Actualités (NON EXHAUSTIF)

« Un joli compte sur la formation d’un être humain » pour Wukali (sur Le Petit Roi)

par Émile Cougut 3 novembre 2020

Voilà, non un roman, mais un conte, un vrai conte. Un conte sur l’enfance, un conte sur la construction de la personnalité, un conte sur la communication.

Jamie est un petit garçon qui refuse de parler. Autiste, non, c’est un choix, voulu, réfléchi. Il trouve que la parole est inutile, car on ne peut réfléchir et parler en meme temps d’où la quantité d’absurdités inutiles qui sont dites. Mais il développe un don : la télépathie, il arrive à entrer dans le cerveau de ses proches, des passants, de n’importe qui et voir qui ils sont vraiment. Parfois, les apparences physiques sont trompeuses : un visage ingrat dissimule un beau secret ; un autre, agréable n’est qu’un masque pour cacher une noirceur d’âme.

Jamie communique par l’art : d’abord le dessin puis la sculpture. Pour essayer quand même d’entrer  en relation avec ses coreligionnaires, il apprend à siffler avec un rouge-gorge et arrive à communiquer aussi bien avec un garçon à vélo qu’avec une personne âgée perdue dans ses rêves avortés de danseuse étoile.

Bien sûr ses parents ne restent pas indifférents face à cette attitude qui parfois confine au suicide. Il est interné quelque temps, hospitalisé une autre fois. À chaque fois il fait des rencontres qui lui permettent d’évoluer, de grandir, de forger sa personnalité, d’avancer vers l’âge adulte. Jusqu’à ce que l’amour le fasse sortir, volontairement de son mutisme.

Jamie est loin, très loin, de souffrir d’une maladie psychique. Il est juste totalement autocentré sur lui-même. Il est certain qu’il a un avenir, un avenir qui lui est propre et ce n’est que progressivement qu’il prend conscience qu’il ne peut le bâtir seul, que les « autres », parents compris, lui sont indispensables pour mener à bien sa démarche. Seul, il ne peut rien ou pas grand-chose, avec les autres il peut tout.

Jamie est souvent énervant à cause de ses certitudes basées sur son égotisme. Mais le tout petit homme ne réagit-il pas comme cela au début de sa vie ? Ne cherche-t-il pas un moyen pour entrer en communication avec son environnement ? La parole est le vecteur privilégié comme finit par le comprendre le petit Roi.

Un joli compte sur la formation d’un être humain.

Le Figaro qui note le boycott massif du référendum devrait s’intéresser au projet alternatif de constitution de Lachemi Belhocine et Reza Guemmar

Algérie : boycott massif du référendum constitutionnel

Le taux de participation s’établit à 23,7%, un plus bas historique pour un scrutin majeur. La victoire du «oui» ne semble guère faire de doute.

A lire : l’unique projet alternatif écrit de constitution pour l’Algérie

Par Le Figaro avec AFP
Un bureau de vote à Alger.
Un bureau de vote à Alger. RAMZI BOUDINA / REUTERS

Appelés à entériner une révision constitutionnelle censée fonder une «nouvelle République», les Algériens ont massivement boycotté dimanche 1er novembre un référendum qui s’est tenu en l’absence de son initiateur, le président Abdelmadjid Tebboune, hospitalisé à en Allemagne. Le taux de participation final s’est établi à 23,7%, a annoncé en fin de soirée Mohamed Charfi, président de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), un plus bas historique pour un scrutin majeur.

Cette abstention record – seul véritable enjeu du vote boycotté par l’opposition – constitue un revers cinglant, sinon humiliant, pour un régime confronté depuis février 2019 à un soulèvement populaire inédit, le «Hirak». À titre de comparaison, lors de la présidentielle de décembre 2019, la participation avait atteint 39,93 %, soit le taux le plus faible de tous les scrutins présidentiels pluralistes de l’histoire de l’Algérie, faisant d’Abdelmadjid Tebboune un président mal élu et donc en quête de légitimité.

Dimanche, seulement 5,5 millions d’électeurs se sont déplacés sur 23,5 millions d’inscrits. Les 900.000 électeurs de la diaspora ne sont pas comptabilisés, mais le taux de participation se réduit à l’étranger à un seul chiffre, selon l’ANIE. Les résultats officiels doivent être proclamés lundi vers 10 heures, mais la victoire du «oui» ne fait guère de doute tant la campagne électorale, qui a laissé la population largement indifférente, a été à sens unique. Les opposants n’ont pas été autorisés à tenir de meetings publics. Les partisans du «Hirak» ont prôné le boycott tandis que les islamistes appelaient à voter «non».

«Changement de façade»

À Alger, les électeurs se sont faits rares. «J’ai voté oui pour mes enfants et petits-enfants. J’ai accompli mon devoir pendant la guerre pour libérer mon pays et je le fais maintenant pour la stabilité», confie Mohamed Miloud Laaroussi, 86 ans, un ancien combattant, le dernier à voter au centre Pasteur, au cœur de la capitale. En raison de la pandémie, l’accès dans les bureaux était limité à deux ou trois personnes à la fois et le port du masque était obligatoire.

«Le peuple algérien sera, une fois encore, au rendez-vous avec l’histoire pour opérer le changement escompté, dimanche 1er novembre, en vue d’instituer une nouvelle ère à même de réaliser les aspirations de notre peuple à un État fort, moderne et démocratique», avait escompté Abdelmadjid Tebboune dans un message relayé samedi par l’agence officielle APS. La date du référendum n’avait d’ailleurs pas été choisie par hasard: le 1er novembre marque l’anniversaire du début de la Guerre d’indépendance contre la puissance coloniale française (1954-1962).

Grand absent du scrutin, Abdelmadjid Tebboune, 74 ans, est hospitalisé depuis mercredi en Allemagne pour des «examens approfondis» après l’annonce de cas suspects de coronavirus dans son entourage. Son état serait «stable et non préoccupant», selon la présidence, qui n’a pas donné de ses nouvelles depuis jeudi. Son épouse a voté pour lui par procuration dans une école d’Alger.

Les réseaux sociaux ont fait état d’incidents – marches nocturnes, affrontements avec la police, urnes et bulletins détruits – en Kabylie. De nombreux bureaux de vote n’ont pas ouvert dans cette région traditionnellement frondeuse, selon des médias locaux. Des interpellations ont eu lieu à Alger et à Tizi Ouzou, selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD).

Abdelmadjid Tebboune a fait de la révision de la Constitution, la énième depuis l’accession à l’indépendance en 1962, son projet phare et a tendu au début la main aux manifestants du «Hirak populaire authentique béni». Mais les «hirakistes» ont rejeté «sur le fond et la forme» une initiative perçue comme un «changement de façade», incitant au boycott du référendum. Ils réclament depuis février 2019 un profond changement du «système» en place depuis l’indépendance. En vain jusqu’à présent, même si le mouvement a poussé Abdelaziz Bouteflika à la démission en avril 2019 après vingt ans de règne.

De fait, la nouvelle Constitution met en avant une série de droits et de libertés mais n’offre pas de changement politique majeur: elle maintient l’essentiel d’un régime «ultra présidentialiste». «C’est pour la démocratie qu’on s’est levés, pas pour un énième régime présidentiel arabe», explique Ghalem, enseignant de 40 ans à Sidi Bel Abbès (nord-ouest). Le scrutin s’est déroulé dans un climat de répression «implacable» ciblant militants du «Hirak», opposants politiques, journalistes et internautes, selon les défenseurs des droits humains. Selon le CNLD, quelque 90 personnes sont actuellement derrière les barreaux, la plupart pour des publications sur Facebook.

« un texte unique, qui possède une force d’évocation particulière » pour Frederika Abbate

Chronique littéraire. « Les anges de l’Histoire » de Frederika Abbate

Voilà un roman particulièrement surprenant et qui ne ressemble rien à ce qui a déjà été écrit, si on excepte Philips K Dick dans ses romans les plus audacieux « Glissement de temps sur Mars » « La vérité avant-dernière » « Le Dieu venu du Centaure » et le livre culte « Ubik »

Ce roman retrace la première partie de la vie de Soledad Donval, enfant aux traits simiesques qui le font ressembler à un homme préhistorique. Il a été abandonné à sa naissance par sa mère et recueilli par des parents adoptifs aimants. Soledad est un nom de fille, que le gamin a adopté ; il refuse de répondre à l’appel de son vrai prénom préférant Soledad  qui signifie solitude et qui de, ce fait, serait non genrée.

Adolescent difficile, Soledad finit par s’enfuir de chez ses parents adoptifs et par vivre sous les ponts. Blessé par des dealers, il est recueilli par Madame De Pâle (Madame est son prénom) et soigné avec dévouement à l’aide de la servante Hermine. Rétabli après une longue convalescence il suit le frère de Madame, Rocco et son amant Shounti à Bangkok où ils résident. Doval attirant la sympathie et inspirant confiance (c’est un roman qui est, par certains côtés, optimiste, c’est le moins qu’on puisse dire) va convaincre le propriétaire d’une galerie d’exposer ses œuvres alors qu’il n’a encore jamais rien produit. L’exposition est évidemment un succès et un industriel russe engage aussitôt Soledad pour qu’il lui fournisse une sculpture originale. Donval va faire un séjour dans une île sur le lac Ladoga pour mettre au point sa nouvelle œuvre qui recueillera tous les suffrages, bien qu’elle ne soit visible qu’à chaque pleine lune.

Il s’ensuit toute une série de péripéties, dans lesquelles Donval va intégrer un groupe marginal, mais puissant, les Unders, ceux-ci vivent dans une enclave particulière la Canopée. Soledad va se révéler être un génie de l’informatique et résoudre une énigme complexe, ce qui va affermir sa position au sein des Unders.

Le dernier tiers du roman est très sombre : le mal ravage la société, on réprime des manifestants pacifiques avec des chars d’assaut, les riches deviennent de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres au point de ne plus avoir assez à manger et de se battre pour un quignon de pain. Des scientifiques fous mêlent des gênes d’animaux et d’humains pour créer des chimères destinées à des bordels de luxe. (Dans ce roman le sexe est prédominant). Des organisations criminelles vendent des enfants à des pédophiles et pompent le  sang de petites victimes afin de créer des sérums rajeunissants pour les riches. La mode est de prendre comme Élisabeth Bathory des bains dans du sang d’enfants. Soledad revoit Madame De Pâle et son frère prodigieusement rajeunis. Alors qu’ils étaient sympathiques et ouverts, ils sont devenus sans cœur et juste préoccupés par leur réussite sociale. Ils martyrisent Hermine et ont rejeté Shounti qui a pourtant soigné avec dévouement Rocco. Shounti s’est suicidé de désespoir. Madame et son frère ont, eux aussi succombé à l’attrait des produits interdits, qui rajeunissent certes, mais dessèchent l’âme. Dernier signe de l’horreur ambiante le cannibalisme se répand. Soledad produit une vidéo qui, distribuée en grand nombre, permet de faire refluer ces pratiques effroyables et le roman se termine abruptement peu après sans vraiment de conclusions.

En résumé : un texte unique, qui possède une force d’évocation particulière. On est happé par ce livre qui bien entendu n’est ni crédible ni logique et tient plus du conte (noir), du poème épique que du roman. Même refermé on ne peut s’empêcher de penser aux « anges de l’histoire ».

Illustration : DR
[cc] Breizh-info.com, 2020, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine 

Beur FM reçoit Lachemi Belhocine et Reza Guemmar

A l’occasion de la réforme constitutionnelle en Algérie et du référendum du 1er novembre,  ne manquez pas l’édition spéciale des Grands Témoins le 31 octobre 2020 à 9h avec rediffusion le 1er novembre à 17h 

Une émission de Nacer Kettane

avec Lachemi Belhocine et Reza Guemmar, auteurs de « Projet de constitution de l’Algerie Nouvelle ». 🇩🇿
Une émission à retrouver également dimanche à 17h.

« La Souciance est le récit d’un cheminement intérieur, presque éthéré, apportant un souffle d’air pur en contant l’histoire d’une vie qui repart »

Eric-Louis Henri, La Souciance (roman)

Retour à l’éther

C’est d’un retour à la terre dont il est question dans le roman d’Éric-Louis Henri, La Souciance (éd. du Panthéon). Un homme, au parcours professionnel brillant comme consultant, plus habitué aux long-courriers en première classe qu’aux promenades en pleine campagne, se prend d’amour pour un village perdu dans un arrière-pays du sud de la France – en Corse peut-on apprendre par ailleurs (« D’un côté, la mer à perte de vue. Et de l’autre, abrupt, un désordre de profondes vallées creusées par le temps. »).

En posant ses valises dans un lieu perdu, peuplé de villageois à la fois taiseux, bourrus et attachants. Le « lieu de villégiature » devient rapidement le havre de paix où s’installe cet homme qui y trouve ses vraies racines (l’auteur dévoilera en quelques pages une enfance difficile et sa rupture familiale).

Il s’agit là, pour lui et sa compagne, d’un renouveau et d’une authentique aventure humaine : « Il y a tout un monde entre ce que l’on nous projette d’un lieu la nuit, et ce que l’on découvre aux premières lueurs du jour ensuite. » L’installation de cet ancien citadin, ne prend cependant pas, dans La Souciance, la forme d’une description enchanteresse, légère – et insouciante. Éric-Louis Henri développe, en deux parties – « Il y eut un avant et un après… » et « La sagesse est un futur en soi car elle se joue de nos plans » – le parcours intérieur d’un homme qui, tel Ulysse dans L’Odyssée, parvient au bout d’un long parcours sur des terres qui deviennent finalement les siennes (« Mes cailloux, mes gisants. Ils furent mon arbre, cette nuit-là. En creux, ils m’ont murmuré : « C’est ici… » »).

L’art de faire un café à l’ancienne

Homme sans doute aussi taiseux que les villageois qui vont l’accueillir comme un des leurs, le narrateur fait des pages qu’il écrit une confession autant qu’une série d’observation sur sa vie, sur le monde, sur la société de consommation et de communication mais aussi sur les quelques personnes marquantes qui ont croisé sa vie. Éric-Louis Henri délivre quelques pages sur ces petits riens : l’art de faire un café à l’ancienne, le souvenir marquant d’une voisine polonaise, une conversation sur un vol vers la Nouvelle-Zélande ou la rencontre avec des personnes âgées du village où il a fini par acheter une maison.

« Moi, je demeure un irréductible amant du sens. Mon addiction ! Ma seule confession ! » L’auteur veut voir derrière ses souvenirs, ses observations et des choses qu’il a vues des enseignements sur la condition humaine. Des passages peuvent aussi bien s’intéresser à ces héros invisibles et silencieux que sont les diplomates et les négociateurs de paix qu’à un ouvrage de développement personnel qu’il a digéré avec passion (Cinq Secondes pour changer la Vie de Mel Robbins) ou alors à une petite bibliothèque, « une maison aux livres ouvertes à tous ».

Cette découverte est le point de départ de la deuxième partie du roman, qui est consacrée à un projet qui est sensé lui apporter du sens : « L’exigence se nourrit en fait d’utilité et de raison, impérieuse souvent. » La quête du narrateur dans ce village – l’île – se nourrit de rencontres pour atteindre enfin un objectif : « Nous avions jeté l’ancre au village, certes. Mais non pour y enfouir nos incertitudes, justement. Le village était notre socle. Chaque départ était un événement. Chaque retour, une fête. »

Passé, présent et futur : La Souciance est le récit d’un cheminement intérieur, presque éthéré, apportant un souffle d’air pur en contant l’histoire d’une vie qui repart.

Éric-Louis Henri, La Souciance, Ici & maintenant, éd. du Panthéon, 2019, 120 p.
https://elhenri.com
https://www.facebook.com/LaSouciance

https://www.editions-pantheon.fr/catalogue/la-souciance

  • Un couple de voyageurs fait halte dans un village suspendu entre mer et montagne. Une étape de plus, somme toute ordinaire, lors d’un périple estival sans but précis. Mais ce qui aurait pu n’être qu’un simple instant de découverte heureuse et passagère révèle d’emblée une autre dimension, singulière, insolite. Cette fois, ici, les choses sont différentes… L’évidence du lieu, fragile, immédiate et surprenante, dessine alors pour le couple un futur inanduite par un pays propice à l’introspection et à la découverte de la « souciance ».

Réforme a aimé le livre d’Anne-Lise Blanchard

Essai : “Carnet de route. De l’Oronte à l’Euphrate” d’Anne-Lise Blanchard

Par Albert Huber

« Tout acte d’amour est une œuvre de paix. Sa grandeur ou sa petitesse importe peu », c’est avec cette pensée de Mère Theresa que s’ouvre ce récit de voyage humanitaire au Proche-Orient en 2017-2018.

Il retrace une année de pérégrination en Syrie, en Jordanie et en Irak, à la rencontre de ces peuples, de leurs épreuves, leurs espérances, leur soif de vivre malgré le chaos imposé par des guerres sans fin. Une année au contact d’acteurs de la minorité chrétienne pour l’essentiel. Grégoire III, patriarche syrien émérite de l’Église catholique melkite, préface l’ouvrage.

« J’ai voulu témoigner de la douceur de vivre de ces populations côtoyant l’horreur des attaques islamistes. Dire également la Foi, l’Espérance et la Charité incarnées par ces héros au quotidien, au regard libre et fier, face à la folie destructrice du terrorisme », témoigne l’autrice Anne-Lise Blanchard. Elle déplore au passage l’attitude de l’Occident dans la crise, l’embargo économique qu’il impose et, selon elle, le « ­pillage des cerveaux » qu’il organise en vidant le Proche-Orient de ses cadres médecins, ingénieurs, universitaires…

Carnet de route. De l’Oronte à l’Euphrate, Anne-Lise Blanchard, Via Romana, 130 p., 15 €.