicieuses histoires d’amour et de la poésie de géniales métaphores ….

Finalement, le livre ressemble à une longue pièce de théâtre classique dont il respecte les trois règles d’unité : unité de temps (non pas un seul jour mais une seule année), unité de lieu (Vienne) et unité d’action (l’Action Parallèle). Les acteurs sont peu nombreux (une vingtaine), rarement plus de deux ou trois ensemble sur le plateau, et ils  alternent, entrant et sortant de scène  à tour de rôle, tout au long des 161 levers de rideau.

Inouï et du jamais vu.

Pourtant, au-delà de cette difficulté de classification, l’Homme sans qualités impressionne par ses qualités esthétiques et son inventivité. Vous le rapprochez également du style de George Orwell. Pouvez-vous nous en dire plus sur cet aspect ?

L’HSQ a été publié en 1930. « Animal Farm » date de 1945 et « 1984 » de 1949. Je ne sais si George Orwell avait lu Musil mais ses livres, qui n’ont pas la densité ni l’épaisseur de l’HSQ, sont, à certains égards, de la même veine : allégorique et satirique.

Dans « Animal Farm », George Orwell systématise l’allégorie animalière, forme de métaphore fréquente dans l’HSQ. Musil s’attache en effet à associer à chacun de ses personnages une espèce animale, si bien que les analogies entre hommes et bêtes abondent tout au long des 2.000 pages, formant un contraste saisissant avec la cérébralité de l’œuvre. A la page 389 du second tome, Musil écrit : « nous portons notre peau de bête avec les poils à l’intérieur et nous ne pouvons pas l’arracher. » En plus de tout le reste, l’HSQ est aussi un bestiaire.

Comme « 1984 », l’HSQ est aussi une « dystopie », c’est-à-dire le récit d’une fiction dépeignant une société imaginaire organisée de telle façon qu’elle empêche ses membres d’atteindre le bonheur. Comme « 1984 », l’HSQ s’apparente ainsi à  une utopie qui vire au cauchemar et conduit à la contr’utopie.

Nous le disions en introduction, votre livre est impressionnant de rigueur, digne d’un compte-rendu d’une lecture suivie. Comment avez-vous conçu votre livre ? Y a-t-il une similitude avec le Bréviaire sur l’œuvre de Proust ou vous éloignez-vous de la méthode de ce dernier qui utilise les entrées par ordre alphabétique ?

L’intention des deux ouvrages est identique : faciliter l’accès à un chef d’œuvre réputé hermétique. Mais les méthodes  utilisées sont différentes parce que  Proust et Musil ne s’appréhendent pas de la même façon.

Les 3.000 pages de « La Recherche » forment un ensemble compact en six tomes alors que les 2.000 pages de « L’HSQ » sont ordonnées en 161 chapitres. Proust a agencé son récit aussi méticuleusement que Musil le sien, mais il a effacé presque toutes les traces de construction, laissant au lecteur le soin de se débrouiller pour trouver les césures et les jointures.

En conséquence, « La recherche » se déguste par « fragment », pour reprendre l’expression de Paul Valéry, selon lequel « Proust, l’intérêt de ses ouvrages réside dans chaque fragment », alors que « L’HSQ » se délecte par chapitre.

Pour « La Recherche », mon maître a été Paul Valéry : le « Bréviaire » est formé par une collection de  « fragments », classés par ordre alphabétique . J’ai détricoté « La recherche ».

S’agissant de l’HSQ, j’ai suivi le conseil de Rabelais : « c’est pourquoi fault ouvrir le livre et soigneusement peser ce qui y est déduict. Puis, par curieuse leçon et méditation fréquente, rompre l’os et sucer la substantifique moëlle ».

Mon travail s’est apparenté à une dissection : j’ai   analysé l’HSQ chapitre par chapitre et j’en tenté d’en extraire la quintessence sous forme de citations , présentées en lettres italiques et guillemets.

Vous parlez abondamment de métaphores, de poésie, de personnages puissants. Quels ont été, tout au long de votre lecture, les motifs les plus récurrents dans l’univers narratif de ce roman, les plus précieux à vos yeux ? Lequel vous a-t-il marqué le plus ?

La trame du roman entrelace plusieurs histoires dont le déroulement est sinusoïdal : les personnages apparaissent, disparaissent et resurgissent, inopinément, tout au long des levers et baissers de rideau des 170 chapitres scéniques.

Les intrigues entrecroisées sont au nombre d’une vingtaine et les épisodes en reviennent régulièrement sur le devant de la scène tels des leitmotivs. Si ces épisodes étaient regroupés par sujet et rassemblés, le livre   prendrait la forme d’une vingtaine de chapitres consacrés à des histoires distinctes, avec des rapports plus ou moins distants entre elles .

Sans prétendre à l’exhaustivité : Ulrich et son père, Ulrich et Bonadéa, Ulrich et Diotime , Ulrich et Arnheim, Ulrich et le comte Leinsdorf ,Ulrich et Walter, Ulrich et Clarisse, Walter et Clarisse, Arnheim et Diotime ,  Diotime et Tuzzi, Moosbruger, le général Stumm von Bordewehr, le couple Fishel, Gerda et Hans Stepp, Rachel et Soliman , Ulrich et Agathe, Agathe et Gottlieb ….

Le personnage central du livre est sans conteste « l’homme sans qualités » lui-même, prénommé Ulrich : Ulrich est le pendant musilien du narrateur de « La Recherche » : c’est autour de sa personne que se dessinent la plupart des épisodes. Progressivement, par petites touches, tel un peintre impressionniste, Musil dessine le portrait de ce personnage auquel le lecteur s’attache de plus en plus et finit par se lier d’amitié. « L’homme sans qualités » est en réalité un homme d’extrême qualité, habité par l’ironie, la tolérance et le doute.

Et, enfin, quelle recommandation pourriez-vous donner aux futurs lecteurs de votre livre afin de les aider à mieux utiliser ces notes dans la connaissance du roman que vous analysez ou pour inciter les novices à mieux faire leurs premiers pas ?

S’agissant du débutant , j’espère faciliter sa lecture  en  raccourcissant  l’œuvre des trois-quarts, par élimination  surtout de la plupart des passages ésotériques.

Il arrive en effet fréquemment que Musil, au beau milieu d’un récit, prenne  lui-même la place de ses personnages pour  se lancer  dans des digressions  philosophiques  abstraites. Par exemple, au chapitre 88 du tome 1, Musil fait irruption sur scène pour déclarer abruptement : « il y a déjà longtemps que nous aurions dû faire mention d’une circonstance effleurée par nous en plus d’une occasion, et qui pourrait se traduire par cette formule : il n’y a rien de plus dangereux pour l’esprit que son association avec les Grandes Choses. » « Les Grandes Choses » ? Suivent quatre pages difficiles à comprendre…

J’ai épargné au lecteur la plupart des incidentes de ce genre, qui sont sans doute de grand intérêt pour les initiés mais risquent de rebuter les néophytes.

S’agissant des initiés, j’espère que mon ouvrage pourra les intéresser en ce sens qu’il a un effet de loupe sur ce qui est essentiel dans l’œuvre de Musil et que j’ajoute des commentaires pour montrer la postérité de l’œuvre, notamment dans le courant existentialiste et le théâtre de l’absurde.

Ainsi, mon travail ambitionne d’être à un précis pour les uns et une exégèse pour les autres.

Propos recueillis par Dan Burcea©

François de Combret, La Substantifique moëlle de l’Homme sans qualités, Éditions du Palio, 2022, 449 pages.