Concert inédit, mardi 17 juin à 20 h (huit femmes compositrices de la Cour de Louis XIV à nos jours)

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La Fête de la Musique avant l’heure à l’Espace des Femmes ! Rendez-vous mardi 17 juin à 20 h au 35 rue Jacob – (Vous pouvez effacer tout de suite ce courrier : l’information essentielle – LE CONCERT – était là !)

Antoinette Fouque, plus forte que François Ozon ! Car non seulement la plupart des actrices du splendide film du second « 8 femmes » (Catherine Deneuve dont le livre audio, « La Marquise d’O » de Kleist vient juste de paraître… Service de presse, demandez-le ! Vite ! il n’en restera plus !, Fanny Ardant, dont la sortie audio de « La Musica deuxième » de Duras avec Sami Frey est imminente, Isabelle Huppert avec laquelle nous ne cessons d’avoir des projets… et j’en oublie sûrement) ont été puisées (au moins pour l’inspiration – peut-être inconsciente ! -) dans notre catalogue « Bibliothèque des Voix », pionnier du livre à écouter qu’Antoinette Fouque a inventé…

Mais, en plus, à l’Espace des Femmes, nous vous invitons à venir assister ce mardi 17 juin, à 20 h, à un concert absolument inédit de huit femmes compositrices. C’est un événement unique dans le domaine musical, de même envergure que tout ce qu’a l’habitude de faire Antoinette Fouque : l’excellence. Programme recopié avec des présentations de ces huit femmes, dont les naissances s’étalent de la Cour du Roi-Soleil à nos jours, en fin d’émile. N’hésitez pas à transférer cette missive à toutes les personnes qui vous sont sympathiques et à qui vous souhaitez du bonheur !

Du bonheur, et de l’émerveillement, il y en aura aussi pour vos yeux (pas seulement pour vos oreilles !), car pendant l’enchantement des instruments de musique, vous aurez le loisir et l’émotion de découvrir – si ce n’est pas encore fait – le ravissement de la contemplation d’oeuvres visuelles : partout sur les murs de l’Espace des Femmes, Antoinette Fouque a réuni des peintures, sculptures etc des artistes dont la création constitue l’embryon du Musée des Femmes… Et là non plus, on ne se moque pas de vous ! On vise très haut !

En pièces jointes, la photo que Jacqueline Fontyn (la seule de ces huit compositrices encore vivante) nous autorise généreusement à faire circuler pour illustrer la soirée et l’une des célèbres « nanas » de Niki de Saint-Phalle pour vous donner un aperçu de son travail…

Et ci-dessous, juste avant les infos du concert (17 juin, 20 h), la liste des noms des femmes artistes (avec des liens vous guidant vers des photos vous livrant une idée de leurs oeuvres) que vous pourrez admirer – c’est le cas de le dire ! – de concert !

Tout d’abord, deux éminentes sculptrices françaises pour lesquelles Antoinette Fouque nourrit des passions : Louise Bourgeois (née en 1911) http://www.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-bourgeois/ENS-bourgeois.html et Niki de Saint-Phalle (1930-2002) http://www.nikidesaintphalle.com/ qu’on ne présente plus… et aussi une originalité de Louise Nevelson (née en Russie 1899-1988)http://www.mchampetier.com/sitephp/phpfr/VIGN3.php?nom=Nevelson%20Louise intitulée « Dawn’s landscape XXV° »

Pour les peintures, il y a évidemment les « grandes » françaises : Geneviève Asse (née en 1923) http://www.articite.com/events-arts-visuels/mars07/Galerie-Oniris-Genevieve-Asse.htm, Geneviève Claisse (née en 1935) http://imagoart.club.fr/claisse.htm – dont le « Relief cercle lumineux, bleu bleu » va illustrer « Les Obscures », nouveau roman de Chantal Chawaf qui naîtra en librairie pour la rentrée littéraire 2008 (Vous pouvez d’ores et déjà en recevoir les épreuves), Sonia Delaunay (1985-1979) http://www.mchampetier.com/sitephp/phpfr/VIGN3.php?nom=Delaunay%20Sonia (« Rythme coloré »), Françoise Gilot (née en 1921) http://www.francoisegilot.com/ (« Femme assise »), Dora Maar (1907-1997) http://www.insecula.com/oeuvre/O0015843.html (« Portrait de Picasso ») et Aurélie Nemours (1910-2005) http://www.seniorplanet.fr/mag/aurelie-nemours-l-art-comme-ultime-espoir.9380.html (« Mars écarlate ») (quatre tableaux étonnamment tout rouges ! cf « Art » de Yasmina Reza, qui a également enregistré un livre audio aux éditions Des femmes).

Et puis, les « exotiques » :

– Les Américaines : Joan Mitchell (1925-1992) http://www.joanmitchellfoundation.org/, Jennifer Bartlett (née en 1941) http://www.artnet.com/artist/2040/jennifer-bartlett.html (« 33 White Street »), Lee Krasner (1908-1984) http://www.lesartistescontemporains.com/Artistes/krasner.html,

– La Japonaise : Yayoi Kusama (née en 1928) http://www.yayoi-kusama.jp/,

– La Danoise : Franciska Clausen (1899-1986) http://www.artnet.com/artist/563020/franciska-clausen.html,

– La Portugaise : Maria Elena Vieira da Silva (1908-1992) http://www.bibliomonde.com/auteur/maria-helena-vieira-silva-474.html (« Composition aux damiers bleus »),

L’ultime oeuvre ajoutée est une immense photo de l’américaine Nan Goldin (née en 1953) http://www.centrepompidou.fr/expositions/nangoldin/ dont le soleil se remarque en écho aux « Dessins de feutres sur papier  » d’Antoinette Fouque… Qui savait qu’elle possédait AUSSI le talent du dessin…? Peut-être les lecteurs d’Hélène Cixous, car c’est une oeuvre d’Antoinette Fouque qui figure sur la couverture du tout petit (par sa taille !) livre « Un vrai jardin » . Une autre, très proche sur le mur, est aussi stupéfiante de beauté : « Nuit de pleine lune sur Terre Sauvage », et toutes les autres… Seulement, elle est si modeste que personne n’est au courant. Pourtant, les visiteurs de la Galerie sont ébahis quand ils voient ses dessins si colorés (comme mes émiles !), avec toujours me semble t-il, ce soleil, ce point lumineux de vie… d’espoir…?

Les amies de la Maison qui ont été à l’honneur lors des deux premières expositions, Colette Deblé (née en 1944) http://imagoart.club.fr/deble.htm par trois de ses fameuses « Vénus » et Catherine Lopes-Curval (née en 1954) http://www.artnet.com/artist/654765/catherine-lopes-curval.html par son incontournable « Mise aux Carreaux » demeurent dans le lieu-miracle du 33-35 rue Jacob… pour notre sincère satisfaction. A mardi soir, donc ! Chaleureusement, (j’oubliais : pour TOUT cela, c’est seulement 5 euros selon vos moyens et/ou votre générosité)

Huit femmes compositrices
proposé par
l’Association Femmes et Musique
mardi 17 juin 2008 à 20h00

Elisabeth Jacquet de la Guerre (1665-1729) : ¨Pièces de danse
La seule compositrice à la Cour de Louis XIV. Son opéra, Céphale et Procris, fut le premier ouvrage d’une femme joué à l’Académie Royale de Musique.
Christine Marchais, piano

Germaine Tailleferre (1892-1983) : Berceuse et Forlane
A fait partie du « Groupe des Six » et écrit beaucoup de musique de chambre et d' »opéras bouffe ».
Béatrice Godeau, piano – Corinne Hourneau, flûte

Elsa Barraine (1910-1999) : Elégie et Ronde
Symphoniste puissante, engagée au service de valeurs humanistes (Progromes créé en 1939, en référence aux persécutions contre les Juifs)
Béatrice Godeau, piano – Corinne Hourneau, flûte

Jacqueline Fontyn (1930) : Bulles
Compositrice belge, a été professeure de composition au Conservatoire de Bruxelles et créé une abondante oeuvre instrumentale.
Christine Marchais, piano

Adrienne Clostre (1921-2006) : Notturno (extrait des Variations italiennes)
Lauréate du Premier Grand Prix de Rome en 1949. Très attachée à l’Italie. Oeuvres de « théâtre musical » essentiellement.
Christine Marchais, piano

Claude Arrieu (1903-1990) : Sonatine (Allegro, Andantino, Presto)
A beaucoup composé, notamment pour la scène (ballets, opéras-comiques) et a travaillé aussi comme productrice et metteur en ondes à la Radiodiffusion.
Béatrice Godeau, piano – Corinne Hourneau, flûte

Denise Roger (1924-2005) : Sonatine (Animé, Lent, Vif)
Compositrice qui a poursuivi une carrière de pianiste et créé de nombreuses oeuvres destinées à la voix, avec instruments (poèmes de Verlaine, Claudel…) ou piano (Rilke, Apollinaire, Rimbaud…)
Béatrice Godeau, piano – Corinne Hourneau, flûte

Dora Pejacevic (1885-1923) : Couronne de fleurs op 45 ; Sketche 1 TEBI op 44 ; 2 nocturnes op 50
Compositrice croate formée à Zagreb puis Munich, elle a travaillé dans le courant du mouvement moderniste, de la Sécession, et renouvelé le langage traditionnel de son pays.
Christine Marchais, piano

Blog Antigone HC sur Françoise Collin (critique 14.06.08)

http://antigonehc.canalblog.com/archives/2008/06/14/9517083.html

14 juin 2008
On dirait une ville, Françoise Collin

Françoise Collin est philosophe, et navigue entre écriture et engagement féministe.
Elle vit aujourd’hui à Paris, ville qui l’a inspirée pour cet ouvrage poétique…

Par petites touches impressionistes, elle nous guide ici à sa suite dans une vie qui se cherche et parfois se trouve, au hasard des jours, des rencontres et des instants volés à la lumière de l’été (voir « chronique d’un été »).

Dès les premières phrases de On dirait une ville, j’ai entendu une voix, j’ai imaginé les mots de l’auteur exprimés sur une scène… Est-ce la preuve d’une grande qualité d’écriture ? Je n’en sais réellement rien. C’est il me semble pour le moins la preuve d’une lecture très agréable.

Dans la prose de Françoise Collin, il y a donc de la poésie mais aussi de la matière orale, théâtrale, et cela est très doux à imaginer, et à lire.
Des personnages de toutes sortes entrent et sortent sur la scène de ses écrits et nous les regardons naviguer, nous donner quelques leçons de vie, furtives, puis disparaître en fin de page…

Il faut bien le dire, on a envie d’attraper son crayon et de noter quelques passages, pour le souvenir, pour les partager plus tard…et on se dit que c’est bête, autant garder le livre sous la main.

Des extraits, brefs, pour en attraper un peu le son, vous aussi…

« route à suivre dit un panneau fléché au bout de la piste sur le vide
.
on dirait une ville, c’est un cimetière. On dirait un chant et c’est la dernière note d’un soupir. On dirait une montagne, c’est un mirage
.
celui qui faisait tinter les clés du monde s’en est allé, l’oreille sourde. Les laboureurs de sables ont pris la fuite abandonnant leur moisson de gris »

« c’est sur l’autre façade que tape le soleil, sur l’autre rive que quelqu’un se lève, en d’autres temps que se noue le récit, en d’autres cieux que courent les nuages »

« femme assise à son miroir
femme assise à son écran

une vie de queue de cerise »

Note de lecture : 4/5

Critique élogieuse de « Blottie » sur Le blog d’Ivoirine

http://leblogdivoirine.canalblog.com/

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 « Blottie » est un livre merveilleusement écrit qui se lit d’une traite. Il révèle une sensibilité d’écriture, une émotion présente dans chaque phrase qui m’a beaucoup émue. On est trés vite plongé dans la vie d’une femme, Gentiane, dans ses resentis, ses émotions, ses interrogations et ses révoltes. C’est l’histoire de plusieurs relations familiales. Tout dabord celle du rapport au père lointain, rejeté et pourtant aimé et admiré, puis celle de la maternité et de la relation mère-fille.

Mais « Blottie » est aussi et surtout l’histoire d’une femme qui se bat pour les mots, c’est l’histoire de la passion du langage, des mots sans lesquels on n’existe plus qu’à l’intérieur de soi, sans lesquels l’acteur ne devient plus que le spectateur passif du monde qui l’entoure. Mais lorsque Gentiane, actrice passionnée de tragédie classique perd lors d’un accident la capacité du langage, tant verbal que corporel, elle ne voudra pas se résigner à rester tapie dans son coin, elle se battra pour rester mère et pour prouver son amour à sa fille.

Ce livre est parue aux éditions « Des Femmes » dirigés par Antoinette Fouque qui a pour objectif de promouvoir l’écriture des femmes dans sa diversités. Si vous voullez en savoir plus vous pouvez aller consulter leur site web, n’hésitez pas à aller voir la rubrique sur le salon du livre, c’est par là ou vous aurez accès à tout ce qui concerne les publications.

: http://www.desfemmes.fr

http://www.desfemmes.fr/histoire.htm

Et voiçi le lien vers la critique de Babelio

http://www.babelio.com/livres/Zordan-Blottie/61984

Citations de Laurence Zordan choisies par les bloggueuses

http://www.babelio.com/citations/Zordan-Blottie/61984

Pour la premiere fois, l’enchantement s’est emparé de mon corps, je suis devenue un sortilège et tu es mon prestidigitateur. Je croyais n’être qu’ici et maintenant, comme tout le monde, or, tu as déposé le monde en moi: j’attends un enfant.

La tragédie n’opose guère A et non-A, des héros sympathiques et des méchants. La tragédie fait s’entretuer des innocents.

(relevé par Ivoirine)

Fanny Ardant et Sami Frey lisent Marguerite Duras…

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Fanny Ardant et Sami Frey lisent
La Musica Deuxième
de Marguerite Duras

1 CD – 18 € – 69 mn – 2008

« Ce sont des gens qui divorcent, qui ont habité Évreux au début de leur mariage, qui s’y retrouvent le jour où leur divorce est prononcé. Tous les deux dans cet hôtel de France pendant une nuit d’été, sans un baiser, je les ferais parler des heures et des heures. Pour rien d’autre que pour parler. Dans la première partie de la nuit, leur ton est celui de la comédie, de la dispute. Dans la deuxième partie de la nuit, non, ils sont revenus à cet état intégral de l’amour désespéré, voix brisées du deuxième acte, défaites par la fatigue, ils sont toujours dans cette jeunesse du premier amour, effrayés.» M. D.

Mardi 10 juin, dès 18h30, Soirée Juliet Mitchell & Françoise Barret-Ducrocq

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Nouveauté aux éditions Des femmes-Antoinette Fouque :

Frères et sœurs. Sur la piste de l’hystérie masculine Juliet Mitchell

Collection « La psychanalyste »

Traduit de l’anglais par Françoise Barret-Ducrocq.
ISBN : 978-2-7210-0521-2
Format 15 x 22 cm – 528 pages – 25€
Office 02/05/2008

Le livre traite avec une très grande érudition puisée dans l’anthropologie, la psychanalyse et les grands mythes de la littérature occidentale, de l’histoire universelle de l’hystérie. Cette analyse amène l’auteure a reconsidérer de façon radicale la construction du psychisme telle qu’elle a été présentée jusqu’ici, à proposer une lecture différente du complexe d’Œdipe et à affirmer la nécessité de prendre en compte les relations horizontales entre celles et ceux qui se trouvent en situation de frères et sœurs – qu’il existe ou non un lien biologique entre eux.

Juliet Mitchell ne propose à aucun moment de substituer cet axe horizontal à l’axe vertical, mais souhaite prendre conjointement en compte ces deux axes, dont la mise en relation ouvre de nouvelles perspectives…. En démontrant le caractère universellement possible de l’hystérie, elle réhabilite un diagnostic qui permet de mieux comprendre, non seulement certains dysfonctionnements du psychisme humain, mais aussi la relation entre pairs.

Juliet Mitchell, née en 1940 en Nouvelle-Zélande, a participé à la fondation du Women’s Liberation Movement et a été coéditrice de la New Left Revue anglaise. Psychanalyste et universitaire, elle est professeure à Cambridge (Grande-Bretagne), où elle enseigne sur le thème « Genre et société ». Elle a publié de nombreux ouvrages, traduits dans plusieurs langues, dont L’Âge de la femme et le best-seller Psychanalyse et Féminisme, parue en langue française, aux Editions Des femmes -Antoinette Fouque.

Françoise Barret-Ducrocq est agrégée d’anglais, docteure d’Etat, professeure à l’Université de Paris 7-Denis Diderot. Elle est secrétaire générale depuis 1992 de l’Académie universelle des cultures. Elle est l’auteure de nombreux ouvrages en France, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. Elle a traduit aux éditions Des femmes-Antoinette Fouque, Psychanalyse et féminisme de Juliet Mitchell ainsi que Conscience de femmes, monde de l’homme de Sheila Rowbotham.

Article de fond sur « Lise et lui » (par Jocelyne Sauvard, sur Sitartmag)

35.jpgLise et lui, Lise et l’eau

J’ai lu Lise et lui au matin avec l’odeur d’herbe qui montait du jardin et bientôt les premiers chuchotements des oiseaux, l’air qui flotte avec une vague rumeur venue de la ville, vite rompue par le trille du merle.
Les mots de Michèle Ramond planent le long des voiles blanc des rideaux, descendent vers les livres, les cahiers, les ordinateurs et la tasse de café. L’eau restée dans un verre et dans une carafe à demi pleine qui fait entrer un peu de transparence fluide dans la pièce.
L’eau c’est bien ce qu’il fallait à cette lecture, Lise et lui ruisselle tout du long, l’eau sourd, elle paresse avec le fleuve qui passe sous la fenêtre. « Lise écrit. Dans une encoignure de la cuisine, assise près du fourneau sur une chaise dépaillée, creuse avec ses doigts ses rides, sur une chaise haussée par des parpaings. Elle reste là trois jours sans bouger sous la fenêtre d’où elle aperçoit quand elle lève un peu la tête, de l’autre côté du fleuve, une ville riche et grande… ». C’est l’incipit du livre de Michèle Ramond, roman, récit, évocations poétiques sous-tendues par la force de la femme aux voiles noires qui amenée par Lise « qui écrit » écrit aussi, des lettres au satrape. Force de la proscrite, Antigone laissée pour compte, même si ce n’est à Thèbes que l’histoire se déroule, Antigone est partout. Celle-ci qui n’est pas aimée par sa mère et l’appelle en vain, se rappelle ses frères, et sa rage. Sa force et sa colère condensées dans ses voiles noirs, dans l’encre noire, dans la cartouche d’encre qui cependant écrit ce livre, Lise et lui. Et bientôt, à la séquence suivante, les hommes font irruption, marins, pêcheurs avec des moustaches, des épaules larges, des propos d’hommes, tout simplement, et des phrases sur le commerce. Plus loin d’autres encore qui nous ramènent ici dans notre siècle mais non pas maintenant. On a oublié l’Antiquité, ou on a essayé de l’oublier, mais dans le texte de Michèle Ramond, elle persiste, elle a la peau dure, l’Antiquité, elle est là encore quand les hommes parlent de provisions et de débarquement, de ravitaillement, de victuailles et de sexe, pudiquement puisque la femme est enceinte, qui cuisine le calamar à l’encre «comme personne ». On a oublié l’Antiquité ? Mais non, elle est là et pendant ce temps l’eau saline. Ce sel qu’elle donne un instant dessine la Grèce, du côté de ses îles des Cyclades, quand elles sont vidées des touristes braillards, mais aussi tout près des petites îles du Péloponèse. Je suis en Grèce et pourtant je suis avec le livre dans la passe de Crowes, sur le bâtiment léger, et les hommes disent « Honneur à la navy » et « ils sont au poil les Anglais » en croisant des navires qui avaient sillonné les sept mers.

La mer, l’Espagne, la Perse
Dans le même temps, c’est l’Espagne qui se découvre dans l’écriture et le Midi car les voix, le phrasé, les termes militaires me sont familiers mais les victuailles, la calamar, l’omelette espagnole, qu’ils portent au-dessus de leur tête pour ne pas les mouiller me transportent à Rosas. La plage, l’eau qui s’éloigne découvrant le sable et la ville antique, et ce calamar (et l’encre du livre) me fait descendre à Tarragone et sa muraille cyclopéenne, rongée par la mer, et je me rappelle que Michèle Ramond se consacre à l’œuvre du grand poète Federico d’Andalousie, Garcia Lorca du Guadalquivir et de Grenade, le poète assassiné par les franquistes, fusillé par la garde civile, et qu’elle suit de livre en livre le Théâtre impossible de Garcia Lorca et lui dédie bien d’autres essais, et tant d’autres années de réflexion et d’enseignement, puisqu’elle Professeur des Universités, à la Sorbonne, et qu’elle dirige des séminaires Traverses, Gradiva, Féminin masculin dans les lettres et les arts à l’Institut des Etudes ibériques et y accueille les textes et les auteurs venus d’Espagne, alors cette mer c’était peut-être du côté de Cadix ?

Et cette cuisine où Lise écrit toujours en nous faisant voyager avec son héroïne bafouée, réprouvée, sauvage, mais résistante comme une lame quoiqu’elle en dise, pourrait faire face à celle de la Maison de Bernarda où l’amour se conjugue avec le sang.

Lise écrit toujours et la lecture saline aussi comme l’eau, les embruns viennent sur la page. Et ce n’est que vérité puisque l’eau encore est là dans le ventre de celle qui porte « le fils bien aimé, pour ouvrir les lèvres dociles et bénéfiques, introduire dans le mucilage un nouveau prince (…) qui dans neuf mois s’agiterait, tarauderait, demanderait l’heure… » Et Lise écrit encore. « N’oublie pas que tu n’es pas la mère seulement de mes frères, écrit son héroïne aux voiles noirs, que moi aussi j’ai été enterrée, sans luxe et sans épiphanie , neuf mois dans ton ventre… » Mais dans ce ventre il y avait l’eau où se baignait alors la petite recluse, et la mère Parysatis, l’épouse de Darius, qui protégeait son fils favori Cyrus, et pas sa fille, nous fait naviguer en fait à travers ces pages qui évoquaient aussi le bassin méditerranéen, en Perse. Et naviguer aussi dans la détresse de la fille laissée pour compte (ou conte ?).

Flux et reflux sur les pages d’Asie
Mais Lise écrit toujours et réclame cette fois l’arrêt des guerres et tempête, par la bouche de Louis Langlois l’homme qu’on a laissé quelques séquences plus haut dans la barque avec le festin, contre « L’Etat libéral bourgeois qui nous asservit et nous gouverne. »
Lise pense maintenant et nous emmène du côté de l’Alexandrie et de Lawrence Durell et des Egyptiennes, libres alors dès 1923. Cela n’est pas dit, il faut lire entre les blancs. Je reconstitue donc mon histoire, ma mémoire littéraire, les correspondances : ce qui est la meilleure façon de lire.
Puis Lise ébauche sur la page Pondichéry. « Jamais ils n’avaient oublié Pondy et cela se voyait dans leurs manières… » Les mots dessinent les rues étroites, les bâtiments blancs, la poste, la boulangerie et la plage plus loin avec les paillotes et encore l’eau : « Mais voilà qu’une averse dense, comme de mousson aggravait encore la vision de la route au milieu des rizières et des cocotiers. » Et cette eau là qui coule me fait voyager par la femme du Gange et S. Thala, et la pierre Blanche, et India song, l’univers de Marguerite Duras même si ce n’est pas nommé, et me restitue Vinh Long et Saïgon, Vung Tau et mon Mékong, mes images, tandis que le crocodile plus loin m’entraîne dans les fabuleuses Histoires comme ça de Rudyard Kipling. Lise lit maintenant et sa lecture fait surgir l’île de Dong, et la femme. « Verte dans les jours gris, cachée jusqu’aux hanches dans les bambous de 15 pieds pour que les soldats ne la voient pas ; le fleuve était bordée d’une espèce inconnu d’aloès… » J’ai le droit de vagabonder, j’en profite. Place à l’imaginaire, comme au cinéma, sinon on s’ennuie. C’est pour cette raison aussi que les livres qui vous intiment de suivre la flèche, comme les illustrations qui ne vous laissent aucun interstice où rêver, si simplifiés qu’ils en deviennent de pauvres guides hâtivement faits et vite oubliés, vous empêchent de lire, et même de devenir lectrice ou lecteur.
Michelle Ramond ne balise pas la lecture et son livre reste longtemps à faire naître images, saveurs et pensées, vous marchez, vous êtes ailleurs et soudain, une feuille, un ciel, la Seine, le vent, un nuage, une fontaine vous rapportent ses pages de belle écriture…

Jocel
yne Sauvard
(juin 2008)
6-7juin 2008

Journées de la Sorbonne, coordonnées par Michèle Ramon.
Taverse-Gradiva, Féminin masculin dans les lettres et l’art : Institut des Etudes ibériques
31 rue Gay-Lussac 75005 Paris

Traverses / Gradiva (Colloque organisé par Michèle Ramond) avec Chantal Chawaf, Catherine Weinzaepflen, Jocelyne Sauvard…

TRAVERSES / GRADIVA (Université Paris 8)
Journées des 6-7 juin 2008

Institut d’Études Ibériques et Ibéro-américaines
31 rue Gay-Lussac
75005 Paris
Salle Delpy
Féminin / Masculin dans la pensée, la littérature et les arts

AVANT-PROGRAMME

Vendredi 6 juin

Matin

9h – 9h30 : Accueil
9h30 : Annick Allaigre, Traduire « Heraclés » : du sens d’un détour par
l’hypermasculinité
10h : Javier Termenón, El cuento infantil : análisis y propuestas
10h30 : Présentation par Javier Termenón de « L’amour de toutes les
couleurs »
10h45 : Catherine Flepp, Perlimplín, où es-tu, qui es-tu ?

11h15 : Débat et pause

11h45 : Aurélia Jarry, Du poète à la poésie : Leonardo à la rencontre
de Sila dans «La Reina de las Nieves » de Carmen Martín Gaite
12h15 : Catherine Pélage, Féminin/Masculin dans « El cuarto mundo » de
Diamela Eltit 12h45 : Débat

13h : Buffet offert sur place
Après-midi

14h30 : Chantal Chawaf, L’Évangile selon Saint Jean : une clef pour le
tout-masculin
15h : Angela Biancofiore et Irina Possamai, Présentation de « Corpi
Radianti/Corps rayonnants »
15h30 : Delphine Sangu, Catalina de Erauso et les rapports
féminin/masculin dans l’Espagne du Siècle d’Or

16h: Débat et pause

16h30 : Julien Roger lit Gabriel Conti
16h45 :María José Bruña, « Colas de cometas » : la parte femenina de
la Generación del 27
17h15 : Enrique Fernández, Le genre à l’épreuve de la représentation
dramatique, avec la participation de Marie Sierra et Alix Touzet du
Vigier
18h : Lydie Royer, La conception du personnage féminin : Mariana, la
femme-juge de « No acosen al asesino » de J.M. Guelbenzú

18h30 : Débat général et clôture de la première journée

19h : Départ pour La grenouille bleue, 48 rue Balard, repas offert

Samedi 7 juin

Matin

9h : Michael Restier, Une autre vision de la politique : le vote au
féminin
9h30 : Nadia Mékouar, Le voyage de Pénélope
10h : Béatrice Rodriguez, Père et mère en deuil chez Carmen Conde

10h30 : Débat et pause

11h : Teresa Keane Greimas, « Simparidades » : Ana Rossetti, José
Duarte et le pas de deux
11h30 : Jocelyne Sauvard, Et si c’était le bonheur ?
12h : Marc Salvan-Guillotin, La folie et ses représentations du Moyen
Âge à la fin du XVIe siècle

12h30 : Débat

13h : Buffet offert sur place

Après-midi

14h30 : Récital de Naaman Sluchin, violon, présenté par Michael Restier

15h15 : Lectures poétiques

Lola Martínez Ojeda (Granada)
Jeanne Hyvrard (Paris)
Luisa Ballesteros (Paris)
Catherine Weinzaepflen (Paris)
Laurine Rousselet (Paris-Toulouse)
Clémentine Lucien (Paris)
Fátima Rodríguez (Toulouse)
Noel Blanco (Santiago de Compostela)

16h30 : Michèle Ramond, Le troisième sexe
17h : Francis Martinez, Là où je glisse
17h30 : Débat

18h : Fin de fête, Tango (féminin/masculin), une performance d’Aurélia
Jarry et de Thomas Poucet