Mois : septembre 2021
Invitation jeudi 4 novembre 2021 : Soirée Chirurgie cardiaque Art
Deux pages consacrées aux Editions des Coussinets dans Matou Chat d’octobre 2021
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Vidéo de Philippe Enquin choisi par les Petits frères des pauvres
Vidéo de Philippe Enquin choisi par les Petits frères des pauvres suite à son livre de photos du premier confinement parisien très médiatisé
« La Chambre de Léonie » d’Hélène Waysbord sur Charybde, superbe lecture
Note de lecture : « La chambre de Léonie » (Hélène Waysbord)
À la recherche de la recherche.
À la lecture de « La chambre de Léonie », paru en septembre 2021 aux éditions Le Vistemboir, on comprend qu’un exil contraint sur les rivages de Normandie en 2020, territoire que Marcel Proust affectionnait tant, que la rediffusion radiophonique des entretiens avec Céleste Albaret, entrée au service de Monsieur Proust en 1913, ont entraîné et immergé Hélène Waysbord dans une ronde de lectures proustiennes et d’écriture, origine de ce merveilleux livre; un parcours vital en correspondances entre lecture et écriture, tissant en chapitres brefs les secrets de la « Recherche » et ceux de sa propre existence.
La lecture est l’histoire de nos vies, les vêtements imaginaires qu’elle nous prête un temps pour jouer en costumes des rôles où l’on s’apprend soi-même. Ainsi comme un livre, notre vie s’écrit par chapitres. Je vais tenter de relire, pas dans le bon ordre successif mais selon l’émergence des secrets qui m’ont été révélés.
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Pour entrer dans cette chambre d’échos entre la cathédrale proustienne et ses propres secrets, l’auteure n’a pas choisi un personnage célèbre, mais la tante Léonie, grand-tante du narrateur de la « Recherche », malade plus ou moins imaginaire alitée en permanence, qui observe depuis son lit toutes les allées et venues dans le village de Combray et en fait le récit à Françoise, la servante fidèle.
La chambre, lieu de l’observation et du récit, est aussi pour le narrateur et pour l’auteure de « La chambre de Léonie » celle du temps de l’enfance, des premières lectures et des arrachements tragiques.
L’éloge de la chambre, comme de la lecture est une prise de possession empreinte de la violence du désir, Fragonard ou le divin Marquis. Pour qui sait regarder, le regard est un viol des secrets cachés, ainsi celui du narrateur plus tard, caché dans les buissons de Montjouvain.
La chambre, lieu du sommeil et du rêve, d’une libération de l’imaginaire, devient le lieu de la création littéraire. S’y développe une exploration fantastique, un monde total. « Un homme qui dort tient en cercle autour de lui le fil des heures, l’ordre des années et des mondes. »
L’écriture agit comme un révélateur rendant visibles les images et les correspondances, une identité juive brouillée après l’arrachement aux parents arrêtés et déportés en 1942, l’éducation catholique reçue par l’enfant cachée dans un village de campagne, l’élan vers la beauté et les vibrations de la lecture.
La guerre m’avait coupée de ma famille, j’étais devenue quelqu’un d’autre, sans archives sur mon origine, un pan de ma vie englouti dans l’oubli. Si J’essaie de démêler aujourd’hui quelle sorte d’obscurité, il m’est difficile de l’exprimer. Peut-on y voir clair dans une âme d’enfant ? Je peux dire qu’il y avait en moi un secret repoussé mais présent, ma judéité. Une menace, une différence. Proust l’était lui aussi, de façon compliquée, juif. Quand je commençai à m’initier à La Recherche, le personnage de Swann, l’intérêt passionné de l’auteur pour l’affaire Dreyfus dut m’apporter quelque chose comme une parenté avec une famille perdue que j’aurais à retrouver.
L’auteure découvre ses propres secrets en croyant chercher ceux de Proust, écrit Jean-Yves Tadié dans sa très belle préface. Valse-hésitation parfaitement maîtrisée entre dissimulation et révélation, « La chambre de Léonie » apparaît aussi comme une enquête palpitante et dense sur l’écriture proustienne, celle qui permet de « raconter sans dire tout en laissant deviner, du moins soulever un pan du mystère. »
Les « écrans » proustiens, qui jalonnent le récit, la chambre de Léonie, celle de Vinteuil, ou la cour de l’immeuble du narrateur, sont constitués selon un dispositif identique : cadrage, espionnage, dissimulation. Mais quand on pénètre plus avant le domaine risqué de la sexualité, le rideau est tiré. Plus de vision, subsiste l’audition ; les mots et le vu se disjoignent laissant place à l’imagination, ainsi Charlus pénétrant dans la loge de Jupien au terme d’une quête sans ambigüité.
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Il est tant de façons de lire Proust.
Mais il n’est pas nécessaire d’avoir lu la « Recherche » pour entrer dans « La chambre de Léonie », récit affûté, humble et sensible d’une lectrice perpétuelle de Proust, évocation des instants décisifs d’une vie hors norme au prisme des multiples facettes du génie romancier et des complications de la vie de Marcel Proust ; un récit fascinant qui vous incitera sans doute à aller ou à retourner dans la chambre de Combray, et à commencer ou recommencer cette éternelle « Recherche ».
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Invitation journalistes le 6 octobre : le philosophe du BONHEUR rencontre des lycéens
Invitation aux journalistes pour assister à la rencontre –
inscription OBLIGATOIRE auprès de l’attachée de presse par sms 06 84 36 31 85 guilaine_depis@yahoo.com
Nos lycéens sont-ils heureux ?
(et si la réponse est non, comment peuvent-ils le devenir facilement ?)
Le philosophe Emmanuel Jaffelin part à leur rencontre pour leur transmettre sa recette du BONHEUR pour tous, facile et accessible.
Mercredi 6 octobre 2021, de 14h à 15h30,
Les Terminales du lycée Sainte-Louise bénéficieront d’un cours de philosophie assez particulier : leur professeur Marc Alpozzo a souhaité convier son confrère Emmanuel Jaffelin à venir présenter aux élèves ses « Célébrations du BONHEUR » (Michel Lafon 2021)
Adresse : Lycée Sainte Louise, 29 rue des Envierges, 75 020 Paris
La cause littéraire encense Emmanuel Jaffelin
Célébrations du Bonheur, Emmanuel Jaffelin (par Sylvie Ferrando)
Célébrations du Bonheur, Emmanuel Jaffelin, Michel Lafon, septembre 2021, 176 pages, 12 €
L’essai d’Emmanuel Jaffelin cherche à nous mettre sur la voie du bonheur et de la sagesse, par une démonstration très didactique en trois parties : l’auteur établit une distinction entre le Malheur, l’Heur et le Bonheur. Le Malheur provient d’un être « méchant », victime de ses pulsions ou passions ; le Malheur est toujours possible car aléatoire, et souvent ressenti comme une injustice. L’Heur, c’est-à-dire la chance, le hasard, apporte momentanément un bienfait, tel le coup de foudre ou le gain au jeu de hasard et d’argent. Le Bonheur, au contraire, est un état qui dépend de soi, qui relève de notre propre volonté et de notre détachement des passions. A l’appui de la démonstration sont convoqués de nombreux exemples, fictionnels ou factuels, mythiques ou contemporains : l’amour (malheureux ?) de Roméo et Juliette, l’histoire de quelques (heureux ?) gagnants du Loto, l’expérience des stoïciens, tel l’esclave Epictète, la vie de l’astrophysicien Stephen Hawking, atteint de sclérose latérale amyotrophique, ou de Jean-Dominique Bauby, qui souffre du syndrome d’enfermement, les amours romancées de Solal et Ariane dans Belle du Seigneur ou de Chloé et Colin dans L’Ecume des jours, les épisodes de la série Minority Report, inspirés de l’ouvrage de Philip K. Dick et auparavant adaptés en film par Steven Spielberg en 2002, le film Quatre mariages et un enterrement (1994) avec Hugh Grant, etc.
Tous ces pans d’expérience humaine concourent au même but : prouver que le Bonheur est intérieur et construit personnellement, quels que soient les aléas de la vie en matière d’amour et d’argent, quel que soit le regard que porte la société sur tel ou tel statut, situation ou événement. Le Bonheur dépasse le désir ou la haine et doit s’affranchir de la passivité des passions et de la recherche du plaisir pour aller vers l’action et la liberté (au sens stoïcien du terme), c’est-à-dire une certaine forme de libre arbitre, une certaine anticipation et acceptation des événements sans verser dans le fatalisme. C’est du déterminisme qu’il est ici question : la vie est considérée comme une succession de chaînes causales suffisamment lâches pour permettre des variations et des ajustements. « On est d’autant plus libre qu’on sait qu’on ne l’est pas », ou du moins qu’on ne peut l’être entièrement. C’est le paradoxe du Bonheur. Celui-ci est fidélité au réel, duquel trop d’imagination éloigne ; il suppose accueil, lâcher prise et sérénité face au destin (c’est l’ataraxie des stoïciens). Notre espace de liberté réside dans l’usage de notre pensée.
Ainsi, selon Epictète, il y a deux sortes de choses dans notre vie : celles qui dépendent de nous et celles qui ne dépendent pas de nous. C’est pourquoi il convient de garder la maîtrise des secondes et d’accepter le vieillissement, l’accident, la maladie et la mort, mais aussi l’amour et la richesse, sans se réjouir inconsidérément de l’Heur (la chance extérieure), car le Bonheur est une conséquence de la sagesse (sophia) et non de l’Heur.
Malgré quelques simplifications parfois excessives dues à la vulgarisation de certaines théories philosophiques, à la fin de l’ouvrage, l’essai d’Emmanuel Jaffelin se révèle tout à fait pédagogique (le « tu » socratique est employé de bout en bout, exprimant l’adresse directe au lecteur dans une forme de volonté dialogique), très optimiste et revigorant pour aborder la rentrée scolaire.
Sylvie Ferrando
Agrégé de philosophie, Emmanuel Jaffelin a publié sept livres, dont un Eloge de la gentillesse et un Petit éloge de la gentillesse (2010 et 2011).
Thierry Paulmier sur Beur FM
Revoir l’émission ICI :
Emmanuel Jaffelin sur Sud Radio
Revoir l’émission du 22 septembre ici : https://www.youtube.com/watch?v=24-9GS27OUo
Emission de radio de Rémi Soulié avec Anne Bouillon
Emission de radio de Rémi Soulié avec Anne Bouillon
à réécouter ici