Opération Coronavirus, la nouvelle d’Alain Llense

Louise et Louis Alain Llense mars 2020

« Et pour dire simplement, ce qu’on apprend au milieu des fléaux, qu’il y a dans les hommes plus de choses à admirer que de choses à mépriser ». Albert Camus, La Peste (1947) 

Dans les jours gris, ceux d’avant le jour noir, Louis avait beaucoup marché et Louise beaucoup peint. Pour eux comme pour tous les autres d’ici, la menace avait d’abord été lointaine, exotique, asiatique et chacun l’avait prise du haut de ses certitudes, de sa petite supériorité européenne, de sa conviction d’être au-dessus d’un tel risque puisque ne consommant ni pangolin ni chauve-souris et faisant partie d’un peuple si supérieur aux autres que rien ne pouvait l’atteindre. 

 

Quand le virus avait enjambé océans, continents, montagnes et frontières pour se présenter aux portes de leurs villes, ceux d’ici avaient continué de bomber le torse, il n’y avait encore que quelques cas, des gens pour la plupart très âgés et qui seraient, quoi qu’il en soit, morts à courts termes si le virus ne les avait pas pris. Louis qui vivait Rive droite à Paris et ne savait rien de Louise disait, il m’en faut plus pour m’empêcher de marcher. Louise qui vivait Rive gauche à Paris et ne savait rien de Louis disait, ce n’est pas pour cela que j’arrêterai de peindre. Autour d’eux, se trouvaient bien quelques oiseaux de mauvaise augure, promettant l’enfer pour bientôt, dénonçant l’inconscience ou la stupidité de leurs semblables mais ils étaient noyés dans la masse de ceux qui riaient de la situation, juraient que ce n’était qu’une manœuvre de plus des gouvernants pour éteindre les révoltes, pariaient que l’on ne mourrait pas plus de cette maladie là que de la grippe ou de la gastro-entérite. 

Puis le nombre de cas avait enflé quotidiennement, il avait fallu fermer les écoles autour desquelles Louis marchait, les monuments que Louise peignait et inciter les gens à rester chez eux. On avait aussi initié toute une série de rites censés empêcher ou ralentir la propagation, on se lavait les mains à tout bout de champ, les masques de protection fleurissaient au nez de ceux qui pouvaient s’en procurer et les supermarchés étaient dévalisés par des foules hystériques qui se disputaient monceaux de nouilles et amas de papier toilette. On ne se touchait plus, ni bises ni serrements de mains et, quand on se croisait encore, l’un avançait machinalement vers l’autre par habitude puis les deux reculaient brusquement en se rappelant soudain que ce drôle de tango désarticulé était désormais la seule danse qu’il leur était permis de danser. 

Quand il fallut intimer l’ordre de ne plus sortir de chez soi que pour se nourrir ou se soigner, Louis fit exactement l’inverse. Non qu’il fut réfractaire aux ordres ou aux consignes, non qu’il fit partie de ceux qui, inconscients, bravaient les injonctions à garder le foyer pour s’en aller lézarder en promiscuité sur les quais, dans les parcs où le printemps déjà s’invitait, mais Louis partit de chez lui un matin, son appareil photo en bandoulière, son ordinateur portable dans un sac à dos, simplement pour donner à voir ce que ce monde d’intouchables masqués avait à raconter. Louise, elle, ouvrit sa fenêtre au soleil blanc qui s’offrait, posa, devant, son chevalet et sa palette, et entreprit de peindre à grands traits d’huile fine l’insolence bleue du ciel et l’immuabilité grise des toits. Autour d’eux, une pesanteur s’installait, le sentiment diffus que tous pouvaient être touchés gagnait du terrain et les regards se chargeaient d’une électricité mauvaise puisque l’ami, le voisin, l’inconnu pouvait être celui par qui le mal viendrait. 

 

Autour du trentième jour de l’épidémie, tout s’enflamma et devint incontrôlable. Le nombre d’infectés doublait chaque matin, la courbe des malades s’envolait verticale et surtout celle des morts atteignait ce qui la veille encore était un plafond et ne serait bientôt plus qu’un plancher. Les hôpitaux débordaient d’impuissance, des tentes de fortune accueillaient les malades à même le bitume des rues et des camions militaires évacuaient discrètement des cadavres d’hommes et de femmes qui n’avaient eu d’autre choix que de trépasser seuls, loin de l’amour de leurs proches obligés de les fuir pour ne pas risquer d’être contaminés. Louis continuait de marcher et photographier tout le jour sans prendre la peine, à présent, de regagner son domicile devenu inatteignable depuis que les transports en commun avaient été contraints de s’interrompre un à un. Il passait ses nuits dans des gymnases bondés où l’on entassait les sans toits d’hier, les touristes malchanceux qui ne pouvaient rester dans les hôtels, les fugueurs de toutes fugues à qui l’on offrait un toit, une soupe et un lit de camp pour la nuit. Louise continuait de peindre et le ciel et les toits, les jours passant ses lignes droites se faisaient courbes, ses bleus plus sombres, ses gris plus prononcés. Elle ne s’arrêtait de peindre que pour une boîte de sardines consommée à même l’évier de sa cuisine, une douche rapide au crépuscule annoncé ou un mauvais sommeil de quelques heures à peine. 

 

A l’aube du jour noir, Louis quitta le gymnase- dortoir dans lequel il venait de passer une nuit insomniée entre les quintes de toux de ses voisins d’infortune et les âcres odeurs corporelles que la promiscuité rendait insupportables. Le froid, plus vif que les derniers matins, le contraignit à serrer son écharpe autour de son cou en un geste frileux qu’il croyait remisé jusqu’au prochain hiver. En allumant sa première cigarette de la journée, il leva au ciel un regard distrait et fut saisi par les couleurs qui semblaient s’y disputer le pouvoir, une lutte indécise pour y établir laquelle serait la dominante et qui nimbait la ville dans une lueur hésitant entre le mauve et le noir. A son lever, Louise embrassa aussi le ciel de son regard de peintre et voulut aussitôt en transposer l’étrangeté et la beauté sur une toile blanche. Mais elle eut beau chercher, retourner son appartement, regarder sous son lit et fouiller ses placards, plus aucune toile vierge ne s’y trouvait. Le magasin dans lequel elle se fournissait en toiles et peintures était à deux pas, cinq minutes à peine lui étaient nécessaires pour faire l’aller- retour, aussi résolut-elle de s’y rendre malgré les consignes de confinement strictes que la police faisait respecter à coups d’amendes rédhibitoires. A peine le temps d’enfiler à la hâte le vieux pantalon de jogging qu’elle ne quittait plus depuis quelques jours, de le couvrir de sa parka à capuche, et elle se jeta sur le boulevard désert dont elle entama l’ascension en direction du magasin. Au même moment, Louis tournait le coin de la rue du gymnase pour entamer la descente du même boulevard. 

 

Longtemps après, quand ceux qui avaient survécu racontèrent ce matin là, tous parlèrent du noir. Du ciel matinal agité par la lutte des couleurs puis de l’incontestable victoire du sombre. 

Comme une nuit tombée brutalement à quelques encablures de l’aube, comme un deuil qui se serait annoncé par les cieux, comme une défaite totale matérialisée par la disparition de la lumière. Le noir saisit Louis dans l’encore haut du boulevard en déclenchant automatiquement le flash de son appareil photo alors qu’il immortalisait un chat perdu au beau milieu d’un jardin d’enfants désert. Le sombre cueillit Louise, sa remontée vers le magasin à peine entamée, avec une telle soudaineté qu’elle manqua de trébucher sur le rebord métallique d’une plaque d’égout. D’abord le noir puis, quelques secondes après, le son strident des sirènes. Dans le sens de la descente, des camions de pompiers dévalèrent le boulevard, toutes sirènes dehors et dépassèrent Louis à hauteur du numéro 19. A l’opposé, des camions militaires sur lesquels des jeunes soldats en treillis hurlaient au travers d’immenses mégaphones, se portèrent au niveau de Louise qui se réfugia sous le porche du numéro 12. Le mariage contre nature des sirènes et des ordres hurlés donnait lieu à une cacophonie inaudible que pompiers et soldats tentaient de compenser en faisant de grands gestes de leurs bras, semblables à ceux des hôtesses de l’air à l’heure des consignes de sécurité dans les avions. Louise et Louis arrivèrent concomitamment devant le numéro 15 au moment où les camions de pompiers disparaissaient dans la désormais pénombre du bas du boulevard. D’un coup d’un seul, simultanément, ils comprirent enfin ce qu’hurlaient les soldats des camions « Rentrez ! Rentrez n’importe où pour vous mettre à l’abri ! Le virus est dans l’air ! Le virus est dans l’air ! Rentrez n’importe où pour vous mettre à l’abri ! ». Leur regards se croisèrent et, dans leurs regards, leurs peurs se croisèrent, inhibitrices, paralysantes, sables mouvants dont personne ne pourrait les tirer. Au loin déjà les militaires s’éloignaient, sur le boulevard les derniers passants s’engouffraient en hurlant sous les portes cochères. Un petit groupe passa à grands cris près de Louis et de Louise, groupe mené par un homme qui bouscula Louise et la fit tomber au sol. De colère elle hurla, son cri sembla la réveiller et réveiller du même coup Louis qui prit par la main Louise et sa colère, les releva et, de leurs rages jumelles, ils se jetèrent à l’intérieur de l’immeuble numéro 15 juste avant que la nuit ne s’abatte définitivement. 

Ω 

Un matin de plus pour Louis et Louise dans l’appartement de Paul, Virginie, Ethan et Lisette. Deuxième étage, porte gauche en sortant de l’ascenseur, appartement traversant avec vue, au Sud, sur le noir du parc et, au Nord, sur le noir du boulevard, numéro 15. Un matin uniquement reconnaissable au fait qu’il suit immédiatement le sommeil mais qu’on ne pourrait identifier à la lumière du jour revenue puisque, depuis le jour noir, la lumière n’est plus revenue. Louise flâne encore, un livre à la main, dans le grand lit de Paul et Virginie, Louis en termine de sa douche matinale dans la salle de bain des enfants. Dans quelques minutes, comme ils en ont désormais l’habitude, ils prendront ensemble leur petit déjeuner dans la grande cuisine américaine, ils échangeront quelques mots courtois, Louise demandera si le nuage est passé et Louis répondra une nouvelle fois qu’il n’en est rien. Pour le prouver, il se lèvera, ira à la fenêtre et tirera un pan de rideau et son geste, ce matin encore, ne dévoilera qu’un brouillard opaque et sombre. Referme s’il te plaît, murmurera Louise et Louis refermera dans un sourire forcé et répondra, demain peut-être. Chacun ensuite prendra possession de son atelier pour la journée, Louise investira le bureau de Paul pour y retrouver ses esquisses, Louis la salle de jeux des jumeaux pour y brancher son ordinateur et travailler sur ses photos. Leur journée sera douce, créative, silencieuse, quelqu’un arrivant à l’improviste et les découvrant tous deux affairés dans cet appartement superbe penserait à un couple heureux, en pleine réussite sociale et personnelle, goûtant avec gourmandise à une vie de volupté. Ce visiteur ne saurait rien, ne devinerait rien de la violence originelle, de ces deux êtres qui ne s’étaient jamais vus il y a dix jours, de la noirceur de leur passé récent et de l’incertain de leur futur proche. Comment imaginer que pour parvenir à cette image d’Epinal en rose bonbon, il avait d’abord fallu s’extirper d’une masse de bras, jambes, têtes, se hisser sur des corps tombés au sol, laisser derrière soi sur le perron de l’immeuble les plus faibles qui allaient en mourir ? Comment se figurer qu’une fois dans l’immeuble et la lourde porte de bois refermée derrière eux, il y avait encore eu une mêlée informe pour prendre possession de la loge de la concierge, des appartements du premier étage dont deux étaient occupés et fermés à double tour pour atteindre le second, le dépasser et trouver le petit escalier de service qui menait au logement superbe dans lequel Louis et Louise vivaient depuis dix jours ? 

 

Si Louis avait trouvé la force de leur faire quitter le trottoir et ses sables mouvants, c’est Louise qui les avait guidés à l’aveugle dans le dédale des escaliers et les avait fait atteindre seuls ces sommets alors que d’autres rescapés de la rue continuaient de se battre en dessous pour pénétrer dans les logements. Louise encore qui avait habilement crocheté la serrure de l’appartement, en quelques minutes à peine et à l’aide d’un mystérieux outil métallique sorti de son sac à main. Louise enfin qui avait refermé sur eux et à double tour le verrou de la porte d’entrée. Il y avait eu ensuite quelques moments de panique, des mouvements de l’un et de l’autre vers les fenêtres qui donnaient sur la rue, des oreilles collées à la porte d’entrée jusqu’à ce que s’éteigne le brouhaha infernal des bagarres qui faisaient rage aux étages inférieurs. Mais personne n’avait trouvé le petit escalier de service pour grimper jusqu’à eux et les différentes fenêtres, pourtant larges et hautes, renvoyaient désespérément le même spectacle désolant d’un brouillard épais et sombre. Il y avait eu, plus tard, un peu de gêne entre eux que Louis avait tenté de dissiper en disant, bonjour je m’appelle Louis ce à quoi Louise avait répondu, bonjour je m’appelle Louise. Ils avaient souri du hasard de leurs prénoms jumeaux puis s’étaient accordés sur la nécessité de trouver une télévision ou un poste de radio. Un écran immense ornait l’un des murs du salon mais, une fois la télécommande dégottée à grand peine et le téléviseur allumé, l’écran n’affichait qu’un désespérant grésillement aveugle. Trouver un poste de radio fut beaucoup plus compliqué car si l’appartement regorgeait d’ordinateurs fixes ou portables, d’enceintes Bluetooth et de toutes sortes de matériel connecté, il semblait vierge de tous ces petits objets issus des siècles précédents et qui font le charme des intérieurs vieillis.

 

Finalement, c’est sur une étagère en désordre, fixée au-dessus du plan de travail de la cuisine, qu’ils avaient repéré un poussiéreux transistor à antenne. La molette avait tourné un moment dans le vide sous les doigts nerveux de Louis avant qu’un mince et presqu’inaudible filet de voix ne se fasse entendre autour du 100.6 de la bande FM. La voix disait au mot près ce que les soldats avaient hurlé plus tôt, dans le chaos du boulevard, « Rentrez ! Rentrez n’importe où pour vous mettre à l’abri ! Le virus est dans l’air ! Le virus est dans l’air ! Rentrez n’importe où pour vous mettre à l’abri ! » et, après quelques minutes d’écoute, Louise et Louis comprirent qu’il s’agissait en fait d’un message enregistré sans doute à la hâte et tournant en boucle sur les ondes. 

Dans les premiers jours, leur vie ressembla à celle des explorateurs découvrant avec avidité une terre inconnue. Il fallut d’abord reconnaître chaque pièce de l’appartement qui en comptait de nombreuses et détailler chacune qui faisait la taille d’un studio confortable. Tout dans le salon, les chambres, les bureaux, la cuisine, les salles d’eau et de bain disait le confort cossu, les meubles de prix, l’aisance assumée mais affichée sans ostentation. Cette découverte des lieux s’accompagnait de celle, passionnante et grisante pour Louise et Louis, de la vie de leurs hôtes. Celle-ci était facile à recomposer puisque les murs du salon, des chambres et même des deux cabinets de toilette, étaient recouverts de photos qui la retraçaient à différentes époques et dans différents lieux. Sous chacune de ces photos des prénoms, toujours les mêmes, Paul, Virginie, Ethan et Lisette. Deux adultes formant un couple parfait, pareil à ceux des publicités ou des comédies sentimentales américaines, lui grand, musclé, souriant de toutes ses dents, elle, longue, élancée, blonde, une pointe de mélancolie dans le regard pour y atténuer un bonheur sans cela insupportable au commun des mortels. Dans les toilettes, des photos d’eux deux seuls, des Etretat, Monaco, Marbella, Bali, Vienne, immortalisés au temps d’avant les enfants, main dans la main, yeux dans les yeux, mouvements de valses ou de slows figés en 400 Asa pour emprisonner le bonheur. Dans les autres pièces, deux bébés blonds prenaient la suite et toute la place, jumeaux montrés nus et hilares sur le tapis d’éveil d’une chambre rose et bleue , enfants modèles et sages devant la grille de leur première rentrée, pré adolescents au regard frondeur soufflant les treize bougies d’un gâteau d’anniversaire dans ce qui semblait être la photographie la plus récemment affichée. Louis et Louise scrutaient longuement chaque photo comme une politesse due à ces hôtes qu’ils ne pourraient jamais saluer, s’obligeaient à un petit mouvement de tête ou de sourcils en passant devant eux, veillaient à ce que la poussière ne s’installe sur aucun des portraits de couple ou de famille. Ils leur parlaient aussi, les remerciaient régulièrement pour leur accueil sans tâche, pour avoir abondamment rempli frigidaires et placards de provisions permettant de tenir un siège de plusieurs mois, ils leur souhaitaient le meilleur pour ce qui ressemblait à un exil précipité auquel Paul, Virginie et les jumeaux avaient certainement dû se résoudre comme nombre de parisiens échappés de la capitale quelques heures avant le jour noir. 

 

En dehors des temps consacrés aux besoins vitaux d’alimentation, d’hygiène et de sommeil, leur vie n’était qu’art. Louise, arrivée dans l’appartement vierge de tout matériel de peinture puisqu’initialement partie en acheter au matin du jour noir, avait trouvé son bonheur dans le dressing de Virginie. Sous une rangée de manteaux, vestes de tailleurs, chemisiers de toutes couleurs et de toutes formes, à l’angle du meuble immense et bas où patientaient des paires de chaussures surnuméraires, dormait l’une de ces boîtes dans lesquelles l’on remise rêves de jeunesse et passions précocement abandonnées. Ce carton là n’échappait pas à la règle puisque contenant en vrac des photos noir et blanc d’une Virginie adolescente s’essayant au tennis, deux aiguilles à tricoter plantées dans une pelote de laine rouge et, tout en dessous, un carnet de dessin à spirales auquel ne manquaient que quelques pages. Louise s’en était emparée avec l’avidité de l’assoiffé rencontrant une fontaine, avait sorti la boîte de pastels qu’elle gardait toujours dans son sac à main puis fait du bureau de Paul son nouvel atelier. Louis s’était contenté de libérer la grande planche-bureau posée sur deux tréteaux qui traversait la salle de jeux des jumeaux, avait précautionneusement posé au sol leurs cahiers de cours, feuilles volantes et globe terrestre lumineux pour les remplacer par son appareil photo et son ordinateur portable. Du premier passaient au second des milliers de photos prises dans les jours gris d’avant le jour noir, des vues de rues, avenues, lieux publics peu à peu vidés de leurs occupants, d’ultimes passants passant pressés comme des fantômes dans des lieux désertés et peu soucieux de l’objectif immortalisant leur fuite. Il s’arrêtait brièvement sur chaque photo, décidait de leur intérêt puis, d’un clic, classait dans différents dossiers chronologiques celles qu’il souhaitait conserver et envoyait vers la corbeille de l’ordinateur celles qui n’avaient aucun intérêt à ses yeux. Le soir, chacun montrait à l’autre son travail du jour, ce faisant une complicité naissait qui ne disait pas son nom, régulièrement et au prétexte de mieux voir le dessin ou la photographie, il passait derrière elle et frôlait son dos, Louise posait ses doigts sur le clavier de l’ordinateur alors que ceux de Louis s’y trouvaient déjà et un frisson les parcourrait. Ils vivaient ainsi, tranquilles et sereins, un peu honteux de leur presque bonheur alors que, derrière les rideaux de leur chez eux de circonstances, le malheur était partout. 

Ω 

Cette après-midi, Louis a fièrement décrété que cela faisait désormais un mois tout rond qu’ils étaient confinés dans l’appartement et il a dit à Louise, fais toi belle, ce soir je vais nous préparer un repas de fête. Louise a pris un long bain dans lequel elle a versé sels et lotions sagement rangés au dessus de la baignoire et s’est laissée couler dans l’eau brûlante et odorante avec l’ambition de ne penser à rien. Elle y a réussi pendant plusieurs minutes même si des pensées minimalistes germaient parfois dans son esprit embrumé mais elles les chassaient aussitôt, facilement, comme si elle crevait des bulles de savon à la surface de l’eau. Elle reprenait ensuite sa rêverie méditative, ne l’interrompant de temps à autres que pour rajouter de l’eau brûlante dans le bain devenu tiède. A un moment pourtant, une pensée s’est imposée à elle. Moins qu’une pensée, une image, claire, limpide, incontestable comme le sont toutes les vérités que l’on a depuis longtemps enfouies quand elles s’imposent en évidences. 

 

Louis a cuisiné toute l’après-midi. Posé sur le plan de travail de la cuisine, son ordinateur s’est mué en livre de recettes dans lequel il a d’abord fallu effectuer une recherche par ingrédients en tenant compte de l’inventaire des placards et du frigo congélateur. Il a ensuite longuement débattu avec lui-même sur les préférences supposées de Louise, ses aversions quasi sûres pour le poisson ou le curry, sa peut-être réticence aux repas de fête, son si ça se trouve appétit de moineau. Il a finalement choisi du poulet, tout le monde aime le poulet, je vais lui faire du poulet thaïlandais, je suis sûr qu’elle aime ça la bouffe asiatique. Il a décongelé la viande dans le micro-ondes ultra moderne dont il a peiné à comprendre le fonctionnement, l’a découpée en fines lamelles comme le précisait la recette du site internet pour femmes modernes et l’a mise à mariner dans un mélange d’huile, de sauce soja et d’épices prises un peu au hasard sur les étagères. C’est à ce moment là que la honte est venue. Discrète mais insidieuse, entêtante, comme la rengaine dont on peine à se défaire, infondée et pourtant incontournable. 

Louise est entrée dans le dressing de Virginie, son image idée fixe toujours devant les yeux. Louis a fouillé dans les placards de Paul sans se départir de sa petite honte bue. 

Elle a opté pour une robe sage, motifs blancs sur fond noir, manches longues, liseré argenté au-dessus du genou et a déposé une goutte de parfum au creux de son cou. 

Il s’est marré en enfilant un smoking superbe, en constatant qu’il manquait quelques centimètres au pantalon pour atteindre ses chevilles, en imaginant le rire de Louise quand elle le verrait ainsi attifé. 

Elle a effectivement ri, beaucoup, d’un rire sonore juste un peu trop appuyé. 

Il a ri avec elle, ri en tournant sur lui-même pour montrer les ourlets trop courts sur son grand corps d’épouvantail, ri en bouffant des yeux la robe sage et les formes qui s’y dessinaient. 

Elle a fait un pas vers la table, un pas vers lui, elle a dit, ça sent bon en tout cas.
Il a fait un pas vers la table, un pas vers elle, il a répondu, j’espère ne pas t’empoisonner. Elle a levé vers lui ses grands yeux équivoques. 

Il a posé sur elle un regard sans nuances. 

Et il n’y a pas eu de repas, le poulet thaïlandaise a refroidi, seul, sur la table du salon pourtant joliment dressée.

 

Sur la même table, le Côte de Beaune déniché dans un placard a décanté dans sa superbe carafe de cristal sans que personne ne fasse attention à lui. Sur l’ordinateur de Paul, Otis Redding a chanté en boucle Sittin’ on the dock of the bay puisque la fonction « Répéter » avait été malencontreusement activée. Dans leurs cadres d’éternité Paul, Virginie, Ethan et Lisette ont détourné les yeux. Sur un roulis, un tangage, une houle de deux corps en écumes. Sur une robe tombée à l’entrée de la cuisine, un smoking roulé en boule au pied du canapé, des chaussures et chaussettes orphelines disséminées comme les cailloux du Petit Poucet jusqu’à la chambre. Sur des baisers, sur des caresses, sur des doigts, sur des mains, sur des bouches, sur des sexes, sur des unions, des désunions, des prises, des reprises, des méprises de trop d’empressement, sur des je t’aime et des je n’attendais que toi, sur des j’ai pensé à toi dans mon bain répondant à des j’ai eu honte de te désirer à ce point. A part ces quelques phrases peu de mots, pas de serments ni de promesses, pas de quand tout sera fini ou de si jamais je t’avais rencontrée avant. Juste des souffles, des regards, des accords tacites et silencieux, des volontés unies pour repousser le sommeil et éterniser la nuit. Se prendre, se reprendre, ne rien perdre des regards, des enchevêtrements, des postures comme si Louise les fixait à l’huile sur ses toiles ou Louis dans l’objectif de son appareil photo. La vie, seulement la vie, après et au milieu de tant de morts, toute la vie en une nuit. 

Il y aura toujours un couple frémissant pour qui ce matin-là sera l’aube première. Il y aura toujours l’eau, le vent, la lumière ; rien ne passe après tout si ce n’est le passant. Un poème en guise de réveil, Aragon pour remplacer le room service qui jamais ne viendra toquer à la porte de la chambre, armé d’un plateau gargantuesque.

 

Un poème revenu ce matin à Louis des tréfonds de sa mémoire écolière, trois vers appris il y a un siècle, dans un autre monde et une autre vie, appris pour revenir aujourd’hui se poser sur cette aube là. Louis se dit, il est là le couple d’Aragon, j’en suis l’homme déjà éveillé, l’homme qui porte le même prénom que le poète, épuisé mais émerveillé de sa nuit et veillant sur elle et son sommeil profond, dans un lit qui n’appartient ni à l’un ni à l’autre. Elle est la femme du couple d’Aragon, mon Elsa à moi, ma Louise, ma compagne de cette nuit, seulement habillée de mes baisers et de nos sueurs jumelles. Il est là le matin du poète, pareil à tous les matins du monde pour ceux qui s’éveillent ailleurs que dans cette chambre, une aube soumise aux hommes, à leurs caprices, à leurs vanités, à leurs nuages sombres mais pas pour nous, pas ce matin, pas ici. Elle est là l’eau que nous n’avons pas bue, il est là le vent que nous n’entendons pas. La suite il ne veut pas la dire, il la sait pourtant depuis que ses yeux se sont ouverts tout à l’heure à grand peine et, qu’effrayé, il les a refermés brusquement, il la connait pourtant depuis que ses oreilles ont entendu et que pour les assourdir il a glissé sa tête sous l’oreiller protecteur. Retarder le moment, différer l’aveu que l’on se fait à soi même, se taire c’est arrêter le temps, ne pas dire c’est changer l’histoire, en modifier le cours, de la rivière détourner le lit. Ne pas s’avouer que c’est fini, que la lumière du poète est là aussi, derrière les rideaux encore tendus, sur ce boulevard qui ne désirait qu’elle et qui en hurle de joie. Si la lumière est là c’est que le nuage est parti, que la rue est sûre, que ceux qu’il entend chanter malgré l’oreiller sur sa tête hurlent de fête, de leur victoire inespérée.

 

Si la lumière est là c’est que bientôt ils seront là aussi, Paul, Virginie, les jumeaux, ils ne sont pas de ceux qui se rendent aux nuages fussent-ils noirs, aux épidémies fussent-elles mortelles, aux locataires provisoires fussent-ils armés d’amour et d’insouciance. Ils vont rentrer bientôt retrouver leurs vies de carte postale, leur appartement de magazine déco, rentrer pour reprendre leur vie et fabriquer des souvenirs qui rempliront ensuite leurs foutus cadres photos. D’ici là, il faudra être partis, retrouver les rives opposées de la Seine et une vie où Louise et Louis n’auront plus rien à se dire puisqu’il n’y avait qu’une fois, que c’était celle-là, que c’était cette nuit et qu’à cette aube tout s’achève.

Louise vient de bouger dans le lit. Elle s’y retourne, elle s’y détend, bientôt elle ouvrira les yeux et saura. Alors Louis tire sur eux le lourd édredon pour en faire une tente indifférente à la lumière et aux cris de la rue, un abri de fortune pour glaner quelques instants encore, elle ouvre les yeux, il l’embrasse et récite Il y aura toujours un couple frémissant pour qui ce matin-là sera l’aube première. Il y aura toujours l’eau, le vent, la lumière ; rien ne passe après tout si ce n’est le passant. 

FIN 

Opération Coronavirus, l’écrivain pour adolescents Eric Jeux contribue

Pour échapper au confinement, par Eric Jeux

Atteint par le Coronavirus la veille, ce début de confinement m’a paru bien naturel. Heureusement pour moi, les symptômes que je ressentais étaient légers : petite fièvre, grattements de gorge, maux de tête et courbatures. Ils étaient de l’ordre d’un gros rhume. Sans doute en temps normal, j’aurais poursuivi ma vie habituelle. Cette fois-ci, il s’agissait d’éviter tout contact afin de ne pas transmettre davantage la maladie à des gens plus fragiles ou moins chanceux que moi. Je restai donc cloitré en attendant que le mal passe, incapable d’une activité intellectuelle et créative, et livré à mes seuls démons intérieurs. Au bout de quatre jours, les symptômes de la maladie disparaissant, je retrouvai ma sérénité et mon imagination. Je pouvais donc à nouveau m’intéresser au sort de mes chersInfralents, les héros de ma saga de science-fiction.

Mes personnages vivent dans un monde virtuel où ils ont la capacité de façonner la réalité en fonction de leurs souhaits. Cela pose la question de l’imagination puisque pour pouvoir créer un objet, un lieu, voire un animal, il faut d’abord l’imaginer, c’est-à-dire en construire l’image et toutes les caractéristiques à l’intérieur de son cerveau. J’ai pu me rendre compte lors de mes nombreuses visites dans les collèges et les lycées, que ce travail d’imagination n’est pas du tout évident pour la plupart des gens et mêmes des ados. Il s’agit pourtant d’une capacité toute naturelle puisque le monde dans lequel nous vivons n’est pas seulement le monde extérieur tel qu’il nous est donné, mais surtout le monde tel que nous nous le représentons. A chaque instant, notre cerveau crée à partir de nos sens, une représentation complète du monde extérieur et c’est dans cette représentation personnelle que nous vivons.

Il est donc tout à fait possible et même naturel d’utiliser nos capacités cérébrales pour créer des représentations de réalités alternatives pour nous y échapper : «  Je m’imagine dans une verte prairie vallonnée, l’herbe odorante effleure mes pieds nus, je marche au gré d’une pente douce par les méandres herbeux jusqu’à la mer qui se dévoile d’un coup. J’aspire à grand coup, l’air frais et iodé se mêle aux effluves tièdes de fleurs et de foins… »

Personnellement, je suis attiré par les grands espaces, tel se retrouvera plutôt dans un stade bondé, tel autre sur une piste de danse survoltée. Ce qui compte, c’est d’ouvrir les portes de ses mondes virtuels et de les sonder, les nourrir, afin d’aider notre esprit à combattre l’enfermement : le rétrécissement. Nous pouvons nous appuyer sur des paysages connus, sur des souvenirs ou des photos dès lors qu’ils  sont le tremplin, le point d’appui pour le grand saut dans notre imaginaire. Nous ne sommes pas condamnés à l’angoisse et la déprime, contre lesquelles les petits écrans ne nous permettront pas seuls de lutter. Il nous faut aller puiser à d’autres sources, telles la lecture, pour retrouver les trésors oubliés de nos mondes intérieurs. N’hésitons pas à les explorer, à nous y promener. Ils nous aideront mieux que tout divertissement à respirer et à nous libérer le temps de ce confinement.

Eric Jeux

Le temps des Infralents chez PGDR 

Tome 1 : L’envol de Lena, Tome 2 : Les chimères de Karl.

Opération Coronavirus, la contribution de Marc Lumbroso

Le cauchemar Corona

Nous vivons un moment terrible, certains disent historique !

Je ne le croyais possible que dans les films catastrophes !

J’espère que je fais un mauvais rêve avant de m’éveiller dans un rayon de soleil !

 

Mais non ! Mon président, l’air grave et l’œil bleu sombre, m’affirme que le pire est à venir et que si je veux sauver ma peau et celle des autres, je dois me planquer, me terrer, me confiner, me blottir au fond de mes draps, faire le dos rond et espérer ! 

Moi, qui n’ai connu que la paix, les 30 glorieuses ; qui n’ai pensé qu’à mon bien être, celui des miens et de ceux que j’aime en toute bonne conscience ; on m’annonce que je suis en guerre ! Contre un ennemi, réductible certes, mais invisible, redoutable et vengeur. Situation ubuesque pour un enfant gâté du siècle !

 

Du fond de ma solitude et de mes angoisses entretenues par des médias, aussi moralisateurs qu’amplificateurs, me voilà plongé dans les réminiscences de mes plus jeunes années, au sortir de la terrible guerre où il n’était question que de bombardements, de morts de barbarie de haine, de pénuries et de danger permanent ! 

Il n’est rien de tout cela, grâce au ciel, mais le scénario est comparable ! C’est clair, Satan nous joue un mauvais tour ! En attendant, je me morfonds au fond de mon canapé, en proie à toutes les pensées et tribulations en tous genres initiées par ce drame que nous vivons. Dès lors qu’il est en grand danger, l’être humain vaniteux ingrat et repu de toutes ses certitudes à quatre sous, se souvient brusquement de l’existence du ciel.

 

Serait-ce un signe, un avertissement, un pré déluge ? L’homme a-t-il oublié ou travesti sa condition, ses origines, sa finitude ; comme pour s’enivrer ? 

Sans revenir à l’âge de pierre, nous voilà privés de nos habitudes, de notre environnement, de notre douce insouciance et précipités dans un état primaire et anxiogène ? Serait-ce une plongée au sein de notre paradis perdu ? 

Est-ce que ce terrible épisode, cette mise entre parenthèses, ce drame épouvantable qui frappe tant des nôtres nous replace dans notre statut d’êtres de la terre ! 

 

À genoux, à plat ventre, mordons la poussière et ouvrons les yeux sur la réalité, en espérant qu’il ne s’agisse que d’un avertissement ! 

 

Marc Lumbroso

18 03 2020

Opération Coronavirus, contribution de Domitille Marbeau Funck-Brentano

Opération Coronavirus, contribution de Domitille Marbeau Funck-Brentano

Coronavirus, nous n’avons plus que ce mot à la bouche, les réseaux sociaux, les médias, les groupes de parole en sont infectés. Pas d’autres sujets de conversation depuis qu’une mobilisation générale a été décrétée il y a quatre jours  par le gouvernement.

Moi qui n’ai pas connu la guerre et qui culpabilisais d’avoir vécu depuis des années dans le confort et la sécurité, je suis servie !

Cette guerre est totalement nouvelle et fait émerger chez beaucoup des comportements anxiogènes.

Mais le danger est d’une tout autre nature : pas de bombes ou de fusils, c’est un ennemi invisible qui s’attaque à votre santé et pour lequel la seule réplique est de ne rien faire si ce n’est respecter une injonction générale qui porte le nom magique de CONFINEMENT.

Si l’on cherche ce mot dans le dictionnaire, on trouve la définition suivante : Fait d’être confiné, ou situation d’une population animale trop nombreuse dans un espace trop restreint et qui, de ce fait, manque d’oxygène, de nourriture et d’espace.

Les magasins sont dévalisés, les gens se battent pour un paquet de pâtes, les lignes téléphoniques sont saturées, des groupes de parole se forment sur la toile, La peur se transforme en panique, la dépression nous guète !

Puis la solitude est rompue par des petits clics indiquant qu’un des membres du groupe a posté vidéo, photo, ou quelques phrases pour créer un lien qui se fait subitement jour

Une guerre où le seul combat possible est de rester chez soi, est porteuse d’une stratégie déstabilisante. Restez chez vous martèle la télévision dès qu’on l’ouvre. Les gens se retrouvent enfermés avec eux-mêmes s’ils sont seuls ou avec conjoint et enfants s’ils sont en famille. Il faut apprendre à vivre avec ses proches, découvrir ceux que l’on côtoyait tous les jours quand ce n’est pas expérimenter l’enfer, c’est les autres.

Quand j’entends les plaintes incessantes de certains confinés qui tournent en rond dans leur logement, je ne peux m’empêcher de penser à Anne Franck qui est restée deux ans cachée dans un réduit avec sa famille avant d’être découverte et emmenée  avec elle vers les camps de la mort.

Le plus difficile pour moi est de ne pouvoir adopter une attitude active, et reprenant ce que j’écrivais dans mon premier roman, L’Écho répété des vagues : « je suis née trop tard pour épouser mon cousin chéri, quand je s’rai grand tout le monde s’ra vieux et quand j’s’rai vieux tout le monde s’ra mort », et d’ajouter aujourd’hui : « je suis née trop tôt pour m’engager auprès du corps médical, être un vrai petit soldat et endosser l’étoffe des héros ! »

Toujours ce problème du moment, celui où l’on arrive sur la terre, pour un temps finalement très court qui s’accélère avec l’âge et nous fait comprendre que la vie est un miracle qu’on ne peut se permettre de gâcher car elle est unique.

Le confinement : un voyage avec soi-même, entouré de nos livres, disques, photos, temps volé au temps où toutes les contraintes sont abolies, où nous sommes autorisés enfin à jouir de tous les instants pour penser.

Le confinement : un voyage initiatique,  mais comme tout voyage Il peut aussi  prendre corps dans un voyage extérieur, un voyage à Bayreuth dont j’ai fait un roman La Défense d’aimer.

Aller à Bayreuth pour écouter le Ring, c’est prendre le risque d’être confiné pendant une semaine dans une bulle musicale où plus rien n’existe que la musique de Wagner, ses leitmotive, ses personnages, ses interrogations sur le monde, qui partent de la fascination de l’or au crépuscule des élites pour finir par se consumer dans les flammes qu’elles ont elles-mêmes entretenues.

Sommes-nous en ce moment dans cette bulle qui verra exploser le monde capitaliste ou au contraire fera émerger un monde qui ne doit sa survie qu’à la rédemption par l’amour  rencontrée chez Wagner ?

La bulle dans laquelle nous sommes confinées est mondiale.

C’est une première dans l’histoire de l’humanité.

Saurons-nous écouter l’appel de la planète qui appelle au secours avec une tendresse infinie car son virus ne tue que 2 % de l’humanité ?

Saurons-nous déchiffrer la langue de l’oiseau qui n’a plus peur de l’homme enfermé dans sa bulle ?

Et si cette bulle, au lieu d’être une prison n’était pas qu’un énorme message d’espoir et de liberté dont nous allons peut-être commencer à percevoir le sens ?

J’ose l’espérer, je retournerai à Bayreuth et j’écouterai la musique avec d’autres oreilles qui donneront naissance à un autre livre.

                                                                                   Domitille Marbeau Funck-Brentano

Pandemic 1 « Belle âme » par Frederika Abbate

PANDEMIC 1
Belle âme

C’est gentil d’applaudir sur les balcons chaque soir à la même heure. Cela leur fait une belle jambe, à ceux qui sont applaudis. Je ne dis pas celles et ceux car c’est piètre comme expression. Expression répétée à l’envi parce que c’est gentil. C’est gentil d’être gentil. Cela fait paraître beau. Cela fait paraître aimable, dans le sens «  qui peut être aimé  ». Pendant ce temps, la réflexion est mise au placard. C’est le règne de la belle âme. Et chacun se l’achète à bon compte, car tout s’achète et tout se vend. Ceux qui l’oublient, oublient de penser.

Le déni de la réalité tue autant que le virus mortel. Les gentils s’abreuvent au déni de la réalité. Ils s’en enivrent, s’en repaissent, s’en regorgent. Et chacun y va de son trémolo. Et chacun se met du côté des gentils et rabrouent les méchants. Le déni de la réalité est pourtant là, clair. Le virus n’est pas arrivé en Europe par l’opération du saint-esprit. Il s’est propagé dans le monde en étant transporté par des personnes contaminées qui, non-intentionnellement, l’ont emporté dans leur corps et l’ont introduit en Europe. Parce qu’il ne fallait pas faire de contrôle dans les aéroports. Cela fait tâche. Cela fait négligé. Cela peut déranger ces messieurs-dames qui font des affaires et voyagent. Il ne faut pas fermer momentanément les frontières. Ah  ! non surtout pas  ! Cela, c’est un crime de lèse-majesté. On se croit en démocratie  ? C’est faux. On peut léser sa majesté. C’est donc un royaume. Le pire des royaumes. Il s’appelle «  belle âme  ». Son drapeau et son modus operandi c’est «  déni de la réalité  ».

Cela fait longtemps que les infirmiers, les infirmières, les médecins nous le disent. «  Si l’état continue de sabrer les budgets, s’il ne remet pas de l’argent dans la santé, il y aura des morts dans les hôpitaux de France  ». C’est arrivé. Les gentils le dénoncent, dans les journaux, dans les tribunes. Les belles âmes. Il faudrait qu’ils se demandent aussi, les gentils, pourquoi l’état ne met plus d’argent dans la santé. Pour la même raison que les états ont refusé de contrôler et de fermer momentanément les frontières, dès le départ, parce que ce n’est pas le saint-esprit qui a propagé le virus. Les belles âmes qui s’adonnent au déni de la réalité croient donc au saint-esprit et qu’on vit dans un royaume. Qu’elles continuent à applaudir. Les applaudissements c’est pour un spectacle, que je sache. Je ne  savais pas que les gens qui soignent se produisaient sur une scène. Ah  ! j’oubliais que tout est spectacle. Et qu’ils continuent donc à se donner en spectacle, sur leur balcon  ; car c’est eux-mêmes qu’ils applaudissent dans le fond. Voyez comme on est gentils. Encore faut-il avoir la chance d’avoir un balcon, un domicile, pour le faire. Encore faut-il avoir la chance de ne pas revenir de son travail de caissier et de caissière dans les supermarchés et les commerces de bouche. D’ailleurs, eux, on ne les applaudit pas.

Qu’ils continuent à être gentils, repus d’idéologie. Allant jusqu’à traiter les Portugais de gens dociles. Quelle prétention ces Français  ! Le Portugal s’en sort bien mieux parce qu’il n’a qu’une seule frontière. Il suffit de regarder une carte de géographie. Et il l’a fermée très tôt. Il a donné une carte de santé aussi aux migrants pour que tout le monde soit bien soigné et que le virus se propage le moins possible. Les gentils se vautrent dans le déni de la réalité. Les Portugais sont dociles, disent-ils. Et pourquoi pas cons, tant que vous y êtes  ? Ils ne sont pas dociles, les Portugais. Leur état a été réaliste, c’est tout. Tandis que les gentils obéissent à leurs états meurtriers parce que les gentils dénient la réalité. Il préfèrent dans le fond qu’il y ait des morts, beaucoup de morts, que les médecins et les infirmières, les infirmiers pleurent parce qu’ils doivent choisir qui va être sauvé et qui va mourir. Ils préfèrent cela, les gentils, parce que leur miroir leur renvoie une image de belle âme. Mais un jour, un jour viendra où ce miroir, tel le tableau de Dorian Gray, leur montrera leur vrai visage, et là ils pleureront sur leur face hideuse. Mais ce sera trop tard, car la fin du monde sera arrivée.

Paris, le 31 mars 2020, 15ème jour de «  confinement  » parce qu’on a dénié la réalité.

Le regard du Docteur Jacques Fiorentino sur l’actualité Covid 19

ET SI LA RAISON REPRENAIT LE DESSUS…

par le Dr Jacques Fiorentino 30 mars 2020

(attachée de presse guilaine_depis@yahoo.com 06 84 36 31 85)

Le monde entier ou quasiment est en voie de s’arrêter ou presque…

Plusieurs milliards de personnes sont confinées chez eux ou travaillent peu ou prou dans des conditions difficiles

La raison : une infection virale

Résumé ainsi on se prend à penser que le monde et particulièrement ceux qui nous gouvernent ont perdu la raison…

Mais l’énoncer ainsi c’est rajouter des braises à toutes les polémiques qui se démultiplient grâce à cette nouvelle langue d’Esope que sont les réseaux sociaux.

Alors reprenons point par point pour essayer d’y voir plus clair (si cela s’avère possible)

 

UNE INFECTION VIRALE

On prend conscience qu’une infection virale peut avoir des conséquences sanitaires et même provoquer des morts… Quelle découverte !!!

Rappelons que malgré l’existence d’un vaccin chaque année la grippe provoque nombre d’hospitalisations et de décès, décès qui pour l’heure dépassent encore ceux causés par ce nouveau virus…

On découvre qu’une infection virale ne connait ni frontière, ni ethnie… La belle affaire !

Qui pourrait croire le contraire… Sans doute les mêmes qui nous disaient que le nuage de Tchernobyl n’avait pas passé la frontière franco-allemande.

Oui nous sommes exposés à des risques infectieux mais pas seulement…

Rappelons que la canicule de 2003 a tué 17 000 Français en quelques semaines sans que le pays ne s’arrête de vivre, sans même que les vacances ne soient interrompues…

Alors que se passe-t-il ?

Contagiosité plus importante ?

En l’état actuel des données si la contagiosité est importante, elle reste encore inférieure à nombre de maladies virales plus connues et vécues plus simplement (à tort ou à raison) comme la rougeole

Gravité plus importante ?

Il est impossible de le savoir réellement car les mêmes qui réclament à corps et à cris des études « rigoureuses » pour des traitements ne sont pas à même de fournir des données comparatives référencées par rapport à d’autre pathologies virales équivalentes.

Donc où se trouvent les problèmes ???

 

UN DEPISTAGE NON ENCORE FONCTIONNEL

Sans être un virologiste éminent on sait depuis des décennies que pour s’assurer de l’existence d’une pathologie virale on doit la dépister car

  • Les signes cliniques quand ils existent ne sont guère spécifiques la plupart du temps
  • Les porteurs sains constituent une part importante des personnes ayant été en contact avec le virus…

A cet égard, donner des pourcentages de décès ou de formes graves sans connaitre le chiffre de la population réellement atteinte est une hérésie épidémiologique.

Pourquoi ce dépistage n’a-t-il pas été mis en place précocement comme cela a été le cas dans un pays équivalent comme l’Allemagne ?

Pourquoi tant de tergiversations devant ce qui apparait comme une évidence ?

Pourquoi la France, 5èmeou 6ème(selon des évaluations différentes) puissance économique s’est rendue incapable de mettre en place ce dépistage ?

Il faudra bien qu’un jour et le plus vite sera le mieux que l’on réponde à ces questions essentielles

 

DES INJONCTIONS CONTRADICTOIRES

D’un côté « Restez confinés » et de l’autre « Il faut que le pays continue à fonctionner » …

On vous parle de confinement, on met en place une politique coercitive avec amendes lourdes à la clé et un ministre vient, sans honte, déclarer que les Français doivent aller dans les champs aider les agriculteurs…

On vous demande de rester confiné et on met en place des élections municipales que l’on est bien incapable de finaliser. Rappelons qu’en même temps on culpabilise la population qui, le même jour, prenait un peu l’air dans des parcs ou des forêts…

Et si l’on y rajoutait avec une certaine cruauté le défilement de messages différents et erratiques toutes les semaines, voire tous les jours sur la conduite à tenir…

Et n’oublions les effets du confinement dont nombre d’études ont montré les conséquences médicales et psychologiques qui peuvent être dans certains cas dramatiques.

 

UNE GUERRE MEDIATIQUE AUTOUR D’UNE THERAPEUTIQUE

Si la situation n’était pas si grave, il y aurait de quoi rire devant cette querelle de cour d’école où s’écharpent des éminents experts… sauf que cela laisse désemparée toute une population, et même nombre de professionnels de santé.

Un médicament utilisé pour la prévention et le traitement du paludisme depuis nombre de décennies et dont on connait largement les risques et les effets secondaires semble – je dis bien semble car je n’ai pas la prétention de clore ce débat a fortiori sans l’ensemble des données – montrer une certaine efficacité.

Or que fait-on ? On continue à débattre sur le « sexe des anges » alors même que l’on n’a rien d’autre à proposer.

Si l’un de mes proches ou moi-même présentaient des signes évocateurs de cette virose, je n’hésiterais pas un seul instant à prescrire ce médicament après avoir pris les précautions d’usage propres à toute décision thérapeutique.

 

DES MASQUES CACHANT UN SCANDALE D’ETAT

Comment a-t-on pu ne pas se soucier de refaire des réserves de masques alors que l’on puisait larga manudans les réserves ?   

Sous des prétextes fallacieux, sans que personne n’accepte d’assumer la responsabilité on a mis en péril une population de soignants qui paie le prix fort de cette incurie.

Comment un pays comme le nôtre a pu se rendre à ce point dépendant sur des secteurs vitaux, bien sûr les masques qui nous préoccupent actuellement, mais aussi les médicaments. Les ruptures de stocks de médications devenues une espèce de réalité acceptée auraient du constituer des alertes et réveiller certaines consciences face à des risques vitaux.

 

Et on pourrait continuer ainsi longtemps à énoncer ce qui fait que face à cette épidémie devenue pandémie, on a marché cul par-dessus tête…

 

LA SANTE ? L’OUBLIEE DU SYSTEME

Depuis près de 50 ans on ne parle de la Santé que pour évoquer les dépenses engendrées et les moyens de couper dans ce qui apparait accessoire alors même que plus de la moitié du PIB est consacrée aux dépenses publiques.

On a oublié que la Santé, au même titre que l’Education, la Justice, la Sécurité, est une valeur essentielle qui doit être assurée dans les conditions optimales.

On a oublié que la Santé est un investissement essentiel pour un pays et non pas seulement des dépenses. Ce qui se passe actuellement avec un pays en voie d’arrêt en donne une preuve dramatiquement éclatante.

Cette pensée sur la « Santé dépensière » a formaté plusieurs générations de dirigeants politiques et économiques et voici le résultat.

 

ALORS ?

Loin de moi la prétention de sortir d’un chapeau des solutions toutes faites ce d’autant que la gestion incohérente de ce problème a rendu trop tardives ou caduques certaines préconisations.

Mais simplement quelques idées simples

  • Mettre le paquet sur le dépistage afin de libérer au plus vite le pays du carcan du confinement
  • Utiliser à bon escient des protocoles thérapeutiques avec une surveillance accrue
  • Soulager au plus tôt les personnels soignants, si peu entendus jusqu’à présent et qui mènent un combat acharné pas avec des mots mais des moyens importants, authentiques et adaptés.

 

 

A interviewer sur les conséquences du confinement : le docteur Jacques FIORENTINO

Texte « ENFANTS ET CONFINEMENT »

par Dr Jacques FIORENTINO

(attachée de presse : guilaine_depis@yahoo.com 06 84 36 31 85)

18 mars 2020

La France, tout comme d’autres nations, vit un moment particulier, sans équivalent.
De partout, experts en tous genres nous bombardent de chiffres, dont le caractère évolutif et parfois discutable n’a qu’une seule vertu : l’anxiété.
Et au milieu de tout cela, il y a des femmes, des hommes, des enfants de toutes constitutions, de tout niveau social qui doivent vivre (et parfois même survivre) dans ce climat anxiogène. On parle peu de cette population, sauf pour les dénoncer comme « pilleurs » de supermarché, « inconscients » et tant d’autres qualificatifs.

Depuis peu vient s’ajouter cette situation inédite pour la quasi-totalité des habitant(e)s,
LE CONFINEMENT.
Et voilà ce que nous dit le Larousse :

« Action de confiner, de se confiner dans un lieu ; fait d’être confiné ».
Situation d’une population animale trop nombreuse dans un espace trop restreint et qui, de ce fait, manque d’oxygène, de nourriture ou d’espace. Ensemble des précautions prises pour empêcher la dissémination des produits radioactifs, dans l’environnement d’une installation nucléaire. (…)

Ensemble des conditions dans lesquelles se trouve un explosif détonant quand il est logé dans une enveloppe résistante.

C’est peu de dire que cela ne rassure pas et pourtant nous nommes sommés de faire avec.
Au milieu de données variables alors que nous, adultes, nous avons du mal à nous y retrouver, il y a les enfants.

Rappelons que pour la plupart des enfants, leur socialisation habituelle vole en éclats, les laissant sans repère, accentuée par l’impossibilité de défoulement physique pourtant si nécessaire quel que soit leur âge.

Des interrogations exprimées ou non : (liste bien sûr non exhaustive)
• Que font les parents en permanence à la maison avec pour les

enfants les plus âgés l’angoisse du chômage dont ils entendent si souvent parler ? Pourquoi ne puis-je voir mes copines, copains… même chez eux ou chez moi ?

  • Comment vais-je apprendre de nouvelles choses puisque ceux qui sont censés me les enseigner ne peuvent me voir ?
  • Et puis pourquoi dois je me réveiller puisqu’il n’y a rien à faire ?
  • Etc.

Ce questionnement, exprimé ou non, terrorise nombre de parents qui ne savent quoi répondre ce d’autant qu’ils ont de leur côté à gérer des situations complexes et anxiogènes (télétravail, chômage technique ou partiel, absence d’activité etc.).

Il faut donc tenter de trouver des règles qui permettent tout à la fois de dépasser cette situation difficile mais aussi, pourquoi pas, construire un relationnel régénéré.

1ERE CONDITION
Expliquer la réalité de la situation
, les raisons qui la fondent avec des mots simples selon bien sûr l’âge des enfants et convenir d’un rendez-vous quotidien en dehors duquel on n’évoquera ni le virus, ni le confinement.

Il ne faut jamais hésiter à donner les limites de ces informations et ne pas chercher à répondre à tout prix à toutes les questions.

2EME CONDITION
Il faut recréer une nouvelle organisation comprenant un rythme, des responsabilités, des rendez-vous auxquels tout le monde (adultes comme enfants) doit s’astreindre

3EME CONDITION peut-être la plus difficile
Ne pas succomber à la facilité de l’écran (grand ou petit) en retrouvant le plaisir de jeux collectifs, voire en suscitant la créativité des uns et des autres sans crainte de débordement éventuel.
Et si l’utilisation d’un écran s’avère utile, elle doit être limitée, encadrée et vécue en collectivité familiale pour mieux la maitriser

4EME CONDITION
Respecter les règles nutritionnelles
déjà existantes en fonction des structures familiales quant à l’alimentation.

Bannir le grignotage d’ennui en le remplaçant parfois, mais seulement parfois, par une récompense gratifiant un attitude positive, le gain à un jeu etc.

Il va de soi que ces conditions ne pourront résoudre l’intégralité des situations compte tenu des conditions en particulier sociales de confinement.
Elles peuvent cependant créer ou recréer un environnement familial plus équilibré qui servira de base à de nouveaux rapports que l’on pourra conserver même une fois le confinement levé.

A toutes et à tous, je vous souhaite bon courage afin que nous nous retrouvions tous ensemble lorsque nous aurons surmonté ce séisme sanitaire et social.

Docteur Jacques Fiorentino, auteur de « Père, Passe et Manque » (éditions Assyelle)

 

A interviewer sur la gestion de la crise Covid 19 : le docteur Jacques FIORENTINO

A interviewer sur la gestion de la crise Covid 19 et sur les conséquences du confinement :

Docteur Jacques Fiorentino, CV professionnel (attachée de presse guilaine_depis@yahoo.com 06 84 36 31 85)

PARCOURS

1968 – 1974 Etudes de Médecine Paris

1972 – 1974 Médecin instructeur CROIX ROUGE FRANCAISE

1974 – 1975 Médecin urgentiste SAMU

197 6- 1981 Etudes de Spécialisation en Pédiatrie

1975 – 1981 Médecin Remplaçant

1978 Doctorat de Médecine, Lauréat de la Faculté de Médecine de Paris, Prix de la Fondation Benjamin Delessert

1981 Médecin urgentiste SOS Médecins

 1982 – 1987 Médecin libéral

1983 -1984 Médecin pigiste IMPACT MEDECIN

1984 – 1985 Membre Comité de Rédaction de LA REVUE DE MEDECINE & Directeur Collection Questions d’Internat

1984 – 1986 Scénariste médical revue Audiovisuel MEDITEL

1981-1991 Médecin régulateur MUTUAIDE ASSISTANCE

1988 – 1993 Directeur Général Adjoint SUDLER & HENNESSEY FRANCE, agence conseil en Communication Santé, membre du réseau international d’agences Santé SUDLER & HENNESSEY (groupe YOUNG & RUBICAM)

1991 – 1994 Créateur et animateur de l’émission « Quand passe l’actualité » sur Fréquence Juive 94.8

1992 – 2001 Consultant Service Pédiatrie

1993 – 1997 Directeur Général Adjoint ARSENAL, agence conseil en Communication Santé, membre du réseau international d’agences Santé TARGIS (groupe OMNICOM)

1997- 1998 Directeur Médical, membre du Comité de Direction LEN Médical, groupe de presse, d’édition et de salons professionnels médicaux

1999 – 2016 Directeur Santé ITELIS, société d’ingénierie de services pour assureurs et mutuelles, filiale du groupe AXA

1999 – 2008 Directeur Médical CORIS ASSISTANCE

1999 – 2019 Consultant expert en accompagnement SantéJAFICS, société de consulting

Actuellement – Médecin Consultant centre consultation prévention IPC

INTERVENTIONS ET PUBLICATIONS EN SANTE 

La santé des salariés : la place de la prévention

Stress & professionnels de la santé

La Santé et l’entreprise

La Santé des seniors au travail

Les risques psychosociaux

Pourquoi l’entreprise doit aider les aidants ? 

Communication et Santé : peut-on communiquer dans la Santé ?

La Santé est-elle un luxe ? 

Santé & mode de vie : quels risques ? quelles actions à mener ?

Mutuelles et assureurs : les nouveaux enjeux de la prévention santé

Gestion du risque santé : conjuguer maîtrise des coûts et attractivité

Les dépenses de Santé peuvent-elles diminuer ou comment faire de la démagogie à bon compte

Santé et Démocratie : un choix de société

Luxe et Santé : le marché des seniors

La Plate-Forme Santé

Santé & Nutrition : l’équilibre est une force

Le Capital Santé : comment le préserver ?

Réflexions sur l’hygiénisme ambiant

La gestion raisonnée de l’eau

COMPETENCES PROFESSIONNELLES 

  • Consulting stratégique de développement et de repositionnement
  • Conception et coordination programme de prévention de santé en entreprise
  • Conception, mise en place & suivi de stratégies de développement et de communication (biotechnologie, cancérologie, cardiovasculaire, infectiologie et vaccinologie, alcool et addictions, risques psychosociaux, surpoids et obésité, tabagisme, troubles musculosquelettiques)
  • Conception et mise en place de programmes d’informations et de communication en santé
  • Mise en place et coordination réseaux de professionnels de santé
  • Conception et mise plate-forme médicopsychosociale d’écoute et d’accompagnement
  • Création et management d’une équipe médicale pour une société d’assistance
  • Audit de fonctionnement & de communication interne pour des entreprises de biotechnologie
  • Conception et mise en place de programmes de sensibilisation et d’information (sites internet, extranet, applications web sur smartphone …)
  • Conception et mise en place de sites internet et extranet au sein d’un groupement de cliniques
  • Conception, coordination et mise en place d’un programme d’accompagnement de l’hospitalisation programmée
  • Conception et coordination programme de sensibilisation des dirigeants aux nouvelles responsabilités en santé

 

DIPLOMES ET FORMATION

  • Certificat d’informatique médicale
  • Diplôme de médecin instructeur de la CROIX ROUGE FRANCAISE
  • Doctorat de Médecin
  • Attestation de médecine préventive et de puériculture

Le confinement met nos enfants sont en danger dans leurs familles, par Kathya de Brinon

                                   Inceste et coronavirus : le match du siècle…

Depuis l’Antiquité, et aujourd’hui encore, des millions d’enfants ont été, et sont toujours, victimes de parents incestueux ou de pédocriminels…

Dans tous les pays, sur tous les continents, dans tous les milieux sociaux…

Et pourtant, la pédocriminalité n’est pas une maladie contagieuse… Pas de virus mortel !

Qu’a-t-on fait pour ces enfants ? Rien, ou si peu…

En tout cas, aucune opération d’envergure mondiale comme celle que l’on vit aujourd’hui pour combattre le coronavirus…

Et des millions de jeunes vies ont été massacrées, lorsqu’elles ne se sont pas terminées prématurément par le suicide…

Aujourd’hui, le coronavirus si contagieux, et souvent mortel, s’étend sur toute notre planète…

Et toutes les autorités politiques, médicales et scientifiques sont sur le pont !

Et si un Dieu existe, a-t-il bien fait les choses ?

Et voici que je plonge dans un songe…

Le jour, les enfants sont protégés du coronavirus.
Ne nous dit-on pas que les enfants sont des « porteurs sains » du coronavirus ?

Mais la nuit… Les voici « confinés » au sein de familles ou de proches dont certains membres ne sont pas des mieux intentionnés…

Ils n’ont besoin ni de masques FFP2 ni de gants en latex pour commettre leurs forfaits…

Et ce confinement nocturne risque bien de favoriser une vague incestueuse…

Vous me trouvez bien pessimiste ? Aurais-je des raisons de ne pas l’être ?…

Il est prouvé hélas que rien n’arrête ceux que j’ai toujours qualifiés de Monstres.                       

Ces êtres qui n’ont d’humain que le nom puisqu’ils détruisent sans vergogne d’innocentes petites victimes.

Le viol d’enfants tue, que ce soit physiquement, suicides, ou psychologiquement, dépressions.

Toutefois, aurions-nous enfin l’espoir d’assister prochainement à la destruction de cette horde de pédocriminels ?

En effet, les enfants sont porteurs sains du coronavirus.

Les prédateurs sexuels les approchent depuis toujours sans la moindre peur. Leurs désirs infâmes sont irrépressibles…

Ne pourrait-on pas alors imaginer une hécatombe de violeurs d’enfants ?

Tout enfant qui serait approché ne pourrait-il pas devenir une bombe à retardement ?

Aurions-nous enfin l’espoir d’assister à la destruction définitive des pédocriminels ?

Imaginons des charniers de pédocriminels, imaginons une Justice enfin vraiment rendue !

Pas par les hommes, ils nous ont montré leur incapacité au fil des siècles, mais par le coronavirus.

Lui, est implacable. Il dégaine plus vite que son ombre…

Encore faudrait-il que le coronavirus de mes rêves soit « sélectif », n’attaquant que les violeurs d’enfants, et rapide comme l’éclair afin qu’un enfant approché à moins d’un mètre ne puisse être touché par son prédateur qui s’écroulerait instantanément !

Et si la fin de l’inceste et de la pédocriminalité passait par le coronavirus ?

Et si enfin le glas avait sonné pour tous ces tueurs en série d’enfants ?
Et si, et si…

Et si mon songe devenait réalité ?

Hélas, j’ai bien peur que toutes nos associations de protection de l’enfance ne soient bientôt confrontées à une vague de nouvelles petites victimes…

Kathya de Brinon, Présidente fondatrice de « SOS Violenfance. Prévention de l’inceste et de la pédocriminalité »

Opération Coronavirus, la collaboration de Thierry Caillat

APRES LE COVID… (texte du 20/03/20 de Thierry Caillat)
En plein cœur de la crise sanitaire, ne serait-il pas temps de préparer sa sortie — ou plutôt

l’étape suivante?

Pour certains, cet après se focalisera sur le procès de sa gestion, c’est-à-dire sur le passé — on les voit déjà commencer à aboyer. Simple preuve de leur propre incapacité à préparer l’avenir. Pourtant, si l’on élargit son champ de vision au-delà de l’hexagone, on constate une problématique universelle : la gestion du coronavirus, c’est le choix entre la détresse d’une hécatombe et le gouffre d’un cataclysme économique. Entre les spectres de la grippe espagnole et de la crise de 29. Tous les pays en sont là. La diversité de leurs décisions n’est que le reflet du niveau de la pandémie chez eux, du degré de compréhension, et de populisme, de leurs dirigeants. Et leurs choix évoluent au fil des jours selon la progression du mal. Partout, et partout dans le même sens.

Critiquer ces choix, c’est ignorer deux contraintes fondamentales. Gérer une telle crise, inimaginable il y a encore trois mois — même si certains affirment qu’ils l’avaient prévue, bien sûr —, c’est forcément devoir improviser en permanence, quel que soit le degré de préparation de l’État (au sens large) à des situations inédites.

C’est surtout devoir intégrer l’évolution des mentalités dans l’équation coût humain / coût économique. Personne, et surtout pas les responsables politiques, justement parce qu’ils sont aux manettes, n’aurait pu imaginer en janvier, ou même en février, de renoncer à toute raison économique pour parer à un risque sanitaire; la population n’aurait jamais accepté le confinement en janvier, ou même en février, alors que le nombre de victimes était encore de quelques dizaines d’unités. C’est ainsi, il fallait attendre que l’opinion des uns et des autres évolue; la résistance qui perdure dans beaucoup d’endroits, survitaminée par les fanatiques de la théorie du complot, en atteste largement, sans parler des «leçons» d’un petit nombre de politicards.

L’épidémie se soldera vraisemblablement par quelques milliers de décès chez nous, si nous parvenons à tenir le confinement. Un chiffre statistiquement faible en regard de la population et des causes ordinaires de mortalité — cancers et autres —, quelle que soit la crudité de ce constat pour les victimes et leurs proches.

Toutes les prédictions convergent en revanche vers une crise économique abyssale, dont chacun subira les effets, lorsque l’État devra cesser de jouer l’assurance tous risques, et qu’il faudra payer le coût de son intervention débridée — car rien n’est gratuit, même la «planche à billets» se paye. Une crise de l’ordre de celle de 29, dont la population n’a aucun souvenir : chômage et misère généralisés, de longue durée, et toutes les plaies qu’ils génèrent – suicides, criminalité… Et cela sous deux contraintes.

D’abord un contexte géopolitique éclaté en rivalités exacerbées. Repli des États-Unis, polarisés sur leur nombril et fragilisés par ce nouvel échec de leur toute-puissance. Prosélytisme incendiaire de la Chine et de la Russie, s’empressant de venir combler le vide. Guerre économique généralisée entre des états exsangues, incapables de s’entendre sur des remèdes collectifs. Explosion du populisme, porteur du souverain remède de la xénophobie.

En second lieu, la soudaine utopie selon laquelle nous allons tirer la leçon de nos errements mondialistes, au profit d’un vertueux ordre nouveau humanisto-environnementaliste. En

contradiction absolue avec le désir de tout un chacun de revenir au plus vite à l’état antérieur de son confort personnel, ou de l’améliorer, pour les moins bien lotis — le plus grand nombre.

Attendrons-nous d’être plongés dans cette nouvelle crise, infiniment plus grave sur le plan humain, pour nous poser la question du «que faire»? Ne serait-ce pas le moment de lancer le débat — certaines voix ont commencé à le faire —, publiquement, en mettant à profit la disponibilité momentanée des oreilles dans une grande partie de la population? Pas de s’en tenir à des analyses macro-économiques, des querelles entre spécialistes, ni même à des annonces calamiteuses. Il faut se pencher sur le quotidien futur, solliciter l’imagination de tous pour multiplier les idées pratiques, les initiatives, préparer la population à passer brutalement d’un État-providence à son paroxysme, à une démarche proactive face à une terrible adversité.

Débat qui aurait le mérite — et l’opportunité — de profiter de l’espace médiatique laissé disponible par une actualité ratiocinée à la comptabilité morbide des décès et à quelques médiocres polémiques.

Autre utopie? N’est-ce pas potentiellement la plus fédératrice? Allons, vite, il n’est que temps!

Thierry Caillat 30 mars 2020