un roman très original recommandé par Lolo le blog

« EMMANUEL, BRIGITTE ET MOI »

« Emmanuel, Brigitte et moi » Un roman d’Alain Llense

(finaliste au Prix des étoiles) Librinova parution le 14/10/2019 – Prix : 14€90

Roman métaphore, « Emmanuel, Brigitte et moi » aborde les thèmes de l’amour, du pouvoir et de la chute et s’autorise quelques détours par la politique fiction car, bien entendu, cet Emmanuel et cette Brigitte là en rappellent d’autres…

Alain Llense

Alain Llense

Alain Llense est fonctionnaire de l’Education nationale.

En 2011, il publie Elle fut longue la route qui remporte le Prix Folire et le Prix du 1er roman de Draveil. Vient ensuite le tour de Frère en 2013 qui fait partie de la sélection du Prix Méditerranée des Lycéens.

En 2016, suite à sa victoire dans un concours de nouvelles, il publie Nos enfants ne sauront jamais les enfants que nous sommes avec la bannière « L’auteur découvert par Philippe Delerm ». Emmanuel, Brigitte et moi est son 4ème roman.

Toute ressemblance avec des personnages existant ou ayant existé n’est absolument pas le fruit du hasard…

Lorsqu’ils se rencontrent et tombent éperdument amoureux l’un de l’autre, Emmanuel a 15 ans et Brigitte 40. Lui est un prodige en devenir de la gastronomie française, elle est une bourgeoise, mère de famille épanouie de trois enfants dont la plus jeune a l’âge d’Emmanuel. Ensemble, ils vont affronter le scandale, courir après la gloire matérialisée par un restaurant prestigieux de la Côte d’Azur surnommé « Le Château » et connaître toutes les vicissitudes liées au succès.

Le narrateur, le « moi » du titre est, pour sa part, un journaliste qui les retrouve par hasard, quinze ans après qu’ils aient tout perdu et chuté de leur Olympe.

C’est un roman très original que je vous recommande.

Emmanuel et Brigitte élevés au rang d’un mythe, par Alain Llense

https://argoul.com/2020/02/06/alain-llense-emmanuel-brigitte-et-moi/

J’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman écrit avec charme. Emmanuel et Brigitte, les personnages sont connus de tous les Français mais l’auteur les élève au rang d’un mythe. Mythe amoureux, puisque la différence d’âge et la précocité du premier les rendent différents et exemplaires ; mythe politique puisque la façon de gouverner est ici posée en modèle de ce qu’il ne faut pas faire.

Le couple est saisi en 2032, dans une grande ville improbable de France où ils tiennent un vulgaire snack d’ouvriers. Lui a 55 ans et bedonne un peu, le cheveu rare ; elle en a 79 et accuse son âge. Un journaliste décati du même âge qu’Emmanuel entre par hasard un jour de pluie et reconnait les anciennes célébrités. Il les convainc de faire un livre avec lui en intervieweur et eux en grands maîtres des propos tenus. Ils acceptent, nostalgiques des années écoulées mais peut-être pour expliquer et convaincre qu’ils avaient raison.

Les chapitres alternent donc entre le récit du journaliste, qui ne manque pas de se glisser dans l’histoire pour raconter sa vie, les propos d’Emmanuel, ceux de Brigitte. La première moitié du roman est ainsi composée de cette passion universelle qui saisit les humains après la puberté et traverse les siècles et les milieux. Lui est adolescent serveur dans un grand restaurant pour l’été ; elle mûre et directrice-adjointe de l’office de tourisme du coin. Ils se rencontrent lors d’un cocktail et c’est le flash : ils se reconnaissent, ils sont amoureux, ils le resteront toute leur vie. La question de « la première fois » taraude journaliste et lecteurs, et le duo la joue sans rien révéler car cela appartient au domaine de l’intime : c’était un jour d’automne, il pleuvait, ou peut-être au printemps, l’air était léger, ou bien… Malgré la réprobation familiale et sociale, on ne peut plus mourir d’aimer au début des années 1990, les mœurs ont changé. Peu à peu, le couple se fait reconnaître, surtout après la majorité du garçon ; la différence d’âge se remarque moins. Mais l’écart à la norme et les langues de vipère confortent Emmanuel et Brigitte dans la discrétion, la garde rapprochée et un splendide isolement.

Pour lui, il s’agit de réussir, d’être meilleur que tout le monde pour imposer son couple, sa façon de vivre. « J’étais un différent, un supérieur qui s’interdisait de regarder ses semblables de haut mais qui, pourtant, était vécu par la masse comme un surplombant, un qui évolue dans des sphères que les autres ne font qu’apercevoir » p.47 Pour elle, il s’agit de le guider, de lui éviter les phrases trop ironiques qui le desservent, de mettre de l’huile dans les rouages sociaux par sa plus longue expérience des bourgeois hypocrites (c’est un pléonasme), les plus récents étant « nos barbus et nos meufs quinoa » p.117. « Ils déguisaient leur distraction gourmande sous les atours d’une pseudo-morale dont ils auraient été les gardiens zélés et vigilants » p.55.

Cela ne se résout pas en politique comme dans la vraie vie, mais dans la restauration. Cette seconde partie m’a moins convaincu, même si le lecteur y prend plaisir comme un possible qui ne s’est pas réalisé. « On jouerait à… » Mais je respecte trop la politique, sa grandeur et ses dangers, sa nécessité et ses embûches, pour ne pas être marri de la voir réduite au badinage. Traduire la façon de gouverner un pays par la petite chefferie d’une cuisine, c’est mettre la politique à portée des caniches. Donc la rabaisser au niveau de la médiocrité de masse où tout le monde pourrait s’improviser politicien. Tant pis pour les revendications en gilet jaune, la politique est une fonction et désormais un métier : on le constate aisément chez les « nouveaux » qui passent par une période de flottement et de gaffes avant de se patiner. L’égalité n’est jamais que théorique et tout citoyen ne ferait pas un président comme certains feignent de le croire.

Emmanuel, aidé de Brigitte, exige dans son restaurant, sur son exemple, l’excellence : de la cuisine, du service, du décor. Il a été « élu » au « Château » dans sa petite ville du sud de la France au nom inventé, par un maire et une sous-préfète. Vous parlez d’une « élection » ! d’autant que l’un couche avec l’autre. Emmanuel succède à François, trop mou, qui lui-même a remplacé Nicolas, trop agité, successeur de Jacques qui a pris le flambeau à un François précédent après Valéry… l’auteur arrête son énumération-miroir de la Ve République à 1974. Est-ce la crainte de Charles ? la méconnaissance de Georges ? L’absence de profondeur historique ? La croyance (fort répandue chez les intellos) que l’histoire commence après mai 68 ? Parce qu’il n’était pas né avant ? – ce qui revient au même.

Toujours est-il qu’Emmanuel réussit, une fois de plus, après avoir été major de son école de cuisine prestigieuse. Le monde entier se presse à sa table, les bourgeois français en premier, le guide Michelin lui accordant une deuxième étoile. Il faut toujours être vu là où ça se passe. Le populaire se sent de trop par ses manières empruntées et par le prix du menu. Monte alors le ressentiment bien connu de l’envie : dénigrer ce à quoi on ne peut accéder, détruire ce qu’on ne peut occuper. La suite est tristement banale en France, pays d’égalitarisme jaloux : revendications, grèves, banderoles, accusations d’inhumanité envers les ouvriers et – pire – les migrants venus on ne sait comment sur la plage. « L’élection » suivante balaye Emmanuel pour Marion : et c’est la catastrophe annoncée, le licenciement des non-locaux, l’embauche avec de meilleurs salaires d’incompétents notoires nés sur le terroir, la chute de qualité, de l’image de marque, la gestion inepte, la rage du populaire pour promesses non tenues et la destruction du Château dans une quasi guerre civile.

Donc Emmanuel n’était pas si mal. Est-ce la leçon de « politique » de ce roman qui n’ose aller jusqu’au bout ? Est-ce la dérision de la cinquantaine, si bien décrite par le journaliste dont la vie n’est qu’une usure jusqu’à toucher la corde ? Sans peur et sans reproche en sa jeunesse, arpentant le monde en guerre pour dénoncer la violence et la misère, reconverti en chroniqueur people des sauteries mondaines des starlettes et des minets de télé, progressivement acheté et truqueur en son âge mûr, jusqu’à être désabusé et viré sur la fin. Triste humanité qui rappelle celle des profs, laminés par le système et leur public.

Le thème de l’amour maudit qui surmonte les obstacles d’un adolescent et d’une mère de famille de 23 ans plus âgée est un thème magnifique qui aurait mérité d’être l’unique sujet de ce roman, disséqué en l’âge mûr. Avec des remarques fort justes sur la famille pour un adolescent qui est plus que les parents mais aussi la maison, la télé, la bagnole, les vacances, tout le milieu où ils baignent. Ou sur « la capitale au soleil avare où le bonheur n’est possible qu’en fabriquant soi-même et à grand prix son propre soleil, où, une fois introduit dans les castes qui dirigent et décident, il est de bon ton de cultiver une originalité distinctive pour n’être confondu avec personne » p.89. Au lieu de cela, la réduction politicienne aux recettes de cuisine affaiblit le livre.

Le lectorat visé semble être celui des lycéens, ignorants en politique, mal informés par les réseaux (et par leurs enfeignants), adeptes selon les films et les séries du mystère des gnomes qui manipulent et complotent pour « gouverner le monde ». Les ados préfèrent ressembler à leur horde que distinguer leur talent, ce pourquoi ils haïront Emmanuel, l’élitiste qui leur montre pourtant la voie de la surhumanité méritocratique en démocratie niveleuse. (…)

Le style est fluide et gouleyant. Ne boudez pas votre plaisir de lecture, ce petit roman sans prétention le mérite. La façon de parler de l’amour m’a conquis.

Alain Llense, Emmanuel, Brigitte et moi, 2019 autoédition Librinova, 197 pages, €14.90 

Attachée de presse BALUSTRADE : Guilaine Depis, 06 84 36 31 85 guilaine_depis@yahoo.com

Marie-Ange de Montesquieu consacre une émission à Kathya de Brinon sur Radio Notre Dame

Réécoutez le podcast ici https://radionotredame.net/emissions/rencontre/05-02-2020/

Kathya de Brinon, écrivain, qui publie « Des larmes dans les yeux et un monstre par la main. » (Ed. Maïa). Violentée jeune dans sa famille, Kathya de Brinon s’engage aujourd’hui auprès des enfants violentés. À ce titre, elle a créé l’association SOS Violenfance, qui se concentre sur la prévention de l’inceste et de la pédo-criminalité.

Le Journal du Dimanche annonce le lancement de S.O.S. VIOLENFANCE

Pierre Bafoil qui a interviewé pendant deux heures Kahya de Brinon annonce dans le Journal du Dimanche le lancement de S.O.S. VIOLENFANCE

Briser le tabou de l’inceste dans les familles aisées. Voilà l’objectif que s’est fixé Kathya de Brinon en fondant SOS Violenfance, association de prévention et de lutte contre la pédocriminalité qu’elle lance ce jeudi soir à Paris, au café François Coppée (6e arrondissement), en présence du psychiatre spécialiste de ces questions, Gérard Lopez. Cette ancienne journaliste de 71 ans entend faire de la prévention en intervenant dans les écoles, lycées ou les universités. « Attention, ce n’est pas une énième association de lutte contre la pédophilie, se défend-elle d’emblée. Je veux me concentrer sur l’inceste dans les classes supérieures où la parole est parfois plus compliquée à libérer du fait de la pression sociale. Je veux prévenir plutôt que de guérir. Car on ne guérit jamais. »


D’après une étude de 2017 sur « les violences sexuelles à caractère incestueux sur mineur(e)s » réalisée dans le cadre de la mission « Sciences et société » mené par le CNRS, l’inceste est présent dans tous les milieux sociaux.

Culture du silence

 

La coordinatrice de l’étude, Sylvie Cromer, battait en brèche l’idée reçue selon laquelle les milieux paupérisés étaient plus touchés par le phénomène. Selon cette maîtresse de conférences en sociologie à l’université Lille 2 et directrice de l’Institut du genre, ces dernières semblent plus sujettes à ces violences car elles sont plus étroitement surveillées par les travailleurs sociaux. Autre raison, rapportait alors dans le journal du CNRS, « les familles à fort capital économique et culturel disposent de stratégies fortes de déni et de maintien d’une culture du silence ».

Ça va, ça n’a duré que quelques jours

Kathya de Brinon en sait quelque chose. De ses 9 à 12 ans, cette « survivante », comme elle se décrit, a été violée et prostituée par son grand-père paternel à des notables de sa ville d’enfance. Dans le silence assourdissant de sa famille. Lorsqu’elle s’en ouvre à ses parents, si son père tente de la soutenir, sa mère prend le dessus et impose une omerta familiale. Cette dernière évacuera l’affaire de ces mots glaçants : « Ça va, ça n’a duré que quelques jours. »

Double peine

Car l’histoire de Kathya de Brinon, c’est aussi celle d’une double peine : les sévices intrafamiliaux d’abord, le tabou ensuite. Et le second survit même si les premiers cessent. Après le déni de sa mère, Kathya de Brinon s’est confronté à celui de sa propre fille qui l’a à son tour accusée de détruire la famille lorsqu’elle a souhaité en parler. Qu’importe, la sexagénaire a coupé les ponts et publié coup sur coup deux livres témoignages, où elle raconte les viols endurés pendant l’enfance et la complicité passive de son entourage.

L’argent couvre tout. Rien n’est plus facile que de menacer ou acheter un enfant

« L’inceste est présent dans toutes les familles, mais dans les classes supérieures peut-être plus qu’ailleurs. Car l’argent couvre tout, décrit-elle. Rien n’est plus facile que de menacer ou acheter un enfant. Et ça continue à l’âge adulte, on entre alors dans une espèce de logique de prostitution : argent contre silence. 

Pour l’instant, SOS Violenfance n’a pas encore de financements pérennes, mais engrange le soutien de municipalités huppés comme celles de Puteaux ou Reuil-Malmaison. Kathya de Brinon compte également sur ses contacts dans les Rotary Club, haut-lieu de l’entre-soi élitistes, où son combat a fort bien été reçu, assure-t-elle.

Naissance des Editions des Coussinets : à la mémoire de nos compagnons à 4 pattes

 Une nouvelle maison d’édition pour les amoureux des chats et des chiens :

Les Editions des Coussinets (editionsdescoussinets.fr)

(communiqué en PDF : communiqué Coussinets )

contact presse guilaine_depis@yahoo.com 06 84 36 31 85

Plus de 13 millions de chats et plus de 7 millions de chiens en France

La France est le second pays d’Europe avec la plus large population féline. Sur 30 millions de familles, plus de la moitié possède un animal de compagnie et 18% de ceux qui n’en ont pas pensent à en acquérir.  Ce sont de véritables membres de la famille et parfois même un substitut aux enfants que l’on n’a pas eus ou qui sont partis au loin.

Sachant que les hommes vivent près de 80 ans et les femmes près de 86, et que nos compagnons à quatre pattes nous quittent en moyenne à 15 ans pour les chats et 13 ans pour les chiens, il est bien rare qu’on se limite à un seul compagnon au long d’une vie. Et à chaque départ de notre « petite étoile », la souffrance est intense. Bien souvent, seule l’arrivée d’un nouveau compagnon contribue à notre deuil sinon à notre oubli. 

Dominique Beudin (*), une grande amoureuse des chats a eu l’idée de consacrer un livre « Tous les chats de ma vie » à ses félins successifs et de créer une maison d’édition permettant à tous ceux qui veulent immortaliser le souvenir de leurs compagnons félins ou canins de partager leur témoignage. C’est l’objectif des Editions des Coussinets.

Que proposent les Editions des Coussinets ?

Pour garder un souvenir du compagnon qui a fait partie de votre vie et qui vous a quittés (toujours trop tôt hélas), cette maison d’éditions vous propose de vous aider à publier un souvenir qui vous accompagnera après son départ : un livre-souvenir comportant des pages de texte et des photos.  Actuellement deux collections sont lancées, tous les chats de notre vie et tous les chiens de notre vie.  Le principe est d’avoir environ une quinzaine de chapitres par livre, dédiés à environ 5 de nos compagnons. 

L’aide peut aller de la simple mise en page de votre texte et de vos photos avec impression du nombre d’exemplaires souhaités, jusqu’à la rédaction complète de votre texte après entretien enregistré et mis en forme.   

(*) Dominique Beudin : ENSAE, INSEAD, DEA de Droit des Affaires, 40 ans d’expérience dans le Conseil et l’aide au développement. Grande expérience de rédaction de rapports et d’articles professionnels. Et plus de 40 ans de vie avec des chats !

 

« Le Courrier suisse » remarque l’imposant roman de Michèle Makki

Pompéi, l’année du volcan

Roman : Issue de la haute société romaine, Vera se prend de passion pour Albanus. L’ennui, c’est qu’il est gladiateur, et que s’enticher d’un tel homme, en milieu nanti, est mal vu. Par le biais de cette liaison, Michèle Makki redonne vie à Pompéi, au coeur de l’empire romain, autour de l’année 79. Pompéi, le sang et la cendre rend compte d’une ville trépidante et haute en couleur, d’événements ponctués de moments cocasses ou tragiques.

Des belles demeures ornées de mosaïques aux bas-fonds, le roman mène le lecteur dans diverses intrigues, sérieuses ou triviales, tandis que l’engouement de Vera pour le combattant alimente ragots et rumeurs. Le style est fluide et direct (….)

Marc-Olivier Partalano

Michèle Makki, Pompéi, le sang et la cendre, Ed. Baudelaire, 2020, 598 pages.

Trois pages d’interview de Caroll Le Fur dans La Baule Plus

Orientation ➤ Une Bauloise spécialiste de l’orientation publie un ouvrage pratique pour aider les parents

La Baule + : Votre livre est en quelque sorte un Code de la route pour aider un jeune qui réfléchit à son avenir. En effet, la plupart des métiers de la fin du XIXe siècle existaient encore à la fin du XXe siècle, alors qu’aujourd’hui on voit des métiers disparaître et d’autres apparaître… Sommes-nous à un tournant ?

Caroll Le Fur : Effectivement, c’est un guide destiné aux parents qui ont envie d’accompagner leurs enfants dans leur orientation scolaire et professionnelle. Nous sommes à un tournant et, selon certaines études, 65 % des jeunes qui sont en classe primaire exerceront un métier qui n’existe pas encore. Il y a aussi des métiers qui ont disparu et beaucoup qui ont changé, avec une configuration différente, et la notion de compétence est évidem- ment fondamentale. La compétence, ce n’est pas simplement le savoir-faire : c’est aussi le savoir être, c’est-à-dire la manière dont vous vous comportez, dont vous savez parler de vous, et dans votre manière de décrypter les évolutions. On peut aider les jeunes à avoir cette sensibilité, mais il faut s’y prendre relativement tôt.

Contrairement aux générations précédentes où l’on n’avait souvent qu’un ou deux métiers dans sa carrière, aujourd’hui, quelqu’un qui entre dans la vie professionnelle va exercer différents métiers qui n’ont parfois rien à voir…

Exactement. Cette question m’interpelle et je fais beaucoup de conférences là-dessus. Ma génération, qui est la génération X, c’est quatre à cinq métiers. La génération de mes parents, c’était un métier pour la vie. Pour nos enfants, la génération Z, on estime qu’ils auront entre treize et quinze métiers dans leur vie ! Donc, la compétence à savoir s’orienter est absolument incontournable.

Un slasher, c’est la personne qui va pouvoir avoir plusieurs métiers en même temps

Un graphiste peut aussi être photographe ou créer des sites Internet. Est-ce une sorte de bulle globale, avec différentes compétences autour d’un secteur d’activité ?

Aujourd’hui, on est à l’ère des slashers : un slasher, c’est la personne qui va pouvoir avoir plusieurs métiers en même temps, comme être cuisinier le matin, conseil informatique l’après-midi, puis qui ira travailler dans une association le lendemain, et qui fera du théâtre aussi… C’est vraiment l’avenir. Je ne crois plus trop au salariat. La question du sens est très importante, surtout chez nos enfants, et les jeunes me disent souvent : « La première chose que je veux, c’est un métier qui ait du sens ». Trouver un sens à sa vie en ne faisant qu’un seul métier, cela devient compliqué. En plus, on vit de plus en plus vieux. On a besoin de changer, de découvrir, de se développer personnellement et socialement. Donc, c’est une ouverture d’esprit beaucoup plus importante.

Mais en mai 1968, les jeunes disaient aussi qu’ils voulaient donner un sens à leur vie. Or, quinze ans plus tard, on les avait retrouvés traders ou dans des agences de publicité !

Ce n’est pas faux. Le sens a quand même évolué. Aujourd’hui, on parle d’écologie et l’on aborde les questions sociétales d’une manière un peu plus profonde. Je crois que la différence, c’est que les générations actuelles expriment tout cela très fortement. C’est même une revendication. D’ailleurs, dans les entreprises, on a du mal à garder les jeunes. Ils changent souvent, ils partent au bout d’une année… Il est assez compliqué de les fidéliser, à partir du moment où ce qu’ils font n’a plus de sens à leurs yeux. C’est une caractéristique de cette nouvelle génération qui est assez étonnante et le monde de l’orientation est pour elle très complexe. À notre époque, nous avions à peu près 3 000 possibilités d’orientation. Aujourd’hui, il y en a entre 12 000 et 15 000, sans parler des passerelles, c’est-à-dire lorsque l’on commence à faire quelque chose et que l’on s’oriente différemment à un moment donné. Tout est possible.

Comment éviter ces formations très à la mode, où l’on se retrouve ensuite avec des bataillons de chômeurs ?

Je ne suis pas certaine qu’il faille raisonner en opportunités, il faut raisonner par intérêt : si votre enfant est intéressé par une fac de psychologie, alors, qu’il fasse psycho. Je crois profondément aux rêves. Il faut orienter nos enfants vers ce qui les stimule, vers ce qui les motive et, à partir de là, ils vont être bons dans ce qu’ils vont faire. Ensuite, ils auront plein d’opportunités et, comme ils auront plein d’opportunités, ils auront plein d’ouvertures et un bel avenir.

Le premier conseil est d’aider les enfants à découvrir leur identité. Mais comment peut-on avoir une identité fiable à 16 ans, alors que l’on va penser totalement différemment à 25 ans ? À 16 ans, on veut défendre la planète et à 25 ans, après ses premières fiches de paie, on devient un Gilet jaune !

Bien sûr, on évolue, on progresse… C’est la raison pour laquelle je crois qu’il ne faut pas se précipiter vers des métiers. Aux parents qui viennent me voir en me demandant d’aider leur fils ou leur fille à trouver un métier, j’explique que c’est compliqué, mais trouver une voie ou une inspiration, cela devient intéressant. Après, il faut compter sur la vie, sur les opportunités, se laisser porter et prendre les rênes de son orientation en étant curieux et ouvert. Pour moi, le rôle du parent, c’est un rôle de partage, d’écoute et d’observation. Le plus gros travers d’un parent, c’est le miroir social. Un enfant dont la mère est avocate aura sept fois plus de chances de faire des études de droit que quelqu’un dont les parents font autre chose.

Vous écrivez que le système d’éducation français est soumis à un impératif d’adaptation aux évolutions du marché du travail et les établissements se remettent en question pour garantir à leurs étudiants qu’ils quitteront leurs amphis avec un job. N’êtes-vous pas trop généreuse avec le système d’éducation ?

Oui, je suis quelqu’un d’extrêmement positif… Je ne vais pas vous dire que le système est idéal, loin de là, mais j’ose penser et espérer que nous avons quand même une volonté de faire évoluer le système éducatif français. Nous sommes très mal classés dans les études PISA, le classement international qui permet de voir comment se situe la France en termes d’apprentissage. Maintenant, il ne faut pas se leurrer, un système éducatif est long à faire évoluer et il est très compliqué de faire bouger les lignes. Il y a aussi l’enseignement supérieur et c’est un système monstrueux qu’il est nécessaire de faire évoluer.

20% des étudiants qui entrent dans le supérieur en sortent sans diplôme et, chaque année, un étudiant sur trois regrette son orientation…

La mauvaise orientation coûte 500 millions d’euros par an, un jeune sur trois regrette son orientation, c’est énorme ! Donc, il faut cheminer. Il faut savoir se poser les bonnes questions au bon moment et il ne faut pas se précipiter vers des passions que l’on peut avoir. Récemment, des parents m’expliquaient que leur jeune fille aimait la musique, or celle-ci ne voulait pas en faire son métier parce qu’elle ne voulait pas que cela devienne une contrainte. Donc, il faut observer, partager, comprendre… Il ne faut pas se substituer à nos enfants. Ils ont cette capacité à ressentir les choses. Parfois, c’est très intuitif, mais c’est aussi humain.

La génération Z est centrée sur le collaboratif et elle considère la performance comme étant le fruit d’une action collective et non individuelle, contrairement à la génération X. Mais l’être humain reste l’être humain et, au fur et à mesure, chacun va vouloir dépasser son voisin…

J’ai eu des équipes à gérer et leur volonté n’était pas forcément d’évoluer d’un point de vue vertical, mais plutôt d’évoluer de façon horizontale, afin de s’enrichir. La carrière, oui, mais j’ai le sentiment que ce n’est pas l’objectif premier pour cette génération. En suivant un coaching d’orientation, en se faisant accompagner pour réfléchir à toutes ces questions, demain ce seront des meilleurs managers.

Vous évoquez également la perte d’attention inhérente à l’utilisation intensive des smartphones, au point que l’on parle maintenant de neuf secondes !

Attaquons la question des neurosciences… C’est une étude d’Harvard qui explique que nos jeunes n’ont plus que neuf secondes d’attention, ce qui est à peu près équivalent à l’attention d’un poisson rouge. Maintenant, c’est une question d’intérêt : quand on est moins intéressé par un sujet, on a tendance à papillonner. À partir du moment où l’on est stimulé, sollicité, lorsque l’on est en équipe, on a cette capacité à faire voler notre esprit, mais aussi à se recentrer très vite. C’est une compétence qu’ils développent et que nous avons peut-être moins.

Les diplômes ne sont plus suffisants pour accéder à un bon emploi. Alors, est-ce la personnalité, le milieu social ou la culture générale qui priment ?

La personnalité est quelque chose de fondamental. Pen- dant de nombreuses années, j’ai été consultante RH dans un cabinet qui prônait la personnalité et j’ai beaucoup appris. J’ai surtout découvert qu’un CV, ce n’était que des connaissances. Les connaissances, cela s’acquiert, alors que la personnalité se développe, s’optimise et se bonifie. La personnalité, c’est quelque chose de compliqué à faire évoluer. La curiosité est un élément fondamental. La culture générale est importante. Il faut ouvrir sa pensée, il faut lire, il faut se nourrir de tout ce qui est à l’extérieur… On acquiert la connaissance en faisant des études, mais la personnalité, c’est ce qui fait la différence quand vous postulez à un job. Quand vous recrutez quelqu’un, vous le recrutez à 95 % pour sa personnalité et à 5 % pour ce qu’il a fait.

Autre conseil : les parents doivent oublier qu’ils sont parents et se mettre dans la peau d’un DRH…

Les parents oublient, quand ils vivent dans les entreprises, que les jeunes pourraient être leurs enfants et vice versa. Il faut pouvoir agir dans une attitude bienveillante, ouverte et dans la transmission des savoirs si l’on parle de l’entreprise, et, au niveau de la famille, on est là pour éduquer, faire évoluer et faire grandir. La notion qui diffère, c’est la notion d’amour, bien évidemment, mais cette notion est aussi en filigrane quand on s’attache à ses collaborateurs. Parfois, il faut savoir prendre du recul et avoir une posture un peu plus neutre et moins affective. La majorité des parents sont toujours angoissés et stressés à l’idée de se tromper, mais je leur explique que ce n’est pas grave. Il faut surtout rebondir et faire des choix différents. J’accompagne beaucoup de jeunes qui sont en réorientation et qui se sont trompés après leur baccalauréat. Ils arrivent en pleurant presque, mais à partir du moment où ils comprennent que ce qu’ils ont vécu est une expérience, que ce n’est pas un échec, alors ils rebondissent et, derrière, ils font de très belles choses. Donc, c’est loin d’être négatif, même si cela coûte cher aux parents et à la société… On trouve toujours notre voie à partir du moment où l’on se pose les bonnes questions.

En fait, il convient d’éviter ce que vous appelez le syndrome du briseur de rêves…

Pour moi, le rêve est fondamental. J’ai accompagné une jeune fille qui voulait absolument faire médecine, alors qu’elle avait des notes pas terribles dans les matières scientifiques. Elle s’est accrochée à son rêve et elle est aujourd’hui en troisième année de médecine. Elle a travaillé dur, parce que c’était son rêve. Je viens de rencontrer un jeune qui était paniqué, parce que c’est son avenir qui est en jeu, alors j’essaie de lui expliquer qu’il faut garder la tête froide, se poser les bonnes questions, aller à la rencontre des professionnels et s’interroger sur le monde extérieur. Mais c’est très compliqué pour un jeune de choisir sur le papier. Dans ce contexte, j’ai envie que les parents soient des lanceurs d’espoir. Ce n’est pas aux professeurs de décider de l’avenir des enfants, c’est surtout à l’enfant de décider. Les parents doivent prendre à bras-le-corps ce sujet de l’orientation et ils doivent même parfois s’interposer contre le système scolaire.

En conclusion, chacun est unique et nous avons tous à faire quelque chose sur Terre…

Exactement. Chacun a sa place. Le but, c’est de trouver sa place dans le monde. On ne la trouve peut-être pas immédiatement, mais à un moment donné on la trouve. Ce qui est incroyable, c’est que tous les enfants que j’accompagne portent en eux les ressources de ce qu’ils veulent faire. Le rôle des parents, c’est de les interroger et de leur faire découvrir un certain nombre de choses. Et les parents doivent aussi parler de leur parcours.

Propos recueillis par Yannick Urrien.