« un livre qui instruit le débat actuel sur l’islam »

Christian de Moliner, Islamisme radical : comment sortir de l’impasse

Tout est parti d’un billet sur le site de Causeur en novembre 2017. « Je préconisais, afin d’abaisser les tensions actuelles, d’accorder aux musulmans qui le souhaitent, un statut particulier et une législation spécifique » p.7. Une telle proposition – iconoclaste dans le climat d’aujourd’hui – a eu « un retentissement mondial » sur le net. Un éditeur a donc demandé à son auteur d’en faire un livre.

Etoffé et étayé, la proposition est développée en trois parties : un tour d’horizon mondial et historique du problème des minorités ethniques et religieuses, un statut coranique qui serait compatible avec la Constitution française suivi de propositions concrètes, les réponses aux critiques des extrêmes de gauche et de droite suscitées par l’article de 2017.

Dans l’histoire des minorités, rien n’a jamais vraiment fonctionné sauf une chose : l’expulsion. De l’Edit de Nantes pour les protestants à l’expulsion des Morisques et des Juifs d’Espagne et des Arméniens et des Grecs en Turquie dans les années 1920, en passant par les minorités dhimmi des pays musulmans et aux millets turcs ou à la mosaïque ingérable libanaise, seule une décision politique radicale permet de mettre tout le monde d’accord. La dictature à la syrienne, libyenne ou irakienne ou le fédéralisme complet des « nationalités » qui tend toujours vers le nationalisme et la revendication d’indépendance. En témoigne le Soudan qui s’est fractionné entre musulmans au nord et chrétiens ou animistes au sud, et la Yougoslavie qui a éclaté entre Bosniaques musulmans et Serbes orthodoxes.

Les propositions de Christian de Moliner, dans ce contexte, paraissent bien hasardeuses et ne satisferont personne. Il veut proposer un « deal », dans la lignée de Trump, un « compromis raisonnable » comme on tente de le faire (sans grand succès) au Canada. Il aurait pu développer l’exemple des Corses, des Basques et des Juifs de France en tant que minorités qui ont su concilier particularités communautaires et loi républicaine. Car le communautarisme n’aboutit pas forcément au séparatisme, cette distinction des mots et des concepts (que le président Macron étudie pour un prochain discours, dit-on) est riche de potentialités concrètes.

Pourquoi ce deal ? Parce que l’auteur estime que « la France connait un problème musulman et est menacée par une inexpiable guerre civile et religieuse, dont les nombreux attentats islamiques sont les prémices ; 30% de croyants, près d’un million et demi d’habitants de l’Hexagone, rejettent le modèle occidental et veulent être réglés par la charia. Leur nombre ne cessera de croître et ils seront peut-être 7% de la population française après 2050 » p.84.

Déjà ces causes posent problème dans le raisonnement : extrapoler les statistiques actuelles sur la prochaine génération est hasardeux ; c’est faire trop grand cas de la mode. N’était-elle pas au communisme stalinien dans les années 50 avant de virer tiers-mondiste dans les années 60 ? au gauchisme libertaire dans les années 70 avant de virer réactionnaire et socialiste bourgeois ? Une nouvelle Cause à défendre est déjà née : l’écologie heureuse, suite autarcique de la mondialisation heureuse, l’éolienne sur le toit et le potager échangiste mais avec Internet et les réseaux. Une « religion de caserne » (Claude Lévi-Strauss) n’a pas sa place dans cette utopie du jardin d’Eden où l’harmonie avec la nature et avec les autres compte plus que tout.

La « charia » apparaît aujourd’hui comme un marqueur culturel plus qu’une foi maniaque (les terroristes ne connaissent quasiment rien de la religion) ; les musulmans en France se sentent rejetés et aucun pays d’origine, notamment au Maghreb ou au Proche-Orient, n’est pour eux très tentant… Mais cela peut changer, tout comme la minorité juive avec la naissance d’Israël ; elle a inversé la diaspora (sauf l’américaine). Le retour au pays de Roumains éduqués ou de Chiliens exilés sont d’autres exemples. Quant à la « guerre civile », l’auteur a peut-être trop fréquenté les sites d’extrême-droite pour ne pas en être contaminé. Les activistes en réaction aux islamistes sont une infime minorité, et fort maladroite faute de cerveaux politiques, si l’on en croit les arrestations récentes de clampins.

Comment proposer ? Le deal ne fonctionne pas sur une foi ; Allah ne peut être l’objet d’un compromis, il est tout ou rien. Croire que « ces facilités accordées aux croyants le seront en échange de contreparties indispensables (…) la liberté d’expression », l’égalité des femmes et d’héritage entre filles et garçons, est pour le moins candide. « Donnons aux musulmans rigoristes le moyen de s’épanouir en France », n’hésite pas à écrire l’auteur dans un élan de lyrisme p.174 ! Seuls les religieux modérés, qui font de la foi une affaire privée comme les autres religions, l’accepteraient – mais ils le font déjà… Laissons plutôt aux juges, dans le cadre des lois existantes, l’application au cas par cas. Les propositions concrètes de l’auteur sur les emprunts, l’assurance, l’adoption, le divorce, les dots, l’héritage, l’enterrement, l’hôpital, les deux jours de congés, toutes règles qui diffèrent dans le droit coutumier musulman de nos lois et coutumes, peuvent être reprises par simple assouplissement de la légalité – sans même changer la loi. En quoi cela constituerait-il un « statut attractif » pour les tenants d’une charia de rigueur ?

Quant aux enclaves musulmanes dans les communes de France, analogues aux « mairies de quartier » à Paris, c’est assez cocasse tant les limites à l’autonomie sont immédiatement exposées : chacun pourra « librement » aller et venir, se faire soigner par qui il veut, boire de l’alcool et manger du cochon, se voiler ou pas sauf dans l’espace public… Autrement dit, c’est trop ou trop peu : ouvrir la boite de Pandore paraît plus dangereux qu’affirmer tranquillement mais avec fermeté la prééminence des lois de la République, tout comme les pays musulmans le font pour leur législation quand il s’agit d’étrangers. Promenez-vous torse nu en Arabie saoudite, en décolleté profond et cheveux libres en Iran, faites du nudisme en Egypte, buvez de la bière en public au Pakistan, shootez-vous en Indonésie ! Là, pas d’accommodements raisonnables : c’est l’arrestation immédiate et la prison, en attendant au mieux l’expulsion, au pire le croupissement durant des mois ou des années, parfois la peine de mort.

Les exemples de Grèce ou de Mayotte documentés par l’auteur sont intéressants mais il ne s’agit pas de la même chose. Les exceptions de statut personnel sont liées à la présence ancestrale d’une minorité de religion musulmane dans les siècles, pas d’une immigration de travail qui a fait souche et dont les descendants se radicalisent pour des raisons d’identité, dans une économie ralentie qui les intègre moins.

En fait, l’auteur semble batailler plus contre les islamo-gauchistes en tentant de les amadouer avec ses propositions mi-chèvre mi-chou qu’avec les islamistes radicaux (qui, disons-le tout net, n’en ont rien à foutre). Il serait soi-disant impossible de réprimer les actes musulmans sectaires « devant la bronca que provoquerait cette remise en question dans les milieux progressistes et bien-pensants : ils prétendraient encore, avec une évidente mauvaise foi, qu’on stigmatise les musulmans ! » p.86. Mais c’est confondre le cercle très étroit des intellos autour de Saint-Germain-des-Prés avec la France tout entière. Les actes sectaires sont condamnés par une Justice qui n’a que faire des zassociations de plus égaux que les autres, et par une opinion citoyenne qui se manifeste avec évidence dans les urnes : pourquoi les Insoumis récoltent-ils moins de votants que les Lepéniens, qui en recueillent eux-mêmes moins que les partis de gouvernement ? Le socialisme bobo a été balayé sans appel après Hollande. La mode des gentils islamistes est passée avec les massacres de civils et d’enfants par les beurs terroristes nés en France. La religion tue ; elle n’est pas une politique.

Je ne crois pas à une guerre civile en France mais, si cela devait être le cas, nous aurions vite une dictature nationaliste, donc la déchéance de nationalité et l’expulsion rapide des inassimilables qui ne seraient pas encore tombés sous les balles de l’armée. Car tout organisme attaqué se défend pour sa survie, le pays France comme un autre, à moins qu’il ne soit envahi par plus fort que lui.

Au total, ce petit livre polémique a le mérite de poser concrètement le problème des musulmans en France. L’islamisme radical est clairement incompatible avec la République et avec les valeurs européennes (et même occidentales). Mais la religion musulmane en tant que telle a sa place comme les autres si, comme les autres religions, elle cantonne sa foi dans la sphère privée. Au moment où le président va discourir sur le sujet, lire ce petit livre instruit sur le débat.

Christian de Moliner, Islamisme radical : comment sortir de l’impasse, 2019, éditions Pierre-Guillaume de Roux, 196 pages, €19.00

Attachée de presse BALUSTRADE : Guilaine Depis, 06 84 36 31 85 guilaine_depis@yahoo.com

Christian de Moliner sur l’islam, la France et la politique fiction, chroniqué sur ce blog :

« Un recueil drôle, enlevé et qui donne envie d’une chatte pour fusionner d’amour »

Christian de Moliner, Le retour de Jasmine Catou

La chatte détective parisienne revient ! En trois nouvelles qui sont autant d’aventures. Sa maîtresse Agathe, attachée de presse du quartier littéraire de Saint-Germain-des-Prés, subit des avanies de la part d’auteurs novices qui se croient goncourables, d’anciens amants vexés qui veulent lui faire payer, ou de salonards qui ont peur de ne pas rentrer dans leurs frais bien plus gros que leur ventre.

Il s’agit toujours d’escroqueries, habilement résolues par la chatte Jasmine qui sait observer. Elle se présente en trois-couleurs aux yeux verts, ne parle pas mais s’exprime, écoute surtout sa maîtresse pipelette qui commente tout à Armelle, son amie d’immeuble. Parfois vigoureusement, d’un saut ou d’un coup de griffe ; parfois langoureusement, en miaulements modulés. Aucun mort cette fois-ci, contrairement au premier tome, Les enquêtes de Jasmine Catou, mais des intrigues psychologiques au quotidien d’une attachée. Le salon du Chat de Paris est un morceau d’humour tandis qu’un certain « Philippe » Pieters est reconnaissable aux initiés.

Le jeu des portraits occupe ceux qui connaissent et la chatte et sa maitresse dans leur environnement. « Emmanuel » est l’amant souvent au loin pour faire fortune, « Auguste » un blogueur mosaïque qui publie une chronique par jour et parfois au vitriol ou demande parfois des interviews aux auteurs, Isabelle de la « Volta » une attachée concurrente imbue de sa personne, PAVE (Pier-André von Eibers) une célébrité sulfureuse décatie par la vieillesse mais don juan en ses jeunes années…

Saint-Germain bruit d’intrigues, au grand dam de Jasmine qui n’aime rien tant que se lover sous la couette, tranquille chez elle avec sa « mère ». Le recueil est drôle, enlevé et donne envie d’une chatte pour fusionner d’amour.

Christian de Moliner, Le retour de Jasmine Catou, 2019, éditions du Val, 97 pages, €6.00 e-book Kindle €4.50

Attachée de presse BALUSTRADE : Guilaine Depis, 06 84 36 31 85 guilaine_depis@yahoo.com

Le premier tome Les enquêtes de Jasmine Catou est chroniqué sur ce blog sous le titre de Jasmine Catou détective

Une interview de l’auteur sur un auguste blog

Et Jasmine Catou la chatte a sa page Facebook !

« un amour qui isole Brigitte et Emmanuel et les protège du monde »

Pour son 4ème roman « Emmanuel, Brigitte et Moi », Alain Llense imagine une histoire dont les protagonistes ressemblent à des personnages existant ou ayant existé et, selon ses dires, ce n’est pas le fruit du hasard.


emman brigit sqNICE RENDEZVOUS LIVRES – Si les protagonistes ressemblent furieusement aux originaux, l’histoire en revanche se situe dans la haute gastronomie quelque part sur la Côte d’Azur. Le Moi du titre, le narrateur est un journaliste people et, quand le roman commence, il croit reconnaître Emmanuel, cinquante-cinq ans environ, dans les cuisines d’un « snack miteux » Le Saint Helen’s. Lui-même est un journaliste « quinquagénaire usé jusqu’à la corde » qui a perdu tout son crédit professionnel. C’est quand il la voit, elle, et qu’il reconnaît Brigitte qu’il est sur d’avoir retrouvé le célèbre couple. Elle le regarde et le reconnaît. Ils vont se revoir et le journaliste « has been » va les convaincre de raconter leur vie – grandeur et décadence – depuis leur rencontre, l’ascension du jeune chef qui devient le maître du Château, le luxueux hôtel-restaurant sur la Côte d’Azur et puis la chute, la descente aux enfers, leur fuite aux États-Unis et la ruine.
L’histoire qui est calquée sur  la vraie histoire du célèbre couple est racontée à deux voix – Emmanuel et Brigitte – matérialisée par un changement de police de caractère. Tous les protagonistes ont des prénoms qui renvoient à des personnages également connus (François, Marion, …). L’auteur a le talent de nous faire rentrer dans l’intimité de ses deux êtres : leur amour qui les isole et les protège du monde, leur ambition qui les mènera à leur perte. Si la trame de l’histoire est un peu convenue, les « confessions » du couple sont en revanche très convaincantes. Quant à l’épilogue, je vous laisse le découvrir. Savoureux, mais je ne vous en dirai pas plus !

Emmanuel, Brigitte et Moi
Alain Llense
Éditions Librinova
198 pages
Format :14cm x 21cm
Prix : 14€90

Entretien de Jacques Fiorentino avec Bertrand du Charbon pour le Salon littéraire

Père : impasse et manque. Entretien avec Jacques Fiorentino Thèmes

Bertrand du Chambon : Au moment où paraît votre roman, Père, Passe et Manque*, on ne peut s’empêcher de penser aux paroles de la chanson de Stromae, Papaoutè : « … on nous dit comment on fait les enfants, mais on nous dit pas comment on fait les papas… » Dans cette société, sommes-nous préparés à devenir pères ?

Jacques Fiorentino : Avec toute l’humilité qui sied à un raconteur d’histoires et un contemplateur de vies, loin d’un psychologue ou d’un sociologue, je ne crois pas que l’on peut être préparé à être père tant dans cette société que dans celles qui nous ont précédé.
Une des évolutions qui rend ce rôle de plus en plus complexe est la demande contradictoire qui est faite à un père actuel. Assumer sa part de « maternité » alors même qu’il en est de fait exclu au moins partiellement et effacer l’image du pater familias transmise par les générations qui l’ont formé. Les troubles engendrés font qu’il ne sait pas où est sa place.

B.C. : Confié à sa grand-mère, le narrateur ne veut pas rester avec elle : non pas qu’il n’aime pas cette aïeule, mais il voudrait que son père ne reste pas seul. Ce fils est-il condamné à épauler son père ?

Jacques Fiorentino : Je ne crois pas que l’on puisse parler de condamnation mais tout lien affectif par sa puissance nécessite de faire des choix. Les données, conscientes ou inconscientes, qui fondent ces choix prennent en compte une évaluation des besoins.
Chez tout être humain, a fortiori un enfant le désir de bien faire est omniprésent. Il est clair pour l’enfant que son aïeule, qu’il aime profondément, n’a pas besoin de lui, il s’agirait même plutôt du contraire. Alors même qu’il ressent profondément la dangerosité de la vie actuelle de son père à laquelle il voudrait être associé pour être le plus proche possible de son père.

B.C. : Vous maintenez un certain suspens, voire une rétention d’informations : les dates sont imprécises : « Mai 196— » ou parfois vous livrez des données insolites : « …le chauffeur [déclara que] les routes, la nuit, devenaient peu sûres. » Pourquoi ces mystères ?

Jacques Fiorentino : Je ferai une réponse en deux temps. Pourquoi ces intitulés de nouvelles ?
Je souhaitais les situer dans le temps (un mois, une décennie) mais pas d’une manière totalement précise afin que l’on ne puisse pas obligatoirement les lier à des événements singuliers ou connus qui pourraient fausser l’appréhension du lecteur en les référant à des faits dont il aurait le souvenir.
Pour ce qui a trait au descriptif d’un environnement particulier (dans l’exemple que vous évoquez attentats, routes peu sûres…), il s’agit bien là de donner quelques clés d’ambiance afin de mettre en place une tension sur un mode cinématographique. 

B.C. : Les pages 33-34 entretiennent encore davantage ce flou concernant la temporalité du récit : « le visage si doux de sa sœur décédée » puis quelques lignes plus loin : « la sœur ainée de son époux avait eu un grave accident », et page suivante : « … après lui avoir confirmé le décès de sa sœur ». Est-ce voulu ? Comment devrions-nous les lire ?

Jacques Fiorentino : Les histoires telles que nous les racontons s’inscrivent peu ou pas dans une linéarité récitative car une image en évoque une autre, une dramaturgie fait ressurgir une dramaturgie qui a pu précéder ou suivre celle dont il est question.
Pour répondre donc à votre question c’est donc bien voulu. Mais il ne s’agit en aucune façon d’un effet pour un effet, c’est la manière dont les histoires viennent à moi. Je ne crois pas à la nécessité de les comprendre mais à celle de les vivre dans leur intensité, dans leur vie propre. Au risque assumé de me répéter, je me vis comme un raconteur d’histoires de vies dans lesquelles les maillons de la mémoire viennent s’enchâsser au gré de leur logique propre.

B.C. : Nous imaginons tout d’abord que votre livre est un roman, puis nous vérifions en page de titre :  » nouvelles « . Et ce sont bien des nouvelles, mais les points communs entre elles sont très nombreux : violence des parents, culpabilisation soigneusement mise en place par la fille (  » Mai 197- « ), ou encore fille se vengeant d’un père incestueux (  » Avril 198- « )… N’y a-t-il donc, entre parents et enfants, que des rapports de domination / soumission ?

Jacques Fiorentino : Ce qui m’intéresse avant tout et ce qui pour moi fait l’intérêt d’une histoire c’est la mise en tension qui met à nu des sentiments, des problématiques, des comportements… qui pourraient certes s’étaler sur des moments plus longs. C’est pour cela que j’écris des nouvelles.
Dès lors, quel que soit le thème, cela ne se résume pas un rapport de domination/soumission. Il ne s’agit pas pour moi de décrire des rapports entre parents et enfants, si c’était le cas je me ferais psychologue ou sociologue ce que je ne suis évidemment pas.
Mes nouvelles n’ont pas valeur sociale mais simplement la valeur qui fonde l’intérêt que l’on peut porter à une histoire. J’ai toujours été un grand admirateur des romans policiers et plus précisément de ceux que l’on appelle les romans noirs.
Pour le dire trivialement, je sais bien que la majorité des trains arrive à l’heure mais ce n’est pas cela qui m’intéresse. C’est dans la description de situations extrêmes que j’arrive à exprimer au mieux ce qui fait une forme de l’humanité qui nous fabrique. 

B.C. : Parmi ces nouvelles, y en a-t-il une ou plusieurs que vous estimez nettement autobiographiques (vous avez le droit de ne pas nous dire lesquelles !) ?

J’ai du mal avec le mot autobiographique dans le cadre choisi qui est celui de l’écriture des nouvelles. Il est évident que sur un thème fort comme celui du père ou des pères, une part de moi s’exprime mais de différentes manières.
Cela n’a pas été le cas par exemple dans mon précédent recueil de nouvelles où la part exprimée de moi était quasi inexistante. Dès lors ce que d’aucuns peuvent appeler autobiographie peut se mettre en place en référence à des situations inscrites consciemment ou non dans ma mémoire. Cela peut être dans une volonté de me raconter à moi-même des faits que j’ai vécus ou cru vivre, voire même avoir voulu vivre. Et dans cet enchevêtrement complexe qu’est la mémoire, certaines peuvent apparaitre frôler l’autobiographie. Mais elles ne sont pas légion puisque le plaisir que je prends à écrire vient avant tout du fait que j’aime à me raconter des histoires.

B.C.: La mère, plutôt absente, apparaît parfois dans vos nouvelles, soit en tant que « stratège domestique », ou encore « sanglotant dans la nuit ». Les non-dupes errent, comme disait Lacan ! En fin de compte ou de lecture, ne peut-on se dire que le titre de votre recueil pourrait être Mère impasse et manque !?

Jacques Fiorentino : La Mère ou plutôt les Mères se retrouvent le plus souvent dans des situations qu’elles n’ont pas choisies et qui leur ont été imposées soit par les hommes, soit par la société souvent aux mains des hommes.
A partir de là leur marge de manœuvre devient restreinte et ne peuvent se résumer à une fonction stratégique ou éplorante.
Il y a beaucoup de complexité dans leur attitude qu’elles doivent adapter un peu au jour le jour d’où des modifications tant de statut que d’action. Pour ma part je ne les vois jamais comme impasse et ou manque mais plutôt comme victimes conscientes ou inconscientes mais toujours présentes, même parfois mal, auprès de leurs enfants ce qui n’est pas le cas des pères.

B.C. : Pourriez-vous développer en un roman la nouvelle intitulée  » Septembre 201- « , pp. 201 à 206 ? Que va-t-il arriver à cette infortunée jeune fille ?

Jacques Fiorentino : Ce que vous demandez est extrêmement difficile puisqu’il s’agit de me faire basculer d’un style que je possède (je l’espère du moins !) à un style que je ne crois pas posséder : le roman. Vous m’obligez à perdre l’avantage qui est celui des nouvelles, mode d’écriture qui d’une certaine façon permet d’arrêter quand on le souhaite une histoire. J’avoue ne pas y avoir réellement réfléchi et il me faudrait sans doute du temps et un détachement par rapport à l’histoire elle-même pour envisager ce que vous appelez l’avenir de cette infortunée jeune fille
Seulement des pistes peuvent être ouvertes : Une acceptation de type de tragédie grecque d’un destin imposé ? Une rumination destructrice ? L’élaboration d’une vengeance sur le mode du Comte de Monte-Cristo ? Et tant d’autres…

B.C.: Quels comédiens et actrices aimeriez-vous voir jouer dans une adaptation de vos textes au cinéma ? 

Jacques Fiorentino : Cette question est plus qu’un piège, y répondre est extrêmement difficile pour des raisons diverses, surtout pour un fou de cinéma depuis ma tendre enfance.
Tout d’abord le nombre de nouvelles qui créent autant de personnages différents ayant leur propre vie, leur propre force intérieure. A l’autre bout le nombre d’acteurs et d’actrices, français ou étrangers qui m’ont marqué et continuent de me marquer… Sans oublier ceux aperçus dans des téléfilms dont la qualité est croissante et dans les séries qui deviennent une part majeure de la cinématographie. Or dans ces dernières catégories j’avoue humblement que je ne retiens pas leurs noms.
Ce qui m’attire pour jouer dans ces histoires, si ce miracle avait lieu, ce sont les acteurs et actrices qui, soit jouent à contre-emploi, soit font apparaitre une part d’eux jusqu’alors dissimulée. Sans faire de nostalgie, je repense à Michel Serrault dans Garde à Vue ou Michel Galabru dans Le Juge et l’Assassin
Bien évidemment ceci ne répond pas à votre question qui se veut actuelle.
Alors je me lance sans hiérarchie ni exhaustivité et restant sur les acteurs et actrices français bien que nombre d’acteurs et d’actrices d’anglo-saxons auraient aussi leur place : Marina Foïs, Karin Viard, Bérénice Béjo, Sandrine Kiberlain, Alexandra Lamy, Ludivine Sagnier, Léa Seydoux, Jalil Jaspert, José Garcia, Vincent Cassel, Gilbert Melki, Jean-Hugues Anglade, Tahar Rahim….

Père, Passe et Manque, éditions Assyelle, octobre 2019, 18 €

Le site de Sud Ouest a aimé « Mondial Stéréo »

Musique : Les Hurlements d’Léo, au bout du conte

 Lecture 5 min
Le groupe bordelais Les Hurlements d’Léo s’ouvre au reggae, au calypso et au rocksteady. La chanteuse et danseuse Perrine Fifadji – ici face à face avec Laurent Kebous –, remarquée dans les rangs du big band bordelais Aspo, interprète le personnage de la panthère Calypso dans la version musicale du conte « Mondial Stereo » © Crédit photo : PHOTO © LAURENT LARROQUE
Par Stéphane C. Jonathan

Le conte pour enfants imaginé par Laurent Kebous, « Mondial Stereo », est aussi le nouvel album du groupe

Les bonnes idées naissent souvent de la réponse à une bonne question : comment évoquer avec des enfants, sans manichéisme ni considération géopolitique, le sujet de l’exil ? Quelle réalité se cache derrière le terme « migrant » que la tragédie du monde a imposé dans nos conversations ? Le chanteur et musicien lando-girondin Laurent Kebous a choisi d’aider les plus jeunes à appréhender cette thématique.

Parolier des Hurlements d’Léo (collectif fondé il y a vingt-deux ans déjà), il a écrit un conte pour les petits : « Mondial Stereo » est un chouette livre carré aux couleurs généreuses, paru peu avant Noël.

Christian de Moliner interviewé sur son essai choc : la réserve des Français de souche

Après les Indiens d’Amérique, la réserve, avenir du Français de souche ?

Il y a quelques années, de jeunes militants Identitaires, en Bretagne mais aussi à Paris, apposaient des autocollants sur lesquels on pouvait voir des Indiens d’Amérique, le tout marqués d’un slogan « Pour ne pas finir comme eux ». La réserve, avenir du Français de souche, c’est d’ailleurs le titre du nouveau roman de Christian de Moliner, qui écrit parfois pour Breizh-info.

Voici la présentation du livre, édité par les Editions du Val et disponible ici

Une implacable guerre civile et religieuse menace notre pays tandis que les Français de souche, c’est-à-dire tous ceux qui, en dehors de toute origine et toute religion, acceptent la laïcité et assument les valeurs séculaires de la France, subissent une double offensive : les musulmans intégristes veulent leur imposer leur vision restrictive de la société alors que les racialistes les renvoient par idéologie au niveau de parias. Face à ce que certains ressentent comme d’intolérables agressions, l’exaspération monte et le risque est grand que ne se créent dans le futur des réserves pour Français extrémistes. Après avoir fait un panorama mondial des peuples submergés par l’immigration, de ceux qui ont dû changer de langue ou de religion, de ceux qui ont réagi, après fait le tour des innombrables conflits religieux ou ethniques qui secouent notre planète, l’auteur montrera que la différence induit le plus souvent des heurts intercommunautaires et que la mise en place de réserves est malheureusement un avenir possible, même s’il est glaçant. Il esquissera également quelques pistes pour que cette dystopie ne se réalise pas.

Nous nous sommes entretenus avec son auteur, ci-dessous :

Breizh info : Le titre que vous avez choisi pour votre essai interpelle.  Qu’est-ce qu’un Français de Souche pour vous ?

Christian de MOLINER  : « Français de Souche » ne signifie ni « blanc catholique, protestant ou juif » ni « descendant de Gaulois ». À mes yeux est « Français de Souche » quiconque accepte le roman national de notre pays, les quarante rois qui ont fait la France, les deux empereurs, les cinq Républiques, la culture de notre pays sans aucune exclusive et surtout se sent citoyen français avant d’être membre d’une communauté quelle qu’elle soit. La « race » n’a absolument rien à voir avec cette notion, c’est avant tout un état d’esprit. Un musulman qui place les lois actuelles avant les préceptes de sa religion, ou une personne dont les parents sont nés en Afrique noire peuvent, bien entendu, être considérés comme « Français de Souche » s’ils remplissent les critères que j’ai énoncés.

Breizh info : Le mot « réserve » est également très fort. Il fait penser aux Indiens d’Amérique.

Christian de MOLINER : Dans la première partie de mon essai, je fais le tour des pays envahis par des colons Européens ou Coréens. Je voulais décrire les mécanismes qui ont conduit des peuples à être dépossédés de leurs terres, aux États-Unis, au Canada, en Australie, en Nouvelle Zélande, en Nouvelle Calédonie, au Japon, … À chaque fois, les indigènes ont été refoulés sur les terres les moins fertiles de leurs pays et on ne leur a laissé en moyenne que 10 % de leur ancien territoire, les fameuses réserves. Cependant, dans tous les pays démocratiques sans exception, on a assisté dans les années 1950-1960 à une prise de conscience chez les descendants de colons ; ces derniers ont alors essayé de réparer les torts infligés aux Autochtones.

Breizh info : Ne tombez-vous pas dans le traditionnel refrain propre à la Gauche : les méchants Blancs ont spolié de malheureux et pacifiques peuples indigènes ?

Christian de MOLINER : Certainement pas : je rappelle que les Amérindiens des USA et du Canada étaient esclavagistes, que les Espagnols se sont bien mieux comportés que leurs prédécesseurs Inca et Aztèques, que les Maoris de Nouvelle Zélande et les Aborigènes d’Australie menaient entre eux des guerres terribles et inhumaines : les vaincus étaient massacrés, réduits en esclavage voire dévorés rituellement. Les colons Britanniques se sont montrés bien moins cruels (et de loin !) que les indigènes des terres Australes. En outre, juger le comportement de nos ancêtres à l’aune de nos propres critères moraux est un non-sens total : jusqu’à la Première Guerre Mondiale, on jugeait normal (ou presque) qu’un pays plus fort impose sa loi à un État incapable de se défendre, prétendument pour le guider et l’aider. Par exemple, Victor Hugo, le chantre de la Gauche était un fervent adepte de la colonisation.  En outre, dans la longue histoire humaine, les Blancs sont avec les Romains les seuls envahisseurs à avoir accordé l’égalité civique aux peuples qu’ils ont subjugués.

Breizh Info : Vous évoquez des peuples confinés à un moment dans des réserves. Pour vous, la France serait-elle elle aussi envahie ?

Christian de MOLINER : Parler d’invasion n’est pas approprié, notre situation n’est pas comparable à celle des Amérindiens et je ne me lamente pas sur une hypothétique submersion migratoire. Dans mon essai, j’explique (et surtout je déplore !) que les « Français de Souche » (au sens non raciste que je donne au début de cette interview), se sentant agressés par les revendications grotesques des racialistes et celles séparatistes des communautaires islamiques risquent, par lassitude, d’éprouver le désir de se regrouper entre eux dans des « réserves » où ils voudront préserver « leur mode de vie ». Ce repli s’il se mettait en place serait à mon avis une catastrophe lourde de conséquences et il faut tout faire pour l’éviter.

Breizh Info : Que préconisez-vous pour éviter cette évolution que vous jugez néfaste ?

Christian de MOLINER : Il faut avant tout lutter contre les délires racisés et contre l’adoption systématique des normes islamiques dans notre société. Quand on ne sanctionne pas un rappeur qui propose de fracasser contre un mur le crâne des bébés Blancs, quand on n’entame pas de poursuites contre une syndicaliste étudiante qui suggère de gazer les Blancs, quand on ne fait pas la leçon aux camarades de Mila, qu’on ne leur explique pas que leur attitude est intolérable, quand on n’interdit pas des réunions excluant les « Blancs » on provoque chez les Français de Souche qui sont la grande majorité des habitants de ce pays un sentiment de rejet et on attise chez eux leur désir de sécession. Il faut être clair : certaines propositions venant des « racisés » ou des « racialistes » ainsi qu’une partie des injures adressées à Mila sont tout simplement racistes et il faut les dénoncer haut et fort. On ne doit jamais accepter le racisme ; on doit le combattre vigoureusement.

Breizh Info : Vous n’êtes pas un adepte du « Vivre ensemble » ?

Christian de MOLINER : Je dresse dans cet essai le panorama des guerres ethniques ou religieuses sur l’ensemble de la planète. Il est effrayant : sur 193 états reconnus par l’ONU, 27 ont moins de 500 000 habitants et la faiblesse de leur population fait qu’ils sont épargnés par le fléau de guerre civile. Imagine-t-on des problèmes intercommunautaires à Andorre ? Sur les 166 états reconnus par l’Onu et ayant plus d’un demi-million d’habitants 74 % ont connu depuis 1920 des conflits d’origine ethnique ou religieuse, faisant de nombreux morts. Les États où la cohabitation entre groupes différents se passe bien sont rares. Et souvent après des décennies de calme et d’harmonie intercommunautaire, un pays peut connaître une explosion subite de haine.

Breizh Info : Selon vous du fait du fractionnement de la France en communautés antagonistes, la guerre civile est-elle inévitable ?

Christian de MOLINER : Pas nécessairement : si l’appartenance à un peuple prime toute autre considération de religion, de couleur de peau ou de langue, la paix civile est assurée. Au seizième siècle, Protestants et Catholiques se sont livré des guerre féroces et cruelles. Trois siècles plus tard, la religion n’avait plus aucune importance !  Guizot qui était protestant a pu ainsi être Premier Ministre de Louis Phillipe. Hélas si « les Français de Souche » ne se reconnaissent pas dans l’image de la France que veut leur donner leur gouvernement, ils risquent d’éprouver s des sentiments séparatistes, une envie de se replier sur des zones qui leur seront réservées ; le pire sera alors certain. Le pouvoir a une lourde responsabilité sur les épaules : il doit réagir : par exemple, dissoudre la LNA serait un des moyens d’éviter la guerre civile.

Propos recueillis par YV

Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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Le site VICE choisit Valérie Fauchet comme « crème des médiums de France »

le site VICE choisit Valérie Fauchet comme « crème des médiums de France »

Dans la Rome Antique, lire l’avenir était une activité qui, pratiquée par les mauvaises personnes, pouvait être sévèrement punie. Le poète Ovide a par exemple été invité à finir sa vie en Scythie inférieure pour avoir, selon certains historiens, participé à une séance de divination néopythagoricienne (un collègue fin connaisseur de la période estime qu’il a surtout été « condamné à dégager parce qu’il faisait chier »).

Aujourd’hui, le seul risque des devins modernes n’est pas l’exil au bord de la mer Noire mais plutôt d’être moqué à répétition dans une pastille de Quotidien. À l’espace Champerret qui accueillait du 13 au 17 février la 34e édition de Parapsy, le salon du corps et de l’esprit, c’est d’ailleurs une des craintes les plus souvent exprimées par les médiums, magnétiseurs et chamans invités.

Dans ce Comic Con de la voyance, on peut aussi bien s’offrir une consultation en cabine (pour des tarifs allant de 40 à 70 euros), qu’une ribambelle d’objets ; pierre, pendule, dreamcatcher, tarot ou photographie de l’aura, qui serviront de support aux médiums. Certains ont placardé sur leur stand coupures de presse ou photos de stars à côté du même message : « Le consommateur ne bénéficie pas d’un droit de rétractation pour tout achat effectué dans le salon ».

Jacques Attali et Alain Minc, autres as de la prédiction, n’auraient probablement pas renié les intitulés de certaines conférences organisées en salle A et B (« L’importance de développer son intuition en cette année 2020 »). Sur une estrade, un homme en chemise rouge satinée harangue le public tandis qu’à ses côtés, un cartomancien prévient des dangers d’une relation avec un pervers narcissique. Pendant que notre collègue faisait le zouave avec la maigre trésorerie de notre entreprise, on est allé à la rencontre de ces Pythies ordinaires.

Valérie Fauchet, voyante

« Je suis là pour la promotion de mon livre qui est sorti en octobre [Une voyante passe aux aveux, entretiens avec Marie-Noëlle Dompé, publié aux éditions Ipanema]. Mon éditeur voulait que je parle de mon parcours un peu particulier de médium. J’aimais bien l’idée d’être interrogée par une ancienne avocate, magistrate et amie, a priori très carrée et très cartésienne. Elle m’a vraiment poussé dans mes retranchements.

J’ai accepté de faire ces entretiens surtout pour les parents qui ont des enfants médiums. J’ai plusieurs filles et la dernière est très voyante. À l’école, elle a comme moi beaucoup souffert d’être différente. Souvent, les parents qui ont des enfants médiums, mais qui ne le sont pas eux-mêmes, ne savent pas comment gérer. J’ai voulu les aider. Qu’ils se disent : ‘Ah, peut-être que mon enfant n’est pas autiste, qu’il entend et voit vraiment des choses’. Quand on est hypersensible, ce n’est pas évident. Encore aujourd’hui, les gens ont cette appréhension. J’entends : ’Ton truc fait peur’ ou ‘Tu es une sorcière’. Il faut arrêter avec l’inquisition permanente. L’intuition a toujours été au cœur des grandes découvertes scientifiques – Einstein était quand même loin d’être un con – et des grands travaux artistiques. Du coup, j’ai voulu ‘désorcéliser’ un peu tout ça.

Pour moi, être médium ou voyant n’est pas un métier mais un état. J’ai surtout des flashs du passé. C’est un peu différent de la voyance classique – même si j’ai pu prédire le 11-Septembre un an et demi avant qu’il ait lieu, le Bataclan et d’autres choses de ce genre. Ce qui m’intéresse, c’est de travailler sur la constitution des choix que l’individu a fait face aux événements de la vie. Je vais d’ailleurs collaborer avec un psychanalyste pour aider des gens qui sont en analyse depuis longtemps et qui ne s’en sortent pas. La voyance et la médiumnité sont intéressantes en psychologie parce qu’elles peuvent débloquer les choses et faire gagner énormément de temps et d’argent aux gens qui ne comprennent pas certains événements enfouis en eux.

Après, il y a un côté animal de foire que je dénonce. On m’a souvent demandé en interview : ‘Mais alors, qu’est-ce que tu vois ?’. Ça ne fonctionne pas comme ça, d’abord parce qu’il y a une pudeur et ensuite parce qu’on n’a pas des flashs tout le temps, toute la journée et avec tout le monde. Pour moi, on ne peut pas enquiller des rendez-vous. C’est ce que font les gens sur le salon ? C’est dramatique.

Beaucoup de gens se prétendent médiums, voyants, guérisseurs, ou magnétiseurs. Si vous tombez sur un charlatan, il y a de quoi être dégoûté et l’envie assez logique de généraliser à toute la profession. Mais parfois, si les événements n’arrivent pas exactement comme décrits, c’est aussi parce qu’il y a une part de langage et d’interprétation – comme le diagnostic d’un médecin. Il y a des attaques qui sont particulièrement vaches. Comme si les voyants devaient résoudre tous les problèmes. Quand quelqu’un me demande ‘Qu’est-ce que tu vois dans mon avenir ?’ et que je ne vois rien, je ne dis rien et j’observe souvent que les gens sont déçus. Mais ce n’est pas parce que je ne vois rien qu’il ne va rien se passer. »