08 mars 2009
 Ma mère
 de Georges BATAILLE
lu par Pierre Arditi
 « J’ai adoré ma mère, je ne l’ai pas aimée. De son côté, j’étais pour elle l’enfant des bois, le fruit d’une volupté inouïe : ce fruit, elle l’avait nourri dans sa dévotion enfantine, retour de la folle tendresse, angoissée et gaie, qu’elle me donnait, rarement, mais qui m’éblouissait. J’étais né de l’éblouissement de ses jeux d’enfant, et je crois qu’elle n’aima jamais un homme. (…) elle n’eut dans sa vie qu’un violent désir, celui de m’éblouir et de me perdre dans le scandale où elle se voulait perdue… sans doute pensait-elle que la corruption, étant le meilleur d’elle-même, en même temps que voie d’un éblouissement vers lequel elle me guidait, était l’accomplissement qu’appelait cette mise au monde, qu’elle avait voulue. Ce qu’elle aima, c’était toujours le fruit de ses entrailles. Rien ne lui fut plus étranger que de voir un homme en moi, qu’elle aurait aimé. Un homme jamais n’occupa sa pensée, jamais ne pénétra que pour l’assouvir dans le désert où elle brûlait, où elle aurait voulu qu’avec elle la silencieuse beauté des êtres, anonyme et indifférente, se détruisît salement. Y aurait-il eu dans ce royaume libidineux place pour la tendresse ? Les tendres sont bannis de ce royaume, auquel la parole de l’Évangile conviait : violenti rapiunt illud. »
 Présentation de l’éditeur
 Pierre raconte comment, après une enfance religieuse, il fut, à l’âge de dix-sept ans, initié à la perversion par sa mère. Plongeant grâce à elle dans l’orgie et la débauche, il découvre l’extase de la perdition où se mêlent l’angoisse, la honte, la jouissance, le dégoût et le respect. Respect pour cette femme, la mère, qui a su brûler ses vaisseaux jusqu’au dernier et qui, ayant touché le fond de l’abîme, entraîne son fils dans la mort qu’elle se donne. Ma mère est l’un des textes les plus violents, les plus scandaleusement beaux de Georges Bataille, qui disait de lui-même : « Je ne suis pas un philosophe, mais peut-être un saint, peut-être un fou « , sachant que c’est dans cette ambiguïté même que réside la seule philosophie.
» Ma mère me destinait à cette violence, sur laquelle elle régnait. Il y avait en elle et pour moi un amour semblable à celui qu’au dire des mystiques Dieu réserve à la créature, un amour appelant à la violence, jamais ne laissant la place au repos. »
Je remercie Babelio, qui m’a envoyé ce livre CD, et je les prie également de bien vouloir m’excuser pour le temps que j’ai mis à enfin écrire ce billet. J’ai du tout d’abord trouver un copain qui me copie le CD MP3 sur un CD normal (mes connaissances informatiques ne m’ont pas permis de réussir la manip…), car ma voiture, pas toute moderne n’accepte pas les MP3, et je me voyais mal m’installer sur mon canapé sans rien faire en pleine journée, juste à écouter ce texte (plus de 3 heures). Quand à l’écouter le soir, entre l’homme et les enfants, impossible, surtout vu le sujet (les enfants ont d’ailleurs allumé un jour le poste dans la voiture où ils m’attendaient, et ont été plus que surpris de ce que j’écoutais « c’est bizarre, Maman, ton truc, c’est quoi l’histoire ? »)…
Donc, après avoir récupéré 3 CD « piratés », j’ai enfin pu écouter Ma mère dans ma voiture. Autant j’avais pris énormément de plaisir à l’écoute du Voyage de Pirandello, autant j’ai trouvé ce roman long, long… Certes, le texte est superbement écrit, le style est magnifique, et bonifié encore par la voix chaude et basse de Pierre Arditi, qui je trouve convient parfaitement. Certes le sujet est intéressant, ces tabous renversés par cette femme qui n’a de cesse de pervertir son fils, cet inceste qui rode, ses liaisons scandaleuses, et surtout le ton parfois violent, cru, l’érotisme brut qui se dégage de l’oeuvre, entrecoupé par, bizarrement, la tendresse et même l’amour que se portent mutuellement mère et fils… L’histoire est terriblement sulfureuse et dérangeante, ce qui d’ordinaire me plaît assez, mais peut-être est-ce le fait de devoir l’écouter qui m’a dérangée : je crois que j’aurais préféré lire ce texte, et j’aurais certainement été plus attentive, et plus concentrée qu’en conduisant en même temps…
Je remercie cependant beaucoup Babelio et les Editions des femmes pour cette expérience… originale !
http://liliba.canalblog.com/archives/2009/03/08/12580949.html




LE SAMEDI 7 MARS, L’ALLIANCE DES FEMMES POUR LA DEMOCRATIE MANIFESTERA POUR LES DROITS DES FEMMES
<LES 13 et 14 MARS, LES EDITIONS DES FEMMES-ANTOINETTE FOUQUE ET L’ALLIANCE DES FEMMES POUR LA DEMOCRATIE SERONT HEUREUSES DE VOUS ACCUEILLIR SUR LEUR STAND AU VILLAGE DES ASSOCIATIONS
Par ailleurs :
Macha Méril vous invite à fêter la Journée internationale des femmes 



Sibilla Aleramo
« Pour moi, il n’y a aucune différence entre ce travail et le travail à la scène ou au cinéma : tout est désir de communion. Mais, ici comme à la radio, il s’agit d’une présence intime, directe à l’autre, familière, fraternelle… Il se produit un réel contact : on ne voit pas la personne, seule est présente la voix, c’est-à-dire l’incarnation même du coeur, des sens d’un être… Une femme est un texte de pulsations, intime. Il fallait repasser le texte par tout l’être, l’intérioriser, pour parvenir à cette spontanéité qui est le résultat d’un long travail – du don aussi. Ce texte, je l’ai trituré, pétri. »
 De nombreuses artistes, chanteurs, comédiens, philosophes, sociologues, acteurs économiques et personnes engagées ont répondu à notre invitation et seront présents pour soutenir l’engagement au féminin. Lors de cette manifestation, la jeune artiste saoudienne Cheikha Latifa AL-Sowayel exposera pour nous ses toiles et ouvrira un pont entre l’Orient et l’Occident.
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